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Martinique : une chronique de "Politis" accusée de "pillage"

L’historienne Laurence De Cock préfère utiliser le mot "invisibilisation" au mot "pillage" pour qualifier l’accusation de plagiat intellectuel dont sa dernière chronique fait l’objet, de la part du fondateur d’une revue intellectuelle antillaise, Zaka Toto. Plongée dans les eaux troubles de la vulgarisation historique, ici teintées de critiques ironiques adressées à une intellectuelle spécialiste de l’enseignement du "fait colonial".

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C'est une chose d'expliquer comment les faits se sont déroulés de son propre point de vue, en pointant l'invisibilisation dont elle s'est rendue coupable; c'en est une autre de réellement faire son auto-critique; et c'est une troisième chose que de s(...)

« Être capable de dire ces simples mots : « Je me suis trompé·e », c'est une rareté dans le champ intellectuel. Il y a très très peu de personnes qui sont capables de ça ; je les compte sur les doigts d'une demi-main. »

(Source)


L'auto-critique ne cons(...)

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"...mais de plus, lors de la conversation avec l'ami concerné, il l'avait ardemment combattue."


eh oui, ça arrive : combattre "ardemment" une idée, ça suppose de l'explorer à fond, la décortiquer, la comprendre, et parfois in fine elle s'impose. C'est(...)

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remontada  : le procès en diffamation s'est tenu hier  et histoire de rajouter une couche dans la petite saloperie mesquine


"Aujourd’hui, deux militants de la gauche radicale, altermondialiste, antifasciste, antiraciste (?) m’ont assis sur le banc des prévenus à côté de Valeurs Actuelles.  C’était leur demande expresse depuis l’année dernière. C’était leur plan : nous mettre sur le même niveau. "  Zaka Toto


les deux militants en question étant Laurence De Cock et son avocat Raphaël Kempf



"dans les conclusions de l’avocat de la plaignante, Valeurs Actuelles est décrit comme un média « conservateur ». C’est tout.  Et nous comme violent, virulent, agressif, sexiste, cyberharceleur et j’en passe et des meilleurs…[...] Aujourd’hui je ne sais pas combien de fois on m’a rappellé que je n’étais pas connu. Personne. Que peut-être je cherchais la célébrité. Que j’étais incompétent. Et puis que ce que j’écrivais c’était  « de la politique locale ». Avec la paume qui pointe vers le bas. " Zaka Toto

délibérée le  21 septembre 2023 

Une petite remonté puisque Laurence de Cock "poursuit en diffamation l’auteur, et par son intermédiaire, notre revue."


 L'affaire Laurence de Cock

Ah, les gauchistes intersectionnels sont merveilleux, depuis leur tour d'ivoire parisienne ils donnent des leçons de "privilèges" à qui veut les entendre (essentiellement d'autres gauchistes intersectionnels parisiens manifestement privilégiés). Il est bon de les voir se prendre une paire de gifle méritée de temps en temps.

Donc tout le monde s'est abonné à ZIST ici si j'ai bien compris ?

Du coup, on devrait arrêter de rédiger des articles et des livres, des films aussi. Il y a forcément quelqu'un qui a déjà raconter notre histoire, et si on n'est pas né dans le lieu de notre histoire on est un voleur c'est bien ça ?

Quelle mauvaise foi......

En plus, l'attaque d'une "Blanc.he" est très déplacée, c'est bien connu les femmes ont le pouvoir dans la presse ! ....

A l'heure où j'écris ce texte, son compte n'est plus disponible : https://twitter.com/laurencedecock1

Kemi Séba est venu en Martinique en Mai 2018 pour une action symbolique centrée sur le sucre .


Quand Zaka Toto  publie une analyse de cette action il s'est passé 18 mois , il s'en explique ainsi :


 "Je me suis retenu de revenir au 18e siècle. Et puis il a fallu des recherches, le temps d’écriture, de relecture, d’allers-retours avec mon cercle de confiance sur ce sujet. Bref, du travail.

Pour le composer, il fallait une connaissance assez pointue du territoire, de son histoire, des idées qui y ont émergées. ……. à sa lecture on peut comprendre aisément que cette connaissance est, je crois, fine. J’ai mis une vie à la raffiner. Comme un artisan."

Finalement la publication, en 4 parties est faite sur le site de sa revue : ZIST fin Janvier et debut février 2020 .


