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Commentaires

Trois bandes obliques ? Un film de femmes arabes !

À la demande de plusieurs aimables @sinautes, voici quelques rapprochements d'affiches de films récemment parus ou à paraître. On verra par là que les vertus du papier carbone sont infinies, que le mieux est l'ennemi du bien, et que la vie est un éternel recommencement.

Derniers commentaires

L'affiche de "La Dormeuse Duval" est une citation de l'Ophélie de Millais parceque le film est un dévloppement du thème de L'Ophélisation développé par Gaston Bachelard. Bachelard décrit le complexe d'Ophélie à partir de la lecture de Bruge-la-Morte, de Rodenbach. Les personnaes vont plaquer leur subjectivité sur la mort d'une citée jadis brillante.
Le film, la Dormeuse Duval, met en scène la ville de Nouzonville (j'habite à 10 km de Nouzon, je connais Manuel Sanchez, on se déteste cordialement). La ville est l'un des personnages de l'intrigue. Et effectivement, c'est une ville qui d'un certain point de vue, fut glorieuse (on y a par exemple produit les fusils des insurgents de la Révolution Amerlocaine) et qui est en train de mourire de sa désindustrialisation. Et donc le film développe les interactions entre des ouvriers, des intellectuels et la ville agonisante où ils vivent, travaillent, aiment, haïssent.

L'affiche du film n'est pas un repompage destiné à rassurer le spectateur avec une image familière. C'est un message gothique aux Ardennais pour leur dire "vous êtes déja mort, vous le savez... ou pas ".

Allez voire ce film. Rien que parceque des films qui parlent d'industrie, d'ouvriers et de ma vallée, y en a pas tant que ça.
"Les affiches de cinéma fonctionnent sur le même principe que les réclames de lessives : elles recyclent et recyclent éternellement de vieilles images pour des programmes le plus souvent vus et revus. Parce qu'il ne faut surtout pas effrayer le client avec de la nouveauté, non, il faut au contraire le rassurer, lui dire que tel film est exactement comme tel autre, seuls les noms des personnages changent."

C'est donc ça. Et pas du tout parce que les créateurs d'affiches sont des gros fainéants dénués d'idées originales. Au contraire : ce sont de fins psychologues, qui joignent l'utile (rassurer le gogo) à l'agréable (ne pas trop se fouler). A l'image donc des créateurs des films en question. Et des spectateurs qui font la queue pour aller voir toujours le même film.
On voit par là que "dans ce monde qui bouge" et "auquel il faut sans cesse s'adapter" sous peine "d'accumuler des retards irrattrapables", pour reprendre des formules qu'on nous serine à tout propos, l'humain a besoin (aussi) de doudous familiers.
Vaste sujet, quoi.
Les bandes obliques font cinéma.
Les bandes empilées à l'horizontale Internet. On a envie de les faire disparaître en les balayant du doigt (swipe).

En tous les cas, merci à Me Korkos qui développe sur ce site un catalogue thématique qui nous aide à repérer les films en fonction des affiches.

Et si on se faisait un petit bandes obliques ce soir ?
L'affiche de "De plus belle" n'est pas très originale avec quand même un point significatif par rapport aux autres à laquelle vous la comparez : les mains ne sont pas celles d'une femme autour d'un homme mais celles de la femme elle-même autour de son corps.

Extrait de cet interview de la réalisatrice d'une histoire qui conte "le cheminement d’une femme qui apprend à s’aimer et s’accepter telle qu’elle est" :

