Jeff Koons, vendeur de vent
Le Centre Pompidou présente depuis le 26 novembre dernier et jusqu'au 27 avril prochain une rétrospective Jeff Koons, l'artiste vivant le plus cher du monde au monde. Lémédiafrançais se l'arrachèrent toute la semaine, et le patron de ces lieux révéla sa fascination pour ce bonhomme tout sourire en costume-cravate propre sur lui tel un représentant en aspirateurs Hoover qui vient sonner à votre porte, Madame, pour vous apporter le bonheur.
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Derniers commentaires
Un huissier s'est rendu le 11 décembre au centre Georges Pompidou à Paris, où se déroule une exposition consacrée à Jeff Koons, pour prendre en photo, sous tous les angles, l'œuvre intitulée "Fait d'hiver", comme la publicité de 1985 pour les vêtements Naf-Naf mettant en scène un cochon venant au secours d'une femme dans la neige.
Coin-coin, avec AFP
Comment Wang-Fô fut sauvé. Marguerite Yourcenar.
Coin-coin, e-store rien-$
— Bien. Car j'ai beaucoup de respect pour lui. »
Selon Angelo Paratico, le paysage derrière la Joconde est chinois. Ça crève les yeux.
Daniel Arasse:
" j'ai perçu que le paysage de La Joconde en arrière-plan, avec son lac très élevé et son val aquatique et marécageux dans la partie gauche, était pratiquement la prise en vue cavalière d'une carte de la Toscane que Léonard de Vinci réalise aussi en 1503-1504"
Qui croire ? ;-)
Le texte d'Arasse.
... ou un exercice de style journalistique, à la Jeff Koons ? ;-)
Il lui faut donc des "artistes" vivants et des "experts" évaluant à des prix astronomiques leurs"oeuvres". Et le tour est joué. Plus un lieu d'exposition. Pourquoi pas Versailles.
C'est un peu sceptique que j'ai atterri par hasard à l'expo Koons de Beaubourg, après avoir vu celle, très intéressante, de Duchamp.
Après cette visite, deux impressions :
- la démarche de Koons n'est pas plus vide que celle de bien des artistes. Je veux dire, elle est peut-être vide - comme celle de bien d'autres. L'art contemporain étant souvent auto-référencé, conceptuel et contenant sa propre "mise en ironie", ça n'est pas si incohérent.
- si la vocation des plasticiens est de créer des formes originales et frappantes, je dois reconnaître que lorsqu'on est en présence des pièces, des reflets obsédants, des matières à la fois molles et dures, une présence très particulière se dégage.
- le fait que Koons ne fasse rien lui-même n'a aucune importance, justement depuis le ready-made etc.
Ceci, non pas pour défendre Koons, mais pour constater qu'il est en phase avec le rôle assigné à l'artiste plasticien aujourd'hui.
https://www.youtube.com/watch?v=l8qQ5piQYYg
Et si vous lisez un anglais très académique, qui en dit nettement plus que ce que l'on veut savoir: "High Price: Art Between thé Market and Celebrity Culture."
J'aurais envie de signer en bas de la phrase mais malheureusement, c'est intenable car à la fin, il y a une hiérarchie permanente entre ce qui est exposé et ce qui ne l'est pas, ce qui est vendu et combien. Aussi salubre que soit l'idée qu'il propose, le conception actuel de l'art dans nos sociétés marchande, et la position de Koons entre toutes lui interdisent ce discours.
Je trouve ses oeuvres intéressantes et dégageant une certaine poésie. Mais en ce qui me concerne, de l'art sans expression sensible c'est comme de la musique procédurale: c'est rigolo cinq minutes mais on s'emmerde vite. Et puis dans un monde remplis de choses industrialisées dans lesquelles la touche de la main de l'homme a disparu, est ce ce qu'on a besoin de voir ?
Alors que pendant ce temps, il y a des gens qui font ça:
https://florencetassantoffola.wordpress.com/2014/07/23/exposition-de-la-promotion-2014-des-compagnons-verriers-europeens-du-cerfav-au-centre-mondial-de-la-paix-verdun-du-18-juillet-au-30-octobre-2014/
Du travail d'atelier, mais elle le fait elle même. Il y a le concept, mais aussi le geste. La matière est traitée tout au long du processus créatif par des mains et des yeux qui la regarde et la sente. J'aimerais voir plus de choses dans de telles démarches, mais il faut être prêt à bosser vraiment en plus d'avoir un gros talent. C'est pour un petit club.
Si quelqu'un a quelque chose là-dessus, je suis preneur.
Et à Londres? Vous vous rappelez que ses sculptures de lui + la C. étaient dans une salle fermée et gardée?
Mais on n'est jamais sûr. La valorisation & la pérennité échappe effectivement au jugement artistique extemporané.
Mais ne soyons pas trop croquants.
Mon petit produit pré-dérivé, gratuit, enfantin, copie conforme, était plus petit que l'original et sans qu'on puisse dire quand on l'a perdu, il est devenu une peau flétrie posée là, invitation à rejoindre les ordures ménagères.
Si après Jeff Koons tout ça pouvait finir. Qu'on arrête avec les recettes du succès: sexe, récupération, paradoxe du matériau, marketing & réseaux, courtier en matières, premières ou pas.
C'est pénible, hein trop de liens?
Jeff Koons aurait aimé être un artiste
Mais j'aimerais quand même bien savoir quelle est la différence de fond avec Murakami.
