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Nucléaire, par où la sortie ?

Connaissez-vous le nom de Thierry Salomon ?

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Je l'ai mis ailleurs, je le remets ici. Tiré d'un texte de Corinne Lepage, de retour de Fukushima sur Rue89.

« En effet, il faut savoir, et cette information est soigneusement cachée en France pour des raisons que chacun peut comprendre, que le Japon a réduit de 28% sa consommation électrique depuis Fukushima et près de 40% dans la région de Tokyo. Il n'y a plus aujourd'hui que 14 réacteurs qui sont en activité sur 57.

Cette réduction massive a été obtenue par un éventail de mesures : par exemple, l'extinction des lumières dans les ministères pendant la journée, l'absence de climatisation (malgré les 38 degrés qu'il faisait à Kyoto voici quelques jours), l'extinction des grandes publicités dans Tokyo le soir ou une organisation différente du système de production industrielle qui travaille en roulement et qui a ainsi permis d'obtenir ce résultat remarquable. »

Apparemment pas si remarquable que ça pour lémédias.

Le gras est de moi.
Dans cette histoire, il y a beaucoup à dire sur la question du nucléaire, mais aussi sur les liquidateurs, ces personnes qui, en réalisant les opérations de sécurisation des réacteurs, s'exposent à un danger imparable.
Lire ici, un récit subjectif et fictif de l'un d'entre eux.

MC
Henri Proglio, patron et caissier (enfin, encaisseur) d'EDF dit à ses employés, enfin, futurs liquidateurs à tchernobyler un jour si nécessaire, pas lui, hein) :

"...en de telles circonstances, l’humilité autant que la responsabilité restent de rigueur. Lorsque l’heure sera au bilan, nous saurons tirer les leçons de la tragédie japonaise pour rendre nos installations plus sûres".

Rendre nos installations plus sûres : traduire "elle ne le sont pas assez, pas comme ces saletés dEPR que la Lauvergeon a conçues trop chères pour qu'on puisse les vendre aux bougnoules étrangers".
Lu sur Le Monde.fr qui suit, à l'aide de dépêches et de témoignages, l'évolution de la situation au Japon :
13 h : Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il aura l'occasion de se rendre "dès que possible" au Japon, selon Reuters.

Dès que possible ? Alors pourquoi pas cet après-midi ? Ton emploi du temps n'est pas particulièrement chargé en ce moment, et ton Air Sarko One est prêt au décollage. Tu sautes dedans direction Tokyo. De là, tu prends un bus pour Fukushima, et tu testes pour nous le niveau de radioactivité avec ton compteur Geiger. Rien ne vaut l'expérience du terrain. Une combinaison protectrice ?... Est-ce vraiment indispensable ? Selon les dernières infos recueillies par Besson, il semble que non. Un pardessus, une bonne paire de pompes fourrées, comme aux Glières, devraient suffire. Surtout, ne prends pas froid.
Bon séjour là-bas, et mes amitiés à l'Empereur.
Un article de Libé sur le nucléaire chinois, laissant présager de lendemains rayonnants.
Vous voulez faire un geste concret pour ne pas encourager l'industrie nucléaire et favoriser le développement des énergies renouvelables ? Il suffit de changer de fournisseur d'électricité. Le meilleur fournisseur d'électricité d'origine énergie renouvelable aujourd'hui en France est probablement Enercoop (www.enercoop.fr) (meilleur du classement ecolowatt de Greenpeace) . Ne choisissez pas l'offre "verte" d'EDF ou de fournisseurs traditionnels : c'est une arnaque totale qui consiste en gros à payer plus cher de l'électricité hydraulique qu'EDF produit depuis longtemps.

Vous voulez faire un geste concret pour ne pas encourager l'industrie nucléaire et favoriser le développement des énergies renouvelables ? Il suffit de changer de fournisseur d'électricité. Le meilleur fournisseur d'électricité d'origine énergie renouvelable aujourd'hui en France est probablement Enercoop (www.enercoop.fr) (meilleur du classement ecolowatt de Greenpeace) .


20 à 40 % plus cher, d'après 60 millions de consommateurs. Pas pour les prolos, donc.
Ce qui représente, pour un foyer qui n'est pas chauffé à l'électricité, environ 10-20 € de plus par mois, soit beaucoup moins que ce que pas mal de gens consomment en cigarette. Je ne prétends pas apporter LA solution, mais beaucoup de gens se demandent ce qu'ils peuvent faire de concret à titre individuel, à part voter. Voilà une idée parmi d'autres. Personnellement, je n'ai pas hésité une seconde quand j'ai su, qu'enfin, je pouvais me désolidariser de la politique nucléaire que l'on nous impose depuis 40 ans sans nous demander notre avis. Les autres idées, à titre individuel, passent essentiellement par une maîtrise de sa consommation énergétique.
Rassuré d'être dans un pays où les centrales nucléaires sont bien plus sures qu'au Japon. C'est Sarkozy et la plupart des hommes politiques qui le disent. On peut avoir confiance.

"Toutes les centrales seront contrôlées une à une et en toute transparence" : c'est vraiment une précaution inutile puisqu'on nous a toujours dit qu'elles étaient contrôlées en permanence et qu'il y a toujours eu une totale transparence de l'industrie nucléaire. En France, bien sur, pas à l'étranger.

Vive la France !
Mais oui, mais oui. Aux pauvres qui bouffent du Leader Price on leur dit aussi : "mangez plutôt bio, c'est juste un peu plus cher". Les bobos verts commencent à me gonfler sérieusement à ne jamais prendre en compte la dimension sociale. Quand on est au RSA, et même au SMIC, on est souvent à 1 € près...
Merci de ne pas m'insulter avec des caricatures du style "Bobo vert". Votre comportement qui consiste à discréditer de manière globale l'initiative d'une coopérative telle qu'Enercoop, basée sur des principes équitables, et qui se bat pour survivre face à des groupes comme EDF avec des règles du jeu complètement inégalitaires (je ne rentre pas dans le débat qui est assez technique) est tout aussi stupide que si j'avais affirmé que changer de fournisseur d'électricité était LA solution qui s'impose à tous.

Chacun est assez grand pour savoir s'il estime que ses moyens lui permettent de faire ce choix ou non.

