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l'homme de Gaza, revenu d'entre les morts

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Ce sont les images vraies ou fausses qui font les mythes bien plus que l' Histoire elle-même.
"Jamais une photographie n'a mis fin à une guerre"....

...mais elle peux être un support largement utilisé dans une grande manifestation comme celles qui ont eu lieu samedi 10 janvier. Ces photos plus terribles les unes que les autres sont bien capables de lever les foules et les politiques sont sensibles aux mouvements de foules ...
Pas eu le temps de lire les commentaires du forum...
Mais pris le temps de dire merci à A.K. pour cette belle réflexion sur la valeur de l'image photo, sa finalité, sa finitude...
Que 2009 soit riche en chroniques de ce niveau.
Il la eu quand le Prix Nobel de la paix ce monsieur Wajdi Mouawad ? il a tout pigé
Voici un texte écrit par Wajdi Mouawad, écrivain québecois d'origine libanaise en juillet 2006.

"Au journaliste qui me demandait quelle était ma position dans le conflit du Moyen-Orient, je n’ai pas pu lui mentir, lui avouant que ma position
relevait d’une telle impossibilité que ce n’est plus une position, c’est une courbature. Torticolis de tous les instants....

Je n’ai pas de position, je n’ai pas de parti, je suis simplement bouleversé car j’appartiens tout entier à cette violence. Je regarde la terre de
mon père et de ma mère et je me vois, moi : je pourrais tuer et je pourrais être des deux côtés, des six côtés, des 20 côtés. Je pourrais envahir
et je pourrais terroriser. Je pourrais me défendre et je pourrais résister et comble de tout, si j’étais l’un ou si j’étais l’autre, je saurais justifier
chacun de mes agissements et justifier l’injustice qui m’habite, je saurais trouver les mots pour dire combien ils me massacrent, combien ils
m’ôtent toute possibilité à vivre....

Il n’y a que ceux qui crient victoire à la mort de leurs ennemis qui tirent joie et bonheur de ce désastre. Je ne serai pas l’un d’entre eux même
si tout concours à ce que je le sois. Alors justement, comment faire pour éviter le piège ? Comment faire pour ne pas se mettre à faire de la
politique et tomber ainsi dans le discours qui nous mènera tout droit à la détestation ?..

ce qui est terrifiant, ce n’est pas la situation politique, c’est la souricière dans laquelle la situation nous met tous et nous oblige, face à l’impuissance
à agir, à faire un choix insupportable : celui de la haine ou celui de la folie."


le texte en entier ici
Aujourd'hui les conflits se veulent propres, les frappes chirurgicales et les dommages collatéraux. Les photographes sont empêchés de travailler, secret défense. Pire : il en est même qui s'en satisfont. Pas de sang, pas de sueur, pas de larmes. Tout est clair, net et sans bavures. Compris ? Oui chef ! Bien chef !
Il fut un temps, pourtant pas si éloigné, où les guerres montraient leur vrai visage. Il fut un temps où les photographes avaient la liberté de faire des photos. C'était la Guerre des Six Jours, le Biafra, le Tchad, le Vietnam..
AK dans le texte

Voici donc revenu le temps des guerres qui montrent leur vrai visage, contredisant ces quelques lignes extraites
d’une chronique plus ancienne, même si Israël interdit l’entrée des zones de combat aux reporters occidentaux.
Pour visionner les frappes chirurgicales sur Gaza, comme l'a souligné aussi @SI, il y a tout ce qu'il faut sur YouTube,
ainsi que des documents filmés sur place.

Ce panorama complet et croisé de visions de guerre ne donne pourtant aucun élément de réponse sur la légitimité
de l’un ou l’autre camp à semer la terreur chez son voisin.
En cela les images ne sont que des témoignages qui s’opposent et alimentent la pression des événements.
A cet homme couvert de cendres on oppose un enfant frappé par l’explosion d’un missile lancé au hasard.
Il nous faudrait choisir son camp avec pourtant cette difficulté de savoir si nous serions pro-Palestinien, pro-Hamas ou pro-Israélien,
car en étant pro- x… nous serions par conséquence contre x…
La perversité d’alliances occultes complique encore la donne en proposant l’Iran alimentant en arme le Hamas et les Etats Unis soutenant Israël.

Ceux qui dénoncent la disproportion des ripostes israéliennes, ont sans doute en tête la juste mesure qu’il faudrait appliquer à un tir de roquette aveugle.
Un tir de roquette pour un tir de roquette ?

Mais quoique nous puissions voir, trop ou pas assez d'images, il y a toujours ce vide de ne rien pouvoir changer.
Si certaines images ont un pouvoir d’évocation puissant, au point de devenir les icônes du chaos sur terre,,
elles n’ont jamais été un frein aux mécanismes complexes des pulsions de guerre.

Dans cette région, l’espoir de jours meilleurs a fêté ses 60 ans cette année et une énième
génération peine à trouver les mots de la réconciliation, mais trouve assez d’énergies pour les offensives légitimes (de part et d’autre) ou bâtir un mur de honte.

Les seules images parlantes aujourd’hui sont les cartes géo-politique,
qui donnent des informations dénuées de tous sentiments, surtout quand on les compare à 60 ans d’intervalle,
mais il est tellement facile de les faire mentir d'un coup de crayon magique, surtout quand celui-ci
est lancé d'un canon de gros calibre.

L’intervention du foie gras comme arme de culpabilisation massive, reste toujours un outil bien pratique pour dénoncer
notre propension à protéger notre confort et en même temps illustre notre impuissance, voire notre insouciance ou indifférence,
face à ces enjeux colossaux qui traversent l’histoire sans jamais trouver de réponses.

J’ai trouvé à cette chronique un ton plutôt grave, mais qui sera sans doute prochainement balayé par une prochaine d’un ton plus léger,
mâtiné d’amerloquaines attitudes so cool.
Pendant ce temps là, à Gaza, une femme pleurera encore son enfant, tandis qu’à un jet de roquette plus loin,
une famille Israélienne déposera, le cœur en rage, une gerbe de fleurs sur la tombe de la fille adorée, disparue dans un autobus kamikasé il y a 10 ans.
En regardant les décombres de sa maison, un enfant de 12 ans entonnera le fameux « Plus jamais ça » en langue morte.
S’accompagnant à merveille d’une kalachnikov il manquera, à vrai dire, de recul pour discerner les strates de la haine qui épaissit son discours,
calqué sur celui de son père, peut être lui même disparu dans le fracas d’une bombe.

Ainsi va la vie, ….

[quote=Mark Twain]Ils réussirent car ils ne savaient pas que c’était impossible.

Tirant mes dernières cartouches sur ce site, je ne serai pas en mesure d’en goûter les surprises,
mais j’espère qu’@SI saura vous mettre l’âme en éveil et aussi, s’il le faut, la puce à l’oreille…
Une coquille : NIETZSCHE s'écrit avec un s après le z.

Par ailleurs, le sens de la citation peut être trompeur lui aussi. Pour Nietzsche, la beauté ne rend pas faux mais l'amour immodéré de la "vérité" pour elle-même. Car sans l'art -- ou l'embellissement de la vie par de belles illusions --, c'est la vie qui serait une "erreur". Selon ce principe, dans la photographie donc, c'est moins la beauté de l'image qui ment que ce qui, dans l'image, nous fait croire que celle-ci correspond à la réalité, autrement dit qu'elle est "vraie".
Cher monsieur Schneidermann,
Alors que nous sommes nombreux à être horrifiés par ce que la soldatesque perpètre à Gaza et, surtout, effarés par le traitement médiatique unanime qui en est fait en France, tout ce que @si trouve à nous dire est une chronique décalée de M.Korkos, sans intérêt et aux conclusions déconcertantes :
« Les photos n’arrêtent pas les guerres ». Quelle découverte !
Vous nous avez habitués à autre chose. Réagissez !
Voir les photos sur VITE DIT ET GRATUIT

L’armée israélienne, citée par The Times, ne donne pas de détails [à propos de l’utilisation de bombes au phosphore], mais indique qu’elle respecte les conventions de Genève :
« Toutes les munitions utilisées sont légales ».


[large]Ni les États-Unis ni Israël ne sont signataires du Protocole additionnel de 1983, ils ne peuvent donc pas être poursuivis pour l’utilisation offensive de bombes au phosphore blanc.[/large]

C’est encore de l’affirmation « Canada Dry »… Ca ressemble à un mensonge, mais ce n’est pas un mensonge… Voir la clintonade : « Je jure que je n’ai jamais eu de relation sexuelle avec M.L. ». (Il avait raison Bill, une fellation [pour lui] n’est pas un rapport sexuel).

Stan 1000g
Il faut vivre dans "le tiers-monde" pour comprendre la profonde gene de voir pareil cliche subir une analyse esthetique. Je sais que c'est le travail d'@si que d'analyser les images, mais avons nous le meme rapport a l'image? la reponse est NON.
Ici en Afrique on ne regarde pas les images comme vous les regardez, nous n'avons pas les memes codes de lecture et les memes interpretations. Une certaine pudeur fais que l'on expose pas le malheur des autres de tel sorte, ne serait-ce que par respect des proches ou des personnes meme.
Cela me decoit beaucoup de vous voir discuter de ce sujet de telle facon, vous regardez les images de la detresse des autres comme des oeuvres photographiques a l'heure meme que des enfants innocents se font dechiqueter par les vraies armes de destructions massives.
Il serait temps qu'on discute de ce sujet sur @si, en profondeur, c'est de l'actu, c'est une guerre qui a deja fait 500 morts en moins d'une semaine. Israel ne mene pas une guerre contre le Hamas, Israel fais ce qu'elle a toujours fais : Faire payer a des palestiniens les crimes comis par les europeens.
Enfin j'ai l'impression qu'en France depuis quelques temps on ne parle plus vraiment de ce qu'on veut... meme sur le web.
Bonjour,

un debut d'analyse sur Médiapart, des méthodes/propagande/médias ( coté club/blogs gratuit, mais analyses, payantes, coté journal):

[quote=http://www.mediapart.fr/club/edition/anti-buzz/video/040109/aloha-palestine]
.
Ainsi Nanouniz nous rappelle ces règles que tout le monde doit avoir à l'esprit lorsqu'il regarde le JT le soir, ou quand il lit son journal le matin. Tout deviendra simple.

Règle numéro 1:

Au Proche Orient, ce sont toujours les arabes qui attaquent les premiers et c'est toujours Israël qui se défend. Cela s'appelle des représailles.

Règle numéro 2:

Les arabes, Palestiniens ou Libanais n'ont pas le droit de tuer des civils de l'autre camp. Cela s'appelle du terrorisme.
Règle numéro 3:

Israël a le droit de tuer les civils arabes. Cela s'appelle de la légitime défense.



Règle numéro 4:

Quand Israël tue trop de civils, les puissances occidentales l'appellent à la retenue. Cela s'appelle la réaction de la communauté internationale.

Règle numéro 5:

Les Palestiniens et les Libanais n'ont pas le droit de capturer des militaires israéliens, même si leur nombre est très limité et ne dépasse pas un soldat.

Règle numéro 6:

Les israéliens ont le droit d'enlever autant de Palestiniens qu'ils le souhaitent (environ 12,000 prisonniers à ce jour). Il n'y a aucune limite et n'ont besoin d'apporter aucune preuve de la culpabilité des personnes enlevées. Il suffit juste de dire le mot magique « terroriste ».

Règle numéro 7:

Quand vous dites « Résistance », il faut toujours rajouter l'expression «soutenu par la Syrie et l'Iran ».



Règle numéro 8:

Quand vous dites « Israël », Il ne faut surtout pas rajouter après: « soutenu par les États-Unis, la France et l'Europe », car on pourrait croire qu'il s'agit d'un conflit déséquilibré.

Règle numéro 9:

Ne jamais parler de « Territoires occupés », ni de résolutions de l'ONU, ni de violations du droit international, ni des conventions de Genève. Cela risque de perturber le téléspectateur et l'auditeur de France Info.



Règle numéro 10:

Les israéliens parlent mieux le français que les arabes. C'est ce qui explique qu'on leur donne, ainsi qu'à leurs partisans, aussi souvent que possible la parole. Ainsi, ils peuvent nous expliquer les règles précédentes (de 1 à 9). Cela s'appelle de la neutralité journalistique.

Règle numéro 11:

Si vous n'êtes pas d'accord avec ses règles ou si vous trouvez qu'elles favorisent une partie dans le conflit contre une autre, c'est que Vous êtes un dangereux antisémite. Donc, on veut nous « la boucler » et bien NON !
.../...

.
.
.

.... Pour revenir au sujet de mr Korkos, ( et pour le meme prix, la problématique liée aux critiques, soulevée par la vidéo de vendredi ;o) un lien toujours trouvé sur Médiapart/Club/blogs:

Le philosophe Jacques Rancière : “La parole n’est pas plus morale que les images”

qui renvoie sur telerama.fr

[quote=Jacques Rancière sur Télérama:]

.../...Dans votre dernier essai, Le Spectateur émancipé, vous avancez l’idée que la capacité critique de l’art, et du coup sa faculté de mobilisation, sont aujourd’hui en berne. Qu’entendez-vous par là ?
Il fut un temps où l'art portait clairement un message politique et où la critique cherchait à déceler ce message dans les œuvres. Je pense à l'époque de Bertolt Brecht, par exemple, où le théâtre dénonçait explicitement les contradictions sociales et le pouvoir du capital, ou aux années 1960 et 1970, quand s'est développée la dénonciation de la société du spectacle, avec Guy Debord : on pensait alors qu'en montrant certaines images du pouvoir – par exemple un amoncellement de marchandises ou des starlettes sur les plages de Cannes – on ferait naître chez le spectateur à la fois la conscience du système de domination régnant et l'aspiration à lutter contre. C'est cette tradition de l'art critique qui, selon moi, s'essouffle depuis vingt-cinq ou trente ans
..../...

.../...Il ne suffirait donc plus de montrer ce qu’on dénonce pour faire descendre les gens dans la rue ?
Le problème est que ça n'a jamais suffi. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, on se disait : montrons le vice et la vertu au théâtre, cela incitera les hommes à fuir le premier et à honorer la seconde. Dès le XVIIIe, pourtant, Rousseau a montré que ça ne marchait pas : si les spectateurs prennent plaisir à la représentation du vice, on imagine mal qu'ils s'en détournent après la pièce. Et si certains ont plaisir à voir la vertu sur scène, cela ne signifie pas qu'ils se réjouiront de la pratiquer dans la réalité. Peu à peu, on a mis en évidence qu'il n'y avait aucun effet direct entre l'intention de l'artiste et la réception du spectateur. Plus proche de nous, voyez les montages de l'artiste Martha Rosler, qui insérait des photos de la guerre du Vietnam – en l'occurrence un homme portant un enfant mort – dans des publicités pour des intérieurs américains. Bel exemple d'« art critique » qui espère vous faire réagir ! Pourtant, cette œuvre ne vous mobilise que si vous êtes déjà convaincu, d'une part, que ce qui est critiqué dans l'image est l'impérialisme américain, d'autre part que les Américains sont impérialistes. Sinon, vous avez l'impression d'être devant une image de propagande
..../...

bonne lecture!
quelques asinautes font un mauvais procès à cette chronique pleine de recul et de compassion loyale.la réalité atroce des bombardements sur gaza,n'est pas du tout relativisée,au contraire,a korkos propose une grille d'analyse du ressenti face aux images,qui est toujours en référence avec nos mémoires visuelles,donc forcément tamisé.
de plus l'attitude des individus face à une caméra ou un appareil photo,accentue parfois sensiblements les contours psychiques d'une personnalité.
"l'homme de gaza,revenu d'entre les mort"est une chronique stylistique et panoramique sur la désincarnation "mathématique" du spectacle,et surement pas une prise de position partiale du malheur palestinien.
Les images de demain [Gaza], seront-elles similaires à celles d’hier ?

« Et les Stuka piquaient toute sirène hurlante pour paniquer la population qui fuyait sur les routes. »

Voir l’exode

NB : Geurge W Bush, à donné une nouvelle traduction de Si vis pacem, parabelum : la guerre préventive.
En contradiction avec mon post précédent, je ne peux m’empêcher de vous donner le lien suivant :
« GAZA • La guerre psychologique bat son plein »

Stan 1000g
"Regard flatté, âme anesthésiée. Nous consommons des centaines d'images qui sont autant de comptes rendus de douleurs et d'atrocités. Nous nous exclamons : « Mon Dieu mon Dieu comme c'est horrible ! », puis nous reprenons une tranche de foie gras."

Parlez pour vous Alain Korkos. Je ne fais pas partie du groupe de contemplateurs que vous décrivez.

Les images de Gaza me font souffrir et dans le même temps: AGIR.
Je milite, je manifeste et je cherche comment participer à ce que cela cesse.
- Pour cela, il y a des centaines de voies possibles.
- Pour les trouver, il faut commencer par les chercher.
Souvenez vous que la dernière guerre mondiale a compté très peu de résistants.
En auriez-vous fait partie ?

http://www.urgence-gaza.com/
http://www.ujfp.org/
http://www.ism-france.org/news/
http://gush-shalom.org/
COURAGE TO REFUSE
etc.
[large]Recentrons ce Forum[/large]
Ellis le 03/01/2009 à 12h12 écrit :
« Korkos n’est pas journaliste, son rôle est de relever et éclairer un objet iconographique marquant ou représentatif par semaine, pas de commenter l’actualité en tant que telle » Pouvons nous en rester sur ce sujet ?

Je suis entièrement d’accord avec Ellis qui précise :
« Ceci dit, je trouve aussi le silence du site assourdissant, sur ce sujet [Gaza],
même en cette période d’activité réduite.
Mais c’est auprès de Daniel Schneidermann qu’il faudra se plaindre.
A bon entendeur... ».


Ne nous trompons pas de débat et ne tirons pas sur l’ambulance.

Stan 1000g
La Une du "Parisien" de ce jour est incroyable de manipulation : Haut de la demi page, le gros titre sur l'attaque israélienne à Gaza, bas de la demi page, une voiture renversée hier à Paris en marge des manifestions de soutien aux palestiniens.
"Cet article a été rédigé par un reporter d'AgoraVox, le journal média citoyen qui vous donne la parole. Lire la suite l'article
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* Gaza: le Premier ministre britannique appelle à un cessez-le-feu immédiat
* Plus d'articles sur : Israël-Palestine

Discussion: Israël-Palestine

Toutes les guerres se gagnent avant tout par la communication et le conflit au Proche-Orient ne déroge pas à la règle. Denis Sieffert(1) avait mis en évidence les mécanismes de communication utilisés par les Israéliens pour obtenir le soutien de l’opinion occidentale. LA GUERRE, DANS CE PAYSAGE AUTREFOIS SILLONNE PAR LES PROPHETES, N 'EXISTE PAS, ISRAEL Y MENE SEULEMENT DES " REPRESAILLES ", DES "INCURSIONS", DES "RAIDS".

