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Commentaires

La science, sur son strapontin

C'était en 2006. Le 14 juillet exactement. Pierre Barthélémy s'en souvient

Derniers commentaires

"La science, c'est chiant. ."

Pourquoi ça? Parce qu'on vous a inculqué ça depuis l'école, tout ce qui est important et sérieux est chiant, et il faut en baver pour être instruit!
Et c'est pour ça qu'on inflige des cours de musique sur Mozart sans en passer une note, qu'on apprend les langues vivantes comme des langues mortes (avec le succès qu'on voit) et la science (notamment les maths) comme une punition.
Moi j'ai un autre avis. Pour moi, la science c'est "fun" (le pied pour parler français). Sinon pourquoi aurais-je passé dans les 40 ans de ma vie à en faire? je ne suis pas masochiste. Et il y a moyen de faire passer le message scientifique de façon simple, intéressante et amusante (voir pour moi l'exemple typique, le merveilleux dessin animé "il était une fois la vie" qui pour moi reste une référence).
Quand on fait une demande de crédit aux assos type ARC il faut mettre obligatoirement un petit paragraphe pour le public (les cochons de payeurs, eh oui). C'est un très bon exercice, j'avoue que c'est plus facile quand on est dans le médical que pour quelqu'un qui fait de la chimie.

Quand on parle des "scientifiques" c'est aussi faux que de dire "les Bretons" ou "les ingénieurs" etc. Il est vrai qu'il y en a qui sont très prétentieux, et qui méprisent les collègues qui parlent simplement à la télé, genre H. Reeves, qui ne serait pas un "vrai" scientifique. Dans les congrès "entre nous" c'est pareil! Certains assènent des conférences incompréhensibles en ne se mettant pas à la place de l'auditeur qui n'est pas exactement dans le même domaine. Rassurez-vous en ce qui concerne cette "population" de scientifiques, je ne suis pas sociologue mais je crois (pour avoir fait quelques observations) à la structure fractale des groupes humains dès qu'ils atteignent un certain nombre -seuil à déterminer "scientifiquement" -(le même pourcentage de salauds, de gens très bien, de frimeurs, de sérieux etc etc que dans la population générale).

Pour moi, la place des domaines scientifiques doit être complètement revue d'abord dans l'éducation (vaste programme) pour qu'on ne continue pas à rebuter des générations d'élèves (et arrêter la sélection par les maths, pauvres maths détestés) pour que la "culture scientifique" augmente. Pour l'actualité, la science est malheureusement victime de la culture du scoop qui est bien pratique pour obtenir des crédits dits "sur programme" puisque les organismes ne nous financent plus que partiellement. Mais ceci est une autre histoire.
Il me paraît particulièrement dommage qu'il n'y ait pas (ou très peu) de rubriques
scientifiques dans la presse locale. Je connais par exemple Grenoble car
j'y ai fait ma thèse: il y a pas mal d'argent public dépensé pour des infrastructures
de recherche (et je ne parle pas seulement des nanosciences). Ça me paraît normal
de rendre compte aux citoyens sur la façon dont cet argent est utilisé.
C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il me paraît important de participer aux
évènements comme les fêtes de la science, ou les journées portes ouvertes. Mais c'est
aussi le rôle des journalistes.

Après, je crois que ce qui me choque le plus, ce n'est pas tellement que les média parlent
peu de science, c'est plutôt l'absence de culture scientifique de base chez beaucoup
de journalistes, et l'énorme fossé entre le niveau d'exigence toléré lorsqu'on parle
de lettres, et lorsqu'on parle de science. On se moque pendant des semaines d'un politique
(par ailleurs effectivement souvent ridicule) parce qu'il confond une marque de parfum et
un philosophe (moi, je ne savais même pas que c'était une marque de parfum).
Par contre, un ministre de la recherche qui se trompe dans un calcul de pourcentage, ça
n'intéresse que le Petit Journal.

Je me souviens avoir écouté chez Ruquier une interview d'un philosophe qui
venait vendre son dernier livre. Il a été question longuement des liens avec la pensée
de Nietzsche. Je suis personnellement totalement incompétent pour suivre vraiment la discussion.
Cela ne m'a pas empêché de l'écouter avec intérêt. Par contre, lorsqu'un invité quelconque
ose sortir une explication un tout petit peu scientifique (une multiplication de
niveau CE2 par exemple), alors il est immédiatement interrompu parce que les auditeurs
seraient incapables de suivre. C'est souvent très frustrant (ça arrive aussi sur @si d'ailleurs).
Pourtant, il me semble qu'il y a plus de gens avec un bac S qu'avec une maîtrise de philosophie...

