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Commentaires

Lipietz, Rue89, et l'ultra-libéralisme

Tiens, un petit cas pratique de journalisme, pour changer un peu.

Derniers commentaires

Dans le débat sur le faux de Rue 89 les internautes me crédite dans leur très grande majorité de ce qui est incontestable et reconnu (le viol du off, le faux de Pierre Haski) mais contestent "hoax" et "néo-libéralisme".
D'où une seconde vague de réflexions ici :
http://lipietz.net/?article2690
Ben justement !
comment vérifier que "ce dernier fait bien son boulot, en respectant la parole et les dires de l'interviewé", si un rédac chef modifie l'article de sa journaliste, confirmé par l'interviewé, en violant ces deux critères ? Le chien se mord la queue...
Partons de cet axiome : les journalistes sont les rapporteurs "objectifs" de faits qu'ils voient ou qu'ils entendent.
Parmi eux, certains sont sourds, ou d'autres myopes.
D'autres font des fautes d'interprétation, ou grammaticales, et souvent font semblant d'avoir tout compris.
Seuls les plus habiles tirent leurs épingles du jeu : ils se contentent de relater des faits très vendeurs qui font du chiffre pour servir à une bonne cause.
Mathématiquement un axiome n'est qu'un outil utile à construire une apparence vraie.
"Cécile Duflot est à la botte du PS et est prête à vendre père et mère pour devenir ministre".

Ben moi, ça ne m'a pas semblé inexact...
A.Lipietz est certes un peu provocateur mais très loin d'être une andouille .
Alors s'il dit ne pas avoir parlé nommément de Cécile Duflot je suis tout à fait disposé à le croire .
Tant pis pour Rue 89 , car de mon point de vue les contributeurs politiques vont se faire rares .
Et c'est vrai que leur nouvelle présentation avec des commentaires cachés est nulle à chier .

PS me font marrer ces libéraux qui jouent sur les mots , avec le libéralisme politique, économique et néolibéralisme qui n'a plus rien à voir puisque au nom de la liberté tous les coups sont permis ...Mais en général ce sont les libertariens qui sont chatouilleux à ce sujet ne serait ce que pour sauter sur l'occasion de nous développer leur catéchisme .
La relecture me semble indispensable compte tenu du fonctionnement actuel de la presse. Je suis entièrement d'accord avec vous.

Néanmoins, il me semble vous avoir déjà lu ou entendu tenir sur le site des propos proches de ceux de Pierre Haski sur la relecture. Il faudrait faire une recherche. Avis aux amateurs. Peut-être était-ce à propos du off ou des propos volés? Etait-ce à propos de Rachida Dati au Parlement européen dans une émission de M6? A vérifier.

Les questions ne me semblent pas si éloignées

La relecture, c'est le contrôle de sa communication. Le journalisme n'aime pas être réduit au rôle de communicant. Il a raison. Simplement, il ne doit pas se contenter de faire des interviews.

L'interview tient une place beaucoup trop importante dans le journalisme. Dans le journalisme politique, en particulier.

L'interview y est trop souvent l'alpha et l'omega, un fait politique en soi. Une interview répondra à une autre. Dans le même media ou dans un autre. Une série de déclarations constitueront un "dossier".

Le bon usage de l'interview, c'est la vérification. Elle doit venir en appui d'une recherche ou d'une réflexion. Elle doit permettre de compléter le dossier constitué d'autres informations que sont les faits, les pièces, etc...

Comme sur votre site.
Il a bien vieilli, le copain de Barbie, non ?

http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/12/13/kyoto-l-opposition-canadienne-denonce-les-mensonges-de-kent_1617876_3244.html
Il ne faut pas jeter Rue89 avec la sueur du foot, les fluides du sexe et les circuits des iTrucs, il y a quand même eu des choses très bien sur ce site, il y en a encore de temps en temps, et il reste un petit peu de participation. Il faut noter qu'ils ont été beau joueur et ont publié la chronique de DS, sans la transformer en lui mettant comme titre "Pascal Riché est un saligaud malhonnête" ou autre.