Cette fois encore il ne s’agit pas d’une guerre mais d’une « opération ». Ces opérations ne sont d’ailleurs pas lancées par une armée mais par Tsahal et portent des noms souvent très poétiques : « BIENTOT CHEZ TOI », « Champs de ronces », « UN VOYAGE PITTORESQUE »… La mode des « ASSASSINATS CIBLES », des « FRAPPES CHIRURGICALES » est révolue, désormais l’argument avancé par le gouvernement israélien est devenu le combat contre une « ORGANISATION TERRORISTE » et non contre un parti politique qui a été élu démocratiquement et a bénéficié en plus du soutien du Likoud. Oubliés la pression exercée sur la population de Gaza, l’écrasement du Fatah par les forces militaires israéliennes, les promesses non tenues et la colonisation qui s’étend depuis toutes ces années au mépris des accords internationaux. Une seule chose doit rester dans les consciences, les terroristes font tomber des « pluies de missiles(2) » et s’apprêtent à tout dévaster.

Il n’y a donc aucune indécence à utiliser l’esthétisme de certaines photos pour mettre en valeur ce qui ne constitue finalement que des actions censées protéger la population israélienne contre les terroristes. L’incongruité de ces photos prises par des photographes israéliens pour les agences de presse et diffusées dans les journaux français et internationaux devait préparer l’opinion publique aux images d’épouvante qui allaient être propagées : buildings éventrés, villes en feu (3)…

Le contraste est bien entendu saisissant entre ces images d’horreur et l’esthétisme de ces photographies pourtant annonciatrices du « carnage ». La focalisation sur le char à partir d’un cadre de fenêtre procède d’un art qui ne se cache plus. Dès lors, l’étroitesse du cadrage concentre l’espace et occulte la réalité que la photo devrait donner à voir. LE PHOTOGRAPHE A JOUE SUR LA MISE EN SCENE ET CAMOUFLE DANS SON ESTHETISME LA TRAGEDIE, préservant chacun de détourner les yeux. Ces photos sont semblables à l’apprêt qu’un peintre dispose sur sa toile pour que les couleurs qu’il veut livrer au public impriment parfaitement le support et résistent au temps.

Le gouvernement israélien qui a pris l’habitude de réagir avec toujours plus de violence et de ne jamais desserrer l’étau contre les Palestiniens savait pertinemment que l’opinion internationale s’émouvrait devant la disproportion des représailles (64 avions ont bombardé Gaza lors de la première attaque, aidés par des hélicoptères et des drones tandis que les chars encerclaient les points stratégiques). Dès lors, IL A FALLU PREPARER L'OPINION PUBLIQUE EN PRESENTANT L'OPERATION SOUS DES HORIZONS DE PAIX, DISPOSER DES CHARS DANS UNE AURORE BIENVEILLANTE POUR QU'INFUSE DANS LES CONSCIENCES L'ETERNEL CLICHE DE LA GUERRE PROPRE .

A l’approche des élections en Israël, Ehoud Olmert entend recouvrer une certaine popularité et panser l’affront du Hezbollah pour redorer par la même occasion son blason de chef militaire. Mais l’histoire risque encore une fois de repousser tout espoir de paix en renforçant le pouvoir des groupes extrémistes en Palestine et en commettant une fois de plus une punition collective à l’encontre des populations civiles."

Laurent Monserrat
Tous a [peut-être] été déjà dit sur la forum @si
Voir le dossier « Au bon vieux temps de l'Occupation »

Stan 1000g
Si une photo ne met pas fin à la guerre, elle peut permettre de la comprendre, de comprendre l'horreur d'un champ de bataille.

Un jour, je suis allée voir une expo photo de Christine Spengler et j'ai eu le choc de ma vie, devant la photo sur Pnom-Penh, 4mx 6 au moins, plus haute et plus large que moi, j'entrais tout à coup sur le champ de bataille avec ces hommes défaits, je sentais l'odeur de chair humaine, j'y étais par tous les sens alors que seule la vision semblait sollicitée. Un peu comme devant Guernica, quand on arrivait en face au MOMA de NY, du temps où il y était encore, un véritable coup de poing.

Cliquer sur la photo pour la voir en grand [b]ici
i
les photos ne mettent pas fin aux guerres ?

mais font prendre conscience de ses horreurs . L'image de cette petite fille a participé au retrait des forces américaines au vietnam, n'en déplaise à ceux qui croient que les images de conflit ne changent rien . Ne soyons pas cyniques, ça perturbe la digestion du foie gras.
Cette photo rappelle le 11 Septembre 2001 à New-York, aprés l'effondrement de la premiere tour,
n'est-il pas ?
Alain K. a l’art de gratter là ou ça démange….. comme tout un chacun, sa phrase de conclusion m’a fait réagir …. La prise de distance avec ma propre émotion et la lecture du forum n’ont fait qu’aggraver mon malaise : de quoi parlons-nous ? « du choc des mots et du poids des photos »… de l’impact des manif ? du pot de terre et du Pot de Fer… de l’effet papillon ? De l’objectivité de la photographie ? du poète qui disait « Dieu, que la guerre est jolie » ou de celui qui murmurait en songeant à Barbara « quelle connerie la guerre ! » ? de la sexualité des anges, ou de celle des mouches ?

Personne n’est forcé de regarder une photo, personne n’est obligé de lire un texte, (fût-il de Judith B.. ).
Peut-être que la scénarisation du cliché est nécessaire ( voire indispensable ) pour « accrocher » le regard ( c’était l’avis de Kubrick )…. Mais l’esthétisation excessive ne risque t’elle pas de stériliser - ou simplement de dévier - le propos ?
Je n’en sais rien… ce que je pense c’est que parmi les milliers de photos-papillons qui volent au-dessus de la mer médiatique, il arrivera peut-être que l’une d’entre elle créera, quelque part, un remous salutaire …
Et on n’est pas obligé d’y croire pour l’espérer….
Pourquoi nous parler du foie gras(seulement au menu à Noel ou presque ), de la vie de tous les jours , comme si cela nous rendait plus coupalbe d'une situation que beaucoup d'entre nous essayent de combattre chaque jour.........Je sais que c'est un peu facile de nous culpabiliser, il y a des autres........qui pourraient s'étouffer avec leur foie gras
Quel monde laissons nous se contruire , dans lequel nous vivons en direct ce que l'homme est capable de faire vivre de pire .......
Comment réagir devant nos écrans , nos journaux,
comment expliquer à nos enfants que nous sommes impuissants , que nous sommes limités dans nos pouvoirs, car en fait les parents ne sont pas des super men , nous n'avons pas de solutions miracleEt non on ne peut rein contre la puissance mondiale , c'est dur d'éever les siens et ceux des autres dans le respect quand le monde nous renvoie le non respect des droits de l'homme : la vie, .la religion, la santé .......
Bonne analyse, surtout lorsque la photo n’a pas de commentaire.
Un commentaire, c’est à dire la légende [pouvant être pris dans le sens de fable ou affabulation] de la photo pouvant faire dire le contraire de ce qu’elle signifie.
Cf. l’arrêt sur image d’une photo de Paris Match, montrant (selon la légende) des victimes brûlées (Yougoslavie ?), alors qu’il s’agissait de cadavres incinérés pour éviter une épidémie.
(merci à celui qui peut donner un lien pour cette photo)