"« Ne vous inquiétez pas, ça va aller ! ». Je voulais dire ça aux aux femmes en général qui sont soumises à des diktats que l’on ne comprend pas : forcément il faut être belle, il faut être compétitive, il faut tout réussir… Je voulais leur dire de ne pas s’inquiéter car on en est toutes là : on ne sait pas faire.
(...)
au départ la romance entre Lucie et Clovis n’était pas le thème central du film, c’était plutôt le parcours de Lucie, l’enjeu amoureux permettait simplement de l’obliger à progresser. Il ne s’agissait pas d’une comédie romantique mais d’un parcours de femme par rapport à l’acceptation de ce qu’elle est, ni plus ni moins. J’avais déjà Florence Foresti, ce qui était déjà un gros challenge pour un premier film, je n’aurai jamais imaginé avoir Mathieu Kassovitz ou Nicole Garcia. Quand Mathieu a accepté le projet, j’ai donc revu la structure de mon scénario pour lui offrir un vrai rôle, plus conséquent.
"

Au moins on évite le truc classique des autres affiches, madame (invisible...) pendue au cou de monsieur.
[quote= www.ouest-france.fr]

[...]

Dans leur décision de relaxe, les magistrats ont estimé que la chronique litigieuse ne contenait «?aucun propos dévalorisant?», et que «?la liberté d’expression, qui se fonde sur le droit de critique?», devait prévaloir.

[...]

L’avocat du Point, Me Renaud Le Gunehec, n’a pas indiqué s’il allait interjeter appel.
La Justice a décidé
et sa décision est celle que nous espérions avec confiance
C'est très bien pour @SI qui avait rempli sa mission
C'est honteux pour Le Point qui a tenté de se défiler de ses véritables intentions tel un voleur qui accuserait une caméra de surveillance de l'avoir filmé au mauvais moment
Notre Temps semble avoir relayé (puis dépublié ?) une dépêche AFP.
Elle apparaît dans leur moteur de recherche autochtone http://www.notretemps.com/recherche?searchword=korkos&searchphrase=all
Mais pour la lire il faut aller la chercher dans le cache Google http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:QDyXlwwUyOkJ:www.notretemps.com/internet/une-du-point-sur-les-arabes-arret,i134129
Ce qui permet de constater que ce qu'a publié Ouest-France sans le préciser c'est quasiment la dépêche AFP... du 7 février (faut commencer la lecture à partir de « deux unes » pour avoir du nouveau ; en fait la partie nouveauté se résume aux deux phrases que j'ai citées ; ça fait immanquablement penser aux chroniques que republie Alain Korkos sans dire qu'il les a déjà publiées ailleurs mettant juste à jour quelques détails).
Qu'entendez-vous par "quelques détails"? Textes enrichis, nouvelles images entièrement recalibrées? Sûrement 5mn de travail tout au plus...
Par exemple « essayez de l'imaginer… » devient « je vous laisse l'imaginer ! »

Dans l'exemple ci-dessus, les principaux changements sont l'apparition d'un chapô et la disparition de la bibliographie (remplacée par un puzzle à 15 €). Alors pourquoi ne pas avoir précisé d'emblée que le texte — certes légèrement remanié, et tant mieux, il en est amélioré — avait déjà été publié ?
Bien. Il reste à comparer le reste. Les principaux changements sont les images.
Non. Pas de grands changements non plus au niveau des images.

Au départ, c'est Mona qui a mis le doigt sur le problème, se demandant si Alain Korkos n'avait pas plagié un article de blogue hébergé par Le Monde qui avait cité sans le sourcer (si ce n'est un « [on peut] retrouver ces mots sur de nombreux sites ») un morceau de celui d'Alain Korkos. Mona ne se serait pas posé la question si Alain Korkos avait indiqué que son texte n'était pas tout neuf.

Un autre problème se pose avec l'article questionné par Mona. Il traite de Kubin (et de Topor), qui n'est pas mort depuis assez longtemps pour qu'on puisse reproduire librement ses dessins. Du coup, si au niveau des illustrations l'article d'Alain Korkos était mis en conformité avec le droit d'auteur, il ressemblerait peut-être à cet article de Laurent Gervereau (dont le dictionnaire Topor vient d'être réédité cette semaine chez Gallimard) qu'Alain Korkos a récemment indiqué en lien (voir par là).

