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"En thérapie" : "Les traumas nationaux entrent dans l'intimité"

Une fois par semaine sur Arte, nous sommes tous en thérapie grâce à une série qui, bien qu’elle fasse écho aux attentats de Paris en 2015, a trouvé sa place dans un autre contexte déprimant, celui du Covid, du confinement et de nos solitudes. Cette série, c’est "En thérapie", dont les chefs d'orchestre sont les producteurs et réalisateurs Eric Toledano et Olivier Nakache. Cette série attire de très nombreux téléspectateurs et internautes. Sommes-nous les patients, sommes-nous le psy ? Peu importe, nous avons trouvé un lieu qui à la fois exprime et guérit nos angoisses. Comment la série israélienne d'origine, "Be Tipul" adaptée dans 19 pays, a-t-elle été transposée dans un contexte français ? Comment cette version française a-t-elle été fabriquée ? Nos invités ne sont nuls autres que trois des cinq scénaristes de la série, dont les deux chefs scénaristes, David Elkaïm et Vincent Poymiro, accompagnés de Pauline Guéna - les deux autres scénaristes sont Alexandre Manneville et Nacim Mehtar.

Commentaires préférés des abonnés

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Interview avec l'un des scénaristes français, ils parlent des différences entre la série originale et(...)

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Derniers commentaires

Je savais pas que je regardais post-pop ! In Treatment et The Affair très bonnes séries. Mais par contre l'émission.... La France pas interventionniste, j'ai bien rit. Les scénaristes qui nous explique qu'ils relisent les scénars des autres pour pas merder la série : j'ai bien rit. Déjà que la bande annonce montrait toute la série si en plus on en voit de nouveaux extraits... Mais Emmanuelle Walter, êtes-vous journaliste ou juste fan de série de parisiens ?
Aucune perspective, sur les attentats, la relation avec la police (puisque vous ne vous êtes intéressé qu'à Reda Kateb), le milieu des séries pendant le confinement, on a quand même effleuré le sujet des scénaristes pas contents sans trop comprendre pourquoi en plein milieu d'émission. C'est bien ça change du virus mais faut essayer de faire une vraie émission arrêt sur images la prochaine fois !

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Je voudrais juste remercier particulièrement Pauline Guéna et Reda Kateb pour le personnage qui m'a le plus bouleversé, Chibane. Extraordinaire de vérité. Merci.

Magnifique analyse de Hassina Mechaï sur orientXXI de  la série en thérapie : 


"si les quatre autres personnages en analyse sont des êtres individualisés portés par une trajectoire de souffrance singulière , Chibane est avant tout un être sociologique." Elle parle de la grille culturaliste , de la vision manichéenne et dépolitisée, le retour de "l'homme arabe" , l'éternel suspect ... etc... 

 

 A  lire .

C'est la première fois depuis le paléolithique que j'abandonne une émission encours de route.

Je dirai même plus : “une belle opération de promotion”. J'attendais un peu plus de recul critique… Je n’ai pas regardé jusqu’au bout.

Je rêve où l'on mélange allègrement la psychologie et la psychanalyse ? Surtout que la série n'a pas l'air de traiter de psychanalyse dans le fait, mais en utilise le nom.
Ça aurait quand même été intéressant de creuser ce point non ?

Depuis qu'Emmanuelle Walter a pris le pouvoir, les émissions ne m'intéressent plus. Les thèmes Bobos de Paris ont remplacé les analyses et les discussions entre personnes compétentes. Cher Daniel, pourriez-vous vous inspirer d'Emmanuel Taddeï? Sinon, j'aurai le regret de me désabonner.

Je vois que de nombreux commentaires sont durs. Eh oui, l'exigence de critique est haute chez les asinautes. Et je rejoins globalement les critiques sur l'émission, on a l'impression d'un moment d'autosatisfaction et de promotion, sans aucun recul. 


Sur la série, elle se regarde bien, notamment grâce à des dialogues travaillés et d'excellents acteurs. Mais une fois le visionnage achevé, on ne peut s'empêcher de constater qu'on a regardé une série bourgeoise et consensuelle, une série époque Hollande I. On aurait pu voir Hollande et Gayet sur ce canapé. Enfin, tout ça était quand même prévisible au vu de la production.


Sur la "fronde" des scénaristes, ah ben oui. Mais le problème, c'est toujours la production, c'est eux qui ont l'argent, c'est eux qui décident. Et eux vont te dire que c'est ou le public qui décide, ou le "regard de l'auteur", mais un auteur bien choisi bien sûr. Ça me rappelle Carrère (oui, Carrère!) qui se plaignait d'avoir été foutu dehors lorsqu'il bossait au scénario de "Revenants", au profit de jeunes loups ambitieux qui ont ôté tout intérêt à la série. Frédéric Pierrot est d'ailleurs au casting, coïncidence.


Dès la présentation des "invités" (les scénaristes, en toute objectivité !), j'ai su que je ne pouvais pas m'attendre à un point de vue critique qui m'éclaire sur mes propres réserves : une psychanalyse c'est autre chose ; un psychanalyste c'est autre chose... Une bonne série (si ça existe) c'est autre chose !

On aurait pu s’attendre à ce qu’un travail préparatoire à une émission 

où il va être question des « névroses traumatiques » (c’est ainsi que

 se nomment les troubles qui surgissent lorsqu' on est soumis aux violences

 d’une guerre,  d’un attentat, d’un accident), soit établi, pour qu’on

 ne vienne pas parler de psychanalyse à ce propos.

 

Qu’une série de télévision face le choix de l’amalgame entre : 

Psychothérapie, expertise, psychanalyse, cela ne me choque pas, 

vu la place réservée à cette dernière depuis quelques décennies. 

Venir titiller le spectateur sur le plan des affects cela est « de bonne guerre », 

mais comme l’a montré une « Asinaute » ( benedicte vidaillet ),

Cela n’a aucun rapport avec la psychanalyse.


De grâce essayez d’imaginer autre chose, essayez de penser 

que l’être humain n’est pas  juste constitué d’un moi,

 toujours prêt à « maîtriser » nos actes, nos affects, notre paraître.

 Mais qu’il se débrouille aussi avec un inconscient

 (les 9/10 ème  de son être pensait Freud),

 et que ça, c’est sa richesse, l’essence de sa singularité.


Une série de télé ne peut absolument pas en tenir compte, 

des journalistes eux ne devraient-ils pas se demander pourquoi ! 

Pourquoi une patiente demande à Freud 

qu’il se taise, pourquoi il fait le choix de privilégier la voix au regard ?

Pourquoi on peut avoir besoin de soins, de toutes sortes de soins, d’une part,

et d’une expérience (une aventure)  autre, dans un autre registre ?

