Charlie, deux jours après [AVENT 2020]
Daniel est encore plus ébouriffé que d’habitude. Autour de la table, blêmes, les chroniqueurs d’alors d’Arrêt sur images : le journaliste Jean-Marc Manach, l'illustrateur Alain Korkos, l’humoriste Didier Porte ; et aussi Judith Bernard, la patronne de l’émission Hors-Série. L’enregistrement a lieu le vendredi 9 janvier 2015, à midi, alors même que les frères Kouachi, retranchés dans une imprimerie de Seine-et-Marne, sont encerclés par la police. Le massacre de Charlie Hebdo s'est déroulé 48 heures plus tôt. Leurs premiers mots ? Didier Porte évoque le nazisme, puisque sont associés ici, dit-il, “une idéologie et une sauvagerie”. Alain Korkos raconte son Cabu, un “père de substitution" qu’il n' a jamais rencontré mais qui l’a guidé toute sa jeunesse. Jean-Marc Manach retient le son sec de la kalachnikov tel qu’il l’a entendu sur une vidéo, et ne peut croire à la disparition de l’économiste Bernard Maris. Judith Bernard mentionne le Cabu de son enfance, celui du club Dorothée ; elle se sent “orpheline de cette libre pensée”. Voir cette émission aujourd’hui, alors que se déroule le procès Charlie à Paris, et après l’assassinat de Samuel Paty, c’est observer une forme de décalage - Manach croit, en réaction, à un 'revival de la caricature’ ; le djihadisme est associé au prolétariat ghettoïsé, on verra dans les années suivantes que c’est un peu plus compliqué - mais aussi une finesse d’analyse. Comme lorsque Judith Bernard explique que la religion est devenue identité dans un monde sans repères, et que les caricaturistes de Charlie n'avaient pas forcément saisi cette mutation. A voir, donc.
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Derniers commentaires
Un gamin de 7 ans a été mis en garde à vu Nice parce qu'il refusait de dire qu'il était Charlie...
Merci pour cette rediffusion .
Il suffisait, pour éviter toute interprétation islamophobe, de mettre la légende idiote "Islam religion de la paix...éternelle" dans une bulle sortant de la bouche du conducteur de la camionnette, puisque, en fin de compte, lui aussi a fini les pieds devant, mais ce que raconte ce dessin, c'est que c'est la religion de près de 1,5 milliard d'individus qui est en cause et par voie de conséquence, ces mêmes 1,5 milliard d'individus. Donc c'est cool, pas du tout raciste ni islamophobe, qu'est-ce que vous allez encore chercher !
Sinon, tiens, à voir, la série The State sur 4 jeunes rosbifs qui rejoignent Daech. Ça donne une vague idée de la vie quotidienne sous le califat, et le premier épisode permet de comprendre cette "fraternité" que recherchent certains... Je vous rassure, après, ça va très vite très mal se passer pour tout le monde, ce n'est certainement pas une apologie du djihadisme. Ça passe bientôt sur Canal mais c'est en ligne sur les sites de streaming et de P2P.
Je tiens juste à souligner, qu'a la réponse, ce sont des fous, je dirais des "desperados". Ne vous outrez point, je ne vous ferais pas l'affront de présenter les frères Kouachi comme des robins des bois mexicains, sombrero et cartouchière à la bedaine. Alors pourquoi desperados? il faut le lire au sens propre du terme :
definition du wikitonnaire : "De l’anglais desperado emprunté à l'espagnol desesperado (« désespéré »), d'où « criminel désespéré » en anglo-américain. Personne qu'une situation sans issue pousse à des actes de violence désespérés."
Dans le cadre de mon activité professionnelle, tout comme dans ma vie personnelle, je côtoie nombre de jeunes précaires islamisé ad nauseam, désespérés de la république française ils le sont et c'est ainsi que je perçois les deux frères (leurs parcours fait parler les morts). C'est là, l'erreur de Charlie Hebdo, adopter une ligne éditoriale islamophobe (tout est dit dans cet article d'Olivier Cyran, ancien collaborateur du journal, "Charlie hebdo", pas raciste? Si vous le dites... paru dans Article 11 le 5/12/13), entamer par m. Val et portée ensuite par le reste de l'équipe. Oui l'erreur n'a pas été de faire paraître des dessins, eût-ils été considéré comme blasphématoire ou non par certains, mais de tirer au lance-roquettes sur l'ambulance, sous couvert de laïcité.
L'individualisme, à savoir l'émancipation de l'individu au détriment du groupe, nous pousse de plus en plus vers la théorie d'un monde juste, je mérite ce qui m'arrive, ce qui m'arrive je le mérite, peut-on alors imaginé un instant, que les frères Kouachi ont eu ce raisonnement et partirent AK-47 en main à la recherche de leur instant de célébrité mérité?
Je vous le dit, pire que fou sont les désespérés, pour qui la religion est l'ultime bastion de repli identitaire.
C'est dur d'être pleurés par des cons.
http://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-3/12-13/jt-de-12-13-du-mercredi-7-janvier-2015_785299.html
Et puis au bout d'une minute 30, une petite actualité!
https://www.change.org/p/m-le-pr%C3%A9sident-de-la-r%C3%A9publique-fran%C3%A7aise-d%C3%A9cideurs-politiques-de-tous-bords-mise-en-application-des-principes-de-la-la%C3%AFcit%C3%A9-6
Il le lit, il le dit, il le joue !
Quel acteur !
Je suis Charlie : oui.
Mais.
Je ne suis pas Lordon ( http://www.arretsurimages.net/chroniques/2015-01-14/En-lisant-l-ami-Lordon-id7382 ), pas Charb ( http://www.arretsurimages.net/breves/2015-01-15/Delfeil-de-Ton-L-Obs-Je-t-en-veux-vraiment-Charb-id18429 ), pas Philippe Val, pas le gouvernement bien entendu, pas les politiciens qui ont défilés dimanche 11 janvier 2015, pas Olivier Berruyer qui comme Lordon commence à tourner vinaigre dans ses connexions neuronales -dommage il a des très bonnes analyses concernant la finance, mais ça s'arrête là, pas plus- ( http://www.arretsurimages.net/breves/2015-01-11/Charlie-Berruyer-n-ira-pas-manifester-id18399 ), pas Al-Jazeera* ( http://www.arretsurimages.net/breves/2015-01-13/Charlie-debats-animes-a-Al-Jazeera-France-24-id18407 ), pas article11.info**, pas Philippe Cohen -qui devrait être la risée de tous ses collègues tellement il est nul- (et D.S. lui répond souvent avec perspicacité), ... la liste serait trop longue (je ne fait d’ailleurs qu'en rajouter au fil de ce que j'écris !).
Je ne suis pas tous ces gens qui se proclament "ne pas être Charlie", prétextant qu'ils n'étaient pas d'accord avec leurs dessins satiriques : ça n'est pas la question !
En effet, il faut faire preuve d'intelligence, de tolérance, et de subtilité pour savoir dire "Je suis Charlie", tous en n'exonérant pas tout ce qu'a pu faire ou être Charlie-Hebdo.
Là, je tire mon chapeau à Daniel Schneidermann, qui a su à travers ses articles depuis le drame, bien décortiquer ce semblant d'ambivalence, entre "être" ou "ne pas être" Charlie.
* et pourtant, je suis en partie d'accord avec "Khadr" : pas d'accord lorsqu'il recommande à ses journalistes de présenter le drame comme "un affrontement entre deux franges extrêmistes", mais assez d'accord avec la suite : "Provoquer les extrémistes n’est pas un geste courageux, si votre manière de le faire offense des millions de gens modérés. Et dans un climat où la réponse violente - bien qu'illégitime - est un risque réel, adopter une telle posture sur un principe que pratiquement personne ne conteste est pire qu'inutile : c'est inutilement une question d'ego".
Ce que je développe ci-après, est que c'est aussi et surtout la question d'être (ir)responsable.
** l'article d'Olivier Cyran n'est pas convaincant car pas suffisamment sérieux à mon goût. http://www.arretsurimages.net/breves/2013-12-05/Charlie-Hebdo-raciste-Un-ancien-accuse-Article11-id16523
Malgré que ce ne soit certainement plus un adolescent, j'y décèle de la puérilité, comme quand François Ruffin explique ne pas être d'accord avec Etienne Chouard : puérile. "Non sage" si l'on préfère, ou "pas sérieux".
http://www.fakirpresse.info/L-air-du-soupcon.html : même si le ton de l'article (avec ses quelques dessins) est globalement plutôt bien vu.
Et que dire de tous ceux qui ont accusé (et continuent) Chouard de ne pas être "anti-Soral", le prenant de haut.
Chouard, capable de nous mettre à disposition sur un forum d'ASI, de derrière les fagots, entre autre un texte court et merveilleux :
« La liberté de publier son opinion ne peut donc être autre chose que la liberté de publier toutes les opinions contraires. Il faut, ou que vous lui donniez cette étendue, ou que vous trouviez le moyen de faire que la vérité sorte d'abord toute pure et toute nue de chaque tête humaine. Elle ne peut sortir que du combat de toutes les idées vraies ou fausses, absurdes ou raisonnables. C'est dans ce mélange que la raison commune, la faculté donnée à l'homme de discerner le bien et le mal, s'exerce à choisir les unes, à rejeter les autres. »
Maximilien de Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, 11 mai 1791
Liberté ? d'expression ? bof, avant le 7 janvier, à peu près tout le monde s'en foutait.
C'était "liberté d'expression pour ceux qui pensent comme moi", et "interdiction, bâillonnement, ou risée, à tous ceux avec qui je ne suis pas d'accord."
C'était ça. Peut-être que ça va changer, peut-être pas.
La puissance du texte de Robespierre est d'expliquer en creux, que ce n'est pas en interdisant l'expression d'un fou, d'un terroriste, d'un malade, que l'on fera en sorte qu'il ne "contaminera" pas d'autres personnes.
La preuve en est que beaucoup souhaitent s'approprier "l'esprit Charlie-Hebdo", considéré d'un autre côté comme malade pour beaucoup d'autres, notamment les islamistes.
La preuve en est que Socrate est mort pour ses idées, mais cela n'a pas empêché que l'on s'approprie ses idées, pourtant jugées "malades" par certains, notamment ceux qui l'on condamné à mort à l'époque.
Alors, tout n'est pas si simple, et le débat suivant s'installe dans ma tête :
quelqu'un qui "s'amuserait" à proférer à tue-tête dans la rue "vive la haine, vive la haine, mort aux athées, mort aux XX", serait d'une part assez agaçant, et d'autre part pourrait semer le doute chez des âmes fragiles ou incomplètes (enfants, etc).
Ainsi, je dirais néanmoins qu'internet est un cas à traiter à part de l'expression publique ou écrite sur papier, car couplé à l'individualisme de nos sociétés, cela peut lobotomiser des gens, et faire qu'on en arrive au pire.
Je dirais donc que je serais pour une liberté totale dans l'espace public (car la parole est de fait éphémère, à part enregistrement audio ou vidéo),
une quasi liberté totale dans les écrits papier (ou similaire),
et une liberté moins large sur internet (mais possibilité technique pas du tout certaine).
ça permettrait par ailleurs aux gens d'arrêter d'être cloîtrés chez eux, à croire que c'est la guerre dehors, à se nourrir d'à priori sur les autres ;
et au contraire de les faire se rencontrer, discuter, ... vivre dans le réel quoi, pas l'imaginaire ! (vœu pieu probablement).
Val, on pourrait, et je le fais et l'assume pleinement, le désigner comme artisan à la fois de la décrépitude de Charlie-Hebdo, et de sa diabolisation. Idem pour Charb.
Et pourtant, entre irresponsable et insipide, y'a d'la place.
Charlie-Hebdo, et notamment Charb, était irresponsable et l'assumait pleinement.
D.S. le dit dans sa brève ( http://www.arretsurimages.net/breves/2015-01-09/Etre-ou-ne-pas-etre-Charlie-id18391 ) : "Les moines soldats de la bande à Val, la génération suivante, ils étaient devenus de purs combattants. Moine-soldat, ce n'est pas moi qui le dis. "Charb, c'était un moine soldat", dit Jeannette Bougrab, l'ex-ministre sarkozyste, qui était sa compagne. Leurs dessins cognaient fort. Cognaient peut-être nécessaire. Mais cognaient sans tendresse. La loi de la guerre, cette goule, avait bouffé tout le reste."
Il y explique simplement et clairement que Charb et d'autres (pas tous) étaient des "soldats" en quelque-sorte aveugles, entre autre "lutant" contre les religions et les dogmes.
C-H s'est fait en quelque-sorte hara-kiri, tel le nom de son ancêtre, et ça n'est en l'occurrence pas une simple coïncidence.
Charb, invité d'ASI.net en 2009 -comme l'a rappelé D.S. dans un article-, dans l'excellente émission Ligne Jaune -que je regrette beaucoup- (http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=2328), était ... clair dans sa folie :
"islamistes, salafistes, venir me tuer si vous en êtes capables", "même pas cap' hein, bande de gros cons ?!" : c'est à peu près ce qu'il a pu expliquer ici où là (j'avoue avoir un doute sur ce qu'il avait exprimé au cours de cette émission) depuis qu'il est à C-H, et du moins ce que j'ai pu en retenir.
Pas étonnant que ça ait finit ainsi, n'atténuant en rien le choc émotionnel suscité chez une bonne partie des Français (je m'inclus) voir d'autres.
Chez moi le choc a été concomitant de la stupéfaction, de l'agacement, voir presque de frustration de voir que cela ait pu se produire alors même que "L'Etat" avait mis en place une protection de C-H et particulièrement de Charb. D'où en l'espèce toute ma réflexion qui va suivre sur l'idée de pied nickelé, "l'Etat" n'y dérogeant pas.
A nuancer par le fait qu'à peut près tout le monde fait preuve d'irresponsabilité, plus ou moins, mais je considère plutôt "plus" depuis ... des siècles et des siècles (Amen ?).
ça n'est pas une fatalité !
D'un autre côté, certain sont consensuels, insipides, ne voulant heurter personne, tel un François Hollande "synthétiseur" (de tout donc de rien).
ça n'est pas non plus une fatalité !
Il y a de la place entre ces deux erreurs.
A noter qu'il y a néanmoins aussi de la place pour d'autres familles d'erreurs : toutes les autres, et elles sont infinies !
Mais ne nous égarons pas, revenons au sujet.
Etre responsable en donnant un sens utile à ce que l'on fait (dire, écrire, ou faire matériellement), c'est possible ;
c'est un exercice de tous les jours, comme l'est l'honnêteté ou d'autres notions louables, honorables.
Je considère qu'ASI est dans cet exercice, les ASInautes jouant pleinement leur rôle de coup de pied au cul quand ils le jugent utile.
Au fait, bienvenue au pays des imbéciles (mal)heureux !
Ou plutôt, bienvenue au [s]pays[/s] monde des [s]bisounours[/s] [s]imbéciles[/s] pieds nickelés -car j'aime appeler un chat, un chat -.
C'est la remarque que j'avais faite à un ami il y a de ça un peu plus de 6 mois, que le monde est remplit de pieds nickelés, à tous les niveaux.
