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Mélenchon : réflexions à tâtons

Comme il est dur d'entrer à tâtons sur une scène politique sans éclairage

Derniers commentaires

les gens" votent "surtout pour eux-mêmes. Et l'agglomération des moi-mêmes produit le triomphe des beaufs.
Sur France inter, Piketty demande à Mélenchon de participer à la primaire de la gauche...
Ce qu'il ne fera certainement pas.
Cela semble pourtant la meilleure solution, qui pourrait lui permettre, dans un premier temps, d'évincer ses adversaires prétendument de gauche, et de pouvoir se présenter à la Présidentielle en disposant d'un nombre plus important d'électeurs potentiels.
Il est vrai que face à Cohn-Bendit, on arriverait (presque) à trouver Staline sympathique...Il a pas de femme!?...De copains, un hamster...Quelque chose, quoi!?! Ce type...Rien qu' à penser ce qu' il a prétendu être, et où il peut encore aller, il te fout le vertige...Sans dec'!
Carpe diem...
Pour commencer, la photographie pourrie de Jean-Luc Mélenchon choisie pour illustrer cette chronique dans la droite ligne des snipers bien planqués des journaux et magasines du Dieu Marché pour le dézinguer visuellement pose l’ambiance et l’arrière pensée de Daniel Schneidermann qu’on sait assez hostile à Jean-Luc Mélenchon. Voilà donc de quoi prendre cette chronique avec beaucoup de distance.

Par ailleurs la citation de J.L. Mélenchon (JLM) quand il s’adresse à D. Cohn Bendit (DCB) est tronquée. Il manque l’essentiel qui permet de comprendre que JLM renvoie DCB à une réalité qu’il ne peut pas ignorer. La ponctuation modifiée dans la citation a aussi son sens : JLM dit à DCB « Nous ne sommes pas amis, vous le savez. » Point, puis une conclusion évidente dans une nouvelle phrase qui découle du fait que DCB sait : « Ne jouons pas la comédie. » Cette partie tronquée « vous le savez » aurait dû pousser Daniel Schneidermann à chercher ce que DCB sait sans avoir besoin de couper les cheveux en quatre à propos d'une stratégie de JLM. En effet, Daniel aurait alors compris ipso facto pourquoi JLM demande à DCB de ne pas jouer la comédie dans cette simple mise au point requalifiée en « altercation » et autre « clash » dans les médias (comme dans cette chronique) ce qui est totalement idiot. Cela aurait aussi évité d’enfoncer des portes ouvertes à propos de la complicité entre JLM et DCB avant la campagne de 2012 comme le suggère effectivement Le Monde. Oui il y a avait une complicité entre JLM et DCB avant 2012 comme le montre les extraits de cette époque. Mais ce que DCB sait très bien et que visiblement Daniel Schneidermann ne veut pas savoir ou ne veut pas nous faire savoir en tronquant volontairement la citation c’est que DCB n’a eu de cesse de cracher sur la main que JLM lui a tendue pour la campagne de 2012 allant jusqu’à lui chier sur la tête ces derniers temps dans des propos calomnieux largement relégués par les médias (que Daniel Schneidermann ne peut pas ignorer) allant sobrement d’un Mélenchon « débile » et « poule mouillée » jusqu’au Mélenchon « fascistes » ou « dictateurs capable d’emprisonner ses propres militants s’il venait au pouvoir »… Ca donne drôlement envie de rester ami avec un zig qui n’a qu’une obsession : vous carboniser publiquement après que vous lui ayez tendu la main.

Voilà, il est donc inutile de chercher une stratégie chez JLM car il n’y a aucun calcul la dedans, juste une mise au point coupant l’herbe sous le pied de Daniel Cohn Bendit qui, ce soir là, a encore une fois tenté d’humilier Jean-Luc Mélenchon sauf que là il l’avait en face de lui et il s’est fait mouché comme un sale ado boutonneux qui croit tout savoir et être le plus fort. Son « Va t’faire voir » et la suite dans le style pipi caca de cour de récréation sont très éloquents.

Je me doutais bien que cette photo pourrie augurait quelque chose de vicieux dans cette chronique.
Ouais, voilà : on sait pas, alors quand on sait pas, on n'a rien à dire et du coup on parle d'autre chose...
C'est quand même dingue, même sur @si on ne parle plus que de ça, et ici non plus pas sur le fond.

Les élus m'ont rendue abstentionniste, je crois que les journalistes vont me rendre abstinente de média.

C'est déprimant, vraiment. Je ne vois aucune issue à ce merdier de com'.
"Depuis la victoire de Donald Trump, on ne compte plus les dénonciations de la responsabilité du Parti Démocrate et les analogies avec la situation Européenne et particulièrement avec l'élection présidentielle Française. Tout le monde a compris, beaucoup l'avaient bien dit: les gauches ont, dans le monde entier, perdu le soutien des classes populaires parce qu'elles ont accepté la mondialisation qui n'est pas un phénomène naturel mais la conséquence de la dérégulation des flux de capitaux, de marchandises, et du marché du travail. Tout le monde met en garde: si la gauche ne retrouve pas ses fondamentaux, si elle ne porte pas un projet pour une transformation radicale du monde, elle sera balayée en Europe comme aux Etats-Unis par l'extrême-droite. Et c'est vrai. Pour avoir écrit de semblables mises en garde sur ce blog depuis deux ans, je me réjouis de ces prises de conscience. Mais je suis d’autant plus frustré qu’il y manque en général la conclusion, qui pourtant va de soi : en 2017, votez pour Jean-Luc Mélenchon.

Non, décidemment, ça ne passe pas. Mes collègues universitaires et mes amis cadres n’y viennent pas. Et pourquoi pas ? C’est là ce qui me désole : je ne sais pas. Leurs arguments contre Mélenchon sont en général si flous, si vagues, que je ne comprends pas qu’ils puissent peser plus lourd que les arguments en sa faveur.

Commençons par ceux-ci."
"Cela fait bien longtemps que je n'ai plus la télé"
C'est peut-être devenu une des fonctions d'@si: parler de la télé-barnum à ceux qui ne la regardent pas..
"et ça me manque de moins en moins ..."
.. mais à qui ça manque encore un peu...
Le problème de fond est que ce type d'émission n'est pas fait pour débattre politique au sens large. Ce sont des émissions de catch (combat Cohen-Bendit / Mélenchon) qui n'ont d'autre objectif que de faire du buzz. Et notre duo de choc a parfaitement joué son rôle. Pour avoir une chance d'exister médiatiquement, Mélenchon en est réduit à faire de la figuration dans ces émissions-carnaval. Les primaires à gauche (c'est quoi la gauche ? on ne le saura pas....) ne sont qu'un prétexte. Ces émissions divertissantes font parfaitement diversion. Elles nous divertissent . Et pendant ce temps, nous ne militons pas, nous ne ouvrons pas sur le monde, sur les autres.

Cela fait bien longtemps que je n'ai plus la télé et ça me manque de moins en moins ...
En attendant les commentateurs continuent de commenter... même pas la honte !!!

Qu'ils arrêtent de faire des plans sur la comète et qu'ils décryptent les programmes, ca nous sera plus utile. Perso, je me fiche de savoir ce que les autres voteront, j'aimerais bien que l'on m'éclaircisse les programmes.
[quote=DS]Parce que Mélenchon signifie à Cohn-Bendit son souhait de se barrer radicalement la route de la "primaire de la gauche".Bien sûr, Mélenchon et DCB se sont tutoyés.

Heu inutile d'aller chercher si loin : Daniel Cohn-Bendit tape sans vergogne sur Jean-Luc Mélenchon depuis 2012 au moins. Parmi ses déclarations cette année :

Mars 2016: ""Ce mec, il écrit son blog, il prend le fric et il se taille. Il s'en fout de l'Europe, il est contre. Cela ne l'intéresse pas. Lui, il veut être président de la République. Il ne le sera jamais"


Juin 2016 : " Moi, je dis à Mélenchon: toi qui es persuadé de devenir président, Ben, bas-y mon pote! Tu vas écraser Hollande, Montebourg! Tu es tellement grand et fort! Tu auras une chance de gagner ! Mais il sait qu'il n'est pas aussi grand, aussi fort, que c'est une poule mouillée! Mélenchon aujourd'hui, le seul rêve qu'il a, c'est de faire mieux que Hollande. C'est ça, le niveau du débat politique en France? Eh bien dans ce cas, la droite va passer et on va voir ce qu'on va voir"...
Barbara / Prevert :
"....
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara ..."
Ben, oui ! dans la vie c'est comme ça.
Et puis il en est des inimitiés comme des amitiés, il y en a qu'on recherche et qui parfois nous tirent vers le haut. Alors Cohn Bendit, bof. Quant aux critiques cuites et recuites contre Mélenchon, il faut bien dire que le catalogue est aujourd'hui complet. Beaucoup de commentaires qui précèdent celui-ci les ont en partie repris parce que en cherchant bien il doit bien resté quelques unes non nommées. Quoiqu'en disent certains c'est aujourd'hui la seule réelle alternative contre tous ceux qui proposent peu ou prou de continuer, au mieux, la dérive actuelle ou, au pire, de l'aggraver.
On est sur ASI et personne ne demande en quel nom Cohn-Bendit pose une question à Jean-Luc Mélenchon.

