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Ecotaxe et désenclavement breton : aux racines de la révolte

Prochaine manifestation des bonnets rouges : le 30 novembre à Carhaix. Mais qui sont-ils au juste ? Un bastion d’autonomistes fous furieux ? Des patrons qui téléguident des salariés ? Le terreau du renouveau breton ? De joyeux drilles insondables pour des coincés de Parisiens ? Mais pourquoi diable s’en prendre à l’écotaxe ? Est-ce vraiment la fin de l’industrie agroalimentaireet donc le début de la faim en Bretagne ? Le reste du pays va-t-il embrayer ? S’enflammer ? Dans mes bagages j’ai tout à un tas d’images, de questions, de clichés sur le mouvement breton. Il est donc temps de chausser mes bottes et d’aller voir derrière l’image. Par delà mes clichés.

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Difficile de comprendre ce qui se passe en Bretagne ? Commencez par le début : lisez avec soin le livre de Françoise Morvan, Le monde comme si, édité par Actes Sud. Puis son récent papier dans le Monde. Puis le "forum" du Télégramme, journal local très écouté des Finistériens, dès qu'il y est question de bonnets (rouges), forum où l'on censure à la serpe tant de contributions visant à remettre un peu clarté dans l'opacité ambiante. Vous serez édifiés. Regardez avec grand soin cet Institut de Locarn. Ses membres. Sa "philosophie".Puis celle de Produit en Bretagne, dont les résultats financiers sont étourdissants. Demandez-vous pourquoi l'on ne peut évoquer le passé plus que douteux d'Edouard Leclerc, dans le forum cité plus haut. Demandez-vous pourquoi Françoise Morvan est vilipendée, insultée par tant de "bretons pur beurre" : les faits rapportés par son ouvrage sont tous indéniables, inattaquables, mais rejetés en bloc, comme complot du diable en personne.
Dans Libé, Pierre Marcel a raison de pointer la "guerre aux français" dont le projet rôde dans tant d'esprits en Bretagne. Interrogez-vous sur ce puissant sentiment de "fierté", que le breton oppose en toutes occasions avec tant d'assurance.
Demandez-vous pourquoi un drapeau noir et blanc, crée en 1923 par un collabo/facho, frappé d'indignité nationale à la libération, fleurit ici et là pour un oui, pour un non, les problèmes que posent son origine et son succès étant, eux aussi, balayés d'un revers de manche.
Demandez-vous pourquoi les menées de quelques poignées de nationalistes, communautaristes, druides, séparatistes sont considérées avec une large bienveillance complice par une grande partie de la population. Pourquoi ?
Demandez-vous pourquoi le mot "Bretagne" est devenu un label marchand, pourquoi les "bons maîtres" d'autrefois sont aujourd'hui patrons de supermarchés, dirigeants de l'agro-alimentaires, producteurs de bouffe industrielle, ayant la main sur la troupe de leurs sujets qui les adulent à genoux.
Demandez-vous pourquoi des "rites" anciens perdurent sous une forme "moderne", comme planter des croix noires, la nuit, autour de la maison d'un ministre. De gauche.
Demandez-vous pourquoi l'enseignement du breton, y compris en primaire et dans le public, tient tant de place, au point que les enfants qui n'y sont pas inscrits, sont appelés "les classiques". Au point qu'il peut être renoncé à l'enseignement d'une langue vivante (l'allemand par exemple), afin que les heures d'enseignement puissent être récupérées pour le breton. (Je tiens à disposition les justificatifs de ce que j'avance)
Demandez-vous pourquoi des élus de gauche composent avec leurs confrères de droite, y compris communautariste, dès qu'il s'agit d'abonder les caisses d'associations culturelles bretonnes, creusets de cet esprit de Bretagne éternelle anti-jacobine, biniousarde, réactionnaire...
Demandez-vous pourquoi, le soir de la Breizh Touch qui conduisit des milliers de danseurs et autres sonneurs bretons sur les Champs-Elysées, l'un d'eux, interrogé par FR3, affirme qu'il s'est agi, là, du second défilé non-français sur les Champs, rajoutant : "Une Panzer Division plus la musique". Propos diffusé, sans réaction aucune de personne, mais propos attribué à... Françoise Morvan ces derniers jours sur le forum du Télégramme. Un must.
Demandez-vous pourquoi cet amalgame breton improbable trouve tant de soutien et inquiète désormais ceux qui l'ont favorisé. Et ce que recherchent désormais ceux qui le poussent et l'exploite.
Bon courage à asi décentralisé....
Le chercheur plaide en faveur de l’autonomie : "c’est bien d’être autonome, c’est mieux que d’être dépendant ! Mais dans une France une et indivisible, l’autonomie est mal considérée".

