Incendies : pourquoi parler de "soldats du feu" est un problème
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Incendies : pourquoi parler de "soldats du feu" est un problème

Tous les samedis, l'édito médias de Pauline Bock, cette semaine signé Loris Guémart, envoyé dans notre newsletter hebdomadaire gratuite, Aux petits oignons : abonnez-vous !

Les "soldats du feu" sont de retour dans les médias, pour parler des incendies près de Narbonne et de Marseille. L'imaginaire guerrier est comme toujours de sortie pour évoquer le travail des pompiers face à ce qui devient un ennemi à combattre. Avec bien peu de rappels du caractère naturel et attendu des feux de forêt dans le Sud de la France - lorsqu'ils ne sont évidemment pas déclenchés volontairement - et de leurs conséquences dans des zones où l'urbanisation continue, décennie après décennie, de rapprocher les habitant·es des forêts qui s'embrasent. Comme nous le rappelaient d'ailleurs une anthropologue et un journaliste scientifique dans une émission dédiée à la couverture des incendies californiens en janvier 2025.

Autre travers médiatique de la couverture des incendies : l'urgence de raconter ce "combat" des "soldats du feu". La nécessité pour la plupart des rédactions d'y consacrer des reportages de terrain, resserant la focale journalistique au détriment de la big picture. Si certains médias font le choix de sujets dédiés au dérèglement climatique, ces contenus se trouvent noyés dans la masse de l'actualité, la vraie, entendez la progression ou la régression des feux, l'étendue des destructions, les inévitables victimes, le jargon des pompiers ou leurs moyens d'action.

Prenons donc le temps de faire émerger ces sujets. "Si on regarde dans les archives, ce lien entre augmentation des feux de forêts et réchauffement climatique est criant", écrivait l'Ina dans un article de 2022. "Le réchauffement climatique amplifie également ce terreau propice aux feux, en asséchant durablement la végétation", et "si des incendies exceptionnels ont brûlé près de 30 000 hectares de forêt en Gironde, d’autres lieux épargnés d’habitude, comme les Monts d'Arrée en Bretagne, ont aussi été en proie aux flammes", rappelait Ouest-France le 10 juillet dernier.

En voici d'autres : "Des départements peu touchés par les feux de forêt en France de plus en plus exposés, alerte un expert de l'Inrae" chez Franceinfo. "Ces incendies ne sont plus des anomalies : ils sont les symptômes visibles du réchauffement en cours", abonde un climatologue dans le Nouvel Obs. "Chaque citoyen ne peut plus se comporter en 2025 comme il se comportait dans les années 1970", par exemple... en allant se balader l'été en forêt dans le Sud de la France, pour éviter d'être pris dans les flammes ou de déclencher un feu, annonce sur LCI le porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers. Nouvelle normalité.

La difficulté des médias à rappeler systématiquement l'impact du dérèglement climatique sur les feux de forêts, en particulier dans les articles dits "d'actualité chaude" ou les directs, pourrait pourtant se résoudre par l'ajout d'un encadré-type, ou d'un rappel de quelques secondes à l'antenne. Pourquoi pas en utilisant ce récent contenu pédagogique de Météo France, qui rappelle que "Dans une France à +4 °C d'ici à 2100, le risque de feu se généralisera à l'ensemble du pays avec une forte aggravation dans la région méditerranéenne", et que "la saison des feux pourrait durer 1 à 2 mois supplémentaires dans certaines régions". Le lien est ici pour les rédactions intéressées.


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