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"Zone interdite" ne comprend pas le rôle des profs TZR

Dans "Zone interdite" sur l'Éducation nationale diffusé le 12 novembre, une séquence a agacé de nombreux professeurs : celle sur le "TZR" qui serait "payé à rien faire". Retour sur ce poste particulier de professeur titulaire, malmené par un reportage qui en propose une définition caricaturale.

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Merci pour cet article, étant moi-même TZR. Pour donner une idée de la réalité de ces situations, c'est la 5e année que je suis sur ce statut, et ça ne m'est arrivé qu'une fois d'être sans affectation le jour de la rentrée, j'ai dû passer à peu près (...)

Supprimer des postes dans l'éducation nationale. Sous payer les profs. Employer plutôt des contractuels, moins payés et corvéables à merci , voilà comment les ministres et les rectorats gèrent l'éducation nationale. C'est vrai qu' avec Attal pur prod(...)

Finalement zone interdite ne fait que réciter les éléments de langage du ministère, qui justifie les économies et les suppressions de poste par les mêmes arguments... 

Un remplaçant non affecté sur une classe n'est pas en vacances, mais est tenu (...)

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Quand sur certaines disciplines tu as une académie (soit 3 ou 4 départements) dans ta zone de remplacement, qu'on te fait bien comprendre que si tu ne prends pas le poste à 250km de chez toi, tu ne pourras certainement jamais avoir un poste fixe... C'est sûr que le statut de TZR est un privilège royal (surtout pour un début de carrière à 1700 balles). Et demandez à ma copine qui est TZR depuis 25 ans si elle est si heureuse que ça...

Bref.

Les profs considérés comme des variables d'ajustement sans aucune considération pour leur vie personnelle, ça ne date pas d'aujourd'hui ! Avant les TZR, il y avait les "mis à disposition du recteur" (années 70/80). Des titulaires débutants dont on se servait comme "bouche-trou", le plus souvent à grande distance de leur lieu de vie d'origine. Ça pouvait durer 2 ans (avec des services sur plusieurs établissements). Puis venait le temps de rejoindre un poste fixe mais là, toujours  pas de place dans leur académie d'origine car l'éducation nationale préférait employer des auxiliaires non titulaires, plus souples qui au bout d'un certain temps de remplacements finissaient par arriver à décrocher une titularisation (s'ils avaient été "bien sages", acceptant tout et n'importe quoi, par exemple , des remplacements pas forcément dans leur matière de formation, comme des cours de français alors qu'on était prof d'anglais titulaire d'une licence). L'ex "mis à disposition" se retrouvait alors dans une académie encore plus éloignée de sa région d'origine, une où personne ne voulait aller (aux confins de la France, départements déshérités sur le plan culturel et social) et attendait de "cumuler" suffisamment de points d'ancienneté pour enfin arriver, au bout de plusieurs années, à rejoindre un coin un peu plus proche de sa famille.

"...tartiner sur ce thème anti-fonctionnaire." Je n'ai pas vu l'émission, mais c'est évidemment le but. Dénoncer une gabegie supposée pour vanter en filigrane les mérites d'un système privé, ou au moins pour conditionner les gens à penser qu'il serait temps de "privatiser tout ça". 

Par ailleurs, les réalisateurs de l'émission ont trouvé un bon client en la personne de cet enseignant, qui semble précéder leurs désirs en acceptant de se mettre en scène devant la mare aux canards et confirmant sans qu'on lui demande le biais souhaité par l'émission : "Je fais des gâteaux, je fais de très bonnes tartes fines aux pommes si vous voulez, dit-il. Et je touche un salaire à la fin du mois. Avec vos impôts, cordialement. Ah oui, c'est horrible, c'est dégueulasse, comme système, on est d'accord." ou plus loin "Et en fait au bout d'un certain temps, vous finissez par vivre avec l'idée que vous n'avez pas d'emploi. [...] On se contente d'attendre et d'espérer que demain, j'aurai une classe."  Je ne voudrais pas l'enfoncer, mais si c'est tout ce qu'il trouve à dire sur ce système, c'est à mon avis qu'il s'est trompé d'orientation. 

Après, naturellement, est-on bien sûr qu'il s'agisse vraiment d'un enseignant...

Il y a de moins en moins de TZR disponibles pour assurer des remplacements courts, car avec le nombre de postes non pourvus, beaucoup des rares TZR qui restent suite aux suppressions de postes sont nommés à l'année sur des postes vacants (ce qui est absurde, par rapport au rôle qu'ils sont sensés jouer).


Du coup, ce sont essentiellement des contractuels qui assurent des remplacements courts, et certains établissements quand ils ont une absence courte demandent à avoir les contractuels avec lesquels ils ont des habitudes, ce qui n'est pas aberrant pour les équipes : ont ré-accueille quelqu'un qui a déjà fait des remplacements, qui connaît le fonctionnement de l'établissement, qui connaît le fonctionnement de l'équipe, etc. C'est aussi pour ça que des fois, des contractuels passent devant des TZR.