Il arrive très souvent aussi que des journalistes pourtant parfois subtils se vantent
de ne rien comprendre en science. Je connais peu de collègues scientifiques qui trouvent
glorieux de ne rien connaître en lettres. D'ailleurs, il y a des enseignements littéraires
en Terminale S, il y a de l'anglais et un cours français/philo en prépa scientifique,
il y a des cours obligatoires d'anglais dans les cursus universitaires scientifiques. Je
me souviens avoir eu des introductions au théâtre de Shakespeare, et à la littérature
anglaise lorsque j'étais en deuxième année d'école (4e année après le bac S donc). Même si
j'ai sans doute oublié la plus grande part, j'en garde un bon souvenir. Je trouvais très
bien de continuer à avoir quelques enseignements littéraires, même si j'avais choisi un
cursus scientifique.

En comparaison, je crois qu'il y a vraiment trop peu de sciences dans les filières
littéraires, et notamment à destination des journalistes.
J'ai été particulièrement choqué par la réaction d'Aymeric Caron face à Cédric Villani,
notamment son commentaire (très naïf d'ailleurs): "si j'avais voulu me taper ce genre
d'équations, je serais allé en Math Sup". Il n'avait manifestement même pas cherché à
lire le livre. Sa consœur avait été quand même plus subtile.

D'ailleurs, le livre de Villani est très intéressant. Je ne suis pas mathématicien,
et malgré un thèse en physique, je suis complètement incapable de comprendre les
équations qu'il cite. Mais cela ne gène absolument pas la lecture. Il permet au
grand public de voir comment se passe la vie de la recherche. Le titre "théorème vivant"
représente bien le contenu, il me semble. Beaucoup de ce qu'il raconte est valable aussi
pour la recherche en physique, et probablement la recherche en général.

À quand Villani d@ns le texte ?
[quote=La place du pauvre consentie aux sciences dans ce que l'on appelle pourtant "la presse généraliste" reste un profond mystère.]

Il n'y a pas de mystère : le but de la presse généraliste est de vendre des encarts de pub.

La science, c'est chiant. Faut réfléchir. Ça fatigue les neurones qui auront ont besoin d'être vendus quelques instants plus tard à Coca-Cola. Et pis des gens qui réfléchissent, c'est dangereux.

C'est un grand scientifique qui m'a expliqué tout ça il y a quelques années : Patrick Le Lay.

PatriceNoDRM
les envies de sciences, il arrive que ce soit un peu comme les envies d'Arte. Y en a qui pose des questions mais qui baille à s'en décrocher la machoire avant la fin de la première minute d'une réponse un minimum étayée. Avec la main sur la bouche pour faire genre je baille pas du tout mais les yeux qui plissent tellement et la petite larme au coin ah merde j'avais oublié comme c'était chiant la science pourquoi j'ai posé une question quel con!

A ce moment là, il suffit de finir sa réponse par "et donc voilà" et on est à peu près certain de ne pas être relancé, sauf si la personne, d'un profil un peu anxieux et appliqué, s'en veut tellement d'avoir baillé qu'elle (en général c'est une fille le profil anxieux et appliqué) pose exprès une 2ème question pour faire penser qu'elle a juste eu une nuit difficile avec le petit dernier.

Alors la transgénèse avec des mots rigolos, c'est chaud, y a tout de même un intérêt c'est qu'on ne voit pas les gens qui baillent. Et puis comment critiquer la science, prendre du recul sur les protocoles, en étant généraliste? Il faudrait un spécialiste de chaque discipline, et indépendant de tous les autres, là aussi c'est chaud.
Je pense que le problème, c'est que la science, ça nous remet en cause.
Le cerveau, les planètes, les habitants de ces planètes, le fonctionnement du cerveau, tout cela remet en cause notre conception de l'humain et du libre-arbitre.
Et c'est dur pour tout le monde, y compris les journalistes.
Sarko veut revenir...Lu dans le Canard: il raye Hollande de la carte et ne veut pas participer aux primaires de l'UMP entre Ducon et Durien.(sic)
A 13 heures sur France inter, la mère Servajean parlait de Sarko avant tout le reste. Quel cauchemar! Risque-t-on de revoir sa trombine à la tête du pays ?
Et encore, cher Daniel, n'évoquez-vous là que les sciences dites "dures".

Parce que, les sciences sociales, c'est pas bien joli joli non plus ; soit c'est pour une espèce de vague avis psychologisant sur un sujet débile pour magazine à la con ("pourquoi les hommes n'aiment pas la vaisselle" ?), soit pour de vagues avis sociologisants afin de débiter des platitudes sur un sujet "de société", sujet de toute façon déjà perverti à la base dans la seule manière de le poser (pas des journalistes).
Ou alors c'est pour débiner Bourdieu, mais en veillant bien à ne surtout pas expliciter clairement ses thèses (ça permet de surfer sur une nébuleuse de "bourdieusiens" dont on ne sait pas bien qui ils sont et ce qu'ils pensent réellement, mais qui ont l'air vraiment vraiment méchants).

