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Commentaires

Ellroy, Hammett et leurs traductions, d@ns le texte

Vous les avez forcément lus, mais sans le savoir. On ne les rencontre jamais, on ne leur donne jamais la parole. Nous invitons cette semaine deux inconnus familiers : deux traducteurs de littérature étrangère.

Derniers commentaires

Captivant !
J'ai lu 3 romans de Hammett (Moisson Rouge, Le Faucon Maltais, La Clé De Verre) dans leur nouvelle édition.
Bravo à Pierre Bondil et Natalie Beunat pour leur traduction.
Cette émission fut un vrai plaisir. Sujet difficile et pointu, donc potentiellement repoussant... Et ben non. C'est bien mené, c'est enlevé, les invités sont passionnants. Jamais de facilité, genre: "les bilingues ne vont rien comprendre", bien au contraire. On regarde l'émission, on arrive à suivre les problèmes des traducteurs, à partager leurs questions, et...
... et on finit par se sentir plus intelligent. Et ça, qu'est-ce que ça fait du bien de se sentir plus intelligent après avoir vu une émission!!!
Il faut quitter la télé et venir sur internet pour redécouvrir cette sensation là.

Merci donc à toute l'équipe pour ce moment de plaisir simple: celui de ne pas être pris pour un âne!
Oui, tellement passionnante qu'après l'avoir vu sur Free à l'époque je viens de m'abonner sur Internet pour pouvoir la revoir et impossible de l'ouvrir ???
Émission absolument passionnante. Merci !

(Oui, même un mois après...)
Juste pour la rigolade :
la Comédie du Livre à Montpellier est dédiée cette année à la littérature américaine.
Midi Libre nous parle de l'évènement : (ne pas oublier de lire le commentaire ) http://www.midilibre.com/articles/2010/04/26/MONTPELLIER-L-39-Amerique-manque-ici-d-39-auteurs-1203901.php5
L'émission était épatante! Voir qu'il y a tant de commentaires aussi.
Merci pour cette stimulation.
Sujet passionnant. Je me sens beaucoup plus proche des choix et partis pris de Gratias que de Beunat. Par exemple traduire French etchings par gravures françaises coquines pour respecter le texte original me semble trahir les intentions de l'auteur en gommant le côté exotique voulu par l'auteur, et que rendait fort bien gravures japonaises. Pour nous Français gravure française coquine n'a rien d'exotique. L'érotisme y est, certes, mais cela renvoie plutôt à une spécialisation pointue.
Les traductions doivent-elles s'adresser à des universitaires ou au grand public, telle est la bonne question qui a été posée. Dans le premier cas, on traduirait effectivement au plus près du texte, matière première, objet d'étude et de respect principal ; dans le second, on privilégiera le pouvoir évocateur des mots dans le respect des intentions de l'auteur, sachant cependant qu'on ne peut avoir de certitudes - et on aurait, dans ce cas, éviter de traduire boyish par garçonnet qui, pour le coût, fait "traduction".
Mais le fait de pouvoir interroger l'auteur vivant n'est pas non plus une garantie d'une bonne traduction, comme le montre Gratias : en refusant qu'on traduise ses prétérits de narration par un présent de narration, Ellroy ne se rend pas compte qu'il se tire une balle dans le pied. Il ignore ce qu'est une traduction, il pense que son texte doit avoir une traduction qui relève de l'universel. Quant à rester neutre pour perdurer, autant ne plus épicer un plat pour qu'il corresponde à tous les goûts !
Salut,
voici le copieux commentaire que Pierre Bondil, cotraducteur de Hammet, a tenu à vous adresser à tous. Il n'est pas abonné, raison pour laquelle il est passé par moi pour poster cette intervention.

Bonjour à tous et à toutes

D’abord, un grand remerciement à Daniel Schneidermann et Judith Bernard ainsi qu’à tous les participants de l’émission qui ont accueilli des traducteurs sur leur plateau et qui m’ouvrent cette tribune. Les traducteurs travaillent dans l’ombre, souvent leur nom n’est même pas cité alors qu’on loue le style de l’écrivain.

Je m’adresse surtout aux passionnés qui ont suivi l’émission, en particulier à ceux et celles qui débattent du bien-fondé de la traduction de Hammett. C’est une (trop) longue réponse en tant que co-traducteur absent du plateau, mais il me paraît utile de préciser que si mon nom figure en premier sur le livre, contrairement à tous les usages dans notre monde littéraire conformiste, c’est parce que je suis, plus que tout autre, responsable de chacun des choix de traduction et de chacun des termes utilisés dans le texte français (à quelques rares exceptions près, notamment le tutoiement entre l’enquêteur de la Continentale et Dinah Brand dans Moisson rouge, un choix qui, à mon sens, appauvrit le texte, ses ambiguités et ses sous-entendus... tant pis). Je ne minimise pas non plus le rôle tenu par l’éditeur ni par tous ceux qui ont relu ce texte avec pour seul but d’aller vers l’excellence. But atteint ou non, chacun en décide en son âme et conscience, mais je souhaite revenir sur quelques points qui me chagrinent car de ce qui précède, il découle que les critiques s’adressent à moi en premier lieu.