Le social est certes une dimension à prendre en compte dans le débat, mais ce n'est manifestement pas non plus le critère principal. Sinon, au nom du "social" et du "pouvoir d'achat", on pourrait aussi décider, en vrac, de faire des avions low-cost plus risqués, de faire des poulets hormonés qui coutent deux fois moins chers, ... et de continuer à faire du nucléaire en prenant le risque d'accidents majeurs sous prétexte que, soit disant, on produirait de l'énergie moins chère.

Il faut savoir que le prix du kilowatt/h actuellement payé ne prend en compte ni les subventions faramineuses (publiques, payées sur nos impôts) dont a bénéficié, et dont continue de bénéficier l'industrie nucléaire (notamment en financement de la recherche nucléaire, au détriment des autres énergies), ne prend pas en compte le cout réel de démantellement des centrales en fin de vie, ne prend pas en compte le cout de stockage des déchets ultime sur des DIZAINE DE MILLIERS D'ANNEES, et évidemment, ne prend pas en compte le cout de catastrophes nucléaires éventuelles. Bref, le nucléaire n'est PAS une énergie bon marché, contrairement à la propagande ambiante.

Les catastrophes nucléaires majeures SONT POURTANT INEVITABLES sur le long terme pour une raison tellement évidente que personne ne le répète : aucune construction humaine ne peut prétendre être fiable à 100% et avoir tout prévu, quelque soit le coût et les moyens que l'on y consacrera. Tout le monde est d'accord la-dessus, le risque zéro n'existe pas.

Le problème c'est
1) on peut se permettre de prendre le risque qu'une rafinerie explose de temps en temps, PAS UNE CENTRALE NUCLEAIRE qui est capable potentiellement de rendre inhabiltable des régions entières pour des SIECLES.
2) si le risque statistique était un accident majeur tous les 2 millions d'années, on pourrait peut-être prendre le risque. Deux catastrophes majeures en 40 ans de nucléaire ont prouvé que, malheureusement, la probabilité était bien plus forte. C'est maintenant une certitude : quoi que l'on fasse, le risque restera à un niveau trop élevé pour qu'on puisse se permettre de le prendre.

Cela étant dit, le scénario de sortie, et notamment les modalités qui définiront qui paiera au final la facture reste à écrire. C'est là qu'il faut prendre en compte la dimension sociale.
Un peu d'humour est nécessaire, surtout quand c'est très très très grave:

Le jeune dessinateur belge Ben Baker propose un nouveau drapeau pour le Japon. J'adore. (Pour ceux qui sont nuls en drapeaux et qui reviennent d'une expédition au pôle Nord, l'original ressemble à cela).

Et Bar en Blog se déchaine (comme d'habitude) :
- vengeance de la Nature ? : http://baractu.canalblog.com/archives/2011/03/13/20618897.html
- nucléaire, le débat : http://baractu.canalblog.com/archives/2011/03/15/20634614.html
- on peut le dire dans les deux sens : http://baractu.canalblog.com/archives/2011/03/16/20636575.html

Massala.k propose aussi son drapeau (les grands esprits se rencontrent, mais je prèfère celui de Ben Baker), et j'ai un faible pour ce dessin là, allez savoir pourquoi...

Et les patates du Monde se demandent si on peut rire de tout (fan de Tokio Hotel s'abstenir). Apparemment oui, on peut.

Et les Japonais eux-mêmes ne se laissent pas abattre : le Direct du Monde de dimanche a indiqué (12h41) que cette image ensoleillée semble beaucoup circuler sur l'internet japonais depuis le séisme.

Et vous, vous faites comment pour échapper au tsunami de "ayez PEUURR !!!" dont les médias nous submergent ?
Contrairement à ce que racontent certains, cela n'arrive pas qu'au Japon :

Les "dommages collatéraux" de l'industrie nucléaire ... en France.
Trouvé sur le blog dowtowntokyo.canalblog.com

Je suis un Français du Japon en colère.

La presse va vous offrir dans les heures et les jours qui viennent des mines de Français en larme arrivant à Roissy, arborant cette tête des grands malheurs et du jaitouperdu. Et ce sera vrai que pour certains, la tragédie que nous traversons laissera des marques. D'autres encore, que vous avez certainement déjà vu, laisseront derrière eux un travail de trader ou de manager d'une grande banque, d'une grande compagnie d'assurance ou d'une marque de prêt-à-porter. Leur malheur tournera en boucle, ils vous raconteront tous les terribles secousses et puis ce risque radioactif maintenant que l'on sait que des fuites, bien que minimes semble t'il, se sont produites. Le lamento des expatriés à haut salaire dont la plupart ne parlent pas un mot de japonais viendra nourrir ces images déjà vues et revues des jesavaipa en provenance de Cote d'Ivoire, d'Egypte ou d'ailleurs.

Je ne suis pas membre de ce groupe, comme vous le savez, et ce que je vis est un drame beaucoup plus intime, personnel. Et nous sommes quelques milliers, comme moi, dont vous n'entendrez pas parler car nous sommes le flot anonyme de ceux qui ont fait leur vie au Japon, par choix, par amour du pays, qui ont parfois comme je l'ai fait tout quitté (BNP Paribas, pour moi...) par amour de ce petit bout de pays ou les gens sont chauvins comme des roquets, et parfois gentils comme vous ne pouvez pas en avoir idee sans l'avoir vu. Un petit bout de pays avec l'histoire d'un continent... Un tout petit archipel avec une langue qui peut se faire d'une tendre douceur ou d'une infinie violence, ou la politesse prend la forme de la gentillesse et de l'attention. Ici, on vous laisse parler même si vous dites une abomination, simplement parce que c'est malpoli de dire que l'on est choqué.

