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Retraite à 60 ans : ma génération, et la doublepensée

Derniers commentaires

C'est intéressant ton truc Judith.

Moi je croyais que l'EPS c'était l'Éducation Physique et Sportive. Raté !

Bon, sérieusement six semaines pour treize minutes, est-ce acceptable ?

On s'étonne après qu'il faille des mois pour le moindre filminuscule télévisuel et creux financé par la redevance...

Mais finalement j'ai une seule question : s'il avait fallu qu'Arthur Rimbaud expose la teneur, les enjeux, les difficultés de sa contribution... Comment s'en serait-il sorti ? Aurait-il pris la peine de se déplacer pour une telle jeanfoutrerie outrecuidante ?

Surtout s'il avait fallu qu'il supporte qu'on ne sait qui vérifie la pertinence de ses choix esthétiques, sa capacité à les inscrire dans un genre, et l'interroge sur la filiation esthétique à laquelle il peut se rattacher, etc.

J'arrête là, je vais mourir de chagrin si je continue...

P.S. : À propos de Rimbaud, un embryon de réponse me ferait plaisir...

Re - P.S. : Un retour vers ton post me conduit à un conseil : une relecture des "Précieuses Ridicules" de Jean-Baptiste Poquelin, mieux connu sous le pseudo de "Molière" s'impose...

***
Y aura t'il une chronique aujourd'hui ? je ressens comme un manque là ...
Vanitas vanitatis et omnia vanitas.
J'ai lu le texte en entier, deux fois.

Que dire face à...comment qualifier ?

Il faudrait être d'accord, pour faire plaisir, car il y a de la souffrance, dans ce texte ? C'est trop dire ? C'est de la littérature, forcément, non ? C'est racoleur à force d'être "authentique" ?

C'est du saignant, çà c'est sûr.

Mais si je critique, si je doute, je suis forcément un salaud, non ?

Kaisse qu'elle veut Judith, être plainte ?
Merci, Judith.

Helas, je me suis reconnue dans votre texte. "La Crise" a commence bien avant les subprimes. J'ai 28 ans et toute ma vie durant, j'ai entendu mon pere parler d'un age d'or ou le commerce marchait mieux, ou tout le monde avait du travail. Le "c'etait mieux avant" n'a jamais ete aussi populaire. Sauf que l'age d'or est un leurre. Il n'a jamais existe.

Je prefere aux elucubrations des pessimistes d'aujourd'hui la phrase de Saint-Simon : "L'âge d'or qu'une aveugle tradition a placé jusqu'ici dans le passé est devant nous."


Pour un elan d'optimisme :

http://libreire.blog4ever.com/blog/lirarticle-340538-1557007.html
Et oui, moi aussi je suis de cette génération, la même, exactement

Celle qui a vu tomber le mur de Berlin pour ses 16 ans , avec un nouveau monde à découvrir, aller en Chine, à Moscou, visiter la Bulgarie sans un car de vieux retraité anglais qui viennent la chercher du pouvoir d'achat.
Des allemands des polonais, des tchèques, heureux d'être libre.

Une génération qui a pleuré en boite le soir de la mort de Gainsbourg, qui s'est enflammé pour Nirvana,
Celle de l'esthétique austère, exigeante et épurée des années 90
Une génération qui a vu pour ses 18 ans la poigné de main entre Rabin et Arrafat.

celle des guignols, et de l'humanitaire


Déjà revenu de tout concernant la France(le chômage des parents, c'est une claque), mais avec des putains de rêve de voyageur dans la tête
Des ailleurs plein les mirettes, que les si fabuleux 20 ans de nos parents , (baby boomers, soixante huitard ect...) n'ont pas connu.

Une génération, qui parfois a eu du mal a trouver mieux que de boire une bière avec des potes et des inconnus à l'autre bout du monde , ou encore chez soi

Celle qui a passé ses diplômes sans trop y croire, et qui s'est fait bouffer sur le monde du travail par ceux qui y croyaient encore
Oui celle qui a su accepter de déplacer sa propre réalisation du monde du travail vers le monde personnel, mais qui accepte mal de devoir aussi faire le sacrifice de sa retraite.

Une génération qui voient maintenant ce que l'on fait de cette liberté à l'Est, ce que qui se passe en Israël, et puis finalement l'humanitaire ce n'est pas si top, alors pourquoi l'écologie ? Le retour à la nature... au moins on peut se battre sur la question de l'allaitement

Une génération assez peu consciente d'elle même, nous avons été de beaux rêveurs, nous saurons être de beau vieux.
Comme aurait dit notre ami Brel, une génération qui se sent "vieux sans être adultes"

Non que nous n'ayons pas voulu grandir, mais que ce statut nous a été refusé.


Malgré tout, je nous fais confiance

PS : attention Judith, à force de penser en terme de génération , nous pourrions arriver à la conclusion que la notre se désenchante,au sens au où l'a écrit encore une fois notre ami Bel :

"La mer se désenchante
Je veux dire en cela
Qu'elle chante d'autres chants
Que ceux que la mer chante
Dans les livres d'enfants"

et une génération désenchantée , c'est beaucoup trop Mylène Farmer pour moi ;-)
... c'est le titre d'un article, plus interrogatif et analytique qu'affirmatif, sur Mediapart. Signé Mathieu Magnaudeix. Il passe à la moulinette réflexive la proposition de Terra Nova (pink submarine of the PS).
L'@sinaute ET mediapartenaire que je suis (parce que je le vaux bien, tellement j'ai de la chance d'être un post 68tard, tellement j'ai d'la thune pour m'offrir 2 abonnements hors de prix !) offre gratos la fin de l'article, d'un généreux copier/coller, à tous les nécessiteux d'@si et d'ailleurs :


"«Euthanasier» les rentiers :

On résume : d'un côté, les nouveaux retraités qui ont cotisé à moindre frais aux beaux jours et profitent à plein de la redistribution une fois inactifs. De l'autre, des futurs retraités aux carrières chaotiques: ils devront cotiser plus longtemps (la durée de cotisation pour une retraite à taux plein, 40 ans aujourd'hui, passera à 41 ans en 2012, devrait encore augmenter ensuite), et auront des retours faibles quand ils prendront leurs retraites. Bref, tous les symptômes d'une «société instable», dit le très pessimiste Louis Chauvel.

Faut-il pour autant taxer les retraités pour rétablir un semblant d'équité entre générations? Pas si simple. D'abord parce que la parenthèse enchantée va bientôt se refermer. D'ici 2015, les actifs nés à partir de 1955, entrés sur le marché du travail à la fin des Trente Glorieuses, vont arriver à la retraite. Leurs carrières n'ont pas été aussi roses que leurs aînés, et la baisse du niveau des pensions est déjà programmée, les retraites étant calculées sur les prix et plus sur les salaires depuis 1993.

