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"Je ne suis pas Charlie. Et croyez-moi, je suis aussi triste que vous."

"Je ne suis pas descendu parmi la foule." Un @sinaute exprime, dans le forum de discussion de la dernière chronique de Daniel Schneidermann, son malaise vis-à-vis de "l'union nationale" suite aux attaques meurtrières qui ont visé Charlie Hebdo. En cause, la "dérive islamophobe" du journal et de cette gauche "Onfray/Charlie/Fourest laïcarde".

Derniers commentaires

Meilleure analyse de ce forum jamais écrite :

http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/19/apres-charlie-bal-tragi-comique-a-gauche-radicale-seine-257188
Un blog intéressant sur l'après 7 janvier 2015 : http://7janvier2015.blog.lemonde.fr/
une pétition tout a fait dans le sujet :
https://www.change.org/p/m-le-pr%C3%A9sident-de-la-r%C3%A9publique-fran%C3%A7aise-d%C3%A9cideurs-politiques-de-tous-bords-mise-en-application-des-principes-de-la-la%C3%AFcit%C3%A9-6
une pétition :
https://www.change.org/p/m-le-pr%C3%A9sident-de-la-r%C3%A9publique-fran%C3%A7aise-d%C3%A9cideurs-politiques-de-tous-bords-mise-en-application-des-principes-de-la-la%C3%AFcit%C3%A9-6
Retour sur la première "mort" de Charlie.

Il est de bon ton - et je l'ai fait le premier - d'encenser l'"ancien Charlie", afin de mieux dénoncer le torchon islamophobe qu'était devenu Charlie "deuxième mouture "sous la coupe de Val et après le passage de Fourest.

Pour essayer de comprendre ce qui l'en était, et comment on en est arrivé là, je me suis retapé la fameuse émission de Droit de Réponse de M Polac, consacrée à la disparition de Charlie première mouture.
A la suite de ce débat, la presse bourgeoise - à commencer par Libé - était unanime pour enterrer Charlie sous un tombereau de merde, ce que l'hebdo n'avait pas manqué de souligner ironiquement:

http://www.flickr.com/photos/egaucher/6335416656/

Triste ironie quand on pense au renversement complet de cet unanimisme "anti-Charlie" 30 ans plus tard:

http://tempsreel.nouvelobs.com/galeries-photos/charlie-hebdo/20150114.OBS9911/en-images-le-nouveau-charlie-hebdo-fait-la-une-de-la-presse.html

On me rétorquera qu'il y a eu des morts entre temps - ce qui change tout - mais que penser alors de ce vif encouragement de cette même presse aujourd'hui à maintenir ce "vieil esprit" du Charlie provocateur et sans limites comme meilleure réponse aux terroristes, esprit que ces quotidiens CONCHIAIENT unanimement pourtant 30 ans auparavant?

On peut revoir cette émission intégralement grâce à l'INA, et j'encourage vivement ceux qui se disent "être Charlie" à prendre le temps de revenir sur la généalogie de ce qu'ils prétendre "être" aujourd'hui - au delà du seul slogan de solidarité avec les victimes - en particulier les plus jeunes:

http://www.ina.fr/video/CPA82052296

Drôle d'impression pour ma part...

Je suis un enfant de Charlie, j'avais 11 ans en 1982, et, au delà de la nostalgie de voir tout ce cirque à la télé, ce qui est impensable aujourd'hui, ainsi que des figures télévisuelles de mon enfance, je ressens un certain malaise en regardant tout ça.

En fait, il apparaît clairement que certains d'entre eux étaient déjà des "vieux cons", qui n'aimaient pas les jeunes et surtout ne voulaient pas les entendre parler. Quatre ans plus tard, j'entrai au lycée, j'appartenais grosso modo à cette "génération morale" conspuée par l'équipe de Charlie. Et pourtant ils me faisaient marrer, à l'époque.

Il me font beaucoup moins marrer rétrospectivement.

Il faut voir Choron s'en prendre aux lycéens invités par Polac,

http://www.ina.fr/video/I09082502

et Renaud - futur collaborateur de l'hebdo - de surenchérir:

http://www.ina.fr/video/I05004781/renaud-fils-de-cons-ca-ne-veut-plus-rien-dire-maintenant-on-va-dire-parents-de-cons-video.html

Il faut aussi entendre ce dernier se gausser franchement des valeurs des lycéens qui exprimaient leur gêne à propos des blagues sur les Juifs et la Shoah...les lois Gayssot n'existaient pas encore.

Si l'on veut bien passer sur l'anachronisme, peut-on dire Dieudo-Renaud, même combat?

Evidemment non. Mais cela révèle justement la contextualisation nécessaire du débat piégé sur la "liberté d'expression". Que des jeunes lycéens opposent en 1982 à la bande de Charlie quelques réserves sur le traitement que pouvait faire Charlie de l'holocauste, que huit ans plus tard le législateur limite cette même liberté à ce sujet, et que 30 ans plus tard le spectacle d'un humoriste puisse être interdit compte tenu de l'évolution de la législation montre bien que la "liberté d'expression" n'est pas un principe absolu de la République.

C'est un principe CONSERVATOIRE, dans la mesure où il doit être maintenu autant que possible TANT qu'il n'entre pas en contradiction avec d'autres nécessités intrinsèques au maintien du lien social: celui d'une relative paix sociale, d'un ordre public minimal et d'une préservation de la dignité et de la sensibilité des personnes.

Il faudrait peut-être reconsidérer l'affaire des caricatures de Mahomet à la lumière de cette évolution du droit et du consensus politique concernant la répression de l'incitation à la haine raciale et à l'antisémitisme depuis les années 1980.

La crispation des media, d'une partie des français qui ont manifesté ainsi que des pouvoirs publics, qui suivent passivement le mouvement, autour d'une "liberté d'expression" qui en droit est déjà limitée est une absurdité qui relève d'un aveuglement irresponsable.
Affirmer une solidarité pleine et entière avec les victimes du massacre de Charlie n'impliquait absolument pas prendre fait et cause pour une conception extrême et obsolète des libertés publiques et des droits fondamentaux, qui l'était DEJA en 1982!

Et pourquoi ne pas prendre un peu plus au sérieux ces collégiens et lycéens qui - au delà des provocations adolescentes - expriment leur incompréhension lorsqu'on réprime des "quenelles" alors qu'on peut dessiner la tête de Mahomet en forme de bite à l'envers avec la bénédiction des pouvoirs publics et le soutien d'au moins 3 millions de lecteurs?

http://www.les-crises.fr/charlie-a-manipule-la-france/


Il faut voir aussi au cours de l'émission les dessins phallocrates et fiers de l'être, la vulgarité débraillée et fière d'elle même, Gainsbarre avec son ballon rose exhibé comme un sexe et qu'il fait couiner en expulsant l'air pendant toute l'émission, la façon dont tous ces mecs se houspillent, dans un mélange de virilisme et d'intellectualisme typique de certains roquets de Mai 68 qui ont fait carrière depuis, et comment les rares femmes sur le plateau font potiche - pauvre Valérie Mairesse qui se prend les postillons et les moulinets de bras de JFK pendant une heure etc...

Bref, s'il est clair que je ne suis pas Charlie aujourd'hui, je ne suis vraiment pas sûr d'être le Charlie de 1982 non plus...



Ce qui me frappe aussi dans l'émission, c'est le contresens total actuel à propos de la "liberté d'expression": à part Choron, ils veulent tous empêcher de parler le type de Minute et certains menacent carrément de lui foutre sur la gueule, Siné, Renaud, Berroyer, même Gainsbarre,et Desproges, définitivement le meilleur:

"La liberté d'expression ça va jusqu'à laisser parler Minute cinq minutes. Même si c'est pour lui foutre son poing sur la gueule après."

Ils voulaient faire chier les cons, les cahos et les fachos, et comme dit Renaud, "n'en avaient rien à foutre du pluralisme et de la liberté d'expression."

Ils n'en avaient RIEN A FOUTRE de la liberté d'expression, vous COMPRENEZ?

Et même si ça avait de moins en moins de sens compte tenu de l'évolution sociologique et politique de la France dans les années 1980, Charlie demeurait un journal de combat "gauchiste", rien à voir avec ce qu'en a fait Val en le tordant vers un voltairisme soft et un républicanisme crispé type IIIe République.

La "mort" de Charlie était finalement un phénomène anodin: s'ils n'avaient plus de lecteurs, c'est que l'anticléricalisme et l'antifascisme n'intéressait plus grand monde, faute de danger réel. La gauche venait de gagner, formidable libération politique - vite déçue - pour des millions de personnes, et tout le monde se contrefichait de la laïcité et du fascisme: les gens de gauche étaient contents, les gens de droite craignaient surtout les chars Russes, Le Pen était alors à la tête d'un mouvement hétéroclite et ultra-minoritaire de petits commerçants poujadistes et d'ex-OAS, et les immigrés étaient totalement exclus du champ politique.



Ce qui frappe encore plus, c'est qu'un un tel "débat" bordélique était possible - alors qu'il est inimaginable aujourd'hui - car s'il y avait manifestement de la haine entre certains protagonistes (l'équipe de Charlie contre la presse bourgeoise et la presse fasciste), elle était politique, et donc dans un cadre commun - et non pas "culturelle" et "identitaire" comme aujourd'hui.
En fait même si tout le monde s'engueule sur le plateau, on voit que la violence est surjouée et avant tout verbale. Ce sont tous des blancs, des français ou européens d'origine , et en ce sens ils appartiennent DE FAIT à cette communauté nationale et à la tradition de zizanie à la Astérix.

Personne ne risque de se faire tuer, y compris le type de Minute, menacé de mort par Siné -"tu vas crever": on voit bien que c'est du cirque.

C'est chouette, c'est bien français, des anglos-saxons n'y comprendraient rien. On s'amuse entre nous.

Dans cette "communauté" et sur le plateau pas un arabe ou un noir: ils sont tout simplement EXCLUS, INVISIBLES, et on était en 1982, un avant avant la marche des Beurs. Et une telle émission était possible, et la provocation tous azimuts passait parce que, en dépit des clivages politiques et sociaux, ces gens "faisaient société" comme on dit - mais entre eux, évidemment sans les immigrés parfaitement invisibles, carrément niés.

On remarquera ainsi que le dessin qui s'interroge sur le Paris Dakar - à quoi sert-il? - comporte pour réponse l'expression "Pour écraser les NEGRES" et ça fait rigoler tout le monde sur le plateau.

Bien sur, c'est drôle, on est entre nous...Pas un "nègre" sur le plateau pour dire que même si c'est drôle de critiquer un rallye débile et destructeur, ça rappelle forcément que la France a écrasé ces mêmes "nègres" des siècles durant sous le joug de l'esclavage, et ensuite sous celui de la colonisation.

Seule une lycéenne fait allusion aux immigrés: elle dit à un moment que Minute est quand même mal placé en matière de "tolérance" puisqu'ils veulent virer les immigrés. Bon, c'est une "française", une blanche, sensible au racisme qui pesait alors sur les immigrés en France, mais elle n'est pas directement visée par Minute. Il n'y a aucun immigré sur le plateau pour exprimer ce qu'il pense de Minute, ce que lui fait Minute - et globalement le racisme ordinaire - au quotidien. Aucun des membres présents sur le plateau n'est réellement menacé par Minute, tous surjouent l'antifascisme sans le craindre (Mitterrand vient de gagner).

Et aujourd'hui?

Un tel débat aujourd'hui, sur les caricatures et la liberté d'expression, en invitant Zemmour, Houellebecq, Finkelkraut, Soral et Dieudonné, des rappeurs et donnant la parole cette fois-ci aux jeunes de cité enfants d'immigrés au lieu des lycéens petits blancs parisiens - car on peut plus vraiment faire comme s'ils n'existaient pas, comme on le voit bien aujourd'hui: ça partirait VRAIMENT en couille.

Et on s'étonne que certain profs n'arrivent pas à traiter l'affaire: mais ils savent bien que dans certains cas, c'est tout simplement IMPOSSIBLE. Le fil est ROMPU.

Trente ans de politique sociale et urbaine inepte, ghettoïsation, obsession sécuritaire, fixations sur les différences "ehno-culturelles" etc...tout ce qu'on sait, et de tels débats avec l'ENSEMBLE des français sont devenus impossibles, car le cadre commun est brisé.

Il suffit de se rappeler du fiasco honteux du débat sur l'"Identité nationale": concrètement passé à la trappe, deux trois réunions d'experts, de politiques en petit comité, médiatisation superficielle et c'était bouclé. Et heureusement, car c'était encore une grosse connerie de plus.

De toutes façons, les principaux intéressés par la question à savoir les xénophobes inquiets de l'islamisation d'un côté et de l'autre des personnes musulmanes ou autres radicalisées et en défaut manifeste d'intégration n'ont pas été invitées. Pour une raison simple: s'ils étaient venus, ça ce serait terminé en émeutes.
Mais quand va-t-on cesser d'agiter tout ça?

Tous ces tartuffes actuels qui croient refonder cette unité nationale, autour de cette bonne vieille culture de village gaulois, ne se rendent même pas compte que leurs discours non seulement peut être perçu comme identitaire, mais qu'il EST identitaire, fût-ce de façon impensée.

C'est un paradoxe, car des valeurs supposées universelles ne peuvent pas être en même temps spécifiques et identitaires. Et je défens l'idée d'un universel commun aux hommes.

Mais quand un universel est imposé, craché à la face des autres, au lieu d'être transmis par l'éducation et le dialogue, ce caractère universel certes demeure en soi - comme concept - mais disparaît sur le plan pratique.

Alors quand les français - ceux de cette culture spécifique - s'engueulent entre eux - je mets de côté des évènements historiques comme la dernière guerre - même durement, ils sont comme des poissons qui ne voient pas l'eau dans laquelle ils nagent: ils nagent dans ces universaux, dont ils se targuent en même temps d'être les dépositaires - on s'engueule mais on continue à se parler car on est au pays de Voltaire, et qu'on reconnaît son adversaire comme un membre de cette communauté politique.

Le problème, c'est que quand ce peuple - ou l'Etat qui le dirige - se révèle être manifestement et ouvertement oppresseur - colonies, guerres, racisme etc - et maltraite ses propres enfants, alors les réprouvés et les opprimés ont vraiment la rage, parce qu'eux ils n'ont pas d'eau: ils crèvent littéralement d'asphyxie. Ils ne sont pas inclus dans le jeu, à moins de se conformer totalement, c'est-à-dire cesser d'exister.

Les noirs et les arabes en France ont donc été confrontés dans leur grande majorité à deux formes d'inexistence: l'invisibilité absolue ou la conformité totale, ce qui revient exactement au même. Et cette violence du déni d'existence - et du droit à l'existence - est telle quelle ne peut générer en retour qu'une grosse explosion, qui prend forcément des formes brutales et insaisissables.

Aussi, dans une situation de tension extrême, résultat de plusieurs décennies d'oppression, brandir des valeurs "universelles" n'a plus aucun sens pour ceux qui sont opprimés: c'est un contresens TOTAL, cela revient à leur CRACHER A LA GUEULE.

Par conséquent comme le dit Mahmoudi, c'est pas en rabâchant PADAMALGAM PADAMALGAM qu'on change quelque chose à un pays "BATI SUR L'AMALGAME."

http://www.huffpostmaghreb.com/halim-mahmoudi/je-suis-dessinateur-de-pr_b_6455050.html

Combien parmi les naïfs qui défilent généreusement et sincèrement au nom d'une conception aggressive et brutale de la liberté d'expression ont la moindre idée de ce qui est réellemement en train de se jouer - et se joue depuis 30 ans?
"Car on ne peut rien contre ceux qui leur fournissent la liste des cibles une fois qu'ils sont conditionnés. Il faut donc TOUT mettre en oeuvre pour agir avant qu'ils en soient là: ce n'est pas facile mais c'est la seule chose qui compte si on ne veut pas progressivement tomber dans le gouffre de la guerre civile, qui est la conséquence ultime de l'anomie.