Sa réflexion est  bien accueillie selon lui qui parle d'un succès certain . 


Laurence de Cock arrive en Martinique  10 jours plus tard, son projet était-il d'écrire un article sur le sucre ou cette idée lui est-elle venue sur place en discutant avec des intellectuels qui avaient lu la contribution de Zaka Toto ?














Cette histoire aura permis de découvrir cette série d'articles remarquable de Zaka Toto. On parle pas assez de la menace pour les causes décolonial/antiracistes que consitue Sémi Keba (pardon Kémi Seba!)

Merci pour cet article


L'occasion pour moi de relire Aimé Césaire et son discours sur le colonialisme.


Quand les pratiques de cette gauche paternaliste incarné par LDC sont denoncées , quand les gens qu'elle représente ne pratiquent que l'autoflagellation au lieu de la responsabilisation, quand les oppresseurs se proclament victimes face à la révolte , quand tous ces matagraboliseurs sont à l’œuvre , j'ai envie de dire à Zaka Toto : bienvenu , je vous vois  dans ce monde médiatique qui nous enfume.


C'est une chose d'expliquer comment les faits se sont déroulés de son propre point de vue, en pointant l'invisibilisation dont elle s'est rendue coupable; c'en est une autre de réellement faire son auto-critique; et c'est une troisième chose que de s'excuser. A ma connaissance, L. De Cock ne s'est pas encore excusée (publiquement ?), ce qui aurait été la moindre des choses...

Et comme pointé en fin d'article, il aurait sans doute été judicieux de laisser l'espace de sa chronique dans Politis à Zaka Toto, plutôt que de réécrire une chronique où elle prend encore la place des racisé.e.s...

« Être capable de dire ces simples mots : « Je me suis trompé·e », c'est une rareté dans le champ intellectuel. Il y a très très peu de personnes qui sont capables de ça ; je les compte sur les doigts d'une demi-main. »

(Source)


L'auto-critique ne consiste pas à se donner des bons points ou à se flageller. Elle ne consiste pas à défendre que l'on ne pouvait pas faire autrement ou que l'on a eu une attitude normale.

Elle consiste à identifier une erreur, un défaut, et les mécanismes qui y ont conduit. Une erreur qui était impossible à éviter n'en reste pas moins une erreur et elle doit être étudiée (pour peu que cette étude apporte quelque chose, ce qui est quasi systématiquement le cas) en posant de côté l'orgueil et les regrets pour devenir un objet d'étude dans un contexte à comprendre.

Le fait que l'objet d'étude est notre propre personne ou nos propres actes nous laisse un avantage inestimable : nous n'avons jamais accès à autant d'informations et d'indices sur les mécanismes sous-jacents lorsqu'il s'agit d'un·e autre, pour peu que l'on ait appris à s'observer.


C'est pourquoi l'auto-critique est une arme extrêmement puissante.

Cela ne vaut qu'avec les erreurs, c'est-à-dire ici si De Cock a effectivement mené ses recherches sans plagier Toto et que par coïncidence elle a produit un texte pouvant induire l'idée de pillage. (Et là son erreur aurait été de ne pas mener une enquête totalement différente de la source qu'elle a lue, pour bien s'en différencier.)


Mais si elle a brodé dessus, ce n'est pas une erreur, c'est à la fois un délit punissable en justice et un crime moral double : voler le travail des autres pour se l'accaparer n'est pas très fair play, a fortiori quand on construit sa carrière sur le décolonialisme.


A la  base, il y a une paresse intellectuelle générale de l'individu : croire qu'en 48 heures on peut produire un texte correct sur un sujet qu'on ne connaît pas, c'est de la bêtise. Ca passe pour un journaliste, mais pas pour quelqu'un qui se prétend historien.


Par ailleurs, quand elle dit "sans vérifier plus longuement que d’autres, moins visibles, en avaient parlé beaucoup plus longuement et beaucoup mieux que moi ", elle se fiche de notre poire : il est évident que la série de Toto lui a sauté sous les yeux dès qu'elle a commencé ses recherches sur le sujet (si c'est bien l'ordre suivi), c'est le B.A.BA de la réunion de la documentation (et d'ailleurs, elle dit bien qu'elle avait lu la série en question "Je lis aussi, parmi d’autres, le blog de l’auteur en question"). On voit mal la plus-value de son article et en quoi elle en "parle beaucoup plus longuement et mieux". Il semble en effet après la lecture du présent article qu'il n'y ait pas de valeur ajoutée dans le texte de Politis.