Ensuite, «dire que l'on va taxer une génération pour financer les retraites est dangereux, car cela accrédite l'idée d'une lutte entre générations», estime André Masson. L'économiste plaide plutôt pour établir des liens de coopération nouveaux... «Au lieu de supprimer la quasi-intégralité des droits de succession comme l'a fait le gouvernement avec la loi Tepa, on pourrait encourager les donations, qui permettent aux âgés de transmettre plus tôt aux jeunes. On pourrait même imaginer de lier le niveau des retraites des vieux riches à l'intégration dans le monde du travail des jeunes les moins qualifiés!»

Autre solution: taxer au même niveau le capital et le travail, comme le propose l'économiste Patrick Artus. Par exemple en augmentant la fiscalité sur l'épargne (notamment l'assurance-vie, déductible à 5,8% du revenu imposable), dont les dérogations coûteraient chaque année 13 milliards d'euros à l'Etat. Terra Nova propose aussi d'augmenter la CSG sur les revenus du patrimoine de 8,2 à 10%.

Bref: il ne s'agit pas de taxer les vieux, mais de taxer ceux qui épargnent et disposent du capital... dont, c'est vrai, une grande partie se trouvent être des retraités. C'est ce que le célèbre économiste John Maynard Keynes, ennemi de la rente, résumait d'un formule: «euthanasier les rentiers». Au sens figuré, bien sûr...
"


Sur ce, bonne manif à tous !
Quels sont vos mots? quel est votre langage? Vous ne projetez que déception et désillusion. Ô Déchantez, votre hurlement fait enflé mon hypothalamus. Je vous demande un peu plus de respect pour votre conscience, elle en a besoin. N'y voyez pas d'offense mais, je crois connaitre votre âme puisque j'ai cherché maintes foi à commettre quelque crime pervers envers certains de mes semblables et sur moi même, mais ma main ne cédait pas à mes tentations nouvelles. Votre main toujours leste, n'a jamais cherché à vous étrangler. Obéissante, elle a trahi votre pensée. J'aurais aimé vous lire par des insultes que vous auriez formulé à votre endroit. On est jamais mieux insulté que par soi même. N'avez vous jamais rêvé qu'en pleine nuit, guidé docilement par votre main, après que celle-ci vous eusses chatouillé, vous vous posiez devant une feuille blanche. Votre main vous ferait sourire, elle vous distrairait, et quand le moment suprême de la distraction serai atteint, elle vous giflerait et écrirait tout ce que vous refusiez d'écrire.
Quelques "pauvre sotte que j'ai été!" aurait été charmant dans une prose littérastreuse où les bons mots remplace le bon sens. "Que n'ai je pas fait du mal aux autres?", " J'aurai du dire à mes parents que je leur en veux de m'avoir fait ainsi".
Ne croyez pas que je sois sévère, j'aurais été dur en titrant " Judith est innocente". Heureusement, vous êtes coupable. Ne pleurez plus, maintenant que le gout salé de vos larmes vous ont satisfait, efforcez vous de faire pleurez profondément vos semblables, et empressez vous de recueillir leurs chaudes larmes en posant vos lèvres sur leurs joues. Ils vous en seront infiniment reconnaissant.
Bon... à quelques mois près, il se trouve que nos âges convergent... aussi, par delà la sombre beauté de votre texte, la convergence lui confère aussi une résonance bien particulière. Une résonance et une "raisonnance" en forme de bilan... je n'ai pas dit en forme de dépot de bilan, et pourtant, il s'en faut de tellement peu. Merci de ce texte.
Un grantauteur(e), c'est celui qui a su peindre son temps, sa "génération".
Pour moi, calme plat chez les miroirs, pas d'auteurs contemporains comptant pour moi.
Jusqu'à Judith.
Souffrez, Judith que je vous grantauteurise un peu, rien que pour moi, et pour les petits bouts d'un peu vrai que j'ai lus dans vos mots.
Eh bien, moi, je suis d'une génération qui a ouvert les yeux en pleine guerre mondiale, ouvert les oreilles sur le hurlement des sirènes nous alertant de l'imminence d'un bombardement, ouvert la bouche sur le sein de ma mère pendant 3 ans car il n'y avait presque rien à manger. Après 70 ans de vie, de grands et petits bonheurs, de grands et petits malheurs, je refuse la résignation. Même courbée sur ma béquille, je reste debout et je milite jusqu'au bout, autant que ma santé le permet. Ma première révolte contre l'injustice dont je me souvienne remonte à 1947 et je n'ai pas changé. Hé, la jeunesse, réveille-toi ! Qui t'a appris ainsi à te soumettre, à accepter ? Les "C'est pas juste" de tes dix ans, tu les as oubliés ?
Non, "c'est pas juste", qu'un ministre nous serine :"On ne peut pas dépenser plus que ce que la France gagne." Il confond "La France" et "l'Etat". La France est riche, elle produit beaucoup plus que jadis ; La productivité est montée en flèche, mais sa progression a profité au capital, puis à la finance, mais pas aux salariés. Ce n'est pas du vol, cela ? Si l'Etat est pauvre, c'est parce qu'il a organisé sa propre misère ; Le gaspillage de richesse que représente le chômage est bien du au système libéral dont on constate là le caractère nocif ; la fermeture des entreprises est généralement le fruit de la "concurrence libre et non faussée" que nous imposent nos dirigeants. La dictature de la finance mondiale est la responsable de la situation. Aussi, ce n'est pas à nos jeunes de payer les retraites, mais aux profits qui, eux, ont bien profité en escroquant les salariés. Leur apport ne serait qu'un ajustement retardé des salaires.
Certes, les idéologues libéraux ont gagné une bataille et installé des institutions au service de leur projet esclavagiste. Mais nous ne sommes pas sans moyens : nous sommes les plus nombreux et, selon un principe qu'ils mettent toujours en avant, nous sommes citoyens d'une démocratie qu'ils voudraient éviter de détruire officiellement. De plus, nous sommes leurs complices : producteurs, consommateurs, nous leur confions quand nous le pouvons nos économies (comptes, assurances-vie etc...). Et si nous arrêtions, au niveau international, à quoi leur servirait leur argent ? Pas facile, d'accord, mais pas impossible. Et puis, s'il vous plaît, lorsque vous évoquez la Gauche, ne pensez pas qu'au PS. J'ai eu l'honneur de le quitter pour adhérer au Parti de Gauche. Nous sommes un parti jeune, donc pas très grands, mais c'est à vous de nous aider à grandir ! Je vous signale aussi qu'avec ma béquille, mon moteur pour le coeur et mes 70 années, si je ne peux plus aller manifester à Paris, j'accompagne toujours les manifestations nationales en allant dans les hyper-marchés, avec des pancartes accrochées sur mes vêtements. Allez, debout ! L'histoire de l'Humanité vaut bien cet effort. C'est une question d'amour.
Merci pour cette chronique qui résonne bien plus en moi que n'importe quelle parole prononcée ces temps-ci par n'importe quel homme politique.