J'en ai appris comme je l'ai pu des rudiments de la langue, de l'écriture, et cela fait longtemps que je prends du plaisir à parler avec ces vieux qui ont parfois tant à raconter. J'ai pris mes petites habitudes, mes promenades du dimanche ou des jours de congés. J'aime le Japon, malgré tout ce nationalisme dans lequel on baigne les gens mais dont on voit qu'il est, face à l'ampleur d'une catastrophe comme celle que nous traversons, bien peu efficace. Quand tout se sera tassé, il faudra sortir l'argent et pour la première fois depuis longtemps, le Japon devra faire face à la crise économique qu'il élude tant bien que mal depuis 20 ans, à ses 220% de dettes qui en font potentiellement un pays pauvre. Pour quelques années au moins.
Un petit bout d'ile du Pacifique où j'ai rencontré mon ami, un petit bonhomme au caractère japonais, introverti et discret, très poli. Combien sommes nous à être plus ou moins dans cette situation. Ici, avec quelqu'un que nous aimons, mariés ou non. Avec un quotidien, des habitudes inscrites dans des quartiers banals, que ni les touristes ni les expatriés que vous verrez à la télévision ne fréquentent. Qui viendrait à Kasai, si ce n'est un amoureux comme moi des quartiers populaires de l'est ? Celles et ceux qui habitent loin dans l'ouest vers Hachioji, ceux qui habitent Chiba. Celles et ceux qui ont des métiers qu'on veut bien nous donner. J'ai toujours satisfait mes supérieurs à BNP Paribas ou à Lehman, mais quand je cherche, non, pas assez comme ci ou pas assez comme ça. Il faut croire que celles et ceux qui quittent le Japon après y avoir flambé dans les quartiers à étrangers et qui ne connaitrons du Japon qu'une sorte de mélange Cergy-Pontoise / quartier des Halles / Opéra / Champs-Elysees sont plus compétents que moi; ou que mon ami Yann qui, bien que diplômé et avec de l'expérience en marketing et événementiel, et bien que lisant et parlant le japonais, bien qu'ayant fait des traductions de livres sur le Bouddhisme et des interviews de moines, ne parvient pas à satisfaire les exigences des recruteurs qui lui préfèrent les diplômés standards et couteux envoyés par Paris à Tokyo. Ces expatriés qui vous diront à quel point tout est hors de prix, justifiant d'incroyables notes de frais à leur société alors que le Japon est un pays où on mange très bien pour pas cher et où une livre de fraise ne coûte pas forcement 1000 yens (dans mon quartier, en ce moment, c'est entre 250 et 300 yens...). Ces expatriés qui vous parleront de leur appartement à 600.000 yens, payé par leur entreprise, quand en fait on trouve des surfaces identiques et de même qualité pour trois fois moins cher... Ces gens qui ne fréquentent que des étrangers qui, comme eux ne parlent pas ou très peu japonais, et des Japonais qui ne fréquentent que des étrangers, principalement des femmes avides d'un mariage avec un de ces portefeuille ambulant.

La majorité des Français du Japon sont différents. Il y a les mordus, en vacance-travail, venus ici apprendre ou perfectionner la langue. Il y a les maries, qui supportent, comme je le fais, un travail peu valorisant pour rester ici avec l'être cher. Il y a les passionnés de culture, comme moi, qui aiment être ici, y vivre, y découvrir des lieux différents, les jardins, les temples, et l'incroyable végétation luxuriante, sorte de force vitale sans cesse renaissante, avec ce vert puissant (une secousse un peu forte, à l'instant) pour lequel j'ai tout sacrifie après l'avoir découvert. J'ai proposé à Jun de passer quelques jours à Kyôto, le temps que ça se tasse. Pour moi, le Japon, c'est Fushimi Inari. Je me souviens un collègue à Lehman, un expatrié original, de type "baroudeur", au CV impressionnant, brillant, et aujourd'hui manager dans une grande banque à Singapour, tombant amoureux de Shikoku. Qui ne tomberait pas amoureux de Shikoku...
Nous, les Français ordinaires, n'intéresseront pas les médias, sauf si nous mourons, car alors nous alimenterons le moulin à désolation sur la "tragédie japonaise". A cet égard, 21 sont toujours portes disparus du cote de Sendai et vous imaginez qu'il y a peu de chance de les retrouver vivants car la ville a été dévastée.