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À part faire chier Alain Korkos, tenter de le dénigrer aux yeux des lecteurs de ce forum, je ne comprends pas ce que vous cherchez. Vous défendez quoi et qui par vos dire? Alain Korkos aurait-il dû payer des droits à d'aucuns, à lui-même?
Qu'il reprenne ici des articles de lui, disparus du net (mais archivé par les archives nationales ouf) on s'en réjouit tous. Sauf vous?
Ceux qui ne l'avaient pas lu avant, car ça leur donne l'occasion de lire des choses intéressantes qu'ils n'avaient pas connu, et ceux qui les avaient lu avant, car ils étaient marris de ne plus les trouver.

Quand à Topor laissez ses descendants juger de l'opportunité de se plaindre de la citation. Ils préfèreraient l'oubli poli et respectueux à la citation pertinente qui éveille la curiosité? Certainement pas.
Encore une fois : tant mieux si Alain Korkos republie un article qu'il a déjà publié et le sort ainsi de l'oubli, mais pourquoi ne pas l'avoir indiquer d'emblée ?

Et quand il publie des dessins de Kubin (ou de Topor) sans en demander l'autorisation : tant mieux aussi, mais on se demande ce qui retient les autres médias de le faire (en dehors des sujets d'actualité et de ce qu'autorisent les dossiers de presse).

Un troisième problème, beaucoup plus fréquent, c'est la propension d'Alain Korkos à ne pas sourcer les images qu'il publie, surtout les photos, et à mal les créditer, quand il les crédite (ça ne doit pas être si grave, ça arrive même à Gallimard, qui a oublié de créditer Topor pour la couverture de ce livre). Ce qui ne l'empêche pas d'en faire le reproche à d'autres. Par exemple cette chronique contient une photo non sourcée et non créditée (« © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski ») qu'il aurait pu remplacer sans même en demander l'autorisation par son équivalent Wikimédia disponible en licence CC-BY-SA (et dans ce cas ce n'est pas le symbole « © » qu'il faut employer ; un « CC-BY-SA Wikimédia » avec un lien vers la source peut faire l'affaire).
Il manque peut-être un poste de secrétaire de rédaction à @si, c'est toujours pénible ces histoires de sourçage pour les rédacteurs et on voit régulièrement que des relectures ne feraient pas de mal.
Arrêt sur images avec ses 27 000 abonnés payants0 n’est pas loin du best-seller1. Mais quand un de ses abonnés suggère à Alain Korkos de publier ses chroniques dans un livre en papier, que répond-il ? Que pour ça il faudrait rechercher après les ayants droit et qu’il n’a pas le temps. Autrement dit, sur internet on s’en fout des ayants droit, mais pour un livre en papier on ne trouverait pas d’éditeur acceptant de publier ces chroniques. Ce qui n’empêche pas Arrêt sur images de batailler pour obtenir le même taux de TVA que les journaux papier ou de reprocher à ses confrères de tarder à payer pour les photos qu’ils publient3.

Alain Korkos prend généralement le prétexte d’un sujet d’acualité. Par exemple une photo de Macron et Hamon. Et puis paf, dans l’article, huit images de peintures de Thomas Hart Benton (1889-1975) et Denys Wortman (1887-1958) sans rapport avec le sujet de départ ni avec une autre actualité. Et sans contacter les ayants droit.

(Et pour en revenir à l’exemple de Topor, dans le dossier de presse de l’exposition « Le monde selon Topor », qui débute aujourd’hui, on lit ceci :
« Iconographie disponible dans le cadre de la promotion de l’exposition de la BnF uniquement et pendant la durée de celle-ci.
Les œuvres de cette sélection iconographique sont protégées par le droit d’auteur. Les œuvres de l’Adagp (www.adagp.fr) peuvent être publiées aux conditions suivantes :
— exonération des deux premières œuvres illustrant un article consacré à l’exposition de la BnF en rapport direct avec celle-ci et d’un format maximum d’1/4 de page ;
— au-delà de ce nombre ou de ce format les reproductions seront soumises à des droits de reproduction/représentation ;
— toute reproduction en couverture ou à la une devra faire l’objet d’une demande d’autorisation auprès du Service Presse de l’Adagp. »)