Sur "l'affaire Lipietz" et plus largement sur l'évolution de Rue89, voici ce que j'ai mis chez eux, à quoi Sophie Verney-Caillat a répondu, et une re-réponse de ma part n'en a pas encore entrainé de la sienne.
Alain Lipietz revient une deuxième (et dernière ?) fois sur son site sur la polémique, plutôt calmement et avec classe, alors que Pascal Riché, dans les commentaires de la chronique de DS, est à la limite de l'insulte. Et a la classe de sélectionner son propre commentaire de sorte qu'il est le seul à apparaître sous la chronique si on ne clique pas pour lire les autres ! Je me demande s'il sélectionnera ma réponse à son commentaire également.

Pour résumer, ce qui me frappe le plus : l'article original présente implicitement le déjeuner comme un entretien balisé et voulu, et met en titre puis en lien depuis la page d'accueil une phrase qui n'a pas été dite par Lipietz, mettant nommément en cause une femme de son parti alors qu'il explique avoir longuement développé sur les différences de générations, de pratiques, et de conceptions politiques qui s'ensuivent. Ce procédé est malhonnête, et il fait passer Lipietz pour quelqu'un de malpoli en plus d'un aigri.
Sophie Verney-Caillat semble gênée de cette polémique, et le Vert ne l'accable pas ; par contre Riché est têtu...
//Rue 89 a adopté le statut « gratuit avec salariés »//

Salariés payés des clopinettes, stagiaires en majorité d’où compétences insuffisantes, articles mal écrits, mal relus et grosses boulettes (se souvenir de l’affaire du dentiste d’Aix).

Le pur bénévolat est réservé aux « riverains » contributeurs d’articles, payés avec des flatteries (la technique des fourmis trayant les pucerons) ou traités avec désinvolture (ce fut mon cas). Leur fameuse formule "l'info à trois voix" n'est qu'une ségueulerie.

//Le modèle de Rue 89, rémunéré par la publicité en fonction du nombre de clicks, ne repose donc que sur la chasse au click.

D’où une grande tolérance aux « trolls » genre P5R qui génèrent des pages entières de réactions indignées ou moqueuses mais sans plus aucun lien avec le sujet de l’article.

D’où des pubs particulièrement agressives. Qui obtiennent le résultat inverse. La gratuité d’accès a un effet pervers : à la différence des sites payants comme ici et Médiapart, les posteurs ne font guère d’efforts et le niveau des commentaires s’en ressent : pour un bon, il a parfois des kyrielles de trucs débiles.

//Pour filer l’analogie avec le papier, Rue 89 est à Mediapart ce que Métro est au Monde//

Un fourre-tout, un gloubiboulga d’articles où le futile côtoie l’intéressant, avec un recours excessif au travail des autres (X titres renvoient à d’autres médias).

En résumé : grosse déception, et je ne suis pas seul à le dire.
Souffrez, cher Daniel, qu'un "dinosaure de la vieille presse" vous félicite pour cette bonne leçon de vrai journalisme. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle (le vrai journalisme) je me suis réabonné tout de suite dès la première sollicitation d' @SI. J'ai d'ailleurs fait le ménage : j'ai viré, comme le dénommé Jo, toute accession à Rue89 qui sent le fromage rance... J'ai aussi jeté aux oubliettes de l'Histoire le Causeur de la mère Lévy qui s'encombre désormais de petits marquis (que font encore chez elle des esprits aussi subtils que Marc Cohen ou Luc Rosenzweig... mais bien sûr, c'est leur affaire). Bref, la conduite de l'Husky (pas Husky... papy, Haski) en chien de traîneau publicitaire est très qualifiable.
Indépendants, chez rue 89 ?

Rue 89 "lève des fonds"...

Où on s'aperçoit que les "investisseurs" sont effectivement de grosses boîtes de pub (Hi-Media ou Verdoso Media)...

Mais comme partout. Du coup, le scoop est plus important que tout, et peu importe la déontologie.