Pourtant, et c'est là que je suis en colère, l'ambassade de France est fermée. Il y a une ligne téléphonique, injoignable. Nous vivons à l'heure du web, et la France, sa représentation, est injoignable. Des touristes, certains certainement pris de panique, trouvent grille fermée quand ils viennent chercher un peu d'écoute, de réconfort. Nous, les expatries pas trop fortunes, incapables d'acheter ces billets d'avion à tarif prohibitifs, ou bien incapables de quitter notre famille, l'être cher, ne trouvons dans notre ambassade, aucune permanence, rien. Au contraire, l'ambassade a livré sa dernière respiration avant de s'évaporer, sous cette forme :
Debut de citation :"Dimanche 13 mars à 18.00 heures
Voir le site de l'ambassade pour le message
L'incompétence, c'est cela. C'est quand quelqu'un recopie une dépêche, ne l'analyse pas, et la livre, brute. Et s'en va, laissant les gens à leur solitude, à des choix difficiles, impossibles. Que font mes anciens collègues, petits salaires, mariés, après un tel mail ? On le sait que le Japon est un pays à fort risque, on y vit. Pourquoi ne pas avoir écrit simplement des conseils de vigilance, avoir un peu décortiqué la dépêche de l'agence Kyodo News. Pourquoi avoir fermé l'ambassade ? Et que sont devenus ces "ilotiers" qui étaient sensés nous contacter en cas de crise ? Pas un mail, pas un contact. Rien. Le silence. La solitude. J'etais avec Jun, hier, nous avions fait une belle promenade, il faisait beau, regardez...
Moi je l'ai la réponse sur les îlotiers, la plupart des expats, (femme au foyer?) qui pour casser l'ennui se lancent dans des pseudos occupations (très bonne excuse pour filer ses gamins dans les pattes de nounous philippines ou thailandaises en prétextant être "très occupé") genre charity et qui aime avoir un statut dans la "communauté". Depuis que je suis inscrite sur les listes je n'ai jamais vu la tête d'un ilotier. La seule fois où j'ai reçu un mail à ce sujet c'était pour demander si je voulais pas reprendre le poste. J'étais en France à ce moment donc pas la meilleure candidate. J'ai naïvement cru en faisant connaissance avec ce système d'ilotier que le gars se devait de connaître vaguement sa communauté....genre en bon voisin (on est pas 50 000 par quartier).
Le mail brutal de l'ambassade, sans aucune pédagogie m'a tué, retourné, torturé. On fait quoi, quand on reçoit ça. Longue conversation avec Jun. Yann, de son coté, traversait la même situation avec son ami Sho. Et je crois sans me tromper pouvoir affirmer que les personnels qui pondent ce genre de dépêche n'ont pas leur place au Japon. Car la réponse de Jun a été extrêmement logique : tu ne savais pas qu'il peut y avoir un tremblement de terre, à Tokyo ? Les Japonais vivent avec le risque. Pendant 5 ans, j'ai moi-même vécu avec, et l'ambassade m'a renvoyé à mon état de Français qui "découvre". Ce matin, j'avais retrouvé un certain calme. Ben oui, au Japon, particulièrement à Tokyo, ça peut arriver. Si j'avais eu la responsabilité d'un tel message, j'aurais pondéré sans dissimuler la gravité. Plutôt que reprendre bruts ces pourcentages, j'aurais rappelé que la situation particulière de Tokyo ainsi que la force du tremblement de terre de Miyagi rendaient le risque d'une forte réplique quasiment inévitable (et là, j'aurais donné les pourcentages). Ca peut vous paraitre du chipotage, mais pour nous, les Français du Japon, nous naviguons entre deux psychologie et généralement, avec le temps, pour les séismes, c'est la psychologie Japonaise qui l'emporte. Ce n'est pas une question d'enrobage, c'est nous rappeler ce que nous savons. Et j'aurais rappelé les principales précautions à observer en cas de séisme, tout en invitant ceux qui le pouvaient à reporter leur voyage où à visiter leur famille en province. On aurait compris ce que l'on savait déjà, car depuis vendredi ça n'arrête pas de secouer, mais cela aurait été dit comme une piqure de rappel. Pas comme un avis officiel invitant à fuir. Et ainsi, concernant le risque nucléaire, j'aurais juste délayé en une phrase, expliquant que le risque est, compte tenu de la force du tremblement de terre, inconnu, mais est situé (autre secousse à l'instant) entre minime et critique. J'aurais rappelé les précautions à prendre, la proximité de la centrale et la nécessité de suivre les informations. Là encore, c'est peut être du chipotage, mais nous sommes des adultes et nous pouvons comprendre, nuancer et nous organiser. Et non paniquer.
Et j'en reviens à l'ambassade fermée, aux ilotiers absents. Pourquoi lesdits ilotiers n'auraient pas pu prévoir des regroupements de Français, pour rompre notre solitude, casser ce cycle de rumeurs, ces mails affolés venant de nos proches en France. On aurait pu s'organiser pour se retrouver les uns chez les autres, tranquillement, dès samedi. Pour libérer du stress. Les couples mixtes auraient pu recevoir, donnant ainsi un sentiment de Fraternités. Aujourd'hui, ces ilotiers, l'ambassade auraient pu créer un groupe Google Group, animer un forum. Non. Ils ont fui. Ils nous ont laissé avec un quotidien, nos attaches. Et l'ambassade fermée, c'est la France absente. Les commandants autrefois gardaient le navire. Nous sommes aujourd'hui livres au sauve qui peu thatcherien, chacun pour sa gueule. Vous êtes blessés ? On vous avait prévenu, on a envoyé le mail, vous n'aviez qu'a fuir, nous, on a applique le principe de précaution. Je me demande qui ils joindront, les survivants de Sendai, s'il en est. Ils ne trouveront personne, qu'une ligne téléphonique occupée.

Quand la presse vous parlera de l'impréparation du gouvernement japonais, pensez donc a notre ambassade fermée et à ce message en forme de sauve qui peu indigne de la France, à ces "îlotiers" sensés nous aider, nous contacter, et qui sont introuvables. Et pensez bien que ces mines défraîchies à Roissy ne représentent en rien le déchirement, la tragédie silencieuse de la communauté française du Japon, amoureuse de ce pays et abandonnée à son sort.
Le nucléaire va nous sortir bien avant qu'on arrive à sortir du nucléaire.
j'ai supprimé mon micro onde je fais une économie de 30e par mois . j'ai supprimé le lave vaisselle je fais une économie de 10e par mois.

j'ai hâte de me construire dans mon jardin un petit lavoir .Voilà je sors toute seule du nucléaire .Un jour leurs centrales ne serviront que pour les ordonnateurs et cette pauvre télé qui n'a plus grand choses à nous dire .
c'est dire la nécessite à d'abord s'auto réguler.

limitons l'utilisation des appareils électriques ménagers.
ne mettons pas un pied dans les voitures électriques .
allons vers le transport en commun . En campagne c'est un désastre nous sommes totalement dépendant du véhicule §C'est un scandale .
Sur les économies d'énergie: on ne mentionne quasiment jamais l'énorme gaspillage que constitue la fabrication et la vente parfois "forcée" d'objets peu durables, jetables, pas toujours utiles, dont l'obsolescence est programmée comme nous l'a bien montré un récent reportage. Combien d'ordinateurs, de téléphones portables, de lave linge, de lave vaisselle, de tondeuses à gazon... et même de voitures (bonus "écolo", faut le faire) ont été mis en décharge, polluant deux fois, engloutissant chaque fois l'énergie nécessaire à leur fabrication, à leur distribution et à leur élimination?

J'ai visité hier une petite usine de biscuits, pas la grosse machine hyper industrialisée, mais une usine artisanale qui a voulu se mettre à la modernité pour... avoir accès à la grande distribution. Le blanc d'oeuf vient par poches plastifiées de quelque 300 kilomètres, les noisettes de Californie (ya pas de noisettes en France?) la noix de coco du Sri Lanka, j'ai oublié pour le sucre et la farine, mais eux aussi venaient de loin. La plupart des ingrédients seraient disponibles dans un rayon de quelques kilomètres, quant à la noix de coco... quel prix écologique sommes-nous prêts à payer pour le plaisir rare de manger de la noix de coco à la place de la noix de Grenoble? Oui, je sais, c'est devenu tellement banal, la noix de coco, que certains croient "impossible" de s'en passer.

Certains produits font la navette, produits ici, traités là bas, emballés ailleurs. Et on se demande ce que font tous ces camions sur nos routes? Les routes, faut les construire, les entretenir, les déneiger... On voit bien que tout est à repenser si on veut vraiment sortir du nucléaire... et échapper aux gaz de schistes.
Les projets nucléaires sont impossibles sans la mobilisation de l'épargne accumulée par les banques. Désertons les banques radioactives. Pour une liste complète, c'est ici.

Que les thuriféraires "réalistes" du nucléaire aillent faire les liquidateurs à Fukushima comme autrefois les héros de l'Union Soviétique à Tchernobyl ! On peut même leur adjoindre les fils kadhafi comme gardes du corps...
Empereur du Japon, ou empereur des enfonceurs de portes ouvertes ? Voici ses déclarations rapportées par le Nobs :

"le nombre de personnes tuées augmente de jour en jour et nous ne savons pas combien ont trouvé la mort".

Question évidente, mais autrement moins importante que de savoir ce qui a permis la cata, et qui n’est pas dû au seul tsunami.

"Désormais à présent, toute la nation travaille aux opérations de secours".

Toute, sauf toi et les boss de TESCO, bien au chaud dans leur bureau.

"Je ne peux m'empêcher de prier pour que le travail des sauveteurs progresse rapidement et que la vie de gens s'améliore, ne serait-ce qu'un peu"

Ce « je ne peux m’empêcher », s’il est fidèle au texte original, est d’une belle obscénité. Et tant qu’à prier, prie donc les opérateurs privés de laisser la gestion des centrales, qui ne les intéresse que pour les marges bénéficiaires à produire au détriment de la sécurité de tout un pays et plus.

"La population est forcée d'évacuer dans des conditions extrêmement difficiles de froid, de manque d'eau et de carburant".

Merci pour l’info, elle n’était pas au courant.

« J'espère sincèrement que nous pourrons empêcher la situation d'empirer grâce aux efforts de tous ceux qui participent aux secours »

Ce « nous », c’est toi et tes prières à la noix ?
[quote=DS]Que vaut ce scénario ? Je n'en sais rien. Je ne suis pas expert. Kempf lui-même formule d'ailleurs une sobre réserve, écrivant que ce scénario "a le mérite d'être sur la table", manière polie de dire qu'il est améliorable ou, plus crûment encore, qu'à ce stade il n'est que le début de l'ébauche d'un commencement de réflexion. Peu importe. Cette réflexion est urgente. Bien plus urgente, me semble-t-il, que de s'empailler sur le referendum, ou sur l'indécence.

Cela fait juste des années que ledit scénario est “sur la table”. On est donc bien loi du “début de l'ébauche d'un commencement de réflexion” que vous décrivez. Sans compter que l'opposition au nucléaire civil, qui est le thème fédérateur de l'écologie politique, remonte… aux balbutiements de cette énergie (années 70), et que les propositions alternatives n'ont pas manqué depuis — elles n'ont simplement pas été relayées. Nos chers dirigeants, qui se sont autopersuadés des bienfaits de l'atome pendant 40 ans, ont un mal fou à sortir du cadre de pensée qu'ils se sont — et qu'ils nous ont — infligés.

Quant à l'urgence… Les accidents de Three Miles Island (1979) et de Tchernobyl (1986), qui se sont produits dans les deux pays les plus puissants du monde à l'époque, n'ont provoqué aucune réaction durable dans nos contrées. Notre aveuglement devant le risque nucléaire n'a eu d'égal que notre foi dans le progrès de sa sûreté. Qu'en sera-t-il de Fukuyama 2011 (le Japon est la 3e puissance mondiale) ? Je l'ignore. Je constate simplement aujourd'hui une émotion et une crainte légitimes. J'ai bien peur néanmoins que d'ici un an les préoccupations des Français, guidés en cela par nos médias gardiens du temple de la bonne pensée, se tournent — au hasard — vers l'immigration, la délinquance, l'insécurité, les juges laxistes, etc.

Seule une décision politique peut mettre fin à cette fuite en avant nucléaire. Finalement peu importe si cela doit passer par un débat ou par un référendum. Tout dépendra de la capacité de mobilisation des citoyens sur ce sujet.
A la décharge de NégaWatt, il faut dire qu'il sont tous bénévoles et qu'ils disposent de peu de moyens pour l'ampleur des projections à réaliser. Et leur faible visibilité médiatique s'explique peut-être aussi par le minimalisme de leur site internet.

Sur leur scénario proprement dit, il faut insister sur le point crucial : ce qui est important, ce ne sont pas les énergies de substitution (dont on dispose déjà, il suffit de les développer, c'est à dire faire le contraire de ce que fait actuellement le gouvernement avec la filière photovoltaïque), ce sont les économies d'énergie ! On parle de "gisement" énorme : - 30 % de conso seulement avec des mesures d'économie. Si on s'attaquait à la performance énergétique des bâtiments anciens, ça serait carrément gigantesque.

NB : on a généralisé le chauffage électrique dans les habitations précisément pour offrir un débouché à l'industrie nucléaire. C'est une aberration.

Toutes mesures confondues, on pourrait diviser notre conso par 4 sans la moindre baisse de confort social... Ce qui reste pourrait alors être produit par des renouvelables exclusivement.

Il y a énormément de choses à dire sur ce sujet. Je me souviens aussi qu'en février 2009, un groupe d'anciens ingénieurs d'EDF avait diffusé une tribune contre le nucléaire avec des arguments tout à fait saisissants : production trop centralisée et trop peu modulable, lourdes pertes d'énergie dans les réseaux, bilan carbone de la filière déplorable...
Je rejoins tous ceux qui pensent, ici, que la vraie solution dès le moyen terme est la limitation de la consommation :

- Moins d’éclairage dit urbain (on en trouve maintenant jusqu’en rase campagne). Ça commence : ici, les lotissements s’éteignent passé 10h30 et les lampadaires du centre bourg s’éteignent à deux sur trois.

- Pareil pour l’éclairage routier. Une panne prolongée de lampadaires sur une portion d’autoroute a eu comme conséquence étonnante une diminution du nombre d’accidents.

- Moins d’éclairage publicitaire (panneaux géants, tours de bureaux éclairés même vides). Il n’est pas insignifiant que ce drame survienne au Japon, dont les images nocturnes font invariablement penser à des gigantesques arbres de Noël.

- Une consommation personnelle réduite. On peut très bien se chauffer à 17-18° au lieu des 20-21 qui sont de règle actuellement. Je le fais alors que je n’ai rien d’un moine.

Mais il est vrai que cela impose de remettre en cause un des dogmes du capitalisme : consommer le plus possible…

PS C’est moi, ou je suis le seul à demander qu les patrons et les actionnaires de TESCO soient à bosser à côté de leurs salariés kamikazes-pour-la-bonne-cause ? Quant à l’empereur et ses prières mais dites de loin, pas question de se commettre sur les lieux des drames. Puissent les citoyens de ce pays comprendre enfin que ce truc est coûteux et inutile. Comme le sont à peine moins leurs politiciens, encore plus médiocres que les nôtres si c’est possible.
Curieuse ironie de l'histoire, les américains et les Japonais risquent à nouveau de se retrouver réunis par le nucléaire ...

Lu sur nouvelobs.com ce matin :

"Le Japon est prêt à demander la coopération de l'armée américaine pour prévenir une catastrophe nucléaire dans la centrale de Fukushima endommagée par le séisme de vendredi, a annoncé mercredi 16 mars le porte-parole du gouvernement.
Interrogé par la presse pour savoir si le gouvernement avait demandé l'aide des Etats-Unis, Yukio Edano a répondu qu'il se "préparait" à cette éventualité. "La coopération militaire américaine pourrait être utile" sur le site de Fukushima, où s'enchaînent les accidents, a-t-il ajouté."


PatriceNoDRM
Bonjour,

Qqu'un sait-il si l'inidcation suivante est vérifiée ou recoupée autre part :

[quote=Libé]"Pour cet ingénieur japonais du groupe Hitachi, il n’y a aucun doute : l’opérateur Tokyo Electric Power (Tepco), gérant des deux centrales nucléaires de Fukushima, a commis une faute irréparable, vendredi, peu après le séisme. «A cet instant précis, explique-t-il, Tepco avait le choix : soit il sacrifiait ses réacteurs endommagés en débutant sans perdre de temps les opérations de refroidissement, soit il attendait de voir. Et Tepco a fait le choix de tenter de sauver ses réacteurs. Il a cru que ce pourrait être possible. Le temps perdu provoque maintenant la plus grave crise nucléaire que le Japon ait jamais connue.» "

Extrait de "Le gouvernement piégé par sa volonté de ne pas affoler" - Libé de lundi 14.03.11
La presse critique le manque d’informations quant au risque nucléaire.

Par MICHEL TEMMAN TOKYO, de notre correspondant
in http://www.liberation.fr/monde/01012325405-le-gouvernement-piege-par-sa-volonte-de-ne-pas-affoler
Alléluia !

Voilà qu'@si parle de Kempf, de Negawatt.

Et bientôt Daniel, vous invitez autour de votre table des objecteurs de croissance, Paul Ariès, Corinne Morel Darleux, Superno, et autres tenants de l'écologie politique et de l'antiproductivisme. Vivement cette émission...

Tiens, d'ailleurs, Corinne Morel Darleux, conseillère régionale et secrétaire à l'écologie au Parti de Gauche (oui, ce parti de gauche écologiste qui n'est pas un regroupement d'une poignée de fidèles autour du gourou Jean-Luc Mélenchon, comme lémédias aiment à le présenter), publie un article citant le billet de DS sur l'indécence :

http://www.lespetitspoissontrouges.org/index.php?post/2011/03/15/Les-damn%C3%A9s-de-l-archipel

Bon, pour l'émission, c'est décidé, je fais un sitting chez moi et je ne bougerai pas tant qu'elle n'aura pas lieu. J'invite les @sinautes à rejoindre ce mouvement assis.

Spawn, bien assis.
Que de bonnes raisons de l'inviter, non ?
Vous avez quand même remarqué que le scénario négawatt repose en 1er lieu sur la sobriété ?
C'est à dire non seulement arrêter de consommer toujours plus d'énergie, mais même idéalement réduire cette consommation en limitant les usages nouveaux consommant de l'énergie, et en se passant des moins importants.
Ensuite il faut se lancer dans l'efficacité, c'est à dire la diminution de la consommation d'énergie pour un usage (la télé plasma, out ! ;-)

Normalement, ensuite il y a beaucoup moins de besoins en énergie (environ 60% en moins par rapport à 2006), ce qui rend le "problème" des moyens de production (fossile, nucléaire, renouvelables) moins complexe !
A noter que le scénario 2010/2011 était quasi prêt en septembre 2010, il devrait pas tarder à être rendu public...
Ce n'est pas vraiment le sujet de l'article, mais je reviens à la centrale de Fukushima n°1.

D'après France Inter, Il y resterait cinquante personnes, ingénieurs et techniciens, je suppose, qui sont en train de tenter de résoudre tous les problèmes. Ils ne peuvent intervenir que pendant cinq minutes de suite, et doivent se retirer pour ne pas engranger de radioactivité mortelle.

Il y a six réacteurs, et plusieurs "piscines" de refroidissement du combustible usagé, et les humains se déplacent dans un environnement de débris, forcément très dangereux matériellement, vu qu'il y eu des explosions, Et en plus, de la radioactivité partout. Et vus les dégâts, pas de moyen d'utiliser les procédures informatiques.

Il est clair que ces personnes sont des héros et des héroïnes, cela ne fait aucun doute.
Mais cela fait moins de 10 personnes par cuve, sans parler des piscines, et qui ne peuvent matériellement être à plein temps.
Qu'est-ce qu'ils vont bien pouvoir faire ?

C'est totalement dérisoire. Et l'intervention d'hélicoptères de l'armée pas du tout formée pour ça n'est qu'un pis-aller. Dans un monde idéal, il faudrait que toutes les énergies du pays et du monde soient dirigées vers l'accident, or c'est impossible dans la situation présente....

Et il suffit qu'un seul réacteur entre en fusion, et il fera exploser tous les autres.

L'empereur du Japon recommande de prier, c'est effectivement tout ce qu'il reste à faire. Et surtout trouver dans le panthéon mondial un dieu compatissant, un heureux hasard étant le plus susceptible de faire quelque chose.

Et pour une fois, espérons que les autorités et les médias nous aient enfumés....
Je tiens à saluer au terme de ce 9:15 l'emploi du terme de réflexion : allez savoir pour quelle raison ?
Je serai quand même curieux de savoir ce que ça donnerait si on allouait les mêmes moyens humains et matériels au développement scientifique et technique d'énergie alternative, que tout ce qui a été fourni depuis des dizaines d'années pour la filière du pétrole (industrie automobile, industries chimiques des dérivés du pétrole comprises) et pour la filière du nucléaire...
Je ne sais pas si c'est la solution mais bon, en voici la source : LE MONDE | 17.11.07 | 14h54 • Mis à jour le 17.11.07 | 14h54
Désolé c'est du copier - coller (honte à moi !!).


