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Pujadas et les intermittents : les raisons de la colère

C'est presque devenu un marronnier télévisuel : l'envahissement d'un plateau de télévision par des intermittents du spectacle mécontents. Mardi 8 avril, le 20 heures de David Pujadas, interrompu par des intermittents du spectacle, a mis fin prématurément au journal. Derrière ce happening, l'opposition à un accord signé fin mars entre le Medef et trois syndicats pour modifier, entre autres, le régime des intermittents. Des explications que la plupart des sites de presse ayant relayé le buzz ont oublié de préciser en détail.

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Le coût du régime des intermittents n'est qu'une goutte d'eau dans un système d'indemnisation du chômage global financièrement très malsain : quelques ordres de grandeurs pour se poser de bonnes questions...
- volume des prestation 33 Milliards d'euros
- déficit : 4 milliards d'euros
- endettement 18 milliards d'euros... en progression tous les ans du montant du déficit
- frais financiers : plus de 2 milliards d'euros....en progression au même rythme que l'endettement... = 50% du déficit
- taux apparent des frais financiers... 12 %... cherchez l'erreur.... Les marchés financiers profitent largement de l'endettement des nos assurances chômage !
Question: A qui profite la non résolution du financement de l'assurance chômage ?
Question subsidiaire... pourquoi ne traite-t-on jamais de l'assurance chômage sous cet angle... mais seulement sous l'angle du déficit...?
Source:Rapport unedic prévisions trésorerie 2013 2014
Bonne lecture
Et pour bien comprendre l'arnaque du "déficit" des annexes 8 et 10 (où comment jouer avec la comptabilité analytique pour embrouiller tout le monde et faire croire que les intermittents sont les méchants).
"Gueule de bois

Aujourd’hui c’est un jour de colère et de profonde tristesse.
Dans la nuit du vendredi 21 au samedi 22 mars il n’y a pas eu de « négociations ». Comme d’habitude l’affaire a été pliée à 1h du matin sur un accord inacceptable. Les conditions mêmes de ces "négociations" sont scandaleuses. Les "partenaires sociaux" ne nous représentent pas (les chômeurs ne sont pas représentés et il n'y a jamais eu 50% de patrons en France).
Le Medef y est tout puissant : tout se passe dans son siège parisien et les seules propositions discutées sont les siennes. En fait de négociations, ce ne sont qu'interruptions interminables de séance leur permettant des conciliabules de couloirs et des arrangements bilatéraux hors de la salle, acceptés par tous les syndicats, à l'exception de la CGT, restée, elle, à la table des négociations sans voir personne ! Hier, vendredi, les négociations communes n'auront duré, au final, qu'un quart d'heure !

Cette mascarade a non seulement été validée par la CFDT comme d’habitude mais pour la première fois par FO qui veut certainement reprendre la main sur la gestion de l’Unedic (affaire de gros sous qui n’a aucun rapport avec le droit des chômeurs).

L'accord impose encore une régression des droits de tous les salariés fragiles qui cotisent, les chômeurs, les précaires. Quant aux intérimaires ils sont tout simplement sacrifiés. En effet, l'annexe 4 est vidée de sa substance : 60% des intérimaires voient leurs indemnisations baisser jusqu'à 300€ par mois. Le patronat n'accepte aucune augmentation de ses propres cotisations et ne s’interroge jamais sur les recettes et les montants dépensés en coût de fonctionnement. Tout cela est logique, mais comment des syndicats de salariés peuvent-ils laisser faire ? Pour rappel en 2011, les cotisations dépassent de 4,5 milliards d’euros les indemnités, mais les 6 milliards d’euros reversés par l’Unedic à Pôle Emploi entrainent un déficit d’1,5 milliards.

Avec ce nouvel accord ce sont 400 millions d’euros d’économie sur le dos des chômeurs. En période de crise, c’est un massacre. Et sans me répandre en émotion malsaine, je suis touché par le fait que ce sont les plus pauvres qui vont trinquer, ceux qui sont mal organisés, qui n’ont pas le micro et dont on considère le pouvoir de nuisance médiatique presque nul.

Pour ne parler que des annexes 8 et 10 et je sais que c’est ce qui vous intéresse, le dispositif signé en 2003 et dénoncé par tous est reconduit avec des restrictions don il faudra mesurer l’impact :

1 La cotisation (employeur+salarié) passe de 10,8 à 12,8% MAIS on nous applique une taxe supplémentaire de 0,5% pour recours à l’emploi court. On arrive donc à une cotisation de 13,3%
Cette mesure va toucher de plein fouet les petites structures (compagnies de théâtre, petite prod audiovisuelles) pour des résultats globaux négligeables en terme économique.

2 Un plafond de cumul mensuel salaire + indemnités à 5475,75 euros brut mensuel totalement risible et inefficace tant il est élevé et va toucher peu de monde. Cela fera au maximum 20 millions d’euros d’économie. Pour rappel un plafond de cumul n’a de sens qu’avec un dispositif d’ouverture de droits sur une période et non pas un capital de 243 j. Dans le cadre d’un capital, ce ne sera qu’un différé de paiement puisque tout le monde a droit à ses 243 jours.

3 Une nouvelle franchise (ou carence) qui est un différé de paiement en début d’ouverture de droits. La formule est nouvelle et elle est très révélatrice de qui l’a pensée. Elle dépend du prix moyen de journée et du nombre d’heures travaillées. La courbe monte très vite au début et se stabilise pour les hauts revenus. Oui ce sont les petits et les moyens qui subiront le plus ce différé de paiement et donc ces ruptures de droits.

Quelques simulations :
Sur la base de 550 h travaillées
Simulations pour les Salaires journaliers moyen brut suivants (avant c’est l’actuel, après c’est le nouveau) :
150 euros avant 0 après 11 jours
200 euros avant 0 après 20 jours
300 euros avant 0 après 28 jours
900 euros avant 83 après 40 jours !!

A partir de 700 euros jours la franchise est moins importante avec le nouveau protocole que l’ancien. En dessous, tout le monde est pénalisé.
Pour les non initiés qui trouveraient ces prix de journée déjà élevées même à 150 euros, sachez qu’il s’agit de jours d’emploi déclarés qui ont nécessité souvent plusieurs jours de travail invisible en amont. D’où la notion de cachet qui est un forfait pour tenir compte de toute la préparation.

On lira un peu partout que nous avons été épargnés :

- Mais les propositions justes et moins coûteuses du comité de suivi n’ont même pas été regardées encore moins étudiées
- Mais les surcotisations toucheront tous les plus fragiles (2,5% supplémentaire c’est énorme)
- Mais le Medef, la Cfdt et Fo ont prévu de voir le gouvernement pour leur demander des comptes et trouver un accord uniquement sur les annexes.
- Mais l’annexe 4 vidée de son contenu laisse présager que l’annexe 8 des techniciens sera la prochaine.

Ne nous y trompons pas : C’est la précarité qui est attaqué. Des gens fragiles et pauvres deviennent encore plus pauvres à la suite de décision prises à la va vite, sans aucun vrai débat. Combien de temps allons-nous laisser faire ? Combien de temps allons-nous nous contenter de défendre notre petite réserve d’indiens ? Pour combien de temps sera-t-elle maintenue ?
Une réponse juste, urgente à l’intermittence de l‘emploi doit être trouvée. Il en va de la dignité des 9 millions de pauvres de ce pays.

Maintenant, nous exigeons que ce gouvernement rejette un tel accord et établisse de nouvelles conditions de négociations justes, équitables et représentatives.
Nous sommes déterminés.

Nous appelons tous les chômeurs, précaires, intermittents, intérimaires dans toutes les communes, à occuper des lieux publics et à organiser avec nous la riposte,

Samuel Churin "

(statut Facebook)
Je n'ai jamais vu de raisin sur un marronnier ... J'adore les jeux de mots dans les titres en ce moment. :))
Merci pour cet article qui fait le point avec clarté et précision sur la réforme des intermittents.

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