Finalement, Daniel a eu raison de refuser la pub, et le pognon du gouvernement...

Rue 89 n'a pas de ces pudeurs ridicules :

En décembre 2009, Rue89 demande et obtient un fonds de 249 000 euros de la Direction du développement des médias, direction qui relève de l'autorité du Premier ministre.(source wiki)

@Sleepless : normalement, on ne devrait pas avoir à relire le papier d'un journaliste. Mais dans les faits...
la comparaison Rue89, Metro tient vraiment la route, Rue89 c'est du même niveau de Metro.

Je l'ai supprimé de mes flux rss il y a qq mois tellement leur articles racoleurs, insolites, facebook, ipad, sexe me tapaient sur les nerfs.
"respect du pacte, quand il a été conclu, l'ultra-libéralisme n'ayant pas grand chose à voir dans l'histoire.": DS

Ben si, quand même, puisqu'ici, le non respect du pacte est selon toute vraisemblance dicté par l'appât du gain. La déréglementation n'est pas qu'en terme économique dans l'ultra-libéralisme, elle est au cœur même du système, c'est elle qui garantit la maximisation de l'objectif, à savoir le profit. Ce n'est pas pour rien que l'archétype de l'ultra-libéral soit incarné par la figure du mafieux.

yG
Non, un interviewé n'a pas à relire les papiers d'un journaliste.
En tout cas pas si ce dernier fait bien son boulot, en respectant la parole et les dires de l'interviewé.
Or, la pratique de la relecture s'est quasi généralisée.
CDFQ ?
CDFQ = C'est Des Faux Q ..? :-P
Ha, ha, je me suis bien vautré sur le coup, merci !
CQFD, bien sûr...
Vous avez une étrange vision du journalisme, ou alors vous êtes un excellent journaliste (je n'en doute pas).
Moi la semaine dernière je faisais un article assez technique sur le béton et le calcul de son usure, croyez moi, j'étais content de le faire relire par mon interlocuteur, un scientifique directeur d'un labo… qui n'a pas trouvé grand chose à modifier, heureusement.
Ah, rimbus, je ne prétendrai pas être un excellent journaliste.
D'autant que je ne le suis plus, journaliste, depuis bientôt six ans (je ne l'ai été que six ans, aussi).
Ensuite je me suis toujours tenu à une façon de faire, la non-relecture des papiers étant un des éléments de cette manière.
J'ai écrit des papiers disant simplement la vérité sur les sujets des articles, avec refus de quelque compromission que ce soit.
C'est aussi pourquoi je ne suis plus journaliste, et que je n'ai pas retrouvé de boulot dans la presse :)
J'ai écrit des papiers disant simplement la vérité sur les sujets des articles, avec refus de quelque compromission que ce soit.
Dire la vérité, je veux bien… mais laquelle ? la votre, celle de votre interlocuteur, celle que s'est faite votre lecteur, celle de votre contradicteur, celle de votre concierge ?
Tout le monde dit une vérité… mais je ne connais personne qui puisse dire "La Vérité".
(sauf votre respect, cher ami) ;-)
Je savais qu'il y aurait réflexion sur la "vérité", ce qui est normal.
Il se trouve que je travaillais dans un domaine dans lequel les faits sont incontournables et facilement vérifiables par tout lecteur.
Une seule erreur, et j'aurais eu à subir les foudres de nombreuses personnes, sans compter le fait de mettre en jeu la crédibilité des media dans lequel je m'exprimais...
Ça met la pression, mais ça pousse à la rigueur.
Quant aux interviews, tout était sur bande, donc facilement consultable en cas de problème.
J'ai toujours ce même poids au-dessus de la tête, dans d'autres circonstances, où la plus petite erreur serait lue et immédiatement critiquée par bien plus de personnes que je n'ai pu en toucher par voie de presse papier.
Pression, encore.
Rigueur, encore.
Je ne prétends pas être infaillible, c'est impossible. Mais si je ne sais pas, ou doute, je n'en parle pas, c'est tout. Et j'assume (assumais) 100% de ce qui était écrit.
@ Sleepless, de la part de Dominique Godin :