Que ça soit physiquement, mentalement, ou les deux, une claque, un coup de pied dans le derrière, permet de "réveiller", de "recadrer", ceux qui s'égarent trop ;
seulement, pas tous, et pas forcément pendant très longtemps ;
sans forcément parler d'Alzeimer en tant que tel, "l'information" omniprésente et ultra-abondante tue l'information et tue les souvenirs (plus bas, citant Chomsky, il l'évoque).
Sans parler de toutes les autres manières de faire oublier des choses aux gens.
[large]Vous avez dit "pieds nickelés" ? OUI[/large], qui selon moi, dans le langage courant, a pris le sens de "bras cassés", bien que dans les BD les aléas relatés soient de l'ordre de "pas de chance" plutôt que du fait qu'ils soient de réels bras cassés.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Pieds_nickel%C3%A9s
Tiens, i' voudrait pas nous faire un p'tit article l'ami Alain Korkos ? je suis sûr que ça serait bien intéressant.
Reprenons pour cela le fil du drame.
Les 2 gars, qu'on peut supposer mûrement préparés et entraînés à leur massacre, savent que le journal est théoriquement protégé par des policiers (2 ou 4, c'est flou même pour moi) ;
ça ne les empêchent pas de se lancer dans l'affaire. On peut supposer qu'ils aient surveillé ou eu des infos concernant le mode de "garde" des policiers pour les locaux de C-H ;
ça ne les empêchent pourtant pas de se rendre dans un premier temps à la mauvaise adresse (!), chez XX-média, qui leur dit où sont les locaux de Charlie-Hebdo (voir même l'étage -2-), sans apparemment chercher à comprendre plus que cela, à part vraisemblablement à aller chercher ses gilets par balles au cas où, et de se barrer taillo-taillo (égoïsme flagrant), et se disant probablement que de toutes façons ils ne pourront pas rentrer puisque la porte d'entrée est à code (si tel est le cas, naïveté flagrante).
"Coco", dessinatrice à C-H, revenant d'aller chercher sa fille, est sur le point de rentrer avec elle par la porte à code permettant de monter aux locaux de C-H.
Menacée par 2 hommes cagoulés, lourdement armés, et déterminés ... elle s'exécute immédiatement (rêverie flagrante de sa part, ne cherchant pas à réaliser ce qu'il se passe ou ce qu'il pourrait se passer) en ouvrant la porte, et vraisemblablement en se cachant immédiatement après (égoïsme flagrant), sans apparemment chercher à prévenir ses "amis" (irresponsabilité flagrante).
Les 2 gars tuent une première personne, sans que les policiers ne l'entendent (techniquement possible, mais assez surprenant ; manque de "percution" de la part du ou des policiers présent(s) dans les locaux ; irresponsabilité et incompétence probables).
Il font leur carnage : pas difficile au point où ils en sont, il y a juste à appuyer sur la gâchette et à viser ..., un peu comme quand il suffit d'appuyer sur la touche "Entrer" d'un clavier d'ordinateur afin de valider l'opération en cours.
Il repartent, en tuant un policier rendu agonisant, apparemment abandonné par son ou ses collègues (égoïsme et irresponsabilité probables, à moins qu'il ait été effectivement tout seul comme policier, on pourrait supposer qu'il était allé se fournir à manger pour le midi par exemple).
Ensuite, pour le coup, peu de bras cassés dans la montée en puissance de la traque des 2 islamistes par l'Etat ;
hormis ce fou de Jean-Paul Ney, à qui je n'ai pas peur d'attribuer les autres morts qui s'en sont suivis, je m'explique :
sur le coup, j'étais très étonné d'apprendre que les 2 gars en pleine fuite avaient décidés comme sur un coup de tête de faire des prises d'otages au lieu de continuer leur fuite.
J'ai compris à la lecture instructive du billet d'ASI au sujet de Jean-Paul Ney, que "grâce" à lui (et il s'en réjouit, s'en auto-félicite, et insulte tous ceux qui ne pensent pas comme lui ! vive la tolérance, dis-dont) les 2 gars se savaient identifiés voir localisés, "grâce" aussi et en complément aux médias radios (ils étaient en voiture, et généralement on écoute la radio, il n'y a guère la TV et les JT en directs dans les voitures), et tout de même aux médias en général puisqu'on peut supposer qu'ils pouvaient être informés des "news" par téléphone grâce à des amis à eux..
Encore un pied nickelé. Et donc des pieds nickelés aussi, tous les médias qui, aveuglés ou non par l'audimat et/ou le sensationnel, ont fait la course à l'information, et donc ont informés les 2 islamistes (irresponsabilité flagrante des médias notamment télévisés, mais ça, tout le monde le sait normalement, on ne devrait même plus devoir le préciser).
Après le choc et son dénouement par ricochets (plusieurs morts s'ajoutant au drame initial), enfin globalement un peu d'humilité, un peu de prise de conscience, à travers les rassemblements dits "républicains" (autrement dit : gloire au Roi, à l’Élu, allez-s'y, continuez à nous asservir, on aime ça, vive la République !) des samedi et dimanche qui s'en suivent (la République est une chose, la Démocratie une autre, ne mélangeons pas).
Pour combien de temps ? Je ne me fais aucune illusion, ça ne durera pas longtemps, et ceux qui œuvreront dans le sens de ne pas oublier ce drame risqueront de tomber dans un état mono-maniaque, comme l'est Zemmour avec ses thèmes de prédilection, comme le sont d'autres sur d'autres thèmes.
Non pas qu'ils deviendront "Zemmours", mais "simplement" (sic) mono-maniaques. C'est le risque. Mais probablement à prendre.
Oui, c'est facile, à posteriori, de jeter l'opprobre sur les agissements d'autres, de dire "y'a qu'à faut qu'on", de dire "moi j'aurai pas fait l'erreur". Oui. Mais cela n'empêche l'analyse, et je pense que la mienne ici présente, ne souffre pas d'une quelconque arrogance (ou autre) vis-à-vis des protagonistes, et donc reste pertinente et plutôt sensée.
Certains pourraient être tentés d'interpréter mon propos comme du complotisme, je préfère les devancer en écrivant que :
Oui, on pourrait alors imaginer que les pieds nickelés en questions soient parties prenantes d'un complot contre C-H ... je pense que ça serait une théorie à 2 balles (pas de jeu de mots), et dirais que les gens n'ont pas besoins d'être payés ou avantagés de quelconques manières pour être des pieds nickelés (égoïstes, naïfs, irresponsables, et/ou incapables).
C'est justement mon propos que d'exprimer que si tant de choses ne vont pas "bien", ce n'est pas d'abord à cause de comploteurs (et pourtant, ils existent, les 2 islamistes les premiers !), mais c'est d'abord à cause de chacun, qui se croit propre sur lui, qui estime que ce sont les autres qui sont "nuls ou "mauvais", et qui ne balaie pas devant sa porte alors qu'il le devrait, dans le but de ne pas être un pied nickelé mais quelqu'un de toujours plus responsable, moins naïf, moins égoïste, plus compétent, plus percutant, etc.
Un "homme meilleur", une "femme meilleure", pourrait-on dire.
Tiens, tant que ça m'y fait penser : "un homme" tout court ? comme l'écrivait Rudyard Kipling en 1895 (publié en 1910).
"Homme" étant entendu au sens large, comme dans la déclaration des droits de l'homme, c'est-à-dire tout humain quel que soit son genre.
Aller, ça fait pas de mal de se le lire ou relire pour ceux qui ne le connaissent pas, et comme ça à partir d'ici je me quasi-tais de ce post, en laissant place à d'autres qui pensent aussi et écrivent.
Version française, traduction d’André Maurois, 1918 : http://sokebana.free.fr/rudyard_kipling.htm
Version originale en anglais : http://en.wikipedia.org/wiki/If%E2%80%94
Les deux côte à côte (qui n'ont en fait de commun que l'esprit) : http://www.nethicalblog.com/2011/07/tu-seras-un-homme-mon-fils/
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre d’un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un seul mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui est mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme, mon fils.
ça n'est bien sûr pas les seules paroles de sagesses que des humains aient pu dire ou écrire, mais le fait est qu'elles le sont plutôt bien écrites en l'espèce.
Aller, deux pour le prix d'un, c'est cadeau ... :
Extrait du discours prononcé lors de son [Nelson Mandela] investiture à la présidence de la République d'Afrique du Sud en 1994
Notre peur la plus profonde n'est pas que nous ne soyons pas à la hauteur
Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants, au delà de toute limite.
C'est notre propre lumière, et non notre obscurité, qui nous effraye le plus.
Nous nous posons la question: "Qui suis-je, moi, pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux?"
En fait, qui étés-vous pour ne pas être?
... Vous restreindre, vivre petit, ne rend pas service qu Monde.
L'illumination n'est pas de vous rétrécir pour éviter d'insécuriser les autres.
... Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus: elle est en chacun de nous, au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.
En nous libérant de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres.
Aller, un troisième pour la route !
Vu par hasard dans un établissement public, agréablement surpris :
Il était une fois quatre individus qu'on appelait
Tout le monde - Quelqu'un - Chacun - et Personne ...
Il y avait un important travail à faire,
Et on a demandé à Tout le monde de le faire.
Tout le monde était persuadé que Quelqu'un le ferait.
Chacun pouvait l'avoir fait, mais en réalité Personne ne le fit.
Quelqu'un se fâcha car c'était le travail de Tout le monde !
Tout le monde pensa que Chacun pouvait le faire
Et Personne ne doutait que Quelqu'un le ferait
En fin de compte, Tout le monde fit des reproches à Chacun
Parce-que Personne n'avait fait ce que Quelqu'un aurait pu faire.
MORALITé
Sans vouloir le reprocher à Tout le monde,
Il serait bon que Chacun fasse ce qu'il doit
Sans nourrir l'espoir que Quelqu'un le fera à sa place
Car l'expérience montre que là où on attend Quelqu'un,
Généralement on ne trouve Personne !
[large]Quelques articles et extraits d'articles "de fond" :[/large]
----- 1) Article "Je suis Charlie ! Nous sommes tous CHARLIE !", autrement titrable : "Rappelons sommes-toutes brièvement le contexte planétaire et historique des dernières décennies".
http://la-cen.org/?p=5086 : non résumable, beaucoup d'éléments intéressants. A lire, donc.
----- 2) Ci-après, article de Noam Chomsky : "Terrorisme, l’arme des puissants" (Monde diplomatique, décembre 2001) :
Trouvable initialement ici : http://www.monde-diplomatique.fr/2001/12/CHOMSKY/8234
Ci-après des passages emblématiques selon moi :
"Depuis près de deux cents ans, nous, Américains, nous avons expulsé ou exterminé des populations indigènes, c’est-à-dire des millions de personnes, conquis la moitié du Mexique, saccagé les régions des Caraïbes et d’Amérique centrale, envahi Haïti et les Philippines – tuant 100 000 Philippins à cette occasion."
"Un cas, celui du Nicaragua, n’est pas discutable : il a en effet été tranché par la Cour internationale de justice de La Haye et par les Nations unies."
[...]
"Les Etats-Unis opposèrent leur veto à cette résolution. A ce jour, ils sont ainsi le seul Etat qui ait été à la fois condamné par la Cour de justice internationale et qui se soit opposé à une résolution réclamant… le respect du droit international."
[...]
"on a tort de penser que le terrorisme serait l’instrument des faibles. Comme la plupart des armes meurtrières, le terrorisme est surtout l’arme des puissants. Quand on prétend le contraire, c’est uniquement parce que les puissants contrôlent également les appareils idéologiques et culturels qui permettent que leur terreur passe pour autre chose que de la terreur."
[...]
"en décembre 1987, quand l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution contre le terrorisme, un pays s’est abstenu, le Honduras, et deux autres s’y sont opposés, les Etats-Unis et Israël. Pourquoi l’ont-ils fait ? En raison d’un paragraphe de la résolution qui indiquait qu’il ne s’agissait pas de remettre en cause le droit des peuples à lutter contre un régime colonialiste ou contre une occupation militaire."
[...]
"Un moyen de réduire le niveau de terreur serait de cesser d’y contribuer soi-même."
----- 3) D'autres articles (en anglais) qui s'en approchent fortement :
http://www.chomsky.info/interviews/200111--02.htm The United States is a Leading Terrorist State ; Monthly Review, vol. 53, no. 6, November, 2001
http://www.chomsky.info/articles/20020702.htm "Terror and Just Response" ; ZNet, July 2, 2002
http://www.chomsky.info/articles/200303--.htm "Wars of Terror" ; New Political Science, March, 2003
http://www.chomsky.info/articles/20141103.htm "The Long, Shameful History of American Terrorism" ; In These Times, November 3, 2014
J'ajoute que "La France" envers Mayotte a fait sensiblement pareil que les USA envers le Nicaragua.
----- 4) « Nous sommes Charlie » mais nous sommes aussi les parents de trois assassins. : http://la-cen.org/?p=5093
Ci-après reproduit dans ces passages les plus intéressants selon moi :
[...]
Si les crimes perpétrés par ces assassins sont odieux, ce qui est terrible, c’est qu’ils parlent français, avec l’accent des jeunes de banlieue. Ces deux assassins sont comme nos élèves. Le traumatisme, pour nous, c’est aussi d’entendre cette voix, cet accent, ces mots. Voilà ce qui nous a fait nous sentir responsables.
Evidemment, pas nous, personnellement : voilà ce que diront nos amis qui admirent notre engagement quotidien. Mais que personne, ici, ne vienne nous dire qu’avec tout ce que nous faisons, nous sommes dédouanés de cette responsabilité. Nous, c’est-à-dire les fonctionnaires d’un Etat défaillant, nous, les professeurs d’une école qui a laissé ces deux-là et tant d’autres sur le bord du chemin des valeurs républicaines, nous, citoyens français qui passons notre temps à nous plaindre de l’augmentation des impôts, nous contribuables qui profitons des niches fiscales quand nous le pouvons, nous qui avons laissé l’individu l’emporter sur le collectif, nous qui ne faisons pas de politique ou raillons ceux qui en font, etc. : nous sommes responsables de cette situation.
Ceux de Charlie Hebdo étaient nos frères : nous les pleurons comme tels. Leurs assassins étaient orphelins, placés en foyer : pupilles de la nation, enfants de France. Nos enfants ont donc tué nos frères. Tragédie.
[...]
Personne ne semble vouloir en assumer la responsabilité. Celle d’un Etat qui laisse des imbéciles et des psychotiques croupir en prison et devenir le jouet des pervers manipulateurs, celle d’une école qu’on prive de moyens et de soutien, celle d’une politique de la ville qui parque les esclaves (sans papiers, sans carte d’électeur, sans nom, sans dents) dans des cloaques de banlieue. Celle d’une classe politique qui n’a pas compris que la vertu ne s’enseigne que par l’exemple.
[...]
Ceux qui les ont tués sont enfants de France. Alors, ouvrons les yeux sur la situation, pour comprendre comment on en arrive là, pour agir et construire une société laïque et cultivée, plus juste, plus libre, plus égale, plus fraternelle.
[...]
« Nous sommes Charlie », peut-on porter au revers. Mais s’affirmer dans la solidarité avec les victimes ne nous exemptera pas de la responsabilité collective de ce meurtre. Nous sommes aussi les parents de trois assassins.
