Olivier Marchal et les Pépito : pleurer flic
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Olivier Marchal et les Pépito : pleurer flic

Comédien et réalisateur, Olivier Marchal fut flic, naguère. Depuis, il a filmé des flics ("36", avec Auteuil et Depardieu, a été rediffusé la veille sur France 2). Aujourd'hui encore, à 62 ans, il pense flic. Il ressent flic. Sans doute qu'il rêve flic. Et il pleure flic. Il reste ce flic de 27 ans, qui a offert une boîte de Pépito à un gamin de dix ans, agresseur sexuel en groupe d'une fillette de neuf ans, "tous d'origine maghrébine, mes propos ne sont pas orientés" après lui avoir dans un premier temps "balancé une tarte". 

Le texte qu'il a publié dans la journée de lundi, et qui lui vaut d'être invité ce soir à BFM par Bruce Toussaint, est titré "larmes de flic".  Car la planète flic est au bord de la dépression. Dans la journée, Christophe Castaner a annoncé que les collègues n'auraient plus le droit d'étrangler les suspects pour les arrêter. Que les flics seraient suspendus en cas de "soupçon avéré" de racisme. L'effet de souffle de George Floyd a provoqué une vague de révélations sur le racisme policier. 

Depuis quelques jours, BFM a pris la vague Adama Traoré. BFM n'est plus BFM. Au début de l'émission de Bruce Toussaint, une policière maghrébine anonyme a témoigné de l'ambiance qu'elle a découverte, à son entrée à l'école de police : "Bougnoules, youpins, négros, c'est normal pour eux. Et si on n'accepte pas, c'est qu'on n'a pas d'humour. Je me suis demandé si je n'avais pas fait le mauvais choix."

Arrive donc Olivier Marchal, comédien, réalisateur, et proto-flic. On ne connaît pas sa tête. En temps normal, ce sont les gros durs des syndicats qui expriment la police profonde. Mais dans la journée, tous les gros durs des syndicats ont retweeté son texte. Les gros durs ont bien compris que les larmes de Marchal sont bien plus télégéniques que leurs roulements de biscottos. Par la voix cassée de Marchal, c'est toute la police qui pleure. La police qui, dans sa majorité, veut "servir et protéger". La police qui, de temps à autre, "craque", et c'est bien humain, quand on vit dans la merde et le vomi. La police qui, en son sein, ne compte que "5%" de types qui "déconnent" (évaluation Marchal), à moins que ce soit "0,001%" (évaluation Toussaint).

De longues minutes durant, dans un silence religieux, Marchal psalmodie la police de sa jeunesse, cette fabuleuse princesse des contes, tartes et Pépito, protéger et servir. Mais où est donc passé le souvenir de la policière d'origine maghrébine du début de l'émission ? En bandeau, tandis qu'il parle, BFM rappelle le cas de Gabriel, 14 ans, tabassé par la police pour une tentative de vol de scooter, dont on voit depuis la veille le visage tuméfié, et à propos duquel même Castaner s'est dit "troublé". Toussaint va-t-il le ramener à aujourd'hui, au réel ? Oui. Doucement, tout doucement, Toussaint risque le gros mot. "L'affaire Adama Traoré, tout de même, il y a un problème ! Est-ce que la police ne s'est pas durcie, depuis votre époque ?" "Je peux pas répondre, je suis pas documenté."

Bruno Jeudy se lance à son tour : "Vous en voulez à qui ? Aux politiques ? Aux dirigeants de la police ?" Un silence. Pas de réponse. Reprise de la boucle : "Moi, j'ai fait ce métier pour servir et protéger." Il est au bord des larmes. Larmes de flic. Toussaint, lançant son arme lourde : "Pourquoi ne pas croire à la sincérité d'Omar Sy, qui sait ce qu'est le racisme ?"  Omar Sy, en effet, vient lui aussi de publier dans L'Obs un appel contre les violences policières. Marchal : "Ah bon ? Moi je paie mes impôts en France". Omar Sy, en effet, vit en Californie. La tarte, sans les Pépito.

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