             Les psychanalystes ne sont pas tous des médecins !

Pour revenir au sujet,  j'étais de mon côté contente de voir une émission sur un sujet" plus "léger" et je trouve que d'avoir choisi comme angle la fabrication de la série est un bon exercice de décryptage. Intéressant de connaître le rôle des scénaristes dans les séries (j'avais en effet davantage entendu parler de Nakache et Toledano pour En thérapie) et de voir toute la réflexion sur l'adaptation par rapport à celle d'origine.


Mais je reste quand même un peu sur ma faim, je ne sais pas pourquoi. J'ai peut-être simplement été influencée par les commentaires que j'avais parcourus avant de regarder l'émission... 

Comme d'autres commentaires, le peu de prises de parole de Pauline Guéna m'a un peu gênée et m'a fait penser à ce vieil article du Monde, qui je trouve est important à lire, que l'on soit un homme ou une femme : 


https://www.lemonde.fr/societe/article/2017/03/02/manterrupting-sexisme-sur-la-voix-publique_5088231_3224.html

Il n'est pas en accès libre, je le copie ci-dessous.


Sur le plateau, le tailleur rouge de Sylvia Pinel tranche avec les costumes gris de ses voisins. En ce jour de débat, la seule femme de la primaire à gauche évoque les ­leçons politiques de François Mitterrand quand David Pujadas lui pose une question sur le dépassement des clivages traditionnels.

La candidate re­prend la ­parole. « Ecou­tez, c’est… », commence-t-elle. Une voix s’élève à sa droite : sans lui jeter un regard, Jean-Luc Bennahmias ­répond à sa place. « C’est l’un des ratés du premier gouvernement Hollande de ne pas avoir permis à François Bayrou d’être élu », explique-t-il avec assurance.

La caméra est tournée vers le visage de Jean-Luc Bennahmias mais on entend au loin un rire un peu crispé. « Jean-Luc, Jean-Luc, lance Sylvia Pinel en faisant un signe de la main. Je vois que la parité, même sur ce plateau, est difficile… C’est assez désagréable… »

La candidate tente de reprendre le fil de ses idées mais elle a perdu pied. « Il est… C’est… Je ne me souviens même plus de la question », ajoute-t-elle, un brin agacée. En ce 19 janvier, Sylvia Pinel vient de faire l’expérience d’un phénomène que toutes les femmes connaissent, même si elles en ignorent le nom : le manterrupting.

Le mot apparaît au début de l’année 2015, sous la plume de Jessica Bennett, une chroniqueuse pour le New York ­Times et le magazine Time. Dans un article intitulé « How not to be “manterrupted” in meetings » (« comment ne pas être interrompue par un homme en réunion »), elle raconte, études à l’appui, les étonnantes vicissitudes qui accompagnent la prise de parole des femmes. « Mes amies ont un terme pour ça : le manterrupting [contraction de man et interrupting] », conclut Jessica Bennett. Depuis, le mot s’est peu à peu imposé dans les débats sur le sexisme ordinaire.


La conversation, un enjeu de pouvoir

Malgré sa longue expérience politique – elle était la porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de 2012 –, Nathalie Kosciusko-Morizet a fait l’amère expérience du manterrupting pendant la primaire de la droite et du centre.

Lors du troisième débat télévisé, elle a été interrompue vingt-sept fois… contre neuf pour Alain Juppé, dix pour Jean-François Copé, onze pour Jean-Frédéric Poisson, onze pour Bruno Le Maire et douze pour François Fillon et ­Nicolas Sarkozy. Commentaire de l’ancienne ministre : « Dans une assemblée mixte, les hommes ont tendance, parfois sans s’en rendre compte, à vouloir étouffer la parole des femmes et à la prendre. »

S’agit-il d’une pratique du monde ­politique liée au fait que les femmes en ont longtemps été exclues ? Une spécificité de cet univers clos qui, malgré l’instauration de la parité, peine tant à se féminiser ? Pas vraiment.

Nombre d’études démontrent en effet que le manterrupting est une règle qui gouverne tous les échanges entre hommes et femmes, qu’ils aient lieu dans les ­bureaux, les cafés, les écoles ou les ­familles. Et ce n’est pas tout à fait un ­hasard. « La conversation, loin d’être une activité anodine et spontanée, est traversée par des questions de pouvoir », écrit la féministe Corinne Monnet dans un article publié en 1998 dans la revue Nouvelles Questions féministes.

image: http://s1.lemde.fr/image/2017/03/02/534x0/5088230_6_6820_au-travail-ou-en-politique-les-hommes-qui_4c43d7a0d0c96187c0beff572f85cdd8.jpg

Si la théorie du manterrupting suscite souvent la perplexité, c’est parce que la sagesse populaire raconte une tout autre histoire. « Selon l’opinion communément admise, ce sont les femmes qui parleraient plus que les hommes, poursuit Corinne Monnet. Le stéréotype de la femme bavarde est certainement, en ce qui ­concerne la différence des sexes et la conversation, l’un des plus forts et des plus répandus. ­Paradoxalement, c’est aussi celui qui n’a jamais pu être confirmé par une seule étude. Bien au contraire, de nombreuses recherches ont montré qu’en réalité, ce sont les hommes qui parlent le plus. » Et qui interrompent le plus souvent leurs interlocuteurs – surtout si ce sont des femmes.


S’agit-il d’une pratique du monde ­politique liée au fait que les femmes en ont longtemps été exclues ? Une spécificité de cet univers clos qui, malgré l’instauration de la parité, peine tant à se féminiser ? Pas vraiment.

Nombre d’études démontrent en effet que le manterrupting est une règle qui gouverne tous les échanges entre hommes et femmes, qu’ils aient lieu dans les ­bureaux, les cafés, les écoles ou les ­familles. Et ce n’est pas tout à fait un ­hasard. « La conversation, loin d’être une activité anodine et spontanée, est traversée par des questions de pouvoir », écrit la féministe Corinne Monnet dans un article publié en 1998 dans la revue Nouvelles Questions féministes.

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Si la théorie du manterrupting suscite souvent la perplexité, c’est parce que la sagesse populaire raconte une tout autre histoire. « Selon l’opinion communément admise, ce sont les femmes qui parleraient plus que les hommes, poursuit Corinne Monnet. Le stéréotype de la femme bavarde est certainement, en ce qui ­concerne la différence des sexes et la conversation, l’un des plus forts et des plus répandus. ­Paradoxalement, c’est aussi celui qui n’a jamais pu être confirmé par une seule étude. Bien au contraire, de nombreuses recherches ont montré qu’en réalité, ce sont les hommes qui parlent le plus. » Et qui interrompent le plus souvent leurs interlocuteurs – surtout si ce sont des femmes.


