Police, armée, gendarmerie : frémissements dans l'appareil
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Police, armée, gendarmerie : frémissements dans l'appareil

À l'heure matinale où j'écris, de nombreuses questions se posent encore, à propos de la mise en examen le 22 octobre de Rémy Daillet pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle". Selon les enquêteurs, cités par le Parisien, ce quinquagénaire était à la tête d'un plan de coup d'État, baptisé "Opération Azur", et visant à s'emparer quelques heures de l'Élysée par la force. De nombreux éléments du dossier accréditent la thèse, rassurante, d'une opération pieds nickelés, comme on en démasque régulièrement chez les têtes brûlées de l'extrême-droite. Ainsi, par exemple, le même réseau avait projeté au printemps dernier l'enlèvement de la petite Mia, pour la soustraire aux "réseaux pédo-criminels de l'État"

L'affaire ne mériterait pas une attention excessive, si le groupe n'incluait pas la complicité de militaires d'active. Parmi les "capitaines de région" nommés par Daillet, figurent, selon le Parisien, "beaucoup de policiers, gendarmes et militaires en activité, y compris à l’étranger". Des pieds nickelés avec entraînement militaire, complicités dans l'armée, et un arsenal à disposition, sont-ils encore des pieds nickelés ? Tous les médias qui, ce matin, reprennent les infos du Parisien placent l'affaire dans la rubrique "complotisme", au motif que, dans les cibles des vidéos de Daillet, figurent aussi la 5G, ou la vaccination contre le Covid-19. Pourquoi complotisme ? Pourquoi pas "terrorisme" ? Le parquet n'a pas de ces pudeurs.

Bien moins médiatisée a été la révélation, ces derniers jours, par Médiapart, que des préfets ont suivi une journée formation dans les locaux de la chaîne Bolloré CNews (formation notamment assurée par les stars maison Sonia Mabrouk, Christine Kelly, Mathieu Bock-Côté et Pascal Praud, Zemmour avait sans doute piscine). Côté ministère, cette journée était organisée par le préfet Éric Freysselinard, directeur de l'Institut des hautes études du ministère de l'Intérieur (IHEMI) et du colonel Sylvain Renier, directeur de la stratégie des risques et des relations internationales du même IHEMI. Selon l'enquête de Mediapart, les deux ne cachent pas, sur les réseaux sociaux, leurs sympathies pour les thèses de CNews. Le cabinet du ministre Darmanin, assure Mediapart, "n'avait pas été prévenu en amont".

Ces deux épisodes sont à relier aux appels putschistes de généraux du printemps dernier ou, ces jours-ci, à l'affaire des débordements racistes de la Bac Nuit de Nancy. Non pas que les personnes impliquées soient les mêmes. Sans doute, à l'heure actuelle, ne se connaissent-elles même pas. Mais l'aimant attire la limaille. Si un·e candidat·e d'extrême droite accédait à des responsabilités, ce que l'on aurait bien tort d'exclure, cela se terminerait dans la rue. Ce n'est pas un souhait, ni une prophétie. C'est une analyse raisonnée. Le rôle de l'appareil sécuritaire (maintien de l'ordre, armée, renseignement) sera donc décisif, dans la sauvegarde des institutions républicaines. C'est pourquoi tout mouvement tectonique, même le plus anodin d'apparence, mérite d'être soigneusement consigné.

PS. Les termes "Poussé dans ses retranchements", que j'ai utilisés dans le matinaute d'hier, à propos du grand rabbin Haïm Korsia et de l'antisémitisme de Zemmour, sont contestés sur les réseaux sociaux. Il faut écouter l'extrait dans son contexte (ici à 1'46''). Le grand rabbin refuse d'abord de répondre aux questions sur la judéité de Zemmour, faisant mine de ne pas savoir si Zemmour est juif. Il est interrompu par Thomas Sotto : "Est-ce qu'il est raciste, Éric Zemmour ?" Après une demi-seconde d'hésitation, il répond clairement : "Antisémite certainement". Disons que, manifestement pris au dépourvu, il a exprimé une pensée parfaitement claire.

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