"Viol par un OQTF" : en finir avec le cliché du silence féministe
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"Viol par un OQTF" : en finir avec le cliché du silence féministe

Le témoignage de Claire Geronimi, un cas d'école d'instrumentalisation

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Comme à chaque fois qu'un agresseur est étranger ou racisé, la droite et l'extrême-droite instrumentalisent le viol. En décembre, le témoignage de Claire Geronimi, victime d'un viol dans son hall d'immeuble, n'a pas fait exception : en pleine séquence sur la loi immigration, il a servi l'opportunisme médiatique. Les féministes ont été accusées de garder le silence. Peut-on critiquer le discours politique d'une victime sans être accusé·e de remettre en cause son histoire ? Pourquoi les accusations de "silence" féministe sont-elles si trompeuses ? Tentative d'analyse.

Le 18 décembre, BFM et CNews ont diffusé le même témoignage quasi simultanément. Trois mots-clés : "Claire", "viol", "OQTF". Comme tous les témoignages de viol, celui de "Claire" , violée dans un hall d'immeuble par un immigré visé par une obligation de quitter le territoire français (OQTF), est glaçant. L'agresseur a été retrouvé et interpellé le jour de l'agression, alors qu'il avait violé une autre femme juste avant Claire.

Opportunisme médiatique

BFM et CNews exploitent le témoignage jusqu'au soir. BFM y consacre un débat entre Violaine De Filippis (porte-parole d'Osez le Féminisme) et Thaïs d'Escufon - présentée comme "influenceuse politique", mais surtout ancienne porte-parole du groupuscule d'extrême droite Génération identitaire. Sur Europe 1Laurence Ferrari nous gratifie d'un plateau 100% masculin. CNews est en boucle toute la journée.

Ce choix éditorial des chaînes d'info ne peut être décorrélé de l'actualité de ce 18 décembre 2023 : députés et sénateurs se réunissent en commission mixte paritaire (CMP) afin d'adopter une nouvelle version du texte de la loi immigration. Daniel Schneidermann s'interroge : "Sans nier les faits, ni la souffrance de la victime, cas d'école d'emballement opportuniste, à quelques heures de la commission mixte", note-t-il. Il accole à son tweet le hashtag #papyvoise en référence à l'emballement médiatique autour d'un fait divers survenu peu avant le premier tour de l'élection présidentielle de 2002. Certains accusent BFM d'avoir "choisi son camp", comme le tweete le conseiller de Paris Jean-François Martins : "Ce choix ne peut être anodin".

Une chaîne d'info en continu a des impératifs : il faut combler l'antenne lorsqu'on attend une "annonce". Disposer d'un témoignage fort en lien avec cette actu, c'est l'assurance de donner de la "matière" aux toutologues en plateau. Ces considérations n'exonèrent en rien BFM de son choix éditorial, encore moins lorsque l'on sait qu'elle tourne en boucle dans les bureaux de l'Assemblée. Mais peut-on pour autant parler d'emballement médiatique ?

Le témoignage de Claire Geronimi n'est pas inédit : la veille, 17 décembre, on le retrouvait dans le Figaro. Un mois plus tôt, le 20 novembre, la jeune femme de 26 ans était déjà invitée chez Cyril Hanouna dans Touche pas à mon poste ! sur C8. Depuis, celle que les animateurs TV n'appellent plus que par son prénom est passée chez Apolline Matin sur RMC (19 décembre) ainsi que dans la matinale de Radio Courtoisie le même jour, puis de nouveau dans le Figaro TV le 22 décembre. Son témoignage a aussi fait l'objet de reprises dans la presse régionale

Récupération politique indigne

Un témoignage aussitôt instrumentalisé politiquement, comme c'est (presque) toujours le cas lorsqu'un fait divers implique des personnes racisées ou étrangères. L'objectif est limpide : utiliser l'agression pour mettre en lumière la question des OQTF et stigmatiser les immigrés en généralisant sur le viol de Claire. Le tout tartiné d'une bonne grosse couche de racisme.

Les figures habituelles de droite radicale et d'extrême-droite se précipitent : "Les immigrationnistes sont responsables de ces viols", accuse Samuel Lafont, porte-parole de Reconquête. "Derrière chaque drame, chaque viol, chaque coup de couteau, il y a le crime de laxisme face à l'immigration sauvage", tweete Julien Odoul. "C'est aussi pour [Claire] et les autres que nous nous battons avec le texte immigration voté au Sénat", commente la sénatrice LR Valérie BoyerDavid Lisnard, Damien Rieu, Marion Maréchal réagissent également. Les médias de droite radicale, comme le curateur d'extrême droite Fdesouche, TV Liberté (fondé par des anciens du RN), le site Boulevard Voltaire, Radio Courtoisie, Livre Noir ou encore Valeurs Actuelless'emparent illico de l'histoire.