J'ai 22 ans et j'éclate de rire quand j'entends dire qu'il faut réformer les retraites pour 2050.
On réforme les retraites pour les dix prochaines années au mieux. Qui peut prévoir ce qui se passera ensuite ? Certainement pas nos politiques, trop englués dans le court terme.
Qui sait à quoi ressemblera le monde en 2050 ? Quand il n'y aura plus de pétrole, ni d'acier, ni de cuivre, ni d'uranium, etc. Sans parler d'abeilles. Qui peut imaginer que les 40 prochaines années vont se dérouler comme les 40 dernières ?
très belle chronique... bien que révélatrice justement d'une génération (ma génération) "assez pessimiste" sur les bords.
Le mammuth est l'emblème d'une génération qui se posait sans doute moins de question à l'époque... mais qui un jour ou l'autre c'est tout de même retrouver face à ses contradictions. Excellent rôle pour Depardieu soit dit en passant (la contradiction).
Et même si je ne suis pas de cette génération (celle du mammouth), il m'arrive de l'envier... et j'ai l'impression de prendre toute cette nostalgie en pleine gueule lorsque je regarde le film.
Je suis de la génération qui n'aura que 1,2 cotisant par retraité contre 1,8 aujourd'hui et qui devra payer l'addition des 100 milliards de déficit annuel à l'horizon 2050 si la génération précédente n'a pas le courage de réformer le système.
Le projet du P"S" comporte en lui-même des pistes de renoncement.

Certes, l'âge légal à 60 ans est maintenu mais si c'est pour avoir une retraite de misère... D'ailleurs, Aubry a évoqué la retraite à la carte, la retraite à points... comme au supermarché ?
Je suis de la génération du premier homme sur la lune, de la première navette spatiale et du premier kisscool double-effet.
Je suis de la génération du cancer, du sida et d'ébola.
Je suis de la génération des enfants de la télé, des fils de pub et des guignols.
Je suis de la génération de Cousteau, Zuber et Reeves.
Je suis de la génération de la FM, du SM et du FN.
Je suis de la génération des fast-food, de la nouvelle cuisine et du bio.
Je suis de la génération de la journée de la femme, de la quinzaine commerciale et de l'année du dragon.
Je suis de la génération du chômage, de l'intérim et des stages chichement rémunérés, mais rémunérés quand même.
Je suis de la génération de l'école publique, de la vaccination de masse et de l'ascenseur social,
Je suis de la génération qui s'est sentie européenne et qui ne sait plus ce qu'est l'Europe aujourd'hui, et si un jour elle a vraiment existé.
Je suis de la génération d'entre deux époques, d'entre deux mondes, du cul entre deux chaises.
Je suis de la génération dont l'espoir a été mis en pièce un beau jour de 2003.
Je suis de la génération qui ne pardonnera jamais.
Je suis de la génération qui attend l'insurrection qui vient sans y croire une seule seconde.
Je suis de la génération qui ne croit plus en rien … pour l'instant.
Car je suis de la génération qui carbure à l'espoir, et dès qu'il pointera à nouveau son nez, je m'y agripperai de toutes mes forces ...

C’est impossible-C’est possible. Possible non pas forcément d’y croire, mais du moins de lutter, de résister, de s’insurger contre la pluie et le vent. Pour la beauté du combat.


C'est beau. On dirait du Rocky Balboa. (Je dis ça sincèrement.)

Mais il faut quand même choisir contre quoi lutter, et surtout comment. Or, comme vous le dites, si on se fie au PS pour formuler ça, ça mène directement à la doublepensée. C'est quand même un peu dommage, parce que la gauche a peut-être mieux à faire que de faire des promesses dont "notre génération" (j'ai 30 ans) se moque pas mal.

Moi pour quand je serai vieux je compte plus sur le RSA que sur ma pension, et même le RSA je veux bien qu'on me le réduise si on me donne le droit de faire pousser du cannabis chez moi. Et l'état écologique de la planète m'inquiète plus que l'état de mon futur compte en banque.

Et puis de toute façon c'est l'Europe qui décidera, et encore c'est pas sûr, bientôt c'est les chinois qui vont dominer le monde - et ils auront de bonnes raisons de nous en vouloir parce que pour l'instant c'est eux qui payent pour notre mode de vie. Finalement, pour prévoir ma vieillesse le plus important ce serait plutôt de savoir si y'aura encore des soins médicaux gratuits au Venezuela, et si ça s'appliquera aux étrangers.

Alors, qu'Aubry déclare vouloir maintenir l'âge légal minimal théorique de la retraite en France... hhhmmmf, comme vous dites. Je suppose que c'est son rôle... Je suppose que ça montre surtout que les rôles politiques actuels ne sont pas très adaptés.
Allez il faut que tout le monde se reprenne autrement on va encore accuser Internet de favoriser les suicides collectifs!

Ma prescription pour tout le monde: une triple dose de Rires et Chansons
A défaut de vous rassurer sur votre retraite, on peut, au moins, apaiser votre fantasme-cauchemar lié aux papiers qui s'envolent, dans "Mammuth".
Si l'employeur a versé aux caisses les retenues salariales et les contributions patronales, les justificatifs sont superflus.
Si l'employeur a pratiqué des retenues salariales mais qu'il n'a rien reversé aux caisses, les justificatifs sont inutiles.


Quant aux retraites elles-mêmes, voila quelques années que je pense que si cela ne se règle pas au niveau général et politique, cela finira au niveau individuel ou familial.
Le enfants ou les petits enfants viendront étouffer dans leur sommeil ces retraités qui les empechent de vivre.C'est presque une loi de nature : les vieux arbres ne doivent pas empêcher les jeunes plants de prospérer.
Une chronique qui me fait écarquiller les yeux et suscite des milliers de questions en moi.
Une chronique qui nous offre un forum riche, vivant, avec des réponses personnelles qui enrichissent encore notre réflexion.
Bilan : une très bonne chronique. Qui laisse songeur, dans son mélange d'analyse de notre société et de ressenti personnel.

Un mail de Fred B, plus haut, a fait écho dans mon esprit à celui que je m'apprêtais à écrire : il est né en 1969, et se retrouve dans votre chronique. Je suis née en 85, et chaque mot que vous prononcez peut être le mien, j'ai même l'impression d'avoir lu ce que je dis depuis des années !!!
Question de génération ?
Non, question humaine, profondément humaine et universelle. Instinctivement, naturellement, nous ne pouvons réagir et nous inquiéter réellement que pour ce qui nous concerne tout de suite, maintenant, dans notre chair.
La retraite, dans si longtemps, si irréelle, cette chose dont on nous parle en cours d'histoire, qui n'existe pas en soi... La retraite est un sujet politique. La politique est là pour réfléchir au bon fonctionnement de la société, de la polis, de cet ensemble d'être humain. Il est bon d'envisager cela de l'extérieur.
Cela ne nous empêche pas de nous sentir concernés ; je me sens concernée par des tonnes de sujets qui n'ont aucun lien avec ma vie, à part le fait que tout cela se déroule sur la planète dans laquelle je vis.
La volonté de croire en un monde meilleur, et la conscience aigue que nous n'y parviendrons pas est constitutive de l'être humain. Le rêve est le propre de l'homme....