Oubliez les réacteurs nucléaires en Lybie : l'avenir de l'énergie dans les pays du sud de la Méditerranée n'est pas l'atome, mais le soleil. Un groupe d'ingénieurs allemands en a convaincu le gouvernement de Berlin et des partenaires du pourtour de la mer. Leurs arguments progressent aussi à Bruxelles, où deux parlementaires européens, Rebecca Harms et Anders Wikjman, organisent un colloque le 28 novembre sur un des projets technologiques les plus ambitieux de l'époque.


LES PROMESSES DU SOLEIL
- Deux techniques permettent de produire de l'électricité à partir du soleil. La première, photovoltaïque, convertit directement la lumière en électricité. Elle est adaptée aux toits des maisons, mais non à une production importante. La seconde, thermique, utilise l'énergie solaire pour chauffer de l'eau. Elle permet de monter des centrales de bonne puissance (jusqu'à 100 MW), mais requiert une surface au sol importante (environ 2 hectares par MW).

- L'énergie solaire représente, actuellement, 0,04 % de la consommation mondiale d'électricité. Selon les promoteurs du projet TREC, près de 25 % de l'électricité européenne pourrait être fournie en 2050 par 19 000 km2 de Sahara : soit environ 1 millième de sa superficie globale.

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L'idée est forte et simple : l'énergie solaire illuminant le Sahara est très abondante. Si l'on pouvait en récupérer une fraction, celle-ci couvrirait une part notable des besoins en énergie des pays méditerranéens, mais aussi de l'Europe. Or les technologies solaires ont suffisamment progressé pour que cette perspective devienne réaliste.

Sur le papier, le raisonnement est imparable : "Les déserts chauds couvrent environ 36 millions de km2 sur les 149 millions de km2 de terres émergées de la planète, explique le physicien Gerhard Knies, inspirateur du projet TREC (Trans-Mediterranean Revewable Energy Cooperation). L'énergie solaire frappant chaque année 1 km2 de désert est en moyenne de 2,2 térawattheures (TWh), soit 80 millions de TWh par an. Cela représente une quantité d'énergie si considérable que 1 % de la surface des déserts suffirait pour produire l'électricité nécessaire à l'ensemble de l'humanité." Dès lors, il devrait être possible, en multipliant les centrales solaires dans le désert, d'alimenter les pays riverains. Voire les pays européens.

L'idée, dans l'air depuis longtemps, commence à se formaliser en 2002, lorsque Gerhard Knies, convaincu de la première heure, contacte la section allemande du Club de Rome. Une réunion d'experts a lieu début 2003 : le gouvernement, séduit, accepte de financer une étude approfondie. Celle-ci, menée par le Centre aéronautique et spatial allemand (DLR, l'équivalent du CNES français) et rédigée par l'ingénieur Franz Trieb, est publiée en 2005 et 2006. Elle conclut à la faisabilité du projet avec les technologies existantes.

Concrètement, quelles infrastructures cela impliquerait-il ? La production d'énergie serait assurée par des centrales thermiques à concentration, dans lesquelles des miroirs font converger la lumière du soleil. La chaleur de celle-ci peut échauffer de la vapeur (employée pour faire tourner des turbines), mais elle peut aussi être stockée dans des réservoirs de sels fondus qui la restituent pendant la nuit. L'énergie résiduelle de la production d'électricité pourrait également servir, par le procédé dit de cogénération, à dessaler l'eau de mer - une préoccupation importante pour les pays du sud de la Méditerranée. Les experts estiment par ailleurs que le transport de l'électricité vers les pays du Nord, malgré d'inévitables pertes en ligne, resterait avantageux, dans la mesure où l'irradiation est deux fois supérieure dans le désert à ce que l'on observe en Europe.

Le point-clé du projet, bien évidemment, reste sa rentabilité économique. D'après ses défenseurs, celle-ci serait au rendez-vous. "Aujourd'hui, une centrale solaire thermique produit l'électricité à un coût situé entre 0,14 et 0,18 euro par kilowattheure (kWh). Si une capacité de 5 000 mégawatts (MW) était installée dans le monde, le prix pourrait se situer entre 0,08 et 0,12 euro par kWh, et pour 100 GW, entre 0,04 et 0,06 euro par kWh", précise Franz Trieb.

"L'idée de TREC tient la route, renchérit Alain Ferrière, spécialiste de l'énergie solaire au CNRS. Elle table sur le fait que l'on a besoin de développer la technologie pour en faire baisser le coût." Pour l'instant, en effet, les centrales solaires se comptent sur les doigts de la main, en Espagne, aux Etats-Unis, ou en Allemagne. De plus, elles s'installent souvent sur des zones agricoles ou végétales, ce qui, d'un point de vue environnemental, n'est guère satisfaisant. La centrale de 40 MW de Brandis, en Allemagne, couvrira ainsi de panneaux solaires 110 hectares de bonne terre. Dans le désert, ce gaspillage d'espace est moins préoccupant. D'où l'intérêt croissant porté au concept de TREC par plusieurs compagnies d'électricité en Egypte et au Maroc. Et, plus encore, en Algérie.

Détenteur d'un des potentiels solaires les plus importants de tout le bassin méditerranéen, ce pays a annoncé, en juin, un plan de développement assorti d'un calendrier, qui devrait être mis en oeuvre par la compagnie NEAL (New Energy Algeria). Le 3 novembre, l'acte fondateur du projet a été effectué par le ministre de l'énergie Chakib Khalil, qui a posé la première pierre d'une installation hybride, comprenant une centrale à gaz de 150 MW et une centrale solaire de 30 MW, dans la zone gazière de Hassi R'mel (Sahara). Son ouverture est prévue pour 2010. Une première étape vers ce qui pourrait, une fois réduits les coûts de production, devenir à terme une installation majoritairement solaire.

Le 13 novembre, une autre étape a été franchie : le PDG de NEAL, Toufik Hasni, a annoncé le lancement du projet d'une connexion électrique de 3 000 km entre Adrar, en Algérie, et Aix-la-Chapelle, en Allemagne. "C'est le début du réseau entre l'Europe et le Maghreb. Il transportera de l'électricité qui, à terme, sera solaire à 80 %", affirme M. Hasni, interrogé par Le Monde. L'Europe s'étant fixé un objectif de 20 % d'électricité d'origine renouvelable d'ici à 2020, cette perspective pourrait intervenir à point nommé. Les financements de la connexion Adrar - Aix-la-Chapelle restent cependant à boucler. Comme restent à aborder les conséquences négatives que pourrait avoir sur le paysage la création d'un réseau à haute tension entre le Maghreb et l'Europe.

