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"Zone interdite nous prend pour des jambons"

Est-il possible de filmer dans la longue durée des personnes en situation de détresse, de précarité, ou de délinquance et de s'en tenir strictement à son rôle de journaliste observateur? Est-ce possible humainement ? Et n'est-on pas tentés parfois de donner un petit coup de pouce à la réalité ? Le problème s'est posé ces temps-ci par l'émission Zone interdite de M6, qui a suivi plusieurs migrants illégaux de Libye jusqu'en France. Les journalistes sont accusés d'avoir aidé les migrants dans leur voyage, mais aussi de les avoir incités à l'entreprendre.

Derniers commentaires

Très belle émission, vraiment merci pour cette clairvoyance... et merci a Elie M'Bok ;)
Finalement ? Quelqu'un sait comment s'est conclu le procès ? J'ai du mal à trouver des traces de ses suites sur internet...
Bon courage et bonne chance a Elie et ses amis.
(Y'a encore en france pas mal de gens qui restent solidaire avec ceux qui connaissent les infortunes de la vie, il existe de nombreux reseaux)
Une des invitées parle de "personnages" en évoquant des personnes faisant l'objet de son reportage. Ca m'a fait drôle.
Question innocente: qui regarde "Zone interdite"? Sociologiquement parlant.
"capacité des sujets, des auteurs principaux, de ceux qui vivent ces "histoires", à prendre eux-mêmes la parole", c'est ce qu'internet a permis plus qu'aucun autre système, mais dès que l'information retombe dans les médias "efficaces" ceux qui ont un pouvoir, la justice et les avocats sont en embuscade, alors généraliser la prise de parole de l'individu isolé...l'ideal serait que les journalistes aident aussi.
Littéralement, un "arrêt sur images". Ya des fois où on mérite vraiment son nom. trop classe !
ca me rappelle lorsque vous aviez fait cette émission sur la RGPP, et qu'après daniel avait écrit ce papier où il disait qu'il avait le sentiment d'avoir fait le job, un vrai décryptage de cette télé-poubelle. Et bien là, c'est pareil, super émission !

On voit apparaître le contenu social, citoyen et politique à partir de la discussion autour des faits, et sans aucune interprétation et cadrage éditorial de la part du plateau. Du journalisme de "fait" qui fait penser, comme on l'aime bien chez @si!
Autre point important de l'émission :
Laure Daussy à 36:10 :"...est-ce que vous vous êtes posé la question que ces gens pouvaient partir parce que vous étiez là..."

En effet, j''ai déjà croisé en afrique centrale, des personnes avec de belles images d'Epinal de la France, et le rêve d'y aller... mais ne l'ont pas fait
Je suis français, blanc, et si je leur avait dit : "ok on y va?"

On a tous nos rêves, nos désirs. De là à les mettre en pratique est une autre chose, jusqu'au jour où l'on croise quelqu'un qui nous écoute, nous comprend, et désire nous accompagner dans notre projet...

Je pense qu'un journaliste, quel qu'il soit, commence à interférer sur la vie de quelqu'un quand il veut accompagner cette personne.
Il me semble que la réflexion sur la déontologie journalistique gagnerait à s'inspirer de celle, développée depuis fort longtemps, par la sociologie de l'intervention, qu'on peut résumer à cette question :"le sociologue peut-il être impliqué dans les processus qu'il étudie ?" ... question qui en recouvre une autre : peut-il NE PAS l'être, et si oui à quel prix se construit cette supposée "objectivité", prix humain, certes, mais aussi prix épistémologique, artéfact, déni du rôle de l'observation (aussi neutre qu'elle se veuille/prétende) de le déroulement du processus observé.
De touraine à Morin en passant par Ardoino ou Serres, ils sont assez nombreux à apporter des éléments de réflexion, des concepts utiles, qui tous battent en brêche l'idée qu'il pourrait y avoir une posture claire "d'observateur" extérieur, objectif et "expert", et une "seuil" à définir à partir duquel cette posture ne serait plus "déontologiquement soutenable".