[large]Pour finir, deux pépites[/large] (parmi tant d'autres) vues sur les forums d'ASI (http://www.arretsurimages.net/forum/read.php?4,1415448) :
[-----] Par Alain Korkos 09:26 le 13/01/2015
Re: À bas la mitre, le foulard et la kipa ! nouveau
Retrouvé sur le ouèbe à l'instant, cet extrait de Mes aveux de Wolinski, paru chez Le Cherche Midi Éditeur en 2000 :
« Le lâche attentat est devenu l'arme secrète des croyants. C’est étrange. Avez-vous remarqué que les athées tuent assez peu? Les athées posent rarement des bombes devant les lieux de culte. Seule la foi donne suffisamment de couilles au fanatique de base pour égorger, mutiler, violer, exterminer les voisins ou se faire sauter avec une voiture piégée. L’athée de base n’a pas le goût du martyre. Il lit Charlie-Hebdo. Et il évite de passer en vélo devant l’ambassade américaine. »
[-----] Par angelo m 16:40 le 10/01/2015
Comme disait Cavanna
Vous,
les chrétiens,
les Juifs,
les musulmans,
les bouddhistes,
les hindouistes,
les shintoïstes,
les adventistes,
les panthéistes,
les « Témoins de ceci-cela,
les satanistes,
les gourous,
les mages,
les sorciers,
les yogis,
les qui coupent la peau de la quéquette,
aux petits garçons,
les qui cousent le pipi aux petites filles,
les qui prient à genoux,
les qui prient à quatre pattes,
les qui prient sur une jambe,
les qui ne mangent pas ceci-cela,
les qui se signent par la droite,
les qui se signent par la gauche,
les qui se vouent au diable parce que déçus de Dieu,
les qui prient pour que tombe la pluie,
les qui prient pour gagner au Loto,
les qui prient pour que ça ne soit pas le sida,
les qui mangent leur dieu en rondelles,
les qui ne pissent jamais contre le vent,
les qui font l'aumône pour gagner le ciel,
les qui lapident le bouc émissaire,
les qui égorgent le mouton,
les qui se figurent survivre en leurs enfants,
les qui se figurent survivre en leurs œuvres,
les qui ne veulent pas descendre du singe,
les qui bénissent les armées,
les qui bénissent les chasses à courre,
les qui commenceront à vivre après la mort...
Vous tous,
qui ne pouvez vivre sans un Père Noêl et sans un Père Fouettard,
vous tous,
qui ne pouvez supporter de n'être rien de plus que des vers de terre avec un cerveau,
vous tous,
qui avez besoin de n'être pas nés pour mourir et qui êtes prêts à avaler tous les mensonges rassurants,
vous tous,
qui vous êtes bricolé un dieu « parfait» et « bon » aussi stupide, aussi mesquin, aussi sanguinaire, aussi jaloux, aussi avide de louanges
que le plus stupide, le plus mesquin, le plus sanguinaire, le plus jaloux, le plus avide de louanges d'entre vous,
vous tous, oh, vous tous,
FOUTEZ-NOUS LA PAIX !
Faites vos salamalecs dans le secret de votre gourbi, fermez bien la porte, surtout, et ne corrompez pas nos gosses.
Foutez-nous la paix, chiens !
François Cavanna, [qui doit bien se retourner dans sa tombe ! heureusement qu'il nous a quitté avant la boucherie à Charlie] Lettre ouverte aux culs-bénits, Albin Michel, 1994
- L’idée qu’on a attaqué la liberté de la presse. On n’a pas attaqué une entité abstraite : on a lâchement assassiné des personnes qui méritaient de vivre tout autant que tout le monde, tout autant que les Syriens, les Palestiniens, les Irakiens, les Nigérians dont personne ne songerait à reprendre le nom pour en faire une marque déposée. Le fait qu’ils incarnaient des discours et des idées ne donne pas plus de valeur à leur vie. Autrement, on considère qu’il y a ailleurs que chez nous, des vies qui ne doivent pas faire partie de l’humanité puisqu’elles n’incarnent pas la civilisation éclairée au stylo ou au crayon.
- L’idée que la liberté d’expression puisse être un droit absolu dans l’absolu. Plus que ce qu’on exprime (le contenu) ou la manière dont on l’exprime (la forme), il n’est pas juste de faire abstraction de qui parle, à qui et de qui. En l’occurrence, dans la société française, c’est un devoir politique de première importance de pouvoir critiquer ceux ridiculisent les autres en raison de leur croyance et déversent sur eux leur mépris dans un entre-nous confortable – après tout, ces musulmans ne seraient pas vraiment chez eux, dans une Europe aux racines chrétiennes (qu’ils se le tiennent pour dit !). Ce n’est pas être contre la liberté d’expression que de se donner le droit de critiquer des discours qui ont une effectivité politique dans un contexte tout à fait déterminé. Qu’on refuse de prendre en compte ce contexte global est signe de naïveté ou alors de malignité funeste.
- Le fait que les conflits extérieurs soient exportés chez nous. Voilà une proposition dont il faut rire jusqu’aux larmes. Les conflits sont désormais planétaires. On a cru par ailleurs pouvoir apporter impunément la guerre dans les contrées sauvages et donner à son peuple l’illusion de vivre dans la paix, alors que cette paix factice n’a été rendue possible que grâce aux guerres qu’on est entrain de mener partout ailleurs. Mais il est tout aussi raisonnable de constater qu’une forme de guerre a cours dans nos pays mêmes, une guerre invisible dans laquelle on n’hésite pas à user d’une violence extrême contre des vies humaines dont on empêche tout accomplissement, une guerre qui a brisé l’idée même de communauté humaine.
- Le fait qu’on veuille nous faire croire que des gens seraient morts POUR la liberté d’expression, comme les États voulaient nous faire croire que des soldats mouraient POUR la patrie, ne nous enlève pas le droit de continuer à critiquer leur travail – qui n’est pas eux – dans le respect des morts et de ceux qui aujourd’hui portent le deuil. Les gens ne meurent pas pour quelque chose, ils meurent de quelque chose. Ils sont morts parce qu’ils ont été assassinés.
- L’idée que les attaques contre la religion seraient un héritage des Lumières. Je me permets de rappeler que les combats des penseurs libres jusqu’au début du XXième siècle étaient portés contre un appareil clérical tout puissant et non pas contre les croyants victimes du despotisme. Mais avec l’islam en France aujourd’hui, il n’est plus pertinent de manifester un esprit anticlérical dans la mesure où c’est une religion où la représentation n’existe pas. Aucun imam ou recteur de mosquée n’est un lieutenant de la foi. Et ce sont les fidèles qui sont pris pour cible et dont on décrète à longueur de temps le caractère inassimilable. Qu’un journal Turc publie les caricatures du prophète, tout d’un coup, je ne ressens plus aucun embarras : et pour cause, il en va cette fois vraiment d’un acte de libre expression. Je ne sais pas si les personnes de Charlie Hebdo étaient ou non islamophobes – est-ce si important de le savoir ? –, mais je sais que dans le contexte si banalisé de l’islamophobie, ces dessins n’avaient et n’ont pas le même sens. Et bien entendu, le fait que des personnes puissent être tuées pour des dessins, ou parce qu’elles sont juives, ou policiers, ou parce qu’elles se retrouvent au mauvais lieu au mauvais moment, est bien triste et révoltant.
- La nécessité de brandir un slogan pour exprimer son émotion. Voilà qui relève de l’intimité de chacun. Nous avons chacun une façon différente de vivre nos émotions. Nous ne sommes pas obligés tous de communier publiquement. Exiger de quelqu’un des sentiments ou lui en vouloir de ne pas les porter est absurde, mais exiger avec agressivité que tout le monde adhère à un slogan relève d’un procédé totalitariste. Dans ce contexte il ne faut pas s’étonner que le slogan opposé ou celui qui tente d’apporter une nuance cherchent à faire leur place tant le premier devenait invasif et son absence suspectée d’apologie du terrorisme. Ceux qui prenaient la peine d’expliquer – parce qu’ils ont les outils intellectuels – leur non-adhésion, le faisaient le plus souvent avec des termes raisonnables et argumentés. Mais cela n’a pas empêché les émotifs de recourir à l’insulte, à l’argumentaire ad hominem et de conduire des procès d’intention, au lieu de chercher à comprendre.
- L’idée que le peuple serait enfin uni. Mais c’est cette union qui est justement en cause et en défaut. Et il est urgent de rappeler que cette unité sentimentale aussi sincère qu’elle puisse être n’a aucun enjeu sinon de servir les pouvoirs en place en leur donnant une légitimité supplémentaire. Il faut rappeler qu’un peuple ne naît pas ou ne prend pas conscience de soi comme peuple dans la communion du deuil national, ou dans la défense de valeurs abstraites. Nous assistons aujourd’hui à une forme d’errance qui est logique suite au choc de désorientation. Ce n’est pas une raison pour verser dans la surenchère d’idées générales et de principes à gros sabot. S’y accrocher avec un zèle digne des fanatiques religieux ne nous sauvera pas du naufrage.
Que l'on veuille instaurer le service militaire au nom de la défense de la démocratie , pas très libertaire mais on sait que l'armée n'est pas le lieu de la lus libre expression.
Mais qu'Aubry sanctionne trois fonctionnaires municipaux qui ont refusé de faire cette minute de silence, là je frémis.
Remplacer un fascisme par un autre, au nom de la lutte contre le fascisme, pour la liberté d'expression, ça fait frémir!
(déjà qu'elle voulait nous dire ce qu'on devait faire le dimanche)
Je rappelle les fait de l'époque, sujet de ladite caricature de l'hebdo français :
Human Rights Watch avait accusé le régime du dictateur sanguinaire égyptien al-Sissi d'avoir planifié et commis un crime contre l'humanité contre des manifestants pacifiques pro-Morsi le 14 août 2013. Et pour cause, en seulement une journée, au moins 1000 manifestants pacifiques avaient été massacrés près de la mosquée Rabaa Al-Adawiya au Caire, soit l'un des pires massacres commis en une seule journée dans l'histoire récente.
Pour répondre à cette atrocité l'ami Charlie avait fait sa une sur un "barbu" (comme on dit...) se protégeant inefficacement des balles avec le Coran. Il parait qu'on peut rire de tout...
Alors, pour lancer de débat sur la question de savoir si l'on peut rire de tout, l'historien et politologue américain Norman G. Finkelstein, diffuse la même une où à été remplacé le barbu par Cabu se protégeant des balles mortelles par l'hebdo Charlie.
http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/norman-finkelstein-reagit-a-l-162053
Et là, comment dire, je n'ai pas trouvé ça drôle du tout. Alors je me suis demandé ce que la couverture du charlie de cette époque avait voulue dire. Je n'ai pas la réponse, peut être certain d'entre vous l'auront ?
Pour ma part, je la trouve aujourd'hui abjecte. Bien sûr, aucun dessin ne mérite ce qui s'est passé, là n'est pas le débat que j'aimerais lancer, c'est une évidence. Mais plutôt, lorsque que j’entends certain demander un droit (voir un devoir) au blasphème, est ce bien raisonnable ? J’ai toujours entendu que la liberté des uns finie là ou commence celles des autres. Est-ce appliquer cette règle que d’insulter plus de 1000 familles endeuillées sous le prétexte de faire rire sur un sujet qui ne peut sans doute pas être simplifié par un quelconque dessin ?
Peut on et/ou doit on rire de tout ?
Ceux qui peuvent contribuer à la réflexion démocratique (lesmédias comme on dit) devraient constamment se poser la question et voir en quoi leur contribution peut faire avancer le débat intelligemment.
Ceci dit, est-ce qu'on peut placer quelqu'un en garde à vue pour un tweet de mauvais goût ? Je pense qu'en cas de procès, Dieudonné n'aura qu'à aller à la barre avec une habile sélection de Unes et de dessins de Charlie Hebdo, et il va être très difficile de le condamner !
La démarche d'essayer de faire une émission aussi rapidement était très ambitieuse, sans doute trop ambitieuse. Des choses ont été dites intéressantes, d'autres majoritairement assez médiocres ou superficielles, pour tenir compte des qualités dont font montre habituellement les participants. Le seul moyen de compléter, d'argumenter et/ou de corriger cela, passe par une nouvelle émission avec les mêmes paticipants avec pour seule obligation la précision. Sans doute est-ce un exercice au moins aussi difficile mais, Cher Daniel, chacun en sortira grandi : participants à l'émission et auditeurs. Qu'en pensez-vous ?
Charlie Hebdo, bien que n'étant pas un expert en la matière, il me semble que c'était plutôt l'irrévérence, la transgression, la rébellion contre les limites imposées, par le rire, la caricature, et la même la grossièreté (une forme de rebellion contre le "bon gout"). Je ne sais pas si Voltaire, c'était exactement cela...
Par contre, je trouve que le coup de Dieudonné relève du génie. Il faut le reconnaitre. Car il démasque au grand jour, peu de temps après "l'évènement", tous ces hypocrites qui étaient prêts à tout pour défendre la liberté d'expression qu'on assassine !
Il a dit: "je me sens Charly Coulibaly". C'est absolument génial. Et très drôle, il faut l'avouer (en tout cas, ça me fait bien marrer), mais en même temps c'est dérangeant. C'est d'ailleurs ça qui fait que c'est drôle. Ça ne veut rien dire, ça sonne bien, et en même temps c'est une provocation facile. Mais les hypocrites tombent dans le panneau les pieds en avant !
La mise côte à côte des mots "Charlie" qui est devenu un symbole (symbole de quoi, au juste, on se le demande,mais disons un truc très positif, très gentil), et de "Coulibaly", qui est le symbole presque opposé, est une transgression, une "insulte au bon gout et à la décence". Dire cela, en même temps que les polémiques sur "si tu n'es pas Charlie, tu es un terroriste", c'est exactement ce que faisais Charlie avant ! C'est un bel hommage. Rendez-vous compte ! rappellez vous les appels à la liberté d'expression qui doit être "totale, absolue" (cfDaniel Schneidermann le 07/01: "la priorité ça doit etre le droit à la provocation, à l'excès"). Sur ce coup là, moi je dis, bravo Monsieur.
D'autre part, cette idée qu'on "assassine la liberté d'expression", immédiatement suivie par l'idée que "il faut surveiller tout le monde, et avoir peur, on est en guerre contre ces salauds de méchants ! Alors, tous les moyens sont bons", me parait d'une sournoiserie terrible. Une manipulation du peuple. Ainsi on libère les idées odieuses qui étaient en développement, mais à qui il manquait de germer. Un événement qui va bouleverser la société, et ainsi précipiter les changements. Et vu la tournure des choses, ce sont les idées de l'extrême droite pour être très clair, sous couvert de "défendre la mémoire de Charlie" (ils ont bons dos les morts en ce moment, juifs athées ou arabes...), qui prolifèrent, accompagnés par nos chers médias.
je conseille à tous la conférence de presse sidérante de Charlie Hebdo :
http://www.rtbf.be/video/detail_la-conference-de-presse-de-l-equipe-de-charlie-hebdo-en-integralite?id=1984887
26 minutes mémorables d'intelligence, de dignité, de mordant, d'élégance, d'acuité et de tendresse. Avec des culs, même. Si un jour, un historien veut comprendre ce qu'est ce journal, il pourra écouter Luz, il aura compris l'essentiel.