Après, c'est trop tard. Et c'est déjà trop tard...."

et qui sont ceux qui leur fournissent la liste des cibles ?
qui sont ceux qui sont derrière ceux qui leur fournissent la liste des cibles ?
ça m'interesserait bien d'avoir cette info ...

je ne crois pas que les prisons soient emplies d'intégristes musulmans;
tous les voleurs, les criminels ne sont pas des intégristes musulmans,
il y a aussi des charlies;

oui, la fracture existe, les 3 millions présents à la marche ne représentent pas toute la France;
au - cela aura-t-il montré une certaine unanimité pour l'amour et la paix face à une certaine majorité
de FN qui jusqu'alors avait pignon sur rue et c'est très bien;
et que plus d'un million de français s'abonnent à Charlie, cela serait encore mieux !
vive la liberté des caricaturistes et de la presse écrite !

il est vrai que la campagne 2017 est lancée et que mr Holande a été très fort sur ce coup ci;
mr Neta aussi car il fait sa campagne présidentielle: a-t-il reçu des fonds pour cela de la part des français
de confession judaïque suite à sa présence dans une synagogue à Paris juste après cette marche "républicaine" ?
il y avait d'ailleurs non seulement la présence de Nata mais aussi celle des présidents de la république, de l'assemblée
nationale, du sénat de France ainsi que le 1er ministre; ah la République dans une synagogue juste après une marche
républicaine, cela me laisse songeuse ...
Je ne pensais pas utile de diffuser ce que j'ai écrit, en privé, à quelques amis, mais quand je vois la guerre qui commence à se livrer sur le sujet, je le reproduis ici :

on pouvait participer à la manif, pour la liberté d'expression, en n’ayant rien à voir avec le quarteron de chefs d'état (dont pas mal de criminels de guerre), et sans pour autant proclamer “je suis Charlie”.

Pourquoi je ne suis pas Charlie

"je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire" : il paraît que Voltaire n'a jamais ni prononcé ni écrit cette phrase qui lui est attribuée, mais peu importe, c'est devenu une valeur de notre République. Elle signifie que nous n'avions pas besoin "d'être Charlie" pour défendre la liberté d'expression, et a fortiori la défendre contre des massacreurs.

Mes raisons de ne pas brandir un panneau "je suis Charlie" ? (d'autres ont dit bien mieux les leurs, comme la philosophe Marie-José Mondzain dans cet article de mediapart ; elle avait déjà refusé, après le 11 septembre, le "nous sommes tous américains")

1. Ces pourfendeurs de tout ce qui ressemble au panurgisme auraient bien rigolé de nous voir : j'imagine bien leurs caricatures nous représentant en moutons ou autres veaux.
2. Les Charlie ont continué pendant des années malgré les menaces de mort. Puis-je affirmer que j'aurais eu le même courage ? (Cette raison, comme la première, est secondaire : Dire qu'on se voudrait à leur hauteur – pancartes "même pas peur" - est un beau symbole.)
3. J'aurais été malhonnête. J'ai en effet souvent critiqué Charlie (que je ne lis plus depuis longtemps, malgré, je sais, de bons articles aussi). Je n'aimais pas qu'il n'y ait que "nous" et les "cons", donc pas d'adversaire légitime. La dérision, à composante de préférence obscène, interdit le débat aussi sûrement que la violence. Je n'aimais pas que l'on prenne plaisir à choquer les gens dans leurs convictions les plus profondes, notamment dans leurs croyances religieuses. Je suis athée, est-ce une raison de se croire supérieur aux "cons" et aux croyants ? Humour potache de "sales gosses" disait-on, mais des potaches avec un complexe de supériorité, je me trompe ?
4. Je tiens à ce que la France reste un des pays où le blasphème n'est pas un délit puni par la loi, alors qu'en certaines régions, et avec une définition très extensive, il est puni de mort. Mais, personnellement, je tiens à l'éviter. Par exemple, certaines exhibitions des Femen, ou bien le "Piss Christ" de Serrano me dégoûtent. En France, tant qu'il s'agit des religions chrétiennes, cela ne nécessite d'ailleurs aucun courage (mais seulement un sens aigu de la pub). Pour revenir à l'Islam, Chaunu, caricaturiste d'Ouest-France, dit :
"je ne pourrais pas caricaturer Mahomet. Pour moi, c'est trop fort comme provocation. Ayant des amis musulmans, je penserais tout de suite que ça ne leur rendrait pas service". Il explique :
"Le problème, c'est que la caricature n'est rien s'il n'y a pas de culture, car elle est réductrice, elle simplifie. [J'adore Charlie mais…] je trouve que la France est fragile, qu'elle est faible d'un point de vue culturel. Les gamins sans repères, sans valeurs, risquent de ne pas comprendre ce genre de dessins."
Il me semble qu'il a raison. La France d'aujourd'hui est sans doute beaucoup plus fragile – désintégrée, morcelée – que celle de Voltaire, qui était pourtant grosse d'une révolution. Les problèmes de conflits de cultures y sont assez graves pour qu'on évite de les transformer en guerres des cultures.

A ce sujet, j'entendais l'autre jour sur F-Inter une enseignante qui s'étonnait qu'après avoir pendant une heure fait "l'explication de texte" des caricatures de Mahomet devant une classe constituée d'élèves majoritairement "issus de l'immigration", elle n'ait pas réussi à les persuader, pas seulement qu'on n'a pas à tuer pour ça, mais que ces caricatures, ils devaient les trouver bien ! Cette ignorance de la culture de l'Autre est effarante, et contre productive car elle ne peut que pousser au communautarisme.
M-J Mondzain, dans l'article cité au début, écrit : "l'intégration ou la non-intégration d'une certaine communauté musulmane en France pose question". En effet, il n'y a pas que le non respect de la culture de l'Autre qui contribue à la non-intégration. Une autre façon est de nier que le problème existe et de chanter sans nuance les louanges du multiculturalisme, ou de taxer de racisme les écrits de ceux qui nous avertissent comme Gilles Kepel que certains islamistes visent par des actions concertées à constituer des "enclaves musulmanes". Et cela même si c'est loin d'être le tout de l'Islam en France. Voir, pour relativiser et compléter, un entretien avec Olivier Roy "il n'y a pas de communauté musulmane" sur mediapart.
J'ai lu pendant plus de vingt ans Charlie,j'ai arreté de l'acheter quand Val a viré Siné. J'en ai même gardé quelques uns dont je garde precieusement.Mais quand j'entends cette bande d'hypocrites dont fait partie Cohen,qui ont critiqué Charlie , pour les caricatures,allant pour certains, jusqu'a demander son interdiction et qui aujourd'hui se disent Charlie mdr..bande de charlots.
Nous avons vécu en France, la semaine passée - et au delà de la légitime émotion, l'expérience rare de pouvoir imaginer ce que c'est que de vivre au choix, dans une dictature - politique ou religieuse, ou dans un Pays avec une religion d'état.

C'était à qui montrerait le plus sa Charlitude :
Les politiques se devaient de montrer patte blanche et donner des signes de fidélité au grand Charlie ; les artistes de composer, peindre, dessiner, chanter, déclamer, danser, slamer à la gloire du Charlie suprême ; les médias de narrer les différents épisodes édifiants de la Geste glorieuse de Charlie qui la veille était mort de faillite mais qui le troisième jour est ressuscité des morts et siège à la droite de Dieu.
"Chante Ô muse, la colère de Charlie, fils de Hara, colère funeste, qui causa tant de malheurs chez les djihadistes"

Le peuple français, quant à lui, communiait avec une ferveur qui dépassait même celle produite par les trois jets d'une pelote de cuir dans le cadre de l'ordre et du progrès en 98 ! Retrouvant des réflexes ataviques et ancestraux, certains dénonçaient ceux qui étaient incapables de démontrer huit quartiers de Charlitude. Le Charlitudisation des esprits était à l'œuvre, forçant chacun à se positionner, voire à montrer sa soumission au Charlie commun à l'entame d'un texte iconoclaste - c'est d'ailleurs l'objet de l'incise "et au delà de la légitime émotion" de celui-ci.

La terre entière, y compris les pays dont la ligne politique justifie voire encourage l'action des Charliticides, manifestait sa ferveur communautaire avec les Charlistes.
"C'était de très grandes foules sur toutes faces de ce monde, qui nous chantaient l'horreur de vivre, et nous chantaient l'honneur de vivre"

Enfin - et c'est avec une admiration infinie que le le dis - Simon de Cyrene du Dit de Charlie ; le merveilleux, le lumineux : Patrick Pelloux, mater dolorisa des ondes !

Avant de m'envoyer un message d'insultes, me poster votre rage, repensez à ce que vous avez vecu et remplacez le mot Charlie par "Chrétien", "Musulman", "Berliner", "Communiste", "Maoïste" ou tout autre mot qui vous semblera adéquat et vous verrez de quoi je parle....
Allez, je vais me mettre à l'unisson et proclamer que Charlie est grand et Pelloux est son prophète !
Ce qui est étonnant, finalement, c'est d'entendre des gens qui "sont Charlie" - donc pour la liberté d'expression - dire dans la même phrase qu'on ne peut pas dire qu'on ne l'est pas (Charlie). Liberté d'expression ok, mais pas pour tout le monde en quelque sorte. Doit-on laisser son esprit critique au vestiaire? De quel Charlie parle-t-on?
Alors oui, je suis pour la liberté d'expression et le respect d'autrui. A bas l'ignorance et l'intolérance. Ecoutons, lisons, avant de cataloguer, de condamner, d'insulter les autres...
Les mots pour le dire, merci Frédéric Lordon.

"Il fallait donc traverser au moins une mer pour avoir quelque chance de retrouver des têtes froides, et entendre cet argument normalement élémentaire que défendre la liberté d’expression n’implique pas d’endosser les expressions de ceux dont on défend la liberté."

Charlie à tout prix ? par Frédéric Lordon
Le message de BC reflète en grande partie mon sentiment et décrit bien l'actuelle "confusion des sentiments". Cet unanimisme et la rhétorique nationale et institutionnelle qui l' accompagne deviennent, à la longue, gênants, car je les trouve, la plupart du temps, franchement bêtes et je crains qu'ils ne deviennent, aussi, méchants...

Pour moi, les exécutions sommaires de la semaine dernière (car je pense qu'il s'agit exactement de cela) sont des actes effrayants, inimaginables et inacceptables; pour moi, il s'agit, avant tout, de ne pas accepter qu'on nous impose une vision totalitaire du monde et de la société (celle de l'intégrisme, islamiste ou autre) à coup de kalashnikov...

Mais, je ne suis par Charlie: premièrement parce que je n'ai pas toujours partagé leurs contenus et deuxièmement parce que je n'aime pas les slogans et je n'aime pas qu'on me les impose, surtout quand ils sont bêtement repris en choeur par les gens les plus diverses (acteurs hollywoodiens, hommes politiques douteux et j'en passe...)
Et il ne faut pas se voiler la face, en effet: les gens qui ont marché dimanche l'ont fait pour les raisons les plus disparates, bonnes et mauvaises, y compris par conformisme... Alors, l'unité nationale...
J'espère qu'une fois terminées les célébrations et terminée la rhétorique, on reviendra aux choses sérieuses, à savoir: comment faire en sorte que cela ne se reproduise pas et pas uniquement par des mesures sécuritaires.
Manazo, je suis bien consciente que j'aurais pu trouver cette communion hier dans la rue, mais quelque part il était trop tard, que j'y aille ou pas cette journée devait avoir un goût amer. Encore une fois, ce n'est pas parce que je n'étais pas d'accord avec le principe de la marche ou avec ce qu'elle défendait. Et malgré ma non participation, j'étais fière hier soir de constater le nombre, la motivation et la solidarité de tous ces gens, d'autant que je suis consciente que d'autres, comme moi, avaient choisi de ne pas y être, sans pour autant ne pas croire à ces valeurs.
J'espère simplement que cette belle mobilisation se poursuivra au-delà des démonstrations de voix, et malheureusement mon espoir est assez fin.
Toute la question est de savoir si nos sociétés de l’information qui s ’ entre déchire habituellement pour des broutilles en faisant beaucoup de bruit pour pas grand chose saurons faire de cette événements qui semble bien être "historique" autre chose qu’une immense démonstration de l'implacable triade qui s'exprime dans le processus suivant : politique (tendance arriviste) ?média (tendance audimate ) ?politique (tendance extrême ) ?média (tendance actionnaires )?opinion publique chauffer à blanc )

Je crains que ce nouveau symbole ne tiennent pas bien longtemps face à la volonté de certains de vouloir faire leurs beuz dessus ....
Après 4 ans d'abonnement à ASI, c'est la première fois que j'écris dans un de ses forums. Car ce soir j'ai simplement besoin de partager avec vous mon désarroi. Aujourd'hui je ne suis pas allée à la "marche républicaine". Pas parce que je ne me sens pas concernée, pas parce que je ne crois pas à la beauté des valeurs républicaines. Non, c'est au contraire en raison de mon attachement à ces valeurs que je n'y suis pas allée, d'où mon désarroi.
Car oui, j'aurais voulu moi aussi ressentir la beauté et la fierté d'être ensemble pour la défense de ces belles valeurs, j'aurais voulu faire partie de cette communion et en ressentir la force, et à plusieurs reprises depuis mercredi j'ai été sur le point de faire le trajet jusqu'à la place de la République pour rêver avec tous ces anonymes à la fraternité nationale. Mais je ne l'ai pas fait.

Cette impossibilité de communier avec les républicains de France, je la dois à mes élèves (j'utilise à dessein cette expression qui me permet de dire à la fois qu'elle me vient d'eux et que c'est un devoir envers eux). Depuis le mois de septembre, je suis professeure d'anglais dans un collège particulièrement difficile de Seine-Saint-Denis. C'est le deuxième poste de ma carrière, mon premier poste en tant que titulaire, et mon premier poste en collège. Et bien je peux vous dire qu'on m'a mise dans le bain! Je précise au passage que cette affectation je l'ai cherchée puisque, agrégée, j'ai demandé à enseigner en collège après une année de stage mitigée dans un lycée plutôt favorisé (en Seine-Saint-Denis aussi, hé oui, il y en a), et j'ai également demandé la zone géographique dans laquelle je suis affectée.
Depuis le début de l'année, je me pose de nombreuses questions, à la fois sur mes élèves et sur moi-même. Car je suis par ailleurs inscrite en thèse, une activité qui n'est pas compatible avec l'épuisement que génèrent ces enfants. Depuis le début de l'année je réfléchis à ces enfants si attachants et je me demande ce qu'ils vont bien pouvoir devenir, ainsi abandonnés de tous, enfermés dans leur misère sociale et culturelle, à tel point qu'ils ne se rendent même pas compte qu'ils vivent dans la misère. Depuis le début de l'année, je culpabilise de vouloir trouver un poste d'ATER (Attaché Temporaire d'Enseignement et de Recherche, c'est-à-dire CDD des universités) pour poursuivre ma thèse dans de meilleures conditions, alors que j'arrive à parler à ces enfants, et qu'ils ont tant besoin qu'on leur parle, qu'on essaye de les comprendre.
Puis je réfléchis aux conditions dans lesquelles nous exerçons notre métier. Cela ne vous aura pas échappé, le gouvernement réforme actuellement l'éducation prioritaire. Lors des concertations qui ont eu lieu l'année dernière à propos de ces réformes, le principal élément mis en avant par les enseignants des établissements concernés, c'est la question des effectifs et de l'encadrement (c'est-à-dire le ratio adultes/enfants dans l'établissement). Et le ministère les a entendus, puisque de 24 en ZEP, l'effectif maximal d'une classe est passé à 23 en REP (pendant que le nombres de "surveillants" et d'agents d'entretien ne cesse de diminuer). Bref, je n'écris pas pour vous détailler la réforme (à laquelle je n'ai d'ailleurs pas tout compris) mais pour vous expliquer pourquoi, par respect et amour pour mes élève, je n'ai pas pu participer à cette marche.
Dans mon questionnement sur mon avenir et celui de mes élèves, cette question de la réforme et des moyens est essentielle. Car il faut bien me rendre à l'évidence : toutes ces idées qui me viennent pour intéresser les élèves et leur donner envie d'école, tous ces voyages et toutes ces sorties que j'aimerais organiser pour leur faire découvrir l'histoire, la culture, la langue anglaise. Toutes ces idées, je ne pourrais en mettre en place qu'une infime partie, faute de moyens.