Contrairement à ce qui est dit :
Une photo, peut-être, a permis d’arrêter une guerre…voir cette photo de Kim [la victime et non le photographe], qui a au moins contribué à montrer au monde entier les horreurs d’une guerre, et faire prendre conscience aux américains de leur responsabilité.
La photo
sur se site

Stan 1000g
Il y a UN sujet majeur, urgent, dans l'actualité et dans l'observation du traitement qu'en font les médias: ce qui se passe à Gaza depuis 10 jours.
Il me semble impossible, inapproprié et impudique de parler d'autre chose actuellement.
Je regrette l'immense silence qui plane sur le site d'ASI depuis le début de cette guerre. J'en ai honte, aussi.

Depuis dix jours, des irréparables ont été commis, mais ici, les quelques rares veilleurs encore éveillés sont restés, pour le moins, très ... évasifs !

C'est plus que dommage, car il y avait, et il y a encore, énormément de choses à observer, à constater, à dire,à analyser, à dénoncer...et un des lieux où on pouvait le faire est donc aux abonnés absents.. (si j'ose dire car la plupart des abonnés sont là, je le sents)

Il se confirme donc qu'à certaines périodes de l'année, périodes très connues, des évènements majeurs peuvent être déclenchés dans la monde en toute "impunité" ou que du moins les réactions se feront avec un délai largement suffisant pour que l'essentiel du but recherché soit déjà atteint.
Lorsque les consciences et les porteurs de conscience se réveillent, l'affaire est déjà dans le sac.... C'était le cas par exemple, aussi, lors de l'invasion du Koweit par l'Irak en pleine léthargie d'août, entre autres..

Aujourd'hui, 450 morts après le début du bombardement massif de Gaza, les images se sont arrêtées ici, mais les sujets "people" continuent à trôner sur le site, soulignant un peu plus leur côté obscène.

Je suis déçu de ne pas lire certaines "grandes" plumes d'"ASI" actuellement, même un peu... ou bien, on attend la fin des "opérations "?

De même, silence radio et télé quasi total sur les dizaines de manifestations en France aujourd'hui, pour demander la fin du massacre.

Dans quelques années peut-etre, des avions vont encore s'écraser sur des tours, ou pire, parceque le trop plein d'humiliation est vraiment trop plein, la parole a été refusée trop longtemps, il n'y a plus aucun moyen "humain", aucun, d'être écouté, entendu, pris en compte, respecté.. ce jour-là il sera encore trop tard et on se posera, trop tard, la question de l'origine du terrorisme...

Les attentats du 11 septembre à venir sont en train de se préparer actuellement, là, sous nos yeux; alors, au moins ici, essayons d'ouvrir les yeux, la parole, l'écoute !

Jacques, Brest.
Merci Alain.

Cela rejoint l'une de mes interrogations du moment : peut-on photographier la guerre ? peut-on montrer la guerre ?
J'ai étudié ça (un peu), et je suis tombée sur des articles de Télérama à propos de la guerre au Rwanda.

petits extraits Téléram n°2326, 10 août 1994
LUC DELAHAYE (Agence Magnum) : "Je prends des risques, j'ai le droit de prendre des photos"
"Au Rwanda plus qu'ailleurs, j'ai été confronté à la honte de faire ce métier. La honte de s'arrêter devant quelqu'un, au bord de la route, de le voir agoniser, et de faire une photo. (...). Maintenant, je redoute que ces images aient un effet pervers. Je crains qu'on présente cette tragédie uniquement comme une catastrophe humanitaire. Le pire serait de mettre tout le monde sur un même plan, les extrémistes hutus responsables de massacres et la population qui souffre. Comme en Bosnie, il ne faut pas oublier le crime originel qui a provoqué l'exode de ces centaines de milliers de pauvres gens."

SOPHIE ELBAZ (Agence Sygma) : "Parfois, j'ai envie de poser mes boîtiers et de prendre un stylo."
"Je n'ai pas envie d'accrocher l'attention des gens sur l'horreur. (...) Je me demande d'ailleurs si on photographierait avec la même impudeur des Blancs victimes d'une grande catastrophe en Europe. Il faut arrêter de parler et de montrer le tiers-monde comme une sous-humanité. Quand les événements nous dépassent, on se retranche derrière des mots clés : "horreur", "enfer", mais c'est peut-être aussi une façon de repousser l'événement, de ne pas affronter la réalité. Dire que c'est affreux, ça ne suffit pas. Sinon, le public reste passif, sans analyse, sans prise de position. Par un effet d'amalgame, on en vient à se dire que c'est comme ça, qu'il n'y a rien à faire. (...)
La solution ? Expliquer, montrer les responsabilités, donner à comprendre, voilà le rôle de la presse. Mais quel lecteur, quel téléspectateur sait réellement,n après des centaines d'articles et de reportages, qui sont les Hutus et les Tutsis, quelles sont leurs cultures ?"

Ces photos, je les regarderai, plus tard, pour leur aspect esthétique ; elles ne m'expliquent rien sur le moment, elles ne m'apprennent rien ; pour réagir, j'ai besoin de comprendre ; la compassion et la révolte ne nous font pas réagir de façon "intelligente" : elles înfluent sur nos pulsions (cf le tsunami il y a quelques années).
Je suis tout à fait d'accord avec Alain Korkos à ce sujet (même si je le dis moins bien, désolée)

Je préfèrerais largement ne pas avoir d'images et avoir de vrais reportages ; mais le "grand public" a besoin d'images pour être sensibilisés ; alors, à défaut, je veux bien qu'on se serve des images, mais je n'en vois pas bien l'utilité réelle...
Je suis moi aussi complètement en désaccord avec Alain Korkos.

"Jamais une photographie n'a mis fin à une guerre" Est-ce à dire qu'il est inutile de montrer la réalité et la cruauté ? Alors pourquoi ce projet d'expositions de photos sur la shoah sur lequel vous hésitiez encore aux dernières nouvelles ? Les horreurs de la shoah, quand vous pensiez les montrer en photos, n'était-ce pas dans un but de PLUS JAMAIS CA ? Sinon quel autre intérêt, pas pour leur "beauté" , j'espère !