Si c’est en tant que journaliste, il n’a pas à le tutoyer, encore moins à poser la même question que celle à laquelle vient
de répondre Jean-Luc Mélenchon, et encore moins à donner des conseils. Il doit faire comme Delahousse.

Si c’est en tant qu’homme politique, euh ben… pourquoi pose-t-il une question, comme ça, en dehors d’un débat ?
Les politiques sont interviouveurs, maintenant ?

Tout cela est bien ambigu…

Quelle est la légitimité de Cohn-Bendit, à ce moment-là ?
Quel est le dispositif ?
C’est Cohn-Bendit copain de Giesbert qui vient juste donner son avis à la télé et lancer des « va te faire voir »
à un de ses opposants politique ?

Un candidat à l’élection présidentielle, qui lui a la légitimité de présence dans cette émission par les citoyens et les partis
qui le soutiennent, n’a pas à se soumettre à ce dispositif moisi. Point.

Mais tout ça, c’est tout bien pour le buzz des médias, la politique spectacle et Le Monde qui nous fait du fact-chéquigne
de haut-vol ! Show must go on. Demain est un autre jour, on parlera d’un autre « clash ».

À noter, selon un commentateur sur Rue 89, que Cohn-Bendit a échangé en privé avec Phillipot
à la fin de l’émission.

Hi, hi !

Et comme dit un autre commentateur du même site :
« Plus je vous vois, moins je vous tutoie. »
Faudrait peut-être mettre les choses dans le contexte de la réalité au lieu parler dans le vide pour rejeter les responsabilité du PS et du gouvernement sur d'autres.. Ce qui va atomisé la gauche c'est pas Melenchon mais la politique débile et contre leur électorat des "socialos traites" !
Réflexion personnelle devant le chaos qui s'annonce : je pense qu'il n'y a pas grand chose a espérer de la présidentielle. C'est une course de chevaux obscurcie par un vacarme médiatique qui empêche de penser quoi que ce soit.
En revanche, pour ce qui est de la Gauche, il y a un truc à faire : s'organiser pour gagner les législatives (et donc imposer une cohabitation, aka un gouvernement de gauche). Inutile de rêver à une candidature de gauche unitaire ET enthousiasmante pour la présidentielle au point ou nous en sommes. En imaginant que la plupart des électeurs de gauche sont convaincus par "leur" candidat (et ça demande déjà une certaine dose d'imagination), il me semble difficile de croire aussi qu'une grande partie des autres électeurs de gauche partagent le même enthousiasme (là c'est plus de l'imagination, c'est du LSD).

En revanche, nouer des alliances au niveau local a l,air bien plus possible, même si c'est PCF/PS par endroit, PS/Vert ailleurs, Verts/FdG encore ailleurs. S'appuyer là dessus, convaincre les électeurs dans chaque circonscription qu'on a "ici" un.e candidat.e motivé.e, qui travaille avec les autres gauches du coin, et qui devrait être envoyé.e à l'AN. Si on veut qu'il existe un mouvement de gauche, un truc qui ne tombe pas dans la personnification/glorification du chef, il va falloir le construire depuis la base, et s'impliquer localement. Mais c'est moins glamour que de rêver qu'on va se trouver un Sauveur (ou une Sauveuse) d'ici avril....

Autre avantage d'une logique de cohabitation : il est bien plus difficile de bâillonner une assemblée à coup de 49.3 quand le gouvernement lui doit directement sa place.
MONSIEUR Jean-Luc Mélenchon est malpoli et méprisant, c'est le seul moyen qu'il a trouvé pour "capter la lumière".
Melenchon sur Hollande truquant un congrès

DCB sur Mélenchon et Le pen

http://www.europe1.fr/politique/cohn-bendit-melenchon-meprise-le-peuple-1903645

Et donc il le tutoie pour l'inviter a se présenter à la primaire de gauche? Avec l'experience toute fraîche de sanders a celle des démocrates et les tricheries de clinton? (ok c'est pas le même pays/systeme, les lignes sont différentes blabla, mais la politique politicienne a certains mécanismes communs à tout les pays, toutes les époques, non?)
Et il soutient Macron-de-gauche? Macron qui en appelle aux déçus de l'élimination de Juppé le soir de sa défaite?

Mélenchon pour le coup a plutôt été d'un grand flegme.
Il y a une chose remarquable qui s'est passé aux USA avant que ceux-ci déclenchent leur arrêt de mort : il y a toute une population qui s'est déclarée libre de ces défauts qui servent de marqueurs aux échantillons qui ont votés Trump.

Cette population est exempte de ces défauts : pas de racisme, de sexisme, de misogynie, de frénésie à se retrouver dans un dénominateur commun comme le port des armes ou la colère et l'impuissance qui entraînent le vote de réaction même si ce vote conduit à une satisfaction éphémère et surtout si ce vote est potentiellement porteur de plus grands malheurs.

Le problème par contre c'est que cette population aux caractéristiques inattendues pour un pays comme les USA n'est pas aller voter au "second tour", le vrai.


Alors ce matin, la fillonade étant terminée (d’ailleurs je tiens à rappeler à Mariani que je ne regrette pas mes 2 euros car ils m'ont permis de renvoyer Sarkozy là où il doit être, et que un mec qui s'est satisfait d'un escroc pendant de années n'a pas de remerciements à donner à personne), et donc ce matin, le rêve insensé est encore possible, et l'on peut croire que ce qui a failli être possible aux USA peut l'être en France et éviter les retours rétropédaleux au pétainisme et au réacs doublés de thatchérisme anachronique.

Quant à Cohn Bendit... n'est-il pas animateur de radio ?
C'est vrai ça, Mélenchon ne tutoie pas quand il n'est pas ami.

Mais qui Mélenchon tutoie-t-il ?

Oh, pas Mme le Pen tout de même, même si leur rapport semblent plus cordiaux qu'avec Cohn-Bendit d'après ce document :

https://www.youtube.com/watch?v=j-1KGynppSU .

Non, Mélenchon tutoie plus volontiers Rachida Dati, comme on peut le voir à la fin dudit document :p.

C'est extrêmement satisfaisant intellectuellement. Je suppose que les deux étant des absentéistes majeurs, ça les a rapprochés plus que la politique. Mais tout de même, c'est assez fascinant.
Depuis le (provisoire?) triomphe de Fillon, ya une petite musique dans ma tête: puisque la vraie droite de droite fait un tabac, pourquoi ne pas essayer la vraie gauche de gauche? Ptètben que les gens en ont marre des succédanés et des faux semblants, qu'ils veulent des légumes et des fruits nature et de saison, des jardins qu'on jardine avec ses pieds et ses mains, et pas des plats cuisinés où on sait pas trop ni ce qu'il y a dedans, ni comment ils ont été préparés, ni si c'est bon pour la santé*. Et aussi des politiques dont le oui soit un oui et le non un non.

* Imaginez que, dans mon petit village perché, l'eau a été polluée au glyphosate jusqu'à plus de 5 fois la dose acceptable. Ponctuellement, paraît-il, et ce serait pas dangereux pour la santé, ouais...
Un conseil d’un ami qui vous veut du bien : éviter d’écrire sur Jean-Luc Mélenchon.
Vous l’aimez trop, ça rend votre avis systématique.

Écrivez plutôt sur les gens que vous n’aimez pas, surtout quand vous pensez « contre vous-même », c’est intellectuellement beaucoup plus stimulant pour le lecteur.