En ce qui concerne « mucker », je vous remercie, Alex, pour vos recherches très poussées (même si pour « shiny » et « boyish », vous tirez trop le texte vers ce que vous voulez démontrer, oubliant que « shining » et « girlish » existent aussi. Certes, la traduction est AUSSI question d’interprétation, encore convient-il de toujours s’assurer qu’il y a bien interprétation possible en considérant le texte dans sa globalité), mais à vous, Charles Petit, je retire un bon point car vous n’allez chercher que dans un seul dictionnaire, tranchez et vous érigez en juge (honte à vous !). Et vous, Azertyuiop, qui vous référez au Chapman, sachez que ce dictionnaire très incomplet a été rédigé dans les années 1980 en se basant sur des sources incomplètes et donc discutables. D’ailleurs, tous les traducteurs dignes de ce nom vous diront qu’il y a des fautes et des lacunes dans les dictionnaires, et cela a-t-il de quoi surprendre ? (A commencer par chez nous, pour faire moderne, ces ouvrages jettent tous les ans aux oubliettes des termes « anciens » pour les remplacer par des nouveautés qui seront peut-être démodées dans trois ans). Une confidence : il existe deux spécialistes mondiaux de l’œuvre de Hammett. Sa petite fille, Julie Rivett, et Richard Layman, auteur des livres les plus riches et les plus documentés que l’on puisse trouver, présentant même des fac-similés de plusieurs pages de Moisson rouge « corrigées » par l’éditeur. Cet homme (Richard Layman) sait tout sur l’auteur, ce qui est bien, mais aussi sur la langue et la société de l’époque, sur les autres écrivains du « genre », sur la censure qui s’exerçait en littérature (même pour les pulps) et au cinéma, sur les progrès techniques en matière de téléphonie par exemple, etc. Les deux traducteurs ont rencontré ces deux spécialistes, leur ont adressé de nombreuses questions tout au long de ce travail qui a porté sur les cinq romans et a duré presque trois ans. « Mucker, » pour Julie Rivett et Rick Layman, ne fait aucun doute. Les traducteurs, qui penchaient d’ailleurs pour cette interprétation (tout comme Jean-Paul Gratias), ont suivi leur avis, ici comme ailleurs.

La légende liée au texte et à sa traduction des années cinquante n’est qu’une légende (l’équivalent littéraire de « Kit Carson a sauvé les courageux pionniers des attaques perfides menées par les sauvages. ») Je privilégie la vérité historique. Je n’accepte pas plus de rajouter du sexe dans les livres de Hammett (nous y reviendrons) que d’ajouter des termes d’argot qui n’existaient pas à l’époque dans un texte où il n’y avait quasiment pas d’argot, ou de rajouter des téléphones portables afin que le lecteur de 2009 s’y retrouve. Si le lecteur n’a pas le recul historique pour déceler ce qu’il y a de révolutionnaire ici ou dans Citizen Kane, c’est dommage. Les « joyaux et mirifiques paillettes » n’existent que dans l’esprit de yG, ils sont aussi rares dans le texte de Hammett que l’or dans les rivières auvergnates, et quand ils sont présents, ce sont des pierres précieuses qui ne scintillent pas, il faut savoir les identifier comme telles. Et si certains traducteurs ont, eux, des paillettes plein la tête, ils seraient mieux avisés de faire preuve d’humilité et de les garder pour épater le cercle de leurs amis. Plaquer sa personnalité sur un texte est une preuve de malhonnêteté intellectuelle, les sous-titrages de cinéma regorgent de cette volonté de briller, de déclencher le rire chez le spectateur au détriment de l’ambiance voulue par les auteurs des films.

La « nouvelle » traduction de Hammett est certes moins sexuée, moins sexy. Mais le texte n’est pas sexué, pas sexy. Les vamps hollywoodiennes qui manquent tant à certain(e)s n’arriveront que plus tard. Dans Le Faucon maltais, Effie Perrine, ne vous en déplaise, possède un physique ingrat, le texte l’établit clairement dans la première description et plusieurs fois par la suite : elle introduit Brigid O’Shaughnessy dans le bureau de Spade en disant à son patron, envieuse : « She’s a knock-out » (Non, désolé, « Elle est canon » ne convient pas pour un texte de 1930, pas plus que de l’argot moderne, généralement démodable ou rapidement oublié, ne serait acceptable pour « revitaliser » Rabelais). Plus tard, elle exprime son regret de ne pas avoir le même physique que la veuve de Miles Archer...
Dans Moisson rouge, Dinah Brand ne fascine pas les hommes par sa sensualité (jambes trop fortes, coiffure en désordre etc...) ni par son élégance (bas filés, boutons ouverts mais uniquement par négligence, vêtements mal ajustés...) mais parce qu’elle vit « seule », est jeune, de moeurs libres, qu’elle noue ses propres alliances et, surtout, qu’elle assume totalement sa vénalité, tout cela dans un monde d’hommes. Dans les autres romans, c’est essentiellement une innocence teintée de naïveté et d’inconscience qui, s’alliant à la beauté, rend les femmes attirantes. Mais en aucun cas ce ne sont des femmes fatales ou des garces.
Du sexe, non, désolé, il n’y en a pas chez Hammett l’écrivain, pas plus qu’il n’y a de bicyclettes dans les tragédies de Shakespeare. Des sous-entendus, des allusions, oui. Hammett serait certainement allé plus loin (vraisemblablement sans pousser jusqu’à des descriptions), mais la société n’était pas prête, le puritanisme américain méritait bien son nom comme il le mérite toujours, le code Hays n’allait pas tarder à interdire les lits deux-places, et les rédacteurs ou éditeurs n’étaient pas en reste, même dans le domaine de la littérature populaire. Ils ont apporté de très nombreuses modifications, dans les mots, dans la structure des phrases, dans la ponctuation, notamment en ce qui concerne Moisson rouge. Si le lecteur est bon lecteur, il verra les allusions dues à Hammett. S’il est excellent lecteur, il verra même, au fil des romans présentés chronologiquement dans le Quarto, que le langage évolue, que les gros mots et jurons à caractère religieux, absents de Moisson rouge, font surface dans les romans publiés au cours des cinq années suivantes, en français comme en anglais. Et s’il restera privé de sexe, il aura droit à une énorme obscénité dans L’Introuvable. (Les censeurs ont peut-être omis d’intervenir parce que l’auteur l’a placée dans la bouche d’une femme qu’il est convenu de présenter comme bafouée).
Par conséquent, si le nouveau texte vous paraît « dé-sexualisé », cela n’a rien à voir avec le sexe de la traductrice d’autant que le traducteur est un homme.
Je pense avoir, par ce qui précède, répondu à la question essentielle que se pose yG :

Hammett allait-il vers la transgression des codes sociaux ou se repliait-il dans un certain puritanisme alors ambiant ?

... et au commentaire de sleepless :

Pour paraphraser Gratias : "Pourquoi rajouter de l'érotisme là où il n'y en a pas ?"

Lequel sleepless demande encore :

Et si l'écriture de Hammett était plate ? La question a-t-elle été posée une seule fois ?