Dans les commentaires, le traumatisme de Claire sert de prétexte pour répandre les saillies racistes. Sur BFM, Thaïs d'Escufon ose même déclarer que "le principal danger pour les femmes, ce sont les hommes immigrés, africains, noirs et arabes", provoquant la saisine du Procureur de la République et de l'ARCOM par la DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT).

"Pourquoi préciser que l'agresseur est sous OQTF ? Une agression commise par un étranger est-elle plus grave que celle commise par un Français ?" questionne Rafik Chekkat, fondateur de la plateforme islamophobia.fr. À son message, de nombreux internautes répondent que si l'obligation de quitter le territoire avait été appliquée, le viol n'aurait pas eu lieu. Mais si c'est factuellement vrai, cela occulte complètement les enjeux des violences sexistes et sexuelles (VSS) en France en se focalisant sur un cas particulier. Rappelons, puisque cela semble nécessaire, que la presse regorge d'histoires de personnes étrangères absolument irréprochables, ou réellement menacées dans leurs pays d'origine, et pourtant visées par une OQTF (au hasard, ici, ici, ici, ou encore ici).

Méta-emballements

Toutes celles et ceux qui osent pointer le choix éditorial et le timing politique des chaînes d'info récoltent tombereaux d'insultes et procès d'intention à gogo. "Vous réclamez l'injonction au silence pour les victimes de viol ?" fait mine de questionner Damien Rieu sous le tweet de Daniel Schneidermann, qui se fait traiter de "monstre" provoquant "la nausée". "Vous n'avez pas honte ?" renchérit Samuel Lafont. Même tarif pour Jean-François Martins, tour à tour traité de "sac à merde" et de "sale pourriture gauchiste".

Dans le même temps est fantasmé un silence médiatique : "L'odieux visuel de sévices publics en a fait des tonnes contre Depardieu (...) Mais du viol de Claire par un OQTF ou d'une handicapée de 70 ans par un migrant, il s'en cogne", vocifère Gilles-William Goldnadel. "Il n'y a rien sur votre site concernant le viol de Claire par un OQTF ?" réclame Pierre Sautarel, le fondateur de FDesouche, sous une publication de Franceinfo à propos du quotidien des sans-papiers sous OQTF.

Dans sa chronique matinale pour Radio Courtoisie du 18 décembre, l'égérie médiatique d'extrême-droite Juliette Briens compare, elle aussi, l'histoire de Claire Geronimi avec le cas Depardieu : "Les victimes des mains au cul de Depardieu auront tout le loisir des plateaux TV, des tweets de Mathilde Panot, des articles dans Mediapart, de la reconnaissance du Service public mais les filles comme Claire n'ont le droit qu'à un pauvre petit article en bas de page d'un journal régional et au silence des féministes". Avant de citer l'article du Figaro dans lequel elle a lu l'histoire de Claire et alors qu'au même moment, son témoignage est matraqué dans les matinales de BFM et CNews. Grotesque, mais idéologie raciste et honnêteté intellectuelle ne font pas bon ménage.

Le serpent de mer du "silence féministe"

Un autre prétendu silence obsède les commentateur·ices de droite dure : celui des "néo-feministes".

C'est tout le sens de la chronique de Juliette Briens, qui déroule sa définition très personnelle de l'intersectionnalité : "En haut de la pyramide des victimes ce sont les musulmans, s'ils sont migrants ils sont intouchables, les féministes ne disent pas un mot. (...) Tout en bas y'a les hommes blancs cis hétéro". Pour notre grande analyste des VSS, "les victimes du haut ne peuvent pas être les agresseurs des victimes du bas, sinon la pyramide s'effondre". La chroniqueuse s'indigne de n'avoir trouvé aucun tweet sur la page d'Osons le féminisme "pour savoir quand aura lieu la marche blanche pour Claire" et poursuit : "J'ai essayé la page de Nous Toutes, rien du tout. Je me suis dit, quand même, Sandrine Rousseau a bien du faire un petit tweet". Même son de cloche chez CNEWS dans l'émission de Philippe De Villiers (oui, il a sa propre émission et y est carrément décrit comme un "pionnier du féminisme"), où l'animateur lance en introduction que "les féministes qui n'ont pas prêté attention à l'histoire [de Claire]". Pire, la jeune femme serait même "attaquée" parce qu'elle ose témoigner.

