Climat : formation express pour députés
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Climat : formation express pour députés

PARIS 7e. Le premier jour, seule une députée s'est pointée au barnum : Danielle Simonnet, élue LFI de la 15e circonscription de Paris. Les 35 scientifiques du GIEC mobilisés, à deux pas de l'Assemblée, pour "former" les nouveaux élus aux enjeux du climat, ont commencé à avoir chaud, et la canicule n'y était pour rien. Mais c'est seulement parce qu'avant l'heure, ce n'était pas encore l'heure. Le mardi soir, ils frisaient la soixantaine, soit un député sur dix, incluant les stars de la Nupes (Mélenchon, Ruffin, Panot, Legrain, Chikirou), quasiment tout le groupe EELV, et une poignée de Renaissance.

Trente minutes d'échanges entre scientifiques et élus pour briefer ces derniers. Ou, parfois, échanger de manière plus égalitaire. Si quelques vétérans ont semblé aux scientifiques s'acquitter d'une corvée, sur le mode "je suis là parce qu'on m'a rabattu ici. Tant que la Chine ne fera rien, on pourra rien faire", autour des tables, en petit comité, ça bataille ferme. Le député LREM des Français d'Europe de l'Est Frédéric Petit, par exemple, trouve injuste les attaques contre Macron suite à la double condamnation de la France pour inaction climatique. "C'était principalement de la faute du gouvernement d'avant. Mais allez expliquer ça en pleine campagne électorale. On a quand même fait des choses..." "Pas assez ! Et si on regarde l'empreinte carbone..." tente Goneri Le Cozannet, spécialiste de la montée des eaux. "Ah non, faut pas confondre !" C'est le député qui recadre le scientifique sur la différence entre bilan carbone (les émissions issues d'un territoire délimité) et empreinte carbone (les mêmes, en y ajoutant les émissions liées aux importations, et en retranchant les émissions liées aux exportations). À ma grande honte, on m'aurait demandé, j'aurais peiné. J'ai appris quelque chose.

L'idée du barnum Mandat Climat est née d'un déjeuner entre Matthieu Orphelin, député qui ne s'est pas représenté (notre invité ici) et le climatologue et auteur du GIEC Christophe Cassou. En 2018, les deux complices en "coups" avaient monté le train du climat. En 2019, ils ont fait venir Greta Thunberg à l'Assemblée, dans une inimaginable foule de caméras. Mais du chemin reste à parcourir. En 2020, rappelle Orphelin, selon une enquête de l'Adème, 21 % des parlementaires pensaient encore que l'origine anthropique du dérèglement climatique est "une hypothèse sur laquelle les scientifiques ne sont pas tous d'accord" ("mais cela inclut les sénateurs" relativise l'ex-député).

Autour des tables virevoltent encore des équipes de télé, presque autant que de députés. "Davantage de journalistes qu'à la remise du dernier rapport du GIEC" constate, mitigé, Christophe Cassou. Davantage que la "formation", cette médiatisation est un des bénéfices annexes de l'opération, peut-être même le principal. Il est vrai que ce concept de "speed formation" est médiatiquement plus alléchant, et que le moment de la rentrée parlementaire est bien choisi. Autre avantage, le barnum permet aux scientifiques de se rencontrer entre eux. 

Voire, pour le chroniqueur, de rencontrer ses sujets de billets. Soudain, je réalise que ma voisine de table est la députée LREM de Levallois (92), Céline Calvez, celle-là même qui proposait sur France 5 "d'aller chercher des voix du RN", et incarne depuis, avec quelques autres, la macronie prête à s'allier à l'extrême-droite. J'en parlais ici hier matin. Alors ? Comment se sent-elle ? Bougonne.  On l'aura mal comprise. Elle en veut au community manager de France 5, dont le tweet aurait trahi sa pensée. Vérification faite dans le replay, sa pensée n'a pas été trahie du tout. On cause science, soyons rigoureux.

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