Le jour où discutera d'anthropologie, ou de Marcel Mauss, ou de Max Weber, dans les médias...
Le tétraplégique a fait déplacer le curseur. C'était en 2006.
Et depuis 2006, il en est où, le curseur ?
Je veux dire : les événements de type "scientifique" sont-ils assez fréquents pour intéressser le public?
L'intérêt du grand public pour la science ne se mesure pas au nombre de reprises d'une information ponctuelle. Il n'y a donc pas de mystère, car il n'y a pas de hyatus entre ce que le public attend et ce que la presse lui fournit.
Le grand public ne s'intéresse pas à la science; il n'y a pas grand chose à ajouter.
Tous ceux qui, comme moi-même, s'intéressent un peu à la science et se risquent autour d'eux à aborder des sujets qui touchent à la science pourront témoigner qu'ils se prennent systématiquement des bides.
"le socle évident de l'actualité, son pivot central, le soleil de la galaxie"

Euh il faut rayer la mention inutile, car si le soleil est le centre du système solaire, il n'est qu'un petit centième de milliardième de sa galaxie (Voie lactée) en n'en étant ni le centre, ni une partie principale. Merci Daniel pour cette magnifique mise en perspective de la "pauvreté" de la connaissance scientifique chez les journalistes.
Daniel, vous qui citez France Inter (revenue dans la maison ronde), vous auriez pu évoquer l'émission quotidienne de Mathieu Vidard, la Tête au Carré, de 14h à 15h!
Judicieuse chronique, pleine d'à propos.
Le message de Duncan a toute mon approbation.
Si je peux ajouter quelque chose, les sciences (plutôt que la science) se partagent un strapontin pendant que l'économie s'étale sur un vaste canapé. On peut en déduire que l'économie n'est pas vraiment une science, et surtout que notre monde est gouverné par l'argent.
Rien de nouveau sous le soleil.
Science et politique ont beaucoup de points communs, le principal étant que les deux nous entraînent de force sans aucune idée d'où l'on va.
Bonjour,
juste un mot pour dire que les sujets scientifiques que vous citez sont très pertinents, mais il manque à mon sens deux trucs énormes (que vous traitez d'ailleurs par bouts à travers le 14H42):

- l'Internet des objets / Big data
- la Robotisation

On est plus dans le cadre de l'information ("news paper" je veux dire) là.

Ce qui se profile est énorme.
Et au passage, on félicite tous bien for Véronique Jacquier, éditorialiste politique de RMC, pour sa vista et son intuition professionnelle

Extrait de sa chronique d'hier :
J.J. Bourdin : Tiens mais au fait, l'ancien président devait éventuellement s'exprimer avant les élections européennes. Qu'en est-il ?
V. Jacquier : "Nicolas Sarkozy a pris sa décision". C'est le seul message relayé par ses proches. Cette petite phrase me fait dire qu'il ne s'exprimera pas et qu'il n'écrira pas de tribune sur l'Europe.

Pour être honnête, elle s'est fait assaisonner ce matin par un auditeur, et elle a reconnu s'être plantée en expliquant qu'elle n'était pas alors la seule à le penser, ce qui a donné l'occasion d'un petit moment intéressant de making-of qui pourrait intéresser ceux qui aiment décortiquer la fabrication de l'information politique (ou plutôt politicienne, ici).

C'était ma non contribution au beau sujet de la chronique du taulier...
D'un autre coté, ne vaut-il mieux pas que la science ne soit pas traitée que mal traitée?

http://www.phdcomics.com/comics/archive.php?comicid=1174

Par exemple, qui chez @SI peut réellement faire une analyse pertinente d'une nouvelle scientifique?

PF
La place réduite de la science vient sans doute de l'incompatibilité de la science avec le concept d'actualité et le fonctionnement des médias. Le savoir scientifique se construit lentement, avec des controverses, des publications qui apportent une pierre mais qui ne peuvent faire changer les choses que progressivement.