"Il y aurait enfin matière à questionner la réalité de l’« union nationale » qu’on célèbre en tous sens. Tout porte à croire que le cortège parisien, si immense qu’il ait été, s’est montré d’une remarquable homogénéité sociologique : blanc, urbain, éduqué. C’est que le nombre brut n’est pas en soi un indicateur de représentativité : il suffit que soit exceptionnellement élevé le taux de mobilisation d’un certain sous-ensemble de la population pour produire un résultat pareil.
Alors « union nationale » ? « Peuple en marche » ? « France debout » ? Il s’agirait peut-être d’y regarder à deux fois, et notamment pour savoir si cette manière de clamer la résolution du problème par la levée en masse n’est pas une manière spécialement insidieuse de reconduire le problème, ou d’en faire la dénégation. A l’image des dominants, toujours portés à prendre leur particularité pour de l’universel, et à croire que leur être au monde social épuise tout ce qu’il y a à dire sur le monde social, il se pourrait que les cortèges d’hier aient surtout vu la bourgeoisie éduquée contempler ses propres puissances et s’abandonner au ravissement d’elle-même. Il n’est pas certain cependant que ceci fasse un « pays », ou même un « peuple », comme nous pourrions avoir bientôt l’occasion de nous en ressouvenir.
Il y a une façon aveuglée de s’extasier de l’histoire imaginaire qui est le plus sûr moyen de laisser échapper l’histoire réelle — celle qui s’accomplit hors de toute fantasmagorie, et le plus souvent dans notre dos. Or, l’histoire réelle qui s’annonce a vraiment une sale gueule. Si nous voulons avoir quelque chance de nous la réapproprier, passé le temps du deuil, il faudra songer à sortir de l’hébétude et à refaire de la politique. Mais pour de bon."
[quote=Emission, à 56'25, Judith Bernard]Non, je suis pas Charlie. [...] Je ne suivais pas non plus Charlie.
Grâce aux technologies de la CIA et de la NSA, nous avons pu retrouver les paroles de Judith le 13 Septembre 2001, à la lecture de "Nous sommes tous Américains" ici http://www.lemonde.fr/idees/article/2007/05/23/nous-sommes-tous-americains_913706_3232.html .
[quote=Judith]Ah non, je ne suis pas américaine, je viens de regarder mon passeport, il y a bien marqué Française.
A la découverte de la découverte de l'affiche avec Cohn-Bendit et le slogan "Nous sommes tous des juifs allemands", on l'aurait également entendu dire :
[quote=Judith]Ah ben non, je viens de re-vérifier, et sur mon passeport, ce n'est pas marqué nationalité Allemande, mais bien Française !
Il me semble que Judith est professeur de Lettres, donc cela me fait un peu drôle de la chamailler là-dessus, n'étant pas spécialement littéraire, mais cela m'étonne que personne ne l'ait reprise frontalement sur le plateau, bien que tout le monde semble bien avoir compris qu'il avait affaire à une allégorie au vue de leur réponse.
Donc non, quand on dit "Je suis Charlie", on ne dit pas qu'on s'appelle Charlie, on ne dit pas qu'on est en fait un magasine au lieu d'être une personne (ou un être humain), on ne dit pas non plus "J'aime Charlie", ou "Je suis abonné à Charlie" (ou à son site web, ou à son compte twitter).
On dit principalement : "Je suis pour la liberté d'expression", voir même "Tuer des gens pour des dessins, c'est pas très très bien".
Quand on dit "Je suis Charlie", on met en avant ce qu'on partage avec Charlie, exactement comme quand on dit "Nous sommes tous américains". Il doit y avoir aussi sûrement d'autres significations, mais j'espère qu'elles sont moins partagées.
Apparemment, il y a de nombreuses personnes qui prennent "JeSuisCharlie" au 1er degré, souvent provenant d'une certaine catégorie-pas-d'amalgame-ils-sont-désœuvrés-les-pauvres, mais venant donc d'une professeur de Lettres, je suis un poil plus surpris.
J'en profite pour dire que ceux qui écrivent "JeSuisAhmed" sont en fait "PasAhmed" . Ahmed est mort en défendant Charlie, parce qu'il croyait à la République de Fraternité, d'Egalité et de Liberté qu'est encore (un peu) la France. Dire "JeSuisAhmed", c'est faire un repli identitaire qui dénie les valeurs qu'il défendait, le tuer une seconde fois. Ahmed était Charlie, il est mort pour ça. Etre Charlie aujourd'hui, c'est bien évidemment aussi être Ahmed (sauf si on s'imagine qu'on peut vivre dans un monde libre sans policier).
Charlie est un symbole, et limiter sa portée au seul journal Charlie, c'est ne voir vraiment pas bien loin.
PS: cela serait assez drôle que je me sois gourré dans le nom de la figure de style employée ici, mais j'ai vérifié sur 3 sites différents, donc normalement, cela devrait être bon ; si ce n'est pas le cas, je suis sûr que de sympathiques membres de ce forum se feront une joie de me corriger ! ;-)
D'autre part s'il vous plait ne résumez pas Charlie hebdo à ce néo-con de Philippe Val ...
Comment dire ... ?
Comment Sarkozy s'incruste sur la photo :-)
http://www.parismatch.com/Actu/Politique/Comment-Sarkozy-s-est-invite-sur-la-photo-687584
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10153002089063610&set=a.51952738609.61540.598698609&type=1&theater
Notre pays a été frappé par des actes de terrorisme. Il est vraisemblable qu'ils en annoncent d'autres. Des jeunes que l'on peut diversement qualifier ont cru retrouver en tuant leur identité perdue. Ils ont exécuté des militants d'une liberté de pensée qu'ils promouvaient jusque dans la provocation. Ils ont aussi abattu des juifs, des policiers, des gens qui vaquaient à leurs occupations. Les auteurs de ces massacres sont de sinistres héritiers de l'obscurantisme, du fanatisme, du mépris pour la vie- y compris la leur. Ils instrumentalisent un Dieu qu'ils s'approprient. Ils sont donc tout autant des imposteurs que des mécréants. Ils n'ont pas davantage compris que les armes à feu sont inopérantes contre les armes de l'esprit que sont le crayon ou le stylo. En cela, la dérive de ces indigents tant de la langue que de la pensée souligne l'importance de l'éducation et de la culture, même si elles ne préservent pas de tout.
Les événements nous confrontent brutalement à une réalité dont nous nous sommes trop souvent détournés par souci de notre quotidien ou par un individualisme désinvolte. Aujourd'hui, nous comblons d'éloges ponctuels des gens qui caricatureraient certainement cette empathie, surtout quand elle émane de leurs adversaires de toujours. Désormais, nous ne ferons pas l'économie d'une réflexion individuelle et collective qui pourra nous permetttre de mieux comprendre - ce n'est pas simple- pourquoi nous en sommes arrivés là. Il s'agit juste d'éviter autant que possible que de tels actes ne se reproduisent. A cet égard, les réflexes de peur et d'exclusion, les amalgames donneraient des arguments à tous ceux qui misent sur une plus grande dislocation du tissu social. A la place qui est la sienne, chacun d'entre nous est un acteur de l'unité nationale, un garant des libertés. Cette responsabilité partagée implique que nous recherchions des alternatives au nihilisme, au terrorisme, à la haine de l'autre à travers la haine de soi.
Et la protection des mosquées, rien ?
Allez, VallsHollande, jetez de l'huile sur le feu...
Voilà ! Si les arabes ne veulent pas manifester avec Nétanyahu, Sarkozy, Hortefeux, et qui sait, peut-être Gilbert Collard et Marion Maréchal, alors ce sont tous des terroristes en puissance !
La première, j'entends dans les arguments de "#JesuisCharlie" les mêmes que ceux utilisés par les défenseurs de Dieudonné au nom de la liberté d'expression.
Je ne comprends pas tout et je cherche à comprendre. Tout d'abord, Carl Rogers disait que toute action d'un homme, tueur, terroriste, est positive pour lui. Ils ont mis l'énergie maximum qu'une personne peut donner pour l'accomplir, dans ce cas leur vie. Ils ont exprimé de manière la plus extrême, c'est à dire par la mort, ce que plusieurs personnes pensent de manière modérée.
A travers ces multiples provocations de Charlie Hebdo, la communauté musulmane s'est sentie insultée et trahie.Elle l'a exprimé et on ne l'a pas écoutée au nom de la liberté d'expression. D'autres caricatures sont sorties, l'expression du monde musulman a été plus violente et on ne l'a toujours pas écouté. Certains revendiquant leurs attachements religieux et d'autres leurs attachements républicains. D'autres caricatures sont sorties, l'expression a été encore proche de l'extrême (les locaux ont brulés) et on a toujours pas écouté. Et plus les caricatures sortaient et moins on s'adressait aux modérés, mais aux extrémistes. Toujours au nom de la liberté d'expression. Et puis ces personnes ont utilisé la manière la plus violente pour exprimer un message et on n'écoute toujours pas ?! Au nom de la liberté d'expression. On a créé deux mondes avec des lignes de plus en plus contrastés et chacun se crispant de plus en plus autour de leurs valeurs illusoires.
J'ai l'impression d'avoir assisté à une scène entre deux parties qui parlaient de plus en plus fort et qui avaient les oreilles bouchées. Quelle était la fonction de leur message ?
Quand la première caricature est sortie, un nerf sensible a été touché. Par la suite, à travers de nouvelles caricatures cyniques et povoquantes, on a continué à piquer ce nerf, du style, ça te fait mal ? Et Bah je suis libre de le faire. Et l'autre de répondre par des menaces physiques (réponse épidermique). Et à continuer à ce jeu irresponsable, on a pris un coup qui lui a fait mal. Mais là, d'autres personnes ont reçu ce coup. Et là on dit même pas peur ? Je suis libre de dire ce que je veux. Et l'autre de répondre, je suis libre d'agir comme je veux. Et j'ai pas eu peur, mais je suis prêt à me battre pour mes valeurs républicaines avec un crayon. Et l'autre de répondre je suis prêt à mourir, par ce que je te hais. La violence engendre la violence. Ces personnes n'existe que dans la confrontation.
A quel jeu joue-t-on ? Des gens sont morts. J'ai déjà eu affaire à une personne armée devant moi (et ce n'était pas un AK47) et j'ai eu peur. J'ai eu très peur. Quand on dit qu'on n'a pas eu peur et qu'on défend nos valeurs républicaines, on est plus dans l'émotion, on est dans la raison. Et on rentre dans un conflit, dans une confrontation ? Mais personne ne joue. Personne. D'ailleurs, les dessinateurs de Charlie Hebdo ne jouent plus. Est-ce que cela valait la peine de dessiner ces caricatures pour finalement perdre sa vie. Au nom de la liberté d'expression. Dans quel but ? Pour affirmer ses idées ? Galilée n'est pas mort pour ses idées et les a même refusées pour vivre. Et vous savez quoi ? La Terre tourne autour du Soleil. Il n'a pas gagné. C'est la vie qui s'est imposée d'elle même. C'est en acceptant ses peurs, qu'on apprendra à mieux diffuser la violence d'une autre personne au lieu de la lui renvoyer et que nous compendrons les mécanismes pour gérer les situations de conflits.
Dans beaucoup de profession, l'expression est contrôlée et mise au secret pour le respect de tout à chacun et tout le monde comprend cette expression contrôlée et maîtrisée.
On est en train de mettre Charlie Hebdo au Panthéon de la liberté d'expression et Dieudonné dans les égouts. Mais cette expression n'était pas libre : elle était cynique et humiliante à répétition. Des personnes se sont sentis mal. C'est en construisant un climat de confiance et sûr que l'on peut engager le dialogue avec une personne, quand elle se sent acceptée, acceuillie et seulement là le changement s'opère, elle tendra à s'épanouir.
Je ne comprends pas.
Maintenant, on appelle à l'unité nationale, voire même internationale. Mais il y a unité quand la somme des riens fait un rien. Mais, aujourd'hui, la somme des riens fait un tout. On doit choisir "#jesuischarlie" ou "#jenesuispascharlie". Deux entités sont en train de se construire, avec chacun sa peur et se crispant autour de ses valeurs religieuses. On a recréé des lignes et des limites de plus en plus contrastés. On augmente les divergences de ces deux groupes. J'ai déconstruit mes valeurs religieuses (illusion de vie après la mort!!) depuis longtemps, j'ai fini de déconstruire mes valeurs républicaines (illusion de liberté !!)
La communauté musulmane s'est ouverte en condamnant fermement ces actes de terroriste, mais en rappelant qu'elle s'est sentie humiliée et trahie par les provocations incessantes de Charlie Hebdo. Etait-ce vraiment la motivation de Charlie Hebdo ? Mais C'est comme cela qu'elle les a été ressenties. Va-t-on l'écouter cette fois-ci ? Va-t-on nous aussi nous ouvrir pour nous accueillir mutuellement ? Cela ne doit pas aller dans un sens, sinon, l'accueil ne sera jamais complet.
Plus personne ne se reconnaissait dans Charlie Hebdo, Le magazine était voué à disparaître et sa forme d'expression également.
Je pense que ces formes d'expressions de provocation cyniques et acerbes tendront à disparaître comme il aurait dû se passer. Nous irons vers une expression, non pas on peut se permettre de tout dire c'est à dire sa forme actuelle, mais vers une expression plus respectueuse et mesurée, c'est-à-dire sincère et authentique. C'est seulement à ce moment qu'on pourra opérer des changements. Cela prendra plusieurs générations. La vie dans tous les cas l'emportera.
Je dois l'avouer je n'ai pas vraiment aimé l'émission, pas que je ne sois pas d'accord avec les sentiments exprimés, mais les analyses et conclusions étaient parfois naives, limite bébête. Je pense que tous autour de la table on dit qu'on ne peut pas expliquer de tel actes. Sérieusement? Mais venez en banlieue, arrêtez des jeunes et demandez leur s'il comprennent ces actes. Ils vous diront que même si sont contre ces actes, ils ne sont pas plus injustes ou fous que d'aller bombarder les révolutionnaires en Afghanistan, Libye ou ailleurs. Ce que nous prenons pour des fous fanatiques sont perçus par d'autres comme des héros d'une revolution. Pour tous ceux qui vont me tomber dessus, je ne suis pas en train de dire que je partage ce point de vu, non plus que je pense que les jeunes des banlieues cautionnent cet attentat. Mais ces sentiments sont là et les ignorer ou les mettre de coté parce qu'ils ne représentent qu'une marge de la jeunesse musulmane est idiot, car c'est de cette marge dont nous parlons depuis plus de 3 jours maintenant. Il y a une chose qu'il faut comprendre. Un attentat surtout choquant à trois objectifs:
1. D'abord punir, punir de façon dramatique. Il faut que ça pète car ce sont les images sur internet ou TV qui montrerons le châtiments, qui apportera "la bonne nouvelle".
2. L'impression de puissance. On ne traite pas de la même façon un ennemi que l'on crains.
3. Augmenter la pression des attaqués, en l'occurrence la France, sur la communauté d'où les assaillants viennent. Cette pression qui se traduira par les actes de violences contre leur communauté, la police qui va faire des descentes chez leurs familles, leurs amis, leurs lieux de culte, la recuperation politique qui stigmatisera leur communauté encore plus. Bref toutes ces pressions vont créer un sentiment d'injustice, et de colére. C'est grace au sentiment d'injustice, et cette colère, qu'ils (les terroristes) pourront recruter.
