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le sage et l'insolent

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Bravo, une fois encore, pour cette chronique.
Sur un miroir

Miroir, peintre et portrait qui donnes, qui reçois,
Qui portes en tous lieux avec toi mon image,
Qui peux tout exprimer, excepté le langage,
Et pour être animé n’as besoin que de voix,

Tu peux seul me montrer, quand chez toi je me vois,
Toutes mes passions peintes sur mon visage ;
Tu suis d’un pas égal mon humeur et mon âge,
Et dans leurs changements jamais ne te déçois.

Les mains d’un artisan au travail obstinées
Ne font péniblement que dans plusieurs années
Un portrait qui ne peut ressembler qu’un instant :

Mais toi, peintre brillant, ton art inimitable
Offre sans nul effort un ouvrage inconstant,
Qui ressemble toujours et n’est jamais semblable.

louis d'epinay d'etelan
"charles-édouard! venez voir, c'est foormidable la photographie à notre époque!! touchez pas vvooyyons, attendez qu'çà sèche mon ami!! heureusement, Castou, mon ami que j'vous ai dit de remonter le siège, voyez vos mains, mais c'est pas mal, qu'en pensez vous très cher!! que dites vous ,charles ,c'est pas son sourire qui l'étouffe!!, un peu d'tenue mon ami, si vous voulez etre reçu à la garden. (!***!) oui la garden-part, si y'en a qui dise qui sont pas d'accord, z'ont qu'à pas aller chez photomaton
Puisque Môssieur Korkos voulait une image de courtisan...

En voici UNE

Un véritable paillasson !
un article plein de Sprezzatura...

Merci Alain !
JULIEN : La nonchalance, "une certaine désinvolture", ah ! c'est le but à atteindre.
Permettez-moi, cher Alain Korkos, d'être surpris de vous lire souscrire à cette "castiglionesque" esthétique de courtisan si justement mal exprimée par le terme de sprezzatura. Le "paradigme" - comme disent les linguistes - de ce nom s'ordonne en effet au verbe sprezzare qui signifie justement mépriser en italien courant. Peut-être avez-vous prêté à la "nonchalance" ou "désinvolture" du courtisan ce qui n'appartient véritablement qu'au "naturel" ou à la simplicité du classicisme français (poétique et pictural) ou germanique. Mais Castiglione n'en est pas moins infidèle à la douceur et la nouveauté qui, en tous domaines, constitue l'apport de l'Italie. Sa poésie naît avec "il dolce stil nuovo" de Dante et de ses amis, contemporain de la "révolution de la douceur" (l'expression est de Malraux) initiée par "il poverello" (le surnom de François d'Assise). Il n'est pas non plus sans portée que la naissance de l'opéra se soit effectuée, quelques siècles plus tard, avec l'Orfeo de Claudio Monteverdi. S'il est un peuple en effet qui sut traduire sa douleur dans la plus bouleversante douceur c'est bien celui d'Italie: il était naturel qu' Orphée lui permette de la chanter...
Si Monteverdi a bien posé les bases de l'opéra avec L'Orfeo (1607), la naissance de ce genre musical est plutôt due à Giulio Caccini, et surtout Jacopo Peri, les véritables initiateurs du stile rappresentativo, du recitar cantando.
Ce que l'on peut considérer comme les premiers opéras dignes de ce nom sont La Dafne (1597), puis Euridice (1600), tous deux de Peri (Cacciani a participé au dernier).
Djac, si tu passes par là, tes lumières seront lumineuses...

Belle chronique, Mister K.
C'est-à-dire qu'à la fin du XVI, il y a un mouvement général vers plus d'expression dramatique, même dans les compositions "vieille manière" conrapuntiques. C'est l'apparition par exemple des comédies madrigalesques (Torelli, Vecchi, Banchieri, et donc aussi Peri et Rinuccini, auxquels on doit La Dafne, encore appelée favola in musica et pas encore opera) : c'est encore à dominante polyphonique, mais ça se veut soutenir un texte de comédie, avec prologue et plusieurs actes, et en sort petit à petit le stile representativo, la vois du dessus prenant le pas sur les autres (le contrepoint ralenti immanquablement le débit du texte, ce qui nuit évidemment à la représentation du drame, ou de la comédie - une ligne vocale seule, accompagnée d'une seule basse continue, i.e. ligne de basse+remplissage harmonique d'un luth par exemple, est bien plus réactive).

En particulier, les salons littéraires humanistes, camerate, de Florence ont joué un grand rôle : la rencontre de poètes et de musiciens va engendrer la recherche de l'expression des passions et des émotions de l'ÂÂÂââme, et on trouve que le vieux contrepoint de la renaissance est trop intellectuel, trop abstrait pour cela. Des tentatives précèdent La Dafne et Euridice, mais la musique est perdue (c'est aussi le cas d'une grande partie de La Dafne).

Puis, en seulement quelques années (seulement, quand on compare aux siècles de polyphonies précédents - la course au prestige des différentes cours et cénacles aristocratiques n'y étant pas étrangère...), on a comme œuvres d'une certaine importance :
- Rappresentazione di Anima e di Corpo de Cavalieri (fev 1600)
- Euridice de Caccini (dec 1600)
- Euridice de Peri (oct 1600)
- Orfeo de Monteverdi (1607)

Cavalieri est un vrai pionnier : il argumente par exemple pour l'invisibilité de l'orchestre - il anticipe une idée de Wagner ! Il utilise également le stile representativo de manière remarquée, mais il s'intéresse plus au chœur et à la danse.
Caccini privilégia plus à la voix soliste pour exprimer les passions de l'ÂÂÂÂââme. Peri quant à lui a plus d'imagination musicale et dramatique. Mais tout cela reste encore du domaine de l'expérimentation, cependant : on se demande comment adapter la parole en musique, on se cherche. C'est une base, qui n'est pas encore du théâtre lyrique totalement abouti : il n'y a pas encore de véritable livret, mais une poésie narrative qui manque encore de "punch", avec peu d'action, peu de jeu de scène. Cela dit, ce fut une grand choc et une grande nouveauté, suscitant autant le mépris des uns que la curiosité passionnée des autres.

Eeeet là-dedans, Monteverdi reste le poids lourd. Pendant les composition des Euridice de Peri et Caccini, il cherchait déjà les mêmes moyens musicaux dans ses livres de madrigaux.
Tout est mieux, chez lui, les utilisation dramatiques de l'orchestre, des voix, des timbres, des oppositions d'ensemble, la richesse expressive harmonique et innovante, des basses plus vivantes. Monteverdi, c'est un peu le Beethoven, le Wagner ou le Debussy de l'époque, quoi, avec ceux qui détestent, ceux qui le louent comme le plus grand musicien vivant. Orféo, c'est encore de l'expérimentation, mais ça va déjà plus loin, et ça explique qu'on le prenne souvent en référence comme "inventeur de l'opéra".

Cependant, décors, mise en scène, véritables livrets (d'où un vrai théâtre), qui vont vraiment réaliser le "drame en musique", vont arriver après (grâce à Metastase, par exemple, ce sont aussi les non-musiciens qui vont finalement compléter le style opéra). Les moyens musicaux étaient donc prêts, mais la conception d'ensemble d'un opéra restait encore à véritablement concrétiser.

C'est par exemple à Venise que va se développer le grand spectacle : bel canto, découpage en aria (les émotions) et en récit, un peu de comique, un zeste de surnaturel (les Dieux), bref, du Hollywood baroque et à partir de là, l'opéra ça va être du délire…

(merci à Marc Honegger et Maris-Claire Beltrando-Patier, je connais pas forcément tout les détails par cœur)
Suffisait de demander :)
Merci, M'sieur Djac.

Cavalieri est un vrai pionnier : il argumente par exemple pour l'invisibilité de l'orchestre - il anticipe une idée de Wagner !

Étonnant, que la question se soit déjà posée à cette époque.
GERMAIN R. : Pour ma part, je souscris entièrement à cette déclaration de Castiglione : « fuir le plus qu'il se peut (…) l'affectation, (…) user en toutes choses d'une certaine désinvolture qui cache l'art ».

Autrement dit, donner à penser que l'art est simple et facile. Peindre comme Morandi plutôt que comme Vittini, écrire comme Perec plutôt que comme Hallier.
Je ne comprends pas du tout ce que tu veux dire. L'art est simple et facile, c'est génétique d'ailleurs..
Moi, sans me vanter, j'ai fait le mont saint-michel en bouchon de vin en 20 secondes: http://www.promocork.com/pics/conclusionBG.jpg
Et je méprise ceux qui le font en allumettes, en 3000 heures si ça se trouve, http://armel.caro.free.fr/saint-michel.JPG
[quote=Korkos]GERMAIN R. : Pour ma part, je souscris entièrement à cette déclaration de Castiglione : « fuir le plus qu'il se peut (…) l'affectation, (…) user en toutes choses d'une certaine désinvolture qui cache l'art ».



À cette flatteuse esthétique de courtisan, souffrez que soit opposée la rugueuse poétique de paysan célébrée par La Fontaine et Rimbaud: le premier dans "Le laboureur et ses enfants", et le second dans Une saison en enfer notamment.
GERMAIN R. : Il ne s'agit pas de nier le travail (votre réf. à La Fontaine), mais de faire en sorte qu'il ne se voie pas, que tout paraisse léger. Et ce n'est pas une esthétique de courtisan, même si un courtisan italien l'a un jour énoncée. Parce qu'on la trouve également chez Shitao, par exemple. Et avant lui, dans bien des manuels de peintre chinoise. Et après lui chez Matisse. Et chez Picasso (d'où la phrase habituelle : « Mon fils de cinq ans en fait autant »).
Cette légèreté, cette apparente désinvolture, c'est, par exemple, l'élégance d'un Eugène Boudin face à la lourdeur appliquée d'un William Bouguereau (deux peintres français, nés à un an d'intervalle).
Vous devez bien imaginer que je m'étais dit ce qu'en substance vous m'opposez. L'élégance consiste en effet à ne pas se faire remarquer. Mais cela ne doit pas être au détriment de l'essentiel qui, pour demeurer inapparent, n'en est que plus déterminant. "Je l'ai fait en vingt minutes, mais il m'a fallu vingt ans pour le faire en si peu de temps": Michelange dixit (rapporté ici en substance). Quant à Picasso, j'ai retenu, quant à moi, qu'il a(urait) déclaré avoir consacré toute sa (longue) vie à apprendre à dessiner comme un enfant de cinq ans. Ce qui était répondre aux philistins, d'Aix-en-Provence notamment (auxquels, hélas, Zola ne fut pas si étranger), raillant Cézanne de ne peindre que comme cet enfant. Dans cette évaluation positive du génie de l'enfant il rejoint aussi bien Nietzsche* qu'Héraclite**...

*"Les trois métamorphoses de l'esprit" dans Ainsi parlait Zarathoustra
** Fragment 52 se concluant par "la souveraineté de l'enfant"
[quote=Il ne s'agit pas de nier le travail (votre réf. à La Fontaine), mais de faire en sorte qu'il ne se voie pas]

Donc, ça, c'est de l'art?

« Le XIXe siècle, c'est l'âge de la mise au travail ponctuée d'une hésitation entre l'enfermement et la surveillance, le cloître industriel et la cité disciplinaire... Voici en effet que la fixation sur le lieu de travail, entreprise majeure de ce temps, prend l'allure d'une séquestration. » Murard Lion, Zylberman Patrick, Le petit travailleur infatigable.

« Soucieux de créer la "société du travail" à laquelle il rêvait de mobiliser par tous les moyens les oisifs, Colbert procéda d'un même mouvement au grand "renfermement" des pauvres et des vagabonds, condamnés au travail forcé dans tous les hôpitaux généraux de France, et à la rédaction pour les "manufactures royales" de règlements d'ateliers draconiens, qui se perpétueront jusqu'à la Révolution. » Pierre Léon, Histoire économique et sociale de la France

Moi qui croyait que c'était de la magie ! Quel mauvais esprit j'ai !
Et ce bon monsieur Trillat qui croyait que les prolétaires n'existaient plus, alors qu'en fait, on ne les voit pas, comme les grèves du nain engrosseur.
Sauf bien sûr si on vit dans une cité de prolo (ça c'est pour que Gavroche me tombe pas dessus).