Non, l’écriture de Hammett n’est pas plate. Elle est répétitive, rapide, faite de phrases courtes, d’une grande efficacité descriptive, d’une pertinence mise totalement au service du récit. L’auteur n’intervient pas, ne s’autorise pas de psychologie (contrairement par exemple à W. R. Burnett, autre grand écrivain de la même époque). Le style adopté nécessite une pauvreté du vocabulaire, des répétitions lexicales dont la langue anglaise ou américaine n’a cure, contrairement au français, un style qui se situe à l’opposé de celui prôné par les écrivains et journalistes jovialement prétentieux (« muckers » au sens non-hammettien du terme) qui veulent briller de « mirifiques paillettes », se situant aux antipodes de mes collègues humbles devant les textes qui leur sont confiés, ceux que j’appelle les soutiers (mot se rapprochant de « mucker » au sens hammettien, cette fois). Chez Hammett, les mêmes expressions reviennent, les précisions arrivent au compte-goutte, le meilleur exemple en étant la façon dont il parle de la couleur des cheveux des personnages.

Deux points encore. Jean-Paul Gratias est un traducteur envers qui je nourris une profonde admiration, que je connais depuis trente ans. Nous avons la même approche de notre travail. Alors quand plusieurs d’entre vous parlent de traduction respectueuse de l’esprit et de la lettre pour celle d’Ellroy, et de travail scolaire replié sur la défense de points de vue universitaires pour celle de Hammett, j’en conclus que vous avez dû confondre la traduction et la traductrice.

Enfin, pour ceux et celles que le sujet passionnerait vraiment : tous les documents liés à la traduction des 5 romans de Hammett ont été déposés par mes soins à la bibliothèque nationale, au service des archives et manuscrits. Y figurent plusieurs étapes du travail de traduction (fichiers numériques), la correspondance échangée par les traducteurs au cours du projet, la correspondance avec Julie Rivett et Richard Layman, diverses annexes dont un document explicitant la répartition du travail entre les deux traducteurs, un historique du projet faisant apparaître le rôle de l’éditeur du début à la fin... bref, tout ce que la législation actuelle m’autorise à déposer et autorise des tiers à consulter. Dès que le déménagement de la BN entre la rue de Richelieu et la bibliothèque de l’Arsenal sera achevé, la possibilité de consulter ces documents devrait être annoncée en ligne (sur le site archivesetmanuscrits.bnf.fr). Et puisqu’il faudra montrer patte blanche pour avoir accès, je serai prêt à rédiger, à votre demande, une lettre d’introduction puisque, en qualité de déposant du fonds, je dispose de cette autorité.

En vous remerciant de votre lecture (devrais-je dire « écoute » ?), je joins mon adresse mail que vous pouvez utiliser aussi si vous souhaitez me répondre directement. J’essaierai, à mon tour et suivant mes disponibilités, de donner suite à cet échange.
Cordialement vôtre
Pierre Bondil, senior translator of Hammett’s five novels
pbondil@u-paris10.fr

PS : « senior », ainsi que vous ne l’ignorez pas, ne signifie pas ici « plus âgé » (même si, de fait, je le suis également
N'avez vous pas ressenti un léger malaise en entendant notre président préféré, en conférence de presse aux US, évoquer ses discussions avec Obama (appel d'offres des avions ravitailleurs notamment) sur le mode du tutoiement complice ?

Comme mentionné par les traducteurs invités de Judith, la traduction du "you" est un choix; en l'occurence, le choix est très clair : faire ressortir une prétendue connivence entre les deux hommes et améliorer l'ego de notre petit président.

Il n'y a pas de mal à se faire du bien ...
A propos de la discussion sur la signification de "Mucker", j'ai sous les yeux le "Dictionnary of American Slang" - Crowell Reference Book - Edition 1960. Une demi colonne sur "mucker" avec etymologie du mot et cie. Etablissant clairement que la traduction de "mucker" en "prétentieux" ou "arrogant" et absolument valide. Par exemple : "A coarse, rude, mean, vulgar, or untrustworthy youth or man; a common man".
Entendre que Robillot l'a traduit n'importe comment, ça me fait un peu de mal. Clairement réduire "mucker" à un terme de mine est une erreur.
Shame on you translator!

Si ça interesse quelqu'un je peux retranscrire l'intégrale de la définition du mot mucker venant de ce fameux dictionnaire su slang de Harold Wenworth & Stuart Berg Flexner.

Bien à vous !

PS : et à propos, un bar Topless, n'est pas un bar auquel il manque le haut, et un Bloody Mary ne se traduit pas par une "marie sanglante" non plus. !
Puisqu'on s'autorise le passage d'une langue à une autre, avec une déperdition (tous les jeux de mots intraduisibles :-) ), en effet pourquoi ne pas s'autoriser le passage d'une époque à une autre, au point où on en est, avec une œuvre traduite. Une traduction vieillit avec l'évolution de la langue qui l'accueille et l'édition semble pour acquis qu'il faut mettre à jour les traductions.
Pour les œuvres originales, on n'ose heureusement pas la mise à jour, sauf pour le françois moyen-âgeux devenu pour nous comme une langue étrangère.
Pourtant que fait-on d'autre en adaptant au cinéma, en BD, à la télé, sur la scène des œuvres littéraires, que les traduire en un langage adapté à notre époque? Parfois avec respect, finesse et inspiration, en n'étant pas dupe et en ne vampirisant pas. Parfois à grands coups de rabot qui sabote la boiserie stylée.
Qu'une œuvre soit traduite est toujours un signe d'universalité et cette partie d'elle au moins est conservée. Avec des injustices, pour qu'on ait des choses sur quoi causer (sur public sénat : achat des manuscrits de Casanova, Solers est emballé parce qu'on ne connait que des écrits rafistolés, des genres de traductions de "français" en "mieux français plus correct").

Eh oh! sleepless qu'a tout lu P.K.Dick, hein que dans un de ces livre il avait imaginé des gens qui discutent ensemble, des quatre coins du monde, et font un jeu sur les robots traducteurs qui se gourent. Ils se disent de quelle langue à quelle langue on est passé+ le résultat final mal traduit, et il faut retrouver la bonne traduction. On est en plein dans le truc! Les langues je me souviens plus. Le mot était "mouton aquatique" (bravo au traducteur de P.K.Dick qui avait traduit le mot piège). Qui trouve de quoi il s'agit? Le bon mot, mal traduit?
Quelle émission ! Merci, beaucoup beaucoup !!
Je crois qu'on est vraiment dans le texte ici, au plus près du texte. Toute interprétation, tout débat cherche à traduire le texte, à en trouver le sens. Toute explication est traduction ; sur un texte en langue française, cela peut être moins évident, et on peut vite tomber dans le bla-bla. Mais quand on aborde une langue étrangère, on se délecte de chaque mot, de chaque virgule, on s'interroge. On prend le temps de s'arrêter. On est obligé de s'arrêter.
La retraduction de Nathalie Beunat est, je crois, une des étapes de la traduction : le retour au texte, au plus près du texte. Mais quand il s'agit de publier, il s'agit aussi d'être lu. Bon. A lire donc. Pour se faire une idée.
Parce que nous sommes apparemment unanimes sur le sujet, et comme par hasard du même avis que Judith et Hubert. Les amis, j'ai peur de vous dire que je crois que nous sommes peut-être très influençables. Mais j'aime bien être influencée par des gens qui pensent bien !

Merci beaucoup.
Pour les émissions. Pour les billets qui précèdent les émissions.
Merci.
Excellente émission ! D'autres comme ça ! (les correcteurs ?)
Je me suis régalée en suivant cette émission.
Je suis moyennement anglophone, pas particulièrement lectrice de roman noir mais ces deux sujets étaient rendus très accessibles par vos passionnants invités et aussi, je crois, votre réelle curiosité, vos étonnements à tous les deux.
Contente d'avoir regardé cette émission, et d'avoir appris plein de choses dans une ambiance agréable et détendue.
Sorry for bringing coal to Birmingham mais je dois témoigner de mon enthousiasme. Je viens de m’abonner (encore un !) et voici que je tombe sur une émission où l’on s’écoute, où l’on ne se coupe pas la parole et où l’on débat réellement. Bravo donc à toute l’équipe (et aux invités) pour ce petit bijou.

« Traduttore, traditore » . Je ne pense pas avoir entendu cette citation dans l’émission mais elle illustre parfaitement le dilemme du traducteur et de ses choix (en plus des contraintes éditoriales) : l’équation impossible entre la « fidélité » au texte et l’intelligibilité de la traduction. Les deux invités n’ont pas été choisis par hasard de ce point de vue ! J’ai beaucoup aimé la présentation du métier par JP Gratias, ce mélange de passion et de dur labeur.

Pour finir, permettez-moi une remarque et une citation :
• Lorsqu’on cite le texte dans sa langue d’origine, pourquoi ne pas l'afficher en incrustation ?
• « Ogni lingua vede il mondo in modo diverso » (FF).

Bonne journée,
Aborder les auteurs à travers leurs traducteurs et le temps, est simplement génial.
Coup de torchon, l'adaptation de 1275 âmes, transposée dans "l'Afrique française des années 80" ?
Aie, aie, aie, Hubert...

L'action du film se passe en 1938, en AOF...
(Accessoirement, le livre, traduit par Duhamel lui-même, est le numéro 1000 de la Série Noire)

Mentionné dans l'émission, Peter Cheyney est à caser entre Hammett et Chandler en termes de chronologie. Premier roman en 1936, soit deux ans après la fin de la carrière littéraire de Hammett et trois ans avant le démarrage de celle de Chandler avec Le Grand Sommeil.
La Môme vert-de-gris (Poison Ivy) est le premier roman publié dans la Série Noire.
En revanche il ne me semble pas avoir entendu mentionner un autre Anglais, tout aussi incontournable, et contemporain des trois autres, J.-H. Chase, dommage (No Orchids for Miss Blandish (Pas d'orchidées pour Miss Blandish), 1939).

Émission intéressante, particulièrement concernant le travail de Beunat et Bondil sur Hammett.
Pour paraphraser Gratias : "Pourquoi rajouter de l'érotisme là où il n'y en a pas ?"

Trop tard pour développer, là, mais j'y reviendrais peut-être.
Merci pour cette émission très intéressante et qui me confirme davantage encore dans mon opinion que votre "deuxième version" de "D@ns le texte" est nettement meilleure que la première (mais cela tient peut-être seulement au fait que je fais partie des malheureux qui ont progressivement cessé de la regarder, alors que j'étais une fan absolue de votre chronique dans ASI ; depuis la nouvelle version, je n'en manque pas une !) !

Je travaille sur la littérature latine, en particulier sur les oeuvres des historiens romains, et suis confrontée exactement aux mêmes problèmes de références culturelles, vocabulaire "intraduisible", etc. Voilà une émission qui, paradoxalement, démontre par A + B que les traducteurs, même lorsqu'ils sont excellents, ne parviennent que rarement à égaler la version originale (mention exceptionnelle, cependant, à J.-P. Gratias et ses allittérations et autres acronymes : franchement, c'est un tour de force tout à faire admirable !). Moralité de l'histoire : toujours privilégier la VO quand on en a la possibilité !