Alors pourquoi rester, quand on vous catapulte au bord du volcan en vous mettant entre les mains une lance à incendie qui n'est pas alimentée en eau? Et surtout, pourquoi marcher? Ce qui m'empêche de marcher c'est cette impression, que nous sommes nombreux à avoir, que nous marchons pour une illusion de vivre ensemble. Car pendant ce temps nous continuons à laisser nos jeunes s'enfoncer dans une misère dont pour certains ils n'ont même plus envie de sortir tellement ils ont fini par croire qu'il n'existait rien d'autre pour eux. Et nos "classes moyennes" continuent à se plaindre et à exprimer leur "ras-le-bol fiscal", tandis que les 75% d'impôts sur les revenus supérieurs à un million d'euros par an sont passés à la trappe depuis bien longtemps.
Alors oui, elle est belle cette unité, elle fait envie, elle rassure, elle "soulage", comme l'a si justement dit Lilian Thuram au début de la soirée de soutien à Charlie Hebdo diffusée sur France 2 ce dimanche soir (ou peut-être a-t-il dit "apaise", je ne me souviens déjà plus très bien, mais bref, vous comprenez le message), mais j'ai bien peur que pour beaucoup elle ne soit surtout l'occasion de se défouler et de se déculpabiliser en s'auto persuadant que nous sommes tous unis par l'esprit, pour la défense de la liberté, de la joie, et de la déconne. Par l'esprit peut-être, mais beaucoup moins par l'action au quotidien, et certainement pas par le portefeuille.
Cela peut paraître trivial de parler d'argent en ce grand moment de recueillement, mais justement, quel meilleur moment pour rappeler à tous que la solidarité et la liberté ne sont pas seulement des mots? Ce sont des éléments essentiels de notre vivre ensemble, qu'il nous faut défendre. Et quand je parle de leur défense ça ne veut pas forcément dire que nous devons mourir pour ces idées, mais nous ne pouvons pas simplement les défendre par les mots. Cette défense doit être politique et s'exprimer par une solidarité sur le long terme.

Ma privation de communion et de soulagement collectif, elle a commencé jeudi matin. Dans la plupart de mes classes, la discussion sur ce qui s'était passé la veille s'est très bien déroulée. Non seulement la grande majorité de mes élèves ne m'a pas sorti d'horreurs faisant l'apologie de la violence (à part quelques uns au début, par provocation, qui se sont vite calmés en voyant que tout le monde était sérieux), mais ils m'ont même impressionné par leur capacité, si jeunes, à discuter avec tant de calme et de lucidité de sujets si graves, et d'une religion (la leur, pour la plupart) caricaturée par ses propres "défenseurs".
Seulement voilà, ma minute de silence est tombée sur LA classe avec laquelle je m'étais dit que je n'en parlerais pas, car je savais qu'avec eux ce serait difficile. Et effectivement ce fut difficile, plusieurs provocateurs lançant qu'ils "n'avaient qu'à pas continuer alors qu'on les a prévenu", d'autres remarquant (avec hélas un certain bon sens) qu'on ne faisait pas de minute de silence pour les enfants palestiniens. Au milieu de tout cela, 2 ou 3 demandaient sincèrement des explications, mais dans cette ambiance il était extrêmement difficile, pour eux comme pour moi, de s'exprimer, et plus encore de garder son (mon) sang-froid. Nous avons fini par la faire cette minute de silence, et les élèves l'ont respectée. Mais mon moment de communion était gâché, et je n'ai pas pu laisser couler les larmes qui me sont monté aux yeux à la 55ème seconde, parce qu'ils ne les auraient pas comprises, parce que je n'avais personne avec qui les partager.
Le soir, pour compenser ce manque de communion, j'ai été prise d'une folle envie d'aller à République, et j'ai abandonné l'idée pour des raisons tout à fait triviales : parce que j'étais restée au collège longtemps après les cours pour peaufiner les contrôles du lendemain (à adapter en raison des cours qui avaient sauté le jour même pour parler de Charlie à la place), parce que je suis rentrée tard, parce que le lendemain il fallait se lever à 6h et être en forme pour la plus grosse journée de la semaine (à égalité avec le jeudi, qui cette fois avait été particulièrement éprouvant)... Quant au rassemblement du dimanche, depuis le début il ne me branchait que peu car il devait être mené par les dirigeants nationaux, auxquels s'associaient à mesure que le temps passait, de plus en plus de grands dirigeants internationaux (plus ou moins libertaires, plutôt moins à vrai dire).

Bref, j'ai préféré poursuivre la frustration initiée en grande partie par mes élèves, j'ai préféré ne pas m'offrir le "soulagement" dont parle Lilian Thuram. Pas par masochisme, mais parce que je pense que pour vraiment défendre la liberté et la fraternité, il nous faut être en permanence sur le qui-vive, il nous faut maintenir la tension, il nous faut garder la conscience de tous les points d'ombre de la République, pour les gommer petit à petit, pour permettre à tous de se reconnaître en "nous", ce "nous" qui pour l'instant en exclu tant, ne leur permet pas de se reconnaître dans nos valeurs, tout simplement parce que nos valeurs ne les ont jamais vraiment invités. Pas parce qu'ils sont noirs ou arabes, mais parce que les conditions dans lesquelles ils grandissent les rendent revêches et que nous n'avons pas les moyens de les aider, de les convaincre, de leur expliquer, de les rallier aux belles causes que sont la liberté, la fraternité, la laïcité. Parce qu'avant de leur demander de respecter la liberté et la laïcité, il faudrait déjà leur prouver que nous croyons à l'égalité et à la fraternité.
Cette conviction d'égalité et de fraternité ne doit pas venir uniquement de leurs professeurs, elle doit venir de tout le peuple français, qui doit s'engager pour leur offrir de meilleures conditions d'apprentissage qu'aux autres, parce qu'ils en ont plus besoin que les autres, parce que tant que nous ne leur offrirons pas une reconnaissance et une ouverture dignes de ce nom, nous ne pourrons que subir les contre-coups de leur révolte et de leur indignation, qui se radicalisent à mesure qu'elles ne trouvent pas de réponse positive ou même d'effort de compréhension de notre part.

Voilà pourquoi je n'ai pas participé à la marche de ce dimanche soir. Pas parce que je ne crois pas aux valeurs qu'elle défend, mais parce que j'attends de les voir se réaliser pour de vrai, et aussi parce que, vivant à Paris, je ne voulais pas défiler derrière certains des représentants présents aujourd'hui pour "soutenir Charlie".
Je terminerai cette intervention par une citation de mon chanteur préféré, Mano Solo, qui se trouve être aussi le fils de Cabu : "Un soir, dans le vent, je rejoindrai les partisans de ceux qui ont de l'amour pour la vie. un soir dans la nuit, il suffira d'un instant pour comprendre, la force d'être unis". Pour beaucoup, ce soir est arrivé, en ce dimanche 11 janvier 2015. Moi, j'attend encore de voir.
"Bibi" joue sur du velours ! Les 2000 morts de juillet 2014 sont voués aux poubelles de l'Histoire.
Educs, animateurs, directeurs d'école des quartiers sensibles, nous nous sommes retrouvés le soir de l'attentat de Charlie et on étaient dépités, se faisant tous la même réflexion : depuis le temps (une bonne quinzaine d'années) qu'on alertent nos élus, nos chefs de service sur ces questions, qu'on subit parfois violences et injures gratuites et malsaines de la part d'un certain nombre de jeunes et parfois de leurs parents ; depuis le temps que des imams nocifs se sont installés sur certains quartiers et que les élus ont laissé faire (malgré parfois des menaces envers les travailleurs sociaux) et parfois financé (via des associations bidons), On a parfois fait front , parfois fait grève, mais sans réussir à faire évoluer les choses.. Ils ont acheté ainsi la paix sociale.
Et pourtant on a tenu/tient bons, car, on croit à l'éducation populaire, en la richesse de ces jeunes ; on a bien conscience du contexte socio-capitalo pourri qu'on vit ; on les aime. Mais, par peur d'alimenter l'argumentaire du Front National, le politiquement correct nous a fait et nous fait tenir une position intenable. C'est l'OMERTA qui a gagné
Les élus ont trop été dans le sens du poil en ne renvoyant pas suffisamment les parents, les jeunes à leurs responsabilités. La liberté va avec la responsabilité. Il faut donner leur donner une vraie place, mais il faut aussi qu'il la prenne, et en respectant le contrat républicain (égalités des sexes, lois au dessus des dogmes religieux...). Il faut les mettre face a leurs droits et devoirs de citoyens et arrêter avec le béni oui-oui bien pensant de gauche qui nous mène à une impasse. Il faut affronter le problème et cheminer AVEC EUX pour trouver des issues (de secours?) ; et être fermes avec ceux qui ne veulent pas de solutions. Et oui, ça va être compliqué, long mais ce n'est pas un PATRIOTACT qui solutionnera le problème.
Et cessons de mettre tous les extrémismes religieux au même plan : quels violences et attentas commis par des juifs et des catholiques envers les autres en France aujourd'hui ? C'est ce que disait Charlie Hebdo et Charb et ce discours dérangeait la gauche bien pensante. Va t-on retenir le message ? Quand je lis Schneiderman, dont je respecte pourtant l' intelligence, je me dis que ça va être compliqué, voir impossible. Un fossé tellement énorme vous sépare du terrain... (mais je/on vous invite qd vous voulez)
Et Charlie défendait les jeunes zadistes de Sivens : des jeunes citoyens pacifistes (pensant à autre chose qu'à leur tablette et à leurs points retraite) qui, malgré la désinformation des membres de l'Etat et du Conseil Général, menaient un combat juste et étaient bien du côté de la loi. Et, qu'est-il arrivé ? Un harcèlement moral et physique de la gendarmerie envers ces jeunes résistants qui s'est conclu par l'abattage de Rémi (que je ne fais pas porté au gendarme mais au préfet). Quel respect pour l'engagement des jeunes ? Quel message a-ton envoyé à la jeunesse et à son implication citoyenne ?
Les jeunes ont besoin d'un idéal et d'une perspective d'un monde meilleur pour ne pas sombrer dans le fanatisme et non pas seulement de pourvoir d'achat.
Pour finir, on (en général)/ASI parle peu/ou pas de Bernard Marris, une des piliers de Charlie pour qui j'avais une grande admiration. Pourquoi ?
J'ai la nausée.
Je me sens vraiment mal face à "cette grande marche démocratique" ..
Nous avons bâti notre paix, notre tranquillité, notre richesse, notre morale même sur des sables mouvants de famines, de guerres, de colonisations. .. Tout cela est encore plus que jamais d'actualité! et aujourd'hui, parce que de courageux journalistes résistants! de vrais militants de la paix, eux, sont abattus sauvagement, les gouvernements de France, d’Europe, d’Amérique et d’Israël, et leurs peuples avec, deviennent tous, comme par magie, main dans la main, des combattants de la liberté! On entend ça en boucle sur nos ondes depuis trois jours.
La maison se fissure et nous serions de braves innocents???
Je n'irai pas défiler sous cette bannière: "nous sommes des pays de paix" "Nous sommes les gentils démocrates" c'est faux!
Je me sens décalée... malheureuse... écœurée parce que j'ai le terrible pressentiment qu'ils sont morts pour rien, tout comme l'effondrement des banques et Fukushima n'ont servi à rien.
La seule bonne question qui devrait être posée, selon moi, c'est:
"Comment continuer à vivre dans cette opulence sans meurtrir le reste du monde et le rendre fou? dois-t-on continuer??"

Ces hommes courageux vont me manquer. Je me trompe peut être (difficile de penser par sois-même en ce moment!) mais quelque chose à l'estomac me dit qu'ils n’aimeraient pas cette unanimité dégoulinante de bons sentiments hypocrites.
descendre dans la rue main dans la main avec ces politiciens qui n'ont jamais rien eu à foutre de Charlie Hebdo, ces politiciens que Charlie Hebdo combattait... non merci!
Par respect pou eux je vais chercher un autre moyen de ne jamais les oublier!
Je suis Charlie
"Notre problème, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus personne en France qui n'ait tellement plus rien à espérer et à attendre de son propre pays natal au point d'en être réduit à n'avoir pour seule raison de vivre que de tuer des gens en masse, chez nous ou ailleurs."
Merci.
Source :Le Monde, clic

"Seront ainsi présents le président ukrainien Petro Porochenko, le premier ministre turc Ahmet Davutoglu, le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov, le ministre américain de la justice Eric Holder, huit chefs d’Etat africains, dont les présidents malien Ibrahim Boubacar Keïta, gabonais Ali Bongo et nigérien Mahamadou Issoufou, ainsi que par le premier ministre tunisien Mehdi Jomaa. Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou se joindra également à eux. Et la liste n’est pas exhaustive. "

Pas exhaustive, mais largement suffisante ....
C'est un petit texte que j'ai écrit sur mon ressenti au soir de l'attentat le 7/1, publié sur facebook...
Je me sens moins seul de lire certaines dissonnances dans l'ordonnancement parfait de tout ce qui s'est passé ensuite.
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Hommage sans embrumage

J'ai mille raisons d'être triste ce soir. Au moins autant de ne pas l'être.

L'attentat à Charlie Hebdo ; 12 morts ; Tignous, Charb, Wolinski, Cabu, Bernard Maris...
P. Pelloux y a échappé. C'est l'intelligence, la verve, l'anti-conformisme français qu'ils tentent de faire taire.
Mais rien à faire. La terreur n'est rien et ne met au mieux qu'en sommeil les esprits éveillés de toujours. Le labeur se poursuit, que ce soit au grand jour ou dans des caves sombres et dérobées. Jamais on n'arrête l'esprit, qu'il soit de Voltaire, Einstein ou Mandela.
Ils ont pris leur vie mais n'ont pu touché leur âme, ce saint des saints, ce sanctuaire inatteignable. Leur âme reste vivante à jamais ; et ce ne sont pas là des mots mais la seule réalité qui vaille.
Ils restent bien plus vivants que nombres des individus qui peuplent ce monde à la con (que j'aime).

Si ces imbéciles cagoulés avaient la moindre conscience de ce qu'ils font et surtout de la religion derrière laquelle ils se cachent, ils ne pourraient ignorer que la vie n'est rien en même temps qu'elle est tout, que leurs actes sont vains, enfonçant eux mêmes la branche qu'ils ont déjà dans le cul.

Je jubile déjà de la recrudescence des abonnements à ce seul journal politiquement indépendant qu'est Charlie; je jubile de leur prochaine Une. Je jubile de l'enthousiasme de la prochaine conférence de rédaction. Je jubile du vent de frénésie qui va souffler sur la presse française ; et internationale ?
Je ris aussi de voir la réunion de crise qui vient de se tenir dans un autre plan de l'Univers, autour de Cavanna et du professeur Choron, mis en musique par Mano Solo... Ça va pleuvoir !

Je ris moins des réunions de crise de l’Élysée et de Matignon où chacun va reprendre à son compte les paroles de Pasqua, alors ministre de l'intérieur : « nous allons terroriser les terroristes »...
Le terrorisme sert hélas sur un plateau d'argent (sale) le repas de ces messieurs. On réunit tout le monde sous le même flambeau et on signe un chèque en blanc pour les mêmes croisades qu'en Afghanistan, au Pakistan, en Irak, en Iran, en Libye ou en Syrie... Avec les résultats probants que l'on sait. En oubliant vite qu'on a tout créé, de toute pièce, d'Al Quaïda à l’état islamique en passant par Aqmi ou Boko Haram... sigles qu'on a depuis longtemps légitimés dans les médias, les citant au même titre que n'importe quelle nation.
On a créé les situations, armé ceux qui aujourd'hui retournent leur bras contre les dealers d'hier.