Claire Geronimi elle-même s'en plaint, tout comme Mathilde, la deuxième victime de l'agresseur, qui témoigne dans le Parisien"Aucune féministe de gauche n'est venue me contacter", regrette Claire dans une interview publiée par l'asso d'extrême droite Nemesis. "Je trouve ça déroutant et désolant qu'Osez le féminisme ait eu le temps d'écrire un tweet sur la condition des migrants mais pas de parler de mon histoire"Au Figaro, elle renchérit en déclarant que "la seule personne qui a bien voulu me recevoir, c'est monsieur Éric Zemmour" affirmant que les partis de gauche n'ont pas "voulu échanger" avec elle. La jeune femme va jusqu'à parler de "censure" : "Je trouve ça dommage que les féministes de gauche qui prônent la sororité ne parlent pas de toutes les agressions". Et revient encore au profil de son agresseur : "Sûrement parce que c'est un type d'individu qui ne les intéresse pas pour leur communication." J'ai pu m'entretenir avec Claire pour avoir des précisions. Elle dit avoir envoyé des messages sur les pages Linkedin et Instagram des "partis politiques de gauche" et reconnaît avoir eu l'entremise et les "contacts directs" qu'avec ceux de droite. La jeune femme dit avoir ressenti beaucoup plus de sympathie "de gens qui étaient plus à droite que de la gauche" et que les "commentaires critiques de gauche n'avaient pas un mot" pour ce qu'elle a vécu : "Il n'y avait pas d'humanité".

Cette ritournelle réactionnaire du silence féministe s'appuie sur deux phénomènes. D'abord, la généralisation qui permet d'entretenir le flou et les accusations fallacieuses. Sur BFM, la porte parole d'Osons le féminisme est pourtant sans ambiguïté sur le fait qu'elle condamne "toutes les agressions"Cette thèse du prétendu silence coupable trouve ses racines dans les injonctions à soutenir ou s'indigner. L'on n'est pas seulement coupable de ce que l'on publie, mais aussi et surtout, de ce que l'on ne publie pas : c'est l'un des pires travers de Twitter et du militantisme en ligne. Les premiers à condamner cette ère de la vertu ostentatoire participent donc précisément à ce qu'ils dénoncent habituellement. Sans parler du fait qu'ils ont eux-mêmes une indignation à géométrie variable face aux VSS, qui ne les intéressent que lorsque les agresseurs sont étrangers.

Les accusateurs considèrent que les féministes devraient systématiquement apporter leur soutien à Claire. Dans cette logique, ne pas le faire devient le signe, au mieux qu'elles sont "lâches", au pire qu'elles considèrent que "ce n'est pas grave de se faire violer", que "ça n'existe pas les violeurs en OQTF" ou que Claire est "une mauvaise victime".

À ASI, Sandrine Rousseau explique qu'elle "ne commente pas chaque viol commis en France" car "c'est impossible : il y en a un toutes les 7 minutes". Elle intervient, dit-elle, "quand il y a une bataille à mener pour que la parole de la victime soit crue." Pour les cas comme celui de Claire, où l'agresseur a été arrêté et où les preuves ADN existent, elle estime que sa parole "n'a aucune plus-value". Ce que Claire dit comprendre, mais elle maintient qu'après la médiatisation de son témoignage, elle espérait recevoir quelques mots de soutien.

"Passionaria politique" malgré elle ?

Ce 18 décembre, le témoignage de Claire apparait aussi sur les comptes en ligne d'Éric Zemmour.

C'est un entretien de trois minutes avec Claire, pas tourné le jour-même et dont la date de diffusion n'est pas le fruit du hasard : "Claire incarne à la perfection la très grande lucidité de notre peuple sur l'immigration", clame Zemmour dans une récupération politique d'autant plus scandaleuse qu'il est accusé par huit femmes de comportements inappropriés et d'agressions sexuelles. Claire Geronimi me garantit qu'elle l'ignorait. Y serait-elle allée quand même si elle l'avait su ? "ça m'aurait fait réfléchir" assure-t-elle. Mais ce qui est réellement à blâmer, c'est bien cette instrumentalisation des VSS par un homme accusé... de VSS.