Si des personnes intéressées par l'histoire ancienne cherchent une démonstration pour les textes antiques, j'en ai traduit une ici.
Première fois que j'arrive à regarder "Dans le texte" en entier! Passionnant!
Merci Judith!
En tant qu'inconditionnel de polars noirs (dont Ellroy) en VO, j'ai adoré cette émission. On est pour moi pleinement "d@ns le texte", même si c'est moins évident que dans les face à faces avec un auteur où son livre est disséqué.
Ce type d'émission me semble plus abordable que la plongée dans l'oeuvre (voire UNE oeuvre) d'un auteur donné. Ou alors il faudrait que Judith nous prévienne un peu à l'avance de l'identité dudit invité et se fende (comme pour Haenel) d'un billet préalable à l'émission qui détaille un peu les problématiques abordées, histoire de pouvoir potasser un peu afin de profiter pleinement des émissions.
Certes, ça ferait un peu cours de français maquillé avec des devoirs à la maison en prime, mais personnellement j'ai toujours un peu de mal avec les exégèses d'un auteur ou d'un livre que je n'ai pas lu.
Bref, je pense que les émissions "thématiques" comme celles-ci ont un potentiel certain, j'espère que l'expérience sera renouvelée!
Un excellent moment passé avec vous sur le sujet absolument passionnant de la traduction, des choix, et du "paradoxe de servir deux maitres"... , merci pour ce débat et le choix des invités. Une émission totalement littéraire, car la littérature c'est bien la langue qui en est la matière et l'outil non ?
Néanmoins, je souhaite faire une remarque qui reprend un commentaire précédent : le parti-pris de Judith contre les choix de nouvelle traduction de D Hammett ont parasité la bonne communication avec la traductrice invitée Natalie Beunat. Pour ma part je respecte infiniment les intentions d'un traducteur qui défend le niveau de langue, la thématique et le rythme de l'auteur dans sa langue d'origine. Demander des explications et des éclaircissements ne passe peut-être pas forcément par une mise en accusation ! Le fait, en plus, que le débat se situe souvent sur la dés-érotisation du texte a pu laisser trainer des sous-entendus assez désagréables. Le traducteur respectueux, ou vertueux, devient censeur et moralisateur... sous prétexte qu'il prive le lecteur de son plaisir ?
Même si les romans de la série noire m'ont réjouies par leur verve stéréotypée, je suis curieuse d'en avoir une traduction la plus proche possible de l'écriture d'origine et je me réjouis de ces retraductions...
Ceci dit bravo, je suis ravie d'avoir renouvelé mon abonnement à la gazette !!!
Demander des explications et des éclaircissements ne passe peut-être pas forcément par une mise en accusation ! Le fait, en plus, que le débat se situe souvent sur la dés-érotisation du texte a pu laisser trainer des sous-entendus assez désagréables. Le traducteur respectueux, ou vertueux, devient censeur et moralisateur... sous prétexte qu'il prive le lecteur de son plaisir ?

Cela ressemble à une accusation, car justement de réponse, il n'y eu pas.
La traductrice se retranchant systématiquement derrière le choix du traducteur, toujours sujet à caution, inhérent à toute traduction, qui ne se discute donc pas, sans répondre à la question sous-jacente, le texte original était-il aussi asexué, aussi puritain que la présente traduction semble l'être ou Hammett assumait-il la sexualité inhérente aux situations qu'il mettait en œuvre, tel que la traduction argotique initiale le sur-jouait indubitablement ou que le cinéma noir des plus glamours des années quarante n'arrêtait de le souligner ?

Cela ne reste un sous-entendu désagréable que parce que nous n'avons pas eu de réponse claire à cette question.

Oui, notre époque est-elle plus proche du texte initiale ou plus chaste, plus bêtement politiquement correcte ? Hammett allait-il vers la transgression des codes sociaux ou se repliait-il dans un certain puritanisme alors ambiant ?
Cette question aurait mérité d'être plus explicitement formulée par Judith, certes, mais je pense qu'elle était pourtant suffisamment évidente pour obtenir une réponse qu'elle n'a pourtant pas eu.

yG
Traduction sexuée ou asexuée? C'était un des points à soulever, mais il en était un autre: libre à Nathalie Beunat de trouver que la première traduction était trop sexuée et qu'il fallait la désexuer (je n'en suis pas convaincue, mais c'est son droit), tout comme elle a le droit de penser qu'il fallait désargotiser tout ça (je n'en suis pas convaincue non plus, ou alors peut-être pas comme ça, mais c'est aussi son droit). Toute traduction est une lecture, et si elle lit un Hammet moins sexy et moins argotique en anglais et qu'elle parvient à le démontrer (mais y parvient-elle?), OK. OK... à condition de fournir une traduction qui tienne la route et qui se défende... Or, tous les exemples cités par Judith Bernard donnent malheureusement à penser que cette retraduction est plate, sans relief, sans punch, moche, ... littérale (désolée pour le gros mot). Exit, le plaisir du lecteur! Alors, même avec les coupes, je préfère de loin la première traduction!

Le moment magique de l'émission, c'est pour moi à la minute 42 quand JP Gratias, grâces lui soient rendues, dit que le traducteur n'est pas là pour passer la licence d'anglais, mais pour donner du plaisir au lecteur. J'ai beaucoup aimé sa façon de parler de son travail. Je note qu'il est dans le doute, le questionnement, qu'il dit d'emblée que traduire, c'est faire des choix et que toute traduction est critiquable (alors que N. Beunat se retranche derrière l'autorité que lui conférerait sa thèse). Mon seul regret, c'est qu'il n'ait pas réussi à imposer le choix du présent à Ellroy (Judith tient peut-être une solution avec l'alternance présent / passé composé).

Je ne sais pas si les asinautes non traducteurs ont vu à quel point on avait affaire ici à deux écoles de traduction (l'empirique, qui marche à l'intuition, à la souplesse et à la passion, et l'universaire, fondée sur des théories). J'ai visionné l'émission deux fois. La deuxième fois, il m'a semblé clair que Judith et Hubert l'avaient bien compris et qu'ils s'amusaient beaucoup. Des émissions comme ça, on en redemande, avec un ou deux traducteurs, de la même école ou pas, dans le domaine du polar, de la jeunesse, de la fantasy ou, soyons fous, du roman. Merci à vous!
Merci, beaucoup "mieux" argumenté que moi,
tu "traduis ma pensée" avec plus de diplomatie!
gamma
Voici ce qu'écrit U.Eco dans Dire presque la même chose: "Sans du tout prendre en compte la fidélité par rapport au texte source, on peut étudier l'influence qu'a pu avoir une traduction sur la culture où elle est apparue. (...) Si celle qui a changé la façon d'écrire ou de penser de la culture hôte, c'est la "mauvaise" traduction, alors ce sera elle qu'il faudra considérer le plus sérieusement. (...)Sous cet angle, la traduction devient un pb interne à l'histoire de cette culture et les pbs linguistiques et culturels posés par l'original deviennent quantité négligeable."
(A noter qu'il traite ici des traduction de la Bible et de Homère.)
Entièrement d'accord avec votre message ! L'émission était passionnante, mais j'ai quand même éprouvé un certain malaise et le terme de "mise en accusation" me semble très pertinent. La finesse d'analyse et de lecture de Judith Bernard me fascinent, mais là, je n'étais pas bien. Je n'aurais pas aimé être à la place de N. Beunat, vraiment...