Certes, une pensée singulière n’est pas forcément pertinente mais si on connait déjà le contenu de l'article avant de le lire (écolo pro-Mélenchon), quel est l’intérêt ?
Mélenchon au second tour de la primaire de gauche ou de l'élection présidentielle? Pourquoi Daniel vous n'approfondissez pas sur le soutien de Cohn Bendit à Macron ? Cohn Bendit qui se permet de rabaisser le caquet et donner des leçons quand lui-même soutient un Macron dans la "même position" que Mélenchon. C'est à ne plus rien y comprendre. Merci quand même pour les infos.
Ha mais laisser de coté la "primaire a gauche" c'est le minimum sindic pour quelqu'un se revendiquant de gauche a l'heure actuelle. Quand le PS a prouver qu'il est de droite bha avoir une attitude visant a la mort de ce que la doxa appelles encore la gauche c'est se battre contre la droite. Donc non ce n'est suicidaire dans aucun cas de refuser leur primaire, car l'accepter c'est déjà se droitiser et une victoire par la droite n'est pas une victoire pour quelqu'un de gauche. Je suis même pas spécialement pro Mélanchon mais sur ce coup je ne peut que lui donner raison.
Ne peut-on tout aussi bien dire :

Par ailleurs, j'en ai toujours voulu à Mélenchon de se mêler de tout et n'importe quoi et surtout de nos affaires. Qu'il abandonne cette conviction qu'on a besoin de lui pour penser.
Oh merci d'avoir évité de nous parler du "super-évènement d'hier Daniel...Les congratulations-méga-satisfaction( sauf le masque de Juppé) AHHHH!!!! tous ces" français" qui veulent Fillon à tout prix (les jeunes de mon entourage disent Fion...oui, je sais c'est facile).
Par ailleurs, j'en ai toujours voulu à Cohn-Bendit de se mêler de tout et n'importe quoi et surtout de nos affaires. Qu'il abandonne cette conviction qu'on a besoin de lui pour penser.
Daniel Cohn-Bendit a beaucoup varié dans ses engagements mais, passant par d'intermédiaires métamorphoses de son libertarisme étudiant à son macronisme présent, il n'en a pas moins conservé cet inimitable style médiatiquement célébré auquel on le reconnaît. Ainsi que Jean-Luc Mélenchon vient tout récemment (mais sans doute pas le dernier) d'en faire les frais. Style tout de familiarité et de grossièreté dont le premier à en avoir été honoré fut le 8 janvier 1968 le ministre de la Jeunesse et des Sports François Misoffe. Lequel ministre y perdit la face et l'étudiant y conquit sa célébrité. Et à ce type de succès "Dany" comme on aime à l'appeler doit sa politico-médiatique longévité.

La raison en est le caractère de classe de ce style aussi faussement populaire que socialement élitaire. La preuve en est ce tutoiement sévissant désormais publiquement parmi les membres de la droite les plus élevés. Les gens d'en bas qui, eux, n'ont que cela pour se faire respecter, tiennent au contraire aux formes de communication plus distantes. Et, pour qui venant de milieu moins favorisé et ne l'a pas oublié, s'intègre dans un type général de présentation de soi : Camus n'a-t-il pas déclaré, à l'adresse de Sartre: "Je suis (né, aurait-il dû préciser) trop pauvre pour être mal habillé". Juste retour des choses, Sartre a dû essuyer en 68 la hautaine insolence de DCB pour conserver et renouveler son audience auprès de la jeunesse "révoltée". Stratégie par conséquent et non simplicité de comportement que cette fausse familiarité et grossièreté affichée. Stratégie de la mieux élevée des bourgeoisies à laquelle elle confie, comme on le méconnaît, le soin de son hégémonie.
Petite précision : le tutoiement n'est pas en soi un manque de respect, mais bien une marque de familiarité/intimité. De même, le vouvoiement n'est pas signe de respect (on peut tout à fait injurier à la 2e personne du pluriel, comme on le voit couramment sur le forum), mais une marque de distanciation. Cet exemple entre Mélenchon est Cohn-Bendit en est un bel exemple.
Voilà.
Moi, DCB, je l'ai connu il y a pas loin d'un demi-siècle, vu que je l'ai vu pour la première fois, justement, quand il tutoyait les 'grands' de l'époque.
J'explique, rapidos: on était dans le lit, avec mes vieux, le père ouvrier imprimeur, la mère employée aux CCP, pas la misère mais pas l'opulence non plus, à regarder la téloche qu'ils venaient d'acheter, les vieux, avec la petite frangine, aussi dans le pieux, vu que c'était le seul endroit où on pouvait voir la nouvelle télé tous ensemble (deux pièces-cuisine, à quatre, ça limite un peu le perso-zoning, faut reconnaître). Y avait, je me souviens bien, DCB, Geismar et Sauvageot. C'était juste pour dire que le Père, coco comme pas possible, issue d'une fratrie de 9, jubilait à voir les interlocuteurs, ministre et télémen, malmenés par DCB.
Quelques jours avant, il m'avait emmené, à 15 ans, à la grande manif du 13 mai. Je l'avais laissé avec ses potes cocos, pour rejoindre les miens, plutôt anars de Voltaire (je me souviens Teitler, qui m'avait passé un casque de chantier dont, vers minuit, Bd Diderot, un CRS m'avait détruit l'armature - Teitler, si tu me lis...).
Bref, l'un dans l'autre, Germain, DCB, il nous apparaissait bien vengeur et bien révo. Même le paternel en oubliait ses convictions pour devenir quasi anarcho.
Après, bon, on connaît l'histoire, la grande enculade, y compris par les cocos, justement, et la suite.
Mais voyez-vous, il y a peu, mon père est gentiment clamsé, à 87 ans, avec un pied en moins mais toute sa tête, pas très pleine, bien sûr (imprimer les bouquins ça vous fait pas forcément les lire), mais pas trop naze non plus , et juste il venait de lire dans Le Parisien que je lui apportai à l'hosto, que Le Pen pétait le score aux départementales. Et alors il m'a dit, "Putain, tu te souviens, avec l'autre, là, Cohn Bendit, on y croyait quand même, non? Merde s'il s'était présenté..."
Voilà.
Ça veut pas dire grand chose, bien sûr.
Mais je peux pas m’empêcher de penser que Mélenchon, sur ce coup, il aurait dû fermer sa petite bouche de grand merdeux de la politique. Ne serait-ce que parce que DCB, il a le droit de le tutoyer. Au moins au nom du Père. Le mien.
Enfin, moi je pense. Mais je peux me tromper.
Vous parlez du DCB de 68, qui nous a bien fait rigoler. Son impertinence était joyeuse et iconoclaste, dans une époque où il était interdit de marcher sur les pelouses, où les résidences de filles étaient fermées aux garçons, et les jeunes ouvriers refoulés aux portes des restaurants universitaires (on avait imposé leur présence en refusant de montrer "nos papiers").

Le DCB de 2017 a commencé à dériver il y a de nombreuses années, et votre père n'en voudrait peut être plus. Il me fait désormais penser à ce vieux directeur du CROU qui disait, avec une amicale condescendance aux jeunes fougueux que nous étions "moi aussi, à votre âge, j'étais anarchiste". Ben voilà, DCB a suivi ce chemin là. Bon vent.
" Nous nous sommes battus pour ne pas devenir ce que nous sommes devenus "
en réponse à Sebastien Lemar:

Quant à moi, j'ai perdu père et mère le 23 septembre 44, et j'ai été élevé, par "il nonno" et "la nonna", mais non sans plus que l'aide des trois frères de mon père: staliniens, comment dire de la plus pure et plus violente, mais j'allais dire aussi de la plus juste espèce. Aucune chance d'admirer les trois dont vous vous flattez de la visite en mai. Ma révolte, moi, je l'ai personnellement payée: trois exclusions de lycées, je passe sur le pire avant, entre et après. L'agrégation de philosophie, puis l'assistanat en université ne ne m'ont pas fait changer un iota à mon attitude à l'égard de l'appareil idéologique d'État pour lequel j'ai dû travailler pour pouvoir "manger" ( Être signifie manger, seul un Italien du Sud pouvait écrire cela: Giambattista Vico). C'est vous dire qu'en mai, j'avais, ce que je pense être quelque avance sur le mouvement auquel j'ai participé: fortement, mais avec la plus sceptique des pensées: ces gamins de la bourgeoisie qui se mêlent des affaires de ceux qu'ils ne connaissent pas, pis: qu'ils ne peuvent connaître...

Je ne m'attarde pas sur DCB rentrant, après une journée de révolution, à son domicile dont une bonne espagnole avait pris soin... Sa visite, leur visite chez vous des trois leaders du mouvement s'associe dans mon esprit à Giscard d'Estaing plus tard s'invitant "chez les gens". Et votre père, imprimeur, soit faisant partie de "l'aristocratie ouvrière" (ne vous méprenez pas: je n'arrive pas quant à moi à trouver que cela soit à stigmatiser: tout au contraire, j'ai une conception aristocratique de la classe ouvrière), votre père donc a dû se sentir flatté de recevoir chez lui la trinité contestataire que vous évoquez. Et vous-même, encore pubère, comment auriez-vous pu n'être pas impressionné. Mais pour ma part je ressens encore l'humiliation de mon grand père cordonnier tutoyé sans retour par un de ses clients. Ce sont là des choses dont on ne se remet pas.