Le texte de Judith ne m'a pas paru pessimiste du tout. Il m'a paru juste, vrai, sincère. Et il nous touche tous, ici, qui participons à ce forum, parce que nous ressentons tous profondément ces choses, quel que soit notre âge. Ce n'est pas une question de génération.

Parfois, souvent, trop souvent peut-être, la société nous oblige, condamne à prévoir avec prudence l'avenir, à attendre de vivre, à renoncer de vivre, pour mieux envisager le futur. Mais nous savons tous, instinctivement, bestialement, avidement, que la vie est là, ici et maintenant.
Chère Judith, je vous accorde que le futur qui se dessine n'est pas reluisant. Et étant de le même génération que vous et qu'Alice Zeniter, je me reconnais intégralement dans votre prose... à un détail près.

Le futur "actuel" (si j'ose dire) et "dominant", est en effet cataclysmique. Et ceux qui répondent ici que nos grand-parents ont "connu la guerre", ils vendent un peu vite la peau de l'ours, car les 3 ou 4 prochaines décennies vont être pour le moins turbulentes, y compris sous nos douces latitudes.

En même temps, on ne peut pas ne pas voir (au moins renifler) que derrière ce futur-là, un autre se dessine également.

Nous avons d'ores et déjà une expérience historique qui nous permet d'y songer, mais ce n'est pas seulement cela. Nous disposons également de tous les outils nécessaires. La science et la technique (si tant est qu'elle sache rester un simple outil) en est un. La faculté (relative) d'organiser la société, également. Cette "génération" pourrait en être un autre.

Comme l'a dit Lordon dans l'émission de vendredi, on aura le choix entre deux mondes : dans le premier les actionnaires perdent tout et nous mourrons tous ; dans le second les actionnaires perdent tout et nous vivons.

On pourrait développer cette équation, en ajoutant à l'aspect économique, l'écologique (en tant qu'étude des interactions entre l'homme et son environnement naturel, svp, pas de naturalisme ni d'écofascisme ici) : dans le premier monde, nous sommes tous morts (ou ceux qui resteront seront dans un sale état) ; dans le second nous vivons tous mieux qu'aujourd'hui.

Mais revenons au concret. Le plan retraite du PS n'est pas crédible pour une bonne raison : il reste enchaîné au paradigme du vieux monde. Ils ne voient pas que les gains de productivité réalisés depuis que les retraites et la sécu existent rendent pensables des organisations sociales totalement nouvelles. Ils croient en revanche que les gens ne sont pas prêts à savoir ce qu'ils veulent, ce qui est bon pour eux, ils pensent donc que le "marché" le plus libre possible est le mieux à même de faire les choix de société à leur place. C'est la définition du capitalisme : c'est le libre jeu des forces productives qui décide ce qu'on produit, pour qui et pour quoi faire. On sait ce que ça donne...

Non seulement ils croient que ce discours est inaudible, mais pire : ils n'y croient pas eux-mêmes !

je crois que c'est d'André Gorz : "Un autre monde n'est pas possible, il existe déjà." Il est en germe dans la configuration présente des rapports de production et dans les aspirations communes à toute une génération, même s'il ne se donne pas à voir aisément et que la plupart d'entre nous l'ignore encore.

Mais songez à une chose : si l'Histoire n'était pas seulement une vague idéologie historiquement située, mais une réalité (quasi "physique") de la dynamique de nos sociétés, alors il se pourrait que notre "génération" ait le vent en poupe ces prochains temps. Et là il s'agira de ne pas réduire la voilure. Tout fatalisme serait un renoncement, si près du but. Ou plutôt... du commencement.
Hum!
Etes-vous sûre que le concept de "génération" est pertinent? Dans cette "génération", comme dans celles qui l'ont précédée et celles qui lui succèderont, il y a des (très) riches et des (très) pauvres, des entre-les-deux. Leurs retraites seront très différentes, comme leurs vies en général.
Ce qu'ont en commun les gens d'une même "génération" - surtout actuellement - c'est plus le bain idéologique du discours dominant dans lequel ils pataugent que leurs expériences réelles.
Votre désenchantement est voulu, votre résignation soignée jour après jour pour que vous acceptiez que c'est foutu, que le Capital a gagné, qu'il n'y a rien à faire.
Mais rassurez-vous : le Capital ne peut pas gagner dans sa forme actuelle (mondialisation libérale). Lordon l'explique fort bien, pour ne pas parler des écologistes : dans cette configuration, il n'y a pas que les retraites par répartition qui soient condamnées, tout le système est en train de s'effondrer. Et vous accepteriez de rester spectatrice de cette chute et de la reconstruction?
Je ne peux pas le croire.

PS (ne le prenez pas mal) : dans votre lamento, j'ai craint de lire qu'en plus de tous vos malheurs, personne ne vous comprenait.
Votre lecture de l'histoire de votre génération, m'intéresse beaucoup parce que la mienne a connu un tout autre cheminement.

Je suis née en 1960, cela fait un demi-siècle, et un an après ma naissance, on a construit le mur de Berlin, qui a été l'horizon indépassable de ma jeunesse. Nous vivions dans un monde divisé en deux par la guerre froide, et l'apocalypse nucléaire nous guettait à chaque demain.

Au-delà de la Weser nous attendaient les totalitarismes, et peut-être que nous-mêmes étions épargnés, dans notre France vieillotte rescapée de la guerre, et qui commençait à s'ouvrir au consumérisme. Puis en 1973, nous avons pris conscience que nous vivions en enfer, quand la contre-révolution chilienne de Pinochet a assassiné Allende et a rempli les stades de Santiago avec de la chair à torture.

En fait, nous vivions dans un cocon, l'occident, où tout devenait possible. Soixante-huit venait juste de libérer la sociéte de la pesanteur du gaullisme et de la religion, et tout devenait possible.
Dans ma lointaine campagne débarquaient des bourges de Paris qui nous apprenaient une autre vie, on commençait à voyager plus loin que jamais, à voir d'autres gens.
Oui ! j'étais adolescente dans les années 70, cette période adolenscente elle-même où un monde basculait, où tout devenait facile.
Le monde s'ouvrait autour de nous et au-delà, c'était l'horreur.

En 1978, je suis allée rejoindre en Angleterre une amie qui y était jeune fille au pair. C'était le moment, à la fin de la période punk, où Thatcher mettait ce pays à bout de souffle, mal remis de sa décolonisation, en liquidation judiciaire. Une gigantesque grève essayait de la contrer et c'était le chaos. Des murailles de poubelles laissés par les éboueurs en grève avaient été dressées en murailles muettes dans le parc de Buckinham Palace. Et c'est plus tard, quand le néo-libéralisme s'est installé partout, que j'ai compris que cette odeur pestilentielle était celle de la déliquescence même de la société qui nous attendait.

Trouver du travail devenait plus difficile mais j'ai pu rentrer dans l'administration, et pendant les vacances, mon monde s'est étendu bien au-delà de tout ce que mes ancêtres avaient pu connaître, jusqu'aux limites mêmes des continents.

Puis quand le mur de Berlin est tombé, j'ai hurlé de joie devant ma télé.
Car ce soir-là, j'ai su que tout était possible. Que cet univers qui semblait fini, ce monde divisé en deux n'était pas inéluctable, que rien n'était jamais donné. Et que l'avenir était ce qu'on en faisait. Que tout pouvait arriver , le meilleur comme le pire.

Puis petit à petit, le monde s'est refermé sur nous.
Plus le droit de faire ceci, plus moral de faire ça...
Au début des années 90, tout semblait de nouveau perdu. Les gens autour de moi me disaient tous que c'était fini. Terminé. Qu'il ne fallait plus dire que ce n'était pas normal.

Moi qui n'avais jamais eu l'occasion de militer jusqu'ici (après tout, le monde avançait sans moi, et je faisais partie de la génération qui avait succédé à celle de 68, ils s'étaient battu et avaient gagné avant moi et pour moi), je suis allée me battre avec des anarchistes, des trotskystes, des zapatistes mexicains, qui tous me rendaient dingues. Mais dans cet incroyable maelstrom d'idées qui faisaient et se rencontraient, tous, nous avons construit quelque chose.

Et de nouveau, j'ai bondi de joie quand à Seattle, les opposants altermondialistes ont réussi à bloquer les négociations du GATT et ont explosé au niveau médiatique. J'étais si contente en pensant que c'était moi, avec mes petites mains, qui les avaient inscrits pour la France planquée dans mon local sombre de la CNT.
J'avais dû renoncer à m'y rendre car ma grossesse se passait assez mal, mais j'ai eu conscience ce jour-là que si suffisamment de gens pensaient la même chose au même moment, et agissaient, tout pouvait changer; Que le basculement du monde, c'est ce travail de fourmi insatiable de ceux qui ne trouvent rien normal. Et que l'histoire va et vient, et qu'il faut sans cesse deviner où et quand taper....

Je crois que c'est Robert Musil qui disait (de mémoire) : "Chaque génération arrivée dans son époque pense que ce monde est immuable et qu'il va durer. Mais chacun devrait se dire qu'à tout moment, le monde peut être changé partout dans toutes les directions !" Il savait de quoi il parlait car il a vécu de plein fouet la chute de l'empire austro-hongrois et de toute cette merveilleuse éclosion intellectuelle et artistique qui faisait rayonner Vienne.

Alors vous comprendrez, chère Judith, que je ne croie pas une seule seconde qu'il faut baisser les bras et que c'est peut-être un effet de génération, ou pas, mais il y a un temps pour agir, et un temps pour voir venir.
Je suis de la génération coincée tout pile entre la vôtre et celle d'Alice Zeniter, c'est vous dire si elle est triste. C'est de cette tristesse-là que je tiens une inébranlable certitude de lendemains qui chantent. Parce que ce serait trop moche qu'il en soit autrement, et parce que ce ne peut pas être autrement. Je sais bien que je passe au mieux pour une douce rêveuse, au pire pour une totale irresponsable, mais ça m'est égal. L'espoir fait vivre, dit-on, et je ne veux pas mourir, au propre comme au figuré.
Il y a bien sur des moments de fatigue et de découragement, mais toujours je reprends le combat, la seule chose qui fasse sens dans cette société mortifère.

Reprenez vie, et rêvez, surtout, le camps des optimistes manque de bras pour la victoire, proche, si, si, puisque je vous le dis.
L'erreur est de croire que c'est l'époque à laquelle on vit qui est en cause.
Peut-être que statistiquement on aurait pu être mieux lotis quelques années avant, mais pas sûr, et puis alors juste quelques années, pas plus surtout, parce que si on remonte encore le temps, on se demande qui parmi nous aurait tenu le coup. N'est-ce pas surtout d'avoir été élevé dans un nid douillet, épargné des contingences matérielles, avec nos désirs (ceux à la mesure du jeune âge sont simples à combler, encore maintenant) qu'on prenait pour des réalités parce qu'ils le devenaient?
Il faut bien s'apercevoir un jour de la carte qu'on a tiré, pas aussi bonne que promise par l'enfance.
Quand je fais le bilan de ce que j'imaginais faire et que je n'ai pas fait, c'est pas mon époque que j'incrimine. C'est mes choix qui n'étaient pas les bons pour ça.
On n'est pas forgé pour être heureux de son sort si on garde des envies trop grosses à avaler, quelque soit la génération dont on fait partie. Si on était méchant, les trente-quarante ans, on se demanderait si c'est "la génération des brimés" ou "la génération des qui se plaignent tout le temps". Mais j'aime bien, vous connaissez Jérémie Kisling? La chanson "antimatière" pire que la chronique de Judith! Seulement, la chanson "ni trop tôt et ni trop tard" de Jeanne Moreau, hein? Ou l'autre "je rêve souvent d'm'en aller de foutre le camp, etc..." avec le boulot qui pourrit sa vie de nostalgie, ça date pas d'aujourd'hui, donc l'erreur c'est de croire que c'est l'époque à laquelle on vit qui est en cause.

Question retraite, à soixante ans ça sera un peu tard pour claquer des sous avec euphorie et à choisir je préférerai avoir plus maintenant et moins plus tard. Et curieusement, avec mes moyens minables par rapport à ceux de mes parents, je ne sais pas comment, mes enfants arrivent à avoir une jeunesse plus privilégiée que la mienne question voyages, être à la mode, vacances. Le comble c'est que c'est avec l'aide de grands-parents et de mes frustrations à moi, qui ne me coûtent pas trop j'avoue! Je me suis fait eu..., ma génération si j'y pense :-)
Et oui "ce n’est pas parce qu’on ne peut pas changer le monde qu’il faut arrêter d’essayer".

1950 les anciens qui relevaient la France ont fait plus d'un mois de grève tous ensemble car le gouvernement de l'époque estimait que partir à 55 ans en retraite quand on travaillait dans les cokeries était un privilège honteux!

Et oui tout le monde était dans l'action en se serrant les coudes et allant pour certains manger à la soupe populaire.