Ne riez pas, cette technique de recrutement a été surtout utiliser en Iraq pour créer un antagonisme entre les Sunnites et les Chiites qui vivaient ensemble en paix avant. Systématiquement attaqués par le sunnites, les chiites ont commencé à ce venger, et les troupes Jihadites n'avaient plus qu'a passer parmi les sunnites pour avoir de nouvelles recrues.
J'ai perdu beaucoup dans cet attentat. #jesuischarlie
On a flingué le bouffon, et ça, ça ne se fait pas. Le bouffon est par essence impie, irrévérencieux, critique, forcément drôle ou agaçant. Le bouffon est le défenseur de ceux qui ne sont pas comme les autres. Son existence même démontre qu'on a le droit de penser différemment. Le bouffon, c'est une part de nous-mêmes qui veut être libre, résistant à la masse uniformisante, à l'aliénation de l'individu.
Comment a-t-on pu flinguer le bouffon ? Les raisonnements simplificateurs se font écho des raisons avancées par les assassins. Mais dans une histoire aussi triste et complexe, on ne peut se permettre de simplification. Les pulsions extrêmes, de meurtre, de violence existent chez beaucoup trop de gens pour des raisons diverses. La conscience bride toutes ces pulsions et inhibent les passages à l'acte, bien heureusement, pour la plupart du temps. Pour être bien conscients de ce phénomène, juste imaginez le châtiment que vous auriez réservé à ces deux tueurs si on les avait pris vivants. Oui, vous l'avez déjà tous imaginé, comme si c'était votre fille qu'on vous avait arraché. Mais vous n'êtes pas fous.
Ce qui fait basculer quelqu'un dans l'absence momentanée ou permanente de raison, la déraison, l'aliénation, la folie, on sait ce que c'est, on a des spécialistes pour ça, dans les hôpitaux psychiatriques. C'est la folie qui a conduit deux hommes à basculer dans l'enfer. L'islam n'y est pour rien. Le Coran dit, comme la Bible du reste, que c'est Dieu qui décide de la vie et de la mort, ce ne sont pas les hommes, tuer c'est mauvais. Le troisième assassin, aussi triste que les deux autres, n’est qu’un mime sanglant, qui n’a pris les armes que parce que les autres l’ont fait, un mouton malade. Cet effet de Panurge amenant les moutons au bord du précipice est lui aussi connu, notamment dans les suicides en série, le premier poussant les suivants.
C'est la folie paranoïaque provoquée par la manipulation mentale des camps d'entrainement militaires qui a construit ces assassins, c'est ce qui les a aussi détruits et qui nous a tous fait si mal.
Ils ont abattu un arbre sacré, un arbre fondateur de notre culture : la liberté d'expression. Mais comme tout arbre sacré, à sa mort, ont été libérées une infinité de graines. Ces graines, comme dans la nature, ne germent pas de la même manière suivant les esprits dans lesquelles elles tombent. C'était très perceptible, dans les rassemblements, tout le monde ne pensait pas de la même manière, c'est évident et c'est tant mieux. Le principal c’est que tous aient renoncé à une journée de ski, à faire les soldes, pour être là, tous ensemble.
Hommes, femmes, enfants, gens de toutes opinions, ce n'était pas la droite qui était là, ce n'est pas la gauche qui était là, ce n'était pas le centre non plus. C'étaient des gens. Des gens choqués, des gens malheureux, des gens qui cherchaient au fond d'eux-mêmes leur individualité dans leur ressemblance avec les autres. Ils étaient tous là. Tous humains, rassemblés dans la rue, cette rue trop longtemps salie par la politique de la peur des autres. On est venus se réapproprier un espace public, nos vies, en chantant la Marseillaise ou en montrant que les graines de l'arbre Charlie ont germé en nous. On a envie d'espoir, de vie meilleure, de changement.
Alors, quand nous rentrerons chez nous, après ces rassemblements, cette communion, qu'allons-nous faire ?
Allons-nous refermer la porte à double tour parce que les autres sont potentiellement dangereux ?
Allons-nous cultiver le germe de la liberté, de l'égalité et de la fraternité ?
Parce que Charlie, c'est ça, c'est ce qu'il y a de meilleur dans ce pays, c'est ce qui en a toujours fait sa grandeur, sa beauté, sa richesse.
RIP Charlie... quel gachis..
"Je n'étais pas à la manifestation spontanée du 7 janvier. Des gens ont chanté la Marseillaise. On parle de la mémoire de Charb, Tignous, Cabu, Honoré, Wolinski: ils auraient conchié ce genre d'attitude"
Voilà, c'est Luz qui le dit. C'est dur d'être aimé par des cons.
http://www.lepoint.fr/culture/luz-le-soutien-a-charlie-hebdo-est-a-contre-sens-de-ses-dessins-10-01-2015-1895437_3.php
Que j’aimerais pouvoir dessiner pour faire une 'une' de Charlie ! Merci pour cette émission.
Quand j’ai appris la mort de Cabu ce mercredi, j’ai pleuré devant l’écran de mon ordinateur au travail. Comme l’a dit Judith, pour les quarantenaires Cabu c’était le dessinateur de RécréA2 avec Dorothée. Je ne me souviens de pas grand-chose, si ce n’est de sa coupe Mireille Mathieu mais surtout de sa bonhommie. Bien sur à l’époque la politique ca me passait largement au dessus du citron. Alors, pour ma part c’est une part de mon enfance et de mon innocence qui est partie mercredi .
Je ne lisais pas Charlie Hebdo. Je voyais les unes dans les relais presse. Avec tous ces événements, j’ai fait ma cure de rattrapage. Putain que certains dessins sont justes et drôles ! D’outre tombe, ils me font marrer. Je regrette donc de n’avoir pas lu le journal avant le drame.
Je ne lisais pas Charlie Hebdo. Mais comme les revues pornos existent, je savais que le journal existait et que je pouvais l’acheter. Que j’avais la liberté de l’acheter. Comme d’acheter la bible, ou le coran.
Je ne lisais pas Charlie Hebdo. Mais dans une société de plus en plus bridée, où les salariés n’osent plus l’ouvrir de peur de se faire virer, où les politiciens se foutent des taux d’abstention record lors des élections, il est essentiel d’avoir ces poils à gratter qui dérangent, qui disent tout haut ce que certains pensent tout bas …
J’ai vu l’émission d’ASI. Je viens de me réabonner par ce que j’ai besoin de l’éclairage de D Schneidermann que je respecte énormément sur ce sujet. Et puis j’ai vu l’émotion des invités. Et puis je me suis demandée la pression que pouvait endurer ASI elle-même. Lettres de menaces, insultes ? Alors je voulais vous dire que si les regards et les pensées sont braqués sur Charlie Hebdo, les abonnés doivent également penser très fort à ceux qui travaillent chez ASI, qui virés de la télé par N Sarkozy, ont trouvé le moyen de l’ouvrir quand même sur internet. Souhaitons que les rescapés de Charlie Hebdo trouvent également leur voie.
Vive Charlie Hebdo et Vive Asi
je savez dès le début que les 2 tueurs seraient retrouvés mort ...
j'aimerais vraiment connaître le commanditaire de ce massacre mais je suis sans espoir de ce côté;
pourquoi Charlie hebdo:
parce-que Charlie hebdo était marginal et dérangeait beaucoup de monde: facile;
je suis ok pour:
"les gens qui se parlent ne se tirent pas dessus"
" des crayons, pas des armes"
la récupération va battre son plein;
la + belle chose c'est effectivement que Charlie continue à nous faire ces dessins
qui m'ont fait tellement rire;
oui continuons de RIRE
Personne n'a posé la question pourquoi Charlie ?
Charlie, c'était mieux avant, je ne lisais plus Charlie, une certaine gêne est apparue parmi les intervenants. Et même pourquoi la police ?
Moi aussi je ne lisais plus Charlie, mais je suis Charlie maintenant, sans état d'âme, et je pense qu'heureusement pour mon abonnement, "Arrêt sur Image" ne risque rien de la part des extrémistes islamiques.
Le copain de la fille du proviseur.
On ne peut discuter avec ces gens même à distance on va céder à la trouille non! Il faut refaire des lois ou autre qui remettent les choses en place l'école c'est la laïcité merde
Et tout ça pour se dire que pas grand chose ne change dans le fond et surement pas dans le bon sens...Un autre jour en France...Finalement....
Font chier les nanas voilèes au supermarché . nous nous sommes battues pour les droits des femmes et ces nanas se laissent inféoder par leur mec . La bouffe hallal dans les cantines etc... je ne marche plus dans la combine nous nous devons maintenant que nous subissons des pourris qui se sont attaquées à des intellectuels c'est gravissime je ne veux plus ça nous pouvons refuser ce dictat vive babilou qui a du se délocalisr etc.. on ne peut plus se laisser faire fin de l'histoire recadrons!
Laïcité fraternité liberté
et le Charlie de CHARB (mon héros personnel, n'en déplaise à vous tous, vieux de la vieille (pardon! :) qui jurez surtout par les vétérans Cabu et Wolin) et de Tignous, n'était PLUS celui de Val!!! merde!
merci pour toutes ces émissions mais là, à la mémoire de Charb je ne peux pas laisser dans le silence dire ce genre de critiques à l'emporte-pièce. les départs vers la création de Siné Hebdo et Val c'est du passé!
pour tout le reste, je suis d'accord avec vous. merci
Liberté, égalité, fraternité et vive Charlie.
Stéphanie Evrard
J'aimerais rendre hommage à Charlie, non pas en déversant un torrent de larmes, ni en en cherchant désespérément tel ou tel responsable, mais, un peu à la manière de, en mettant les points sur les I.
J'ai toujours vu le monde comme assez simple à se représenter politiquement. On m'a souvent même dit simpliste, mais vous jugerez par vous même, je crois qu'il parlera à beaucoup de monde désormais que les véritables frontières humaines se sont affichées au grand jour. Comme l'aurait dit Sergio Leone, « le monde se divise en deux catégories ». Y'à ceux qui croient dans ces trois mots qui ornent tous nos mairies, et ceux qui n'y croient pas.
Parmi ceux qui y croient, c'est simple, on se sent tous frères et on se demande simplement quand est-ce qu'enfin la réalité va se joindre à notre cause, même si on se dispute sur comment l'aider. Bah oui qu'est-ce que vous voulez. Fraternité quoi. Ça à un sens pour quelques uns d'entre-nous.
De l'autre, y'a trois groupes. Y'à ceux qui croient pas à l'égalité parce qu'ils savent bien qu'ils ne sont pas égaux au reste des hommes, et qu'ils ont tout intérêt à le rester. On y trouve beaucoup de sous, beaucoup de pouvoir, beaucoup d’intérêts. Tout ça forme un petit monde de Quataris, de Saoudiens, bien sûr, mais aussi de grandes banques ou assurances, de lobbys pétroliers texans et autres, de Louis Vuitton/Pierre Gattaz/Bernard Arnauldt/Ingrid Bettancourt, bref. Des teneurs de ficelles. Des dans l'ombre de leur fric et de leur pouvoir qu'ils ne partageront pas sans combattre. Et une de leurs manières les plus simples de combattre, c'est de payer le second groupe.
Le second groupe, je les appelle les prophètes de l'apocalypse. Les messagers de la haine. Quand je vous donnerai des noms vous allez vite voir. Ils sont souvent nés dans des familles qui leur ont appris que les gens étaient pas pareils, c'est triste pour eux, souvent ils mourront sans avoir compris que c'est faux. Parfois ils finissent par le croire c'est encore plus triste. Quelques uns savent très bien pour qui ils se battent et ce sont les plus dangereux. On les entend partout depuis quelques années. Je sais même précisément depuis combien de temps. J'y reviendrai plus tard. Ils ont tous les arguments du monde pour nous prouver qu'on est pas pareils sauf qu'ils sont tous obligés de les fabriquer ou de faire des insultes à la logique pour les construire. Mais leur boulot est relativement simple, c'est fabriquer de la haine et de la jalousie et de la colère et de la moquerie et de la distance et de la rancœur entre les hommes, pour leur faire croire en leur inégalité. De nos jours, vous reconnaîtrez bien sûr Oussama-Ben-Laden qui même mort, continue ces jours-ci de faire parler de lui à travers une multitude de sites sectaires qui font des ravages dans nos banlieues aujourd'hui, mais encore des Dieudonné, des Soral, des Zemmour, des Houellbecq, des Finkielkraut, des Le Pen, des Frigide Barjot... Ceux-là ceux sont les serpents. Et je dois avouer être bien triste de voir que depuis que les tours jumelles sont tombées il y a presque 15 ans, leur bruit est devenu si assourdissant que voilà que même les partis habituellement républicains se mettent à nous pondre certains gugusses plus qu'a moitié convertis aux idées de ces aboyeurs, et qui se retrouvent, ou se sont retrouvés (voire croient pouvoir se retrouver -Ha! Ha!-) au pouvoir : des Sarkozy, des Valls, des Hortefeux ! Leur discours est simple, dire « regardez ! Les gens qui ne sont pas comme vous sont une menace ! » le déconstruire est la tâche la plus dure du monde. Leur refuges, leurs antres, sont multiples. Qu'ils crient au nom d'un pays, au nom d'un livre, au nom d'un idéal, les discours est le même, le refrain identique. ils n'ont qu'à le crier suffisament fort. Alors ils crient. Et ils font du bruit les salauds. C'est vraiment difficile à couvrir. D'autant que peu à peu des gens y croient.
Ces gens qui y croient, c'est le troisième groupe. On y trouve toute une masse de monde, la plupart du temps pas bien méchante, qui se dit que quand même si j'avais du boulot au lieu qu'on le donne a un arabe, et c'est tout. Parfois qui cognent un peu, ou simplement insultent, quand ils sont bourrés, ceux qu'il se mettent à pas aimer. Et parfois... Prennent une arme et tirent.
Ce troisième groupe, il ne faut même pas le blâmer, même si on peut être en colère contre eux d'arriver à avoir si peu de discernement face aux discours de haine qui prédominent, même si la part de ce groupe qui va jusqu'à tirer est impardonnable, ils ne sont, eux aussi, que des victimes. Il faut l'aider ce groupe. Le sortir de là. Sinon ceux qui le composent risquent de finir soit dans le deuxième groupe, avec les autres persifleurs, ce qui est à la limite leur meilleure chance de survie, soit de finir comme bras armé, comme ces tarés qui ont endeuillé la France entière, soit pire, finir par être suffisamment nombreux pour que le second groupe prenne les manettes, pour de bon, au plus grand bonheur des friqués du premier groupe qui non seulement conserverait son pouvoir et sa fortune mais aurait de bonnes chances de l'augmenter via une petite guerre. En période de crise, c'est souvent ce qui se passe. Quand ça ne se passe pas, c'est qu'au contraire, la foule a été suffisamment éduquée, suffisamment informée, suffisamment consciente de cette simplicité du monde, pour se retourner contre les vrais coupables. C'est ce que nous devons faire aujourd'hui.