Tout cela dit pour vous permettre de mesurer ce qui ne peut que continuer à nous différencier, vous expliquer pourquoi je ne suis pas du tout Charlie, ni d'ailleurs Tintin, pour ne pas ajouter Spirou. Mes "illustrés" à moi étaient à votre âge en 68 d'une bien piètre qualité en comparaison de ces derniers: Pécos bill, Brik le rouge, même pas Pif le chien. Sans doute le quotidien communiste La Marseillaise, et certains hebdomadaires dont je ne me souviens plus très bien, L'avant-garde, La vie ouvrière, relevaient le niveau, mais pas précisément celui de notre humour. J'ai gardé intact mon attachement à ce monde, pour moi aussi admirable que violent: souffrant. Dans une des lettres qu' Althusser - qui vécut un temps à Marseille - m'adressa: "un abîme" m'écrivit-il, sépare le quartier où il avait habité, et celui où j'avais été élevé... Althusser dont, pour finir, je ne saurais trop vous conseiller de lire Les vaches noires que les PUF viennent de publier: "elles" nous permettraient, les pages 271-309 en particulier, sinon d'accorder nos différences, du moins de les porter au niveau d'analyse qu'il faudrait...
En mai 68, Cohn-Bendit, Geismar et Sauvageot se sont aussi invités chez mes parents...
Voilà.
Tout est dit.
DCB est un etsinutroppo il retourne sa veste, mais toujours du mauvais côté. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il abuse du capital sympathie qu'il vous inspire et je lui en veux encore plus d'être ce pantin.
Les "pesanteurs sociologiques " et l'avenir durent longtemps ...
[quote=Germain Rital]ces gamins de la bourgeoisie

Vous confondez, comme souvent, les "vedettes" parisiennes de mai 68 avec l'ensemble du mouvement. Je ne reconnais pas dans Cohn Bendit, Geismar et Sauvageot ceux que j'ai côtoyé dans ma résidence universitaire de province, filles de paysans, d'ouvriers chômeurs pour cause de syndicalisme, boursières qui "mangeaient au rab" faute de pouvoir se payer un ticket de RU, qui bossaient au détriment de leurs cours simplement pour survivre. Et ceux avec qui j'ai gardé le contact ne sont pas devenus des notables satisfaits.

C'est terrible, cette légende qui s'attache à nous, suite aux dénigrement de la classe dirigeante, et, malheureusement, des sommités syndicales. Il est peut être temps de dépoussiérer cette propagande.
Y'en a, des dépoussiérages à faire !

Un coup d'balai, peut-être ? :-)
Merci pour cette (très) belle réponse.
Vous avez raison pour le père: des mecs qui venaient lui dire, à la maison, dans la petite lucarne (comme ils disaient), que les riches c'étaient des gros dégueus et qu'il fallait tout foutre en l'air, ça lui faisait forcément du plaisir, et le flattait dans son petit ego prolo.
Pour le reste, Pecos Bill et Brick le rouge, ça me cause pas trop. Moi c'était plutôt Bleck Le Roc et Tex Tone, mais bon on a les Tintin qu'on peut. Mais déjà, en 68, Gotlib avait pris la relève. Et comme en plus j'avais deux ans d'avance au bahut (sans le faire exprès, j'le jure), j'étais aussi sur Hara-Kiri et Lautréamont (la faute à un prof Degôche).
Mais, tout ça c'est du passé, et comme dirait Ferré, "Monsieur mon Passé, laissez-moi passer".
Alors pour en revenir à DCB, moi j'ai trouvé que son côté petit con qui tutoie, c'était plutôt rafraîchissant, et que l'autre naze de Mélenchon, il se la pétait grave, genre on n'a pas gardé les cochons de miltants ensemble.
Si vous voyez ce que je veux dire.
Mais bon.
Bin oui mais le petit con qui tutoie, c'est la façade, le marquage 68ard, la partie émergée de l'iceberg. Derrière il y a tant de mannœuvres, de coups par derrière, tant de manigances pour que perdure le système européo-atlantiste dont il est un chien de garde zélé, que Mélenchon ne peut pas le laisser dérouler ses procédés bien huilés, il fallait couper court à ce faux entre-soi pervers.

Vous vous êtes fait avoir, il me semble.
Althusser. Bon, on va pas créer un loooong hors-sujet sur ce fil, mais ça m'aurait intéressé d'en discuter (avec mes moyens, je ne suis pas du tout un universitaire, vous l'aurez deviné).

Par exemple avoir votre avis sur ce papier de Denis COLLIN "Du mauvais usage de Spinoza et Marx - Réflexions sur un livre de Frédéric Lordon" où il dit "Lordon qui ne jure que par Althusser et renvoie ad patres tout ce qui est « pré-althussérien » (cf. p. 101), bannit le concept d’aliénation au nom d’un spinoziste expurgé par une opération qui ressemble un peu à celle pratiquée par Althusser sur l’oeuvre de Marx. Que Lordon oublie également la cinquième partie de l’éthique, l’amour intellectuel de Dieu et la béatitude, me semble également révélateur de cette utilisation vraiment douteuse de Spinoza, de cette fabrication d’un spinozisme « matérialiste » qui viendrait remplacer le vieux matérialisme dialectique hors service."

Bon, je dis "on va pas lancer le HS", et je le fais quand-même. Pour peu que Faab et Strumpf s'y mettent, j'ai soudain une lourde responsabilité ! ;-)
+1

C'est mort pour le hs? :p ou il a lieu ailleurs? Ca m'interesse.
Les lâches, ils ont eu peur d'avoir à partager la louuurde responsabilité du hors-sujet ! ;-)

Mais puisque je vous dis que c'est de ma faute, vous pouvez y aller !
Ah, ça non plus ça marche pas.
Bon, ben y'a pas moyen.
Quand même, juste un truc pour préciser mon intention :
Les gens comme moi doivent leur "connaissance" de Spinoza à Althusser, et à Lordon.
Cette idée que l'un comme l'autre ne retiennent de Spinoza que ce qui les arrange, ça m'interpelle, voici pourquoi :
Il y a un précédent avec Rousseau. Quand je lis qu'un Bertrand Russell ou un Klemperer considèrent Rousseau comme une racine du nazisme, je me dis qu'il y a quelque chose qui embarrasse les "progressistes", et qui mérite d'être exploré, parce que si on ne veut pas que l'histoire bégaie, il faut la comprendre.

Tiens, on pourrait ajouter Newton pour faire un trio.
La notion du divin, du créateur, du chef d'orchestre, bref de Dieu, c'est quelque chose qui a été exploré par ces trois là.
Or, la [s]théologie[/s] philosophie matérialiste comme la science moderne ne veut pas en entendre parler, c'est chiant, ça rentre pas dans les cases, laissons ce truc aux réacs.

Bon, je précise qu'en plus d'être limite inculte, je suis plutôt du genre mécréant.
J'ai violemment rejeté le catholicisme de mes parents, mais dans le même temps je ne m'interdis pas d'apprendre à redécouvrir le lien avec le cosmos, la conscience universelle, et tous ces trucs bizarres dont notre culture nous a coupés, le catholicisme en tête.

Voilà où j'en suis dans mes réflexions, vous avez le droit de me dire que j'ai rien compris ou de la jouer condescendant (mais faites gaffe quand même, je sais me défendre ! ;-)), mais brisez ce silence, bordel de Dieu ! :-D
Ne te mets pas en colère, camarade.
Je ne suis pas en capacité de té répondre.

En revanche, avant de percer la gelée matinale et d'aller voir..., j'ai entrepris ma cure de graines d'ortie.
On verra.
C'était pas de la colère :-)

Moi je continue d'en manger, quasi quotidiennement, comme assaisonnement. Ne compte pas sur moi pour le retour d'expérience, je suis tellement bousicraqué de partout que je ne sais ce qui m'est bénéfique ou non.
Tiens, je vais marcher pieds nus sur la gelée, ça va me revitaliser.
Retour d'expérience : la gelée, c'est froid !
Trois quatre pas ça suffit, je suis rentré bien vite dans ma caravane.
[quote=Al1]Les gens comme moi doivent leur "connaissance" de Spinoza à Althusser, et à Lordon.

Décidément, vous imposez votre hors-sujet, vérifiant que, toujours, la violence de l'appétit précède la conscience du désir. Spinoza distingue en effet le désir de l'appétit, non sans l'articuler avec lui, le désir n'étant pas cette irrationnelle poussée que l'on voudrait opposer à la loi de la pensée. Le désir est l'appétit ayant conscience de soi: ce qui change tout à celui-ci. S'il m'était permis, je vous conseillerais de ne pas vous laisser intimider: de lire Spinoza lui-même et de mesurer à votre propre lecture ce qu'en retiennent Althusser et Lordon. Pour ma part, je distingue fortement le premier du second. J'ai fait, sur ce site précisément, il y a quelques années, la critique de Lordon: sa formation philosophique m'est apparue, concernant Marx et Spinoza* précisément, fort insuffisante: de seconde main et essentiellement utilitaire, acquise pour satisfaire à des besoins polémiques, sinon même pire: militants (fût-ce sur un mode dénié). Aussi ai-je été récemment étonné qu'il se soit institutionnellement déplacé de l'économie vers la philosophie. "La philosophie, aussi ça s'apprend" rappela Bergson en son temps - ça s'apprend, et non économiquement.

Althusser est d'une tout autre qualité. Vous pourriez vous en aviser récapitulativement par la lecture de ses vaches noires** tout récemment publiées. Sans doute faudrait-il pour cela débourser quelque argent et passer quelque temps pour mesurer qu'il ne s'agit pas de temps perdu. Ce n'est pas sans avoir hésité que je vous y invite car vous n'avez peut-être pas pour commencer la somme d'argent à consacrer. Mais songeant à ma jeunesse fort désargentée durant laquelle toutefois j'ai toujours néanmoins réussi à trouver de quoi payer les livres nécessaires, j'ose vous inciter à vous priver d'autre chose pour faire l'achat de celui-là. Une "cause" se mesure à ce qu'elle nous coûte, et non à ce qu'elle nous rapporte.


