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Féminicides : le sujet mis de côté par les médias pour la promo du livre de Raphaël Quenard

Pour la sortie de "Clamser à Tataouine" (Flammarion), son premier roman, l'acteur Raphaël Quenard fait la tournée des médias, de "La Grande Librairie" à "Quotidien". L'une des thématiques de son livre n'a pas ou peu interpellé - à quelques exceptions près - les journalistes qui lui ont donné la parole. Celle des féminicides, pourtant omniprésente et présentée de manière très violente dans son texte.

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Je crois que Clément Boutin interroge plutôt la pratique des journalistes dans les interviews du dernier enfant chéri du cinéma français et désormais écrivain.

Toujours la même histoire : un mec, Quenard, se fait de la thune sur le dos des meufs. Mais(...)

À la lecture des extraits du livre cités dans l'article, ça ressemble plus à de l'audio description d'un fake snuff movie hollywoodien ultra misogyne qui se donne des apparences potaches. Audio description assurée par Depardieu himself. La qualificat(...)

Je n'ai pas lu ce livre, et les extraits ne donnent pas envie (je parle du style : "le chemisier aux abois", le mec vit dans un film porno mal doublé des années 90 apparemment).


Ça vaudrait le coup d'interroger de manière un peu approfondie le disposi(...)

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Un truc vraisemblablement écrit via IA; du moins vos extraits le font penser! Vous donnez quelques consignes:, serial-killer,  meurtres de femmes bien entendu, descriptions réalistes (avec recension de tous les modes utilisés), femmes choisies dans différentes classes sociales avec tous les clichés présupposés...etc. Un auteur qui n'en est pas un, mais un attrape gogo de la pseudo critique littéraire qui occupe tout le maigre espace que lui réservent nos médias. Un enfant de Musk donc, qui se croit auteur du fait de sa notoriété d'acteur de cinéma! (j'aimerais bien le voir sur un plateau de théâtre celui-là pour voir ce qu'il vaut cet acteur!)

En effet, une mise en scène, par des mots, de féminicides, ou de meurtres, avec un goût de satisfaction du narrateur, dans un livre qualifié d’œuvre la plus intime par l'écrivain, cela fait écho au procès qui va se dérouler à propos d'un dessinateur qui a représenté des scènes pédopornographiques en disant qu'il s'agit de fantasmes de sa part (si je ne me trompe pas). Peut-on dire que pour ce dessinateur aussi l'art ne laisse pas de place à la morale ?

Je vis loin de certains médias, donc Queue de Renard inconnu au bataillon. Pas vu ni en film, ni en livre.

Du coup, ce qui me frappe c'est la complaisance à son égard.


Un dominant comme un autre ? Plus jeune et plus mignon que Trump ? 

Le plus inquiétant, c'est la foule qui vote pour ce genre de personnages... 


On commence pourtant à avoir fait le tour des causes profondes de la haine du féminin, non ?

Ou bien ASI pourrait nous aider à y voir plus clair ?

Visiblement c'est plus un roman de gare pipi cracra. Pas de subtilité, pas de politique, pas d'envolée littéraire. Du pur jouissif pour qui aime. La question n'est donc pas sur l'existence de ce genre de livre (libre à chacun d'aimer lire des trucs comme ça, y'a aucun jugement de valeur à avoir là dessus), mais plutôt sur l'intérêt de faire une telle couverture médiatique pour ça. C'est pas le bouquin qu'il faut analyser, mais sa promo.

Fait intéressant, un roman publié dans les années 90, Dirty Weekend de Helen Zahavi, a été interdit car jugé trop complaisant avec son personnage principal, une femme qui commence à tuer en série des hommes. La similitude des deux romans semble assez forte, sauf que celui de Zahavi est traversé de la violence masculine et met en scène son inversion. 

Le dernier produit du dernier produit du cinéma frenchy branchouille (ou frenchouille branchy). 

Quant à dire qu'il n'y a pas de morale dans l'art, d'une part l'assertion ne vaut pas démonstration et mérite une antithèse et d'autre part encore faut il que ce soit effectivement de l'art. N'importe quelle suite de mots - fut-elle de Môssieur Quenard himself- ne fait pas nécessairement un objet d'art.

Lemaître feuilletonne dans ses derniers romans des meurtres de femmes tout aussi violents, je ne sais pas si c'est de la littérature qui cible les hommes… Faut-il imaginer un face-à-face des deux auteurs ? En tous cas pour l'instant je ne crois pas qu'on ait accusé Lemaître d'apologie du féminicide. 

Bon, donc en gros, c'est une resucée de American Psycho, jusque dans la façon dont les titres des chapitres sont conçus. C'est créatif, ça. Félicitations à Brett Easton Ellis junior, il a probablement de beaux jours devant lui à faire de la littérature médiocre et obsédée par les bourges.


J'ai deux questions : sachant que les lecteurs, de nos jours, sont très majoritairement des lectrices... mais que les critiques littéraires sont encore plutôt des hommes.

Y a-t-il une différence de traitement de ce livre par les critiques, selon qu'il s'agit de femmes ou d'hommes ? J'ai bien noté que dans les Huffpost, c'est un homme et qu'il n'a pas éludé le sujet qui fâche.

Saura-t-on un jour si ce livre a été lu, et a été apprécié ou pas, plutôt par des femmes, des hommes, ou les deux ?

Voilà qui nous aiderait à cerner l'insertion ou l'inacceptabilité de ce livre dans les codes sociaux d'aujourd'hui.

Personnellement, je n'ai pas envie de le lire.

Je n'ai pas lu ce livre, et les extraits ne donnent pas envie (je parle du style : "le chemisier aux abois", le mec vit dans un film porno mal doublé des années 90 apparemment).


Ça vaudrait le coup d'interroger de manière un peu approfondie le dispositif mis en place par l'auteur qui n'a pas franchement l'air de prendre ses distances avec le protagoniste. Dans l'art de manier l'ironie avec subtilité et malice, n'est pas Flaubert qui veut.


Marrant de voir que parmi toustes les journalistes cité-es la quasi totalité des hommes l'encensent : ils ne peuvent décidément pas y voir le problème car ils sont des hommes lisant un bouquin écrit pour un lectorat masculin (hypothèse).

Comment apprécier un pareil livre en tant que femme (à moins de ne se considérer pas comme femme, chose qui arrive à certaines adolescentes - dont je fus, et qui font preuve d'une misogynie souvent symptomatique du rejet face à l'objectification qui nous guette quand on passe du statut d'enfant à femme).



Ne doit-on pas s'interroger quand 50% de la population mondiale environ, appartenant en gros à la même classe (celle des femmes donc) serait a priori dégoutée de lire cet ouvrage, n'aurait aucune possibilité de se sentir concernée par le livre autrement qu'en s'y projetant comme une proie potentielle ? 


D'autant que la figure féminine sert très souvent d'avatar pour représenter ce qui est du côté de l'ordre social, de la bonne morale justement, de la reproduction du modèle familial traditionnel, ce qui entrave l'homme (au sens de mâle) dans son expansion dionysiaque ou dans sa liberté de créer (lire L'Oeuvre de Zola, voir un siècle plus tard les déclarations de Brel). 

Bref, c'est un cliché reconduit ad nauseam et les clichés font rarement des œuvres très intéressantes (à moins que l'auteurice n'en ait conscience et n'en joue avec habileté).


Donc, je suis d'accord pour la licence qui doit être accordée aux auteurs mais cela ne doit pas les empêcher de faire face aux analyses et interprétations, ni de réfléchir à la place que prend leur oeuvre dans son époque : je brûlerai de demander à Quenard en quoi ce livre n'est pas destiné quasi exclusivement aux hommes. Peut-être l'est-il, et peut-être n'est-ce pas un problème, pas sûre qu'il assumerait de le reconnaître par contre.


Dans sa chronique du Charlie de la semaine dernière, l'écrivain Yannick Haenel parle d'un livre de la philosophe Manon Garcia titré "Peut-on vivre avec les hommes ?"
Il l'avait rencontrée brièvement lorsqu'ils suivaient tous les deux le procès de Mazan.
Elle écrit : Mon existence et celle des autres femmes sont limitées par la violence des hommes.
Elle rappelle, et il est effarant de penser à quel point la justice a pu être si longtemps délibérément patriarcale, que ce n'est qu'en 1980 que le viol est reconnu comme un crime, et seulement en 1984 que la Cour de cassation admet qu'il peut exister un viol entre époux.
Faisant référence à Mazan, elle interroge :  Comment s'aimer si les hommes suivent le procès de loin, comme un fait-divers qui ne les concerne pas, quand les femmes y voient des traces de leur quotidien ?
En effet, à chaque instant, les femmes se sentent "violables" Les hommes aiment-ils vraiment les femmes ? Ils parlent rarement aux femmes, note-t-elle.
Ce ne sont que de courts extraits des textes d'Haenel et de Garcia, mais je les relaie ici comme un complément à votre excellente analyse.

Oui il me semble tout comme dans la polémique qui a suivie la publication et exposition des livres de Bastien Vivès, que la société reçoit un oeuvre dans une certaine temporalité et celle d'aujourd'hui remet en question la mise en valorisation des féminicides (Cantat en est un autre exemple) même si l'auteur certifie se mettre à distance de son oeuvre et de ses personnages.


Les féminicides sont largement banalisés, les viols ne représentent quasiment rien au pénal, certes une oeuvre littéraire est à prendre pour ce qu'elle est mais elle s'inscrit aussi dans un contexte, aujourd'hui celui d'une prise de conscience de ces violences insupportables et systémiques.

Les réactions ont moins à voir avec une quelconque morale mais plutôt une temporalité sociétale qui donne un toute autre lecture à ce récit. Sans pour autant censurer, il est important de rappeler que les musées et la littérature sont remplis de féminicides et que c'est cela qui est à questionner.


C'est intéressant d'ailleurs que R. Quenard ait lui-même retenu cette phrase : «Aller à l'encontre de la morale de son temps, c'est là l'espièglerie du poète.» 

Alors M Quenard allez jusqu'au bout inscrivez ces meurtres aussi dans le contexte politique actuel, montée des extrêmes, droitisation etc... et votre livre aurait là eu peut-être la saveur d'une prise de risque ou d'un peu de l'espièglerie dont vous vous revendiquez. C'est ce qu'il manque aux célébrités souvent : le courage.


Je ne l'ai pas lu, j'espère qu'il ne s'agit pas d'une compilation de "Faites entrer l'accusé" (pour info : les vrais sérial killer changent rarement de méthode pour exterminer qqun), ou d'un mauvais plagiat de Suskind. Il y en a déjà plein d'autre dans la littérature.


Peut-être cette polémique aura le mérite d'une prise de conscience.

J'hallucine ! Vous dites que vous êtes fan de polar. Connaissez-vous Donald Westlake, un des plus grands auteurs de polars ? Patrick Manchette l'admirait. Sous le pseudo de Richard Stark, Westlake a écrit une série ayant pour héros Parker, un tueur implacable qui semble n'éprouver aucun sentiment quand il liquide un adversaire. Malgré tout, l'auteur arrive à rendre le personnage attachant.

J'ai l'impression que vous n'arrivez pas à prendre de la distance avec une fiction. Je n'ai pas lu le bouquin dont vous parlez mais je ne crois pas que Raphaël Quenard en tant que personne, approuve le comportement de son personnage. La littérature permet toutes les outrances. Reste à savoir si Raphaël Quenard est un bon écrivain.

À la lecture des extraits du livre cités dans l'article, ça ressemble plus à de l'audio description d'un fake snuff movie hollywoodien ultra misogyne qui se donne des apparences potaches. Audio description assurée par Depardieu himself. La qualification d'oeuvre littéraire, si ce n'était pas Quenard le petit acteur frais à la mode qui avait commis cette prose, serait probablement mise en doute.

Chez flammarion, comme la meute...


C'est la foire aux torchons.


Par contre vous parlez de Philippe Claudel....Wanted est, lui, sur ma pile à lire.


Je pense avoir lu tous ses livres, en particulier l'Archipel du chien.....


Mais il a aussi écrit des fictions "horribles" par exemple Inhumaines, pas évident à lire, mais rien à  voir avec le torchon cité.


🎶🎶🎵🎶🎶
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je retiens que se sont surtout des médias de droite qui l'encense, leurs lecteurs doivent penser être propriétaires de leurs femmes qu'ils doivent dresser comme domestique et faire ce que bon leur semble en cas de désobéissance

un antiféministe qui devait haïr sa mère! ou qui se fait larguer plus souvent qu'à son tour!

Raphaël Quenard a surpris, séduit, dès ses premières apparitions à l'écran, par sa diction, ses rôles singuliers auxquels il apportait une touche très personnelle, en particulier chez Quentin Dupieux.
Mais s'il ne change pas de registre, il risque de très vite lasser.
Je ne serai pas aussi élogieux sur ses débuts littéraires. Les extraits de son bouquin cités ici, me paraissent trahir une assez laborieuse recherche d'originalité : "le chemisier aux abois", "la prodigieuse lame"... La forme semble rejoindre le fond, très critiquable.

N'est pas Nabokov qui veut. Quenard prête allégence à son nouveau milieu : la bourgeoise littéraire. Ca n'aura pas pris longtemps !

En fait, tout est gênant dans ce sujet : le livre, l'auteur, les médias... et même cet article. Le livre, bon, je ne l'ai pas lu. L'auteur semble trouble (genre "naaan, j'déconne" façon Gaspard Proust), et joue de ce trouble de façon fort mercantile. Difficile de savoir s'il ne donne pas dans son for intérieur, un peu de valeur aux monstruosités qu'il dépeint. C'est en tout cas ce qu'il semble lui-même suggérer, tout en restant assez malin pour ne pas s'exposer à l'opprobre. Il a toute fois le mérite de tendre une perche aux médias en posant d'emblée le sujet des féminicides. Perche que les médias prennent soin de ne pas saisir. Eux, pour le coup, ils sont vraiment pleutres sans la moindre ambiguïté, et coupables de ne pas faire leur boulot. Quand à Clément Boutin, merci de porter le sujet mais votre article n'est pas exempt de la tentation de "moraliser" la littérature et de prêter le flanc à l'accusation de censure façon "ligue de vertu féministe". à mes yeux, vous semblez presque autant nous dire ce que nous devrions penser du livre que ce que les médias devraient questionner. Je trouverais intéressant en complément, d'avoir une interview de l'éditeur, par exemple, ou de journalistes de magazines littéraires plus pointus, pour connaître l'état des débats sérieux sur ce sujet.

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