Les socialistes de l'époque étaient déjà "rose pale".

Maintenant chacun pour soi, il n'y a plus d'espoir. Quelle société
On devrait se sentir concerné comme citoyen par les débats qui se déroulent autour du « care » depuis que Martine Aubry a lancé ce terme dans le débat politique, provoquant des critiques vives ou voilées dans son camp, et de la dérision à droite. Que veut dire cette notion et peut-elle fonder un projet de société ?

"Portée et limites du « care »", par Jean Gadrey, sur son blog Alternatives Économiques, 18 mai 2010 http://alternatives-economiques.fr/blogs/gadrey/2010/05/18/portee-et-limites-du-%C2%AB-care-%C2%BB/

P.S. : en espérant qu'ASJ n'avait pas l'intention d'en faire le mot de la semaine ;-)
Merci Judith, très beau texte !

Votre chronique m'a fait penser à cette autre chronique parue dans Le Monde le 18 mai 2010 :

L'affaire semble entendue : hier étaient les beaux jours, ils sont sombres aujourd'hui et pire sera demain. La retraite par répartition, à l'instar de l'Etat social dans son ensemble (protection sociale, droit du travail, services publics, etc.), serait une figure du passé.

Et si les "jours heureux" n'étaient pas tant hier, que demain, à portée de main ? Les Trente Glorieuses n'étaient pas l'havre de bonheur qu'on nous dépeint si souvent. L'Etat social n'est pas né parachevé en 1945. Il est une construction laborieuse, d'autant plus que jamais véritablement théorisée, commencée avant 1945 (la retraite des fonctionnaires date de 1853) et poursuivie à certains égards après 1975. Les pauvres étaient deux fois plus nombreux, en proportion, durant les années 1950 à 1970 et ils étaient souvent retraités, avec comme figure type le vieillard indigent à la porte de l'hospice. C'est en 1972 que les pensions ont été sensiblement améliorées, en 1982 qu'a été inscrit le seuil de 60 ans. Grâce à cela le paysage des retraites s'est radicalement transformé : d'une protection minimale accordée aux "vieux" (on parle encore de "caisse vieillesse") comme antichambre de la mort, on est passé à un véritable droit au bonheur, celui du troisième âge, avant le quatrième. Le taux de pauvreté (à moins de 50 % du revenu médian) chez les retraités a chuté : 28 % en 1970, moins de 5 % de nos jours. On mesure le chemin parcouru. Comment cela a-t-il été possible ? En augmentant, via les cotisations sociales, la part de la richesse monétaire consacrée aux retraites : 7,3 % du PIB en 1970, 13 % aujourd'hui. Ce qui a été possible hier, le sera-t-il demain ? Le dernier rapport du Conseil d'orientation des retraites (COR) permet de répondre tranquillement oui.


La suite ici : « Retraite : les jours heureux à portée de main », par Christophe Ramaux - maître de conférences à l'université Paris-I, Centre d'économie de la Sorbonne. http://www.lepartidegauche.fr/editos/arguments/2739-retraite--les-jours-heureux-a-portee-de-main

P.S. : le 27 mai, http://www.youtube.com/watch?v=4yFp4KTjX3c
BREAKING NEWS Confidentiel terrasse de Café ....

Le gouvernement s'oriente vers la suppression du bouclier fiscal... en même temps que l'ISF!!


Si si...
je sais pas si c'est clair pour les autres mais pour moi Judith, moi qui suis né en 1969, ça a été assez incroyable de vous lire, à 2 ou 3 détails près,je me suis totalement reconnu dans ce texte, ça me laisse d'ailleurs une impression assez étrange, comme un malaise...bref.

au sujet de la retraite, je pense aussi depuis 2003 que je n'aurai pas de retraite, aussi j'ai décidé de ne pas surcotiser, de ne pas souscrire au fameux-prefon-retraite-que-c'est-supergénial-et-que-toutlemonde-nous-envie-ce-privilège, car je crois que j'avais calculé que je devais atteindre l'âge de 96 ans pour que ça devienne intéressant (et encore sans tenir compte de l'inflation, c'est dire....) du coup pendant quelques années je me suis nommé Fred Nofioutcheur sur les forums (plus trop sur que j'avais opté pour cette orthographe là) j'ai abandonné le pseudo mais pas vraiment la sensation.....C'est assez difficile de vivre en se disant que l'avenir sera incertain, on se met à vivre au jour le jour et on fume de plus en plus parce que bon autant crever pas trop vieux hein....Moi je vous le dis on est murs pour "soleil vert"
Un programme du BTS bien inspiré, cette année : détours et générations.
Belle chronique, une fois de plus, qui met le doigt sur ce qu'on ne préfère pas trop penser, pas trop calculer.

Une génération qui a eu le temps d'entrevoir l'éclat d'un contrat social équitable avant d'assister à son éclatement. Et cette idée fait son chemin comme un drôle d'espoir désabusé que nous serons peut-être partis avant. Exit la question de l'âge légal de départ à la retraite, mais intuition que la retraite sera radicale... à l'âge létal.

Ambivalence : génération qui a hérité un instant des combats historiques et garde en tête que "ce n’est pas parce qu’on ne peut pas changer le monde qu’il faut arrêter d’essayer".
Mais il y a des limites au refus de voir, au refus de compter les batailles perdues. Tentation de sauver sa peau.
Ambivalence dans cette génération née dans les années 70. Sauver sa peau en oubliant l'intérêt commun pour beaucoup. Sauver sa peau en occultant l'avenir pour pas mal d'autres (si j'en juge d'après mon entourage) : l'éclatement du contrat social et la promesse devenue quasi mythique de ne pas avoir travaillé pour des prunes donnent envie de profiter du présent selon le bon vieux précepte "un tien vaut mieux que deux tu l'auras". Travailler moins et gagner moins, temps partiel et autre année sabatique pour prendre le temps de vivre maintenant en faisant du théâtre, en écrivant, en jardinant, en étudiant etc..., et tant pis si ce faisant, on empêche d'office la possibilité du départ à la retraite à 60 ans. Car si nous nous trouvons un jour dispensés légalement du travail, aura-t-on seulement les moyens de vivre? Des actes, des choix significatifs, non? on continue de combattre en souvenir de l'héritage entrevu, mais en fait, on n'y croit pas. C'est peut-être d'ailleurs pour cela que nous avons perdu ces batailles. Et je suis d'accord, pas génération désenchantée, "tragique" dirait Onfray (je sais qu'il n'est pas de bon ton de parler de lui en ce moment).
Il parait qu’on appelle ça la trajectoire sociale descendante.
La génération désenchantée ce n’est effectivement pas la votre, mais plutôt celle des quadras finissants ou jeunes quinquas, qui ont connu la fin de tout : des trente glorieuses, de l’amour libre, de l’espoir de mai 81 et qui voient maintenant leur retraite s’éloigner voire disparaitre.
En tous cas, joli hommage au texte d’Alice Zeniter.
Et puis juste pour pinailler, les guillemets français sont séparés de leur contenu par un espace insécable.
Bonjour Judith,

je fais partie d'une génération qui a précédé la vôtre de 10 ans (+). Assez pour connaître ce moment rare (unique?) du progrès qui ne s'arrêterait jamais, du boulot promis pour tous et des parents sûrs d'offrir mieux à leurs enfants...

Atterrissage.

Aujourd'hui à 50 ans je vois les presque soixantenaires sauter dans les derniers canots de sauvetage des pré-retraites et autres CPA, heureux de sauver ce qu'ils peuvent mais amers pour leur propre progéniture.
Je reste sur le paquebot de l'entreprise, déjà pris dans les phares de la patrouille qui repère les (potentiellement) moins productifs, ceux qui seront dans quelques courtes années, dépassés par la nouvelle génération. Celle des surdiplômés, aux crocs bien affûtés et pour qui "état d'âme" est une faute professionnelle.

Comme j'ai commencé à bosser à 24 ans (études, service militaire), retraite pleine dans le meilleur des cas à 65.
Tout simplement impensable que l'entreprise éprouve un quelconque besoin de conserver un esprit moins vif, un corps parfois (souvent) défaillant, et une expérience qui n'a pas de sens au moment où tout évolue à la vitesse de la lumière.
Ce qui veut dire placard, humiliation, ricanements si tu choisis de t'obstiner. Ou départ dans la dignité (!) et passer d'un revenu de cadre à celui du SMIC (because décôte vertigineuse), comme le système m'y conduira.

Ma première fille a 15 ans, je pense pouvoir l'accompagner jusqu'à la vie active. La seconde a 9 mois, elle me sourit avec confiance et je suis supposé être celui qui la protège et la guide. Voilà bien ce qui, plus que le mépris à venir de l'entreprise pour le futur "vieux", me taraude.
Être présent et à la hauteur autant que nécessaire. Dans notre monde cela inclut l'image renvoyée et le flouze, étroitement mêlés.

Au delà de mon cas je crois que nous voyons se dessiner une société de la galère pour toutes les générations, de la démerde, du piston (pardon, des réseaux), de l'égoïsme pour soi et ses proches, de la mort de l'associatif et du syndicalisme...

En fait la décadence.

Vivre l'instant, et prévoir/entrevoir sans certitude.
Bon, je n'avais pas envie de travailler ce matin, je crois que je vais plutot me tirer une balle. ;-)

Ps: je pense qu'on peut meme rajoutér que cette génération désenchantée est celle qui va chercher du réenchantement dans la consommation, ce qui va bien évidemment la précipiter dans un nouveau gouffre.
Les générations passées ont eut la guerre, les nôtres non, du moins pas la guerre sens militaire du terme. Plutôt une guerre contre nous même et contre l'établissement. Malgré tout, si je reproche quelque chose aux gens de 68 c'est d'avoir prétendu prendre les choses en mains pour un avenir meilleur. En fait, personnellement à 31 ans, j'ai l'impression que ces gens là ont manqué l'occasion de le faire et ont laissé la part belle aux charognards de toutes sortes. Aujourd'hui se trouvant entre un passé qu'ils ont repoussé et un futur qu'ils ne maitrisent pas.

Dans ce contexte je peux comprendre le désarroi dans lequel votre génération se trouve Judith. Mais en même temps nous vivons dans le monde que nous construisons.

Soyons plus positif car l'avenir s'écrit maintenant :)
Ma génération...

Que mettez-vous derrière cette notion ? Une solidarité fraternelle ? Une patrie à détruire dans un premier temps pour mieux la reconstruire et la défendre contre la génération suivante ? Une vision du monde commune afin de légitimer, d'appuyer votre propre vision ? Un "nous" qui définit un "je" mais qui condamne tout "tu" ?

Le seul combat digne, la seule victoire noble n'est pas la lutte générationnelle, mais la sortie du générationnel. Elle constitue l'âge d'or de l'adulte, de l'individu conscient de sa solitude face au monde. Toute la beauté tragique du héros réside dans son combat seul à seul contre un monde titanesque. Mais il n'y a pas d'happy end, personne n'est Bruce Willis, et c'est toujours le Titan qui gagne à la fin et la mort qui attend notre combattant.

Mais quelle vie ! Quelle grande et belle vie que celle d'un héros !
"Nous n'aurons pas de retraite" : cette phrase, je l'ai entendue ad nauseam prononcée par les gens de ma génération qui est à peu près la même que la vôtre, Judith.

Mais cette phrase est une idiotie : autant il y a quinze ans, tout le monde savait que nous aurions des problèmes à payer les retraites des baby boomers, autant dire aujourd'hui que les trentenaires actuels n'auront pas de retraite, on n'en sait rien, car les enfants qui vont les payer sont en train d'être faits. Le regain de natalité de la première décennie 2000 m'inciterait même plutôt à l'optimisme pour notre retraite. Par contre, pour payer celle de nos parents et grands-parents, nous allons souffrir, ça, c'est sûr.
[quote=Judith Bernard]* On me signale dans l'oreillette que n'est pas forcément clair pour tout le monde que ce "souvenir" est d'abord un souvenir de lecture : celui de Jusque dans nos bras, de la dite Alice Zeniter, qui s'ouvre sur ces mots : "Je suis de la génération qui vivra plus mal que ses parents, je suis de la génération qui n'est pas née avec Internet mais qui a grandi avec lui, a atteint la maturité avec lui, j'ai un lien si tendre avec Internet. Je suis de la génération du terrorisme international, je suis de la génération de la mondialisation, je suis de la génération qui ne rêve plus d'Hollywood mais de Londres, Paris, Tokyo, Singapour, je suis de la génération des traders privés de tours jumelles." (et ça continue comme ça sur 5 pages ; se reporter à l'émission pour de plus amples citations).

Faut tout leur dire, bon dieu!
Attention à cette idée fausse (mais souvent sous-entendue) qui consiste à penser que l'âge légal de départ à la retraite (60 ans actuellement) vaudrait pour tout le monde.

60 ans, c'est seulement l'âge à partit duquel on a le droit de "liquider" sa retraite. Mais certainement pas à taux plein pour tout le monde. Car pour avoir ce taux plein à 60 ans, un rapide calcul nous indique qu'il faut avoir commencé à cotiser à 19 ans (soit 41 annuités à partir de 2012, en supposant qu'il n'y a aucune interruption de cotisation, ni aucune majoration, pour enfant par exemple, et sauf exception: travailleur handicapé, inaptitude au travail, etc).