*J'y pointais notamment sa négligence du plus spinoziste de Spinoza qui n'est pas le more geometrico, cette "mathématique" défense contre les demi-habiles de son temps, mais la mystique: her-éthique mystique inspiration de la seconde partie du cinquième livre de l'Éthique.

** Titre citation partielle de Hegel "la nuit où toutes les vaches sont noires". Il arrive que l'on préfère dire: "où tous les chats sont gris".
"Décidément, vous imposez votre hors-sujet, vérifiant que, toujours, la violence de l'appétit précède la conscience du désir. "

Ca c'est une entrée en matière ! :-)
Mais que serait la conscience du désir sans la violence de l'appétit ?
Remarquez, on peut aimer manger sans jamais avoir eu faim.

Bon, sinon, je retiens que Lordon n'a pas tout compris au message de Althusser, et que pour me faire une idée il faut que je me plonge dans la lecture.
Réponse frappée au coin du bon sens (j'aurais finalement su faire tout seul), quoiqu'un poil frustrante, mais la frustration n'est elle pas le chemin suivant vers la conscience du désir ?

Pour vous dire d'où je viens, enfant je planquais mes bouquins comme mes jouets à l'arrivée du père. Il ne fallait pas être surpris "à ne rien faire".
J'ai un rapport à la lecture un peu compliqué, je ne finis jamais les bouquins trop difficiles. J'arrête en cours de route, et pour reprendre je suis obligé de repartir du début.
Alors je papillonne, je survole, je butine, et l'internet pour ça est un puissant outil, qui sans doute n'aide pas à faire des efforts.

Mais lézefforts c'est le lot quotidien du prolo.

Pour l'achat de bouquins, ce n'est effectivement pas insurmontable, mais mon logement actuel (caravane) ne me permet pas de me constituer la moindre bibliothèque. Ca n'aide pas non plus.

Putain, c'est Zola ! :-) Je cherche un peu des excuses, là. Faut dire…
Vous vérifiez que le premier mouvement est le bon. C'est pourquoi il est si difficile de s'y tenir. Aussi est-ce celui-là seul de vous que je veux retenir: oubliant le suivant.
Chéper, le keum !
Al1, c'est pas grave de croiser plus cultivé que soi ! Surtout quand on est, comme toi, surdoué !
En fait je vous emmerde, vous et votre pouvoir de sachant.
Et je n'ai qu'un regret, c'est d'avoir été assez con pour, une fois de plus, me mettre en position d'infériorité. Servitude volontaire.
Ce que tu as lu m'importe finalement peu. Ce que tu es, jamais tu ne seras capable de l'étaler, de te foutre à poil, comme je le fais. Hors de la romance de ta vie, de ton petit story-telling, qui tu es ?
Vos petites haines vont finir par vous donner des ulcères...
Pourtant, il a raison. Notre "méritocratie" scolaire a fait d'un certain type de savoir un instrument de hiérarchie, alors qu'au fond, il n'y a guère de différence entre le langage hermétique des beaux esprits pouvant cacher leur arnaque intellectuelle sous des tonnes de référence de celui des garagistes.
Référence culturelle : les Inconnus - les langages hermétiques.
[quote=Faab]il n'y a guère de différence entre le langage hermétique des beaux esprits pouvant cacher leur arnaque intellectuelle sous des tonnes de référence de celui des garagistes.

Voilà qui aurait particulièrement agréé à Mallarmé, au poujadisme latent près. Lequel insulte les garagistes plus encore que ceux qu'en "demi-habile" (Pascal) vous suggérez d'assimiler à des "arnaqueurs intellectuels" parce qu'ils se sont donné le mal d'étudier et éprouvent le devoir d'y inciter ceux qui l'auraient négligé (en milieu ouvrier, il existe des gens qui, contre vents et marées, l'âge adulte venu, s'efforcent de s'en corriger et surtout d'en prévenir les effets sur leurs enfants: ne pas confondre prolétariat et lumpenprolétariat, lequel n'est "quelquefois" qu'une lumpenbourgeoisie). J'ai, pour ma part, suffisamment enduré le poujadisme populaire (milieu d'éducation quasi entièrement illettré, et ne parlant guère ou pas du tout français): le poujadisme stalinien précisément, pour savoir à quelles extrêmités (les crimes de Staline en ont été largement conditionnés) il peut conduire. C'est pourquoi je suis étonné de ce votre commentaire, si opposé à ce que, jusqu'ici, je pensai de vous. Je crains maintenant que vous n'illustriez ce que, sur le forum de l'émission Chomsky, j'ai évoqué sous le nom - cornélien avant d'être nietzschéen - de ressentiment.

Et pour être à peu près complet, j'ajouterai que ce qui fit haïr ou mépriser intellectuellement les juifs est précisément l'hermétisme (l'art de couper les cheveux en quatre dans le sens de la longueur) de leur "pilpoul", de leur Talmud, sans oublier la Kabbale. La déplorable beaufitude de Molière dans Les femmes savantes et Les précieuses ridicules: Molière, autrement dit, devançant Sarkozy se moquant des Madame de Lafayette et Madame de Sévigné, est enfin la plus navrante manifestation de ce poujadisme auquel vous donnez raison, attestant ainsi qu'on peut "déraisonner avec la raison", comme Michelet, traduisant Vico, en a donné la formule.
Fallait jeter un oeil à la référence culturelle le sketch des Inconnus qui montre qu'un brillant normalien élève de Derrida et Althusser, apte à citer Pascal, Nietzsche et Botul, se retrouvera fort dépourvu face à la technicité d'un garagiste qui saura dans son domaine se faire tout aussi cuistre que lui (autre référence culturelle).

Tiens, un peu de Nietzsche pour la route (in "Ecce homo - Comment on devient ce qu'on est", 1888) :
"Je ne suis pas un homme, je suis de la dynamite. Et, avec cela, il n'y a en moi rien d'un fondateur de religion. Les religions sont des affaires de la populace. J'ai besoin de me laver les mains après avoir été en contact avec des hommes religieux...
Je ne veux pas de "croyants", je crois que je suis trop méchant pour croire moi-même en moi. Je ne parle jamais aux masses... J'ai une peur épouvantable qu'on ne veuille un jour me canoniser. On devinera pourquoi je publie d'abord ce livre : il doit éviter qu'on se serve de moi pour faire du scandale...
Je ne veux pas être pris pour un saint, il me plairait davantage d'être pris pour un pantin... Peut-être suis-je un pantin... Et malgré cela, ou plutôt non, pas malgré cela, - car jusqu'à présent il n'y a rien de plus menteur qu'un saint -, malgré cela, la vérité parle par ma bouche.
Mais la vérité est terrible, car jusqu'à présent c'est le mensonge qui a été appelé vérité.
"

Méfions-nous de qui se veut Maitre face à des disciples, gourou face des ouailles, plutôt que pédagogue, qui préfère des gens qui croient plutôt que des gens qui pensent.

Le ressentiment, on le voit de nos jours parmi ceux qui vont s'attacher à n'importe qui sur le web prétendant dispenser un "contre-savoir", ressentiment envers l'école, les médias, les "sachants", sentiment qu'on leur ment ou a menti, que l'idole du savoir des Maitres sonne creux.

C'est un truc à passer de Charybde en Scylla, échanger un maitre pour un autre, mais bon, c'est au moins le signe qu'on se remet à penser, peut-être le début d'une modification de l'approche du savoir, moins le voir comme un stock à acquérir, une vérité à recevoir, quelqu'un à croire, qu'un aliment pour se construire une intelligence des choses, travailler sa propre manière de penser et dire vrai. Mais la vérité est terrible... et le premier mensonge se fait à soi-même.