Côté positif, le recours au soleil pourrait en retour contribuer à résoudre certains problèmes lancinants des pays arabes. Un volet du projet TREC envisage ainsi une centrale solaire dans le désert du Sinaï pour alimenter la bande de Gaza, qui manque cruellement d'électricité. Un autre imagine d'installer au Yémen une centrale permettant de dessaler l'eau de mer : une urgence pour la capitale, Sanaa, qui sera confrontée à l'épuisement de ses réserves d'eau souterraine d'ici quinze ans.

Plus globalement, le développement de l'énergie solaire, soulignent ses promoteurs, pourrait servir la cause de la paix en devenant un substitut crédible à l'énergie nucléaire. Celle-ci, comme le montre le cas iranien, pouvant toujours favoriser un développement militaire.

Hervé Kempf
Article paru dans l'édition du 18.11.07.


SEMIR
Négawatt chez DS ! bien, trés bien, bien sûr il faut, comme partout, faire du tri dans ces propositions, et DS le sous-entend. Et si asi le faisait ce tri ? chiche ? Et si asi allait plus loin et dépassait son simple rôle, pour tenter de tendre une passerelle, au moins sous forme d'une émission, entre, pour faire simple, les verts et le front de gauche qui sont les deux seuls partis à afficher clairement des volontés de sortir du tout nucléire. Et si asi mettait sous la forme d'une rencontre constructif, DS en est capable,ce débat, ce rapprochement proposé sur Rue 89 entre JL Mélenchon et E Joly ? la prochaine emission ?
Je trouve que Ce soir ou Jamais avec ce désir de débat à tous prix devient irregardable : on n'a plus le temps d'approfondir les choses complexes, et ça, ce n'est pas pardonnable pour une des rares émissions de débat du service public.


http://anthropia.blogg.org
Quand on aborde ce genre de sujet, on en revient nécessairement à Paul Ariés et aux idéaux des objecteurs de croissance. Biensur qu'il faut passer par la sobriété énergétique et utiliser un peu d'éolien et de photovoltaïque, mais le plus important passe par une remise en cause de nos comportements, il s'agit entre autre d'éducation politique et de politiques économiques sortant du système productiviste (revenu d'existence par exemple).
Le réseau Sortir du nucléaire a aussi publié une étude sur des sorties du nucléaire à différentes échéances, 5 ans et 10 ans ; la première présentant l'inconvénient d'un recours provisoire trop massif aux autres énergies fossiles. Il existe aussi des études régionales. Par exemple pour la région "Grand-Ouest", le bureau d'études des Sept vents du Cotentin a produit un scénario énergétique alternatif au nucléaire - démontrant entre autres l'inutilité du très coûteux (6 milliards d'euros pour le moment) réacteur EPR de Flamanville. Pour la région Nord-Pas-de-Calais, l'équivalent a été produit par l'association Virage-Energie. Etc.
Tout ça pour dire que, à l'échelle nationale comme à l'échelle régionale, les études crédibles sur des scénarios de sortie du nucléaire ne manquent pas. Et qu'il est tout à fait raisonnable d'envisager une sortie du nucléaire pour la France sur 20 à 30 ans, surtout si on y met le budget de recherche et développement dont le nucléaire bénéficie depuis 40 ans (enfin on n'en demande pas tant)...
Le problème du scénario Negawatt, pour ce que j'avais lu dans leur rapport, c'est qu'il repose abondamment sur l'éolien et le photovoltaique.
L'éolien pose problème car cette technologie ne produit pas de l'électricité lorsqu'on en a besoin mais lorsque le vent souffle. Or les pics de consommation électrique ont plutôt lieu l'hiver vers 19h, rien n'assure que le vent souffle uniformément sur le pays à cette heure-là.
Comme on peut le voir sur le site de RTE la production d'électricité éolienne le 1er février ou le 4 février est très différente (cinq fois plus d'éolien le 4 février que le 1er).
Et cette production « alternative » ne me semble pas avoir été prise en compte par Négawatt. Car cela signifie que lorsque le vent ne souffle pas, il faut des centrales capables de prendre rapidement le relais. Et ce sont des centrales au gaz, charbon, pétrole.
Négawatt parle de biomasse mais ne mentionne à aucun moment qu'il s'agirait de faire face à l'intermittence de l'éolien. Les capacités de production semblent de toute façon limitée.
Le même problème se pose également avec le solaire photovoltaïque (auquel Négawatt fait également référence). Il se trouve que le Soleil a la fâcheuse manie de se cacher lors des pics de consommation, l'hiver à 19h.
Pour parler chiffres Négawatt parle d'une production de 114.9 TWh/an en éolien et de 63TWh en photovoltaïque à l'horizon 2050. Ces deux types d'énergie ont une production d'électricité très peu maitrisable (ça produit quand ça veut). À mettre en regard des 50 TWh de biomasse (énergie qui fonctionne plus « à la demande »).

Cela n'enlève rien au fait que le rapport « a le mérite d'être sur la table » et qu'il est intéressant à lire.
Pour bien connaître négaWatt, et pour suivre leurs travaux depuis 3 ans, il est savoureux de leur donner la lumière qu'ils méritent.
Nous avons tenté de vulgariser et rendre accessible leur scénario 2006 (en attendant celui de septembre 2011 qui devrait intégrer d'autres domaines comme l'agriculture).
http://www.eco-sapiens.com/dossier-167-Comment-Sortir-avec-elegance-du-nucleaire.html

Quelques remarques quand même sur ce qu'est un scénario énergétique. Comme le rappelle négaWatt, un scénraio est forcément faux (c'est un peu comme le business plan pour une entreprise...)
L'intérêt d'un scénario réside dans ce qu'il permet de dégager des objectifs et donc une politique énergétique concrète (isolation des bâtiments, développement de la biomasse). Il réside aussi dans la possibilité de comparer avec un scénario tendanciel et donc de mesurer les écarts sur l'idéal.

Merci à vous de mettre en lumière un travail indépendant et méticuleux qui, je vous rassure, est tout de même connu et reconnu dans les réseaux écolos !

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