En tant qu'ancien journaliste repenti, je suis d'accord avec DS au sujet de la relecture. J'aurais voulu dire à Sleepless que ne vois vraiment pas où est le problème de faire relire un papier dans la mesure où l'on fait une interview pour donner à faire connaître le point de vue de quelqu'un. Alors autant que ce soit le plus précis possible. Et la personne concernée est tout de même la mieux placée pour préciser sa pensée. Non, je ne vois vraiment pas au nom de quel principe on refuserait de faire relire un papier. Sinon de faire dans le "croustillant" comme Rue 89.
@DG (bon DS, ça saute quand cet exil ?) :

Chacun son point de vue là-dessus, le mien est clairement dit au-dessus.
Si on fait correctement son boulot, l'interviewé ne pourra que reconnaître la retranscription exacte de ses propos.
Nul besoin de faire relire.
Où est le métier, sinon, l'intérêt de l'apport du journaliste ?
Dans les questions ?
Ben alors autant tout faire par écrit, avec allers-retours pour compléter et rebondir après coup...
En faire un livre, quoi...

Ce qui est intéressant dans une interview, à mon avis, ce sont les hésitations, le cheminement de la pensée, les contradictions de l'interviewé quand le contradicteur/questionneur/intervieweur connaît son sujet.
Bien plus qu'un truc qui aura été lissé après coup.

Alors autant que ce soit le plus précis possible.

Bien sûr : c'est donc au moment des questions, et de l'interview que les choses doivent être précisées. Et c'est tout le métier du journaliste de le faire. Quand on voit comment nos journaleux ne relancent pas quand ils n'ont pas de réponses à leur question, c'est là qu'est tout le problème.
Pas le temps ? Ben si c'est pas précis, ou que l'on a peur de n'avoir pas compris (ça arrive...) : on n'en parle pas, ou on passe un coup de fil ou un mail pour plus d'infos, ou on fait des recherches. On bosse, quoi...

Et je ne parle même pas des papiers sur un sujet donné, que le fabricant, décideur, intervenant, etc. voudrait "relire" avant publication...

Votre conclusion est tout à fait injuste, mon cher DG.
Je n'ai jamais fait relire un seul papier, et je n'ai jamais fait de "croustillant" comme Rue 89".
Souffrez (comme on dit) de reconnaître qu'il existe d'autres "principes" (personnels, et non universels, quoique...) derrière ce choix.

Chacun son point de vue là-dessus, le mien est clairement dit au-dessus.
Si on fait correctement son boulot, l'interviewé ne pourra que reconnaître la retranscription exacte de ses propos.
Nul besoin de faire relire.

Faire relire, ça fait un peu partie de "faire correctement son boulot". Si tu as déjà pratiqué des interviews, tu devrais la savoir : retranscrire des pensées sur la bases de notes (surtout si l'entretien est long) est très casse-gueule. Il y a une large part, inévitable, de reformulation et de recréation du dialogue, et donc de réinterprétation et de masticage de trous, de "ah chiotte il avait di ça comment exactement", "ah il voulait dire quoi exactement", etc... Même si on élague tout ce sur quoi on n'a pas de notes précises, tous les petits rien du tout insignifiants à l'origine mais qui auraient été vachement utiles à l'arrivée, même si on s'en tient à ce qu'on a ramené précisément (voire enregistré si on a le temps), il y a un travail d'adaptation et d'édition qui peut -qui va!- trahir involontairement une pensée. Et au-delà de ça, il y a l'interviewé, qui, lui-même, peut n'avoir "pas fait correctement son boulot", c'est-à-dire s'être exprimé d'une façon maladroite, qui induit l'intervieweur en erreur, et qui ne correspond pas à ce qu'il voulait vraiment dire. Et oui : ce qu'il voulait dire est ce qui est important.