Domination masculine

La première étude d’ampleur sur le man­terrupting a été réalisée en 1975 sur le campus de l’université de Santa Barbara (Californie). Cette année-là, deux sociologues, Don Zimmerman et Candace West, décryptent en ­détail 31 conversations enregistrées dans des cafés, des magasins et des lieux publics de l’université – des échanges ordinaires que les chercheurs appellent « everyday chit-chat ».

Leurs conclusions sont stupéfiantes : dans les conversations non mixtes, les interruptions sont également réparties entre tous les participants, mais dès que la mixité s’installe, les chiffres s’emballent – les hommes sont responsables de 96 % des interruptions…

Don Zimmerman et Candace West voient dans ce déséquilibre un signe de la domination masculine. « Les hommes affirment de manière asymétrique un droit de contrôle sur les sujets de conversation et ils le font avec des conséquences évidentes, écrivent-ils. Il faut en conclure que, au moins dans ces transcriptions, les hommes ­contestent aux femmes le statut de partenaires égaux dans la conversation. »

Bousculées par ces interruptions, les femmes peinent à maintenir le cap de leur discours. « Par toutes ces ­intrusions, les hommes parviennent à imposer leur propre sujet aux dépens de celui des femmes », poursuit Corinne Monnet.

Les années 1970 sont loin, pensera-t-on : ­depuis cette époque, la révolution de l’égalité a bouleversé les règles du jeu. Ce n’est pas vraiment le cas. En 1998, deux professeurs de psychologie américains, Kristin J. Anderson et Campbell Leaper, analysent 43 étudespubliées de 1968 à 1998 consacrées aux ­« effets de genre sur les interruptions pendant les conversations ».

Les déséquilibres mesurés à Santa Barbara sont loin d’avoir disparu. « On constate dans les recherches que les hommes ont, de manière significative, une tendance plus prononcée que les femmes à couper la ­parole de leurs interlocuteurs pendant une ­conversation », résument-ils.


Une dissymétrie invisible

Pour en avoir le cœur net, deux chercheurs américains, Adrienne B. Hancock et Benjamin A. Rubin, analysent, en 2015, 80 conversations entre 40 participants – 20 femmes et 20 hommes. Pour éviter tout biais, ils choisissent des sujets « neutres », comme l’utilisation du téléphone portable – pas de thèmes étiquetés ­féminins ou masculins.

Les chiffres laissent rêveurs : dans un article publié dans le Journal of Language and Social Psychology, ils constatent qu’en moyenne, au cours d’une conversation de trois minutes, les femmes interrompent les hommes une seule fois alors que l’inverse se produit… 2,6 fois.

Ces règles du jeu ont beau gouverner la plupart des échanges entre hommes et femmes, elles passent le plus souvent inaperçues. « Lorsque le genre est à l’œuvre, comme dans la distribution de la parole, c’est le plus souvent de manière indirecte, donc invisible »,soulignent les politistes Frédérique Matonti et Delphine Dulong dans un article paru en 2007 dans Sociétés & Représentations (Publications de la Sorbonne). Pour mettre fin à cette myopie, les deux chercheuses ont, pendant plus d’un an, observé la répartition des rôles féminins et masculins au sein du ­conseil régional d’Ile-de-France.

Leur travail permet de prendre la mesure de l’ampleur de la dissymétrie entre hommes et femmes dans la prise de parole. Malgré l’instauration de la parité, le verbe continue à se ­ décliner au masculin.

« Le genre constitue un handicap, toutes choses égales par ailleurs, écrivent-elles. En séances plénières, quel que soit en effet le type d’intervention (dépôt d’amendement, rappel au règlement, questions orales, ­explications de vote), les hommes interviennent toujours plus que les femmes : sur huit séances entre avril 2004 et mars 2005, les hommes sont intervenus 142 fois et les femmes 80. »


Une source d’angoisse

Les hommes ne se contentent pas de parler plus que les femmes : ils écoutent aussi beaucoup moins. « Quel que soit leur capital politique et à rebours des stéréotypes genrés, les hommes bavardent beaucoup plus que les femmes avec leurs voisins lorsque les autres s’expriment, constatent les chercheuses. Certains, les plus aguerris, se lèvent même pour pouvoir parler avec un camarade assis plus loin alors qu’aucune femme ne s’autorise à le faire. Il faut ajouter que les hommes coupent beaucoup plus souvent la parole que les femmes et qu’ils la prennent davantage avant qu’on ne la leur ait donnée. »

La dissymétrie est aussi une question de style : le verbe impérieux des hommes tranche souvent avec la parole hésitante des élues.

« Elles renoncent beaucoup plus facilement que les hommes à prendre la parole après l’avoir demandée au motif qu’un intervenant précédent aurait déjà dit ce qu’elles avaient à dire, écrivent Frédérique Matonti et Delphine Dulong. Leurs interventions sont beaucoup plus courtes que celles des hommes, et ce parce qu’elles ­ posent plus de questions qu’elles n’expriment une opinion. (…) Elles “avouent” en outre beaucoup plus facilement qu’eux leurs doutes, leur absence d’opinion, voire leur incompétence. »

Nulle surprise, dans ce contexte, que la prise de parole soit, pour les femmes, une source d’angoisse. L’une des élues interrogées dans le cadre de cette étude raconte ainsi s’être ­ réveillée, un jour de discours, « avec l’impression d’avoir avalé un parpaing ».

« Cette expérience est partagée par toutes les élues, constatent Frédérique Matonti et Delphine Dulong. Claire Le Flécher, par exemple, s’oblige à prendre la parole, comparant l’exercice à un sport où l’entraînement est central. Anne Souyris parle longuement de sa difficulté à prendre la parole – une “transgression”, un “traumatisme”, un “supplice” qui revient, selon elle, à “se violer”. »


Sentiment d’illégitimité

Près de vingt ans après l’inscription du principe de parité dans la Constitution de la Ve République, les femmes ont encore du mal à ­imposer leur voix dans les enceintes politiques.

Pour Frédérique Matonti, ce manque d’aisance renvoie à une longue histoire. « En France, les femmes sont encore des nouvelles venues en politique : le droit de vote leur a été accordé très tardivement, en 1944 – soit bien après les Finlandaises (1906), les Danoises (1915), les Américaines (1919) ou les Britanniques (1928). C’est d’ailleurs en France que l’écart entre la date du suffrage masculin (1848) et ­féminin (1944) est le plus important. »

Cette histoire a façonné des attitudes très différentes : selon Frédérique Matonti et Delphine Dulong, les hommes politiques se comportent comme s’ils jouissaient d’un « droit “naturel” à s’exprimer » alors que « tout, dans le comportement des femmes, manifeste leur sentiment d’illégitimité ».