"Au-delà de la xénophobie et de l'instrumentalisation de la détresse des victimes, ce discours empêche la recherche de la vérité en matière de violences sexuelles. Il n'y mettra pas fin, surtout s'il est porté par des hommes accusés de violences et des partis misogynes", écrit très justement l'autrice féministe Rose Lamy après avoir précisé être "de tout coeur avec Claire, comme avec toutes les victimes de violences sexistes". La militante LGBT Sasha Anxty questionne un peu plus brutalement le choix de Claire : "Les viols sont commis dans tous les milieux sociaux, mais Claire fait le tour des médias en plein milieu du passage de loi immigration profondément raciste, afin de stigmatiser encore plus les étrangers et inciter à ce qu'il y a encore plus d'expulsions".

Le timing de son témoignage et la séquence politique et législative qu'il recouvre, Claire semble l'assumer. Celle qui me dit se situer politiquement au "centre droit", emploie d'ailleurs de nombreux éléments de langage propres à la droite radicale : "Le problème c'est que y'a beaucoup de personnes étrangères qui violent" (Radio Courtoisie) ; "Ce n'est pas un fait divers, c'est un véritable problème de société" (Le Figaro TV) ; "J'espère pouvoir porter un message fort sur le type d'agresseur" (Nemesis) ; "On a trop de laxisme envers ces immigrés qu'on accueille et ils prennent leurs aises" (Radio Courtoisie). Le discours politique ne laisse pas grand doute. Même Apolline de Malherbe le reconnaît sur RMC : "Vous êtes aujourd'hui dans un rôle quasiment de passionaria politique : vous avez fait de ce qu'il vous est arrivé le témoignage politique du moment face à la question de la loi immigration". Mathilde, la deuxième victime, confie d'ailleurs que ces sorties l'ont mise "mal à l'aise"Claire maintient que tout ce qu'elle dit "sont des faits". Mais quand je lui demande quelle était sa source lorsqu'elle affirmait dans l'échange avec Zemmour que "les trois quart [des viols] c'est par ce type d'individus", la jeune entrepreneuse reconnaît une erreur : "C'est un chiffre qu'on m'a donné et que j'ai répété, j'aurais pas dû".

Son engagement semble assumé dans ses premières interviews, où elle dit : "J'aimerais bien m'engager et pouvoir faire bouger les choses". Lorsque sur BFM, on demande si elle milite quelque part : "Pas encore mais je compte le faire". À Apolline de Malherbe qui lui demande si c'est le viol qui a réveillé chez elle ce témoignage politique, elle réplique : "J'avais déjà mes idées pré-établies mais ça renforce forcément ma vision politique des choses". Mais fin décembre, rétropédalage dans un échange avec Une Certaine Idée (le "média" des Républicains) : "Les médias – surtout de gauche – ont déformé mes propos en affirmant que je souhaitais m'investir en politique et que j'étais d'extrême-droite, mais pas du tout."  C'est "la gauche", dit-elle, qui "politise pour ne pas voir la réalité". Difficile au passage de savoir de quels "médias surtout de gauche" parle Claire. Lorsque je lui demande si elle a changé d'avis dans son souhait de s'engager politiquement, Claire Geronimi m'assure qu'il n'en a jamais été question. Elle plaide la confusion - les caméras l'ont impressionnée, dit-elle - et assure qu'elle veut s'engager pour les femmes victimes. "Le problème c'est que la gauche comme la droite ont utilisé mon histoire pour se taper dessus et moi j'étais entre les deux," soupire Claire, en regrettant que son témoignage ait été instrumentalisé par les médias comme les politiques. Elle me tient un discours bien moins marqué politiquement que ce que j'ai lu partout. Mais l'enjeu de la séquence médiatique et politique n'est, à mon sens, pas là.

Instrumentalisation des concepts féministes et démagogie victimaire

Il est évident que ce qu'a vécu Claire Geronimi est ignoble. Que son viol n'est pas moins grave qu'un autre. Qu'il n'est pas possible de ne pas éprouver une profonde empathie pour cette jeune femme. Qu'il faut souhaiter que son agresseur soit condamné et qu'elle obtienne réparation. Il n'existe pas de bonne ou de mauvaise victime, de même qu'il n'existe pas de bons ou de mauvais agresseurs. Il existe des agresseurs. Ils doivent être dénoncés et jugés, quels qu'ils soient.

Pourtant, la sacralisation du discours des victimes est tout aussi problématique que leur essentialisation. Pas dans le sens où l'on croirait trop facilement les victimes, puisqu'on ne les croit toujours pas assez. Mais dans le sens où, ici, la démagogie victimaire est utilisée à des fins politiques. