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Quillette, le média qui cite la science comme ça l'arrange

Quillette, c'est le nouveau média fétiche des conservateurs à prétention scientifique. Et selon un article de ce site australien, traduit par le Point, les Noirs ne seraient pas davantage victimes de violences policières que les Blancs aux États-Unis. Nous avons voulu en savoir plus. Résultat : des chercheurs américains référencés dans cet article, interviewés par ASI, n'y reconnaissent pas leur travail.

Commentaires préférés des abonnés

Malheureusement, Le Point n'est pas forcément un adepte de la mise au point...

Le Point est un torchon raciste, cela avait été démontré brillamment par Alain Korkos lorsqu’il était encore ici, et ça lui avait valu pas mal d’ennuis. (Vais-je me faire attaquer en diffamation pour avoir écrit ça ? Pardon ! Je ne voulais pas écrire(...)

Je trouve l'article aussi léger alors qu'il y a bien des choses à dire sur Quillette et que le sujet a été largement défriché par ailleurs. Ici par exemple https://www.politico.com/magazine/story/2018/11/11/intellectual-dark-web-quillette-claire-lehm(...)

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Je trouve l'article aussi léger alors qu'il y a bien des choses à dire sur Quillette et que le sujet a été largement défriché par ailleurs. Ici par exemple https://www.politico.com/magazine/story/2018/11/11/intellectual-dark-web-quillette-claire-lehmann-221917 et le travail fait par Kumokun sur twitter par exemple.

La grande question que pose ce type de média c'est vaut il mieux les ignorer/condamner ou répondre à leurs arguments. 


Ce qui fait la force de Quillette (et des quelques autres titres défendant les points de vue de l'Intellectual Dark Web comme New Discourses) c'est la dénonciation de la pensée unique progressiste favorisée par la cancel culture et la science douteuse que produisent certaines branches aussi engagées que détachées de la méthode scientifique des académies américaines (ce que ces titres analysent comme résultant de l'influence du post-modernisme).


C'est un atout pour eux que leurs auteurs ne puissent pas s'exprimer ailleurs, ou n'aient droit comme réactions qu'à des procès d'intentions car ça va dans le sens du phénomène qu'ils condamnent. A savoir qu'une partie du monde intellectuel s'est détourné du débat d'idée rationnel pour ne plus considérer les choses en terme d'idées à démontrer mais de rapports de pouvoir, faisant par là le lien entre la pensée Foucaultienne et l'attitude de préférer réduire au silence ou diaboliser des contradicteurs que s'engager dans des débats de bonne foi qu'ils reprochent aux universitaires progressistes.


C'est aussi ce qui leur permet de récupérer un paquet d'auteurs n'étant pas à la base de droite radicale, mais ce qu'on appellerait dans le monde anglophone des old school liberals, attachés à la liberté d'expression et à un débat d'idées aussi large que possible, ce qui les a fait entrer à tel ou tel moment en conflit avec l'orthodoxie progressiste. Devenant une espèce de soupape de sécurité, le lieu où ceux qui n'y ont plus le droit ailleurs (enfin à les croire) ont encore droit à la parole, ils arrivent à sortir de la bulle où les enfermerait celle qu'ils donnent aux auteurs les plus radicalement droitiers (ce qui peut être constaté au nombre de citations ou reprises du type d'arguments de Quillette sur tout espace de discussion -enfin surtout anglophones- n'étant ni radicalement progressiste ni radicaliment de droite ; par rapport à tout autre média à prétention scientifique ou intellectuelle Quillette est démesurément cité et repris, étant un peu le seul donnant des arguments scientifiques -enfin d'apparence- pour appuyer une bonne moitié des opinions qu'on trouve dans le débat public).


Souvent la réaction à celles ci, pour peu que la source soit donnée ou identifiée est, pour les wokies du coin de donner dans du "c'est Quillette, un média d'extrême-droite, donc ça ne vaut rien", ce fameux "d'où les gens parlent" que tout le monde déteste à part eux. Mais précisément c'est ce qui justifie le discours de l'IDW consistant à décrire ce camp comme totalement fermé au débat d'idées. 

Le type de "cordon de sécurité" qui peut éventuellement marcher avec Breitbart, The Federalist ou autre titre ouvertement politiquement droitier et aussi fermé au débat d'idées qu'en sont accusés les progressistes, ne marche juste pas avec ceux de l'IDW dont la spécialité est de dénoncer cette fermeture d'esprit (et expliquer son origine intellectuelle via leur critique du post-modernisme).