0. Libération, « Aude Lancelin rejoint Arrêt sur images », 9 mars 2017.
1. « Thierry Pfister, directeur éditorial des éditions Albin Michel, avait déclaré dans un entretien qu’il a accordé à l’une de mes étudiantes2, que le best-seller est un livre qui se vend au moins à 30000 exemplaires » — Benoit Berthou, Le « best-seller » : la fabrique du succès, conférence donnée aux « Ateliers du livre » de la Bibliothèque Nationale de France le 16 mai 2006.
2. Voir le mémoire de Master de Bérangère Davout d’Auerstaedt, Le phénomène des best-seller dans l’édition : quel impact sur l’auteur, son oeuvre et l’éditeur ?, université Paris X-Nanterre, Pôle des Métiers du livre et de la culture, 2005.
3. Et de prétendre, comme Manuel Vicuña, se montrer « vigilant et cohérent sur la question du respect du droit d’auteur »... tout en ne payant aucun droits d’auteur.
Il me semble que A. Korkos est plutôt old school dans la défense des moyens de subsistance des artistes et, de mon expérience, c'est plutôt à l'éditeur de s'occuper de tout l'administratif pour la gestion des droits. Je ne sais pas ce que fait @si par rapport à ça mais si ça sort en bouquin, celui qui publie doit faire le boulot et ce n'est plus comme du droit de citation pour un article de commentaire des oeuvres.
Quoique, j'ai un doute, faudrait vérifier, j'ai le vague souvenir qu'il y a des bisbilles sur le droit de citation multimédia mais je ne sais plus si ça ne concerne que la vidéo ou aussi les images.

De toute manière, de mon côté, je ne trouverais pas justifié de payer des droits quand on entend faire oeuvre éducative. Même si il y a du revenu autour, ce n'est pas l'image pour elle-même qui en est source mais le commentaire autour. Aux USA, ils appellent ça le "fair use".

P.S. : honnêtement, on a l'impression que vous avez un grief personnel envers lui...
P.S. : honnêtement, on a l'impression que vous avez un grief personnel envers lui...

Vous croyez ?
L’exception de courte citation ne s’applique qu’aux textes. Pour les images, il y a depuis 2006 une exception pour les sujets d’actualité (article L.122-5 9° du code de la propriété intellectuelle). L’Adagp précise dans son barème qu’en conséquence, pour la presse numérique : « les œuvres peuvent être reproduites sans demande d’autorisation préalable auprès de l’Adagp dès lors qu’elles illustrent une actualité relative à l’œuvre ou à son auteur dans la limite de deux reproductions (dont la longueur et la largeur cumulées ne doivent pas dépasser pour chacune 800 pixels) et pendant la durée de l’événement » (auparavant, il y a par exemple eu cette affaire avec France 2 condamnée pour un reportage de deux minutes montrant douze toiles du peintre Maurice Utrillo).

En matière pédagogique (ça ne concerne pas Arrêt sur images), les avancées sont timides (cf. scinfolex.com/tag/exception-pedagogique). « Pour les arts visuels (arts graphiques, plastiques, photographiques, architecturaux, etc.), vous pouvez utiliser la forme intégrale et la diffuser dans la classe ou sur l’ENT ou l’intranet, mais vous devez vous limiter à 20 œuvres par travail pédagogique ou de recherche, et avec une résolution qui ne doit pas dépasser 400 x 400 pixels et 72 dpi » (« Faire jouer l’exception pédagogique », eduscol.education.fr).

À la fin de la conférence « Échos, citations et plagiat dans le cinéma hindi », qui s’est tenue début février au Forum des images, Calimaq a fait remarquer à la conférencière qu’elle avait montré des extraits de films au cours de sa conférence mais qu’elle n’en avait pas le droit, l’exception pédagogique ne pouvant s’appliquer car le public n’était pas composé majoritairement d’étudiants, d’élèves ou de chercheurs... (on peut écouter un résumé par Calimaq de la conférence dans l’émission Freezone n° 27, @09:06, ainsi que le récit de l’anecdote de son trollage, @12:57).
"Benoit Berthou"

Bon, c'est clair, vous le faites exprès.

Merdre.

Non. Pas de grands changements non plus au niveau des images.

Ben si.
On vous laisse chercher en quoi...

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur

En février 2005, j'ai écrit à un commentateur qui m'attaquait pour la énième fois sur un forum qu'il n'était qu'un pauvre garçon incapable de produire quoi que ce soit de ses dix doigts hormis des commentaires aigres, rances.

On doit pouvoir trouver des traces de ces propos dans les profondeurs du ouèbe que vous fréquentez assidûment. Propos que je n'ai pas encore resservis, de peur d'être accusé d'auto-plagiat. Vous admirerez l'abnégation, j'espère.
Non seulement je dois changer de "goggles" (lunettes) mais aussi être plus attentif à la personnalité de certains commentateurs. Décidément, rien ne va plus, et hélas les jeux ne sont pas faits loin de là
Oui, Alain Korkos est un garçon charmant, tant qu'on lui fait des compliments.
à Coin-Coin
J'ai le plus grand respect pour Maître Alain Korkos et pour son travail. Pour parler business, il apporte une valeur ajoutée considérable.
Pour parler humain, il m'ouvre les yeux sur des détails que j'avais à peine remarqués, d'autres qui m'étaient inconnus, le tout avec beaucoup d'expertise. Et comme je suis sensible à l'art visuel, j'attends ses chroniques avec impatience et sa retraite annoncée ajoute à mille autres déceptions.
J'ai été très heureux de la nouvelle indiquée par votre premier commentaire et je vous en ai remerciée. Par contre j'ai été très étonné par votre réponse de 11h16 à mon commentaire que j'ai découvert en même temps que celle de Me Korkos de 18h27. Vous avez évidemment un différent avec l'auteur de cette rubrique mais je vous en prie n'utilisez pas les commentaires des autres pour ce faire, les règles tacites d'un tel forum vous obligent à ne pas le faire.
En tous les cas vous avez semé le doute en mon esprit et ce n'est que par la chronique de Daniel Schneidermann que j'ai vraiment compris que ce jugement de Justice était vraiment advenu à mon plus grand soulagement.
Je ne vois pas par quel raisonnement vous êtes arrivé à mettre en doute la nouvelle annoncée par Ouest-France puis par Alain Korkos.

Et sinon, en creusant un peu plus du côté de Ouest-France, l'article qu'ils ont publié semble en fait reprendre directement une dépêche de l'AFP (avec Google on voit que Nordnet a aussi temporairement relayé la dépêche ; et Nordnet ne semble faire que reprendre des dépêches AFP). Mais Ouest-France n'indique pas qu'il s'agit d'une dépêche AFP (ça fait immanquablement penser à Morandini chroniqué par Klaire : « sur les 100 articles examinés, 52 étaient des copiés-collés de dépêches AFP [...] aucun n’est mentionné comme tel sur la page [...] les lecteurs de JMM sont dotés d’une intelligence supérieure qui les fait deviner la source à la lecture »).
Merci Coin-coin de cette bonne nouvelle pour @SI et nous tous
Je suis arrivé aux bureaux du Chat noir et j’ai été si écrasé parle le luxe asiatique des salons, que, roulant mon chapeau entre mes doigts, je me suis tenu deux heures dans un couloir sillonné par mille employés affairés, vêtus des uniformes les plus polymorphes et polychromes.
On m’a poussé dans une salle d’attente. Les draperies, les divans, les parfums qui brûlaient dans les coins, redoublaient ma timidité.
Pourtant, vaincu par la fatigue et l’émotion, n’osant me laisser choir dans les moelleuses ottomanes qui encombrent les salons de la Rédaction, j’avisai un petit tabouret canné à trois pieds et je m’y assis, m’en jugeant à peine digne.
Immédiatement un vertige inconnu m’a saisi : M. Grévy m’est apparu sous les traits de Jupiter, coureur de nymphes ; Salis tenait la lyre en Apollon et, souriant d’un air mystérieux, m’a chanté :
Sur ce trépied, le moins habile
Acquiert le flair d’une sibylle.