Conclusion : quand on pille volontairement une source en la cachant, on ne va en aucun cas l'avouer et faire son "auto-critique", parce que ce serait avouer qu'on vole et ruiner ainsi sa réputation. On peut juste louvoyer en espérant que le supplice prenne vite fin.

Vous dites :

"On voit mal la plus-value de son article et en quoi elle en "parle beaucoup plus longuement et mieux"."

alors que c'est exactement le contraire qu'elle dit dans la citation que vous reprenez au début de votre paragraphe :

"...que d’autres, moins visibles, en avaient parlé beaucoup plus longuement et beaucoup mieux que moi."

"(Et là son erreur aurait été de ne pas mener une enquête totalement différente de la source qu'elle a lue, pour bien s'en différencier.)"


En gros, c'est ce qu'elle aurait fait si elle avait été plus maligne. J'ai la faiblesse de penser (et c'est ce qu'elle dit) qu'elle aurait plutôt dû mentionner le travail de Toto comme source.

c'est vraiment tout le problème; elle admet ne pas avoir l'exigence de citer ses sources ou ses inspirations; même les plus évidentes. Avec sa notoriété et sa plateforme reformuler les idées d'autres qui sont beaucoup moins visibles c'est le meilleur moyen d'être sur de s'approprier le travail intellectuel des autres (on ne parle même pas de source en terme journalistique). Et là on parle d'une série d'articles publiés dans une revue en ligne; mais ça arrive très souvent que des journalistes s'approprient des idées originales devellopées sur twitter par exemple. La chose éthique à faire aurait été de contacter l'auteur en amont et d'en discuter avec lui; et de le citer avec son accord.

Je crois que vous ne comprenez pas bien le contexte d'un article court pour une revue. Ce n'est pas une publication scientifique qui doit absolument citer toutes ses sources et références, et ça tient parfois beaucoup de place, sachant que les lecteurs ordinaires ne liront pas ça, mais que par contre c'est indispensable aux chercheurs. 


Je ne pense pas qu'un article de revue nécessite une telle rigueur. Un oubli de citation n'aurait pas eu un tel impact s'il ne s'était agi d'un cas particulier, un auteur antillais fâcheusement "oublié" par une historienne métropolitaine. De ce point de vue, c'est impardonnable et elle le reconnaît.


Il faut repérer une caisse de résonance supplémentaire, il s'agit d'une militante très marquée à gauche, ce qui fait que certains jubilent particulièrement à l'idée de "se la faire"

ça devrait pourtant être une bonne pratique même dans un format court de citer des références si elles sont majeures dans l'écriture du papier. Je pense pas vraiment qu'il y ai de mauvaise intention mais il pourrait y avoir une sorte de déni sur le fait d'avoir reformulé quelque chose  déjà lu ou entendu en se l'appropriant; c'est quelque chose qu'on fait tous plus ou moins consciemment (mais c'est différent quand c'est publié dans un journal).

"une sorte de déni sur le fait d'avoir reformulé quelque chose  déjà lu ou entendu en se l'appropriant"


Un chercheur connu (je crois que c'est René Zazzo) racontait avoir eu ce genre d'incident avec un ami, qui lui reprochait d'avoir utilisé dans un de ses livres une idée venant de lui. Non seulement il l'avait empruntée clandestinement, mais de plus, lors de la conversation avec l'ami concerné, il l'avait ardemment combattue.

"...mais de plus, lors de la conversation avec l'ami concerné, il l'avait ardemment combattue."


eh oui, ça arrive : combattre "ardemment" une idée, ça suppose de l'explorer à fond, la décortiquer, la comprendre, et parfois in fine elle s'impose. C'est tout ce qui fait la différence entre la rigueur intellectuelle et le sectarisme. 

et pour un chercheur, l'étude et la discussion des "idées" des autres tient autant de place que le travail "de terrain". Dans ce foisonnement, il arrive assez souvent qu'on perde la source d'une idée qui a fini par s'imposer, qu'on a adoptée, faite sienne. 

c'est pourquoi dans la rechercher scientifique (comme dans l'art, d'ailleurs), la notion de "propriété d'une idée" est impraticable.

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