La tactique consistant à contester leur usage qu'ils font de leurs sources, comme le fait cet article, s'inscrit quant à elle à mi-chemin, remettre en cause l'aura de scientificité qu'ils essayent de se donner peut détourner certains de ce type de sources, mais peut assez facilement être décrite par ceux qui les soutiennent comme une autre manière de refuser de répondre à leurs arguments, sachant que ces médias, s'ils s'écartent des conclusions d'un paquet d'études ne semblent mentir que rarement sur les parties qu'ils citent. Et comme je le disais plus bas ont déjà l'argument pour justifier l'écart entre les leurs et celles des articles utilisés comme références.


Resterait celle d'avoir le courage de les affronter sur le terrain des idées, les prendre à leur propre piège en acceptant des débats rationnels qu'ils ne sauraient refuser sans remettre en cause toute la démarche dont ils se réclament. Mais outre l'effort nécessaire à le faire tout en restant au même niveau de vulgarisation qu'eux (le faire en citant des papiers illisibles par le commun des mortels, ou des résumés facilement démontables comme plein de biais progressistes par des gens particulièrement entrainés à le faire, ne servant à rien), elle se ferait au risque de les légitimer encore plus comme source, ce qui n'en fait pas non plus la panacée. 


Enfin c'est un exposé du problème auquel je n'ai pas vraiment de solution. Mais une chose me semble certaine l'IDW a plutôt le vent en poupe, et ce qui lui est généralement opposé ne marche généralement pas en dehors de cercles déjà convaincus qu'il a toujours tort (dont par ailleurs je ne fais pas partie pour le "toujours", je dirais que c'est plutôt, sur certaines dérives des progressistes, une source d'une qualité comparable à, disons, Les Crises sur la propagande occidentale - souvent pertinente dans ses critiques mais terriblement biaisée car elle les fait sans s'attaquer à la propagande d'en face, et jusqu'à finir à la limite du complotisme souvent - voir certaines thèses fumeuses sur le "cultural marxism" fleurant un retour du McCarthysme, si ce n'est à de vieilles théories nazies).

Le problème de savoir que faire face à Quillette est en effet sans bonne solution, tout simplement parce que le débat public / médiatique est mort (si tant est qu'il aie réellement existé un jour). 


Il n'y a qu'à voir les débats autour du Covid-19, qui était pourtant un débat a priori dépourvu de toute idéologie politique ou religieuse, et pour lequel on peut s'appuyer sur de nombreuses études scientifiques, sur des chiffres mis à jour quotidiennement etc. Et pourtant, malgré toutes les données, impossible de faire changer d'avis ceux qui sont persuadés que "il n'y a pas de deuxième vague" ou que "ce n'est qu'une grippette". Ne parlons même pas des raoultiens...


Alors pour des choses moins tangibles, moins factuelles ou plus subjectives comme le racisme ou le sexisme, il est tout simplement vain de croire à la possibilité d'avoir un débat honnête. Les gens resteront sur leurs positions et aucun chiffre, aucune étude aussi sérieuse soit-elle ne les fera changer d'avis.


Pour Quilette, il est important d'avoir des gens qui répondent sur le fond, mais la critique la plus pertinente est de souligner leur hypocrisie: eux qui prétendre défendre la science "non biaisée" sont les plus biaisés, les plus idéologues, les plus marqués politiquement. Dire cela ne convaincra pas ceux qui partagent l'idéologie de l'IDW, mais peut au moins aider les indécis à ne pas tomber dans les pièges (parfois assez subtiles) des articles publiés par Quilette.





Ca s'est pour Quilette. Je voudrais aussi répondre sur ce qui me chiffonne toujours dans votre discours sur la soit-disante "pensée unique progressiste favorisée par la cancel culture". J'ai déjà expliqué pourquoi ce terme est maladroit (en résumé: il ne décrit pas bien les phénomènes de censure et de harcèlement en ligne, qui sont bien plus souvent le fait de l'extrême droite que de l'extrême gauche) et je ne veux pas revenir là dessus.