Les vrais coupables ne sont pas les musulmans, bien que nos abrutis du jour aient tué au nom de l'islam. Leur religion n'est pas celle des musulmans c'est une secte ! C'est elle la véritable coupable ! Une secte qui recrute sur internet, parmi nos banlieusards, et qui recrutera tant qu'on ne leur aura pas prouvé comme au reste du peuple français que oui, bordel, on est égaux ! Une secte financée par des grands puissants Quataris et/ou Saoudiens qui d'une face font de grands efforts pour paraître modernes et bien intégrés à notre si grand et si beau et si magnifique modèle capitaliste, de l'autre ne seraient pas contre l'idée qu'il s’échoue sur le rivage. Comment leur donner tort après tout ? Comment nous comportons nous nous mêmes aujourd'hui envers eux, alors que nous osons prétendre gouverner le monde ? Et notre modèle est-il donc si grandiose ? Si fiable ? Si indéboulonnable ?
Alors oui c'est vrai, dans le cas qui nous occupe, c'est un peu difficile d'aller chercher les émirs Qataris et Soudiens, et de les traîner à la barre. Et alors ? Allons gaiement jeter des pierres aux musulmans en général pour se défouler ? Non ! Justement pas. Ce serait s'engluer dans la toile tendue par les véritables coupables. Mais les vrais coupables... Vous vous souvenez, premier, deuxième groupe ? Les quataris, les saoudiens, les sites internet, les Ben Laden ? On à les mêmes en France. Alors à défaut de pouvoir couper la tête de l'hydre la-bas, on peut toujours commencer par celle qu'on a dans le coin ? On les identifie facilement non ? J'en ai fait la liste et la description tout à l'heure. Semeur de haine, de discorde, de méfiance, ou grande puissance, grande fortune. C'est simple, non ? Deux groupes de peu d'individus, tous moqués par Charlie Hebdo. Constamment. Et qui ont riposté mercredi. Reste à agir a notre tour et à montrer que nous ne cèderons pas.
Faisons taire les serpents du second groupe, huons-les, rejetons les loin de nous. Refusons de continuer a nous soumettre aux premiers, révoltons nous contre ceux-là avant tout autres. Et enfin, surtout, sauvons ceux qui peuvent encore l’être dans le troisième groupe. Sortons les enfants de cette nation de ces blocs infects ou on les laisse croupir depuis trop longtemps à l'écart du reste de la France à s'isoler sur internet devant les premières conneries communautaristes qu'ils y trouveront, donnons leur et donnons nous a tous des métiers stables, des hausses de salaires, bref, un équilibre de vie quoi ! Un minimum de possibilité de croire que la vie c'est un minimum autre chose que dormir, manger, bosser, ou dormir, manger... ce qu'on peut, et rester mis à l'écart à jamais ! Ça peut pas être ça, pour un jeune, les deux seules options qu'il a sur cette Terre avant de mourir ! Quoi comment ça où on trouve les sous pour ça ? Ben on l'a dit non ? Des sous y'en a bien pour organiser toute cette guerre ? Vous savez ces types là, du premier groupe ? Ceux qui en sous main, là, pendant que nous on se tape dessus, se font exonérer d’impôts... Y'en a plein du pognon chez eux. Faites moi confiance... Même vous là, leurs autres victimes dont j'ai pas parlé aujourd'hui, les petits commerçants, patrons de petites boites, qui déjà voient le diable rouge ! Pas la peine de vous enfuir ! Il y a tellement de pognon chez ceux là qu'on pourra largement vous donner un grand bol d'air frais pour faire repartir vos économies qui crèvent précisément a cause de ces charognes. Mais le plus important de tout ! On en aura fini avec les types qui sortent le fusil a forcer d'avoir été chercher du réconfort face a cette réalité de merde en allant se faire siffler aux oreilles les douces mélodies du fascisme ! Plus besoin d'aller le chercher ce réconfort au moins, quand on est heureux de la vie qu'on a !
Bref tout ça pour dire... Ben la question qui devrait se poser aujourd'hui c'est désormais plus « Où est Charlie ? », c'est « Qui est Charlie » ? Et Charlie, pour moi, il est simple à reconnaître. Charlie c'est tous ceux qui, comme moi, sont comme la première catégorie du tout début vous vous souvenez ? Ceux qui croient encore a ces putains de trois mots qui sont les trois plus beaux, les trois plus grands, les trois plus nobles de chaque langue sur Terre. Liberté, Égalité, Fraternité. Et attention , hein ! Je veux qu'on les comprenne tels qu'ils ont été pensés en les écrivant sur notre patrimoine ! Les gens qui ont écrit ces mots, leur vocation c'était pas de faire la « Déclaration Française des Droits de L'homme ! »... Non ils ont écrit « Universelle ». Liberté, Égalité, Fraternité, pas entre foutus Français, mais de manière... Universelle ! Tous les êtres vivants de l'Univers capables de comprendre (n'incluons peut être pas les poulpes) et admettant la vérité, la force et l'importance, dans nos vies d'être humains, de ces trois petits mots, doivent pouvoir dire du pays qui les a mis à l'honneur qu'ils y sont bienvenus, qu'ils y sont amis, alliés, hôtes ! Frères ! Égaux ! Libres !
Voilà. Croire en cette universalité de l'égalité et de la fraternité entre les hommes, voire même, se battre pour elle quand on la menace, c'est être Charlie. Je crois qu'à part deux trois copains de Marine Le Pen dans le fond de la classe, tous ceux qui ont brandi « Je suis Charlie » ces derniers jours seront d'accord avec moi. Maintenant « Être Charlie », c'est une chose. Le rester, par contre... Je crois que c'est sentir qu'aujourd'hui justement il y a une menace contre la liberté, contre l'égalité, et contre la fraternité. Et ne pas aller demain se rasseoir devant la télé, et laisser les choses se poursuivre telles qu'elles sont jusqu'aux prochains éclats de la haine, d’où qu'ils viennent. Mais prendre les choses en main pour que ça ne se reproduise plus. Et donc ne pas chercher de responsable, mais des solutions. Des vraies solutions. Des nouvelles solutions. Pas des poursuites du bonheur à la recherche d'un 3% de déficit en psalmodiant le tantra libéral, et en saupoudrant d'un peu plus de policiers pour « faire régner l'ordre » alors qu'ils ne serviront que de chair a pâtée dans le prochain conflit !
Voilà. Comme pas mal de gens, j'ai pas toujours été Charlie, j'ai même longtemps plutôt été Siné (ne l'oublions pas, au passage ! Je vois beaucoup de fric généreux tout plein voler au secours de Charlie, mais il a un grand petit frère!). Cela dit j'aurais pu tomber pire, j'aurais pu naitre dans un evironnement qui aurait fait de moi un Libé ou un Figaro... Aujourd'hui en tout cas je suis viscéralement Charlie. Parce qu'ils sont morts au nom de notre liberté à tous. Morts pour défendre l'égalité qui plus est. Allez... Peut être pas toujours très fraternellement a la limite. Mais bon. Aujourd'hui ça n'a plus la moindre importance. Aujourd'hui ils sont morts pour la cause. Et c'est par ces trois mots que je me sens Charlie aujourd'hui, et que je tiens à le rester.
Ils ne sont pas Charlie
Je suis
Judith et Manach ne comprennent visiblement rien au mouvement d'indignation et d'unité qui s'est spontanément soulevé : on se moque de la police qui surveillait CH, des cloches de Notre-Dame, on reparle sans cesse de Val, on regrette le Charlie de 1981tout en avouant qu'on ne le lisait pas. Quelle confusion!
Et Koros qui prend ses exemples visuels dans Hara-Kiri…
Après tout ne pouvait-on pas aimer Cabu par exemple et pas du tout la publication prise pour cible ?
Moi, je n'ai pas de télé et depuis cet assassinat (et là je suis tout à fait d'accord de ne pas employer le mot attentat car en effet, c'était tout sauf une violence aveugle mais bien ciblée), et je ne suis (du verbe suivre) cette actualité que sur Facebook (en allant bien évidemment ensuite lire les différents articles qui m'interpellent sur les différents sites d'info). Et donc, ça fait du bien d'entendre un débat pausé, par des personnes concernées et vraiment concernées, chacune à sa façon. Je vais essayer d'ailleurs d'aller bientôt écouter l'émission faite par Mediapart l'autre soir si je la trouve sur leur site.
Je voulais tout de même préciser à propos du moment où la question de la dangerosité d'Internet a été posée que vous avez tous omis de parler, dans les côtés dangereux car appelant à la violence, les avis de certains internautes qui appellent à la vengeance, au retour de la peine de mort (en général en s'en dédouanant en ajoutant "dans le cas de.. " ), et à la haine des musulmans (et là c'est encore difficile à discerner ceux qui ne supportent pas la religion de ceux qui ne voient, quand ils parlent d'Islam, que les arabes et qui n'ont pas la même haine pour les musulmans s'ils viennent d'Asie ou d'Amérique par exemple). Bref, tous les français "moyens", les "beaufs" tel que l'avait dessiné Cabu qui se réveillent et qui, en plus, osent prendre à leur compte le slogan "je suis Charlie" (et c'est d'ailleurs une des raisons qui me font hésiter à l'employer).
Je voulais aussi dire à Alain Korkos que je me suis complètement retrouvée dans ce qu'il disait (comme d'ailleurs dans son article "Cabu, les cons ont la vie dure") comme aussi, je m'étais déjà retrouvé dans l'article de Patrick Schneidermann (que j'aimerai entendre un peu plus dans ces émissions, en tout cas celle là, prendre part au débat et ne pas se contenter de le diriger même si il le fait très bien),l'article "Cabu et les autres, un 11 septembre intime".
Oui, Alain Korkos, moi aussi c'est en apprenant la mort du Grand Duduche que cet info m'a parlée "personnellement". Si il n'y avait eu que les autres, j'aurai été horrifiée, scandalisée, cela m'aurait fait réfléchir aussi mais je n'aurai pas verser les larmes qui me sont montées l'autre soir.
Je suis née en 1959 dans une famille d'esprit très libertaire (sans tendance officielle aucune) et qui aimait la lecture que ce soit en livre mais aussi en bd. J'ai eu, depuis mon tout jeune âge, la joie de lire toutes les semaines, les journaux de bd qui sortaient. Ça a commencé par Mickey (presque encore bébé finalement) puis Spirou et Tintin (je parle des journaux hedbos), puis est venu ce qui a commencé de changer le ton des lectures : Pilote, avant gout de ce qui allait arriver : Hara-kiri et Charlie mensuel (l'hebdo, je le lisais moins mais j'étais encore petiote). J'ai aussi connu comme vous "la Gueule Ouverte" et leur slogan "on crèvera tous la gueule ouverte". C'est aussi l'époque du film "L'an 01" que ma mère nous avait emmené voir (avec les voisines communistes). Enfin bref, une culture qui a disparue comme a disparu le rêve de mai 68... C'est ma culture, c'est ma pensée, c'est ce à quoi je me raccroche quand je perds un peu l'espoir.
Alors merci, Messieurs et Madame, pour ce langage que vous tenez et qui nous apporte espoir que l'on peut encore réfléchir, réagir et parler de ce "drame" en gardant chacun sa propre identité, son détachement mais aussi son attachement à ce journal, Charlie Hebdo, son esprit critique mais jamais dévastateur, son envie de vivre et de faire vivre ce qu'il nous reste de liberté, de politiquement incorrect, de pied de nez, de tirage de langue et de "montrage" de cul et enfin son envie de rire de tout, absolument de tout (mais surtout pas avec n'importe qui !!)..
http://www.20minutes.fr/societe/1514119-20150110-vomissons-ceux-subitement-disent-etre-amis-affirme-dessinateurs-charlie-hebdo#xtor=RSS-176
«Nous avons beaucoup de nouveaux amis, comme le pape, la reine Elizabeth ou Poutine : ça me fait bien rire», a-t-il ironisé dans un entretien au quotidien néerlandais de centre-gauche Volkskrant: «Marine Le Pen est ravie lorsque les islamistes se mettent à tirer un peu partout».
"Nazisme". Ok.
Vous parliez de confusionnisme ... Si c'est pour dire que cela, ne faudrait-il mieux pas privilégier des réflexions à froid que des réactions à chaud ?
Alain Korkos surenchérit en arguant que ce type d'événement seraient "inexplicables". Vraiment ? Qu'est-ce qu'on fait là, alors ? Ce sont des méchants et puis c'est tout ?
Il va pourtant bien falloir se cogner cette question, quitte à devoir se confronter à des hypothèses douloureuses. Voici les miennes:
Comment des paumés de banlieues peuvent-ils en arriver à de telles extrémités ? Seraient-ils contaminés par la lecture du Coran ? Ce livre serait-il empoisonné ?
A vrai dire, il est probable qu'ils ne l'aient jamais ouvert ni même mis les pieds dans une Mosquée. Et curieusement, l'immense majorité des musulmans sont des gens parfaitement pacifiques et tolérants.
L'évidence est que les explications sont à chercher dans le social, le politique et en particulier la politique internationale désastreuse menée par les occidentaux depuis des décennies: colonisations, guerres absurdes et ravageuses en Irak, en Libye et ailleurs, arrogance invraisemblable ... Politique de non-intégration des immigrés du Maghreb , empilés dans des cités dortoirs et livrés à l'économie parallèle ... Doit-on s'étonner d'une certaine animosité contre nos pays ? Doit-on s'étonner que certains exaltés passent à l'acte ? N'avons nous aucune responsabilité dans tout cela ? Et voila qu'on leur dénie le droit à leur confession ... L'Islam serait la "cause" de ces méfaits ... Funeste erreur ... Ceux qui vont sur ce terrain devraient y réfléchir à deux fois.
Le théorie du "choc des civilisations" semble être une prophétie en cours d'autoréalisation.
Pour ma part, j'irai manifester dimanche à Paris. Notre seule chance face à cet obscurantisme mortifère est de faire à nouveau peuple, de nous retrouver pour nous dire, en silence, ce qui nous unit. Être un corps politique pour une fois, l'addition de centaine de milliers de corps en mouvement, graves mais optimistes, conscients de ce qui a été attaqué, conscients de ce que nous voulons défendre et conscients de notre force. Car au-delà de la naïveté apparente, peut-être, de cet unanimisme, nous sommes la démocratie.
l'esprit athée des lumières c'était DIDEROT !
Charlie Hebdo, c'est la poursuite du travail voltairien ?
non celui de DIDEROT
Littéralement presque personne n'est Charlie, et si les tueurs avaient attendu quelques mois Charlie serait vraiment mort en tant que journal.
Peut-être y en avait-il d'autres, mais quoi qu'il en soit, cette initiative reflétant les convictions du commerçant, est aussi une preuve de son courage.
Je pense à Brassens et ne défile pas au son du clairon qui sonne
La musique qui marche au pas,
Cela ne me regarde pas.
Je ne fais pourtant de tort à personne,
En n'écoutant pas le clairon qui sonne ;
Mais les braves gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux
" Réunion tragique à Charlie Hebdo: 2 morts!
(dessin des deux frères)
"Les dessinateurs s(er)ont toujours vivants!"