Peut-être les avancées ne viendront-elles pas des journalistes, mais de la capacité des sujets, des auteurs principaux, de ceux qui vivent ces "histoires", à prendre eux-mêmes la parole et à développer une "information subjective" — qui s'ouvrira au débat croisé, et à la réflexion, sans gommer/manipuler leur parole, et aussi leur vécu, leur expérience.
"les reportages "pipotés", ça a toujours existé.". on devrait s'en rappeler chaque fois qu'on regarde une émission "d'investigation". Quand elles concernent mes domaines professionnels et que je mesure quelquefois la déformation avec la réalité, je me demande ce qui est vrai dans les autres domaines.
Ce qui est remarquable dans l'émission d'Asi, c'est le double niveau. Le thème, c'est le "pipotage" des reportages au moins partiel et en démontant les trucages, on tombe sur des faits super dérangeants dont témoigne ce jeune.
On pourrait refaire une émission d'information avec des extraits de celle d'M6 et celle d'ASI pour décoder.
Mais avec en filigrane l'immigration, l'esclavage, l'accès au pétrole, on va au casse-pipe.
Ceci dit, les reportages "pipotés", ça a toujours existé... Je n'ai jamais su le nom du journaliste français qui n'a littéralement pas bougé de sa chambre d'hôtel alors qu'il couvrait la guerre du Vietnam pendant que d'autres mouillaient la chemise... mais il a existé... Et bien avant lui certainement.
Ca doit exister dans tous les pays car j'ai lu un bouquin appelé "Scoop" d'un Briton (grand voyageur) : Evelyn Waugh voir ici
Après, c'est une question de conscience et de sens moral... valeurs bien galvaudées de nos jours...
Ah, je me suis un peu emporté. D'après le Larousse, la déontologie est "l'ensemble des règles et des devoirs qui régissent une profession, la conduite de ceux qui l'exercent, les rapports entre ceux-ci et leurs clients et le public."

Moi, naïvement, je pensé que la déontologie devait s'effacer devant l'humain. Mais j'imagine que si l'on rapporte cela à une profession, il n'y a évidemment rien de choquant à traiter une personne aussi froidement. Parce que la déontologie du journaliste, n'est rien à coté de celle du passeur d'immigrés, du bourreau, du surveillant de camp, du trader....

Par contre, je me pose une nouvelle question.
Peut on être humain et journaliste?
http://www.ina.fr/video/2455082001

PG
Des journalistes qui font du chiffre, le meilleur étant celui qui réduit enquête, tounage montage et qui fabrique des sujets de 1h30.
Voilà la philosophie T.C.
excellente emission!! une des meilleurs d'@si! bravo!
Bonne emission mais qui aurait méritée un developement plus long, je suis clairement resté sur ma faim.
"VOUS ETES TROP TIEDE, DANIEL !" je ne dirai pas celà comme çà.
Avec cette émission, ASI nous envoie un direct au plexus:
1 - M6 (et d'autres sans doute) fait de l'argent en escroquant de jeunes africains et en mentant aux téléspectacteurs.
2 - des arabes lybiens font de l'argent sur le dos de M6, mettent en esclavage et tuent des africains.
3 - des passeurs sont intouchables parce qu'ils ont des relations haut placées aux Etats-Unis.
4 - les italiens prennent le prétexte de la caméra caché pour planter la procédure, interdit de filmer..
Et bien sûr tout celà je le mets au conditionnel parce que je n'ai pas de preuves...que la parole de ce jeune africain, à qui je souhaite de vivre vieux.
Le soir après le boulot, on allume la télé et on regarde les 20 heures, les "reportages" de M6, les séries télés de la vraie vie...
on sait que l'info est formatée, on entend bien les commentateurs qui commentent de la même façon la guerre en Syrie et le mérite des écoles expérimentales en France, visiblement ils ont eu la même formation.
on sait que la VRAIE info est sur ARTE, sur ASI, Mediapart... mais quels scores d'audience pour ces médias? et il faut avouer que savoir la vérité n'aide pas forcément à se sortir de la crise.
Alors, je veux bien que ASI me mette un deuxième coup de poing pour "éclairer" les points 1 à 4, mais pas tout de suite.
Hier soir je me suis pris la déontologie en pleine figure... Ça fait mal...

Est-ce qu'il est possible de filmer dans la longue durée des personnes en situation de détresse, de précarité, ou de délinquance et de s'en tenir strictement à son rôle de journaliste observateur? Est-ce que c'est possible humainement?

Apparemment oui...
Passionnant, merci !
Je suis déçu, au final. ASI tient le témoin principal pendant la journée, et au lieu de réaliser une émission de DEUX heures qui entrerait dans les détails du filmage et montrerait tous les mensonges de la boite de prod de M6, on fait une émission où l' on aborde plusieurs exemples, plusieurs sujets.
Au final, alors qu' il aurait à mon sens fallu donner une tribune à ce type pour qu' il raconte dans la longueur et précisément son histoire pour que M6 soit plus tard obligé de répondre point par point, on lui coupe la parole et l' on donne un résumé de son histoire sans entrer dans les détails.
"L' émission d' ASI est plus importante que l' histoire ce mec, merde !"

