Zut, on allait oublier l'économie réelle !
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Zut, on allait oublier l'économie réelle !




Et en plus, l'Etat va gagner de l'argent !
 
Les bourses remontent, les bouchons de champagne sautent, le politique revient à toute allure, l'Europe passe le turbo, on va fouetter les traders, et en plus, avec son plan à 360 milliards, l'Etat va gagner de l'argent ! C'est Fillon qui l'a dit à Ferrari. Et personne pour le contredire. Ce doit donc être vrai. Pourquoi n'y a-t-on pas pensé avant ?

Je ne sais pas si vous avez remarqué une constante, ces derniers jours, dans les journaux télé et radio: à un moment, le présentateur demande "et à propos, la crise se ressent-elle déjà dans l'économie réelle ?" L'économie réelle, c'est le contrepoint un peu ennuyeux, mais incontournable, du feuilleton. C'est la tante de province qu'il faut bien inviter au mariage. A un moment donné, il faut abandonner les rebondissements à adrénaline, les montagnes russes de la Bourse, les plongeons vertigineux, les remontées acrobatiques, les compte-rendus de réunions de crise, l'épopée sarkozyenne, les états d'âme d'Angela, les portraits de Warren Buffet, la vitupération des parachutes dorés, pour aller faire un tour dans l'économie réelle. Un petit tour, promis, cinq minutes, pas davantage, parce qu'on s'y ennuie ferme, dans l'économie réelle. L'économie réelle est un immense réservoir d'histoires pas drôles, impropres à briller en société, et à être repris dans les revues de presse.

Ils ont tort, les confrères. L'économie réelle est toujours riche d'enseignements. Le Monde, sur une pleine page, a décidé d'aller l'observer de près, l'économie réelle. Et plus précisément à Pontvallain (Sarthe). Que se passe-t-il à Pontvallain ? La reporter Elise Vincent recense des histoires toutes simples. Le maire "avait trouvé un restaurateur pour rouvrir l'un des bistrots du bourg et redynamiser du même coup la commune. Mais le postulant n'a jamais pu s'installer. Il y avait de lourds travaux de mise aux normes. On lui a refusé ses emprunts - "Il a fait plusieurs banques pourtant !". Ce scénario s'est répété quelques jours plus tard avec un traiteur, candidat malheureux à une ouverture de boutique. Et le notaire, victime collatérale du marasme immobilier, qui s'ennuie dans son étude aux volets blancs. Et la femme du buraliste qui ne verse plus toute la recette à la banque, "et ne culpabilise même pas". Personne ne s'est suicidé à Pontvallain. Personne n'a empoisonné la rivière. Mais il est indispensable que le regard des médias, de temps à autre, le temps qu'il faut, se pose aussi sur l'invisible.

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