[quote=À cette flatteuse esthétique de courtisan, souffrez que soit opposée la rugueuse poétique de paysan]

Oups ! Pardon d'avoir dérangé cette mouchetée mais non moins élégante passe d'armes entre gens si "cultivés".
[quote=Alain Korkos]Il ne s'agit pas de nier le travail (....), mais de faire en sorte qu'il ne se voie pas, que tout paraisse léger

Le ready made est donc le summum sur ce plan.
Mais ça peut laisser perplexe. ;o)

(Cette animation est une vieille étude même pas finite que j'ai retrouvée dans mes cartons.)
JULOT : Ah oui mais non ;-) Un raidimède est un "objet usuel promu à la dignité d'objet d'art par le simple choix de l'artiste", a dit Duchamp. Ya zéro travail là-dedans.
Cela dit j'aime bien le dessin animé, ya un suspens insoutenable !
Le scénario est effectivement hollywoodien.
JULOT : On attend L'Ours et l'Urinoir, Le Retour ; L'Ours et l'Urinoir contre Maciste ; L'Ours et l'Urinoir et les Gretchen en folie ; La Vengeance de L'Ours et l'Urinoir contre la Dame Pipi au Masque de Fer, etc.
Dites donc, Germain Rital, le laboureur de La Fontaine vous ne le trouvez pas un tantinet obnubilé par le productivisme de la terre?
La paysannerie c'est aussi rêvasser en gardant des vaches, à cette époque. Attendre que ça pousse. Aimer son paysage et la pluie comme le soleil.
L'inspiration qui viendrait en s'attelant à la tâche, ce n'est pas ce que racontent les artistes. Ils arrivent à savoir la saisir et installer des conditions propices mais ils savent que ce n'est aps si simple. Et si il n'y a pas d'inspiration, la haute maîtrise de la cuisine artistique n'a pas tellement de succès.

Mais il est marrant Castiglione, il ne suffit pas de le dire pour le faire. C'est mystérieux et aléatoire.
ALAIN :

certes, mais pour que le but soit atteint encore faut-il ne pas l'avoir visé ! On retrouve des idées très proches de celles de Castiglione dans le zen japonais. Je pense à certains textes de Maitre Dogen. De mémoire il écrit une formule paradoxale suggérant qu'atteindre le but c'est le manquer et qu'inversement manquer le but, c'est l'atteindre.

On pourrait considérer qu'il n'y a là que sophismes et formules ésotériques mais je crois que l'enseignement dispensé par ces paradoxes est de toujours suggérer le mouvement. Ainsi atteindre le but, c'est nécessairement perdre et stopper le mouvement qui commandait la réalisation de cet objectif. Manquer le but, c'est inversement rester dans le cheminement (pour peu qu'on ne se décourage pas) et dans la tension vers l'objet du désir.

Dans le cas de la sprezzatura chère à Castiglione, nous pouvons envisager que si le courtisan se doit de maitriser à la perfection la danse, l'équitation, le langage le plus élégant, etc, il doit aussi ne pas perdre de vue la finalité de ces activités. Et la finalité de ces activités est toujours de plaire et d'être agréable aux autres, en l'occurrence à son prince.

L'affectation correspond donc à une erreur majeure. En effet le courtisan affecté confond les moyens et la fin : trop soucieux de lui-même et de sa propre perfection dans les exercices de la cour, il donne à voir son peu de souci de l'autre. Ce vice correspond également à une perte de "l'esprit" au profit de la "lettre". L'affectation correspondant alors à une survalorisation d'objectifs secondaires et méprisables.

Nous retrouvons aussi cette affectation si détestable dans les manuels de politesse de la bourgeoisie du XIXème siècle (je pense à la baronne Staffe mais Nadine de Rothschild en est la digne héritière) : ces faux distingués confondent toujours la politesse avec une étiquette mesquine obligeant les convives à surveiller leurs coudes, ou je ne sais quoi d'autre, lors des repas.

Alors que la politesse est une tension, une volonté d'être agréable.

En fait, la délicatesse naturelle nait de cette intention et les entorses à la règle qu'elle peut parfois produire, loin de déprécier la politesse, contribuent à en régénérer les codes. Mais tout cela est oublié depuis longtemps....à l'époque de Sarkozy !
JULIEN D. : On est entièrement d'accord, d'ailleurs nous avions déjà parlé ensemble de Maître Dogen et son Shobogenzo. Dans un comm' précédent (cf la discussion avec Germain R.) j'ai cité Shitao. Peintre chinois du XVIIe, auteur des Propos sur la peinture du Moine Citrouille-Amère qui se réfère au bouddhisme chan (devenu zen au Japon), et au taoisme (qui a nourri le bouddhisme chan) : Agir dans le non-agir, la Voie qui peut être nommée n'est pas la Voie, etc.
Cher Alain,
Je trouve que votre chronique devrait être en format vidéo (slide-show d'images avec votre voix). A mon avis, elle apporterait encore plus de valeur ajoutée au site d'asi
pas mal Korkos, y a du Baudelaire dans votre démonstration... le dernier § est éloquent d'une forme de Rembrandtisme

J'aime le souvenir de ces époques nues,
Dont Phoebus se plaisait à dorer les statues.
Alors l'homme et la femme en leur agilité
Jouissaient sans mensonge et sans anxiété,
Et, le ciel amoureux leur caressant l'échine,
Exerçaient la santé de leur noble machine.
Cybèle alors, fertile en produits généreux,
Ne trouvait point ses fils un poids trop onéreux,
Mais, louve au coeur gonflé de tendresses communes
Abreuvait l'univers à ses tétines brunes.
L'homme, élégant, robuste et fort, avait le droit
D'être fier des beautés qui le nommaient leur roi;
Fruits purs de tout outrage et vierges de gerçures,
Dont la chair lisse et ferme appelait les morsures!

Le Poète aujourd'hui, quand il veut concevoir
Ces natives grandeurs, aux lieux où se font voir
La nudité de l'homme et celle de la femme,
Sent un froid ténébreux envelopper son âme
Devant ce noir tableau plein d'épouvantement.
O monstruosités pleurant leur vêtement!
O ridicules troncs! torses dignes des masques!
O pauvres corps tordus, maigres, ventrus ou flasques,
Que le dieu de l'Utile, implacable et serein,
Enfants, emmaillota dans ses langes d'airain!
Et vous, femmes, hélas! pâles comme des cierges,
Que ronge et que nourrit la débauche, et vous, vierges,
Du vice maternel traînant l'hérédité
Et toutes les hideurs de la fécondité!

Nous avons, il est vrai, nations corrompues,
Aux peuples anciens des beautés inconnues:
Des visages rongés par les chancres du coeur,
Et comme qui dirait des beautés de langueur;
Mais ces inventions de nos muses tardives
N'empêcheront jamais les races maladives
De rendre à la jeunesse un hommage profond,
- A la sainte jeunesse, à l'air simple, au doux front,
A l'oeil limpide et clair ainsi qu'une eau courante,
Et qui va répandant sur tout, insouciante
Comme l'azur du ciel, les oiseaux et les fleurs,
Ses parfums, ses chansons et ses douces chaleurs!


Spleen et ideal poème 5

T'chô.
Lumineuse chronique, qui n'évoque que ce que j'adore !!! Le Castiglione est à peu près la seule toile qui m'émeut chez Raphaël.
Et c'est fou comme le croquis de Rembrandt, dès la salle de vente, ressemble à Rembrandt lui-même. Dessiné rapidement, oui, et des tics de peintre. Et des envies, déjà, sans doute. Un fini du coup qui nous approche déjà de l'autoportrait qui suivra.

Génial !
Et même un petit passage par Gerrit Dou, le simple nom m'enchante. Style lisse, d'accord, et d'une précision, d'une drôlerie qui me touche également !

Merci pour tout, encore et encore !

.
Monsieur Korkos,

Je me présente : Maria Pilar Iglezias, mère de votre abonné Julot Iglézias.
Je viens par la présente vous exprimer ma colère et mon indignation.
J'ai offert à mon fils Julot (treize ans et demi) un abonnement au site arretsurimages.net parce que j'ai eu connaissance du fait que vous y teniez chronique. Mon fils Julot (treize ans et demi, je vous le rappelle) a reçu de Dieu un don tout à fait exceptionnel, je pense que vous en conviendrez, pour le dessin et je pensais que la lecture de vos articles pouvait l'aider dans son initiation aux arts graphiques.
Mon fils Julot ( ¡ trece anos y medio, por La Virgen! ) a appris par vous qu'il était possible de peindre avec des couteaux et même avec ses doigts.
Quelle n'a pas été ma stupéfaction lorsque je l'ai surpris récemment en train de peindre avec son doigt une reproduction de ce tableau tristement célèbre. J'ai bien dit "avec son doigt" !
J'ai donc décidé de résilier l'abonnement de Julot ( ¡ trece anos y medio, por los cojones del Cristo!).
J'ai contacté mon avocat , Maître Ernesto Supaloñon y Cruton, et nous n'excluons pas l'éventualité de vous assigner pour incitation de mineur à la débauche.