En effet, les murs semblaient s’éloigner, les plafonds devenaient des dômes de verdure tropicale, les mouches attardées de l’hiver se multipliaient sous forme de colibris gazouilleurs.
L’almanach-bloc (dont on décolle une feuille par jour) s’illuminait d’un éclat électrique et la date s’y lisait, fatale : 1er mars 1986.
— Pourquoi ce 9 à la place du 8 ?
— C’est bien simple, susurra Rodolphe, nous sommes plus vieux de cent ans.
— Mais alors, nous allons mourir ?
— Ne fais pas le malin. Tu sais bien que depuis l’invention du célèbre Américain Tadblagson, nos cervelles ont été exécutées en platine par la galvanoplastie ; que, quand elles seront usées, on nous en reposera un autre exemplaire pareil, puisque les moules en sont conservés et catalogués à l’Hôtel de Ville.
— Et où sommes-nous ?
— Aux bureaux du Chat noir.

En effet, autour d’une immense table d’émeraude, sont assis les rédacteurs. Ils ne sont pas beaux, les rédacteurs ; ils ont des figures de déménageurs ; ils sont tous vêtus de toile grise, avec un numéro d’ordre au collet. Tous ont une sorte de chapeau en forme de citrouille qui s’applique sur leur front par une série de touches, comme dans l’appareil à prendre mesure chez les chapeliers.
Cinq heures sonnent.
Les dix rédacteurs du bout se collent un téléphone à l’oreille gauche et écrivent de leur main droite sur du papier en bandes continues, qu’une machine déroule devant eux. À mesure que la surface se couvre d’écriture, elle est entraînée, à travers une rainure, dans le sous-sol où est l’imprimerie.

Alphonse Allais, en obligeant cicérone, m’expliquait les choses :
— Ce sont les rédacteurs de l’actualité, les téléphones leur révèlent ce qui se passe partout, et ils l’écrivent avec le talent qu’ils puisent dans ces singuliers chapeaux.

« J’allais oublier de vous dire que ces chapeaux contiennent des cervelles métalliques des meilleurs modèles, avec pile et accessoires. Les pointes qui touchent le front servent à envoyer les courants électriques, qui produisent le talent dans la tête la plus obtuse.
« Cette invention, due au célèbre Tadblagson, a transformé l’ordre social en rendant le talent proportionnel à la fortune. C’est ainsi que le plus grand génie de notre époque est le banquier Philipfill, qui a pu se donner le luxe de collectionner les cervelles les plus chères. Entre autres, on raconte qu’il a payé un million et demi la cervelle de Sarah Bernhardt, garantie conforme.
« Il résulte de là qu’on en a fini avec les revendications socialistes du siècle dernier. Maintenant l’axiome est : Pas d’argent, pas de talent. Il y a de très rares exceptions de gens sans le sou qui naissent avec de l’esprit : mais nos tribunaux en font prompte justice en les expropriant de leur cerveau, dont tout modèle revient à l’État.
« Le Chat noir de 1986, qui veut à tout prix intéresser ses lecteurs, a fait les plus grands sacrifices pour enrichir sa collection cérébrale. Ainsi les dix rédacteurs de fond, dont deux écrivent en vers, ont une valeur de plus de cinq millions sur la tête. Celui-là, à gauche, a un cerveau Victor Hugo ; voyez-le du reste. Cinq heures dix... il a écrit déjà deux cents vers, vingt par minute. »

Je me penche avidement pour lire quelques vers ; le papier courait si vite que je n’ai pu lire que ceci :
La roue en grès rugueux entraîne l’eau de l’auge,
Et la lame d’acier chuinte, siffle et se tord
Il faut que l’acier cède au silex qui le mord,
Il faut que l’éclair brille en ce contact suprême
Comme l’éclair des yeux de l’amante à qui l’aime.