Un exemple de la grande utilité des photos de guerre

100 photos pour la Palestine de Georges Bartoli


Les photos de Georges Bartoli replacent l’image des Palestiniens dans leur contexte actuel. Un contexte d’occupation, d’humiliation, de destruction, de résistance et de mort. Elles RESTITUENT la réalité palestinienne sociale, économique, politique et humaine. Le Palestinien n’est plus un stéréotype abstrait mais un être vivant, , inscrit dans une collectivité et dans un territoire national même si pour le moment il est occupé. La Palestine refait donc surface dans les images de Georges Bartoli. Elle est douloureuse, meurtrie, écrasée par la barbarie de l’occupation militaire.

Le CONTRASTE entre l’image des jeunes Palestiniens de l’Intifada aux lance pierres artisanaux et celle des soldats bardés de fusils M16 et Uzi devant d’immenses tanks Merkava rappelle l’image biblique de David et Goliath. Elles nous RAPPELLENT aussi que pendant toute cette période de la première année de la Seconde Intifada, de septembre 2000 à septembre 2001, les seules armes des Palestiniens étaient les pierres face à la quatrième puissance militaire du monde, par ailleurs puissance nucléaire. La DISPROPORTION des moyens employés par l’armée d’occupation israélienne pour réprimer l’Intifada est CRIANTE dans les images. La destruction des maisons, l’impact de l’artillerie sur les immeubles, sur les bureaux, le bouclage des routes par les barrages, l’interdiction de circuler par les soldats, TOUTES CES PHOTOS MONTRENT QUE C'EST LA POPULATION CIVILE PALESTINIENNE QUI PAYE EN PREMIER LIEU LA POLITIQUE D'OCCUPATION MILITAIRE ISRAELIENNE . C’est ce qu’on appelle le « châtiment collectif ».

Certes cette exposition qui a eu lieu en 2005, n'a pas empêché la guerre de continuer, Mais peut-être que si tous les journalistes nous montraient LA REALITE que ce soit dans leurs images ou dans leurs textes, nous serions encore plus sensibilisés.

NON LES PHOTOS NE NOUS LAISSENT PAS INSENSIBLES
"cette chronique peut nous laisser penser que le photoreportage est inutile puisqu'il n'a jamais mis fin à la guerre"

Je reprends ce que j'ai dit plus haut : est-ce qu'Alain Korkos ne voulait pas simplement dire qu'un photoreportage à lui tout seul ne peut pas grand chose. Par contre, il a un rôle à jouer dans le processus de retour à la paix : il permet de diffuser l'information et (peut-être) de faire bouger la communauté internationale. Mais il faudrait être naïf pour croire que les dirigeants Israëliens et le Hamas, en voyant les photos de massacre vont se dire, "c'est trop horrible, arrêtons-tous !".
Chronique intéressante...MAIS je suis à peu de choses près entièrement en désaccord avec notre cher Alain! :D

Comme l'a bien dit un asinaute, cette chronique peut nous laisser penser que le photoreportage est inutile puisqu'il n'a jamais mis fin à la guerre! Premièrement, je conteste cette affirmation. Et quand bien même ce serait vrai, cela ne veut pas dire que le photoreportage est inutile.
Je conteste cette affirmation car ce n'est pas un hasard si l'opinion américaine s'est retournée contre la guerre au Vietnam dans les années 60. Cette guerre est l'exemple même de la liberté de la presse dans un conflit. Après cette guerre et les révélations de la presse, tous les pays en guerre essayèrent de museler ou du moins de manipuler une presse afin qu'elle ne montre pas ce qui dérange dans un conflit. C'est ainsi que sont nés les tours opérateurs de l'armée qui emmènent les photographes sur des sites prédéterminés afin qu'ils prennent des photos consensuelles (pratique très répandue pendant la première guerre du Golfe). Pour revenir plus spécifiquement sur le rôle de la photographie, je pense que les images prises par Catherine Leroy de la guerre du Vietnam ont fortement aidé au retournement de l'opinion américaine. Avec certaines d'entre elles, Catherine Leroy a fait la Une du célèbre magazine Life. Sa photographie la plus connue montre un soldat américain qui pleure la mort d'un camarade sur la colline 881 (voir photo : http://pagesperso-orange.fr/titi.nanou/images/colline.htm). Cette photo a fait le tour du monde...
Pour moi, s'il est vrai que beaucoup de photographies sont anesthésiantes et ne remplissent pas l'objectif de bousculer REELLEMENT les mentalités, l'on ne peut pas non plus généraliser. Je pense par exemple que la majorité des photographies de James Nachtwey (photographe contemporain) sont très perturbantes et ne nous renvoient pas de sitôt à table pour manger une bonne tranche de foie gras. La première fois que j'ai vu ses photos sur la famine au Soudan j'étais sur le c.. et elles m'ont marqué à jamais. Le site de Nachtwey : http://www.jamesnachtwey.com/

Je m'étonne finalement du pessimisme d'Alain devant un objet qui le passionne tant! La photogaphie est une arme médiatique très puissante! Qu'elle soit moins forte que la réalité, soit, mais de là à limiter son rôle à une quasi-inutilité, NON!
pour moi, le propos n'est pas l'"objet" de la photo ; inévitablement, et d'autant plus pour des photos de guerre, vient le sujet : le "sujet" de la photo qui sera interprété, et le "sujet" qui va interpréter la photo et dire "c'est beau ou pas beau"

le propos est plus, pour moi, entre les images d'un reportage-caméra et un reportage -photo ;

perso, je me sens plus "voyeuse" quand il s'agit de reportages-caméra à la télé ; les reportages me donnent toujours l'impression de "zapper" la guerre et je ne m'aime pas du tout dans cette position ; je n'ai pas le temps de la réflexion, à peine le temps de me dire que c'est horrible, etc... et déjà vient le reportage suivant ....
pour moi, la photo, au contraire, fixe l'évènement et reste figée sous mes yeux le temps que je prendrais pour y réfléchir ; je me sens plus participative, même si ça n'est pas physique, et que je ne suis pas sur place ;

par exemple sur les camps de concentration en 1945, les images de reportage me donnent l'impression de regarder les prisonniers sans avoir le temps de réfléchir à leur histoire ; le mouvement qu'impose la caméra empêche à la pensée de s'arrêter ; les photos de ces camps, au contraire, nous imposent de nous arrêter et de penser à l'horreur des histoires individuelles ;

idem pour GAZA, les reportages me font passer un peu trop vite d'une horreur à une autre, une photo m'impose de m'arrêter 5 minutes pour chercher à comprendre au-delà de l'"image" l'histoire de ces familles en guerre depuis des années ;

une caméra filme la guerre, ce qui peut laisser le spectateur "détaché" ; une photographie fixe l'individu et donc son histoire induite ; et pour moi, ça a plus de chance d'engendrer la compassion...