Quand les femmes sont dans des positions de pouvoir, confirme la philosophe et mathématicienne Laurence Bouquiaux dans Les Faiseuses d’histoire (La Découverte, 2011), un livre des philosophes belges Vinciane Despret et Isabelle Stengers, elles se conduisent comme si elles avaient « investi des lieux qui ne leur étaient pas destinés ».


Diagnostic inversé

Dans cet ouvrage, Laurence Bouquiaux ­raconte avec subtilité cette manière de se montrer « soumise et docile » pour faire oublier qu’on ne se sent pas tout à fait à sa place. Elle évoque ainsi, dans les milieux universitaires, « les bonnes élèves, bosseuses, voire besogneuses, qui savent qu’elles sont tolérées pour autant qu’elles restent inoffensives ». « Nous [les femmes] laissons parler les hommes (dans les réunions, dans les colloques et même, peut-être, dans les livres) parce que beaucoup de nos collègues ne nous pardonneront d’être intelligentes que si nous renonçons à être brillantes. »

Ces règles tacites ne concernent pas que la scène politique ou le milieu universitaire : nombre de travaux anglo-saxons montrent que, dans les entreprises, la prise de parole des femmes est mal accueillie.

En témoigne une étude américaine réalisée par Victoria L. Brescoll, professeure à l’université Yale : cette ­experte en psychologie sociale a demandé à 156 personnes de noter, sur une échelle de 1 à 7, la compétence, l’efficacité, l’avenir professionnel et l’aptitude au leadership de deux types de manageurs – les premiers parlent beaucoup, se mettent en avant et font volontiers état de leurs opinions personnelles, les seconds sont discrets et s’expriment peu en réunion.

Publiés en 2012 dans la revue Administrative Science Quarterly, les résultats font froid dans le dos. Les hommes qui parlent peu sont considérés comme de piètres dirigeants alors que ceux qui s’expriment longuement obtiennent d’excellentes notes. Un diagnostic qui pourrait parfaitement se comprendre… s’il ne s’inversait totalement pour les femmes.

La ­faconde et l’éloquence, considérées comme d’utiles qualités pour les hommes, deviennent de terribles défauts pour les femmes : les dirigeantes silencieuses et réservées en réunion sont bien notées alors que celles qui ­s’expriment longuement sont rejetées…


Peur d’avoir l’air agressive

Pour Sheryl Sandberg, numéro deux de Facebook, et le psychologue Adam Grant, professeur à l’université de Pennsylvanie, cette étude prouve que les femmes qui craignent de parler en réunion ne sont pas paranoïaques : elles savent simplement qu’en parlant autant, voire plus que les hommes, elles seront jugées avec sévérité.

« Lorsqu’une femme s’exprime dans un cadre professionnel, elle marche sur une corde raide, résument-ils en 2015 dans le New York Times. Soit elle est à peine entendue, soit elle est jugée trop agressive. Quand un homme dit la même chose qu’elle, tout le monde approuve d’un signe de tête cette bonne idée. Résultat : les femmes considèrent souvent qu’il vaut mieux parler peu. »

Comment expliquer cette étrange alchimie sociale qui endigue la parole des femmes ? Pour la politiste Frédérique Matonti, la réponse tient en un mot : la socialisation.

« Les études sur l’éducation montrent que les parents, sans en avoir conscience, encouragent les filles au retrait plutôt qu’à la mise en avant, explique-t-elle. Les garçons ont souvent le droit de faire du bruit alors que les filles doivent rester discrètes et baisser la voix. Petit à petit, les enfants ­intériorisent ces valeurs masculines et féminines : les garçons apprennent à prendre la parole, à dire qu’ils n’ont pas peur et à faire face, les filles à écouter et à faire attention aux autres. »

Ces différences se manifestent dans les familles, mais aussi à l’école. Dans les années 1970 et 1980, deux sociologues de l’éducation américains, Thomas L. Good et Jere E. Brophy, montrent, en observant le fonctionnement des classes, que les professeurs, sans le savoir, appliquent la « règle des deux tiers/un tiers » : ils ont, en moyenne, deux fois plus d’échanges avec les garçons qu’avec les filles.  « Ils consacrent aux garçons les deux tiers de leur temps tandis que les garçons émettent les deux tiers des propos tenus par les élèves dans la classe », résume la sociologue Marie Duru-Bellat dans L’Ecole des filles. Quelle formation pour quels rôles sociaux ? (L’Harmattan, 2004).


« Stéréotypes »

Avec le temps, les chiffres ont évolué mais aujourd’hui encore, l’égalité de traitement n’est pas au rendez-vous. « Les enseignants consacrent un peu moins de temps aux filles – environ 44 % de leur temps contre 56 % aux garçons, souligne Marie Duru-Bellat. La différence peut paraître minime, mais elle devient considérable dès lors qu’on comptabilise le temps qu’un élève passe en classe. Ce temps consacré aux garçons reflète en outre des interactions plus formatrices sur le plan pédagogique : les enseignants passent plus de temps à réagir aux interventions des garçons et à attendre leurs réponses. »

Nul procès envers les hommes ici : les enseignantes, rappelle Marie Duru-Bellat, se comportent de la même manière que leurs collègues masculins. « Les hommes comme les femmes sont profondément imprégnés par des stéréotypes sur le féminin et le masculin qui sont véhiculés par notre société, constate-t-elle. Ce sont des processus inconscients qui définissent les normes de comportement des garçons et des filles – et donc les attentes et les comportements que l’on a envers eux. Pour les bousculer, il faut commencer par en prendre conscience. »

En démontrant qu’hommes et femmes ne sont pas – encore – des partenaires égaux dans la conversation, les études sur le manterrupting ouvriront peut-être la voie à un dialogue plus équilibré entre hommes et femmes.

Cher Ghis, je suis tout à fait d'accord pour empêcher le "manterrupting" sauf que là Pauline Guéna n'a visiblement aucune envie d'être là, ni de parler. Apparemment elle préfère observer et écrire... C'en est désespérant, s'il y'en a un, c'est bien elle qui a un comportement anti féministe, tous lui donne la parole...

J'avais fait suivre l'article, car je l'avais trouvé très juste de manière générale et important à lire et l'émission m'y a fait penser.


Je ne sais pas pourquoi Pauline Guéna parle peu, si c'est parce qu'elle n'est pas assez interrogée ou si c'est une sorte d'auto-censure comme vous le pensez... N'avoir "pas envie d'être là ou de parler" peut tout autant représenter un problème dans notre société (voir la difficulté de trouver des expertes parfois à inviter, car elles ne se sentent pas légitimes). 