Au demeurant, si l'Université donne des doctorats à Elizabeth Teissier ou aux Bogdanov, c'est qu'on y sait que l'important est moins dans cette "canonisation" que dans le travail, un peu celui qu'on a produit avant le titre, mais surtout ce qu'on en fera après. C'est surtout la recherche qui compte, la pensée vivante, et même si ça évolue un peu, qu'on parle de formation tout au long de la vie parce que le capitalisme a besoin de "mobilité", on continue à faire du savoir un "bagage", de la pensée valise d'où sortir l'accessoire demandé, quelque chose d'externe à la construction de soi. Tête bien faite plutôt que bien pleine, c'est vieux, mais ça marche mal avec le savoir marchandise, avec le capital culturel conçu pour la vente de formation, voie d'accès au capital financier.
[quote=Faab][quote=Faab]la technicité d'un garagiste qui saura dans son domaine se faire tout aussi cuistre que lui

Si le terme de cuistre convenait, il faudrait dire que le garagiste l'est autrement plus que le normalien. Me refusant de jeter un oeil sur ce sketch auquel vous renvoyez (les "inconnus" et autres amuseurs* n'ont aucunement ma faveur: il faut, à l'espèce, opposer fin de non-recevoir), je n'en suis que plus à l'aise pour abonder dans le sens rectifié que vous donnez à votre précédent commentaire. La vraie barbarie du savoir est en effet la technicité: toujours fausse en ceci qu'elle est incapable par elle-même de se justifier. Je me souviens d'en avoir souvent fait état devant les classes de Terminales (S, ES, L, ou techniques) en prenant comme exemple l'expression "couler une bielle" qui ne se comprend que synecdotiquement; autre exemple, non "pédagogique", celui-là: moins machinique, mais plus révélateur de la violence inhérente aux corps de métier: le terme de "dalle" qui pour un plombier signifie gouttière: il m'aura fallu deux ou trois ans pour m'en aviser, "mon" plombier, extrêmement compétent et doué intellectuellement (mais particulièrement "résistant" à tout ce qui, de près ou de loin, prétend régenter son métier) n'ayant jamais cru bon de me le préciser. Nos rapports sont pourtant excellents, empreints de mon côté de cette humilité que mes oncles ouvriers, mobilisant leurs souvenirs de mon père, m'ont inculquée avec la force que je vous laisse imaginer. De sorte que je ne me risque jamais devant les (successeurs des) "travailleurs manuels" à la moindre, ne serait-ce qu'allusion intellectuelle. C'est la raison par contre de la référence non précisée que je vous ai opposé (vous saurez bien la retrouver) à Mallarmé manifestant ce que j'appellerai le complexe d'infériorité des intellectuels à l'égard des manuels. Complexe staliniennement exploité avec le demi-siècle succès que l'on sait.

Je ne suis pas sûr à cet égard d'être capable encore de relever la tête comme il le faudrait. Car il s'agirait de démontrer que tout travail, fût-ce le plus apparemment mécanique, est travail de la pensée: d'une pensée nullement technique, le fût-elle sous l''espèce mathématique (opposer à cet égard Stella Baruk à Badiou) mais, osons le dire, poétique. Le long séjour final d'Hölderlin dans la tour du merveilleusement bon menuisier Zimmer à Tübingen est à cet égard prometteur d'un enseignement encore insoupçonné.


*Parmi lesquels je ne range évidemment pas Desproges...
Le terme de "dalle" n'a rien d'exclusif à la plomberie. Et ce n'est pas du patois non plus puisqu'il est employé dans différentes régions de France.
" l'intellect pur n'a jamais rien produit d'intelligent, ni la raison pure de raisonnable " ( Holderlin )
Je vous fais un résumé du sketch des Inconnus qui serait intéressant pour de l'usage en éducation populaire sur le thème barbarie du savoir et technicité : on y voit une série de gens au langage très technique s'adressant à un Monsieur Gentil autour de questions d'argent, Monsieur Gentil en meurt (c'est sous-entendu) avec au final des dames expliquant de manière très technique à sa veuve comment toucher la pension de veuvage.
Capitalisme, technicité, vie, mort et au-delà.

Des gens y sentent une vérité, celle de leur vie, sous la vidéo il y a par exemple les commentaires "on a tous deja ete mr gentil une fois?", "la dure realite de la vie vue d' un autre oeuil", "Tellement vrai! tellement MA-GNI-FI-QUE!!!!?".

Tiens, ça me fait penser, début d'un cours de Deleuze, quelqu'un dont le succès populaire a pu aussi tenir à son aptitude à être léger :
"Vous n’aimez pas parler publiquement ? Alors, épatant ! (rires de la salle) Vous savez, je crois personne, sauf quelques fous, aiment parler publiquement (rires de la salle). Vous êtes normale. Alors, parler publiquement, ça ne peut se justifier que par des raisons professionnelles sérieuses liées au régime du salariat, sinon, euh..."

En voilà une bonne question : dans quelles circonstances trouve-t-on normal que quelqu'un parle publiquement ? N'est-on pas pris pour un fou (ou un prophète) si on fait ça spontanément dans la rue sans même une petite coupe pour une piécette ?

Dans les médias, il doit y avoir les "bons clients", les amuseurs, (Cohn-Bendit en animateur politique professionnel ?), et puis les éditocrates, les experts, payés pour faire la leçon, comme les professeurs devant une classe.

Faudrait enlever les salaires pour voir qui pense avoir quelque chose de suffisamment important à dire pour le faire, comme ça, gratuitement ou pour la gloire.
[quote=Faab]Tiens, ça me fait penser, début d'un cours de Deleuze, quelqu'un dont le succès populaire a pu aussi tenir à son aptitude à être léger :

Succès non point populaire, mais, tout au contraire: minoritaire par son caractère à la fois ultra et para-universitaire. Et aptitude à la légèreté qu'on ne saurait lui attribuer à la légère.
Votre précise référence, universitaire remarquez-le, deleuzienne me conduit plutôt à indiquer que la question, est celle de la relation entre le public et, non pas le privé, mais à ce qui, ni public ni privé est tout humblement divin: la pensée. Je ne développe pas - et pour cause - me limitant à préciser que le judaïsme essénien, le christianisme franciscain, et le communisme tolstoïen en sont (les) trois historiques scansions. Merci de m'avoir permis de les évoquer.

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Personnellement je le soupçonne d'écrire comme ça car il roleplay Achille Talon.
Entre deux plongées en apnée dans un post de Germain Rital, relaxez avec une dizaine de directs au foie signés Strumf.
[quote=jeanbat]vous écrivez comme ça[quote=Antoine C]écrire comme ça

Je serais extrêmement flatté d'écrire ainsi, mais je crains de ne pas mériter le compliment. Car voici comment je comprends le trait d'esprit de l'expression: Avoir réussi, réussir même habituellement à satisfaire à l'éthique de la psychanalyse telle que Freud en a formulé le devoir et Lacan la manière de le faire.

Freud: Là où ça était doit je advenir. Comme on sait, Freud "emprunta" la notion de ça à Groddeck, ce qui lui permit de distinguer le pulsionnel substantiel (le ça) de l'inconscient qui s'étend jusqu'au "moi" et, surtout, au "surmoi". De sorte qu'il faut distinguer le je de son éthique, des formations du moi (le narcissisme, en particulier). D'où le terme de sujet dont Lacan a modifié la signification: ce ne serait plus ce "moi-je" de la présomption (qui, jusqu'à donner la nausée, affiche désormais son obscénité, y compris "présidentiellement"); ce serait, tout au contraire, ce qui en déjoue l'ubuesque prétention en assumant son caractère inconscient.

Le je, le sujet en question est ainsi, non le soumis de l'inconscient, mais celui qui non seulement en révèle, sans s'y laisser prendre, les tours et les détours, mais plus encore le génie de création par l'opération de sublimation dont les oeuvres d'art sont les plus apparentes manifestations. Mais il faudrait étendre l'analyse à tous les autres apports de ce que nous appelons civilisation. Ce à quoi, mieux que Freud, Lacan permet de procéder. Car Freud a, malgré lui, dû négliger, semblant même la donner à sous-estimer, cette opération de sublimation qui doit s'opérer dès avant l'entrée au monde du nouveau-né. Les ravages sado-masochistes et le ridicule narcissisme résultant de cette négligence devraient faire l'objet d'un début d'inventaire. Ce qui suppose d'avoir de ce que vous désignez comme ça une aussi humble que théologique appréhension, comme j'ai osé, combien craintivement, l'avancer sous le terme de pensée dans le commentaire que vous avez, tous deux, si élogieusement défini.

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[quote=jeanbat]je me demande

C'est précisément dans cette auto-demande que résidait l'éloge qui m'a tellement surpris, et va continuer de m'inspirer. il démontre, en l'occurrence, que l'improvisation peut produire son meilleur effet à l'insu de celui qui voudrait, et croit avoir affirmé le contraire de ce qu'il a dit. Pour "moi" qui suis tout à fait nul, et ce n'est sans doute pas encore assez avouer, en ce qu'on appelle "musique", cela constitue un autre apport de votre commentaire. Un autre, soit à la réflexion, l'essentiel apport de votre commentaire. Merci donc de la révélation du pouvoir d'invention conféré à autrui par votre pratique (auto-)critique de l'improvisation.
@jeanbat

Il y a dans l'art du langage, de l'écrit, du discours ...des différences.
Prônant en permanence la différence, nous ne pouvons la refuser à tel ou tel.

Chacun dans son style d'écriture qui se façonne puis qui s'accorde, avec le temps, avec sa façon de penser et le vérifiant sur moi, sa façon d'être, développe une musique, une mélodie..

Par exemple, mettre les adjectifs avant le nom donne à une phrase une musicalité différente et oblige le lecteur à faire effort. Celui-ci ralentit sa lecture et lui donne la possibilité de rentrer, plus à coeur, dans sa compréhension. Et j'irai jusqu'à dire lui donne du plaisir.

En poésie, lire du Francis Ponge demande effort, travail donc participation du lecteur à l'élaboration même de son plaisir. Il est sujet-acteur.
Schoenberg de musique de même...