Donc déjà, à la base, la méthodologie journalistique qui, bousculée par le temps, n'autorise généralement que des rencontres ponctuelles et uniques, est un facteur de malentendus. Si l'on évacue cet aller-retour minimum, cette politesse du "c'est bien ça que vous avez voulu dire" (quitte à maintenir s'il y a tentative de dissimulation, ce qui est un tout autre problème qui met en jeu la bonne foi des deux protagonistes), alors ça devient très rapidement du n'importe quoi. C'est une petite négligence -ou souvent une économie d'effort et de temps- qui permet de figer définitivement par l'écrit des erreurs d'interprétation stupides, même si souvent de détail. Et ces erreurs ne sont pas toujours évitables par un quelconque "bon boulot" en amont. Le "boulot" en question est censé inclure cette phase-là (grosso modo au même titre et pour les mêmes raisons que les croisements d'information).
Faire relire, ça fait un peu partie de "faire correctement son boulot".

Non.

Si tu as déjà pratiqué des interviews, tu devrais la savoir :

Oui.
Oui.
Et j'enregistrais tout.
Et je refusais les interviews entre deux portes, ou trop courtes.
Voilà.
Comme je le dis, chacun fait comme il veut.

Et au-delà de ça, il y a l'interviewé, qui, lui-même, peut n'avoir "pas fait correctement son boulot", c'est-à-dire s'être exprimé d'une façon maladroite

Pas faux.
Mais encore une fois, le boulot du journaliste étant aussi de connaître son sujet (j'insiste, car c'est une des grosses problématiques du métier), il peut faire préciser au moment de l'interview. Ou après coup, mais par re-questionnement, pas par relecture.
Et, aussi encore une fois, quand on n'est pas sûr, on ne publie pas, plutôt qu'une approximation.
Mais je ne cherche pas à convaincre, ou dire qu'il faut agir comme ça (même si ça peut en donner l'impression...).
Je sais ce que j'ai fait, comment je l'ai fait. Et je connais les réactions après publication de toutes les personnes que j'ai interrogées, parce que je tenais à connaître ces réactions (la moindre des choses après avoir refusé la relecture).

Je m'arrêterai là, cette partie de ma vie professionnelle étant maintenant loin derrière moi.
Désolé pour le dérangement :)
Moi qui ne suis pas journaliste, je suis assez d'accord avec toi, Sleepless...

A partir du moment où tu as bien fait ton boulot :

- bien connaître le sujet me paraît fondamental, pour pouvoir éventuellement objecter si l'interviewé essaie de te faire avaler des couleuvres)

- être honnête, c'est à dire rapporter fidèlement ce que l'interviewé a dit (c'est facile, puisque enregistré)

- éventuellement demander des précisions ensuite si un point de détail n'est pas clair...

tu n'es pas obligé de "faire relire". Et moi non plus, je ne le ferai pas.

Ou alors, ça voudrait dire que n'importe quel rigolo (genre les politiques) pourrait s'opposer à la publication d'une interview...
Mais évidemment, ça implique de respecter une déontologie...
//retranscrire des pensées sur la bases de notes (surtout si l'entretien est long) est très casse-gueule. Il y a une large part, inévitable, de reformulation et de recréation du dialogue, et donc de réinterprétation et de masticage de trous//

Ben moi on a retranscrit mes déclarations dans un livre en les simplifiant, et donc en les déformant. Le plus déplaisant a été l'usage des guillemets, qui pouvaient laisser croire aux lecteurs que c'était exactement ce que j'avais dit. Mais je n'en ai pas voulu à l’auteur, qui a agi de bonne foi.

Bon, j'ai bien fait de quitter le pays où je vivais alors, vu le mal que j'en disais dans une conversation à bâtons rompus dont j'ignorais qu'elle serait dans le livre...