Donc Judith, vous qui, comme moi, avez fait des études longues, je vous rassure, la question de la retraite à 60 ans ne nous concerne pas, d'emblée. Il n'y a pas à "ne pas y croire", la question ne se pose même pas.

Pour ma part, j'ai commencé à cotiser à l'âge de 25 ans, en 2002. Donc les 60 ans pour moi ne sont qu'un symbole, car si je demande ma retraite à 60 ans (en supposant que cet âge légal soit encore valable en 2037, année de mes 60 ans, donc), j'aurai un taux réduit (en proportion des annuités cotisées, soit 35/41) ET une énorme décote par trimestre manquant, 6x4=24 trimestres manquants dans mon exemple (décote de 0.6875 point de taux par trimestre manquant, sachant que la décote est en fait limitée à 20 trimestres, mais les 2 effets - taux réduit et décote - se cumulent).
Pour moi le taux plein, ce sera à l'âge de 66 ans, au mieux (car la durée de cotisation va certainement augmenter avec les réformes d'ici là).
Les détails techniques sont .

Donc, finalement, ces 60 ans sont symboliques, sauf pour ceux qui ont commencé à cotiser avant 19 ans. Et repousser l'âge légal de 60 ans, ce serait imposer à cette dernière catégorie (rarement des cadres !) de cotiser au delà de la durée nécessaire qui suffit à bénéficier du taux plein (41 ans à partir de 2012). Pas très juste !
Z'auriez pu faire plus court Judith

Cette génération qui n'a jamais eut autant les moyens de se faire connaître avec le net, pour travailler, aimer ou se faire aimer, se soigner, s'éduquer, voyager en virtuel ou npn et voir, revoir ou découvrir qu'il y a nettement plus miséreux que soit!!


Cette génération c'est aussi celle-ci!!


Finalement, nous n'avons pas connu de guerre, mais nous voudrions la faire à tous ceux qui nous déplaisent. Nous pourrions être pacifistes, mais sommes haineux et ultraviolents...

Finalement
Bonjour Judith

Je suis de la même génération, j'ai grandi dans les mêmes lycées (à peu près), et je suis même prof de lettres tiens ! (Si tu médites autour du moit 'génération' c'est peut-être que tu as des BTS ?), j'ai lu 1984, j'ai lu aussi Fahrenheit 451 et réfléchi sur la disparition supposée de l'imprimé, Le Meilleur des mondes et médité sur l'hypothèse du clonage. Mais je me refuse à intégrer ce discours si répandu parmi mes proches de désespoir et de renoncement. Je veux continuer d'inventer, d'imaginer, de développer. Je rêve de Londres : la Tate's gallery, le Globe theater, la capitale de la résistance au nazisme en Europe, pas la city. Je rêve de New York, le Blue Note, le Moma, Central Park et Manhattan, pas Wall Street. Il y a, dans ce monde, des choses belles, à développer, à soutenir, fussent-elles maladroites. Je suis fatigué par la lucidité, par ceux à qui "on ne la fait pas", mais je continue d'avancer, de suivre ce qui s'invente. Tiens, ça, par exemple : http://www.produitinterieurdoux.org/
C'est ce que certains appellent un "changement de paradigme", tu as eu une formation en linguistique, tu sais ce que c'est un paradigme, tu sais combien ça peut modifier cette fameuse réalité dont on nous rebat les oreilles.
Cordialement (avec tendresse même)

Mathieu
"La double pensée "
Jean Claude Michéa (Flammarion-2008)
Quelqu'un que vous pourriez inviter à "D@ns le Texte".
En écoutant Martine hier au soir et les autres, je pense aussi qu'il manque une réflexion sur le sens d'une vie de retraité : doit-on vraiment consommer autant si non mieux que dans la vie de travail.... Pour ma part avec de faibles revenus 750€ par mois, il y a des tas de choses que j'aimerais acheter, de d'indispensables au plus futiles, et je ne le peux pas ! Mais en même temps cette frustration ne m'est pas pénible au point d'envisager de reprendre du travail, j'ai des amies (essentiellement, parce que les retraites les plus modestes sont d'abord pour les femmes !) qui le font... Et bien je préfère me contenter de peu et de jouir de ce que j'ai que de retrouver ce monde du travail qui bouffe toutes les énergies, mourir vieux mais au travail c'est pas ce que j'envisage pour mes enfants...
Alors bien sûr le principe de réalité me direz-vous !?

La seule chose qui devrait faire réellement débat, c'est sachant que certaines professions ont une espérance de vie moindre que les autres (parfois jusqu'à dix ans...) comment construire une retraite afin que les travailleurs de ces professions mortifères puissent jouir d'une durée raisonnable de vie et de retraite...

Le fond c'est que voulons-nous faire dans cet espace-temps qui se nomme retraite... Après peut-être que des solutions seront moins financières qu'aujourd'hui....

J'ai trouvé le texte de Judith Bernard poignant.... C'est la génération de mes enfants....
Pas encore vu Mammuth, cela étant dit le

"«Nous, on n’aura pas de retraite!», écrit le personnage interprété par Anna Mouglalis sur la vitre de la chambre d’hôtel où elle vient de dépouiller le vieux motard : jeune, jolie et jalouse, elle lui a piqué tout le fric de son expédition. Elle se fait sa justice sociale au présent, bien conforme à l’air du temps – chacun pour sa gueule et la victoire aux cyniques."

est dans l'air du temps depuis... depuis toujours ou presque, pour toujours ou presque, c'est du Raskolnikov à la petite semaine, ni plus, ni moins, sans bain de sang, juste un énième larcin, sans grand soir, juste de blêmes petits matins.

Tant qu'il n'y aura pas dans chaque entreprise des quotas correspondant au pourcentage de la population ayant tel ou tel âge, la retraite à 60, 61, 67 ans restera non seulement un leurre, mais une façon de culpabiliser l'intégralité du monde salarié sans s'attaquer à ce qui en constitue l'impossibilité-même. Une façon de garder sous sa coupe, cette population de potentiel Raskolnikov.

Libérons-nous de cette chaîne et rappelons comme je l'ai déjà rappelé plus d'une fois sur les forums d'asi, ce qu'en disait Alexandre Jacob (1905) :

"C'est alors que je compris toute la puissance morale de ce préjugé. Se croire honnête parce qu'on est esclave ! C'est alors que je compris aussi la force de ce frein contre la révolte : l'espoir d'une retraite. Allons, bourgeois ! vous avez encore de beaux jours à régner sur le peuple ! Vous n'aurez rien à craindre tant que vos ignares victimes seront empoissonnées par l'espoir d'une retraite et par l'imbécilité de se croire honnêtes parce qu'ils crèvent de faim." (Alexandre Jacob, écrites, volume 1, édition (pour Judith :)) L'insomniaque, p.79)


Judith a sa façon nous empêche aussi de sombrer dans l'espoir, ce vil poison.
Merci à elle.

yG

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