Heu, dites... Il est juste chercheur, ou il est aussi militant, votre chercheur ? Tendance zozo libertarien régionaliste ?

Elle est bien bête en plus d'être démagogique, cette phrase : être dépendants les uns des autres, ce n'est pas une tare, c'est simplement vivre en société.
Et en passant, un petit coup de Mélenchon-bashing de ce Mr Pasquier :
"Il n’y a bien que Mélenchon pour croire que la manifestation de Quimper était un complot ourdi par les patrons".
(J'adore le "ourdi" qui instille de la paranoïa dans la croyance attribuée à Mélenchon.)

1. Prétendre que Mélenchon est seul au monde à penser quelque chose démontre déjà la stupidité de l'assertion, à fortiori quand elle vient de quelqu'un dont on est en droit d'attendre toute la rigueur scientifique d'un chercheur au CNRS.

2. Mélenchon n'a jamais réduit la manif de Quimper à un complot des patrons, il faut nuancer un chouia :
Lu sur son blog, le 6 novembre : "Il faut toute la naïveté du monde pour croire qu’une manifestation comme celle de Quimper, convoquée par le MEDEF, l’UMP, les évêques, le Front national, les régionalistes identitaires, est un mouvement populaire à vocation d’intérêt général, voire même progressiste, dont il faudrait disputer la direction sur son propre terrain d’action !"

Mélenchon a bien inclus les régionalistes dans les commanditaires de cette manifestation, tout comme Mr Pasquier condescend à nous l'expliquer dans la suite de ses déclarations. C'est donc faire un mauvais procès à Mélenchon que de lui reprocher de ne pas avoir vu cette face de l'évènement.

Transmis à l'Observatoire de la propagande et des inepties anti-Mélenchon.
Bonjour
Comme le dit Piketti dans l'émission d'@si, et il est bon de le rappeler ici, l'écotaxe est une taxe de dissuasion.
Elle n'est pas faite pour augmenter in fine les ressources mais pour inciter ceux qui y seraient soumis à trouver des moyens également légaux pour y échapper.
En résumé c'est comme une amende, elle n'est pas obligatoire et le but c'est d'en réchapper en se conduisant bien.
N'est-il pas contradictoire de demander davantage de solidarité nationale (autoroutes gratuites pour les poids-lourds, pacte d'avenir, lignes à grande vitesse...) et plus d'autonomie ?
Lire encore et toujours Emmanuel Todd, la Nouvelle France ou mieux encore son dernier Le mystère français permet d'expliquer exactement pourquoi il y a des autocollants bretons mais pas tourangeaux, et pourquoi c'est dans le Finistère plutôt qu'en Ille-et-Villaine que ça se passe. Car l'éloignement physique a généré un "isolement" ayant permis le maintien de traits anthropologiques spécifiques, et que quelle que soit l'évolution récente et tout désenclavement autoroutier ou TGV, cette particularité anthropologique se retrouve (consciemment et inconsciemment) dans les structures sociales et économiques pendant un bon moment et ne se transforment pas du jour au lendemain...
Très intéressant.
Et très complémentaire de ceci: Poulet bonnet rouge (en deux parties, la deuxième est la plus éclairante, où l'on entend des salariés et représentants syndicaux de l'abattoir).

Cependant: "ils ont juste rajouté 15 millions"
WTF ? On peut toujours conchier les politiques qui ne s'occupent pas de la vie des petites gens et ne connaissent pas la vraie valeur des choses... Si même les citoyens (chercheurs, certes) en sont à parler de millions comme s'ils s'agissait de centimes, où va-t-on ?

Tout le paradoxe est qu'il est profondément injuste que des gens (Bretons ou pas) perdent leurs boulots à cause de décisions hasardeuses qu'ils n'ont pas prises eux-mêmes, mais qu'il est écologiquement et économiquement juste que des usines crades -au plan sanitaire et social- vivant de subventions ferment. Et je pense la même chose pour l'industrie auto, qui ne devrait pas mourir complètement mais être réduite à la portion congrue si seuls ceux qui ont vraiment besoin d'une voiture au quotidien en achetait une.
"Sans même parler du bonnet qui évoque la révolte du papier timbré, les références à l’histoire bretonne sont constantes".
Curieusement, on évitera de faire référence à un autre épisode historique bien connu : la compromission du mouvement autonomiste breton avec l'occupant pendant la seconde guerre mondiale.
Par ailleurs, s'"Il n’y a bien que Mélenchon pour croire que la manifestation de Quimper était un complot ourdi par les patrons", il semble bien à lire l'article d'Anne-Sophie, que les revendications sont essentiellement les leurs. D'ailleurs, quand on cite Alexis Gourvennec, on évoque précisément le cas d'une personne qui a bâti une fortune personnelle au nom "de la Bretagne" et en instrumentalisant des manifestations populaires.
Quant à la demande de plus d'autonomie locale, on peut aussi l'interpréter comme une exigence de "féodaux" (même s'ils sont élus). On ne voit pas bien ce que la population générale aurait à y gagner. Mais c'est sûr que pour les élus locaux, ce serait la fête...
Portiques ET radars, quel point commun, en effet?