Bonne journée.


Soyons respectueux des chemins de pensées qui empruntent la tortueuse sinusoïdale de nos affects. Nous sommes dans nos écritures.

Je ne parle pas de l'orthographe, grammaire, conjugaison, patois, idiomes...

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J'entends bien. C'est pour cela qu'il y a besoin d'effort pour accéder à la compréhension de ce langage.
Les conférences gesticulées d'un Franck Lepage sont des modèles du genre.

Rentrer dans le langage dit des "politique", le démonter, le déstructurer et s'en amuser en le singeant est un vrai plaisir jubilatoire.

Voir et revoir les "incultures" de Franck Lepage.

https://youtu.be/9MCU7ALAq0Q?t=6607
GP Marcel, vos légumes vous rendent intelligent. Le gag génial de Germain Rital est qu'il se déguise en ne se déguisant pas.
Allez, la tentation est trop forte...

Une remarque : la base concrète, ce sont des gens qui lisent des textes et en comprennent ce qu'ils peuvent ou veulent, c'est-à-dire sont portés à y voir ceci ou cela selon leur propre cadre de pensée.
Quand x ou y renvoie le nazisme à Rousseau, c'est la correspondance qu'ils font entre des structures conceptuelles par différence avec d'autres options (et quand on renvoie au nazisme, c'est qu'on veut dire que son option à soi est mieux...).
De mémoire, l'idée de Rousseau était proche de la Suisse : communauté bucolique, démocratie de proximité, un corps social soudé. On voit mal le rapport au nazisme sauf si, par exemple, on met cette idée en contraste avec des principes de cosmopolitisme et de lien par un Droit universel, indépendant des proximités communautaires.

Donc, le truc, c'est de regarder qui prend quoi pour en faire quoi dans une pensée, de voir quelles étaient les autres options et se demander où peuvent mener les unes et les autres.

Lordon ne fait qu'un usage partiel de Spinoza pour ses problématiques à lui, essentiellement socio-politiques, et pour un spinoziste "intégral" (j'en suis...), il y a forcément un manque et un doute, on se demande un peu ce qu'il va faire dire à Spinoza qui n'est plus là pour dire "euh... non".
Ca peut devenir gênant si on prend pour une explication de fond ce qui n'en est pas une : il ne fait pas une monographie sur la pensée de Spinoza, il s'en sert pour ses recherches. Après, c'est sûr que si on le lit comme discours d'autorité sur Spinoza, ça peut être un souci.

Ensuite, Dieu, morale, nature, culture... aïe, ouille...

Schéma "nature/surnature" biblique : la nature est chaos, amorale, rapport de force, il faut du surnaturel pour définir un ordre juste, une morale, l'ordre naturel comme ordre divin donc moral, et tout ça bien expliqué dans le bouquin tombé du ciel (homosexualité ? Abomination ! Péché contre Dieu et la nature !).

Au XVIIe-XVIIIe, ce qu'on appelle "sciences" était "philosophie naturelle", "lumière naturelle" : on se met à expliquer les choses en se passant de surnaturel.
Et là, c'est le drame : que fait-on de la morale ? Serions-nous donc de simple enchaînements mécaniques de cause-effet dans des rapports de force ?
La solution "progressiste" de base, c'est de passer à nature/culture, on fait un domaine de délibération considérée comme libre pour la définition de lois humaines, d'une société par débat d'opinion.

Schéma "nature/culture" : la nature est le matériel (corps), rapport de force, la culture (esprit) définit une morale transcendant les rapports matériels, une loi humaine pour faire société.

Version avec Kant : il n'y a pas de preuve "scientifique" d'un Dieu mais il faut croire à un Dieu pour une raison pratique, comme fondement métaphysique de la liberté vs cause-effet, du choix moral, de la possibilité du jugement, de Loi. Solution de repli qui convient à certains croyants, ils ne se mêlent pas de sciences, ils n'interviennent que dans le débat culturel en affirmant leur foi, leur opinion sur l'ordre juste inspiré par leurs textes de référence.

Mais du coup, tout ce qui penche vers la nature devient suspect puisque dans ce cadre celle-ci est renvoyée à l'amoralité, à la loi du plus fort.
Ca ne gêne pas les nazis, ils n'aiment pas la culture, n'aiment pas le débat, la force leur va très bien.

Et il y a une autre option : tout est naturel mais la nature n'est pas amorale, n'est pas le chaos, il y a de l'altruisme naturel et des mécanismes psycho-sociologiques produisant des états guerre mais aussi de paix sociale, une manière de vivre ensemble.
Ca, c'est en gros la manière spinozienne d'aborder la question, comment faire un "écosystème" humain équilibré, où chacun est dans l'état civil en accord avec sa nature, une éthique comme art de concilier les manières d'être, sans jugement moral, simplement en comprenant comment on peut s'arranger sans se nuire, dans nos différences et nos proximités.

Il serait trop compliqué d'expliquer ici comment ça gère la question de la liberté sans réel libre-arbitre, comment un déterminisme n'est pas un fatalisme, mais on voit pourquoi ça peut intéresser les sciences sociales et politiques : comment se fait-il que nous adhérions à un système qui nous demande de nous battre comme des chiens pour un compte en banque, dissout l'état civil dans la concurrence des marchés etc., quels mécanismes du désir, de l'affect, fait qu'on en soit là ?

Ca n'est qu'une approche de la pensée de Spinoza, ça ne parle pas réellement des fondements (rapport corps/esprit, causalité etc.), de la manière dont on peut se construire une sagesse, obtenir la "béatitude" par la conscience de soi, des choses et de "Dieu" (= la nature des choses), mais ça suffit déjà à réorienter la pensée vers un cadre qui n'est plus vraiment dans la morale du jugement, la menace et la promesse, la Loi tombée du ciel, une pensée de moins en moins exotique chez nous (pour les taoistes, Spinoza ne doit pas être trop compliqué à saisir).
Et depuis votre Dany a soutenu les interventions militaires au Yougoslavie en Afghanistan en Libye puis toutes les saloperies qui ont suivi (contre-épuration ethnique etc...) sans broncher.
Et à coups sur si vous aviez connu des gens qui avaient vécu là bas lors des bombardements aériens vous auriez pu faire un truc encore bien plus lyrique que votre post.

Sans difficultés vous n'auriez pu alors ''vous empêchez de penser'' que DCB ''sur ce coup, il aurait dû fermer sa petite bouche de grand merdeux de la politique'' plutôt que de soutenir le ciblage par des bombes à uranium appauvri de sites civils et autres bombardements humanitaires.

Se prendre un missile sur sa maison c'est autre chose que de se prendre un pavé. Mais peut-être que ça coupe aussi toute envie de lyrisme et de faire des belles phrases du genre ''j'y étais''.

Renseignez vous.
"Stratégie par conséquent".
Vous avez certainement aussi remarqué la déclinaison professorale à double tonalité de son "Jean-Luc.., Jean-Luc" .
J'ai pensé à Onfray voulant conseiller Poutou chez Ruquier (le bon vieux temps quoi...)
Tiens, j'y ai pensé aussi !
Il faudra un jour qu'on mesure la part de responsabilité des Cohn Bendit and Co dans l'évaporation du vote ouvrier du PC vers le FN
Dès mars 1968 Pasolini voyait venir la catastrophe, à la manière de Cassandre,.
Ils n’ont jamais voulu écouter la moindre critique, ni les avertissements prophétiques

Que c’est triste. La polémique contre le PC il fallait la faire dans les années 50.
Vous êtes en retard les enfants
Et cela n’a aucune importance
De nos jours les journalistes du monde entier vous lèchent le cul.
Ils vous lèchent le cul , pas moi les amis

Vous avez des airs de fils à papa
Bon sang ne saurait mentir
Vous avez le même œil méchant…


Cf. La bataille de Villa Giulia de Mars 1968
2017 se jouera sur la question de l'Euro.

Donc, 2nd tour Melenchon-MLP.
"Dans le monde normal, l'attitude de Mélenchon et de Macron, donc, serait suicidaire pour, disons "les gauches"."

Vous vous trompez d'épithète, Daniel. "Dans le monde familier" (comme vous le dites pus haut), "dans le monde quotidien" (ou plus juste encore : "dans le quotidien Le Monde" :-)), oui. Mais pas dans "le monde normal". Le monde normal est celui dans lequel les élections servent à élire des personnes qui ne sont pas élues d'avance, pas plébiscitées par le panurgisme médiatique, dont les idées ne sont pas matraquées quotidiennement sur les antennes (je suppose que tout le monde ici a lu le dernier décoiffant Lordon - "on pourrait demander à notre décodeur combien de fois par an il entend citer L’Humanité, Politis ou Le Monde Diplomatique dans la revue de presse de France Inter, ou ailleurs, combien de fois il voit leurs représentants à la télé ou dans les radios.").