je pense qu'il n'est pas possible de rester sur le plan de l'"objet" de la photo pour dire qu'elle est "belle" ou non......
mais.....
à suivre
On peut regretter qu'aucune image d'art n'ait jamais mis fin à la guerre. Je propose humblement une vue sur deux peintures :

L'une de Picasso, tristement célèbre, qui réunit les symboles à la fois de l'histoire de l'art et de la religion occidentales :
http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://www.marseilleveyre.org/guernica1937/imguernica/guernica1.jpg&imgrefurl=http://www.marseilleveyre.org/guernica1937/tabguernica.htm&h=454&w=1040&sz=85&tbnid=HPZafm863kX29M::&tbnh=65&tbnw=150&prev=/images%3Fq%3Dguernica&hl=fr&usg=__j9hiblasp8jGypoZdGSYlsPNn2k=&sa=X&oi=image_result&resnum=3&ct=image&cd=1

L'autre, de Rubens, peintre et diplomate, dont les bras levés d'Europe se retrouvent dans l'oeuvre de Picasso, broyée par la gueule des enfers :
http://lyc-curie-chateauroux.tice.ac-orleans-tours.fr/php5/journal/spip.php?article96
Alain Korkos a mis en évidence notre passivité, notre fascination pour l'horreur, la sublimation par l'image.
La gamine de Mexico qui agonisait en direct il y a quelques années de cela est du même tonneau.
Nous sommes consommateurs d'images, nous sommes bouffeurs de scoops, des zappeurs de drames, passant quand c'est trop dérangeant de la chaîne d'infos au soap, du divertissement bête à la chaîne de l'assemblée nationale où quelques députés se tirent la bourre sourire en coin... Nous allons manifester, nous signons des pétitions, mais nous ne bougeons pas les lignes, ou si peu.
Derrière cette chronique grave, je lis l'honnêteté de l'auteur, fou d'images et cependant extrêmement conscient de leurs limites,
Alain Korkos : merci à vous.
une chronique réussie =
- une chronique qui revient aux bons vieux fondamentaux d'ASI , l'analyse technique et esthétique de la fabrication d'un visuel
- mais aussi une mise en perspective moins innocente de l'image , dans son contexte politique (même si elle s'achève sur un ton désillusionné) , et qui donne envie de lire le Susan Sontag.

Donc un Alain précis, pointu et politique ( je crois que ce que demande abdessamad est en dehors des fonctions d'Alain et d'ASI), en tous cas en forme.
ça m'a aussi donné envie d'aller voir "la boîte à images" mais on me demande un code ; le blog est vraiment hors d'accès ?

Bonne année à tous
J'ai vu un reportage réalisé dans l'hôpital d'Ashkelon, une ville israélienne située à une dizaine de kilomètres de la frontière avec la bande de Gaza.
Les Palestiniens blessés y sont accueillis et soignés. Et le personnel ne fait aucune différence entre les malades/blessés palestiniens ou israéliens.
De chaque côté on déplore cette escalade des violences, de chaque côté on désire vivre en paix.

Je rappelle que @si veut dire arrêt sur images donc ici on analyse les images. !
Tout à fait d'accord avec Jacques Pagnoux.
Imaginons un instant comment seraient "traités" ces évenements si la Chine bombardait de la même façon le Tibet, j'ai honte pour les médias français.

Norbert Puddu
Superbe analyse, la photo ne représente qu'un instant, qui ne reviendra jamais, et c'est sûr qu'elle ne suffit pas à se sentir "dans" le contexte de la mort à la guerre, rien ne pourrait nous immerger dans cet horreur que la vivre sur place en vrai. Idem pour la vidéo. Ce n'est qu'un petit bout de la réalité. Pour ceux qui l'ont vécu dans les années 40 sauront bien de quoi je parle, même si j'étais toute petite, je garde le souvenir de l'effroi.

Bravo M'sieur Korkos, il y a du Sébastien Bohler et de la philosophie dans cette chronqiue, en plus de votre job qui est de nous expliquer les images. Merci.
Pour info : lien de la catastrophe de Minamata mort (Sorry, Service Temporarily Unavailable.)

-> re-fonctionne... bizarre !
Zut alors, j'ai pas le temps de lire là tout de suite... Ouf que c'est internet et pas un journal papier qui risque de servir à faire du feu avant que je lise, parce qu'il fait vachement froid en ce moment, ou une émission télé qu'on est obligé de regarder à heure fixe. A tout à l'heure. N'effacez rien en attendant, même les fautes de frappe, OK? Sinon je me réabonne pas en 2010!!!
Alain Korkos est nécessaire, sinon indispensable. au-delà de ce qu'il montre, il incite son lecteur d'images à penser plus loin que le bout de la photo. Certes une photo n'arrête pas la guerre mais une manifestation peut exprimer la colère face à ce massacre. Il y en a une cette après-midi à Paris et dans d'autres villes. certes elles n'arrêteront pas la guerre mais elles montreront peut-être que chacun n'est pas obligé de se laisser chloroformé par nos médias plus prompts à parler du Vendée globe , à condamner une infirmière ou un "dangereux terroriste" emprisonné pour que le pouvoir ne perde pas la face.
Tiens, vos traits dessinés sur l'image me rappellent mes cours de prise de vue à l'école où on nous avait expliqué que la beauté d'une image n'était absolument pas subjectif, mais totalement objectif, et s'obtenait en faisant des calculs et en prenant des mesures.
[quote=Jamais une photographie n'a mis fin à une guerre]

Merci pour cette chronique très digne.
Chronique très intéressante, mais...
Oui les images esthétisantes nous font mettre une distance entre le lecteur et l'objet représenté. Mais est-ce que cette distance est de l'indifférence, ou du recul qui permet d'avoir une action réfléchie par la suite ?

Je viens justement de terminer de lire "Comment Hitchcock m'a guéri" de l'indispensable Serge Tisseron, et je le suis quand il explique comment les images permettent de bâtir un rapport au monde.
Non, une image seule n'a sans doute jamais arrêté une guerre (quoique c'est ce qu'on a beaucoup dit pour la photo de la fillette brûlée au napalm et la guerre du Vietnam), mais chacune y participe peut-être, les petits ruisseaux faisant les grande rivières.
C'est étonnant mais en lisant la dernière citation, j'ai moi aussi immédiatement pensé à la fillette brûlée au napalm. Il est faux de dire que jamais une photographie n'a arrêté une guerre car cette photo et toutes celles qui l'ont accompagnée ont mobilisé toujours plus d'américains contre la guerre du Vietnam et ont fini par mettre fin à celle-ci. Alors oui, continuons à photographier et à montrer ce qui se passe pour les palestiniens. Il y a des manifestations un peu partout en France pour eux en ce moment et, peut-être, espérons, qu'un jour, cela permettra de mettre fin à cette infamie également.
[quote=on a beaucoup dit pour la photo de la fillette brûlée au napalm et la guerre du Vietnam]

Une photo ferait arrêter la guerre? Pas si sûr.

La photo est de Nick Ut et date de 1972. Si elle a remué les consciences, elles n'a pas stoppé la guerre qui s'est terminée le 30 avril 1975 - trois plus tard - par une défaite militaire : les Nord-Vietnamiens envahirent Saigon, et les Américains s'enfuirent en catastrophe.
Avant, d'autres photos avaient remué les consciences. Celles du massacre de My Lai par Ron Haeberle, qui datent de 1968. Ce massacre créa un scandale énorme, mais sa révélation par Ron Haeberle n'arrêta pas la guerre qui se continua pendant sept ans.

Voir les photos dans la chronique La Pastèque et le napalm
Bonjour Paméla,

Pour être précis, rappelons que les photos de Ron Haeberle datent bien de 1968 (16 mars) mais ne furent publiées qu'en novembre 1969...
Leur impact a été très important.
Mais pas assez pour arrêter la guerre.

Ce en quoi je rejoins Alain K.
Une photo seule ne suffit pas.
Il faut beaucoup de temps après publication de photos dénonciatrices avant que les autorités (il n'y a qu'elles qui peuvent arrêter un conflit, ça paraît une évidence de le dire. C'en est une) ne se décident à réagir et à céder face aux manifestations et aux pressions des peuples, peuples éveillés par les media (certains), les artistes (mais oui), les photographes de guerre, etc.
Pourquoi donc les guerres en Irak ont-elles été autant manipulées au niveau des images si ce n'est pour laisser le peuple dans l'ignorance ?

Mais ces photos sont indispensables.
Ce que continue, aussi, à dire Alain K.
Bonjour Sleepless
Comique ce pseudo, vous ne dormez jamais ? ;-)

[quote=Leur impact a été très important.
Mais pas assez pour arrêter la guerre. Mais ces photos sont indispensables.]
Tout à fait d'accord.
Comique ce pseudo, vous ne dormez jamais ? ;-)

Très peu...

Avez-vous trouvé Metropolis Shanghai dans votre bibliothèque ?
[quote=Avez-vous trouvé Metropolis Shanghai dans votre bibliothèque ?]

Pas encore, la bibliothèque était en congé, mais je n'oublie pas, c'est sur ma liste à écouter :-)
Bah, au bout du raisonnement, il y a tout de même les immolés, et les immolés, c'est la mort créant image pour dénoncer. On peut éventuellement percevoir dans les photographies de Gaza une diminution de la force de l'image, puisque les bonzes vietnamiens, et bien plus encore, Jan Palach, ont eu une influence sur le cours de ce qui a suivi. Le cas de Palach est toute fois à nuancer par rapport à la force de l'image, parce qu'il a fait de bouleversantes interventions radiographiques après son immolation, comme s'il haranguait ses contemporains depuis le monde des morts.

Je suis circonspect par rapport à ce que j'ai lu sur ce forum, et j'ai peur, je crois, d'écrire ce que je vais écrire, au vu du niveau de politisation de certains des plus véhéments des contributeurs. Mais il n'empêche, le leitmotiv de Stanley a parfaitement sa place ici: nous parlons d'images.

Lorsque j'ai vu la photographie de Hatem Omar, un photographe que je ne connaissais pas avant aujourd'hui, j'ai immédiatement pensé, en voyant sa maîtrise de la lumière dans un environnement enflammé, puisque c'est de cela qu'il s'agit, à Shaul Schwartz. Et ce n'est pas pour le gout de la polémique, c'est vrai. Et très précisément à la série de clichés évacuation des colons de la bande de Gaza qui lui a valu le visa d'or à Visa pour l'Image en 2006. L'endroit, Gaza, n'y est pas étranger. Les photos, on suit Israël puis Uprooting Settlers.

Je ne suis ni juif ni musulman ni israélien ni palestinien. Je suis en grande partie mythridatisé à l'image (@si en est une thérapie), comme nous tous, et comme Alain Korkos le souligne fort justement. Et si celles-ci me parlent, c'est sans doute que leur esthétique parle au petit photographe amateur qui vit en moi.

Dans la série de Schwarz, on voit la violence faite d'Israéliens à d'autres Israéliens, et ses images font résonner en moi celles de Hatem Omar. Et ce constat, suite à mes lectures d'aujourd'hui sur ce forum, ne peut que m'inciter à vous inviter à réfléchir sur la position de l'obscène: dans la critique de la construction d'une image médiatique, notre lot à tous ici, ou dans les faits?

Et si ces quelques lignes me valent le moindre boomerang partisan, c'est que, pour extrapoler la célèbre incise de Desproges, on peut décidément penser sur tout, mais pas avec n'importe qui.
N'est-il pas plus que temps d'évoquer ici ce qui se passe à Gaza depuis bientôt deux semaines, et de parler de la façon dont les médias français, souvent, minimisent, écartent ou ignorent la tragédie? Sommes-nous tous endormis ?

Peut-on accepter que nos médias parlent encore de "violences" alors qu'il y a plus de 400 morts déjà ? Quelle est la place de cet évènement dans la hiérarchie de ce que les médias français nous "proposent" depuis des jours et des jours ? Pourquoi les journalistes sont-ils interdits sur place ?

Ce qui se passe à Gaza, est-ce plus ou moins important que le bébé de Rachida Dati, que la nième campagne de promotion de Carla Bruni ? que le classement actuel du "Vendée globe Challenge" ?

ne peut-on pas ,ici, réfléchir aux conséquences obligatoirement désastreuses de ce qui se passe actuellement, et sur la façon dont on nous en fait, ou pas , des compte-rendus "objectifs" ?
Jacques, Brest

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