La traductrice se retranche derrière le caractère faillible du traducteur car les remarques de Judith ne laissaient pas d'espace pour une réponse.

Ce qui ne veut pas dire que la traduction était bonne. Je vais de ce pas dans ma librairie préférée pour me faire une idée !
Tout d'abord, émission passionnante !

J'ai une explication au fait que Judith voit du sexe partout... Il suffit de regarder sur le mur derrière les traducteurs !
Edit: Suis-je la seule à avoir remarqué que le visage de Judith se ferme lorsqu'elle parle à Natalie Beunat? Alors que c'est l'inverse quand elle s'adresse à Jean-Paul Gratias. Maintenant, les affinités entre les personnes ne se contrôlent pas.
Mon premier commentaire sur ce site pour vous dire à quel point j'ai aimé cette émission! Je n'avais jamais regardé dans le texte et j'attendais un sujet comme celui-ci. Bonne continuation!
Merci d'enfin faire un article sur notre dur métier.
Malheureusement nous sommes souvent très mal payés pour ce type de traduction qui est un véritable travail de création.

Nathalie Schon

http://tinyurl.com/traductionlitteraireetcinema
Merci émission génial et passionante les intervenants aiment leur métier et ça se voit. Je tiens à dire aussi que j'ai toujours apprécié cette émission. Je me réjouis de la suivante et si vous avez la possibilité d'étudier un roman policier d'un auteur français se serais la cerise sur le gâteau.

PS. Vous avez la bonne animatrice et le bon chroniqueur.
Pour une fois, je vais regarder l'émission car son sujet est particulièrement intéressant, je dois même avouer que ça fait longtemps que j'attendais qu'une émission traite le sujet de la traduction des oeuvres...

...surtout parce que la traduction des films anglophones est généralement extrêmement mauvaise.
Je me suis souvenu que j'avais vu il y a peu de temps le film de Jeanne Campion "Bright star" en VO. Redoutable problème pour les sous-titreurs sans doute de traduire certains vers de Keats de façon convaincante, tout en restant dans les contraintes formelles et techniques du sous-titrage.

Pour aller plus loin dans cette question de la traduction poétique j'ai cherché, et trouvé, quelques réponses sur le Net. Et j'ai notamment trouvé ceci. Avertissement à d'éventuels lecteurs : il s'agit d'un pdf aussi copieux que savant et qui traite de traductions espagnol/français. Bonne lecture !
Ce qui m'a toujours rebuté dans le roman noir, c'est cet argot utilisé par les premiers traducteurs.
Un argot qui transporte à Paris l'action de ces romans, censée se dérouler aux Etats-Unis et que les traducteurs imposent à tous les lecteurs francophones, qu'ils soient Toulousains, Alsaciens, Belges, Camerounais ou Québecquois.
Un peu comme si on avait choisi Jean Yanne ou André Pousse pour doubler Humphrey Bogart et son partner dans Le Faucon Maltais.
Je me suis d'ailleurs bien marré quand Natalie Beunat a fait remarquer que ce langage n'est pas l'argot que parlait la pègre à cette époque, précisant même que c'est "un langage inventé" (d@ns le texte).
Magnifique !
Je ne lis pas de romans, ne connait rien à Ellroy ni à Hammett, et pourtant j'ai suivi
cette passionnante émission avec grand plaisir. Allez comprendre quelque chose !...

;-)
Émission fort intéressante sur la question de la traduction.

Dommage toutefois qu'elle était restreinte au domaine du roman noir,
j'aurais vraiment adoré y voir s'exprimer quelqu'un comme Christophe Claro,
traducteur de Pynchon, Danielewski, William H. Gass et autres...

Peut-être une autre fois ?
( un peu ) HS : "France Télévisions Publicité: un capitalisme sauce..." : un éditorial vidéo de Mediapart ( Laurent Mauduit ) [www.dailymotion.com]

La privatisation de la régie publicitaire de France Télévisions au profit de l'homme d'affaires Stéphane Courbit, allié pour la circonstance au groupe Publicis et conseillé par Alain Minc, apparaît de jour en jour plus opaque.

ATTENTION PUB : L'article complet correspondant à cet éditorial vidéo est accessible à l'adresse [www.mediapart.fr]


PS : silence assourdissant de la "Presse"...
Je ne vais pas être très original, mais cette émission est fabuleuse.

Bravo !
Grande et passionnante émission.
Et d'accord avec le fait qu'elle n'a jamais méritée autant son nom.
D'abord je n'ai nullement envie de lire Ellroy, il me fatigue !
Mais alors là, avoir longuement sur le plateau le traducteur, c'est 100 fois + intéressant que l'auteur !
L'impression de soulever les jupes pour voir dessous, de regarder par le trou de la serrure.... Une excellente idée cette émission, j'ai appris plein de choses sur la complexité de la traduction. Parfois la jubilation des traducteurs étaient contagieuse, elle donnait envie.
CHAPEAU !
L'émission semble avoir trouvé son rythme ; juste pour voir, je me suis amusée à revoir des émissions plus anciennes, l'évolution et le bien être de tous se ressent c'est très appréciable.
Emission très intéressante !

Une petites remarque/suggestion :
Hubert, vous avez buté sur plusieurs passages que vous avez lus, et je trouve ça dommage... Peut-être lisez-vous un peu trop vite ? En tout cas, je trouve que ce sont des moments dont la préparation n'est pas à négliger................................................................ voilà, voilà, voilà......................

Et en écho au sujet de l'émission, voici la dédicace du dernier Lodge (La Vie en sourdine). Il n'est pas si courant qu'un auteur remercie ses traducteurs !

"Conscient que ce roman, à commencer par son titre anglais, présente des problèmes très particuliers pour les traducteurs, je le dédie à tous ceux qui, au cours de toutes ces années, ont mis leurs talents à l’épreuve pour traduire mon œuvre dans diverses langues, et tout spécialement à quelques-uns qui sont devenus mes amis : Marc Anfreville, Mary Gislon et Rosetta Palazzi, Maurice et Yvonne Couturier, Armand Eloi et Béatrice Hammer, Luo Yirong, Suzanne Mayoux, Renate Orth-Guttmann et Susumur Takagi."

Camarlette
Excellente émission qui si j'en crois le forum ci-dessus a fait naître des vocations
de traducteur.
A propos des "coupes" dans les traductions de la Série Noire des débuts : il me semble que la principale raison invoquée était le prix. Le papier coûtait cher. Il ne fallait pas dépasser 16 cahiers de 16 pages (ou 8 de 32?). C'était la même chose au Fleuve noir. Par exemple, tous les San-Antonio - sauf les Hors-série - ont 256 pages. Frédéric Dard y faisait souvent allusion à l'intérieur du livre lui-même.
La meilleure émission depuis sa création, vraiment chouette. La présence de deux invités a peut-être contribué à dynamiser les échanges. En tout cas j'ai passé un très bon moment de bout en bout.
Judith votre introduction fut juste comme il faut pour passé rapidement la main a Hubert, une bonne articulation qu'il faut garder en référence pour la suite.
Vivement la prochaine !
Pétard! Tout ça m'a furieusement donné envie de lire... mais en VO. Allez, je fonce à la librairie à la première occasion.

C'est quoi le thème de la prochaine émission?
Je trouve que la manière dont vous avez traité Natalie Beunat particulièrement injuste. Je ne comprends pas l'intérêt de remettre en cause des traductions neutres. Il n'y a qu'à voir la tête qu'elle tire quand vous vous pâmez devant les traductions de Jean-Paul Gratias (Acte 5).
Excellente émission, à refaire, s'il vous plait, par exemple sur de la littérature asiatique, sud-américaine, africaine...

Aussi intéressant à creuser, le choix des titres de livres.
Bravo et merci; Judith (quoique l'on sente que le roman noir n'est pas votre littérature de chevet ;-).

Je suis heureusement surpris de réaliser qu'un mastodonte littéraire comme James Ellroy n'écrit pas en songeant à la "traductabilité" de son texte dans toutes les langues - ce à quoi certains éditeurs (de livres) ou certains producteurs (de films) invitent pourtant certains auteurs ou réalisateurs. Chabat s'était notamment fait taper sur les doigts parce que bien des vannes de son "Astérix Mission Cléopâtre" étaient intraduisibles. "Astérix aux Jeux Olympiques" a voulu corriger ce "défaut". Si le film est aisément traduisbile, il n'en est pas moins nul.

Avec "Hooverville", Ellroy semble même susceptible de larguer y compris ses lecteurs américains.

Son exemple illustre ainsi la résistance du style face au marché. Chez un fabricant de best-seller, cela mérite d'être souligné.
"When the legend becomes fact, print the legend. " entendons-nous en V.O. dans "The man who shot Liberty Valence" de John Ford (1962).

Pour Hammett, la traduction rédigée dans les années cinquante, toute marquée qu'elle est de son époque, du cinéma hollywoodien aux femmes plus fatales que des calibres 45., constitue pour beaucoup la légende du polar telle qu'elle a été construite, ici, en V.F..

Le Hammett d'origine y perd peut-être sa lettre et son esprit, mais il y gagne tant en aura que la question qui rôde autour de toute l'émission le concernant est bien la suivante :

Quand la légende dépasse la réalité, faut-il imprimer la légende ou la réalité ?

Inutile de trancher du moment que la légende est encore réimprimée.
Chacun pourra alors choisir entre un certain esprit et une certaine lettre.
Toute la question est maintenant de savoir si cette légende franco-française sera encore longtemps réimprimée ou bêtement effacée par les suivantes ?*

yG

* Est-elle d'ailleurs encore disponible en neuf ?
Merci pour ce thème d'émission que je n'ai trouvé nulle part ailleurs...
Bon choix pour ces invités qui méritent plus de questions .... ouvertes. ( et oui ! encore!)
Conclusion sur le roman noir américain: On ferait bien de bosser l'anglais.....
encore merci pour ce bon moment
Aux dernières nouvelles le [large]fuckPad[/large] c'est ça... Même que nabot II a failli le présider, du côté de la défense de rire, proche de la défense d'éléphant solférinien à oreilles longues, c'est dire si le népotisme se porte bien au Royaume de France ! Then fuck Nabot II over !

N.B. : Je ne bois jamais rien le matin !

***
L'émission était très bonne, et je me réjouis enfin d'avoir pu entendre des traducteurs, lesquels sont souvent les grands oubliés des compte-rendus des journaux, alors que ce sont pourtant les tout premiers passeurs d'un texte non francophone...

Je regrette juste un peu que cette fois-ci le côté "prof" de Judith soit ressorti (alors qu'elle me semblait l'avoir bien refoulé dans les précédents épisodes au point que je ne l'avais jamais précédemment ressenti): la comparaison entre les deux traductions d'un même texte (Hammett) me semblait intéressante, mais le besoin de revenir à la langue anglaise pour comprendre les choix décidés par les traducteurs m'a fait penser, par moments, à un cours magistral: j'eusse finalement préféré qu'on s'en tienne aux textes français, aux nombreuses questions qu'ont affrontée les traducteurs, sans forcément chercher à connaître la source anglaise: justement parce que nous spectateurs, et même vous présentateurs (Hubert&Judith) n'êtes/ne sommes peut-être pas à même d'appréhender les subtilités de la langue anglaise et certaines approches globales de traductions (lesquelles sont forcément trop condensées dans un seul paragraphe). Même si le passage à l'anglais était parfois inévitable,j'ai par moments eu l'impression d'assister à une leçon de trad' où le prof soulève les questions difficiles aux élèves —alors même que les élèves, sur ce point, étaient plus forts que le prof. Surtout que l'anglais en question est particulièrement costaud (c'est de l'argot, et même de l'argot précisément daté et datable).