C' est bien dommage.
Pour sauver votre âme il est encore temps de faire revenir ce mec et l' interroger dans la longueur, non ?
Vous semblez à la fin suggérer qu' il sera forcément invité "ailleurs" pour s' exprimer, je ne comprends pas pourquoi, alors qu' il est là, vous ne décidez pas de creuser l' histoire, de mettre tout sur la table, d' étaler les moindres détails du périples qui révèle les méthodes incroyables de la maison de production de M6.

VOUS ETES TROP TIEDE, DANIEL !
Lâche (?)
Autre point important de l'émission :
Laure Daussy à 36:10 :"...est-ce que vous vous êtes posé la question que ces gens pouvaient partir parce que vous étiez là..."

En effet, j''ai déjà croisé en afrique centrale, des personnes avec de belles images d'Epinal de la France, et le rêve d'y aller... mais ne l'ont pas fait
Je suis français, blanc, et si je leur avait dit : "ok on y va?"

On a tous nos rêves, nos désirs. De là à les mettre en pratique est une autre chose, jusqu'au jour où l'on croise quelqu'un qui nous écoute, nous comprend, et désire nous accompagner dans notre projet...

Je pense qu'un journaliste, quel qu'il soit, commence à interférer sur la vie de quelqu'un quand il veut accompagner cette personne.
Mon prof d'ethno disait que, même en tant qu'observateur neutre de la tribu qu'il avait choisie comme terrain d'études, il interférait, d'une façon ou d'une autre...
A mon avis, la "neutralité" journalistique (euh, pardon, l'objectivité) est impossible à atteindre... à moins d'être indifférent au monde.
Pierre, les détails n'y changeraient rien. J'ai personnellement le sentiment d'avoir parfaitement compris le message de cette émission, qui situe le "reportage" de zone interdite dans le champ de la télé réalité et du bidonnage propre au genre. C'est extrêmement clair en fait, à partir de quoi je trouve du plus haut intérêt justement de situer dans quel contexte et de quelle manière il est possible de réaliser de tels reportages, quelles sont les limites et les enjeux, les défis de l'information et du travail des journalistes.

Ce qui compte ici à mon avis, ce ne sont pas les réponses millimétrées, mais les questions abyssales et le formidable débat éthique qui se pose au spectateur en particulier, et au citoyen européen (ou du monde) que nous sommes. Et ça, c'est vertigineux, très loin de toute considération sur une hypothétique lâcheté des uns... ou des autres dont nous faisons partie. En ce sens, mille merci à ASI.
Oh dites donc, c'est pas très malin votre commentaire. Il y a des avocats pour forcer M6 a prouver tout au tribunal. Asi décripte fait pas des interview de 2h...
http://www.m6.fr/emission-zone_interdite/videos/11327788-exclusif_olivier_azpitarte_nous_raconte_sa_traversee_avec_les_migrants_entre_la_libye_et_lampedusa.html
Cette émission est géniale. Ça faisait longtemps ! Merci.
NE LACHE PAS LE MORCEAU, DANIEL, CETTE BOITE DE M6 DOIT RENDRE DES COMPTES.
Je rêve d' un grand scandale, et du yacht coulé !
C'est très dérangeant de voir un portait à charge aussi violent et de ne pas avoir un autre son de cloche en face....
Je sais bien que la boite de prod a refusé de venir et qu'il en va de sa responsabilité en terme d'impact du message du témoin.

mais, en tant que spectateur, je ne peux pas continuer d'en entendre plus (j'ai peut-etre du regarder 20 minutes, je ne sais pas...) sans avoir un contrepoint aussi détaillé et aussi important que ce que j'ai entendu.

et là, il en va de ma responsabilité de spectateur...

bonne soirée,

Cyril.
Bon courage à Elie M'Bock pour la suite ! On vit une drôle d'époque quand même...
Les avocats, dans bon nombre de procédures, ne se font pas payer d'avance. Mais la question aurait mérité d'être posée.

Je ne sais pas si Elie exagère, je ne connais pas sa réalité. Je propose simplement (naïvement?) à ASI de lui transmettre mon adresse mail, si je peux faire quelque chose.
Drôle de sentiment quand Daniel pose la question "à aucun moment vous n'avez pensé que ça pouvait être de l'humour ?" au sujet des photos de yatchs et de filles sur la plage.

De l'humour ? A aucun moment, cher Daniel, vous n'avez pensé que ça pouvait être encore pire ???
Pourquoi un procès ? Qui paie l'avocat ? Même Arrêt sur images semble une émission bidonnée.
On nous prend pour des jambons...

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