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"Fake News" : historique et aléas de l'insulte à la mode

"Fake News" partout, tout le temps. Utilisée en 2016 pour désigner ces faux sites d'infos qui publiaient des intox sur l'élection américaine, l'expression est désormais reprise en 2017 par Donald Trump et Marine Le Pen pour attaquer les médias qui les critiquent. Pourtant, dans un passé pas si lointain, le terme n'était pas du tout connoté politiquement.

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Depuis Trump, le terme "Fake News" est utilisé par la plupart des médias pour désigner les nombreuses intox partagées sur les réseaux sociaux pendant la campagne américaine, le plus souvent en faveur du candidat républicain (mais attention, les fake news de gauche existent aussi). Certaines "fake news" de la campagne américaine sont désormais célèbres : Le Pape François qui soutient Trump, ou le vaste réseau de pédophilie planqué par Hillary Clinton dans une pizzeria réputée de Washington, qui a poussé un homme à entrer avec un fusil d'assaut dans ce même restaurant pour démêler le vrai du faux. Avec à chaque fois à peu près les mêmes ficelles : une fausse info qui part un peu de nulle part, relayée dans un article non signé sur un site pro-Trump qui ne s’embarrassait ni avec les faits, ni avec la rubrique "Qui sommes-nous ?".

Je pense que vous devriez faire vos devoirs sur le pizzagate avant de le mettre sur le même plan que des hoaxs à la durée de vie limitée à la campagne comme "le pape François soutenant Trump" et venus "d'un" article de site pro-Trump ou sortis de "nulle part".

Au delà des aspects anecdotiques de cette théorie (comme la pizzeria qui lui a donné son nom), on est face à l'illustration de fantasmes très forts quant à la perversion des élites politiques et artistiques, en particulier libérales, et à la démocratisation de croyances (en une gouvernance du monde par des sectes pédo-satanistes) que ne partageaient il y a quelques années que quelques franges marginales de la complosphère, touchant maintenant près de la moitié des électeurs de Trump (et un cinquième de ceux d'Hillary aussi).
On est également face à un phénomène, sinon inédit pour la première fois observable en direct sur internet, de construction collective "open-sourcée" d'une théorie du complot holiste, celle ci ne venant pas d'un article isolé de site clickbait macédonien, mais s'étant développée sur des forums bien avant que les médias en parlent, en partant de l'anecdotique (la pizzeria) pour arriver à de l'explication globale de la perversion du monde.
Enfin il ne faudrait pas tant en parler comme d'une "fake news" que comme d'un mouvement, encore plus actif aujourd'hui qu'il l'était lors de la campagne, dont les membres consacrent toujours plus d'énergie à trouver de nouveaux éléments en faveur de leur thèse, produire des contenus récapitulatifs, et réclamer l'ouverture d'enquêtes officielles, et à mon avis ont toutes les chances de refaire parler d'eux dans les semaines, mois ou années qui viennent (et de manière autrement plus grave que l'incident ayant déjà eu lieu).

En fait la grande question que je me pose après avoir étudié cette mouvance c'est est elle téléguidée par les fascistes américains dans le but d'offrir à Trump/Bannon l'occasion de réduire au silence leurs adversaires politiques (voire les embastiller avec le soutien d'une partie de l'opinion, une fois les pions nécessaires au sein de la police/justice mis en place) ou est elle un aboutissement naturel et fortuit du rejet maladif des "élites" urbaines et de leur culture "décadente" par les ruraux conservateurs (un grand moteur de la croyance dans le pizzagate étant le rejet viscéral que suscite chez eux certaines œuvres d'art malsaines collectionnées par les Podesta ou groupes punks qui passaient au Comet Pizza - je m'étonne qu'Alain Korkos ne se soit pas encore penché sur la question, au passage), ce qui ne serait pas moins inquiétant.

Mais dans tous les cas elle m'apparait comme un phénomène absolument majeur pour comprendre l'évolution d'une frange non négligeable des américains (et non américains) adeptes de réalités alternatives, qui ne font pas que suivre des "fake news" mais participent activement à la production et propagation de théories très élaborées, militent activement pour qu'elles soient prisent en compte, et en sont à développer des croyances qui justifieraient l'élimination physique de leurs adversaires politiques et culturels si elles étaient avérées (croyances qui sont très très loin de se limiter à "il y a quelques pédophiles dans l'entourage de Clinton qui se retrouvent dans une pizzeria").
En 2018, Fake News sera la chaîne d'info la plus regardée aux US, loin devant Fox News.

Elle revendiquera une ligne éditoriale ayant pour but de diffuser, enfin, "l'info qui vous convient, l'info adaptée à vos besoins !".
Donc FN, ça veut dire Fake News. Ça y est , j'ai tout compris.
Ah le monde d'avant les fake news d'internet
souvenons-nous
https://www.youtube.com/watch?v=FGhGHxw0mSo

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Sur le sujetn une réponse intéressante d'un journaliste de CNN face à un membre du staff de Trump : https://www.youtube.com/watch?v=5s-qTV2Eez8
L'extrême droite est toujours la formation politique qui ment le plus sur les faits. Que ce soit en 2007 ou en 2012, les "facts checkers" de l'époque avaient montré que c'était les Le Pen qui disaient le plus de choses factuellement fausses. Bayrou (suivi de près par Mélenchon en 2012) était celui qui mentait le moins.

Donc pas étonnant que cette année, ils anticipent que les fact checkers vont une fois de plus leur donner la pire note et tentent de décrédibiliser à l'avance les média.
En même temps le mot "mensonge" se comprend super bien, et c'est la vérité.

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