Je ne vous salue pas.

Signé : Maria Pilar Iglezias
Normal que Korkos voie un miroir en regardant les portraits de Rembrandt : il lui ressemble !
Alors les vicissitudes et la vis-attitude de la vie y sont peut-être pour quelque chose, mais y'a quand même aussi un petit quelque chose de purement physique dans l'histoire.
Ici point de chirurgies esthétiques,de tricheries vaines ,pour leurrer l'œil et le séduire .
la vérité et l'acceptation du temps qui érode tout être sans protestation virile qui aurait pu y mettre un terme .
merci !!!
GERMAIN : « à la fin de cette dernière chronique d'été ». Hélas hélas ce n'est que l'avant-dernière, l'ultime paraîtra samedi prochain, le 27.

POISSON : On écrit "vicissitude" pasque ça vient de "vice", et non pas "vissicitude" qui viendrait de vis ! La vis-attitude, comme dirait Ségolène.
En 1639 et 1640, Rembrandt grave et peint des autoportraits triomphants. Il a alors trente-quatre ans, il croit que le monde lui appartient, et on se doute bien que ce n'est pas en trois ans qu'il acquerra la sagesse. Il lui faudra deux décennies et un bon paquet de douleurs avant qu'il réalise des autoportraits dont l'humanité ne peut que nous saisir, au plus profond de nous-mêmes. Car en vérité, les autoportraits de Rembrandt âgé sont des miroirs.

Faudra-t-il écrire un "Korkos avec Lacan" à l'image du Kant avec Sade que nous a laissé, interloqués, celui dont l'entrée en célébrité se fit par Le stade du miroir ? Alain Korkos, en tout cas, nous révèle à la fin de cet acte 4 de ses chroniques d'été le secret de la fascination exercée par les autoportraits des peintres et nous permet, par analyse, de nous en libérer. Ce qu'il écrit dans ses trois phrases finales nécessite, en effet, d'être "généralisé" et mérite d'être réfléchi: autrement qu'en miroir.
Lacan sut en effet remarquer que par "le stade du miroir" l'enfant, accédant à la saisie anticipée de son corps en totalité, non seulement se distingue jubilatoirement ainsi du singe déçu, lui, par l'irréalité de son image, mais peut accéder à un autre régistre d'existence que l'imaginaire tel qu'il est ordinairement (dé-) considéré. Car il y a, non pas un mais deux miroirs en l'affaire: celui, "matériellement apparent" devant lequel est placé l'enfant, mais aussi, surtout, derrière lui, le miroir vivant que constitue celle qui place l'enfant devant la glace. Ainsi l'enfant réfléchit son image dans le regard de sa mère et c'est là ce qui constitue sa joie. "Le stade du miroir" permet d'accéder ainsi au régime de l'humanité dont la détresse ne fait qu'un avec la liesse. Les métamorphoses du royaume de "la chose" - ou, plutôt, l'a-chose - dont la mère constitue le support premier permettent de la sorte d'expliquer comment se produit plus tard la fascination qu'exerce "la Sphynge" dissimulée derrière l'autoportrait. Resterait maintenant à articuler le triptyque lacanien (Réel-Symbolique-Imaginaire) avec la notion de sublimation évoquée par Freud mais fort peu développée par lui et, symptomatiquement, tant négligée par sa postérité...
Alain Korkos nous redémontre donc que l'art permet de rouvrir les questions oubliées par la pensée.
La parole des peintres étant souvent aussi géniale que leurs tableaux le rappel, pour terminer, me semble s'imposer de ce mot de Matisse que l'on me pardonnera de ne citer que de mémoire: "Le peintre ne peint pas sur la toile mais sur l'oeil du spectateur".
Il s'en serait fallu de peu pour qu'il se peigne sur son lit de mort, Rembrandt.Mais quel est l'andouille qui a conjugué pareil se peigner et se peindre?D'ailleurs Rembrandt se peignait sans se peigner.

Je n'en reviens pas. Que vissicitude s'écrive pas comme ça, c'est incroyable.
A suivre Alain dans ses escapades picturales j'ai l'impression d'être plus intelligent.
Comme quoi l'art ça peut être trompeur quand-même...
Une publication à 7 heures du matin, juste après les LOL DSKats?

Bien. Je vais m'allonger et regarder le plafond quelques heures.

Ou aller dormir.

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