Qu'est-ce que j'aimerais que ce soit le cas pour les centaines de milliards d'animaux qui meurent chaque jour de nos mains.
C'est par leurs dessins que nous avons grandi et sur le papier car Internet n'existait pas (je suis de la génération de Didier, de Daniel).
Alors il est indispensable que d'autre grandissent avec des dessins et par internet!
Henri
[cela semble un détail en ces temps douloureux mais je n'ai pas le cœur à parler des morts et de leur exécution]
Vous répondiez à Judith Bernard sur le sexisme en montrant fièrement un dessin de Reiser qui avait un contenu antisexiste. En quoi cela fait-il la démonstration que Charlie n'était pas misogyne ? Il est mort depuis combien de temps Reiser déjà ? En quoi diable UN dessin publié il y a trois plombes par UN dessinateur vaccinerait-il tous les autres artistes, toutes les semaines, toutes les pages qui suivront ? Tout ça manque quand même de discernement ou de bonne foi. Ce n'est pas la première fois que vous parlez de féminisme, c'est un sujet important sur lequel il ne faut pas faire l'économie de la réflexion avant de prendre position.
Dire que "Charlie est un journal misogyne" est bête car ce journal est (était ?) composé de multiples personnalités qui ne s'accordaient pas entre elles. J'adore bon nombre de ces auteurs mais j'ai toujours été agacée par le sexisme de Wolinski par exemple. Et c'est un journal où la majorité des journalistes et caricaturistes étaient des hommes, ceci explique peut-être en partie cela.
À quand un réel regard sur ce qu'était Charlie et son contenu éditorial?
"Il faut qu'ils attrapent ces salauds avant qu'ils ne tuent Eric Zemmour et qu'on soit tous obligés de scander "Je suis Eric Zemmour"."
Il leur ressemble trop. Il est leur symétrique en matière de haine et de rejet. Seule différence, pour le moment : lui et ses fans ne tuent pas avec une kalach.
La guerre, la violence à l'état pur, ne peut être menée que par la force de la gaine. Elle-même tire son essence de la colère, la division entre personnes, l'absence de communication. Ce qui permit d’enrôler des troupes en France c'est précisément les divisions de la société française. Certes nous sommes dans un pays de la libre expression, malheureusement ou les gens ne communiquent quasiment plus entre eux (laïques, juifs, musulmans, catholiques, chacun dans son coin défend son idéologie).
Pourquoi s'attaquer précisément à Charlie Hebdo ? C'est un symbole puissant de la libre expression qui par définition est d'exprimer ses idées quelles qu'elles soient. Le message est bien nous sommes à votre porte qui suscite en nous tous à la fois un sentiment de peur, de colère, vivier de la haine meilleur outil pour commencer une guerre. la réponse absolue face à la haine : l'humour et la communication. Ce massacre a donc une double portée : on s'attaque à l'humour et à l'expression.
D'autre part ce qui fédère les français en union nationale c'est notre attachement à nos valeur et à "la famille", la famille du genre humain. C'eut été les pires des français qui eurent étés pris pour cible, mon sentiment aurait été le même : l'indignation face à la barbarie. Comme eut dit la citation apocryphe « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire. ». Rien ne justifie une telle violence.
Mias ils ne le font pas, aucune fatwa n'a été lancée contre lui, aucune manif.
Notamment parce qu'il est assez malin pour n'attaquer que les musulmans, jamais Allah Vacomjtepousse* ou Mahomet-toi-de-là-que-j'my mette.
Voilà bien la preuve que l'islam est une religion pour moi inacceptable : tuez des musulmans par milliers (même et surtout si vous le faites au nom d'Allah le miséricordieux) les foules musulmanes ne bougeront pas une babouche*, foutez-vous d'un idole ou d'un type mort il y a des siècles, ces foules déferleront dans les rues en cassant tout ce qu'elles peuvent et en appelant à la mort.
Ce n'est pas Charlie qui exploite les pauvres musulmans mais le MEDEF, ce n'est pas Charlie qui fait du contrôle au faciès mais les BAC, dont personne ne croira que CH est leur livre de chevet, ce n'est pas Charlie qui bloque l'entrée des night-clubs aux "bronzés", ce n'est pas Charlie qui expédie les non-desouche dans des banlieues abandonnées, les agences immobilières, les proprios et les DRH qui bloquent à l'annonce de noms "exotiques" ne sont pas abonnés à Charlie. Je continue ?
* Merci Gotlib (ah ah ah, un sale feuj !)
** Ah ah ah, notre islamophobe sort de son trou ! La caricature, c'est haram !
Les frères Kouachi savaient vaguement à quoi s'en revendiquer Al quaeda tandis que pour Coulibaly c'est DAESH. "C'est parce qu'on attaque des musulmans" etc. ce ne sont que des prétextes à la violence.
Jean-March Manach : « c’est la guerre, je ne sais pas s’il faut parler du terrorisme, enfin voilà, je suis encore un peu paumé. »
On ne le serait à moins, Jean-Marc.
Est-ce la guerre ?
Si la réponse est oui, c’est une guerre d’un genre nouveau.
Une guerre, dont les belligérants peuvent partager le même immeuble.
Une guerre sans déclaration de guerre. Une guerre sans uniforme. Une guerre sans cessez le feu, sans armistice. Une guerre sans traité de paix. Une guerre sans fin.
Si la réponse est non, c’est un acte de droit commun, qui relève du maintien de l’ordre.
Dans quelques jours, quand l’émotion fera place à la raison, nous devrons répondre à cette question fondamentale, qui conditionne nos futurs choix, nos futurs actes.
il explique comment l'horreur des gang mexicain est ultra moderne: mise en scene , violence gratuite , competition de qui est le plus violent .
Il explique que tout cela est issue de nos valeurs, et que c'est notre futur a tous si on ne réagis pas .
Les gangs mexicains sont notre futur
"War, as I came to report it, was something fought between people with causes, however crazy or honourable: like between the American and British occupiers of Iraq and the insurgents who opposed them. Then I stumbled across Mexico's drug war – which has claimed nearly 40,000 lives, mostly civilians – and all the rules changed. This is warfare for the 21st century, and another creature altogether.
Mexico's war is inextricable from everyday life. In Ciudad Juarez, the most murderous city in the world, street markets and malls remain open; Sarah Brightman sang a concert there recently. When I was back there last month, people had reappeared at night to eat dinner and socialise, out of devil-may-care recklessness and exhaustion with years of self-imposed curfew. Before, there had been an eerie quiet at night, now there is an even eerier semblance of normality – punctuated by gunfire.
On the surface, the combatants have the veneer of a cause: control of smuggling routes into the US. But even if this were the full explanation, the cause of drugs places Mexico's war firmly in our new postideological, postmoral, postpolitical world. The only causes are profits from the chemicals that get America and Europe high. [...]
[...] But this is not just a war between narco-cartels. Juarez has imploded into a state of criminal anarchy – the cartels, acting like any corporation, have outsourced violence to gangs affiliated or unaffiliated with them, who compete for tenders with corrupt police officers. The army plays its own mercurial role. "Cartel war" does not explain the story my friend, and Juarez journalist, Sandra Rodriguez told me over dinner last month: about two children who killed their parents "because", they explained to her, "they could". The culture of impunity, she said, "goes from boys like that right to the top – the whole city is a criminal enterprise".
Not by coincidence, Juarez is also a model for the capitalist economy. Recruits for the drug war come from the vast, sprawling maquiladora – bonded assembly plants where, for rock-bottom wages, workers make the goods that fill America's supermarket shelves or become America's automobiles, imported duty-free...........
J'ai besoin de rire moi aussi... et je ne suis pas sûre du tout d'acheter Charlie (puisque tant de gens vont l'acheter).
Je n'étais pas Charlie mercredi quand je suis allée manifester... Je me suis sentie très seule alors que j 'y étais allée -moi aussi- chercher de la chaleur humaine. Puis j'ai vu le mec du FN au milieu de la manif, à côté des élus de la ville. Même si j'ai retrouvé un copain, je ne m'y suis pas attardée.
A vos archives les Charlies !
Il faut arrêter de dire que les assassins étaient des fous. Ils ont agi de sang-froid avec un professionnalisme militaire.
On va y avoir droit à notre patriot act : ça fait déjà un moment que nos gouvernants tâtent le terrain avec des lois anti-terroristes toujours plus douteuses, l'occasion d'aller encore plus loin vient de se présenter sur un plateau d'argent.
Honnêtement j'ai peur, très peur : ce que je lis, ce que j'entends, ce que je vois ces derniers jours... ils sont nombreux à brandir des crayons et des stylos, à manifester, à arborer des autocolants, mais combien parmis eux une fois rentré chez eux renient ces beaux discours en réclamant des lois liberticides pour les protéger ?
Nous sommes tous Charlie vous dites ? Je ne crois pas non : c'est hypocrite pour ne pas dire insultant vis à vis des morts de se réclamer de leur bannière alors que l'on est prêt à sacrifier ce pour quoi ils sont mort en échange du confort douillet d'une société toujours plus sécuritaire.
Aprés l'assaut des fréres Kouachi contre les forces de l'ordre:
"Aprés s'être fait Charlie,
Ils se sont fait Hara-Kiri"
Comme beaucoup de gens du quartier, j'ai vécu cette journée cloitré chez moi entre les JT et les vagues de policiers qui se succèdent, arme au poing, sous mes fenêtres.
Evidemment, ce qui s'est déroulé aujourd'hui, tout comme le massacre à Charlie hebdo, me pétrifie. Me glace. Me déespère.
Et pourtant, je ne suis pas Charlie. Même si la formule est belle. Même si elle nous fédère. Je crains qu'elle ne désammorce trop de questions, trop de désaccords, trop de contradictions.
Je pleure les morts et les blessés, autant que je me désole de voir des gamins donner un sens à leur vie en prenant celle des autres…
Et cela me fait penser à un passage du nouveau bouquin des gars du comité invisible :
[quote=comité invisible "A nos amis"]Ce qui est en jeu dans les insurrections contemporaines, c'est la question de savoir ce qu'est une forme désirable de vie, et non la nature des institutions qui la surplombent. Mais le reconnaître impliquerait immédiatement de reconnaitre la nullité éthique de l'Occident. Et puis, cela interdirait de mettre la victoire de tel ou tel parti islamique à la suite de tel ou tel soulèvement sur le compte de la supposé arriération mentale des populations. Il faudrait au contraire admettre que la force des islamistes réside justement dans le fait que leur idéologie politique se présente d'abord comme un système de prescriptions éthiques. Autrement dit, s'ils réussissent mieux que les politiciens, c'est justement parce qu'ils ne se placent pas centralement sur le terrain de la politique. On pourra alors cesser de pleurnicher ou de crier au loup chaque fois qu'un adolescent sincère préfère rallier les rangs des "djihadistes" plutôt que la cohorte suicidaire des salariés du tertiaire. Et l'on acceptera en adultes de découvrir la gueule que nous avons dans ce miroir peu flatteur.
Alors moi non plus je ne suis pas Charlie. Je ne delivrerai pas de certificat de virginité à ceux qui réclament l'unité nationale, alors qu'ils ont tout fait pour la déliter jusqu'ici. Il va falloir un peu de temps pour faire retomber les passions, raisonner de nouveau et comprendre ce qui nous a amené là. Je crains trop que cette stratégie du choc, comme dirait Naomie Klein, soit une nouvelle opportunité pour nous faire tous regarder dans le même sens.
Alors, je suis un Charlie. Mais pas celui qu'ils veulent.
Il se trouve que dans une autre vie, j’ai été dessinateur de presse au Maroc, dans le journal Femmes du Maroc, et que j’ai même dû me convertir hypocritement à l’islam pour épouser une jeune fille avec laquelle nous avons fait de beaux enfants, moitié mouton et moitié cochon.
Au moment de l’affaire des caricatures, j’étais à Casablanca. J’ai enduré une souffrance qui a duré des jours, l’impossibilité que j’avais de montrer ma solidarité avec Charlie dans cette grande métropole, où il n’y avait plus d’intégristes ni de modérés mais que des musulmans outrés, tous solidaires dans leur indignation… Je ne suis pas Cabu ou Charb, je ne suis pas Charlie… j’ai fermé ma gueule et baissé les yeux, je ne me suis pas fâché avec mon épicier, ni avec mes collègues de travail. J’ai fermé ma gueule lâchement et la rage au ventre.
Tout ça pour dire que Mercredi, j’en menais pas large, ces souvenirs funestes sont remontés. Alors quand Cabu et les autres sont morts, j’ai compris que la libre pensée avait été assassinée.
Quand j’ai entendu, allez je ne vais citer personne, que la première pensée de certains était pour les pauvres musulmans et que dès le lendemain c’était eux qui étaient désignés comme victime, je me suis demandé si notre pays ne devenait pas fou.
Tout à l’heure, Clémentine Autain a tweeté : « Oui, nous marcherons contre les attaques envers les musulmans. Contre toutes les formes de racisme et de xénophobie. Contre les fascismes ».
Voilà.
La marche de dimanche est devenue une marche pour défendre les musulmans. La mort des derniers libres penseurs, pour cause de blasphème, passe après un coup de fusil contre un mur de mosquée. Je suis bien entendu outré aussi qu’on attaque des mosquées. Les mosquées ne me dérangent pas, ni l’appel à la prière qui me manque parfois depuis que je suis rentré en France.
Tout apostat que je suis, je connais l’islam et je m’en accommode. Certaine de ses traditions sont sympathiques et conviviales. Mais comme je le connais, j’ai vu comment le fondamentalisme a progressé, d’année en année, petit à petit, en rognant toujours plus d’espace, en gagnant de plus en plus de sympathie. Les idées des réformateurs, comme celle de Gamal Al-Banna on été étouffées par celle des fondamentalistes tels que Hassan al-Banna, le fondateur des frères musulmans (et grand frère de Gamal). Et les barbes ont poussées, et les cheveux se sont couverts. Et puis un jour, celui qui est glabre et celle qui est dévoilé deviennent suspects. Ce genre de chose va assez vite. Ça devient même normal, et il serait même mal venu de le critiquer. Regardez les images de l’Egypte ou de l’Afghanistan en 1960, vous comprendrez l’évolution.
La réforme de l’islam n’aura pas lieu parce que la plupart des musulmans n’en veut pas. Celui qui fait sa prière 5 fois par jour regarde de haut celui qui ne la fait que le vendredi, et ce dernier est pris en faute. Ce n’est pas demain qu’ils rejèteront les hadiths. Ils ne veulent déjà pas manifester pour dénoncer les assassins de Charlie parce qu’ils estiment ne pas être concerné, qu’ils ne sentent stigmatisés. Ces gens qui font ces horreurs ne sont pas des musulmans, ainsi l’ont-ils décidé et comme ça ils s’en lavent les mains. Ils n’ont rien à voir avec ces gens là. Beaucoup préfèrent arborer le slogan « je ne suis pas Charlie » parce que quand même, insulter le prophète…
C’est pour cela que toutes les concessions que l’esprit laïc républicain fera aux religions et à l’islam en l’occurrence, profiteront aux fondamentalistes salafistes. Notre angélisme nous mènera peut-être un jour à rajouter un amendement à la loi Gayssot pour condamner le blasphème. Quand je lis le tweet de Clémentine Autain, je me dis qu’on en est pas loin… Quand j’entend Judith dire que le blasphème est maladroit, j’ai un frisson d’angoisse. Puisqu’on met des limites à la liberté d’expression, pourquoi pas celle là ?