Je peux même faire la promo de ce livre :

http://voyagesenfrance.info/
Pour ma part, quand je prévois un verbatim, je l'écris et je le relis à mon interlocuteur, en précisant bien que ce sera une citation, à la fin de l'entretien. Ça évite de faire relire.
et puis il y a des interviews faites par téléphone souvent aussi, pour relire, macache...
Heu, si je m'imagine devoir être interviewé par un journaliste qui me dit que je pourrais pas relire avant publication, je fuis tout de suite… Ne serait-ce que pour les deux points soulevés par IT : que le journaliste, aussi bon soit-il, n'ait pas compris de travers, et que moi-même, je ne me suis pas mal exprimé. Du moment qu'il s'agit de ma parole retranscrite et que c'est ce que je veux dire qui est le centre de l'interview, ça me semble un minimum d'avoir un droit de regard dessus.
En poussant ta logique, aucune émission de radio ou de télé ne peut plus être en direct...
Parce que indépendamment du "filtre" du journaliste qui caractérise l'écrit (ça se discute encore une fois), tu peux t'exprimer comme une merde tout seul...
Ben, c'est un autre exercice, différent, qu'on peut accepter de faire ou pas.
L'interview écrite a cette caractéristique et cette spécificité par rapport au direct de pouvoir être corrigée - autant en profiter, justement.
D'accord avec vous, Djac.

Ce post de m@tinaute m'intéresse et me met mal à l'aise, car indirectement, il raconte mon quotidien de pigiste. Parce qu'en pratique il n'y a pas que le journaliste qui patouille dans son texte -et dans les citations des interviewés- il y a aussi sa hiérarchie -ok, pas toujours, sans doute, mais souvent, je pense.
Je bosse pour un féminin (faut bien crouter): mini-enquêtes de très grande vulgarisation, obligation de s'appuyer sur des témoignages, interviews d'au moins 2 "spécalistes" par papier. Ma hiérarchie est allergique à tout ce qui ressemble de près ou de loin à du jargon ou même à un vocabulaire un peu technique. Et mes chefs changent allègrement un mot pour un autre quand elles trouvent que ce n'est pas assez concret. Oui, y compris dans les citations des spécialistes (psys, sociologues, médecins dans la majorité des cas). Et dans les citations des témoins, je n'en parle même pas: il n'y a pas un papier sans qu'on me demande de réécrire dans tel ou tel sens, ou qu'on m'appelle pour me dire: "Mais Machine, elle t'as pas dit ça ?" ou "Est-ce qu'on peut l'écrire comme ça ?"

Il y a quelques années, quand un(e) interviewé(e) demandait à relire, je ne voyais que le mauvais côté du truc: perte de temps pour moi, personne qui veut absolument faire passer tel message (non pertinent dans le papier) ou veut "mettre sa patte" dans tout l'article. Et plus ça va, plus j'aime faire relire: je préviens mes intervenants préalablement à toute interview, pas de jargon, pas de digression, libres à eux de refuser de me répondre -mais je cible les personnes que je sollicite en fonction de leur capacité de vulgarisation, évidemment. Et je me suis rendu compte que la plupart du temps, il n'y avait aucun souci après relecture: ils changent deux mots, ou me disent "c'est trop résumé, mais ça me va". Et je fais bien savoir à ma hiérarchie que les citations ont été relues, que si on veut changer, il faut refaire circuler le papier... Et finalement, j'ai l'esprit bien plus tranquille.

Alors, je vois bien le problème: il y a une forme de malhonnêteté journalistique à la base, puisque l'on triture les propos des gens interviewés pour formater le papier suivant une ligne éditoriale rigidissime... Mais j'ai bien peur que ce soit une pratique répandue dans la presse féminine... Ah, et puis à Rue89 apparemment...