Combien j'ai de respect pour ces journalistes, ces dessinateurs qui disent haut et forts ce que les politiques dissimulent bassement et sournoisement.
Combien m'insupporte l'idée (qui n'est déjà plus une idée) d’une récupération adroite de la mort inutile.
Alors, je m'incline devant la douleur et le drame de la perte de cette force de vie française. Je respecte ceux qui, sincèrement, s’inclinent. Je défends comme je peux cette liberté et cet idéal qu’ils incarnent jusque dans leur dépouille.
Mais je ne veux pas être dupe, encore moins complice du jeu de l'affliction forcée des visages de ceux qui n'ont jamais lu une chronique de Charlie hebdo, et ne l'auraient pas comprise de toute façon.
Demain, tous dans la rue rue, Hollande, Sarko, Juppé, Coppé, ...même Chirac, pourquoi pas...le poing levé... « tous ensemble, tous ensemble ! » pour peut-être se souvenir des méthodes réelles de lutte anti-terroriste où l'on fait fuiter les responsables des attentats de la rue de Renne par une porte dérobée, embarquement immédiat par avion diplomatique...
Vive la France, colorée, bigarrée, vivante et multiple... Colorée comme la une de Charlie hebdo.
J'ai ete surpris et choqué que Judith et Didier renoncent à porter un stocker Je suis Charlie dans leurs banlieues. A quoi sert-il de prophétiser si on se limite au marais ? Où est le courage ? Qui doit-on changer si l'on veut faire reculer le jihadisme ?
Qu'a Paris ou demain, ils portent un autocollant je suis parfois Charlie.
Tous les français ne sont pas des résistants on le savait, mais je croyais Porte plus tenace.
Mme Yeza, il ne s'agit pas de "croire" au racisme anti-blanc, simplement de le constater... Et il n'enlève rien au fait que le racisme anti-noir, anti-arabe, anti-chinois, anti n'importe quelle couleur, nationalité, ce que vous voulez, soit odieux. Simplement, il existe.

Caroline Fourest, elle aussi régulièrement menacée par des intolérants. Val, BHL, je ne sais pas. Mais quand même, madame Yeza, arrêtez de parler de prise d'otage. Ou alors, tiens, parlons de celle d'hier après-midi, qui a entraîné la mort de 4 personnes en plus du tueur. Ou bien des preneurs d'otage qui égorgent leurs victime. Vous voyez la différence ? Les mots ont un sens. "Prendre en otage" également.
Vous dites que les défendeurs de la laïcité sont responsables des tensions identitaires. C'est un peu comme le patient qui accuse son médecin de sa maladie... Les défendeurs de la laïcité essayent de préserver notre liberté d'expression, notre droit au "blasphème", le droit à ne pas croire en un dieu. Le droit de refuser de se soumettre aux convictions religieuses de ceux qui sont persuadés de détenir "la Vérité".

J'espère qu'il n'y aura pas de guerre civile en France, je veux croire que nous sommes trop intelligents pour cela. Un voeu pieux ?
Mais s'il y a une guerre identitaire, alors elle ne sera pas due à la laïcité. A la connerie générale, oui.
"Intégristes laïcs" ! Ils ont tué qui ?!!! C'est par ces abus de langage comme ceux-ci qu'on en arrive à des amalgames.
Je suis Charlie. Libre à vous de ne pas l'être.
Mais ce mépris envers ceux qui "sont" Charlie, je trouve ça déplorable. Autant que la justification des actes terroristes que vous déballez dans votre post. Je suis en colère contre cet écrit.

Charlie n'était pas islamophobe. Charlie était, est, anticlérical. Il a sans doute bien plus moqué et ridiculisé le catholicisme et les catholiques que la religion musulmane. Ou bien faut-il ménager particulièrement une religion par rapport à une autre ? A moins d'induire que les autres sont plus susceptibles que les uns, je ne vois pas pour quelle raison.
Personne n'a jamais été obligé d'acheter ce journal.

Vous affirmez que le racisme anti-blanc n'existe pas. Mais où vivez-vous donc ? Sortez de chez vous, ouvrez vos yeux, vos oreilles, même s'il est vrai qu'on n'entend et ne voit généralement que ce qu'on se prépare à entendre ou voir. Le monde existe à travers nos filtres. Ca peut être intéressant parfois d'en changer.
La connerie est universelle, pas seulement blanche ou/et française.

Vous ne vous sentez pas en phase avec les rassemblements de dimanche ? Vous vous sentez différent, ne pensez pas pareil que les autres ? Tenez-vous bien, je vais vous révéler un scoop : personne ne pense exactement pareil que l'autre. Dans un groupe, tout le monde se sent un peu différent. Et c'est normal, c'est justement parce que nous les sommes. Et l'on n'est pas supérieur à l'autre parce qu'on pense différemment.
On n'est pas plus intelligent que l'autre parce qu'on se met à l'écart.

L'intelligence des différents rassemblements, c'est justement de tenter de dépasser son ego, pour défendre une vie en société libre et pacifiée : la liberté d'expression, vous trouvez ça mièvre ?Je trouve ça indispensable et non négociable.
Merci pour ce texte. Vraiment.
THANK YOU JOE SACCO:

http://www.theguardian.com/world/ng-interactive/2015/jan/09/joe-sacco-on-satire-a-response-to-the-attacks?CMP=share_btn_tw
Pour retrouver un peu de sérénitété, pourqoui ne pas publier plutôt des dessins qui montrent que ces dessinateurs se battaient aussi contre le racisme et l' islamophobie .
A vos archives les Charlies !
Parce que je suis pour la liberté d'expression, contrairement à eux.

Je suis pour le droit d'appeler au boycott d'un pays.

Je suis pour le droit de se moquer des élites politiques, et pas seulement des étrangers ou immigrés impuissants.

Je veux savoir les saloperies de l'état Américain révélées par Snowden.

Entendre Philippe Val, ancien rédac chef mais qui n'a pas que je sache été désavoué, parler de liberté d'expression, ça me donne la nausée.
J'habite à quelques pas de l'Hypercacher de la Porte de Vincennes.
Comme beaucoup de gens du quartier, j'ai vécu cette journée cloitré chez moi entre les JT et les vagues de policiers qui se succèdent, arme au poing, sous mes fenêtres.
Evidemment, ce qui s'est déroulé aujourd'hui, tout comme le massacre à Charlie hebdo, me pétrifie. Me glace. Me déespère.
Et pourtant, je ne suis pas Charlie. Même si la formule est belle. Même si elle nous fédère. Je crains qu'elle ne désammorce trop de questions, trop de désaccords, trop de contradictions.
Je pleure les morts et les blessés, autant que je me désole de voir des gamins donner un sens à leur vie en prenant celle des autres…
Et cela me fait penser à un passage du nouveau bouquin des gars du comité invisible :

[quote=comité invisible "A nos amis"]Ce qui est en jeu dans les insurrections contemporaines, c'est la question de savoir ce qu'est une forme désirable de vie, et non la nature des institutions qui la surplombent. Mais le reconnaître impliquerait immédiatement de reconnaitre la nullité éthique de l'Occident. Et puis, cela interdirait de mettre la victoire de tel ou tel parti islamique à la suite de tel ou tel soulèvement sur le compte de la supposé arriération mentale des populations. Il faudrait au contraire admettre que la force des islamistes réside justement dans le fait que leur idéologie politique se présente d'abord comme un système de prescriptions éthiques. Autrement dit, s'ils réussissent mieux que les politiciens, c'est justement parce qu'ils ne se placent pas centralement sur le terrain de la politique. On pourra alors cesser de pleurnicher ou de crier au loup chaque fois qu'un adolescent sincère préfère rallier les rangs des "djihadistes" plutôt que la cohorte suicidaire des salariés du tertiaire. Et l'on acceptera en adultes de découvrir la gueule que nous avons dans ce miroir peu flatteur.

Alors moi non plus je ne suis pas Charlie. Je ne delivrerai pas de certificat de virginité à ceux qui réclament l'unité nationale, alors qu'ils ont tout fait pour la déliter jusqu'ici. Il va falloir un peu de temps pour faire retomber les passions, raisonner de nouveau et comprendre ce qui nous a amené là. Je crains trop que cette stratégie du choc, comme dirait Naomie Klein, soit une nouvelle opportunité pour nous faire tous regarder dans le même sens.

Alors, je suis un Charlie. Mais celui qu'ils veulent.
Mercredi midi, je suis chez moi, malade, écoutant une radio nationale en bruit de fond. Au moins, pas de pub... Et puis d'un coup, mon oreille qui réagit lentement ,qu'on parle de charlie hebdo :curieux , et puis une histoire de coups de feu coté charlie, pas bien entendu.. Charlie hebdo a commencé à me gonfler un peu il y a des années, plus forcément d'accord avec mais c'est Charlie hebdo! .. je tends l'oreille

13h30 sous le choc..
14 h je pleure
Et puis; j'entends: Cabu, Wolinski...sharb, charbe? qui c'est lui? Ah si, le dessinateur! un moment que j'ai zappé qui dirigeait charlie! les dessins oui, là je sais.
je pleure... je pleure toute seule ... Les potes à Cavanna...
Une partie de ma "jeunesse", hara kiri d'abord ( là ça déménageait !!!) avant charlie, "Bal tragique à l'Elysée: 1 mort",Et chaque semaine on attendait quelle couverture "ils sortiraient"!
"Attendre", verbe qui va bientôt disparaitre non? On attendait les nouvelles, on attendait les articles d'untel ou d'untel... on avait le temps de réfléchir et pas de se précipiter dans l'émotionnel pur et dur et de vouloir ou devoir réagir dans l'instant...

L'info est là, je reste scotchée:
Je me dis:
"Bal tragique à charlie hedo, au moins 4 morts"

Je pense à ceux qui sont morts avec eux et dont on ne par
le pas

14h30, quelque chose comme ça, L' envie de sortir de chez moi , là, de suite, de hurler au monde qu'on vient d'assassiner une part de moi même, envoyer des sms à quelque proches... Mais qui peut comprendre ma douleur là de suite?
15h je sors faire quelques courses et je suis là, avec mon envie de hurler.. mon regard un peu hagard..Personne n'a du entendre... les soldes.. Est ce que les gens savent que la liberté de vivre est en jeu?

19hJe ne suis pas sortie ce soir , je n'ai pas envie, rester avec moi même, et quand je vois à la Tv que des gens sortent dans la rue peu à peu , et que cela enfle ça me fait un bien fou... je me sens moins seule...

La liberté d'expression... c'est la liberté tout court non?

Le Canard Enchainé il date de quand? il va avoir 100ans...

On est laïque depuis... 1905, l'école obligatoire, c'est Jules Ferry ou me trompes-je? Quand on y réfléchit c'est pas si loin...

La liberté de culte, respecter l'autre dans sa différence.. Croire en un Dieu ou ne pas y croire, c'est de l'ordre de l'intimité, du privé .

Quand on se rend compte dans l'histoire de l'humanité, dans le monde , qu'en 2015 les gens se massacrent toujours à coup de religions, de dogmatismes, d'idéologies, de je ne sais quoi, .. je me demande si au moyen âge au fond c'était pas mieux!!! comme y a personne qu'en est revenu, j'assure!!!!!

Parce que le fanatisme, les extrêmes d'où qu'ils viennent et quoiqu'il soit font partie de notre saloperie d'humanité. Et que le fanatisme ça part de quelque chose que l'on veut déjà inculquer aux autres non?

Et dire que l'on est pas d'accord avec l'autre, de dire en ce moment "je ne suis pas charlie" sans que je ne sais combien d'internautes vous tombent dessus, même si je suis pas forcément d'accord avec cet internaute, je le respecte. C'est un drôle de truc de dire aux autres que l'on est pas d'accord, et de le
dire avec des mots quand on sait que d'un coup y a comme un consensus national!

Et que cette personne a juste émis ses idées! Si l'on est pas d'accord, tranquille, à chacun d'exprimer les siennes!

Alors, au pays
soi-disant"des droits de l'homme", qu'on puisse surtout dire ce que l'on a envie de dire et s' engueuler en gardant le sens de l'humour! Manger, boire et s'engueuler! et surtout sans atteindre à l'intégrité de l'autre!
On a fait la révolution en 1789, avec de superbes idéaux, en 1792 c'était la terreur...

Alors respectons l'autre même s'il n'a pas forcément nos idées, et luttons ensemble contre le fanatisme.

Et se poser des questions sur le pourquoi? comment on en arrive là, ? c'est fondamental.

Des manifs j'en ai fait , se battre pour des idées je connais... Se demander pourquoi et comment on en arrive là,..
arriver à oublier la haine, le ressentiment.. c'est ce qui fait qu'on arrive à vivre ensemble en démocratie.

Prendre un peu de recul...
S'il n'y avait qu'un mot d'utile dans cet article pour sauver l’humanité, cet article devrait être versé au dossier des contributions essentielles. Je vous fais remarquer que c'est l'ensemble du texte qui est primordial dans ce but, quels que soient nos emportements et nos "convictions", notre révolte, nos peurs immenses. Parce que face à une problématique aussi dramatique, qui met en jeu à ce point notre survie personnelle – qu'avons-nous fait et pensé des deux-cent-mille morts de Syrie, de ceux d'Irak et d'Afghanistan – tous les avis doivent être entendus. Je le dis tout à la contrainte que cela suppose, tant j'éprouve de la difficulté, dans la violente émotion qui me bouleverse comme vous, à partager des points de vue qui ne sont pas strictement les miens, comme s'il n'y avait une fois encore et plus que jamais une seule vérité qui doive naître de l'horreur, la mienne. Aucun pardon pour les criminels, fraternité et liberté pour tous, si nous le pouvons. Mais cela ne sera jamais possible sans écouter nos semblables. Je ne suis pas Charlie. Et croyez-moi ou non, je suis aussi triste, aussi épouvanté, aussi révolté que vous.
Je lis Siné Mensuel
Je voulais juste vous dire que je suis d'accord avec l'article, entièrement.

Que le dialogue doit se renouer au plus vite.
Qu'il ne faut pas débattre avec les fous, mais avec ceux qui gobent leurs conneries.
Que tout cela était bien prévisible, je ne comprends même pas que ça n'arrive que maintenant.
Que ça peut durer encore longtemps.

Inutile de se flageller pour le passé colonial, sur lequel on n'a plus aucune prise.
Inutile de trouver ou de présenter des excuses.

Les Français découvrent juste qu'on a perdu beaucoup de monde en route.
Ce n'est pas un abonnement à Charlie, un photo facebook, qui changeront quoique ce soit, je suis bien d'accord

Il faut jeter des passerelles vers tout ces gens qu'on ne regarde plus, vite, vite, vite ...
Je suis d'accords avec une partie de l'analyse mais vous semblez traiter les musulmans comme de petits enfants passifs, qui n'auraient eu aucune marge de manœuvre sur le déroulement chronologique que vous proposez... Comme s'ils n'avaient aucun moyen d'action, aucune responsabilité. Je ne me sens pas islamophobe mais pourtant, je m'interroge.
Ai-je le droit ? Ai-je le droit de ne pas trouver la ligne musulmane actuelle en France pas tout à fait claire ? Pas tout à fait en phase avec une certaine perspective que je me fait d'une république laïque au sein d'une communauté européenne ?J'ai une certitude, celle de ne pas me retrouver dans la définition que m'en donne le FN, c'est certain. Je n'ai pourtant pas non plus envie de céder aux alarmes de la dérive paranoïaque d'un Zemmour, et je sais appréhender les œuvres de Houellebecq comme de la fiction. Jusqu'ici, je me sens donc à peut près à l'aise avec une partie de vos points de vues mais quand même, j'ai du mal a trouver que la communauté musulmane soit un modèle d'ouverture d'esprit...