Cette réflexion rejoint celle de Alain Borer dans De quel amour blessée, p 165: " Triste néofrançais, le shiak n'est pas seulement une langue régionale de l'Empire, il relève de la novlangue ( ou newspeak, la langue officielle d'Océania, inventée par George Orwell pour son roman 1984, publié en 1949), cette simplification lexicale et syntaxique qui devait rendre impossible l'expression des idées subversives, et dont la mission consistait précisément à éviter toute formulation critique du Système ( et même la seule "idée" de critique).
Parfois il me semble que parmi nos élites, certains ayant lu 1984 ont pensé : Bon sang mais c'est bien sûr, voilà exactement ce qu'il faut faire pour assujettir les peuples! Alors que nous, naïvement, pensons que personne ne peut trouver une telle situation souhaitable.
(NB : Shadok pas "Shadock")
JE RAPPELLE AUX MILITANTS UMP QU'ILS N'ONT PLUS QUE 40 MINUTES POUR VOTER POUR NICOLAS !
NB : J'ai écrit gros à l'attention des seniors qui représentent une part non négligeable de ses groupies.
Il souffle un vent terrible.
Ce n’est qu’un petit trou dans ma poitrine,
Mais il y souffle un vent terrible,
Petit village de Quito, tu n’es pas pour moi.
J’ai besoin de haine, et d’envie, c’est ma santé.
Une grande ville, qu’il me faut.
Une grande consommation d’envie.
Ce n’est qu’un petit trou dans ma poitrine,
Mais il y souffle un vent terrible,
Dans le trou il y a haine (toujours), effroi aussi et impuissance,
Il y a impuissance et le vent en est dense,
Fort comme sont les tourbillons.
Casserait une aiguille d’acier,
Et ce n’est qu’un vent, un vide.
Malédiction sur toute la terre, sur toute la civilisation, sur tous les êtres à la surface de toutes les planètes, à cause de ce vide !
Il a dit, ce monsieur le critique, que je n’avais pas de haine.
Ce vide, voilà ma réponse.
Ah ! Comme on est mal dans ma peau !
J’ai besoin de pleurer sur le pain de luxe, de la domination, et de l’amour, sur le pain de gloire qui est dehors,
J’ai besoin de regarder par le carreau de la fenêtre,
Qui est vide comme moi, qui ne prend rien du tout.
J’ai dit pleurer : non, c’est un forage à froid, qui fore, fore, inlassablement,
Comme sur une solive de hêtre deux cents générations de vers qui se sont légué cet héritage : « Fore... Fore. »
C’est à gauche, mais je ne dis pas que c’est le cœur.
Je dis trou, je ne dis pas plus, c’est de la rage et je ne peux rien.
J’ai sept ou huit sens. Un d’eux : celui du manque.
Je le touche et le palpe comme on palpe du bois.
Mais ce serait plutôt une grande forêt, de celles-là qu’on ne trouve plus en Europe depuis longtemps.
Et c’est ma vie, ma vie par le vide.
S’il disparaît, ce vide, je me cherche, je m’affole et c’est encore pis.
Je me suis bâti sur une colonne absente.
Qu’est-ce que le Christ aurait dit s’il avait été fait ainsi ?
Il y a de ces maladies, si on les guérit, à l’homme il ne reste rien,
Il meurt bientôt, il était trop tard.
Une femme peut-elle se contenter de haine ?
Alors aimez-moi, aimez-moi beaucoup et me le dites,
M’écrivez, quelqu’une de vous.
Mais qu’est-ce que c’est, ce petit être ?
Je ne l’apercevrais pas longtemps.
Ni deux cuisses ni un grand cœur ne peuvent remplir mon vide.
Ni des yeux pleins d’Angleterre et de rêve comme on dit.
Ni une voix chantante qui dirait complétude et chaleur.
Les frissons ont en moi du froid toujours prêt.
Mon vide est un grand mangeur, grand broyeur, grand annihileur.
Mon vide est ouate et silence.
Silence qui arrête tout.
Un silence d’étoiles.
Quoique ce trou soit profond, il n’a aucune forme.
Les mots ne le trouvent pas,
Barbotent autour.
J’ai toujours admiré que des gens qui se croient gens de révolution se sentissent frères.
Ils parlaient l’un de l’autre avec émotion : coulaient comme un potage.
Ce n’est pas de la haine, ça, mes amis, c’est de la gélatine.
La haine est toujours dure,
Frappe les autres,
Mais racle ainsi son homme à l’intérieur continuellement.
C’est l’envers de la haine.
Et point de remède. Point de remède.
Henri Michaux – Quito, 25 avril.
Je dois l'avouer je m'étais bien amusée à l'expo Koons à la Fondation Beyeler il y a deux ou trois ans. Une salle entière tapissée d'aspirateurs et autres cireuses! Son chien fleuri dans le parc! Sa panthère rose! Bien sûr, ses "balloon" coeur, fleur, chien. Et un public de 7 à 77 ans, chacun avec un immense sourire d'oreille à oreille. D'accord, je préfère le voir dans le white cube de Beyeler que dans les lambris de Versailles.
Ben oui, il fait faire, ben oui, il est cher, ben oui il est vulgaire. Ben oui.
Vos deux phrases finales m'évoquent le fameux Dixi et salvavi animam meam ("j'ai dit et j'ai sauvé mon âme"), citation pense-t-on d'Ézéchiel, donnée par Marx au terme de sa Critique du programme de Gotha. Avec votre chronique en effet et à l'instar de Marx vous ne vous êtes pas contenté de sauver votre seule âme...
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Je me refuserai désormais à porter un regard critique sur quoi que ce soit.
Et pour commencer, pas question que je juge cette chronique. C'est d'ailleurs bien dommage, parce que je la trouvais excellente.