Ce n'est pas vers l'anormalité, que nous désespérons d'aller. C'est la révoltante anormalité du fonctionnement actuel que nous désespérons de quitter.
Cohn-Bendit "se prend pour quelqu'un qu'il n'est pas."
Il a cru pouvoir remettre le petit "Jean-luc" dans le rang. Bien joué pour M. Melenchon !!
DS est vraiment pénible quand il fait l'idiot "socratique", le faux naïf qui doute de tout, donc celui qui réfléchit vraiment.

Ce n'est pas parce que les machines sondagières et médiacratiques se sont lourdement plantées en croyant fabriquer l'air du temps et les candidats qui "vont bien" que du jour au lendemain nous serions plongés dans une caverne obscure où rien ne peut plus être dit ni avancé raisonnablement.

On n'a pas besoin des lumières de T Legrand ou de P Nora pour savoir qu'aujourd'hui le FN est le premier parti de France du point de vue de l'électorat, et que la droite "réac-républicaine" a en effet un "boulevard" face à n'importe quel candidat de "gauche" (y compris Mélenchon), pour éjecter cette "gauche" au premier tour en 2017, tellement ce quinquennat a entrainé TOUTE la gauche - y compris la "vraie" qui ne s'est pas compromise - dans le fossé.

Un face à face Fillon-Le Pen, s'il n'est évidemment pas certain, est non seulement possible mais extrêmement probable: il n'est donc nullement question pour les gens de gauche (la "vraie", c'est pénible d'avoir à le rappeler, tellement ce mot est galvaudé), de savoir comment se hisser au second tour - et encore moins comment gagner - mais comment reconstruire un vaste mouvement sur le champ de ruines laissé par le PS qui pourrait bien connaître le sort du PASOK grec.

Les gens de la gauche (la vraie) n'en ont donc absolument rien à faire d'arriver "atomisés" à des élections présidentielles dans un régime à bout de souffle, puisque c'est Hollande et ses valets qui ont "atomisé" la gauche: il faut donc la refaire sans eux, et on sait très bien que ce sera pas ce coup-là, que ça prendra du temps et qu'on va encore se manger de la droite pour cinq ans, mais les gens de gauche ne croient pas aux nuances entre la droite "dure" Fillon et la droite "complexée" Hollande/Valls.

Les gens de la "vraie" gauche savent aussi que de nombreux travailleurs se tournent aujourd'hui vers le FN, et dépit des efforts personnels de Mélenchon pour renverser ce fait politique: de ce point de vue, en France, la "vraie" gauche est en échec, et les gens de la vraie gauche n'excluent pas que la France doive passer par son "moment" fasciste pour sortir de ce merdier, tellement le discours ambiant recycle les thèmes réactionnaires d'identité, de sécurité etc..

Cette lucidité n'empêche pas la combativité, mais ce qui est sûr, c'est qu'on va vraiment pas se laisser impressionner par des Cohn Bandit pro Macron: on les emmerde, ce ne sont pas nos amis, mais nos adversaires. On ne veut plus les voir ni les entendre.

Alors pourquoi pas Mélenchon au second tour?
Après le coup de Taubira en ultime recours, "pourquoi pas"?
Et le pape? ma soeur?..

Oui, bien sûr pourquoi pas, mais je n'appelle pas ça des "réflexions", mais simplement la divagation matinale de quelqu'un qui finalement contribue à un climat de confusion ambiant, au prétexte que désormais - comme si c'était neuf - plus rien n'est sûr, et donc on peut se dispenser de penser et d'analyser, en balançant des "pourquoi pas?", comme s'il s'agissait d'une tombola.

Je ne vois franchement pas de grande différence entre ces "réflexions" oiseuses et paresseuses et le commentariat professionnel matinal pondu quotidiennement par le parti de la presse et de l'argent.
J'ai vu la scène et j'ai été immédiatement choqué par la familiarité de Cohn Bendit qui se permet d'apostropher Mr Mélenchon d'un "Jean Luuuqueeeuu, Jean Luuuqueeeuu".

Cela me rappelle les traîtres de SOS Racisme qui apostrophaient les enfants d'immigrés, qu'ils ne connaissaient même pas, en les appelant "ça va mon pote ?".

Bref, tout cela n'est que de la posture hypocrite, de la pure forme mais sur le fond, Cohn Bendit a soutenu les guerres en Irak, en Libye et il a soutenu les programmes ultra-libéraux y compris au sein de l'Europe.

Monsieur Jean-Luc Mélenchon, qui est quasiment interdit de télévision, et qui a sa propre chaine internet, a tout a raison de ne pas se laisser berner par ces hypocrites dont Cohn Bendit.

Continuez Mr Mélenchon et ne vous laissez pas faire.

SEMIR
Ce qui est intéressant, c'est que Cohn-Bendit pose une question à laquelle Mélenchon avait répondu juste avant.
Cohn Bendit casse du sucre, a la limite de l'insulte sans arrêt Mélenchon à chaque passage Radio/TV, normal que Mélenchon ne veuille plus le tutoyer...
Ya des type de droite respectables, CBD n'en fait pas parti.
Ce crachat de Mélenchon à la gueule de Cohn-Bendit, passé de l'anarchisme à soutien de Macron est un signe qui complète le portrait de Mélenchon. Un pro de la politique ayant passé 25 ans au PS, utilisant les mêmes outils et ficelles que ses anciens amis politiques et qui endosse les habits de l'homme providentiel. Excellent orateur que j'ai entendu en 2011 à la Bastille, son arrogance et son agressivité, qui passent pour des qualités pour ses supporters, ne présagent rien de bon. L'invective à la place du vrai dialogue n'aboutit jamais. Je ne pense pas aux débats tiédasses des médias dominants mais aux nouvelles formes d'échanges mises en place par Occupy Wall Street, Podemos qui inspirent aujourd'hui Nuit debout et autres initiatives intéressantes en France. Mélenchon est bien loin de cette démarche qui exige écoute, créativité et respect. Dans cette émission de 2010 d'ASI, Mélenchon trousse mielleusement des compliments des compliments à Attali qui s'en fout et intime à Daniel l'ordre de la fermer plutôt que de poser des questions stupides. Les bonnes question étant celles qu'il faudrait lui poser à l'exception de toutes autres. Pour ses thuriféraires, les agressions de Mélenchon passent pour de la convictions, ses anathèmes pour de la sincérité. Il n'y pas de vérité révélée en politique, pas plus celles de Mélenchon que celles des autres. Les immenses défis sociaux, sociétaux, écologiques, économiques qui nous attendent exigent autre chose que l'arrogance et l'humiliation des adversaires.
Trois vers de "Où c'est qu' j'ai mis mon flingue" (1980) :

C'est pas demain qu'on m'verra marcher
Avec les connards qui vont aux urnes,
Choisir celui qui les fera crever...


Pas demain, non. Renaud aura mis 36 ans à rejoindre les connards de votants.
Il attendait le candidat idéal, et Fillon est enfin arrivé.
Rappelons à ceux qui auraient tendance à l'oublier qu'à chaque fois qu'un candidat fut donné vainqueur six mois à l'avance, il ne passa même pas le premier tour.

De là à prédire l'impossible, il y a un pas que je ne franchirai pas. Mais tout de même, oui, il est amusant de les voir nous refaire un Chirac-Jospin ...
On avait quelque peu l'impression d'assister à l'élection du Président hier soir sur les chaînes de télé, pas seulement aux résultats d'une primaire avec seulement un peu plus de quatre millions d'électeurs, les plus convaincus par une droite très très libérale.
les jeux ne sont peut-être pas faits, il faut l'espérer. Il y en aura peut-être certains pour se souvenir que Fillon est comptable de la politique menée par NS.
Mélenchon est le seul à remettre en question la cinquième république, il est temps. Elle ne fonctionne plus.
Quand à la réaction de Dany dit, il y a si longtemps, le rouge, sa vieillesse n'est plus qu'un interminable naufrage.
La France ne souffre pas encore assez (y a de la marge, même) pour avoir une gauche niveau Siriza ou Podemos. Il faut que les gens n'arrivent plus à payer les traites de leurs maisons pour passer de la case "propriétaire, de droite" à "précaire, de gauche".
66,50 % : Adolphe Deux-Thiers a gagné .
Je plains les pauvres Communards ...
Demande l'avis de ton scooter !
Prochaine étape : Hollande va-t-il trouver le moyen de faire sauter la primaire de gauche ? Primaire de gauche dont personne ne sait comment elle sera organisée, à moins de deux mois de l'échéance.
Sacré D.S. ! Après Taubira, voilà Mélenchon à l'Elysée ! Hollande bashing quand tu nous tiens !
Oui c'est ça, à tâtons.
Hou là, attention, c'est tiède !

Ah, un instant j'ai eu peur pour vous quand vous dites

"Soit dit en passant, on ne voit pas d'ailleurs au nom de quoi Cohn-Bendit, qui soutient Macron (lequel s'est aussi allègrement affranchi de cette primaire de la gauche) somme Mélenchon de s'y soumettre. Mais passons."

Ah, ouf, oui c'est ça, passons !

… ça va, là, t'as pied ?

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