Sinon, un petit détail : si un TZR ou un contractuel effectue un remplacement en dehors de son établissement de rattachement, il doit toucher une indemnité (ISSR). L'astuce pour l'administration quand elle recrute un nouveau contractuel, c'est de désigner comme établissement de rattachement l'établissement dans lequel il effectue son remplacement, pour ne pas avoir à payer l'indemnité. Il peuvent moins jouer à ça pour les TZR qui sont des fonctionnaires titulaires (moins de flexibilité pour désigner un établissement de rattachement)


J’ai été salarié sous astreinte. Ça durait le temps d’un week end. Tous les 6 mois. Et encore. Pas des semaines à la suite les unes des autres. 

Quelle honte cette émission 🤬


J’ai enseigné en collège, c’est un métier à la fois passionnant et très difficile, pour un salaire franchement modeste (on démarre à bac + 5 et j’ai des amies instits’ avec un doctorat).


Je suis sidéré par l’incompétence ambiante, le goût de la provoc’, la paresse intellectuelle, les concours de bites ad nauseam, les hymnes au fric facile, la connerie institutionnalisée…


Y a comme un bruit de bottes, non ?


Désolé, votre papier m’a écœuré (mais merci de l’avoir écrit 🙏)

Il y a une orientation anti service public et pro-entreprise chez M6 depuis bien longtemps.

Ils creusent beaucoup moins quand il s'agit d'annonceurs de la chaîne où ça se transforme  en publi-reportages.

Les sondages disent que les Français ne font plus confiance aux médias pour les informer. Mais quand les sondages leur demandent leur opinion sur différents sujets, la majorité des Français a tendance à resservir les discours des médias dominants. C'est plutôt contradictoire. Le discours anti-fonctionnaires en est un bon exemple. J'ai souvent discuté avec des gens qui disaient pis que pendre des "fonctionnaires", mais se plaignaient de ne pas pouvoir se faire soigner dans un délai raisonnable à l'hôpital, que leurs enfants soient dans une classe de 50, etc. Et clairement, ils ne voyaient pas la contradiction entre les deux discours. Il y a quelque chose de la "double-pensée" orwellienne là-dedans.

"Zone interdite"  comprend très bien que si l'Education Nationale est privatisée, les impots des très riches baisseront encore et encore, ils pourront choisir une scolarité dorée pour leur môme, sans noirs et arabes, sans pauvres et fonctionnaires.
C'est ça qu'is veulent, donc leur télé critiquent tous les jours le Service Public, qu'il soit de l'Education ou pas, d'ailleurs.

Finalement zone interdite ne fait que réciter les éléments de langage du ministère, qui justifie les économies et les suppressions de poste par les mêmes arguments... 

Un remplaçant non affecté sur une classe n'est pas en vacances, mais est tenu d'être joignable et prêt à partir à tout moment. Je ne sais pas comment ça se passe dans le secondaire, mais dans le primaire les remplaçants ont obligation de se trouver dans leur établissement de rattachement si ils ne sont pas affectés sur une classe. Et en général ils ne font pas "rien". Ils assistent leurs collègues en classe, accompagnent des sorties pédagogiques, participent aux projets en cours, donnent un coup de main à la direction (car contrairement au secondaire, dans le primaire les directeurs.trices ont une classe et n'ont qu'un temps partiel de direction), ils sont de précieuses aides lorsqu'il faut gérer la passation des évaluations nationales (désormais à tous les niveaux sauf le CE2)... etc.


Il est parfaitement vrai en revanche que l'éducation nationale assume totalement de mieux traiter les contractuels pour les "fidéliser". Ils passent donc devant les titulaires lors les affectations, et l'administration essaie de leur proposer des postes pas trop loin de leur domicile, et pas trop "fractionnés". Alors que les titulaires prennent ce qu'on leur donne, et sans pouvoir rechigner...


Qu'est-ce qu'un poste fractionné??? C'est ce qu'obtiennent les enseignants qui n'ont pas obtenu de poste au mouvement annuel (le "mouvement" c'est cette roue de la fortune qui commence en avril avec les vœux, nos demandes de postes, et qui fini en juin avec les affectations, ou pas). 

Ce fut mon cas en début de carrière: pas assez de points pour obtenir un poste fixe, une classe à l'année et de manière définitive. Je fus TDEP (Titulaire DEPartemental.e). On vous affecte ce qu'il reste une fois que tout le monde est servi: des classes au bout du monde ou sur des bouts de postes pour composer un temps plein: compléments de service, parfois un peu de remplacement. A la différence du TZR, le TDEP a des classes à l'année mais pas à temps plein. Mon premier poste? Lundi maternelle, mardi CP-CE1, mercredi décharges de direction (je suis en classe pendant qu'un.e collègue d'une école au bout du monde a une peu de temps pour les tâches de direction), jeudi CE2, vendredi remplacements. L'année suivante: lundi petite section, mardi CM1-CM2, mercredi remplacements, jeudi CP, vendredi CE1-CM2... Et ainsi de suite chaque année. Les rares fois où je n'étais pas sollicitée pour un remplacement, j'étais dans mon école de rattachement à préparer les cours pour le reste de la semaine.


Le ministère a sérieusement accéléré le recrutement de contractuels ces dernières années. Mais sur le terrain, les difficultés de remplacement sont criantes. Les inspections nous disent souvent être en "négatif" (il n'y a plus de remplaçants disponibles, et des absences ne sont pas compensées...). Ma question: ils sont ces contractuels qui devaient permettre d'assurer que chaque classe ait un enseignant???? 

Ce qu'on constate sur le terrain, c'est que les contractuels sont jetés dans la fosse sans préparation et sans accompagnement. L'administration leur fait miroiter qu'ils sont atteint le graal, et la réalité est brutale. Beaucoup sont épuisés, en souffrance et extrêmement déçus de la réalité du terrain. Ce qui finit souvent avec une démission. 

Si les contractuels, pourtant affectés "mieux" que les titulaires", finissent dans cet état qui quittent le navire, c'est dire dans quelles conditions nous exerçons ce métier...


Merci pour cet article, étant moi-même TZR. Pour donner une idée de la réalité de ces situations, c'est la 5e année que je suis sur ce statut, et ça ne m'est arrivé qu'une fois d'être sans affectation le jour de la rentrée, j'ai dû passer à peu près un mois en attente (et en effet, ça ressemble plutôt à une astreinte, vous devez être disponible en permanence au cas où le coup de fil vous annonçant votre mission - que vous n'avez pas le choix d'accepter ou non - tomberait).
Donc c'est rare et ça n'a rien de vacances.

La situation "normale" d'un TZR c'est un remplacement à l'année qui tombe quelques jours avant la rentrée (si on a de la chance on le sait début juillet mais c'est rare), souvent sur deux établissements différents car vous allez cumuler deux bouts de service correspondant au reliquat d'heures dans les établissements une fois que les équipes en place ont constitué leurs services. Et vous pouvez vous payer un service infernal si jamais vos collègues ne jouent pas collectif ou bien s'ils le font mais que la hiérarchie modifie la répartition prévue pour faire sa cuisine. Par ailleurs en effet les rectorats sont sur une politique de "fidélisation" des collègues contractuels, qui n'y sont d'ailleurs pour rien, d'autant que nous on est fonctionnaires et donc on est obligé d'aller là où on nous le demande, alors qu'un contractuel peut démissionner si on lui propose un truc qui ne le satisfait pas (et d'ailleurs en étant fonctionnaire la démission et encore moins la rupture conventionnelle ne sont des droits, on peut les demander mais le rectorat peut les refuser, y compris la démission, pour raisons de service - rappelons à nos amis du privé que si on a de petits avantages dans la fonction publique, et je ne parle pas de nos salaires rabougris, c'est aussi parce qu'on a des obligations que n'ont pas les autres...).

Perso, je n’ai pas dépassé l’intro de ce reportage. Je me suis arrêtée à la phrase qui commençait par rappeler que le budget de l’EN est le plus important et « pourtant » les établissements sont délabrés.

Ce qui n’a absolument aucun sens.

Alors je me suis dit que si tout était sur le même modèle, autant arrêter là.

Supprimer des postes dans l'éducation nationale. Sous payer les profs. Employer plutôt des contractuels, moins payés et corvéables à merci , voilà comment les ministres et les rectorats gèrent l'éducation nationale. C'est vrai qu' avec Attal pur produit de l'enseignement privé hupé nous avons un expert.

Ensuite taper sur les services publics que l'on a sciemment désorganisés , puis vanter le privé 

les médias de milliardaires aiment ça. 

Merci pour ce travail de vérification efficace et clair !


Une précision néanmoins : les professeurs ne sont pas soumis à un devoir de réserve particulier. Ils sont soumis aux mêmes règles que les autres fonctionnaires en la matière, et leur sévérité dépend notamment 

de la place occupée dans la hiérarchie.


Un prof a donc une liberté d'expression personnelle assez grande (plus qu'un proviseur ou un recteur par exemple).


Et en l'occurrence, "Aurélien" ne dit rien qui puisse lui être reproché.


Cela dit, on peut tout à fait comprendre qu'il ait préféré être anonymisé, vis-à-vis de sa hiérarchie, de ses élèves, de leurs parents... ou même pour des raisons plus personnelles d'ailleurs.

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