Revoir l'article cité-ci-dessus : 

« Lorsqu’une femme s’exprime dans un cadre professionnel, elle marche sur une corde raide, résument-ils en 2015 dans le New York Times. Soit elle est à peine entendue, soit elle est jugée trop agressive. Quand un homme dit la même chose qu’elle, tout le monde approuve d’un signe de tête cette bonne idée. Résultat : les femmes considèrent souvent qu’il vaut mieux parler peu. »


Comment expliquer cette étrange alchimie sociale qui endigue la parole des femmes ? Pour la politiste Frédérique Matonti, la réponse tient en un mot : la socialisation.

« Les études sur l’éducation montrent que les parents, sans en avoir conscience, encouragent les filles au retrait plutôt qu’à la mise en avant, explique-t-elle. Les garçons ont souvent le droit de faire du bruit alors que les filles doivent rester discrètes et baisser la voix. Petit à petit, les enfants ­intériorisent ces valeurs masculines et féminines : les garçons apprennent à prendre la parole, à dire qu’ils n’ont pas peur et à faire face, les filles à écouter et à faire attention aux autres. »

Merci pour votre réponse, je suis tout à fait d'accord cette fois-ci.

Chaud.... J'en suis à la bande annonce, j'ai juste envie de quitter.... Ca sent tellement le réchauffé, le revu et resucé mille fois... Bon, allez j'essaie.


Beinh, fatigué des neurones, je mate sur Härte (chaine du repentir) Replay -Miss Patricia- quelques épisodes de la scierie.


Premier réflexe, je cherche l'âge de Mélanie Thierry et je me marre : 39 ans la ouin ouin ! Ça ne colle pas.


Après quelques "28 minutes" d'analyses en souffrance, je me lasse et me casse. 


Vu "Bè Tipoul" et me suis laissé piéger par "In Treatment". Rien à voir avec le Traitement français.

Et sur beaucoup de point.


Et entièrement d'accord avec Camille Bolivard sur le remplacement d'un militaire par un policier  de la BRI. 


Sur ce, je vais m'auto-suicider. 

A lundi si le coeur vous en dit !


Deux hommes scénaristes (David Elkaïm et Vincent Poymiro) dénoncent la personnalisation médiatique de deux hommes réalisateurs (Eric Toledano et Olivier Nakache) qui invisibilise leur travail.


Et que se passe-t-il avec la troisième invitée, Pauline Guéna, femme scénariste ?


Au vu des plans larges, elle a plein de choses à dire mais on ne lui donne la parole que pour moins de 1% du temps de l'émission (6 minutes 10 secondes sur 76 minutes).


Même dans une émission de décryptage des médias, animée par une femme journaliste, le réflexe médiatique de la personnalisation masculine des rôles prime sur une parole plurielle et collective.


Quel dommage...

Bonjour,

je fais partie des amateurs de la série que je trouve excellente. Je regrette que vous n'ayez pas pointé le question de la sous-représentation des femmes parmi les auteurs: une seule parmi les sept scénaristes et aucune réalisatrice sur cinq! En 2021, c'est extravagant, surtout pour une série qui parle de la vie et de ses drames, des fantasmes, des rêves, des parents et des enfances. Pendant l'émission, la parole de la scénariste n'a pas été suffisamment sollicitée par Emmanuelle Walter qui a beaucoup privilégié les deux hommes dans l'adresse de ses questions: d'ailleurs le temps de parole de Pauline Guéna est assez faible et de manière significative, quand elle s'exprimait de manière passionnante, elle semblait chercher dans le regard de son comparse sur le plateau comme une approbation de ses propos. Il n'en faisait pas de même bien sûr. Il y a du chemin à parcourir pour atteindre la parité. Et à ce titre, nous sommes tous perdants. 

Dans une émission traitant d'une série qui à pour principal objet la psychothérapie, pas une/un psy... Dommage.

"on pense à l'identification du spectateur constamment. On ne pense qu'à ça".

 

Une façon bien élégante de parler de l'audimat.


On sent bien l'objectif d'atteindre le public le plus large : parité genrée parfaite, équilibre des âges (une ado, une majorité d'adultes, deux ou trois séniors). On sent juste la difficulté à toucher le "populo", mais le flic un peu bas du front d'origine maghrébine est là pour faire le job.


Je dirais, pour faire court, que les ficelles sont un peu grosses. Cela dit, si je recommande cette série, c'est moins pour ce qu'on y apprend sur la psychothérapie, que pour le jeu des acteurs. Ils sont tous excellents !

Super émission, merci ! ça faisait un peu longtemps que je n'avais pas retrouvé cela sur ASI. Bravo !

Joyeuse Saint-Valentin à toutes et à tous !


J'ai beaucoup aimé le regard de Pauline Guéna sur le jeu des comédiens lors des passages d'extraits. On sent qu'elle adhère. Si la série était une merde, on la plaindrait, mais c'est une excellente série que je regarde avec beaucoup de plaisir.

Beaucoup d'"asinautes" n'ont pas aimé, mais il faut reconnaitre que cette série et cette émission ont au moins l'avantage (et l'inconvénient) de les forcer à utiliser beaucoup de mots pour dire leur déception et leur savoir. Trop.


Bon, j'ai pas lu tous les commentaires et au risque de répéter...

Pourquoi sort-on de cette emission comme si on avait assister à une emission de promotion ? A part la séquence très courte sur le conflit des scénaristes...Ben on apprend pas grand chose...Pas de distance...pas de mise en perspective.

J'aime cette série, je suis en train de la regarder...

Mais du coup, j'attendais que l'on invite un psy, un flic ou des gens qui puissent nous faire une analyse de cette série dans ce qu'elle dénonce sur le monde, sur l'actualité...pas les scénaristes (très très bons soit dit en passant) 

Bref, on pourrait soupconner ASI d'avoir invité leurs potes !!! Ce qui peut arriver mais dans ce cas on s'assure que leurs propos ou leur savoir va nous permettre de prendre du recul sur les choses...pas qu'ils nous racontent que c'était super de faire cette série, qu'ils ont pris plaisir et qu'ils sont trop contents que les gens aiment bien...Vous pouvez laisser les chaines Cinéma et autres émissions culturelles le faire!!!

Non?


Je retiens la force du travail collectif, et j'aime la revendication des scénaristes d'une plus grande reconnaissance. Sinon, désolé, je n'ai pas tenu jusqu'au bout de cette promotion de la série, tout comme je me suis arrêté à l'épisode 5,  c'était bien mais j'ai l'impression d'avoir déjà fait le tour et je me suis endormi alors dans ces cas-là, j'écoute mon corps !

Bonjour,

J'ai regardé l'émission d'Arrêt sur Images et, comme plusieurs personnes d'après les commentaires lus, j'ai vraiment été très surpris qu'elle ait été si complaisante et que le choix ait été fait d'inviter trois des scénaristes. On avait, oui, l'impression d'une nouvelle promotion de la série ("Attention chef d'œuvre" ne craint pas d'écrire Télérama en conclusion de sa critique.) 