En revanche, je veux revenir sur votre idée(*) que c'est les mouvements militants de gauche qui poussent des gens "de gauche mais de la génération précédente" dans les bras de l'extrême droite. Et je vais le faire à partir de l'exemple de "cancel" le plus important en France, et qui pourtant n'est jamais cité par ceux qui chouinent à propos de la "cancel culture": le cas Dieudonné.


Dieudonné était, dans les années 90, un anti-raciste, anti-FN, un humouriste qui jouait en duo avec Eli Semoun, qui passait régulièrement à la télévision et avait beaucoup de succès.


Puis, au début des années 2000, il a commencé à tenir des propos "problématiques" sur Israel et sur les juifs, puis suite à un sketch chez Fogiel (dans lequel il caricaturait un colon israelien) il s'est attiré les foudres de la Licra, de l'UEJF qui ont commencé à l'accuser d'antisémitisme. A partir de là, il a commencé à perdre ses anciens amis et soutiens, et ceux qui se sont rapprochés de lui ont été des types comme Soral puis Le Pen. Il est devenu "personna non grata" dans les média, il y a même un ministre (Valls) qui est intervenu pour interdire ses spectacles. Niveau "cancel", c'était autre chose que des menaces sur twitter et des désabonnements.


 Bref, c'est un très grossier résumé de l'histoire, toujours est-il que maintenant plus personne ne veut de Dieudonné à par les antisémites et que celui-ci à épousé leurs vues. Et maintenant la question à 1000 euros: si Dieudonné a ainsi basculé de l'anti-racisme au racisme, est-ce à cause des organisations juives et des média mainstream qui l'ont "cancel" ?


Remarquons déjà que ce "cancel" extrêmement brutal n'a pas été le fait de quelques militants d'extrême gauche mais d'organisations  (y compris l'Etat) bien plus puissantes, ce qui rejoint ce que je disais sur le fait que la gros de la censure et du harcèlement n'est pas le fait des "SJW".


Mais surtout, je serai bien incapable de répondre à la question que j'ai posé. Dieudonné aurait-il basculé s'il n'avait pas été "cancel" ? Je n'en sais rien. Il y avait déjà quelques signes avant que les média ne lui tombent dessus, mais il est difficile, même dans un cas aussi extrême que celui-là, de déterminer à quel point le basculement est le fait de Dieudonné lui-même et de ceux qui l'ont lâché/cancellé.


J'ai encore plus de doute quand il s'agit d'un intellectuel qui est (ou du moins se dit) harcelé par des mouvements progressistes et qui va dans les gazettes de droite ou d'extrême droite dire tout le mal qu'il pense de ces mouvements pro-LGBT ou anti-racistes. Sont-ils vraiment poussés à publier dans ces journaux, où bien est-ce qu'ils basculent par eux-même vers la droite/l'extrême droite et ne cherchent qu'un moyen de se justifier ? C'est une question de vous devriez vous poser sérieusement.




(*) d'après ce que j'en ai compris, corrigez-moi si je me trompe.

Je pense qu'on diffère sur un autre point, je ne fais absolument pas confiance à la génération courante des progressistes (ni à aucune autre) pour ne pas se tromper. Les avant-gardes politiques ou intellectuelles s'égarent régulièrement (voir les maos etc... qui étaient vus comme l'avant-garde de la gauche française à une époque), et qu'elles puissent justifier leurs arguments par un débat un minimum rationnel ou une science un minimum exigeante est la seule manière de l'éviter.


Ceci étant dit ça ne veut pas dire que sur la plupart des sujets sociétaux elles n'aient pas raison dans leurs intentions (dans leurs analyses, dans la manière de vouloir faire triompher leurs idées, etc... c'est naturellement plus variable, et c'est là que je trouve intéressant d'écouter ce qu'en disent les critiques, fussent il suspects de s'opposer à leurs intentions mêmes). Corriger telle vision erronée ou praxis douteuse qui pourrait être liée à tel ou tel militantisme ou courant intellectuel c'est offrir moins d'arguments à ceux qui s'opposent aux objectifs même de ceux ci. 


La force de l'IDW c'est qu'ils flairent les arguments un peu faibles (que ce soit des études particulières ou des trucs intuitivement admis comme vérités mais peu solidement démontrés, précisémment car ils le sont, telle la notion de privilège ou l'approche Butlerienne du genre) ou pratiques contestables (qu'on les nomme cancel culture ou pas) et s'appuyant sur leur critique 'scientifique', et les réactions à celle ci, offrent un argumentaire à partir de là, pour ceux souhaitant s'attaquer aux idéologies d'ensemble concernées (à l'intention donc, mais sans jamais vraiment l'avouer). 


Un point amusant étant qu'ils font un énorme procès d'intention aux progressistes (via leurs thèses sur le post-modernisme ou le marxisme culturel) tout en les accusant de s'être écartés du débat rationnel pour préférer en faire. Ce qui pourrait être le point faible de leur judo intellectuel si on les attaquait sur leur propre idéologie, qui frise le complotisme quand ils parlent de l'opposition à laquelle ils font face (mais d'un autre coté c'est difficile de les en accuser quand précisémment ils ont un paquet d'exemples de cancel culture au sein des universités à fournir).


Après oui on peut considérer qu'à l'ère de la post-vérité, de toutes manières, tout le monde trouvera toujours une "réalité" alternative pour supporter ses arguments. Mais si on entre dans cette vision désespérément cynique du débat public (et pire si on parle de celui à prétention intellectuelle/scientifique) affaiblit tout autant les thèses progressistes que réactionnaires, et favorise surtout le conservatisme. Si toute description du réel est probablement biaisée et fausse, pourquoi vouloir changer quoique ce soit ?


Je passe sur la partie Dieudonné, n'ayant pas vraiment d'avis tranché sur l'explication de son évolution (si ce n'est de penser qu'elle est probablement autant reliée à des trucs qu'il a vécu ou jalousies qu'il a ressenties dans le monde du show biz qu'à son cancel lui même, ce que laissent entrevoir ses râleries régulières contre certains de ses anciens producteurs, hôtes télévisés, collègues et partenaires).

Si toute description du réel est probablement biaisée et fausse, pourquoi vouloir changer quoique ce soit ?


Je crois qu'on s'est mal compris. Je ne suis pas du tout post-moderniste, bien au contraire.


Seulement, je pense que le débat public ne permet pas de faire jaillir la vérité. Les effets rhétoriques priment sur la pertinence des arguments, et il faut au minimum des règles strictes (avec une sorte d'arbitre/fact checker pour éliminer les erreurs factuelles) et même dans ces conditions ce n'est pas toujours la vérité qui triomphe (cf les procès judiciaires, qui sont des débats extrêmement codifiés et qui n'empêchent pas les erreurs judiciaires).


De fait, la critique médiatique et la zététiques sont de bien meilleures armes que le débat public pour déceler les discours mensongers ou simplement non étayés.



Je passe sur la partie Dieudonné, n'ayant pas vraiment d'avis tranché sur l'explication de son évolution

Moi non plus je n'ai pas d'avis tranché, mais ce n'est pas la question. Le cas de Dieudonné n'est là que pour illustrer la question de savoir ce qui pousse vraiment certaines personnes "de gauche" à aller vers des sites de droite ou d’extrême droite. Est-ce vraiment la faute des "SJW" ? Ou bien est-ce que ça traduit une évolution plus personnelle?



Je ne suis ni assez omniscient pour savoir s'il existe des revues moins marquées à droite qui publieraient certains auteurs qui se retrouvent à servir de caution à Quillette (un titre comme Aero peut être, qui avait publié le premier article de la bande Sokal Squared ? mais j'en connais pas beaucoup plus dans la presse culturelle anglophone) ni télépathe pour savoir ce qui pousse des gens n'étant pas d'extrême-droite à y écrire, en imaginant qu'ils aient ce choix.


Mais je soupçonnerais (s'il existe) que certains sont précisément attachés à l'idée d'un débat public le plus large et ouvert possible, qui les entraine à refuser de participer à la tactique du cordon sanitaire ; ou alors ça découle du phénomène très humain du "vous voulez jouer aux cons je vais vous montrer".


Sinon c'est sans grande importance pour moi ce que pensent ou pas au fond d'eux mêmes les gens qui écrivent tel ou tel texte à tel ou tel endroit, par rapport à, selon les cas, la pertinence ou l'influence sans réellement en avoir, de leurs arguments (et à partir de là l'intérêt d'y répondre ou de les prendre en compte ou pas). 

ps : bonus philosophico-epystémologique de 4h du mat


J'oubliais la partie sur le débat public, la "vérité" qui "jaillit" et le "mensonge", perso je ne pense pas que ce soit ce qui s'affronte (sauf cas rare et extrême genre débat entre un adepte de la terre plate et un astrophysicien),  la vérité c'est un truc soit évident et commun aux parties d'un débat soit inatteignable, et ça ne jaillit que rarement (sauf si on parle d'une question genre qui a tué le professeur Moutarde avec le chandelier).


Le réel, c'est un truc immensément large que personne ne peut appréhender dans sa totalité, mais en dehors de ça globalement commun à tous, dont sont tirés un certain nombre d'éléments, descriptifs (statistiques, etc..), compte rendus d'expériences ou interprétations.


Le débat c'est l'affrontement de sélections nécessairement partielles de ces éléments eux même rarement parfaits, pour démontrer qu'une analyse sur un sujet donné est meilleure qu'une autre (plus pertinente ou plus vraie si tu y tiens, mais ce n'est qu'une quasi infinité de débats qui pourraient "faire jaillir la vérité", une fois toutes les analyses possibles d'un sujet mises en compétition, d'où un intérêt du débat public, ma thèse peut peut être être démontrée plus pertinente que celle de B, mais ça n’empêchera pas celle de C de pouvoir être démontrée une meilleure explication du réel). 


La rationnalité c'est (idéalement) la règle de base l'affrontement (ne pas tirer de sa sélection d'éléments une conclusion à laquelle ils ne conduisent logiquement pas, ne pas baser sa critique de celle de l'autre sur autre chose que la logique), mais elle même n'est pas capable de faire ni de juger de la sélection dans la quasi infinité d'éléments capables de servir de base à un argument (tout juste au plus d'en écarter certains qui ne devraient pas y entrer).


La seule chose qui puisse en juger c'est un être doté d'intuition et de sagesse (voire aussi de morale si l'éthique entre en jeu), ou idéalement un large ensemble d'êtres, d'où l'intérêt du débat public (public au sens je publie mon raisonnement et mes conclusions et l'ensemble des gens -idéalement qualifiés- qui les lisent peuvent y répondre et les contester éventuellement, en faisant appel à un autre ensemble d'éléments, que leurs qualités intellectuelles leur auront fait isoler, et en en tirant des conclusions reposant sur la logique).


Le débat scientifique est un exemple de débat public, tout comme le débat intellectuel, celui de blogueurs zététiciens et celui de quidams sur un forum (pour peu qu'ils acceptent la base qu'est la nécessité d'une certaine rationnalité).  


La différence entre eux est le filtrage préalable à la publication ou mise en compétition d'une analyse (dans le scientifique il est fait par la nécessité de publier dans une revue à comité, dans l'intellectuel il est plus informel mais je doute qu'un intellectuel célèbre accepte de répondre aux contre-arguments d'un inconnu fut il diplômé, etc..). 


Mais le filtrage (s'il n'est pas à la publication mais à la mise en compétition), ne conduit pas à l'élimination du débat public, mais juste du débat, transformant un argument en discours public en attente d'être débattu.


Pour prendre un exemple si Edouard L. préfère traiter une collègue philosophe d'universitaire de 5ème zone sur twitter que d'engager un débat public en répondant à ses arguments, ça n'efface pas l'article de cette dernière et n’empêchera ni des gens de s'en faire une opinion, ni éventuellement d'autres de débattre avec elle ou de la citer dans d'autres débats publics.


D'où, pour en revenir aux médias à la Quilette avec lesquels les universitaires progressistes n'ont pas trop envie de débattre, la question de savoir s'il vaut mieux que leurs analyses restent des discours publics sans contradiction ou soient débattues (par des gens assez compétents pour contrer leurs arguments).


L'argument pour justifier de ne pas en débattre c'est que souvent elles contredisent des thèses qui ont été publiées dans un cadre d'exigence (théoriquement) supérieure (revues à comité). Et que ce serait donc offrir une légitimité indue aux critiques qu'ils en font, mettre le propos de simples intellectuels au même niveau.


L'argument pour justifier d'en débattre c'est que de toutes manières leurs discours feront partie des débats publics de plus bas niveau d'exigence (ceux politiques, ceux entre quidams dont l'un en aura lu le résumé, etc...).  Et que dans ces cadres de plus bas niveau il est improbable que beaucoup de gens aient celui pour les contrer.


Vous savez, quand je dis "la vérité", ce n'est pas "la vérité au sens métaphysique du terme" mais plutôt "la vérité scientifique" c'est-à-dire ce que l'on peut affirmer (ou pas) en tenant compte des meilleures connaissances que nous avons actuellement. Je crois l'avoir déjà dit à plusieurs reprise sur ce forum, mais c'est vrai que je devrais parfois le préciser de nouveau de temps à autre car cette définition n'est pas usuelle. Et c'était Mlle Rose, dans la véranda, qui a tué M. Lenoir à l'aide du chandelier.


Quant au débat public... Ce qui m'a frappé, lorsque j'ai participé à mes premières conférences scientifiques, c'était l'absence de débat. Ils n'y a qu'une série de présentations, suivies de quelques questions. Ces questions sont parfois l'occasion d'apporter un contre-argument à ce que dit la présentation, mais dès que cela tourne au débat (entre le présentateur et une personne du public) le chairman (modérateur) coupe court au débat et dit que les deux personnes pourront en discuter plus tard en privé.


Bref, il y a des débats, mais il ne sont pas publics. Et quand il y a plusieurs thèses en concurrences, elles ne s'affrontent pas directement. C'est plutôt que chacun publie de son côté, répondant parfois indirectement aux critiques (ou formulant des critiques sur les travaux des autres) mais dans l'ensemble se contentant de développer son propos sans trop ce soucier des autres.


Le contraste avec le monde médiatique/politique, et ses affrontement permanents, est saisissant. Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas de conflits dans le monde scientifique. Il y a des luttes féroces pour capter les maigres financements publics, des luttes d'influence pour placer telle ou telle personne à tel poste. Ainsi que, trop souvent hélas, de vieilles rancunes personnelles.


Et malgré tous les défauts de ce système, je pense qu'il permet plus facilement de faire jaillir la vérité (au sens où je l'entends) que le débat public où deux camps s'affrontent directement et échangent arguments et noms d'oiseaux. En fait, plus je vieillis, plus je vois les défauts du débat public: mauvais arguments qui font mouche à cause des biais cognitifs, mauvaise foi des participants, mensonges peu ou pas pénalisants même quand ils sont éventés, effets de "meutes", d'embrigadement dans des idéologies. Sincèrement je n'attends plus rien du débat public. Je continue d'y participer (en tant que citoyen, ou même sur des forums internets) mais j'ai depuis longtemps renoncé à espérer convaincre qui que ce soit.


Je crois que c'est la différence fondamentale entre nous: vous aimeriez que certaines théories scientifiques soient débattues publiquement (en dehors du système universitaire et des revues scientifiques) alors qu'à mon sens ce dernier est meilleur pour juger de la validité des théories scientifiques (y compris dans les sciences humaines).


Et pour en revenir au sujet de départ, je ne pense pas que ceux qui écrivent dans Quilette ont une quelconque pertinence scientifique. Au contraire, s'ils publient là bas, c'est que leurs arguments sont trop mauvais pour entrer dans le champs du débat scientifique. D'ailleurs, il y a plusieurs exemples d'articles rejetés par les journaux scientifiques et qui sont publiés là bas: à chaque fois, la forme fait croire qu'il s'agit d'articles scientifiques, mais le fond est toujours une critique motivée par essentiellement par l'idéologie (et qui ne tient pas la route méthodologiquement / fait du cherrypicking / etc).


C'est là dessus qu'il faut attaquer Quillette: sur leur prétention à être "scientifiques" alors qu'ils sont purement idéologiques; sur leur hypocrisie; sur leurs biais. Il ne faut pas débattre avec eux: ils faut juste montrer qu'ils sont mauvais. Ce que font très bien les universitaires qui leurs répondent.


Quant à moi je devrais sans doute repréciser que le débat public tel que j'en parle se fait par publication interposées, il ne s'agit pas d'un débat ayant lieu physiquement en public, comme il pourrait y en avoir lors d'une conférence ou d'un débat politique télévisé.


Par ailleurs ouais, je ne pense pas que la cooptation par des comités de lecture soit un tel sésame de nos jours qu'elle place tout ce qu'une revue scientifique publie beaucoup plus haut (proche de la vérité) que le reste (hors quelques thèses faisant un large consensus dans leur domaine étendu*, et des sciences très dures ou traitant de notions purement techniques et mathématiquement vérifiables).  

Plus haut, en moyenne, que la plupart des articles d'une revue aussi clairement biaisée que Quillette, par contre, très probablement (encore heureux).


Mais bon je t'inviterais quand même à t'intéresser à des sujets comme la replication crisis avant de devenir un cultiste du "champ du débat scientifique".


* un problème pour en trouver dans les SHS étant leur morcellement, une thèse de, je ne sais pas, psychologie sociale, peut faire consensus en psychologie sociale mais être contredite par une de sociologie, et c'est pire encore si on considère les sous-sous branches genre études d'un sujet particulier sous l'angle de différentes disciplines

Quant à moi je devrais sans doute repréciser que le débat public tel que j'en parle se fait par publication interposées, il ne s'agit pas d'un débat ayant lieu physiquement en public, comme il pourrait y en avoir lors d'une conférence ou d'un débat politique télévisé.


Même si ce genre de débat par publication interposée est mieux que le débat physique, il souffre de tous les défauts que j'ai déjà pointés: mauvais arguments qui font mouche à cause des biais cognitifs, mauvaise foi des participants, mensonges peu ou pas pénalisants même quand ils sont éventés, effets de "meutes", d'embrigadement dans des idéologies.


De plus, il y a des effets de notoriétés (un article X pouvant être très partagé/très visible, alors qu'un article Y qui réfute complètement X peut être ignoré/ peu partagé), une prime au premier avis (quand on découvre un sujet, on est plus influencé par le premier avis que l'on lit que par les suivants) etc.


Il faut faire des débats publics (sans quoi il n'y a tout simplement pas de démocratie) mais soyons lucides sur leurs défauts et n'oublions jamais qu'ils sont un très mauvais moyen de s'approcher de la vérité.



Mais bon je t'inviterais quand même à t'intéresser à des sujets comme la replication crisis avant de devenir un cultiste du "champ du débat scientifique".


Je connais bien ce problème, ainsi que des dizaines d'autres inhérents au monde académique. Et malgré tous ces problèmes (plus tous les problèmes que je ne connais pas), le "champ du débat scientifique" est bien meilleur que le débat public; c'est juste que le second est bien pire que le premier.

Petit détail : Si Ann Coulter fut une trumpiste de la première heure, écrivant même un livre à la gloire de son héros juste avant l'élection, elle a très vite changé (dès le début de 2017) : elle a traité Trump de "jackass", de véritable débile déloyal (disloyal actual retard), de sacré idiot, de malotru, de cruche… Enfin, il paraît que malgré ces qualificatifs, elle est toujours de son côté, probablement parce qu'elle n'a pas trouvé pire (son ire a été causée par la "mollesse" de Trump en matière d'immigration), qu'elle fait avec ce qu'elle a, et qu'elle est convaincue que les Démocrates, les "liberals" sont de véritables suppôts de Satan qu'il faut à tout prix écraser.

moi, ce que j'en dis, c'est que l'humanité dans son ensemble devrait arrêter de se regarder le trou du cul et d'ensuite partager ses observations et analyses, que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux... ça devient fatigant !

Comme toujours, quand on se prétend journaliste, on remonte à la source (ici les études scientifiques proprement dites). Chose que ne fait pas le Point. Conclusion: ce ne sont pas de bons journalistes.

Ca me rappelle l'histoire de ce gars de chez Google qui avait pondu un pamphlet réactionnaire et misogyne "pseudo-scientifique". 


Ce genre de procédé ne peut faire illusion qu'auprès de ceux qui n'ont pas de culture scientifique et/ou qui sont déjà convaincus  idéologiquement et chercher juste à mettre un verni "scientifique" pour dissimuler leurs préjugés.


Malheureusement, Le Point n'est pas forcément un adepte de la mise au point...

La bonne question est de savoir s'il existe aujourd'hui un média qui n'utilise pas la science à son avantage, quand cela l'arrange...

"Le média", euh... on peut quand même leur reconnaitre qu'il est très loin d'être le seul. :)


Par contre clairement c'est un titre encore plus biaisé dans son sens que la presse à la Salon l'est dans l'autre, tout en prétendant à une scientificité très supérieure à coup de name dropping et de bibliographies d'autant plus fournies qu'elles rendent improbable que quiconque aille vérifier les études citées.

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