ISF : une revanche du chocolat
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ISF : une revanche du chocolat

Le monde à l'envers. Ce sont les journalistes en chocolat, les cravatés révérencieux du 20 Heures de France 2, qui, au lendemain du Grand Soir, fact-checkent l'interview de Macron par les deux casseurs de codes Plenel et Bourdin. Et il faut bien reconnaître que Macron les a, à plusieurs reprises, mis dans sa poche, comme de vulgaires Pujadas ou Pernaut, et pas seulement à propos des brebis de Notre-Dame-des-Landes.

Retour sur la passe d'armes sur l'impôt sur la fortune. "Nous avions des centaines de milliers d'entrepreneurs qui vendaient leur entreprise et, qui parce qu'on les taxait à l'impôt sur la fortune, alors même qu'ils voulaient ré-investir dans le pays, s'en allaient" a avancé Macron au Palais de Chaillot pour justifier sa réforme, sans que ce chiffre de "centaines de milliers" soit contesté.

Des "centaines de milliers", vraiment ? Le 20 Heures de France 2 a contre-enquêté. Au total,  ces "centaines de milliers"  d'exilés n'ont évidemment jamais existé. Ce sont, selon France 2, citant un rapport de Bercy aux parlementaires, quelque 8114 redevables de l' ISF qui ont préféré s'installer à l'étranger dans les dix dernières années. Contacté par France 2, l'Elysée affirme que Macron voulait parler "de centaines, voire de milliers d'entrepreneurs". Trop ballot, Manu a oublié la virgule. S'y ajoutent d'autres carabistouilles macroniennes, comme l'intégration in extremis du terme "incessible" dans le projet de loi de réforme de la SNCF, après que le groupe LREM a refusé plusieurs amendements de La France Insoumise sur le sujet, ce que les deux casseurs de codes n'ont pas eu le temps de rappeler.

C'est cruel, la télé. Et doublement cruel, le direct. Si le "cassage de codes" a été salutaire, rapprochant enfin la France du style d'interview de dirigeants qui se pratique régulièrement ailleurs, notamment en Grande-Bretagne (voir ici par exemple une interview "ordinaire" de Theresa May à propos du Brexit, par le Bourdin british), reste la seconde étape : joindre l'utile à l'agréable, c'est à dire la pertinence à l'impertinence. 



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