A propos du fait que faire relire systématiquement induirait par extension la mort de l'audiovisuel en direct, je m'inscris en faux: ça n'a strictement rien à voir. A la radio ou à la télé en direct, personne ne met des mots dans notre bouche, en faisant comme si on les avait bien dit. Cela n'exclut nullement la manipulation, le manque de temps pour exprimer clairement sa pensée, les plateaux-traquenards, mais c'est tout de même très différent du discours rapporté entre guillemets à l'écrit...
Et j'oubliais. J'imagine trop bien le dialogue entre le red chef ou chef de rubrique et la journaliste qui a interviewé Lipietz:
- C'est pas clair ton papier, il veut dire quoi par 'ils vendraient père et mère' ?
- Ben, c'est ce qu'il explique avant, la différence de conception entre deux générations de politiques, toussa...
- Ouais, mais de toutes façons, c'est trop long, on s'y perd là, faut que tu fasses plus simple, plus direct. D'ailleurs, c'est qui "ils" ?
- Ben, les cadres du parti aujourd'hui: Duflot, Placé...
- Voilà, il faut qu'on précise: "Duflot vendrait père et mère" donc, tiens, je crois qu'on a le titre !
- Heu, mais c'est pas ça qu'il a dit !
- Il a pas précisé, mais c'est bien ça qu'il voulait dire, on va juste rendre la phrase plus explicite pour nos lecteurs.
- ...

Tu m'étonnes qu'elle soit gênée, la journaliste...
Oh le misenpremièrepageable !
A propos du fait que faire relire systématiquement induirait par extension la mort de l'audiovisuel en direct, je m'inscris en faux: ça n'a strictement rien à voir. A la radio ou à la télé en direct, personne ne met des mots dans notre bouche, en faisant comme si on les avait bien dit. Cela n'exclut nullement la manipulation, le manque de temps pour exprimer clairement sa pensée, les plateaux-traquenards, mais c'est tout de même très différent du discours rapporté entre guillemets à l'écrit...

Bien entendu. Je faisais simplement remarquer à Djac que de prendre comme argument de s'être mal exprimé pour demander une relecture voire une correction pouvait aussi conduire, si l'on poussait la logique au bout, aux demandes de modifier une émission, chose seulement possible avec du différé.
Si le différé s'installe systématiquement, vous savez aussi bien que moi que l'on peut quasiment faire dire n'importe quoi à n'importe qui...
Selon Jack Bauer, chef d'orchestre au Conservatoire et par ailleurs auteur de bandes dessinées à succès, il faut fuir les journalistes, même les meilleurs d'entre eux. "Ils comprennent tout de travers, même lorsqu'on s'est beaucoup exprimé". Selon Bauer, exiger un droit de regard sur les articles concernant la musique est un strict "minimum".

Pour Jack Bauer, qui affirme souvent s'imaginer interviewé, sa "parole" doit être au centre de l'article. Serait-ce pour éviter à E.T. de brandir les deux poings, précise-t-il mystérieusement.
DROIT DE RÉPONSE :

Je m'étonne, suite à la parution de votre commentaire, d'un certain nombre d'inexactitudes qui me sont attribuées et que je n'ai pourtant jamais dites.

Ainsi, je n'ai jamais dit qu'"il fallait fuir les journalistes", "même les meilleurs d'entre eux" et "qu'ils comprennent tout de travers", mais qu'il fallait fuir les meilleurs d'entre eux même s'ils comprennent tout de travers, mais pas les journalistes qui sont les meilleurs quand ils comprennent tout de travers, seulement ceux qui sont les meilleurs qu'il faut fuir quand ils comprennent tout de travers, même s'il sont journalistes. La nuance me paraît claire et d'importance.

Ensuite, je n'ai jamais dit qu'il "fallait que ma parole soit au centre de l'article pour éviter à E.T. de brandir les deux points", mais bien au contraire qu'il fallait que ma parole soit au centre de l'article pour éviter à ET de brandir les deux points.