« Oh ! ceci sera probablement coupé à la correction. La cervelle du porteur influe, et quelquefois un peu trop, sur le travail. Celui-ci est émouleur et il a mis des choses de son métier.
« Nous prenons, comme vous voyez, nos rédacteurs dans les classes les plus modestes ; ils sont plus réguliers, moins chers, et mettent moins de leur propre fond dans le travail.
« Nous groupons parfois, pour avoir des effets inattendus, deux ou trois cerveaux différents. Voyez, par exemple, ce rédacteur qui ploie sous ses deux chapeaux superposés. Il porte outre son cerveau à lui (qui n’a que peu d’effet), celui de Th. de Banville, le poète, combiné avec celui d’un avocat connu de quelques érudits.
« Je vais, avec mes ciseaux, couper ce qu’il vient d’écrire ; — il ne s’en apercevra pas — et vous jugerez de l’effet. »
Voici ce qu’il y avait sur la bande coupée :
Je l’eus par un beau soir (toutes choses égales
D’ailleurs).
Or, ses parents étaient de vulgaires et pâles
Tailleurs.
J’avais le cœur, bien qu’elle eût horreur de l’étude
Féru...
Mais nul, alléguant, dit Cujas, sa turpitude,
N’est cru.
Qui lui fit ce regard, sous ces éclairs de poudre,
Profond ?

Poser la question, mon cœur, c ’est la résoudre
Au fond.
Je lui dis : — Tu n ’auras de moi pas une pierre,
Pas un
Diamant, ni louis, ni franc, ni bock de bière,
Corps brun !
Payer ? Jamais ! Si son corps amoureux qui vibre
Changeait ?...
J’aime mieux sagement garder ton équilibre,
Budget !

« Ce soir, ça n’a pas de sens ; mais quelquefois ça étonne le lecteur.
« Cinq heures et quart... Stop ! La copie est finie. Tous les rédacteurs posent plumes et téléphones. Tous remettent leurs chapeaux dans des cases numérotées et s’en vont, idiots comme avant de s’être coiffés, toucher chacun 3 fr. 50 à la caisse.
La rédaction n’est rien, comme frais, comparativement aux dépenses de personnel administratif et de matériel.
« Le matériel ? ça ne m’étonne pas qu’il soit cher. Figurez-vous des serres immenses, remplies de palmiers, d’orchidées, sillonnées d’oiseaux-mouches et de colibris ! — ces colibris sont même gênants.
« L’Américain Humbugson vient heureusement d’inventer une poudre colibricide.
« Et les murs qu’on voit si loin, là-bas, et ces rochers abrupts, sont en béton aggloméré lumineux pendant la nuit.
« Je ne vous parle pas du sous-sol pour l’imprimerie, où l’on n’imprime pas ; car ce sont des personnes d’une voix exquise qui dictent la copie à des phonographes dont les traces reproduites à des millions d’exemplaires vont porter le journal parlé aux abonnés.
« Personne ne sait plus lire ni écrire — c’est le progrès ! — à cause dudit phonographe. On ne trouve que quelques gens arriérés dans ce sens parmi la lie du peuple ; — ce sont ces gens qu’on emploie à la rédaction... »

Crac ! mon tabouret canné à trois pieds s’est cassé sous mes contorsions.
Et je retombe dans notre triste époque, dans les bureaux d’un journal en 1886.
Quelle piètre installation que la tienne, mon pauvre CHAT NOIR !

Charles Cros Le Journal de l'Avenir

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