Les articles de vulgarisation comme le fait Pierre Barthelemy essaient d'ailleurs de raccrocher à se concept d'actualité en commentant souvent une publication qui vient de sortir pour en faire une sorte d'événement comme un nouveau film ou un nouveau livre, en insistant sur le caractère novateur mais en oubliant souvent de placer cette publication dans le continuum produit auparavant. Bien souvent, le caractère novateur attesté de la découverte relatée est en fait une petit pas en plus par rapport aux publications précédentse. Mais il est d'une part difficile d'attirer le lecteur en ne tirant pas l'article de presse sous un angle sensationnaliste ("incroyable découverte") et d'autre part, il est évidemment impossible pour un journaliste, qui n'est pas spécialiste du domaine de connaitre toute la bibliographie.

Par ailleurs, le traitement de beaucoup de journaux est incompatible avec la démarche esquissée ci-dessus d'aller lire les documents (ici les publications scientifique) pour relater les faits. On le voit pour le traitement de la politique où celui-ci se résume à des querelles de personnes. Et on imagine un tel traitement transposé à la question scientifique.
Je me souviens d'une Ligne Jaune sur le climat où Sophie Vernay Caillat avouait benoîtement que ce n'était pas son rôle de journaliste de lire les publications pour démêler les arguments vrai des faux, mais seulement de relater les oppositions entre les personnes.

On peut d'ailleurs également constater que la science dans les médias subit un tel traitement à travers plusieurs " grands événements scientifiques" traité comme des spectacles : la (non) découverte des particules allant plus vite que la lumière, le boson de Higgs, la preuve (controversée) de l'inflation de l'univers.

D'ailleurs lorsque l'on parle de science dans les médias il s'agit globalement des mêmes thématiques qui ont du succès : astronomie ou physique fondamentale, des traitements miracles contre le cancer/sida, des expériences de psychologie amusante...

Au final si c'est pour reprendre les mêmes travers que dans les autres domaines, ce n'est pas forcément un mal que la science soit absente des grands médias : il y a d'autres sources passionnantes ailleurs (comme la blogosphère scientifique) pour assouvir son besoin de découverte.
Cher Daniel Schneidermann, pourquoi pas une émission scientifique sur @si ?
Ceci est une offre de service décomplexée :)
Bravo... C'est pourquoi je ne garde que les articles scientifiques (et archéologiques) J'ai le temps pour moi... hé hé !
Hélas, la demande en information scientifique n'est hélas pas si importante que la reprise sur le web des articles de Pierre Barthélémy le laisse penser. Si ses articles sont tant repris, c'est avant tout parce que:
1) ses articles sont très bien écrits, ce qui est relativement rare sur lemonde.fr, où la plupart des articles sont juste des reprises de l'AFP bourrées de fautes.
2) il sait choisir des sujets qui "parlent" à la plupart des gens, qui les font rêver. Les domaines qui marchent bien auprès du grand publique sont l'astronomie/l'astrophysique, la biologie et la médecine, et quelques résultats de psychologie/sciences sociales. Pour le reste, difficile d'attirer l'attention des gens sur de la chimie, sur des maths un peu complexes (les maths élémentaires marchent bien) sur la science informatique, ....
3) le lectorat du lemonde.fr n'est pas du tout représentatif de la population française, qui est beaucoup moins éduquée et qui a d'autres centres d'intérêt. Le "people" et le sport intéressent beaucoup plus la grande majorité de la population que les sujets scientifiques.

Cela dit, il est vrai que le public susceptible d'acheter ces journaux généralistes est bien plus intéressé par un article scientifique que par la énieme péripétie politicienne du moment.
Le problème est qu’il faut sans doute plus de compétences pour commenter une information scientifique que pour commenter un sondage ou la petite phrase d’un député en mal de notoriété : les articles scientifiques sont généralement rédigés en anglais et leur lecture critique nécessite souvent des connaissances en statistiques que nombre de journalistes ne semblent pas avoir.
Rien de bien compliqué, les journaliste ont fait L et les scientifiques S (la voie de "l'élite"...). Deux mondes qui ne se mêlent pas, ne se comprennent pas...
On dirait un discours de-scientifique-et-fier-de-l'être.
C'est un peu sommaire.
Les scientifiques baignent dans les deux mondes en question mais en général les tiennent soigneusement séparés l'un de l'autre. Par exemple dans le monde scientifique la terre est une boule qui tourne autour du soleil, dans le monde normal la terre est plate et c'est le soleil qui tourne.

Dans le cas du réchauffement du climat auquel il est particulièrement désagréable de croire, il semble clair que c'est ce que nous croyons qui compte plutôt que nous savons (mais ça s'applique aussi à des choses beaucoup moins complexes que le climat, comme le fait qu'il n'est pas deux fois mais quatre fois plus dangereux de rouler à 100 km/h plutôt qu'a 50 km/h ou qu'il est vraiment beaucoup plus important de ne pas gaspiller un milliard d'euros qu'un million d'euros...)
Un dessin où un chat lit, je vote pour.

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