Le Monde, les vies humaines, et les calculettes
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Le Monde, les vies humaines, et les calculettes

Obscurantistes que nous sommes, nous ne nous étions jamais posé la question du coût de la vie. Précisons : du coût d'une vie. Non, pas l'augmentation des prix du pain et du billet de train, non. Du coût d'une vie humaine. Combien coûtons-nous ? Combien coûte votre vie ? Et la mienne ? Sous la plume d'une nouvelle recrue, Elsa Conesa, transfuge du journal Les Échos, Le Monde se propose ce matin de combler cette lacune. Une vie coûte trois millions d'euros. Disons, plus imprécisément, entre deux et cinq millions d'euros. Selon l'âge ? Les qualifications professionnelles ? Le QI ? Les comorbidités ? Je n'ai pas parfaitement compris. De même, je n'ai pas parfaitement saisi, je l'avoue, cette notion de coût d'une vie. Le coût de ma vie représente-t-il ce que la société a investi sur ma personne ? Ce que je vais coûter au système de santé si je meurs prématurément ? Si je suis malade ? Si, bien portant, j'œuvre quarante ans pour augmenter le PIB ? Elsa Conesa ne précise pas sa définition du coût d'une vie. Mais ce n'est pas l'essentiel de cet article.

L'essentiel de cet article, c'est d'instiller en douce l'idée que le "quoi qu'il en coûte" de Macron, ça commence à bien faire. Au début, c'était sympa, rafraîchissant. Mais aujourd'hui, au troisième confinement, il faudrait commencer à sortir les calculettes. Quel scandale, s'écrie Elsa Conesa, que le Conseil scientifique ne comporte aucun économiste, "alors qu'il inclut une anthropologue et un sociologue". De grâce, donnez-leur une calculette, à tous ces "enfermistes", comme dit Pascal Praud. Par exemple, celle de Christian Gollier, co-fondateur avec Jean Tirole de l'École d'économie de Toulouse, cité trois fois dans l'article (et seul intervenant cité sous son nom).

Même si le mot "dette" ne figure pas dans le texte, cet appel public aux calculettes est sous-tendu par l'idée, récurrente, qu'il faudra bien payer la facture un jour, idée dont Bercy s'efforce d'entretenir la flamme vacillante dans les médias français. Vacillante, car cette idée ne va pas de soi. Elle fait l'objet, depuis un an, d'un débat inépuisable entre ceux qui pensent qu'il faut déclarer solennellement que cette dette du Quoiqu'il en coûte ne sera jamais payée, et ceux qui pensent qu'il ne faut pas la payer, mais surtout sans le dire, pour ne pas alerter lémarchés. Je ne pense pas caricaturer le débat.

A propos de Quoiqu'il en coûte, j'apprends dans le même numéro du Monde qu'un nommé Joe Biden s'apprête, aux États-Unis, à proposer d'investir 2000 milliards de dollars dans les "infrastructures vieillissantes du pays" (ponts, autoroutes, etc, qu'il importe d'adapter au changement climatique, par exemple en les surélévant). Cette somme s'ajoute aux 1800 milliards de dollars du plan de sauvetage de l'économie du fait du COVID. Pour financer ce plan, les impôts sur les sociétés grimperaient de 21 à 28%.  Pire encore, sous la plume de son correspondant aux États-Unis Arnaud Leparmentier, Le Monde semble approuver ce plan. Étrange laxisme. Qu'en pense-t-on à l'École d'économie de Toulouse ? Y a-t-il une calculette à la Maison Blanche ?


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