De plus en plus de femmes portent le voile (en tous cas dans mon quartier), de leur plein gré peut-être, certes, mais cela conditionne une conception de différences entre les hommes et les femmes... impliquant une évolution des perspectives différentes pour les individus, à l'heure ou on essai pourtant de gommer les fortes différences résiduelles dans les milieu professionnels dont sont victimes les femmes. Je voudrais une autre perspective de la conception des individus pour mes enfants. Idem, je suis choqué par certaines considération de pas mal de musulmans concernant cette question de l'identité sexuelle...

Autre point qui me dérange : le halal (tout autant que le casher), alors que l'UE (plusieurs personnes, issues de cultures différentes) a voté pour les chaines d'abattage un étourdissement obligatoire, pour des raisons éthiques. Il a été scientifiquement prouvé que l'animal est un être nervé capable de souffrir, et qu'il a également une conscience de la mort. La France (et d'autres pays) sous pression des industriels (qui y ont un intérêt économique) a demandé une dérogation pour répondre à cette exigence de leur communauté musulmane. Cela implique ainsi qu'une large part de la production de viande est issu des mêmes chaînes où se pratique l'abattage rituel au nom d'un dieu. Je ne mange pas de viande mais justement, la condition animale me concerne. Je trouve désolant ce retour en arrière. Quand même, si

N'y a t-il aucune solution de compatibilité ? Suis je condamné à accepter et subir en bloc ? Je ne voudrais pas finir en refusent tout en bloc...
Je n'ai rien contre les mosquée, les prières et le reste. N'y aurait-il aucun moyen que cette communauté musulmane remette en question ces points qui me paraissent d'un autre âge ?

Bien entendu, je ne parle même pas des questions soulevées par l'actualité sur l'exercice de la caricature, de la confrontation au déni, à la moquerie... Sorte d'épreuve de l'autre. Simplement à l'humour pour finir par en rire soi-même. Ni même de la tolérance au blasphème... bref

Franchement, je n'ai aucun doute sur leur désolidarisation des attentats d'aujourd'hui. Mais j'ai du mal a accepter qu'il suffise de descendre dans la rue pour répondre à mes interrogations. Je vois bien une communauté de gens qui en a marre d'être stigmatisée mais d'un autre côté il faut qu'elle accepte que d'autres s'interrogent sur certains aspects dogmatiques, radicaux exprimés dans leur religion et que si on ne peut pas les associer avec les dérives de fous terroristes on ne peut pas nier qu'ils aient les mêmes bases en faire comme s'il s'agissait de bases différentes.
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Aussi, je sais faire la part des choses et j'aurais du mal à prendre mes voisins de quartier, pour beaucoup musulmans, comme solidaires des assassins qui sévissent au nom de l'islam... Pour autant je vois bien que j'aurai du mal à aborder cette discussion avec eux. Ils ne sont pas forcément intellectuels et je ne sais pas quelle situation pourrait créer ce dialogue, je vais vite me faire tourner le dos et le malaise aura un nom : islamophobie.

J'ai vraiment du mal a penser que ce soit du racisme et pourtant en l'état, ces choses me dérangent.
Pourtant, quand je lis les réflexions du philosophe musulman Abdennour Bidar, je suis persuadé qu'il y a des ouvertures possibles, on entend quand mêmes des voix de musulmans désireux de réformes, de changement. Ne faut-il pas les encourager ? Pourtant il semble qu'il soit difficile de présenter des idées alternatives dans cette communauté.
Est-ce que le simple fait de s'auto-convaincre qu'on ne fait pas d'amalgame et que des musulmans descendent dans la rue dimanche, puis que chacun rentre chez soi ensuite, en gardant les mêmes interrogations, encouragera vraiment ceux qui veulent ces réformes ?
On peut ne pas être Charlie et faire la part des choses entre cet unanimisme-là (12 morts, un fascisme en face) et celui de 98 ou même du 21 avril. Je le rapprocherais plutôt de l'unanimisme de 1944. La Libération ben oui, c'est un unanimisme qui craint, qui cache des choses qu'on met sous le tapis, mais dont on avait besoin, alors. Et face à un ennemi autrement plus craignos (occupation, fascisme)

Je lisais encore Charlie, même si je n'étais pas d'accord ni avec Val, ni ensuite avec Charb. Mais il y avait les autres, et j'aimais bien aussi lire un canard dans lequel des éditos me faisaient tiquer ou réfléchir. Il y avait, il y a aussi dans Charlie des enquêtes qui valent toujours le coup. Charlie a juste fait une connerie (à l'époque de Val) refuser le passage sur Internet.

J'étais un peu Charlie, pas complètement, et je partage l'unanimisme malgré toutes les réserves qu'il suscite en moi.
Comment ne pas dire que l'intervention de la veuve éplorée, une heure de larmes face à une Ruth Elkrief plus en rut que jamais pour extorquer quelques phrases assassines ou à double sens qui nous mettront bien sur la route du mal, de l'interprétation vengeresse contre les (déjà) dominés, sans vouloir remonter,excusez du peu aux raisons profondes (!) aux commanditaires par exemple(!!), pardon mais c'est juste obscène et insoutenable? Pardon encore pour ces mots politiquement incorrects mais moi aussi j'ai beaucoup de chagrin... pour Cabu,Wolinski et tous les autres sans oublier Elsa Cayat...
"Les deux assassins (...) ont été tué (...). J'espère qu'un jour cette sombre merde de BC subira une peine équivalente "
Non mais ça ne va pas ?
Je cite BC: "il est déjà trop tard".

Et donc, vous proposez quoi pour changer les choses? Vous allez faire quoi, puisque la marche de dimanche n'est pas la solution adaptée selon vous?

Je comprends que vous fassiez le choix de ne pas y aller, mais quel besoin ressentez vous de dire à tous ceux qui y vont qu'ils se trompent et que leurs illusions vont accentuer les problèmes ?

Et pourquoi ne pas se réjouir du fait que, pour une fois, et même si c'est provisoire, l'individualisme s'efface un peu? Pourquoi ne pas y voir un bon début, même si je suis d'accord sur le fait que ça ne doit pas s'arrêter là?

Personnellement je serai donc de la marche républicaine dimanche. Oui, je ne connaitrai pas tous ceux qui m'entoureront et j'essayerai d'être vigilant face à d'éventuels dérapages. Mais l'unité qui sera affichée ne doit pas effacer notre diversité que je considère comme une richesse.

Je marcherai dimanche, et permettez moi de garder l'espoir que cela donnera envie de construire un avenir un peu différent. En tout cas, à mon niveau, je pense que cela peut m'aider pour essayer d'agir. Je n'ai pas l'ambition de changer le monde, mais redonner du sens à des actes du quotidien ça peut déjà être utile je crois.
Article qui éclaire le tsunami émotionnel actuel avec un recul qui semble cruellement faire défaut: Ces morts que nous n’allons pas pleurer.
je pige pas. on ne demande pas d'acheter charlie hebdo, on demande de s'unifier contre le terrorisme, vous ne trouvez pas ca beau vous? moi ca m'a ouvert les yeux sur ma petite personne, nos petits problemes quotidiens, quand tout a coup des dessins certes injurieux envoient des dessinateurs de BD au peloton d’exécution... quelque chose me chiffonne, pourquoi n'y a t il pas de cameras de securite a tous les coins de rue pour permettre a la police de suivre les terroristes a la trace? a l'heure de l'iphone de la camera embarquee par tous partout, est ce que les francais vont encore raler sur leurs vies privees alors qu'ils chattent avec leurs torses a l'air devant des cameras de parfaits inconnus (ues)? reveillez-vous bon sang!
Excellent texte. Regard lucide sur l'actualité que je partage, car il ne faut pas que l'on reproduise en France, en Europe, les dérives post 11 septembre étasuniennes où l'on a vu tous les Médias alignés comme un homme (d'Etat) derrière les faucons de Bush. On ne veut quand même pas qu'en Europe se reproduisent les dérives autoritaires américaines du style Patriot Act. Au lendemain du tragique 11 septembre les seuls journalistes americains qui ont osé faire leur travail d'enquêteurs se sont faits virer et les rares américains qui ont essayé de se poser des questions en doutant des affirmations de leur gouvernement se sont faits lyncher.
Les mec qui ont commis cet attentat vous pensez qu'ils sont fous? En voyant le calme avec lequel ils ont agi et exécuté seulement les cibles nécessaires.
Non s'était une opération quasi-militaire. Aucun énervement dans leurs gestes.
Ils ne sont pas tarés et ils se réclament, comme les anarchistes ou le KKK, de doctrine bien définie. Pour eux ils suivent une branche du sunnisme, de savants de l'islam comme Ibn Taymiyya.
Les musulmans ce n'est pas toutes les mouvance et micro-mouvance de l'islam. Mais si je n'aime pas des choses dans une religion je dois pouvoir le dire.

Quand on lit sur twiter "ils l'ont quand même un peu cherché à C.H."ou " ils n'avaient qu'a pas se moquer du prophète" moi ça me fait flipper.

On verra si demain l'anticléricalisme sera encore dans les journaux ou si la guerre "contre l'islamophobie"(comme si une religion était comparable à du racisme) aura gagné.
Car c'est ça qui est en jeu le fait d’empêcher de tourner en dérision les religieux et les religions.
humiliation coloniale et post-coloniale...j'espère que c'est une plaisanterie

Donc j'apprends que le djihadisme est un problème franco-français ? Plus largement, comment ne pas comprendre que l'Islam vit en ce moment une période trouble de son histoire ?
Dessin d'Uderzo supprimé sur Twitter, parce que le type qu’Astérix boxe portait des babouches.

Le nouveau Charlie n'aura pass intérêt à avoir un compte Twitter.

Twitter où tous les crétins de la planète peuvent continuer à se réjouir de la mort des impies, leur compte ne sera jamais fermé
Il faut, je crois reprendre les choses au commencement.

Au début n'était pas l'unanimisme institutionnel - simplement la manifestation spontanée et émotionnelle de ces quelques centaines (milliers ?) de parisiens présents sur la place de la République.

De quelle adhésion est-il question ? De quelle adhésion que quiconque ne puisse partager ?

Et puis bien sûr il y a ce deuil national, cet unanimisme du "front républicain" devenu l'invocation d'une défense faible contre les forces de l'amalgame et de la récupération : Soral/FN (s'il faut être clair).

La question n'est donc pas celle d'une adhésion normale aux victimes d'une barbarie aveugle et sanguinaire, guidée par un idéal dévoyé, une jeunesse martyre d'idéologue rétrograde - que nous avons armé - nous les démocrates; la même empathie qui faisait (et fait encore) frémir aux victimes collatérales des frappes chirurgicales que dénonçaient les esprits libres de Charlie Hebdo et d'ailleurs.

La question est plutôt : et maintenant ?
Maintenant qu'une frange ultra-marginale de la jeunesse européenne s'est mis au service de nouveaux ayatollahs ignares, s'est radicalisée et a les moyens d'intervenir à l'égal des drones des montagnes de l'Afghanistan, de nous renvoyer dans l'horreur que l'on pensait réservée aux autres (Moyen-Orient, autres pays européens punis de leur engagement irakien aux côtés des américains) : par où commencer ?

L'unanimité cela va bien dans le silence du deuil - mais cela n'a qu'un temps et volera en morceaux au premier cri. La question est maintenant de savoir si ce sera encore et toujours un cri de haine - de l'autre, de l'étranger - ou un grand et profond appel à la fraternité humaine - celle qui me permet malgré tout de voir en les 2 massacreurs traqués, des hommes.
Dans ce message de B.C, qui mélange tout, et veut faire croire que tout est si homogène, compact et sans nuances, l'omniprésence de "nous" et de "vous" rend son message insupportable.
Toujours mettre cette frontière, les "vous" et les "nous", de part et d'autre.
En me sentant désigné (évidemment pointé dans un "vous" tellement dégueulassement général), je me sens réduit, insulté, considéré comme crétin ou responsable.
Insupportable !
RMC qui annonce tranquille qu'il y aurait une deuxième personnes dans l'entrepot et que les terroristes ne le savent pas. Il le mettent carrement en danger de mort. Impardonnable.

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Bonjour
Comment peut-on avoir de bons sentiments quand des dirigeants du pays "aiment l'entreprise" et souhaitent la prolifération de milliardaires.
Fermez le banc.
Merci, infiniment merci !

Vous êtes l'exemple de plus que les choses changent malgré que le monde soit au bord du gouffre. Le changement ira t-il assez vite, c'est bien la question. Essayer de comprendre plutôt que juger et lapider, c'est la seule voie vers un monde moins injuste.
Voilà, c'est exactement ce que je ressens. C'est ça! Merci pour ce texte. Moi aussi je rêvais en 98 et manifestais en avril 2002.

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Le soir d'après

Après avoir entendu ces dernières années tellement de critiques acerbes, hypocrites et fallacieuses à l'encontre de Charlie Hebdo, je dois dire qu'un tel mouvement de solidarité me fait chaud au cœur et quelque part, me réconforte.

Ils ont perdu. Aujourd'hui la France et le monde sont Charlie Hebdo.

Mais je ne suis pas dupe et je ne me laisserai pas berner. Cet évènement ne fait que décupler mes convictions anti-militaristes, anti-dogmatiques et pacifistes. Desproges et Coluche sont partis beaucoup trop tôt. Honoré, Cabu, Tignous, Wolinski et Charb aussi. Mais là, tout est différent. La cause de leur mort et l'époque. Je resterai donc sur mes gardes, dès demain et pour longtemps. Je ne me laisserai pas avoir par quelconque récupération de droite, de gauche, d'extrême droite ou d'extrême gauche. Mais avant tout, je n'oublierai pas tous ceux qui, à un moment donné, avaient décidé de tirer sur Charlie Hebdo à coup de lignes dans les journaux ou de diatribes à la radio et qui aujourd'hui jouent les vierges éplorées. Lorsque certains les traitaient d'"irresponsables", de "fous", d'"inconscients", de "cons" ou de que-sais-je-encore. A condamner leur ligne éditoriale, à condamner leurs décisions, à condamner leurs publications...

Ils ont perdu. Aujourd'hui, la France et le monde sont Charlie Hebdo.

Je n'oublierai pas et dès demain, je reprendrai la lutte pour ces valeurs que portaient haut, très haut, ces glorieux journalistes.

Pour qu'ils ne soient pas morts en vain, c'est à nous de reprendre le flambeau. A nous de faire vivre et de diffuser ces valeurs aux quatre coins du monde.

Ni Dieu, ni Maître.

Liberté. Égalité. Fraternité.
"Et vous, les musulmans "modérés", pourquoi on vous entend pas plus? A partir d'aujourd'hui, "vous êtes pour nous ou contre nous". Cabu ne disait pas autre chose: "la caricature, ils doivent bien l'accepter, c'est la culture Française". Super l'"unité nationale"."

Oula tu déforme grandement la pensée de cabu sur ce point. Cabu n'a fait que dire, "la caricature, ils doivent bien l'accepter, c'est la culture Française".
Si tu ne comprends pas cette simple phrase et que tu as besoin de la déformé pour la faire rentrer dans tes cases, désolé pour toi.
Se moquer de la religion (l'opium du peuple) est une vrai tradition française (de gauche). Pour une athée, rien n'est sacrée, il a donc le droit de se moquer de la religion. Une partie de la chrétienté n'a pas aimé cela, et ca a mis du temps avant que ce droit soit reconnu (et maintenant, même s'ils n'aiment toujours pas cela, il ne s'y oppose plus, car ils savent qu'ils passeront pour des retrogrades s'ils le faisaient). Manifestement, une partie des musulmans sont dans le même cas aujourd'hui, et oui il va falloir qu'ils apprennent à l'accepeter.
Maintenant pour differsifier ton opinion sur charlie, je te conseille de lire l'hommage rendu par le gisti (tu sait le seul organisme qui a vraiement eut les couilles de défendre les sans papiers) : http://www.gisti.org/spip.php?article4825

Sur ce, je suis d'accord avec une partie du textes, on évacue bien trop vite notre propre résponsabilité.
Qui a fait monter tant la haine en france ?
Qui a laisser autant la capitalisme broyée des vies ?
Qui a laisser l"individualisme prendre le dessus ?
Qui a lancer à tour de bras des anathemes racistes ?
Qui ne c'est pas opposé à cette violence ?
Qui a abandonné les jeunes (des banlieus particulierement mais pas qu'eux) ?

