Gabriel Attal, Jean-Marc Morandini et les Bolloré-boys
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Gabriel Attal, Jean-Marc Morandini et les Bolloré-boys

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Gabriel Attal sourit. Un grand sourire, aux dents très blanches, un peu forcé sur les bords. Il se tient droit dans son costume bien propret. Sous le plafond de verre et les frises gravées de la salle des Tirages du prestigieux hôtel d'Evreux, place Vendôme à Paris, l'ancien premier ministre et président du groupe parlementaire Renaissance pose fièrement pour la photo, près des drapeaux français et européens. À ses côtés : Yannick Bolloré, son père, Vincent Bolloré, et le patron de Canal+ Gérald-Brice Viret, à qui Attal vient de remettre l'Ordre national du Mérite. Et celui qui prend la photo, puis qui la poste sur son compte Instagram, c'est Jean-Marc Morandini, le présentateur de CNews.

Morandini a également filmé le moment où, quelques instants plus tôt, Gabriel Attal décorait son patron, comme l'ont repéré les Garriberts du site les Jours. Le présentateur affiche toute sa loyauté de Bolloré-boy dans son message suintant la démesure : "Tellement fier d'avoir partagé ce moment de pure émotion, ce soir, pour Gérald-Brice Viret ! La fidélité, le talent, la droiture, l'amitié indestructible et l'écoute ! Ces choses qui manquent tant aujourd'hui dans le Paf ! Sa famille était là et tous ses amis ! Croyez-moi ça fait du monde !"

Rien d'étonnant à ce que Morandini, qui vient d'être à nouveau condamné en appel pour corruption de mineurs à de la prison avec sursis (la peine a été alourdie à deux ans), se sente redevable à son employeur, CNews et le groupe Canal, de ne pas l'avoir licencié. Un choix qui a forcé le groupe à dissimuler ses stagiaires de 3ème au présentateur, qui a interdiction formelle de justice de travailler avec des mineurs. Non, ce qui étonne, ce n'est pas que ce cliché ait été immortalisé par Morandini, pas plus que la présence de Christine Kelly ou même celle d'un autre milliardaire-et-patron-de-médias, Daniel Kretinsky, et de son bras droit Denis Olivennes, parmi les invité·es. Mais plutôt que Gabriel Attal, qui ne fait plus vraiment de secret de son ambition présidentielle, fraye avec le petit monde de Vincent Bolloré jusqu'à décorer l'un de ses plus fidèles lieutenants.

Sans s'être officiellement déclaré, Gabriel Attal s'est récemment affiché, au sens propre du terme, sur des posters qui fleurent bon la pré-campagne présidentielle de 2027. "Non au désordre ! Ni LFI, ni RN !", scandait son portrait en premier plan, sur des affiches qui ressemblaient davantage à une annonce de candidature qu'à la "campagne d'affichage pour le groupe Renaissance" qu'elles constituaient. Ni LFI ni RN, vraiment ? Vincent Bolloré ne cache pourtant pas sa volonté d'installer le RN au pouvoir, et a transformé tout son conglomérat médiatique d'extrême droite en une féroce machine de propagande pro-RN durant les élections législatives l'an dernier, comme vous le racontait alors ASI. Ce qui n'a pas empêché Gabriel Attal, ex-premier ministre de la République française, de considérer qu'un tel effort valait l'Ordre national du mérite. Ni LFI, ni RN, mais plus le RN quand même…

"Vincent Bolloré sera le faiseur de rois en 2027, et même les candidats de l'ex-bloc central le savent", analyse sur X le chercheur Alexis Lévrier. "Ils décoreront donc ses lieutenants, ils flatteront ses médias, et ils se précipiteront chaque semaine dans le JDD, où ils parleront d'islam et de «submersion migratoire»." Et oh, tiens, qui donc livrait au JDD "ses vérités, ses ambitions, ses mises en garde" en février dernier ? Gabriel Attal, bien sûr.

Le jeune Attal - de son vrai nom Gabriel Attal de Couriss, car il descend, par sa mère, de "Russes blancs", des nobles russes ayant fui à la chute du régime des Tsars - veut être roi. Enfin, pardon : président de la République. Quitte à inventer, pour ce faire, un nouveau régime politique : après la monarchie de droit divin, voici la présidence de droit bolloréen.

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