Cela dit, j'ai apprécié l'émission dans son ensemble, surtout qu'enfin elle permettait de faire comprendre ce que traduire veut dire (et la question pourtant cruciale, n'a jamais été traitée par lémédias): je maintiens cependant que les retours vers l'anglais n'étaient pas toujours nécessaires, justement parce qu'à mon sens D@ns le texte est une émission littéraire et non un cours sur la littérature.
Bonne émission, même si je préférerais des questions plus ouvertes et moins belliqueuses. Je prête souvent beaucoup de mérite chez les invités pour ne pas fermer le débat. Mais j'ai le sentiment que ça s'améliore, on en est plus à l'épisode Chamoiseau...
Les polars amerloques sont parmi les textes qui perdent de la manière la plus frappante leur saveur dans la traduction.
Une saveur qui relève, il me semble, d'une alchimie unique entre la simplicité, la concision, le côté "coup de fouet" propre à l'anglais, et la sécheresse, la crudité, l'humour noir, le côté "no bullshit" propre à l'univers du polar (pas étonnant : le polar n'est-il pas par essence américain ? Tout polar non-américain n'a-t-il pas un arrière-goût désagréable de traduction ? Mais là on se mord la queue...)
Le fait est qu'un Barry Gifford, un Elmore Leonard, un George Pelecanos, un Hammett seront irrémédiablement moins percutants et/ou drôles en français. Alors que ce "gap" me semble moins infranchissable pour d'autres genres littéraires (fantastique, sci-fi) ou la littérature de manière générale (exemples en vrac qui me passent par la tête : Conrad, Melville, Faulkner, Capote, Roth, etc).

Excellent choix, donc, de prendre l'angle du polar US pour parler de traduction. Chapeau!
Et je me suis dit que je voudrais maîtriser la langue anglaise! car, tous ces romans sont réécrits, on s'en doute un peu, mais là, je trouve que les traducteurs se laissent pas mal de liberté, il faut bien intéresser le lecteur, excellente idée de nous faire découvrir ce monde là.
Excellente émission.

Dommage de ne pas avoir insisté un peu plus sur la problématique traducteur/traductrice amenée par Jean-Paul Gratias, c'est il me semble une question très intéressante...notamment pour un genre aussi particulier et marqué que peut l'être le roman noir.

De même concernant les références culturelles...qui sont à mon sens le plus gros problème dans la traduction ; étant un fervent défenseur des notes en bas de pages, je trouve dommage que personne sur le plateau n'ait vraiment tenu cette position au nom de cette fumisterie que serait "la cassure du rythme" dans le lecture. Ôter les références culturelles, c'est non seulement trahir le texte mais c'est surtout priver le lecteur...car je pense qu'il est particulièrement intéressant d'apprendre la connotation de "Hooverville" plutôt que de passer à côté avec "bidonville" pour facilité la lecture.

Concernant la fameuse question du you et de sa traduction en tu/vous, j'ai plutôt tendance à croire que c'est en général assez transparent (contexte, distance social entre les personnages, nature de leur relation etc...). En l'occurrence, le choix du vouvoiement de la secrétaire fait par Natalie Beunat me semble bien meilleur que le tutoiement de l'ancienne traduction (car le vouvoiement en français n'interdit absolument pas le ton paternaliste qu'on imagine bien d'un homme des années 30 envers une jeune femme subalterne...mais le tutoiement induit lui une proximité qui elle n'est pas forcément présente dans ce type de relation/interaction).

Note pour Judith : après cette émission, je suis encore davantage convaincu que vous vous emmerdiez à n'en plus finir lors du précèdent numéro (avec raison).
Je ne dirai qu'un mot : Yesssssssssssssssssss !!!

... avant de me remettre à l'anglais et au roman noir... pendant que j'y suis.

;-)))
Petite note à propos de "Mucker" qui fait polémique.

En regardant dans un dictionnaire de référence (Oxford English Dictionary) on retrouve bien le sens que les deux traducteurs en plateau veulent donner -> One who, or a machine which, removes muck , terme dérivé de "Muck qui ici aurait le sens de "Waste material that is removed during mining or civil engineering operations; spec. (U.S.)".

Seulement on trouve aussi Mucker :

Euphemistically (chiefly in written work) = fucker.

   1929 R. Aldington Death of Hero iii. i. 263 Does the old mucker think we're going to run away?    1942 Penguin New Writing XV. 19 Suddenly old Bob says: ‘I lost my kit, Cockney.’ Silly mucker!    1952 M. Tripp Faith is Windsock ii. 38, I thought there was twelve hundred muckers in this raid—where's t' other eleven hundred and ninety-nine?


et

mucker, n.3 slang (orig. U.S.).

[Prob. a. G. mucker sulky person, gloomy fanatic or hypocrite.]

1. a.1.a A fanatic or hypocrite. b.1.b ‘A person lacking refinement; a coarse, rough person’ (Cent. Dict. 1890).

   1891 in Cycl. Temp. & Prohib. (U.S.) 269/2 The saloon-keepers then resolved to make ‘the muckers take their own medicine’, and insisted that the Mayor should enforce the Sunday law against ‘common labor’.    1897 Kipling Capt. Cour. x. 242 Don't I know the look on men's faces when they think me a—a ‘mucker’, as they call it out here?    1900 Ade Fables in Slang 108 They were not Muckers; they were Nice Boys.    1905 D. G. Phillips Plum Tree 35 He used to class himself and me together as ‘us gentlemen’, in contrast to ‘them muckers’, meaning my colleagues.    1920 F. Scott Fitzgerald This Side of Paradise 175 Why is it that the pick of young Englishmen from Oxford and Cambridge go into politics and in the USA we leave it to the muckers?    1936 A. Huxley Olive Tree 182 There are the refined and aristocratic Muckers in East Prussia, with their ritual of exhibitionism and long-drawn sexual confessions.


Parmi bien d'autres sens encore....l'Anglais étant contrairement à une idée reçue d'une rare complexité.

Ce passage étant l'incipit de Red Haverst "I first heard Personville called Poisonville by a red-haired mucker named Hickey Dewey in the Big Ship in Butte. " et le red-haired mucker n'étant par la suite plus du tout évoqué, il me semble évident au vu du de la teneur de l'œuvre qu'ici Hammett ne cherchait pas à renseigner sur l'activité du rouquin....mais bien à signaler qu'il s'agissait d'un gredin.
Alors, là, de toutes les émissions d@ns le texte que j'ai vu, c'est vraiment, vraiment, celle pour laquelle j'ai envie de dire : passionnant ! Et l'émission n'a finalement jamais si bien mérité son titre.

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