Nous sommes tous coupables (par nos actes ou notre absence d'acte).

Et le pire dans cette histoire, c'est que c'est encore les musulmans qui vont en prendre plein la gueule. On peut être sur que cela augmetera le racisme des français (déjà bien trop haut). Cela participera a faire encore plus de gens broyé. Et donc encore plus d'extremisme et d'attentat.
Ceux qui sont dèrriere ceux qui ont fait ça, ont parfaiement réussi leur coup.
Je ne suis pas surpris que DS ait cru bon de sélectionner ce texte pour en faire un sujet de forum. Il est dans la droite ligne du site sur ces thèmes.
Pas plus que je m'étonne du choix de l'extrait servant à sa présentation :
En cause, la "dérive islamophobe" du journal et de cette gauche "Onfray/Charlie/Fourest laïcarde".
Toujours les mêmes obsessions, les mêmes attaques imbéciles contre ceux qui ont le courage de mener leurs combats à haut risque.
J'étais une inconditionnelle de Hara Kiri. Je n'ai jamais retrouvé ça dans Charlie (ou alors, peut être, au tout début). En tous cas, pas dans le "second" Charlie. En tant que femme, je trouvais certaines de leurs plaisanteries un peu glauques: l'humour a, il faut le rappeler quoique ce soit évident, une couleur politique (ceux qui prétendent que les féministes n'ont pas d'humour ont oublié ça). Leurs dernières saillies sur Mahomet, un peu glauques aussi. Cette fois en tant qu'athée, porteuse d'une vision non intégriste de la laïcité: respect à tous, quelles que soient leurs croyances, et lutte quotidienne contre toute tentative d'imposer aux autres les siennes.

Du coup, ma position est toute simple: Charlie a le droit de dire, d'écrire, de dessiner ce qu'il veut. Et moi, j'ai le droit de dire ce que j'en pense, du mal si ça se trouve, du bien pourquoi pas. J'imagine qu'aucun journaliste de Charlie ne dirait le contraire.
Dernières nouvelles : "ils sont entrés dans un imprimerie"

Donc, on cerne l'imprimerie, à distance suffisante pour s'abriter de leurs tirs et on attend qu'ils sortent épuisés par la faim.
Mais non, on va jouer au cowboy, on va les tuer et comme ça :

- On en fera des martyrs alors qu'ils sont déjà, dans certaines banlieues, des héros fêtés.

- On alimentera la machine à complots.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2015/01/09/les-feux-d-artifice-de-la-honte
Le soir du massacre, j'ai spontanément voulu aller place de la République, pour dire : on est tristes, et on est nombreux.
Mais les manifs qui suivent, je doute, je n'irai sans doute pas (tout en ne portant pas de jugement sur ceux qui veulent s'y rendre), parce que je ne sais pas à côté de qui je manifesterais, je ne sais pas quels slogans, quelles causes, quelles revendications seront mis en avant. La foule me fait peur, parce qu'elle est bête.
Mais en même temps, il faut bien faire quelque chose, exprimer sa peine, sa solidarité, mais aussi son engagement pour la liberté d'expression, et la liberté de se moquer des dieux.
On peut être d'accord avec vous et pourtant pouvoir se dire aujourd'hui "Je Suis Charlie" car ce message n'est pas l'acceptation de leurs idées. Ce message signifie qu'aujourd'hui nous sommes contre le fait de tuer des gens pour leurs idées point. Je serais triste si LePen était assassiné(e) pour ses idées point. Je préfère le voir se faire démonter sur un plateau télé.

Après, il est évident qu'on a plus d’empathie quand les idées défendues (défense absolue de la laïcité et dénonciation de toute forme de religion) sont les nôtres, ce qui est mon cas même si je trouvais la manière extrême.
Trouvé sur Marianne :
...........
Comme le dit le journal Jeune Nation : 'C'est la guerre menée contre la France par ses ennemis intérieurs qui a conduit à cette attaque, qui, heureusement, n'a pas visé cette fois des Français innocents.'"
Alexandre Gabriac


Les cons sont partout.
.................
(Et j'ajoute, ici : les salauds)
Une -mauvaise- nuit, un café et hop, un coup de forum d'@si........
Et......c'est navrant!
Donc, RE:
"Notre problème, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus personne en France qui n'ait tellement plus rien à espérer et à attendre de son propre pays natal au point d'en être réduit à n'avoir pour seule raison de vivre que de tuer des gens en masse, chez nous ou ailleurs."
Bon, ben, mes camarades, on prend les mêmes et on en reparle lundi, une fois qu'on aura vu qui aura participé -ou non- à la marche républicaine...?
Pour ma part, j'irai y participer en famille et entre amis, de préférence avec les copains d'Amnesty, de tout coeur, sans aucune culpabilité et surtout, parmi mes com[patriotes] sans me torturer pour savoir si c'est légitime, opportun et/ou soumis à un unanimisme bêlant.
Amitiés résolument laïques et républicaines.

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L'union nationale a toujours été un leurre ... un mécanisme sur lequel repose nos sociétés.
Je pense qu'humainement nous touchons à un besoin profond de l'être humain et que ces instants sont précieux.
Religieux, laïques, noirs, blancs, pauvres, riches, commerçant, professeur, smiccards rmistes ... pendant quelques instants tout ce monde "pleure" ensemble et ça inspire des émotions uniques.
Bien entendu que l'analyse est importante, bien évidemment il faut se préserver des dangers inhérents à ces moments (notamment s'ils sont récupérés à des fins politiques) : mais parfois il est bon de vivre une émotion pour ce qu'elle est, intime, précieuse, humaine et pure. Bref : il est bon de pleurer... pleurer tout simplement.
Merci à @si d’avoir « surligné » cette contribution qui dénote un peu dans le déferlement de bons sentiments (pas que !) auquel nous assistons depuis deux jours. Malgré tout, Je trouve le texte un peu confus !
Je me contenterai d’un « plus grand dénominateur commun », à savoir : assassiner la rédaction d’un journal parce que l’on ne partage pas ses opinions n’est pas acceptable (litote) et j’espère que beaucoup ( !?!) peuvent être d’accord sur ce point.
Pour le reste, on n’évitera évidemment pas toutes les interprétations, manipulations et tentatives de récupération auquel cet évènement donne lieu. C’est souvent indécent, c’est toujours agaçant et probablement ne sommes-nous qu’au début d’un processus qui va s’amplifier dans les temps qui viennent. Bon courage…
CB, moi non plus.
Charb haïssait les bien-pensants, il est servi !
Le Panthéon, la Légion d'Honneur et une messe à N.-D., non ?
Et puis, l'union sacrée, non merci.
La récup est bien là. Les rotatives tournent à fond et François H. va remonter dans les sondages.
pour relever le niveau et sortir du préchi-précha plénelien de BC :

http://pierre-jourde.blogs.nouvelobs.com/archive/2015/01/07/les-salauds-absolus-552076.html

Encore merci au toujours précieux Pierre Jourde.
Je n'aurais pas dit mieux.
Et c'est exactement ce que je pense.
Je me mêlerai pas aux manifestants des jours prochains.

Moi, la première fois qu'on m'a fait le coup c'était les manifs contre le shah d'Iran. On voit ce que ça a donné...
"Notre problème, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus personne en France qui n'ait tellement plus rien à espérer et à attendre de son propre pays natal au point d'en être réduit à n'avoir pour seule raison de vivre que de tuer des gens en masse"

Non, notre problème, un de nos problèmes, est qu'il est très difficile de faire comprendre à des abrutis comme vous que le fait de n'avoir "tellement plus rien à espérer de son propre pays natal" n'est jamais, [large]JAMAIS[/large], une justification pour "n'avoir pour seule raison de vivre que de tuer des gens en masse".

Et pourtant ça ne devrait pas être si compliqué: l'histoire de l'humanité est pleine de millions de gens qui n'avait plus rien à attendre de leur pays et qui n'ont tué personne.
Charlie hebdo s'attaque à toutes les religions sans discrimination. Au nom de quoi devrait-il s'abstenir de critiquer ce dogme religieux qu'est l'islam ? Exercer sa liberté d'expression envers les excès ou dérives d'un dogme religieux, ne peut pas etre apparenté à une forme de phobie (peur maladive) quand elle ne sert pas le prétexte à mettre l'opprobe sur toute une population.
De plus, il est très réducteur d'imputer presque exclusivement à la france les dérives sectaires de l'islam ( wahabisme et salafisme ect..). Les attentats commis dans le monde entier au nom de l'"islam" depuis plus de vingt ans obéissent à ces idéologies et n'ont pas grand chose à voir avec les difficulté actuelle du modèle social français.
oui une partie des français sont xénophobes et des groupes ou partis cherchent tout particulièrement à utiliser le phénomène de bouc émissaire pour faire leur beurre ( fn, riposte laique, égalité et réconciliation, ldj ect...) Rien de ça chez Charlie ne vous en déplaise.

Pour finir une citation de Cioran: "On se méfie des finauds, des fripons, des farceurs; pourtant on ne saurait leur imputer aucune des grandes convulsions de l'Histoire; ne croyant en rien, ils ne fouillent pas vos cœurs, ni vos arrière-pensées : ils vous abandonnent à votre nonchalance, à votre désespoir ou à votre inutilité; l'humanité leur doit le peu de moments de prospérité qu'elle connut. Ce sont eux qui sauvent les peuples que les fanatiques torturent et que les "idéalistes" ruinent. Sans doctrine, ils n'ont que des caprices et des intérêts, des vices accommodants, mille fois plus supportables que les ravages provoqués par le despotisme à principes"
Il y a des types d'action française qui sont entrés en résistance, au tout début de la guerre, parce qu'ils ne supportaient pas la soumission de pétain devant l'ennemi — "le boche", plutôt que le nazi. Il y en a qui sont ressortis transformés : Daniel Cordier (secrétaire de Jean Moulin) raconte comment il s'y est dépouillé de son antisémitisme, Claude Roy passe des camelots du roi au parti communiste, qu'il quittera après l'invasion de la Hongrie, D'Estienne d'Orves est révolté par le statut des juifs...
Pour Bernanos, c'est la guerre d'Espagne qui signe sa rupture avec l'AF.

Je me fous de "l'union nationale", mais je m'en voudrais de rejeter ce sentiment de scandale, viscéral, cette sensation partagée de butter là sur de l'intolérable, quelles qu'en soient les raisons raisonnables, quel que soit celui qui le ressent et d'où qu'il vienne et si nouveau que ce soit pour lui. "poètes, vos papiers", ironisait Ferré. Moi je n'ai pas envie de demander leurs papiers à ceux qui manifestent ce sursaut, de leur demander des comptes sur leur passé.

Il va bien falloir apprendre à faire feu de tout bois. De toute fraternité, même passagère. T'es Charlie, t'es pas Charlie, c'est ta liberté. Pour moi c'est de peu d'importance. Tu a horreur de la victoire des kalachs sur les dessins (du révolver sur la culture), horreur de la perspective que cette victoire puisse s'étendre encore... on pourra peut-être faire quelque chose de cette horreur commune, contre ceux qui espèrent cette victoire. C'est la seule question qui vaille.
Euh, ben non, là.

Je n'ai pas repris le mot "Je suis Charlie" à mon compte. Parce que soyons sérieux : quand je gribouillais et que je lorgnais sur les dessins de Cabu et Wolinski ("bon sang, mais comment ils font ça ?"), je me suis bien rendue compte qu'ils avaient beaucoup, beaucoup plus de talent. Et je n'ai jusque là rien publié de susceptible de me rendre la cible d'abrutis, donc là non plus je ne suis pas Charlie. Je trouve ça un peu présomptueux de s'identifier. Et puis je pense que ça les aurait gonflé, que Charlie devienne l'équivalent d'une institution. Et puis j'étais pas d'accord sur certaines prises de position mais ça, à la rigueur, on s'en fout.

Par contre, j'aimais les gens qui ont été tués et je dois dire que ça me fait du bien de voir que ma tristesse est partagée. Bien sûr, il y a des partages ou des commentaires et des exégèses pompeuses qui peuvent agacer, mais aussi tout un tas de mots et de témoignages simples de gens qui sont tristes parce que merde, Cabu (ou les autres). Alors j'y suis allé, au rassemblement, tout simplement parce que je préférais être triste avec d'autres gens tristes à ce moment.

Votre dénonciation de l'unanimité m'agace un peu. On dirait que ces moments d'unanimité, pour vous, sont la cause du mal qui arrive par la suite. A part que le raisonnement est con con : d'une part parce que même si les choses sont loin d'être parfaites et si sur certains points elles se sont dégradées, on est quand même dans une société qui globalement est beaucoup moins raciste aujourd'hui qu'aux débuts de Charlie Hebdo (par exemple). Donc, l'idée de la spirale vers le bas, c'est quand même à nuancer. D'autre part, parce que ces moments d'unanimité sont justement des moments contre la connerie. Bah non, ils n'empêchent pas la connerie de revenir par la suite. Et on peut même signaler qu'en 2002 et maintenant, ils ont été causés par la connerie et que l'unanimité dont vous parlez n'a pas vraiment lieu (il y a tout un tas de gens qui n'y ont pas pris part pour raisons diverses). Mais quoi, est-ce parce que les gens ont manifesté contre Le Pen en 2002 que les prisons se sont dégradées et que Zemmour est devenu à la mode ? Peut-être que ces phénomènes sont liés à d'autres facteurs, non ? Est-ce que ce n'est pas plutôt rassurant de se dire que les gens réagissent parfois en masse pour dire qu'ils ne veulent pas d'un Le Pen président ou de vivre dans un monde où on assassine des dessinateurs ?

ça m'agace également énormément, mais alors là vraiment beaucoup, de lire ces sous-entendus que de manifester de la tristesse ou de réagir aux attaques contre Charlie Hebdo c'est sommer les musulmans de se justifier. Hein ? Bon sang mais il est évident que les types qui ont commis ça sont avant tout des cons. Deux des victimes s'appelaient respectivement Mustapha et Ahmed, bon sang. Une des réactions les plus diffusées est la réaction à chaud de l'Imam de Drancy qui trouve les mots justes. Je ne sais pas, moi j'ai bien l'impression que les musulmans en sont, de cette tristesse partagée, et que les réactions le montrent.
Pour l'instant, j'ai plutôt envie de traiter par le mépris les Yvan Roufiol qui somment les musulmans de se désolidariser (et se sont fait moucher par tout un plateau de radio, d'ailleurs). Je n'ai pas envie d'aller gratouiller dans les désaccords passés ce qui a pu créer la bête immonde (en oubliant qu'elle a été bien plus immonde par le passé et que c'est quand même assez inédit qu'un type aux propos du genre d'Yvan Roufiol se fasse envoyer bouler unanimement).
Helas tellement vrai.
12 morts +1 aujourd'hui sans doute sans rapport, quid de ces gens ordinaires morts d'avoir fait leur métier? Leurs morts a eux ne valent rien? On est pas solidaires avec eux? C'est quoi ce monde?
Quand j'aurai l'énergie, j'essaierai peut-être d'expliquer pourquoi je trouve ce texte complètement con.
(A peu près aussi con que les témoignages lors de l'émission Mediapart d'hier soir, dans laquelle a surnagé DS et aussi le type d'Arte Radio, c'est à 1h47 pour ceux qui l'ont raté, qui a mouché avec classe et émotion les piteux idéologues qui l'entouraient et déversaient déjà, sur les cadavres fumants, leur médiocre prêt-à-penser, comme si rien ne s'était passé).
Charlie Hebdo faisait ce qu'il y avait sans doute de plus efficace : utiliser l'humour et la dérision pour contrer une campagne de communication ultra massive de la part des djihadistes. Il est peut être temps de réaliser qu'avant d'être un média libre, internet est d'abord devenu le support de recrutement et de communication de l'EI. Regardez sur Youtube à partir de n'importe quelle vidéo combien de clics suffisent pour atterrir sur un preche...