Merci de bien vouloir publier ce droit de réponse.
tu vois bien, parution immédiate ;)
les deux points ou les deux poings ? dans l'enregistrement vous ne précisez pas l'orthographe.
Heu, si je m'imagine devoir être interviewé par un journaliste qui me dit que je pourrais pas relire avant publication, je fuis tout de suite…
dans la plupart des cas, quand on te propose une interview, tu es flatté et ça te permet de communiquer, de "faire ta pub". Tu fais confiance au journaliste, d'autant que la plupart du temps il t'explique ça manière de travailler et si elle te pose problème tu peux le dire à ce moment-là. Et il existe le droit de réponse en cas d'erreur grave ou de trahison de la parole, et ça fonctionne très bien.
Bin, pas vraiment complètement. D'une part les gens sont plutôt naïfs, et vont pas demander des détails de méthodes, ni en mesurer les conséquences, ensuite ils ne vont pas nécessairement lancer des démarches de droit de réponse, surtout que ça peut être disproportionné : le problème n'est pas seulement dans les cas d'erreurs "graves" mais aussi dans les petits décalages factuels ou subtils mais énervants. Enfin, eh, non, le droit de réponse "fonctionne" mais pas "très bien" : il est un peu aléatoire, à la fois dans la publication (qui peut avoir lieu ou pas, qui peut être suivie d'une réponse au droit de réponse laissant toujours le dernier mot au média), dans sa visibilité. Et dans sa temporalité. C'est un garde-fou assez moyen, bien qu'il faille faire avec. Et c'est surtout pas le but, ça ne rend pas un article meilleur rétroactivement...
Dans la plupart des cas, encore une fois, un courrier simple suffit, ou un mail. Le mieux est évidemment le recommandé.
Bien évidemment si c'est suffisamment grave il y a ensuite l'intervention d'un avocat, les journaux préfèrent éviter.
En général donc c'est très simple et le rectificatif est diffusé. Les cas où il y a réponse du rédacteur interviennent quand ce dernier conteste le droit de réponse, et effectivement ça peut durer longtemps.
J'ai vécu ça avec un ancien employeur qui avait été mis en cause et contestait, le directeur de la rédaction maintenait, il y avait une part de vrai et une part de mauvaise foi dans les deux camps et c'est le journal qui a eu le dernier mot.
Oui, enfin, si il faut en venir à envoyer un recommandé pour qu'un rectificatif soit publié, qui ne sera pas à la même place et en même temps que la publication de l'interview, donc pas forcément lu par les mêmes personnes qui ont lu l'interview, et qui tomberont dessus plus tard (de même que d'autres services de presse plusieurs années après, ils n'iront pas forcément vérifier dans les publications ultérieures si un droit de réponse a été publié ou pas) - ben franchement je préfère que le journaliste propose très simplement de me faire relire.
C'est quand même beaucoup plus simple, plus immédiat, et ça établit une relation de confiance.
ça établit une relation de confiance
il me semble que c'est plutôt l'inverse, si tu demandes à relire c'est que t'as pas confiance, mais bon...
Hé, c'est quand même, pas à moi, interviewé, de mettre le journaliste en confiance, hein…
en fin de compte en vous lisant, je me dis qu'il n'y a aucune raison d'imaginer que tout le monde doive procéder de la même manière, qu'il n'y ait qu'une seule "bonne façon" d'établir cette confiance, et qu'on puisse aboutir à la perfection, c'est à dire éviter tout malentendu (sans parler de la mauvaise foi).

Peut-être qu'il appartient à chaque journaliste de construire la démarche qui lui convient, avec ou sans relecture, enregistrement et/ou notes détaillées, et qui convient au domaine où il exerce et à ses interlocuteurs. La déontologie n'impose pas forcément une procédure unique. Elle portera aussi, bien sûr, sur la façon de régler les litiges...
Bon, ça y est, on a fait le tour, merci à tous!

eh bien oui, bien placé !
Ben justement !
comment vérifier que "ce dernier fait bien son boulot, en respectant la parole et les dires de l'interviewé", si un rédac chef modifie l'article de sa journaliste, confirmé par l'interviewé, en violant ces deux critères ? Le chien se mord la queue...
« ... sans avoir l'impression d'être un immonde censeur ... »

Je ne suis pas coutumier de sortir les citations de leur contexte, mais celle-ci m'a faite rire, justement sortie de son contexte.

Je n'userai de ce procédé qu'avec "modération", promis.

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