Moi, je trouve que les radars ont amélioré le confort et la sécurité de ceux (celles, souvent) qui prétendent rouler normalement, et qui n'aiment pas que surgisse, du fin fond de l'autoroute, une grosse bagnole tous phares allumés, roulant visiblement à 200 à l'heure, et menaçant tout aussi visiblement la petite bagnole qui double à 120/130 un des nombreux poids lourds qui pullulent aux heures de pointe. J'ai ainsi failli avoir un accident en me rabattant trop vite, impressionnée par un de ces bolides.

Alors, les saccageurs de radars, hein, bon....

Malicieusement, je me demande aussi si ça ne fait pas les affaires... des fabricants de radars et de portiques. Est-ce que ce sont les mêmes?
Une petite correction : c'est l'institut de Locarn, et pas Locran.

Il a été fondé par un prof d'HEC et le fondateur d'Intermarché, ce qui permet de se faire une idée à peu près correcte du niveau d'utilité sociale de ce machin.

Et sinon, les radars vandalisés, c'était quoi la revendication ? Le code de la route pour tout le monde, sauf les Bretons ?
Pasquier affirme qu'il n'y a que Mélenchon qui voit ce mouvement comme un complot patronal ? J'ai l'impression qu'il n'y a bien que les Bretons qui essaient de se convaincre du contraire.
...les jeunes agriculteurs ne voulaient pas vivre comme leurs parents avec seulement une vache et deux cochons. Ils voulaient être de vrais chefs d’entreprises

Et ils ne sont, avec leurs mille vaches et leurs mille cochons, que les esclaves des banques, de Doux and co et des grandes surfaces. Lire " Les paysans dans la lutte des classes " de Bernard Lambert.

http://harmoniques-nuances.blogspot.fr/2013/11/un-principe-inamovible-et-intemporel.html
En général les touristes achètent aussi un cotten bien jaune pour aller avec les bottes.
Anne-Sophie, vos bottes, trop comme elles sont trop.
La prochaine fois qu'il pleut je vous emmène aux escargots.
Le principal et profond problème de cette taxe passe surtout SOUS les écrans radar. Un PPP (Partenariat Public Privé) ruineux et léonin. Tout le monde réagit comme il faut, il faut bien crier tous en cœur qu'il y a trop de taxes et d’impôt. Alors qu'en réalité, les problèmes sont :
- l'état n'a pas le droit d'emprunter a cout nul à une banque centrale mais doit verser une rente aux riches de plusieurs milliards par an (1er poste de dépense: verser la rente aux ultra-riches et aux banques)
- les ultras riches et les grandes entreprises payent moins d'impots que les autres (alors que le principe de l'impot est que tout le monde participe a hauteur de ses moyens).

En résumé, l'endoctrinement néo libéral a fonctionné. L'imaginaire de tout le monde, y compris les gens de gauche, est colonisé.
Il me semble que le "régionalisme" breton est plus à comparer à celui des Corses qu'à celui de l'Occitanie qui selon moi est plus un "combat" Sud/Nord, au sens large, mais aussi Sud/Paris au sens très large. L'Occitanie c'est presque la moitié du territoire français, quels voleurs de slogans ces Bretons ;-) mais c'est vrai qu'on voit plus d'autocollants bretons ou occitans que tourangeaux sur les voitures.
Et sinon, chouettes bottes et très bon reportage.
HAAAaa ces bottes! ces bottes!!!
double fracture de l'oeil.

je vous envoie la facture.
Qualifier en permanence ces taxes d’"écologiques" n'est certainement pas la meilleure manière de communiquer l'étendue et l'urgence du problème, car la situation c'est ça :
http://blogs.mediapart.fr/blog/yt75/030713/transition-energetique
Il serait peut-être temps d'être un peu au courant.
Après cette taxe semble clairement être un prototype de la maladie de la sur-complexité.

A propos du dernier rapport de l'AIE(agence internationale de l'énergie) ci dessous un résumé d'Antonio Turiel (Espagnol, gg translate marche pas mal), avec plusieurs graphiques clés du rapport :

http://crashoil.blogspot.fr/2013/11/weo-2013-anuncio-de-curvas-peligrosas.html

Et ne pas oublier que le "track record" de l'AIE est maintenant largement assez long pour vérifier leur sur optimisme systématique.

Mais même ce niveau d'information dans les medias : STRICTEMENT RIEN.

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