J'ai pour ma part beaucoup de respect pour l'insolence de Charlie Hebdo, et je salue au passage les personnes qui alimentent des faux comptes humoristiques contre l'EI sur facebook. Ces gens là sont sans doute plus efficaces que nos raids aériens dans le désert.
C'est toujours pareil.
Ceux qui interdisent de critiquer les religions, y compris l'islam, en lançant l'injure suprême d'"islamophobe", font le jeu des fondamentalistes. En imposant un respect qui n'est pas dû aux religions, ils préparent le terrain au retour du sacré et du délit de blasphème.
Mélenchon a été un des rares a bien expliquer que ce n'est pas la liberté de la presse en tant que telle qui était visée, mais bien la liberté de ne pas croire.
La pudeur médiatique ne veut surtout pas rentrer sur ce terrain glissant. Défendre l'athéisme et la libre-pensée, ça ne se fait pas, au pays de Voltaire, ou l'angélisme ambiant impose de ne jamais critiquer les religions.
Quand les assassins tuent en hurlant le nom de Dieu, on se dépêche de dire qu'ils ne croient pas en Dieu. Les gens qui croient en Dieu sont tous gentils, que cela soit dit une fois pour toute et bien intégré. Les religions prêchent toutes la paix et l'amour, que ce dogme soit bien intégré.

Que Dieu puisse ne pas exister est une question tabou, et ceux qui le disent sont forcément des islamophobes, puisqu'ils heurtent la croyance de cette belle religion de paix et d'amour, n'est-ce pas ? Et puisqu'ils sont islamophobes, et bien ils "font le lit" du Front National, c'est évident.
Attention aux amalgames, n'est-ce pas ?
«
Si vous ne criez pas vive la liberté avec humilité, vous ne criez pas vive la liberté.
Si vous ne criez pas vive la liberté en riant, vous ne criez pas vive la liberté.
Si vous ne criez pas vive la liberté avec amour, vous ne criez pas vive la liberté.
»

Pier Paolo Pasolini, extrait du texte lu dans La Rabbia


Si dimanche dans la rue, tout le monde scande une volonté à l'union par humilité, amour et dans le rire, alors Charlie sera bien vivant et la marche aura une importance incroyable.
Ceux qui crient "vive la liberté" avec la rage ne devraient pas descendre dans la rue.
Ne laissons pas ceux qui crient vive la liberté avec la haine nous empêcher de descendre dans la rue, c'est à eux de se sentir mal à l'aise (on peut toujours rêver).
victimisation... no monde.
Très bien ce texte
Moi aussi hier soir au rassemblment j'ai refusé de dire "je suis Charlie". Je suis en deuil mais je ne m'identifie pas. Comme certains participants au formidable débat d'hier sur Mediapart, j'avais des désaccords avec le journal. Je pleure mais je refuse l'injonction d'identification.
Ce qui est en jeu est beaucoup plus complexe que la liberté d'expression. C'est de comprendre le processus qui a amené ces hommes à commetttre ces crimes. Les racines sont nationales et internationales. Dans les terrains de guerre de l'occident où les fanatiques recrutent sans problème, et dans notre pays dans la manière dont nous traitons les jeunes issus de l'immigration et les musulmans.
http://larepubliquedeslivres.com/nous-sommes-charlie/

Allez voir le blogue de Pierre Assouline, ami de Philippe Lançon (très gravement blessé, et pas islamophobe pour un sou), qui alimente régulièrement sa page de dessins de presse en défense de la liberté de dire
http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/08/charlie-hebdo-sortira-mercredi-prochain_4551899_3224.html
J'ai juste envie de dire une chose:

Que tout ceux qui essaye de faire de la récupération par rapport à cet évènement, dans QUELQUE SENS qu'elle soit, aillent se faire bien foutre.

Franchement, il n'y a pas juste un moment où il faut fermer sa gueule et soutenir? Même si, même si, même si...
Oui, Charlie Hebdo n'était pas parfait, oui, ils étaient critiquables sur trois tonnes de trucs, perso, je le lisais plus depuis trèèèèèèèès longtemps.
Mais bon, remettons les choses à leurs places, il s'agit de gens qui font des dessins, quoi. Des dessins.
Aussi nuls, choquants soient-ils. Aussi abjects puissent-il être aux yeux de certains.

Donc, les quelques uns, qui ont souvent un propos à amener derrière leur anti-conformisme de circonstance, qui commencent leurs posts par "je ne suis pas charlie" fermez vos gueules, sérieux. Je veux pas savoir pourquoi "vous êtes pas charlie", pas maintenant.

Là, c'est juste le moment où ce qui est important, c'est que ce sont des mecs qui se sont fait buter pour des dessins. Une fois qu'on a dit ça, okay, je veux bien parler de tout le reste.

Des gens qui se sont fait buter pour des dessins. En France.

@si, vous me désolez de publier ce genre de propos, je vous emmerde aussi, il y a un moment où il n'y a plus de questions à se poser, on n'est plus dans le discours, des gens sont morts d'avoir publié des choses dans un journal.
Un peu d'histoire. D'où vient ce slogan "je suis ..." ?

Kennedy, ich bin ein Berliner

Puis, cet éditorial du Monde du 13 septembre 2001: Nous sommes tous Américains.

Quand on voit toutes les conneries qui furent légitimées par cet unanimisme, il est légitime d'être reservé. Parmi, celles-ci la guerre en Irak de 2003. Où voulait-il aller au fait le meurtrier présumé ?
On ne peut pas laisser quelqu'un parler de "dérive islamophobe" à propos de Charlie Hebdo sans réagir ! Charlie Hebdo a certes critiqué l'islam, mais a tout autant (si ce n'est plus) critiqué les religions catholiques ou juives. Charlie Hebdo a critiqué tous les pouvoirs : les politiques, la presse, la justice... Avant tout, Charlie Hebdo a toujours critiqué le racisme, la bêtise et la haine. Charlie Hebdo, journal anti-clérical, anti-religieux ? Peut-être. Islamophobe, raciste, jamais.
Chez moi à Montluçon, ils se sont un peu rassemblés devant le journal La Montagne. Pour ceux qui ne connaissent pas c'est le journal des faits divers. Ils n'ont pas raté l'opération commerciale : nous lançons un appel à manifester devant notre journal.

C'est devant la mairie que j'aurai envie de me tenir. Car c'est la démocratie qui est en jeu, qui est menacée par cet attentat. Ce sont nos valeurs. Notre chère devise : Liberté-Egalité-Fraternité.
Bravo BC, on sent bien votre tristesse et en prime la gloire de la une d'@si (quelle fierté d'être abonné au passage). Merci à vous lire j'ai bien compris que tout cela est de ma faute avec ma petite pensée de petit bourgeois de gauche (enfin pas trop non plus hein) et laïque... Par contre n'étant pas consommateur de stupéfiants et n'alimentant en conséquence aucun trafic je ne suis pas responsable du premier passage en prison de ces pauvres enfants de la méchante République française.
Je ne suis pas Charlie. Pour toutes les raisons dites dans ces messages qui apaisent un peu de cette angoisse grandissante face à la glue d'une "union nationale" indécemment affichée tous azimuts, partout, par tous avec le slogan qui ne veut rien dire quand on le rapporte à ses antécédents. C'est même étonnant ce succés d'un slogan au fond creux.
Je ne suis pas Charlie. Et je manifeste parce que nous avons ce bonheur absolu d'être tous différents. Je manifeste donc pour cette différence, pour le droit à l'irrévérence, pour toutes les valeurs universelles qu'a portées haut la Révolution Française.
Je manifeste pour ce que cette différence permet et qu'elle appelle et qu'elle fonde : la fraternité.
Je cherchais des mots à mettre sur la douleur que je ressens, je crois que cet asinaute l'exprime assez bien.
Je suis allée prendre part à la minute de silence devant la mairie de la petite ville que j'habite, je n'étais pas à l'aise, ils ont fini par la marseillaise, quelques personnes ont crié Vive la république. Mais ce n'était pas ça.
Tout est mort, vivre ensemble, c'est foutu, c'est foutu depuis longtemps mais là plus de déni/plus d'espoir possible. On vit dans une société où l'on nous dresse les uns contre les autres, il y a toujours quelqu'un de plus vulnérable; de plus indigne, de moins méritant : les fonctionnaires, les chômeurs, les étrangers, les arabes les noirs (avant), les musulmans (maintenant), les mécréants, les juifs, les jeunes, les vieux...
Le déferlement de haine est pour demain.
et oui il y en toujours qui ne sentent bien que dans une minorité, très souvent on a un rapport de 80/20 (en tout cas en démocratie)
Moi aussi cet unanimisme me met mal à l'aise. Bien sûr qu'il faut rendre hommage aux mecs de Charlie, bien sûr qu'ils nous aidés à conquérir des libertés, bien sûr qu'ils étaient géniaux , ultra-doués, subversifs. Bien sûr qu'ils nous ont fait pleurer de rire. Et bien sûr qu'aujourd'hui, ils nous font pleurer tout court, parce qu'on est triste, super triste même de se dire que le dernier bastion de l'insolence (la vraie, pas celle de Canal + ou de France Inter) vient d'être éradiqué, rayé de la carte avec une violence inouïe. Et parce que quelques héros de notre enfance - à commencer par Cabu - ont été abattus comme des chiens. Immense, immense chagrin.

Seulement voilà, comme vous, voir tous ces types que les mecs de Charlie abhorraient - des fachos du FN, aux technocrates hypocrites du PS et de l'UMP vendus au capital et à la classe dominante en passant par tous ces journalistes chiens de garde à la solde du pouvoir et des pouvoirs - bref, voir tous ces cons, là, venir pleurer au nom de la République et au nom de Charlie Hebdo, ça me laisse un goût amer dans la bouche. Et puis quoi dire de ces moutons qui ne savent rien faire d'autre que mettre comme tous leurs autres copains sur leur mur Facebook "Je suis Charlie", ces types qui se trouvent une conscience politique uniquement quand ils découvrent que le FN gagne une élection ("han, j'ai trop honte de la France") mais qui restent muets au jour le jour devant tant de choses injustes, ignobles, bref tous ces trucs pour lesquels Charlie Hebdo se battait : les suicides de salariés, les morts de manifestants tués par les flics et j'en passe. Ils n'ont jamais lu Charlie Hebdo mais font comme tous les autres. Hypocrisie.

Moi aussi je n'irai pas à cette manifestation officielle de dimanche. Si les mecs de Charlie auraient probablement été touchés par les manifestations spontanées, par ces petites preuves d'amour, par les initiatives venus du coeur des citoyens, ils se seraient sans doute bien moqués de cette "union nationale" hypocrite où tout le monde marche au garde-à-vous. J'aime, j'aimais trop Charlie pour aller défiler à côté de connards du PS, de l'UMP que seul le profit politique qu'ils peuvent en gagner intéresse. Nul doute qu'Hollande, ce traître, va gagner quelques points dans les sondages dans les jours à venir. Tant mieux pour lui mais ça ne m'empêchera pas d'aller à la pêche au second tour de l'élection présidentielle de 2017.

Et évidemment - comme vous le dites - personne ne s'intéressera aux causes réelles de cette flambée de violence extrêmiste et fanatique :
- Prisons dégueulasses devenus de véritables laboratoires de radicalisation, qui sont une honte pour une démocratie et pour un pays riche (ça fait 20 ans qu'on en parle du délabrement des prisons, et à l'heure de l'austérité généralisée et des coupes sévères dans les dépenses publiques, il ne faut pas s'attendre à autre chose qu'à une dégradation encore plus importante dans les années à venir)
- Explosion des inégalités au sein même de notre pays, explosion des licenciements, stigmatisation des chômeurs, des roms, et j'en passe, bref tout ce qui ne ressemble à un petit patron de start-up est aujourd'hui humilié, dégradé.
- Géopolitique impérialiste conduite par un président va-t-en-guerre qui sous couvert de lutter contre le terrorisme, ne cesse de l'accentuer. Comme si on éradiquait le terrorisme en larguant des bombes. Si ça marchait depuis le temps, ça se saurait non ?

Alors moi aussi, je n'irai pas défiler dimanche. Mais j'ai des désaccords avec vous. J'en ai ras le cul d'entendre "islamophobie" ou "antisémitisme" à tout bout de champ quand il ne s'agit de rien d'autre qu'une critique des religions. L'un des piliers de notre République, c'est le respect de l'autre, de ses convictions politiques ou religieuses. Alors oui contre tous les racistes et les réacs qui délirent sur les racines chrétiennes de la France et qui nous sortent les concepts fumeux du "Grand Remplacement", ou les timbrés qui délirent sur un complot mondial juif, oui contre ces sales types, il faut être ferme, il faut les combattre pied à pied. Totalement d'accord.

Mais l'un des autres piliers de notre République, c'est l'esprit critique, peut-être le plus bel héritage qu'on ait reçu des Lumières. Et cet esprit, il faut sans cesse le cultiver, ne pas en céder un pouce. C'était le rôle de Charlie Hebdo. J'entends souvent des gens de mon propre camp dire "tu comprends, le climat est délétère, les musulmans en France sont stigmatisés (ce qui est vrai, je suis d'accord), donc Charlie Hebdo, les provoque, les mecs vont trop loin". Mais Charlie Hebdo n'a JAMAIS stigmatisé nos compatriotes musulmans. Ils ont fait ce qu'ils ont toujours fait depuis leurs débuts : critiquer l'obscurantisme des religions, les tourner en dérision, s'en moquer. Et ils ont le droit. Ils en ont même le devoir. Je suis conscient qu'ils ont choqué. Et après ? On doit s'arrêter d'exercer son esprit critique parce qu'on choque ? Mais si on fait ça, on est foutu. Bien sûr qu'ils ont été récupéré par le FN (qui de toute manière récupère tout, même Syriza !). Et après ? On doit s'arrêter de penser, d'écrire, de dessiner parce que le FN détourne nos propos à ses propres fins ? Non, on ne doit pas céder un pouce là-dessus, pas un. Sinon, comme dit Frédéric Lordon, on finira à poil.

Quel que soit le climat, quelque soient les réactions outragés que cela peut provoquer, il ne faut pas s'arrêter d'exercer son esprit critique et sa liberté d'expression. Faire la confusion - comme vous le faites - entre d'une part racisme, stigmatisation d'une partie de la population française pour ses croyances, sa couleur de peau, etc et d'autre part, la critique des religions, est une erreur gravissime. Oui, les musulmans sont aujourd'hui stigmatisés en France, oui il y a de l'Islamophobie, c'est indéniable (quand par exemple un présentateur de JT demande à un musulman de se désolidariser des fanatiques, le fait même de demander ça, c'est de l'islamophobie. Demanderait-on à tous les journalistes de se désolidariser d'un type qui tuerai 10 personnes en hurlant "je suis journaliste!" ?). Mais NON, NON et NON, caricaturer Mahomet n'est pas de l'islamophobie. Qu'on arrête avec ça une bonne fois pour toutes.
Enfin! Je me sens tout à fait dans le même état d'esprit.

Les gens ont la mémoire courte, une bonne partie de la presse avait cessé de les soutenir, le lectorat se réduisait.
Edit : Lisez le papier d'un ancien collaborateur dont @si s'était fait l'écho (http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous).
Alors oui ce crime est odieu et personne ne mérite cette mort mais voilà quoi l'amnésie collective, abusée.
"Notre problème, c'est de faire en sorte qu'il n'y ait plus personne en France qui n'ait tellement plus rien à espérer et à attendre de son propre pays natal au point d'en être réduit à n'avoir pour seule raison de vivre que de tuer des gens en masse, chez nous ou ailleurs."
Bon, ben, mes camarades, on prend les mêmes et on en reparle lundi, une fois qu'on aura vu qui aura participé -ou non- à la marche républicaine...?
Pour ma part, j'y aurai participé en famille et entre amis, de tout coeur, sans me torturer pour savoir si c'était légitime, opportun et soumis à un unanimisme bêlant.
Amitiés républicaines.
Je me sens moins seul !
Un mort est un mort, un presque-mort n'est pas mort : nuance qui change tout. D'où tout ce qui est sans nuance(s) me déplaît.