On peut avoir pourtant de vraies réserves par rapport à cette série, qui paraît souvent bien invraisemblable (la façon dont les séances se passent, la façon dont les personnages s'adressent à l'analyste -s'il s'agit bien d'une analyse (dans le premier épisode, l'analysante est d'abord allongée sur un divan). J'imaginais qu'ASI poserait des questions à ce sujet. Mais cela n'a pas été du tout l'approche de l'émission. Il me semble que c'est dommage.

Très cordialement

 

J'ai été très déçu par l'épisode 1 de la série et je ne pousserai pas plus loin. Elle concentre tous les travers bourgeois de la fiction française, ça m'a semblé déconnecté de (ma ?) réalité.


Dès le début, on perd toute crédibilité avec cette jeune fille d'environ 25 ans qu'on est censés croire chirurgienne. Bon, pourquoi pas... puis on commence à aborder le trauma du Bataclan par le biais du personnel soignant, ouf, ça va devenir pertinent. Mais on dévie très rapidement sur des problèmes de couple banals, OK pourquoi pas, c'est de la fiction française, on est habitués... 

Puis ils m'ont perdu dès que *SPOILER ALERT* la jeune fille déclare son amour à son psy (qui a environ 60-70 balais) et mes yeux se sont retournés puissance mille dans mes orbites, je jette l'éponge.


Personnellement je n'en peux plus de ces thèmes chers au cinéma français bourgeois depuis des décennies : problèmes de couple déconnectés des réalités sociales, relations pseudo-incestueuses fantasmées entre des jeunes filles "perdues" et des hommes mûrs "mentors", l'adultère comme injonction à la jouissance/liberté, le tout servi par des monologues verbeux...


Il aurait peut-être fallu oublier cette idée des attentats du Bataclan, j'ai trouvé ça indécent d'utiliser ce traumatisme comme fil conducteur pour parler, au final, de problèmes de cul.

Au diable la justesse, la représentation du réel. 

C'est verbeux, je sens des scénaristes qui ont voulu entendre leur mots dans la bouche d'acteurs connus. C'est pas très bien incarné, par ailleurs. Je ne crois pas aux personnages, et les intrigues peinent à concerner. 


Une émission à oublier. 

Je n'ai pas encore regardé l'émission, mais est-ce qu'on y trouve (un peu) une analyse critique de la psychanalyse, discipline qui date du 19ème siècle, et qui est aujourd'hui considérée comme une pseudo-science un peu partout (hormis quelques pays comme la France ou l'Argentine) ?

Avec des concepts aujourd'hui complètement moisis comme les petites filles qui rêveraient d'avoir un pénis, ce questionnement me semble pertinent.

Emission très décevante, qui adopte l'unanimisme sans recul des medias mainstreams, de Télérama, à France Culture, en passant par le Monde, Libé et compagnie. En invitant 3 scénaristes, on pouvait difficilement éviter de tomber dans l'autosatisfaction sans nuances (tout le monde étant forcément génial : les réalisateurs, les scénaristes, le concepteur israélien de la série d'origine, les comédiens, etc.). Et quand en plus, ils sont interviewés par une Emmanuelle Walter acquise à la cause, fière de nous avouer combien elle s'est identifiée à certains personnages, et béate devant la série, on est sûr d'assister à une belle opération de promotion.

Pourquoi n'avez-vous pas invité un analyste justement ? Qui aurait expliqué pourquoi, même si la série permet de parler de la parole, de l'intime, de certains concepts psychanalytiques comme le transfert, ou de l'association libre, elle passe à côté de ce qui se joue véritablement dans une analyse. Le dispositif narratif de la série, décrit par un des scénaristes, ne convient pas à celui de la séance analytique. Ainsi, il explique que chaque épisode est structuré par un conflit, par des "objectifs" (selon ses termes) différents entre le psy et le patient, ce qui crée une tension, censée se résoudre plus ou moins pendant la séance et laisser ouvert un suspens jusqu'au suivant. Or une séance d'analyse n'est absolument pas structurée ainsi. Elle apaise souvent, là où la série hystérise les rapports aussi bien entre patients et analyste, qu'entre l'analyste et l'analyste avec qui il est en contrôle. Surtout, l'analyste n'occupe jamais cette place de confrontation quasi directe avec le patient, il n'est pas dans un rapport imaginaire avec ses patients comme c'est montré ici, ce qui entretient une agressivité permanente dans la série. Ses interventions sont beaucoup plus subtiles que dans le film, où il interprète de manière directe,  assez brutale, plus proche en cela de certaines pratiques du début de l'histoire de la psychanalyse ou de pratiques anglo-saxonnes, que de la pratique "lacanienne" pourtant revendiquée dans la série, qui s'appuie sur la scansion, sur l'équivoque, sur le silence. Souvent, il se met dans la série dans la posture du maître, de celui qui sait vraiment, ce dont l'autre souffre, ce qui lui arrive, plutôt que de rester ouvert à ce qui cloche, à la surprise produite par l'inconscient. L'analyste doit se garder de "trop comprendre" enseignait Lacan.
Quant aux patients, eux aussi manquent singulièrement de subtilité dans la série. Reçus en cabinet (c'est différent en institution psychiatrique, lorsqu'on reçoit des patients psychotiques), les patients sont beaucoup plus réservés, intimidés. Aucun ne se comporte comme le policier, agressif avec le psy dès la première séance, allant écarter le rideau, jouant avec les places, s'asseyant, se levant. La souffrance est généralement exprimée de manière beaucoup plus contenue, pudique ; et la résistance de manière plus feutrée, par exemple par l'ironie plutôt que par l'attaque. Quant à l'adolescente, qui demande au psy de prendre sa place, si cette demande peut en effet s'entendre, il est pour le moins étrange que l'analyste accède, dans la réalité, à celle-ci, plutôt que de questionner la jeune fille sur celle-ci. Idem pour la patiente amoureuse de l'analyste : si ce type d'affects peut intervenir dans le cadre du transfert, les patients l'expriment de manière infiniment plus subtile, discrète, en faisant des détours, parce qu'ils sont gênés d'en parler.

Vous auriez pu aussi inviter un historien du cinéma pour remettre cette série en perspective avec les films ayant mis en scène la psychanalyse (beaucoup de films des années 70, les films de Woody Allen, le film de Cronenberg sur Sabina Spielrein, ou encore Beyond therapy, film déjanté de Robert Altman).
Bref, on aurait aimé profiter de cette émission pour prendre du recul sur cette série, et malheureusement on n'a eu que le sourire béat d'Emmanuelle Walter et le discours d'auto-promotion des scénaristes.

Pourquoi ne pas avoir présenté, si ce n'est parlé, du couple en thérapie (aucune image ou presque)? Ils sont, eux et la jeune fille, plus proches du public que les 2 autres patients. C'est aussi injuste pour les 2 acteurs qui les incarnent et qui sont, comme toujours excellents...

J'ai été très déçu par cette émission. Peut-être parce que la série est excellente et que donc on pouvait attendre que l'émission soit à la hauteur. Pourquoi ? Sans doute parce que les raisons du succès ont été mal analysées, il manquait sûrement un professionnel de la psychothérapie, et peut-être un sociologue. En focalisant le discours sur les scénaristes, on réduisait le débat à la génèse de l'oeuvre, et à son rapport aux autres versions, ce qui est assez limité et pour tout dire pas très intéressant. En outre, quand on fait trop de place aux revendications et ragnagnas corporatistes, là ça devient franchement inintéressant. Cette remarque vaut pour une ou deux autres émissions récentes, qui elles aussi avaient ce même défaut.

Dommage car il y a sûrement moyen de faire une très bonne émission sur ce sujet, dans le contexte actuel.

J’ai regardé la série en 4 où 5 séances. Très addictif. Après coup je me suis dit qu’ils sont tous trop jeunes et trop beaux pour que ce soit vraiment crédible. Ils auraient pu faire une place aux moins jeunes, avec des problèmes d’embonpoint et souffrant de solitude. 

Au préalable , l’équipe est très sympathique  comme dirait Todd . J’adore Arte . J’ai côtoyé des divans .


J’ai adoré in treatment la version américaine  et j’ai adoré the affair de Hagai levi?


Et je n’ai pas du tout aimé cette série .


Alors pourquoi  je me suis emmerdée en regardant cette série?


D’abord le contexte des attentats qui biaise tout ! 

Comme si la vie des gens ne devenait dramatiquement intéressante qu’en miroir avec un drame national franco français, comme si aller voir un psy ne pouvait s’envisager qu’après un drame national reconnu comme tel par tous, que dis-je par le monde entier. 

Les attentats , ils ont pas trouvé mieux pour donner de la puissance à la série sur la psychanalyse en France.


Les attentats emportent tout sur leur passage.


En France, dans les séries ,  on est incapable de promouvoir un rôle de héros ou d’anti héros à un militaire au Mali, on préfère adapter le truc avec un flic de la BRI  présent au bataclan, à qui on fait dire des trucs anti psy intello pour que les français anti psy intello s’y retrouvent. On est incapable de promouvoir les difficultés professionnelles d’une soignante sauf si elle était  au boulot le soir de l’attentat . 

Que dire des apports théoriques blablabla. Ah la France et c’est petites leçons de tout.


Surtout ne  pas bousculer  les français qu’ils  imaginent qu’on est . C’est à dire  des gens qui pensent comme des scénaristes et que seul un attentat a mis en situation de se questionner  sur leur façon de penser et de vivre.


Et puis ces clichés sur les attendus des goûts français , mais oui , c’est pour ça que je  déteste les séries françaises , elles débordent de clichés , de prêts à penser, des personnages réduits à des caricatures sans  complexité.

Cette hégémonie culturelle plombent tout ce petit milieu de scénaristes , auteurs , et réalisateurs.


Vivement que dans ce milieu , ça change aussi .



Emission très intéressante qui répond à certaines questions que je m'étais justement posées à propos de  l'adaptation de l'original dans un contexte français.  

Au passage, comme je ne connais pas grand chose à l'histoire de la psychanalyse, j'ai fais des recherches sur Sabina Spielrein, dans Wikipedia d'abord, puis sur plusieurs sites spécialisés, et dans aucune biographie (même détaillée comme celle sur  cairn.info) il n'est fait mention d'un passage même court au Goulag (bien que ses 3 frères furent effectivement fusillés pendant les Grandes Purge Staliniennes de 37-38). Je serais curieux de savoir quelles sont les sources des scénaristes sur ce point.

je n'ai pas encore regarde l’émission mais je garde un excellent souvenir de l'adaptation americaine "in treatment" et tout particulièrement de la performance de Gabriel Byrne que j'avais deja trouve incroyable dans miller's crossing et évidemment usual suspects.


Moi j'ai bingé à fond et c'est en effet hard !! Acteurs extraordinaires... Avec mention spéciale Kateb, Pierrot et Brunnquell !

J'ai vu les 35 épisodes de cette série remarquable .Je n'en suis pas sorti intact .Les acteurs /Trices sont exceptionnel/les .Céleste Brunnquell  est prodigieuse .Si vous souhaitez la regarder ,regardez-là à raison de 5 ou 6 épisodes maximum .La fin est déchirante .Je ne spoil en aucun cas .Merci pour cette émission ,même si la lutte scénaristes VS autres ,est peu intéressante pour nous  .J'ai cru comprendre qu'une seconde saison était en préparation en rapport avec le Covid et tant mieux !

Je n'ai pas encore regardé l'émission mais je ne résiste pas à partager avec vous cette perle lu dans Télérama cette semaine au sujet de cette série.


Interview avec l'un des scénaristes français, ils parlent des différences entre la série originale et la française : 


Nous avons eu tout les quatre une discussion à propos du personnage du soldat, se souvient David Elkaim. Dans la version israelienne, il s'agit d'un pilote de chasse qui bombarde un hopital en Cisjordanie; dans l'américaine, d'un militaire qui prend pour cible une école coranique en Irak: Mais on s'est rendu compte que cette figure très pertinente pour raconter Israël et les Etats Unis, disait beaucoup moins de choses chez nous." Les auteurs ont alors opté pour un choix chargé de sens : transformer le soldat en flic de la BRI d'origine nord-africaine, que sa hiérarchie envoie consulter après qu'il a pris part à l'assaut du Bataclan.


Un choix "chargé de sens" en effet ! Mais quel courage de nos artistes français ! Bien sur des soldats qui commettent des bavures dans la lutte contre le terrorisme ça n'existe pas en France ! Des bombes qui tombent sur des mariages au Mali ? Des jeunes filles mineures violées en Centre Afrique ? Mais non enfin où vous allez chercher ça ??? On vous dit que ce n'est pas "pertinent" en France. Ça ne leur parle pas aux français. D'ailleurs on ne leur en parle pas. CQFD.


Pas étonnant que la France n'ait toujours pas réalisé son film sur la guerre d'Algérie 50 ans après, avec des scenaristes d'une telle bravoure c'est pas près d'arriver. Critiquer la politique étrangère de nos pays même par la bande, même de travers non surtout pas. Il faut tout de suite modifier ces thèmes impies qui feraient peur au spectateur français et risquerait de le déboussoler.  


C'est beaucoup mieux de pousser le consensus jusqu'au bout avec un brave policier issue de la diversité, aidé par une hiérarchie bienveillante qui l'envoie chez le psy. Vous imaginez une série qui parlerait de nos soldats complices de crimes contre l'humanité en Afrique puis laissé dans la dépression et le syndrome post traumatique par une hiérarchie de crapules en uniformes qui les abandonne à la misère, la criminalité et la folie comme de vieux kleenex ? 


J'ai vu la série américaine, elle est très bien. C'est une bonne idée et ça change des séries habituelles, j'étais même interessé par cette adaptation française mais quand j'ai lu cette interview j'ai tout de suite compris que ce serait sans audace sans ambition et sans interet. Je sais que la dénonciation de la guerre n'est pas le message principal de cette série, ni des autres versions d'ailleurs, mais au moins les américains et les israeliens ont eu le courage d'en parler, même superficiellement. Ca ne laisse rien envisager de bon sur le reste de l'histoire en général.


Pour ceux qui ne savent pas quoi faire de leur temps je recommande donc plutôt la lecture de l'excellent livre de Justine Brabant "Mauvaise troupe" sur les soldats français et les conséquences psychologiques et sociales de leur engagement. Ce sera sans doute une meilleure occupation de votre temps que cette série à la mords-moi-le-noeud. D'ailleurs ça aurait aussi surement fait de meilleures invitées et une meilleure émission. 


quel dommage de ne pas avoir "analyser" et questionner les intervenants sur les correspondances entre le dispositif narratif du huit clos avec la claustration forcée que nous vivons aujourd'hui ?

Il se trouve que, lors de l’avant-dernière séance avec mon psy, j’ai déterré le fait qu’à 19 ans (j’en ai bientôt 42) je voulais être scénariste.
La boucle est bouclée !


Je n’ai pas vu la série En thérapie. À vrai dire, je n’en avais même pas entendu parler. Mais cette émission m’a passionnée, je l’ai trouvée beaucoup trop courte et m’a donné envie de regarder la série. (Et a probablement confirmé ma future reconversion.)

 J ai beaucoup aimé cette série que j'ai vu en quatre fois. Pendant l'émission vous donnez beaucoup d importance  sur le rapport qu il y a entre le dedans et le dehors d une séance, tout en l'articulant sur la spécificité d une culture France.

De Rennes le Bataclan a fait une onde de choc plus diluée. Il y a aussi les autres évènements traumatiques à travers le monde et il n'y a pas un jour ou il ne se passe quelques chose qui nous rapproche du chaos. 

On reproche a cette psychanalyse d'être "has- been" aux profit des thérapies cognitives et autres. On reproche aussi a Freud de ne pas avoir pris assez en compte le politique, mais le réel l'a rattrapé , nous a rattrapé.

Plus basique, j' y ai vu au delà des champs théoriques (indispensable certes) la force et la puissance d un cadre. la formidable nécessité des mots, de l'écoute (parfois flottante...), de l'empathie. De la nécessaire singularité engagée et responsable entre un analysant et son analyste. Je me suis régalé de la force et de la faiblesse humaine. De la ruse que déploie le psychisme et ses mécanismes pour résister aux peurs qui pourraient nous engloutir. Il faut le l'accompagnement, du temps, de la confiance, du doute de la croyance... "En thérapie" nous soumet tout cela.


Excellente série, remarquable choix d'acteurs.

Même s'il s'agit d'une adaptation, pouvoir se réjouir de la qualité d'une série française n'est pas si courant.

Eh bien j'avoue que j'ai regardé le 1er... et au bout de 10 mn, j'en avais marre...  Je ne dois pas correspondre à la cible d'Arte TV... je trouve ça (normal) trop bavard ! Voire chiant. 


"..En attendant, toujours aucune émission sur les dix ans des printemps arabes. Il y aurait matière à s'intéresser aux images, documentaires, fictions, qui en ont été tirés depuis.. 


Dit un internaute.


On ne voit pas le rapport.


"..Comment la série israélienne d'origine, "Be Tipul" adaptée dans 19 pays, a-t-elle été transposée dans un contexte français .."


En réaction à cette phrase?


Alors là tout va mal. 


Il faudrait y préférer le jargon des bandes urbaines ? Bon,  il est vrai que la masturbation met en scène les paradoxes des  soliloques. Et alors?


 L'imagination, toujours et tout le temps  se fait chair, et comme l'écrit Shakespeare, l'imagination est souvent accouchée..   


On confondrait semence et sémantique? alors parfait, 


Il y a bien longtemps qu'une  télévision n'avait proposé une série aussi passionnante.


Des acteurs incroyablement au bon endroit "dans" le rôle" d'une vie avalée à reculons ou de vie engloutie.


Beaucoup de véracité (et non de vraisemblable) dans cet énorme fiction, mais en psychanalyse, qui est fiction et qui ne l'est pas? Qui invente en mensonge. ? Nous.


  

Qui est analysant? qui est analysé? 


Et là qui est acteur dans la série? tous?. toutes?. Qui agit?


 Impossible de conclure, qui est roseau,  qui est chêne, qui est chaîne qui a les clés du cadenas.



Il est dommage qu'Arrêt sur images tombe dans la promotion de cette série blockbuster d'Arte, compatible JT de France 2, 20 minutes, "coup de coeur" de Nicolas Demorand, s'adressant à la même cible sociodémographique que ceux qui en font la promotion (les journalistes parisiens qui raffolent de cette série comme visible sur Twitter et ce qui explique le choix du sujet).


Cette série représente la forme la plus conventionnelle et consensuelle qui se fait aujourd'hui. Donner la parole aux scénaristes montre d'ailleurs bien que l'on intéresse ici avant tout au contenu de la série plutôt qu'à sa forme propre qui reste audiovisuelle – et en même temps même votre émission de critiques de films fait souvent l'impasse sur l'analyse formelle et l'analyse économique (quelles conditions de production aboutissent à quelle forme ?) et ne regarde pas ce qui peut se faire dans le documentaire de création où il y a à la fois des contre-formes et des contre-discours. 


En attendant, toujours aucune émission sur les dix ans des printemps arabes. Il y aurait matière à s'intéresser aux images, documentaires, fictions, qui en ont été tirés depuis. Arrêt sur images gagnerait à garder sa promesse initiale, à savoir proposer une contre-programmation éditoriale (gage de découverte y compris culturelle) et de traitement alternatif de l'actualité en grossissant certains sujets comme ne le font pas d'autres médias (ex. Navalny la semaine dernière, c'était pas mal).


PS : Le masque est devenu facultatif sur les lieux de travail ? Avez-vous entendu parler de la diffusion du virus par aérosol dans les lieux clos ? 

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