Le jour où on ne pourra plus nier Dieu, sous prétexte que nous heurterions les croyants de toutes les religions, et bien les religieux aurons gagné et comme le dit Judith, nous reviendrons au temps des chasses aux sorcières.
Quant à penser que les religions sont basées sur la paix et l’amour, je recommande vivement d’ouvrir un livre d’histoire… ou un livre saint.
Redevable des Lumières qui m'ont légué la devise "liberté-égalité-fraternité", notre contrat social. Je suis un héritier et je vais devoir transmettre cet héritage à ceux qui me suivront. Ce 7-Janvier est pour la luciole que je suis un brusque retour en arrière 225 ans plus tôt. Un retour aux sources, au sens des mots qui nous unis encore aujourd'hui : indivisible, liberté, république. Un traumatisme qui me remet les idées en place.
Redevable de la richesse portée par la caricature. Le rire. Rire de Sarkozy, du Jihad et de tous les dictateurs de la conscience. Le pouvoir de rire de quelque chose de très sérieux. Rire, le cinquième pouvoir ?
Je me sens aussi gênée par certaines blagues (pas toutes) découvertes dans Charlie Hebdo qui me paraissent démodées, vulgaires. Les frères Kalashnikov vont apporter un coup de jeune :-)
Je suis gêné aussi parce que mon budget presse est de quinze euros par an. Comme bouffer des sucreries à deux sous pièce, je redoute l'examen sanguin. Je n'ai pas vu les conséquences de la fragilité de la presse.
Je suis gêné aussi parce que je ne savais pas très bien dessiner. Puis-je être Français et ne pas savoir très bien dessiner ? J'ai honte et ça me fait l'effet d'être un jihadiste ou mariniste.
Mais, grâce à Charlie Hebdo, je ne suis plus gêné d'écrire que Mahomet, c'est à mon sens un jihadiste à visage humain.
Je me sens redevable.
Merci rétrospectivement à Daniel pour avoir invité Luc Bronner, pour son enquête documentée dans "La loi du ghetto", pour nous alerter sur ces "territoires perdus" de la République, tellement confinés que la plupart des babyboomers en ignoreraient presque à la fois le degré de misère et les tensions croissantes qu'elles vont imprimer sur l'ensemble de la société.
Un merci tout particulier à Judith pour avoir exprimé avec nuance cette réticence à utiliser le mot d'ennemi, ou à embrasser un motto collectif "Je suis Charlie", attitudes qui toutes deux ont pour corollaire de tracer naïvement une limite manichéenne entre ceux qui reprennent tel terme et ceux qui s'y refusent, alors même que dans ces intants de sidérations collectives nous n'avons pas seulement besoin de nous sentir protégées par une union confortante dans un collectif majoritaire (lors d'une marche ou par un slogan), mais nous avons besoin tout autant de faire un examen sans complaisance pour accepter de voir que les failles qui traversent notre société ne sont pas seulement sécuritaires, mais aussi sociopolitiques.
Autre question: quel est le sens de cette mobilisation planétaire? Qu'est-ce que ça veut dire, 'je suis Charlie', et brandir un stylo? Est-ce que ça signifie refuser les limites à la liberté d'expression comme l'ont fait les dessinateurs et journalistes du journal? Est-ce que ça veut dire être prêt à comme eux s'arc-bouter pour repousser les entraves à cette liberté lorsqu'elle est exercée dans le cadre de la loi? C'est facile de brandir un stylo et après de ne pas faire de dessin qui dérange, qui moque, qui est de mauvais goût. Mais c'est un peu une solidarité lâche. Moi je ne suis pas sûr d'être Charlie ce soir, parce que je ne crois pas avoir le courage de tester les limites comme ils l'ont fait. Par contre je suis descendu dans la rue mercredi, et ça m'a fait du bien.
Voilà, merci encore à l'équipe d'avoir mis en ligne cette émission un peu baroque, et d'avoir pris la parole.
Pas oublier que dès le 1er n° de CQFD en 2003...
Bon d'accord, aujourdhui il y a Coco qui dessine dans Charlie Hebdo ainsi que dans Vigousse dans lequel dessine Large qui dessine aussi dans Siné Mensuel dans lequel on retrouve Berth qui lui dessine en même temps dans CQFD.
UNE HISTOIRE DU BEAUF (En mémoire de Jean Cabut)
CABU crée le Grand Duduche dans Pilote en 1962.
C’est dans Hara Kiri mensuel (1960) puis dans Charlie Hebdo (1970), qu’il « croque » le personnage du Beauf. Il s’inspire au départ d’un patron de bistrot de Chalons sur Marne (chez lui). Et, en fin observateur de la société, il note qu’à Paris, ce « look » est très répandu dans les cafés de la capitale. Dans ces années de « libération » pour toute une jeunesse, le beauf représentera une figure de la génération précédente (celle qui a fait la guerre d’Algérie).
Le beauf, plutôt bedonnant, porte des grosses moustaches et est affligé d’énormes cernes sous les yeux. Appartenant à la classe moyenne ou populaire, il est chauvin, raciste, phallocrate, électeur de droite, puis d’extrême-droite. C’est également le sosie très fidèle de Jacques Médecin le maire de Nice de 1966 à 1990.
Mais c’est aussi un ouvrier salarié dans une usine d’armement ou un délégué syndical CGT.
Enfin, c’est surtout le beau-frère du Grand Duduche, que ce dernier provoque dans leurs réunions de famille, sur l’écologie et l’antimilitarisme
Fin 1981 Charlie Hebdo s’arrête, victime de l’arrivée de la Gauche au pouvoir et de la fonte de son lectorat.
En 1982, CABU entre au Canard Enchaîné, et le beauf continue de s’exprimer en bas de la page 7 de l’hebdomadaire satirique.
Mais le temps passe, la société néolibérale s’installe, et les services supplantent l’industrie. La publicité et la communication deviennent les rouages principaux de cette nouvelle économie qui ne peut se développer qu’en « forçant » la consommation des masses en matériels high-tech.
Dans les années 90, le beauf a donc vieilli, et CABU qui sent l’air du temps, crée dans le Canard , en 1995, le Nouveau Beauf, sans doute, fils de l’autre.
Le nouveau beauf est plus grand de taille. Il soigne son apparence et son look. Il arbore une calvitie précoce, tire ses cheveux en arrière et les noue avec un catogan. Il porte des lunettes noires en toute saison et garde une barbe de trois jours. Il adopte la veste multi poches et se chausse de santiags.
Le nouveau beauf travaille dans la communication. Il est « libéré » et jouisseur. C’est un enfant de 68 très à l’aise dans la nouvelle économie.
Le vieux beauf est toujours là, mais plus spectateur qu’acteur.
En 1992, Charlie Hebdo reparaît, à l’instigation de Philippe Val, Gébé, Cabu et Renaud. Ironie du sort, ils fondent une société par actions qu’ils baptisent « Les Editions Kalachnikov ». Mais le nouveau beauf reste au Canard Enchaîné.
Enfin, le 29 octobre 2014, le nouveau beauf, qui a lui aussi vieilli et pris de la bedaine, nous présente son fils qui travaille dans l’évènementiel, le domaine nouveau des années 2000, où s’investissent les jeunes beaufs.
Celui-ci a le crâne rasé, un visage rond, un anneau à l’oreille, un tatouage au bras et une barbe de trois jours comme son père.
Nous commencions à peine de faire sa connaissance.
L'émission produite par Médiapart le jour même de l'attentat avait une tonalité différente. Sans doute parce que les invités étaient pour la plupart des journalistes, lesquels ont décrit les événements comme une attaque contre des journalistes. Et le débat a beaucoup tourné autour de la défense de la liberté d'expression.
Les participants d'aujourd'hui donnent de ces événements une image beaucoup plus conforme à ce que je ressens personnellement, notamment Jean-Marc Manach quand il dit "on a tué de grands enfants à la Kalashnikov". Je n'ai jamais considéré Cabu, Wolinski et leurs camarades comme des journalistes, mais comme des artistes, des potaches déconneurs. C'est pourquoi j'ai toujours éprouvé de l'indulgence devant leurs excès et leurs dérapages, ne serait-ce que parce que je pressentais avec délectation (Rhooooh!) le scandale qu'ils provoqueraient. J'ajoute que l'indulgence que j'éprouve envers Dieudonné et qui choque beaucoup d'entre vous procède du même jugement. Et quand j'entends Didier Porte qualifier les tueurs (oui, les tueurs) d' "enfants paumés" influencés par le Dieudonnisme (je ne garantis pas le mot à mot), j'en viens à me demander s'il ne pourrait pas faire un effort pour considérer que Dieudonné est lui-même un enfant paumé et le regarder d'un oeil moins sévère. Je ne suis pas certain que certains des dessins de Tignous, de Charb (et je ne parle pas de Reiser) ne soient pas plus violents que les propos de Dieudonné (leur violence étant amortie par la bonhommie des personnages et le caractère enfantin du trait).
Notons une convergence entre le débat d'aujourd'hui et la veillée de Médiapart : le refus de principe du vote de nouvelles lois sécuritaires. "Pas de Patriot Act" a-t-on entendu plusieurs fois chez Plénel.
Est-ce que le terme correspondant à la pensée de Jean-Marc n'est pas plutôt "néo-cons" ? C'est-à-dire "néo-conservateur"... c'est à dire islamophobe (ça, c'est ok), favorable aux guerres illégales américaines (ça, ça colle), pro-américain et fort peu critique de la politique coloniale israélienne, et tout ce qui s'ensuit... néo-conservateur quoi, comme d'autres ex-gauchistes (se prétendant toujours tels), comme le charmant Romain Goupil par exemple, frère de Coluche, qui en 2003 arpentait les plateaux télé pour dire son amour pour Bush et ordonner (quasiment) à De Villepin de participer à la guerre en Irak... "néo-cons"...
Non parce que, si on y pense, il peut pas être "néo-con" tout court... pour être, à partir d'un moment fixé, "néo-con" tout court, il fallait par essence ne pas l'être avant... non ?
Ce que révèle les dérives sectaires, certes très minoritaires, mais qui existent néanmoins dans une partie de la jeunesse française, c’est le sentiment d’anomie quant à l’identité. Une partie des jeunes, issus de l’immigration, ne peuvent pas s’intégrer car ils ne savent pas à quoi s’intégrer. Une expression importante, et oh combien juste, de Mai 1968 était que l’on ne tombe pas amoureux d’un taux de croissance. De même, on ne s’intègre pas à un PIB.
J'ai l'impression qu' ASI a encore son bout de jardin...
Mais la terreur est dite, c'est nouveau, et ce n'est pas moi qui reproche à Mme Bernard et M. Porte d'être prudents.
Alors, est-ce qu'on va faire quelque chose, est-ce qu'il y a quelque chose à faire ?
Mais non, non, plus le "du pognon pour les banlieues" de gauche et le rétablissement de la peine de mort de droite, pitié !
Je suis debout, à l’entrée d’un chapiteau de cirque, où se tiennent, au premier rang, des fous, de droite, de gauche, des laïcs, des religieux, des fascistes, des anarchistes, des silencieux, des bouches ouvertes, des autocrates, des insolents.
Tous, debout, devant leurs sièges, par intervalles, bien séparés, tout autour de la piste, une arme à la main, et comme se préparant à tirer, les uns sur les autres, à tirer droit, tout droit devant.
Sauf qu’au milieu, de cette piste, se tient un homme, plus qu’immobile, la tête basse, les bras levés, qui le balancent, à un long fil, au dessus du, sable mouvant.
Et sur son cœur, il se dessine, brodée comme une, cicatrice, à même sa peau, une étoile vive, sale et brûlante, souillée de sang.
Et l’homme pleure, et les fous tirent, et l’homme tombe, et les fous rires, et l’on me pousse, et l’on me tire, et l’on me crie, toi, au suivant.
Judith Bernard m'impressionne encore plus parce que je ne comprends pas tout.
Je me demande si le capitaine a fait exprès de les placer cote à cote.
Merci.
A corréler avec l'interview par BFMTV des assassins.
* oui, Daniel, c'est du complotisme.
Merci
Outre les c.nneries qui sont dites, vous avez des têtes de défoncés. Il n'y a que JMM qui réussit à porter beau.
Je reviendrai plus tard, quand vous serez sortis du potage.
A propos de Siné, il suffit de faire google avec siné mensuel (waw, je suis en pleine forme, même si dans le pavillon à côté, dans les locaux de la police municipale, les mecs pleurent leur petite collègue qui s'est fait descendre par un des tarés). Siné est à l'hosto, mais il a fait un petit édito où il explique qu'il est choqué. Et que mercredi, ils sortiront un spécial Je Suis Charlie.
... des éléments de réponses (pas très réjouissants) [large]ici[/large].
PatriceNoDRM
C'est peut-être que cet outil merveilleux nous permet d'écrire et de partager si vite ce qui nous passe par la tête, qu'on en oublie parfois de réfléchir avant...
On donne beaucoup son avis avec les réseaux sociaux mais on échange peut-être aussi moins qu'avant, quand on devait écouter la personne qu'on avait en face, quand on discutait...
C'est pourquoi le geste du stylo levé, en plus de commencer à être éculé, est vraiment dérisoire.
Amicalement.
Il s'auto-censure clairement. Il dit avoir peur et s'en tient là-dessus. C'est exactement ce pourquoi ces deux-trois conards ont attaqué tous ces gens. Pour filer la trouille.
Je pense qu'il faudrait se réveiller.
N'est-il pas possible d'être anti-religieux sans être contre les individus.
Critiquer la religion signifie-t-il critiquer les gens qui la pratiquent? Non je ne le pense pas.
Si on commence à penser de la sorte, plus aucun thème ou sujet ne sera débattu car quelqu'un sera systématiquement concerné.
De plus, n'oublions pas la lutte pour avoir le droit de se moquer d'une religion.
Il faut redresser la barre avant que ce soit trop tard.
Après la stupeur et la tristesse, il faut réfléchir et vous nous y aidez.
Personnellement ce qui m'afflige le plus c'est qu'il ne s'agit pas de terroristes venus de l'étranger comme nous l'avions vu autrefois.
Ce sont des français, des jeunes qui ont grandi parmi nous, ont fréquenté nos écoles .
Notre société a créé des monstres et lorsque l'on voit l'unanimisme pour défendre nos valeurs, cela me met en colère car nos valeurs ont été bien malmenées.
Ou est la solidarité ?
Nous n'avons pas su intégrer ces jeunes ni beaucoup d'autres de toutes origines.
Certains n'ont pu se retrouver que dans la délinquance ou l' intégrisme .
C'est notre échec ....et celui de l'Europe
"Comme tous les pacifistes, vous pensez que c'est vous qui désignez l'ennemi. Or, c'est l'ennemi qui vous désigne. Et s'il veut que vous soyez son ennemi, vous pouvez lui faire les plus belles protestations d'amitié. Du moment qu'il veut que vous soyez l'ennemi, vous l'êtes. Et il vous empêchera même de cultiver votre jardin…"
Très belle émission et merci à toute l'équipe