Cet article aurait pu me plaire, mais c'est "trop vite dit / écrit", ça manque encore un peu de raison.

Élément déclencheur, qui paraîtrait pourtant anecdotique, une coquille de chiffre (les rares !) : "manifestement certains ne croient pas plus au 07/01/15 qu'au 11/11/01. La réalité est qu'on les a déjà perdu depuis longtemps"

Je ne connais pas d'évènement particulier lié au 11 novembre 2001 ...
Vouloir ranger dans des cases, c'est bien un problème récurrent, et l'auteur ne fait que ça, et vu le type d'article, l'écriture ne peu que donner ça, c-à-d de la schématisation plus ou moins grossière.
Or pour que l'article soit juste, il aurait fallu être hyper précis et hyper minutieux et délicat, dans l'écriture.
Ce n'est pas le cas.
On peut schématiser tout en précisant que l'on force le trait, mais schématiser tout court est bien différent.

Cela n'empêche qu'il y ait de l'idée et des choses intéressantes, parmi d'autres erronées.
Je n'ai pas l'énergie ce soir de les lister, et puis c'est à chacun de se faire son avis, ce n'est pas à moi de dire aux autres comment penser, pas ce soir en tous cas.
Allez-y, lâchez-vous !
Je ne suis pas la gardienne de l'orthodoxie de Charlie Hebdo, mais comme ils sont morts, ils ne peuvent pas se défendre. n'hésitez pas.

Allez-y.
Même Gérard Depardieu est Charlie, alors....
Il y a quand même un truc qui me dérange en particulier sur soral et consor . Soral à dit clairement qu’il voulais que charlie hebdo "qu’il creve ! " il ne s'agit pas que de complotisme mais d'un acte qui vient cristalliser une idéologie latente dans nos société . Il est évident que les bandits en col blanc qui nous gouverne sont en grande partie responsable de l ’ apparition de cette idéologie mais ne pas vouloir voir que Charlie hebdo était devenue bien plus que le symbole d’une unité nationale de façade mais aussi le symbole d’une critique qui n ’ épargne personnes et qui a l'inverse de dieudonné et soral ne fait pas dans le carressage dans le sens du poil communautaire me semble d’une extrême importance .
Je suis pas Charlie non plus. En tout cas je ne le suis plus depuis longtemps. La tournure raciste du journal ne pouvait se cacher derrière la liberté d'expression. On se souvient comment Siné a été viré pour un mot prétendu antisémite au fin fond d'une de ses chroniques et à côté de cela le déversement injurieux et islamophobe qui s'étalait dans le journal. Les associations musulmanes avaient fait appel à la justice, sans succès. Il y a de toute évidence deux poids deux mesures dans ce pays. L'omniprésence de Zemmour, la publicité faramineuse autour du livre de Houellebecq en sont les dernières illustrations. C'est à qui jettera le plus d'huile sur le feu, à qui humiliera le plus les Français d'origine arabe. Jusqu'à hier soir, Fourest qui regarde les yeux froncés un représentant musulman, lui intimant de faire plus pour éviter la montée du radicalisme dans ses rangs. Qui fait monter le radicalisme?
Pourquoi de pauvres types perdus en viennent-ils à commettre ces atrocités? Le chemin de ces fous ne leur est-il pas tracé depuis des années par ce climat nauséabond islamophobe?
Immense tristesse pour ces morts, deuil intime pour Cabu dessinateur de génie. Que faisait-il donc avec Wolinsky dans cette impasse? Ça n'était pas l'esprit du Charlie des origines. Reiser a du souvent se retourner dans sa tombe ces dernières années...Je ne comprends pas.
Je m'en doutais qu'il y aurait des gens que ça défrise de voir l'unanimité.
Moi j'en suis bien aise.
Je n'ose pas trop imaginer que non, mais il s'en serait fallu de peu, puisque je vois que la trêve n'a pas duré, pour qu'on nous le digère autrement.

J'ai lu en diagonale cette chronique d'asinaute parce que le déroulé je le connais, et je n'y vois qu'un digest de la vision déformante des médias qui occulte tout. Il y a eu ça, puis ça, puis ça et puis une jeunesse sans espoir et ceci cela. Bon. Diagonale, diagonale.

Et après cette phrase:

"Vous n'arriverez pas à reconstruire la "communauté nationale" sur ce seul principe, fût-il essentiel. Je vous le dis, vous n'y arriverez pas."

--> Il ne manque plus que le "en vérité je vous le dis" et on est dans un prêche à l'église.
--> Qui c'est "vous"?

Et des mots

"unité nationale réduite en lambeaux"
"il est déjà trop tard"


Ouep, bah soyons forts hein, les gars. Vous avez oublié "la république agonisante" ou j'ai raté?
Forts, surtout l'esprit fort, pour résister à tout ces horoscopeurs qui lisent l'avenir dans le bas-média...

Il y a une certaine unité à aimer Cabu & Wolinski dans notre pays. Que tout le monde ne peut pas comprendre, en particulier ceux qui pensent qu'on a tué les créateurs de chercher charly... Et on ne viendra pas à bout de la bêtise qu'elle soit générée par une cause ou une autre, pas besoin de harangue à catastrophisme pour qu'on le sache.
J'écoute Inter ce soir, on annonce l'arrivée de fonds venus du monde entier pour sauver Charlie.

Siné envisage de demander au Mossad (en passant par l'intermédiare de Darty) de monter un coup pour zigouiller la moitié de sa rédaction.

(Surtout que ça lui ferait économiser la moitié des salaires)
Beaucoup de gens parlent de défense de la liberté d'expression. Du coup, certains s'étonnent qu'un spectacle de Dieudonné soit interdit et que Charlie Hebdo n'ait pas été censuré. Pourquoi ? C'est simple : en France, les propos racistes, les appels à la violence sont interdits. Le blasphème ( càd les paroles outrageuses, profanatrices vis à vis d'une religion, d'une divinité...) est parfaitement légal. Charlie Hebdo est un journal blasphématoire, irrespectueux des idéologies quelles qu'elles soient, des religions quelles qu'elles soient, des pouvoirs quels qu'ils soient. Mais jamais ce journal n'a appelé à la haine, au rejet de l'autre, à la violence. Cabu, Charb et les autres n'ont eu de cesse de dénoncer la haine aveugle, la bêtise, les extrémistes de tout bord et de promouvoir la paix. Je suis triste et révolté aujourd'hui quand j'entends ceux qui veulent nous vendre une forme de guerre en réaction au meurtre de ces martyrs de la paix.

Alors, oui, pour le droit au blasphème, pour le droit de critiquer les pouvoirs et les idéologies ; contre le racisme et la haine ; pour la paix : je suis Charlie.
Je partage certaines pensées de ce texte, mais je l'intégrerai plutôt dans une quète de valeurs communes.

Je pense juste que la société manque d'idéaux.
Les idéaux, ce ne sont pas des buts à atteindre, mais des directions fortes, des projets de sociétés.

- Il y en a un religieux, qui semble séduire quelques personnes, une très forte minorité, certes, mais qui donne un objectif, un sens à leur vie, des valeurs... Alors bien sûr, ce ne son pas des valeurs très humanisme (qui permettent ledéveloppement des qualités essentielles de l'être humain)

- Il y en a un plus bestial, plus individuel, celui d'un individu qui ne vit que pour lui, son bonheur, ses gains et éventuellement sa famille. Celui-ci, c'est un idéal que la majeure partie des français vivent par défaut.

Mais y en a t-il d'autres ? D'autres qui donnent envie de se lever, de se battre ensemble, de sourire à l'avenir et qui unissent les français ? (la préservation de notre planète ? l'égalité ?)
Pas entièrement d'accord avec la totalité des éléments, mais sur l'essentiel à mes yeux, à savoir :
[quote=BC]Personne ne veut voir que cette société française, derrière l'unanimisme de façade devant l'horreur, est en réalité plus que jamais complètement anomique, qu'elle jette désespérément les plus démunis les uns contre les autres, et qu'elle a généré en un peu plus d'une décennie ses propres ennemis intérieurs.

=> oui.

Et l'anomie, elle ne vient pas non plus de nulle part...
Ah donc en n'étant pas Charlie, ça va tout solutionner...

Le seul "crime" qu'ils ont commis c'est le crime de lèse-majesté...

Si être laïc est un crime, alors je suis un criminel comme eux, donc je suis Charlie !
bravo, c'est pas facile de garder la tête froide quand on est sous le choc. Bravo encore, je trouvais que tout ce débat manquait d'intelligence, en voilà enfin.
Moi non plus je ne suis pas charlie, et pourtant j'ai pleuré. (j'avais d'ailleurs pleuré à l'annonce de la présence de Le Pen au second tour des présidentielles en 2002,)
Et je ne suis pas charlie car je trouvais leurs caricatures bêtes et méchantes. Je me vois mal m'abonner maintenant.
C'est bien ce message. C'est très bien. Mais quand même...

...je ne suis pas sur que les "Charlie"s aient été tué tant pour leurs idées que parce qu'il y a des gens qui trouvent idéal de tuer des gens. Peut être parce qu'ils sont frustrés, certes. Peut être même pas. J'ai souvent argué qu'évidemment que la paupérisation et le racisme light et pernicieux qui l'accompagnent ont des conséquences sur la démographie du malheur et donc de la criminalité... "Martyrisez les malheureux et non seulement vous serez mordus mais vous ne l'aurez pas volé". Sauf qu'ici pour que ça s'applique on devrait assister à l'expression d'une violence ordinaire sur des cibles extraordinaires. Hors les pauvres de France viennent gentiment de passer toute leur vie, aussi frustrés, stigmatisés, désespérés soient-ils, à ne *pas* acquérir de fusil d'assault, à ne *pas* s'entrainer avec et à ne *pas* aller tuer des gens avec. Le projet qui s'est réalisé, là, il est nouveau. Ce n'est pas l'expression d'un désarroi ordinaire, mais bien d'une méchanceté extraordinaire. Il y a des moments pour dire "c'est la faute aux mauvais traitements". Je crois bien que ce n'est pas un de ceux là. Là on n'a deux assassins plutôt modèl Brevik à montrer comme tel plutôt que d'en faire des martyrs des défavorisés. Les défavorisés se tiennent assez bien pour ne pas mériter qu'on les amalgame avec des psychopathes.

A coté de ça voilà encore un attentat épouvantable et déjà le cortège d'ânerie est en route. Voilà des gens qui laissent leur papiers dans leurs boites à gant après le crime. Voilà un deuxième meurtre de policier, fait tellement rare que sa proximité fortuite avec l'attentat de la veille est une coïncidence remarquable, et on nous dit que c'est bien ça, une coïncidence. Mais après tout, pourquoi s'en soucier, en France on a bien eu un Merah cerné à son insu par toute les forces spéciales qui "est sorti passer un coup de fil par la sortie du local à poubelle" sans que ni celles ci ni lui ne se rende compte de rien, et on accepte ce genre de version.

J'espère me tromper en disant que si c'est business as usual, on aura demain ou après demain deux beaux cadavres et un crime entièrement résolu par une pièce d'identité miraculeusement oubliée dans une bagnole. Et que grosso modo, tope la mon gars, la presse le cœur sur la main mobilisée dans un courage à l'épreuve des balles va se contenter de ça, que l'affaire sera, comme toujours avec le terrorisme niveau national, entendue telle qu'à la fin des premières 24h. Les notions basiques de droit voleront en éclat sans coup férir et ce bout de démocratie partie à la baille, ce ne sera pas les terroristes qui l'auront détruit, mais nous.

Enfin, je suis peut être peu avisé dans mon pessimisme. On peut rêver. Voilà à tout hasard des questions moins sociétales et plus prosaïques que je réverai personnellement de voir traiter dans les prochains jours.

- les locaux étaient sous protection policière. Celle ci s'est avérée totalement inefficace. Je n'ai jamais compris pourquoi Bush a été adulé après le onze septembre et j'aimerais qu'au moins ici on ne marche pas sur la tête et on considère au moins l'apparence de faute professionnelle pour mettre les responsables en place en situation de s'expliquer plutôt que de gagner un crédit automatique. Qui a décidé du dispositif, pourquoi n'a-t-il pas même permis d'alerter la rédaction ?

- il y a trois ans l'horrible, l'affreux, le méprisable Thierry Meyssan disait en gros qu'on soutenait, malgré les dénégations vertueuses de nos officiels, des djihadistes sanguinaires dans notre politique anti tyran du moyen orient, que des jeunes français allaient se joindre à eux sans que nos autorités y voient à redire et que quand ces djihadistes tout frais reviendraient en France il fallait s'attendre à des attentats sanguinaires semblables à ceux qu'on trouvait très excusable en Syrie. Des gens moins infréquentables ont par la suite dit peu ou prou la même chose (en fait même Le Monde a fini par reconnaitre que oui, la resistance en Lybie et Syrie était plus islamiste que démocrate à bien y regarder. Et a même réussi à le faire avant que la création de Daesh ou l'actualité Lybienne et Mauritanienne le rende ridiculement évident ! ). Puisque tout ces gens ont eu raison, c'est donc que tout ceux qui disaient que non pas du tout avaient tort. Vera-t-on la presse et les politiques leur demander des comptes, y compris ceux qui sont au gouvernement, y compris ceux qui sont journalistes ? S'ils assument que la politique qu'ils ont soutenu ait cassé les oeufs de l'omelette, que ce soit rendu bien clair et qu'ils en paye le légitime coût politique ? S'ils ne l'assument pas, que ce soit leur légèreté et leur incompétence qui soit rendu explicité ? Je veux dire, à quel moment les responsables prennent ils enfin leurs responsabilités dans ce pays ? Ou suffit il qu'ils disent tous "je suis Charlie" et ils sont surtout Chat perché ?

Bref. Moi je veux bien qu'on pause la question des causalités sociétales, mais faisons les choses dans l'ordre. Il y a ici des questions policières et politiques autrement évidentes et pressantes, il me semble. Seront elles traitées en temps et en heure, maintenant que le fer est encore chaud et que ceux qui veulent le récupérer pour tout et n'importe quoi ont un billard ? Si des journalistes veulent vraiment faire acte de courage, c'est personnellement là dessus que je les attends.
Un énorme merci pour ce texte qui dit presque parfaitement ce qui me remue le bide depuis hier matin.
Cet article exprime plutôt bien le fond de ma pensée. Je ne pense pas que le travail de CH soit d'utilité publique ou soit l'expression même du combat des justes. Mon beauf, ma mère vont s'abonner à CH. C'est beau, un instant je me suis posé la question. Et puis vient la question. Et si demain Soral se fait trucider, est ce que je vais m'abonner à son torchon? Non. Je ne considère évidemment pas que l'on puisse comparer Soral et CH (même un peu), mais je ne vais pas être Charlie juste parce que je suis atterré.
De toute façon, quand je me plonge un peu dans le monde réel, je suis [s]toujours[/s] très souvent atterré....
Et une des choses qui y contribue, c'est le racisme. Le fait de voir comment le pays dans lequel je suis nais oublie son passé, oublie ce qui le constitue. Certains revendiquent cet oubli, d'autres, comme CH et cette gauche dont parle BC, semblent l'oublier, ne semblent pas voir de liens entre le fait historico-social, et le fait religieux.
C'est peut être pas le moment de le dire, mais bon...
Ras le bol de cette accusation de dérive islamophobe !
https://pbs.twimg.com/media/B6xxhilIcAAwGfF.jpg
[large]JE SUIS CHARLIE.[/large]
Une analyse réfléchie quand l'émotion est partout c'est important.
A mon lever ce matin j'ai posté sur le reseau un hommage à Guy Gilbert en présisant qu'il y a trente ans ils nous apprenais que des jeunes entraient en prison et que des fauves en sortaient. Je suis d'accord c'est entièrement la faute de notre république qui refusent de mettre le pognon pour réeduquer les êtres humains qu'elle enferme.

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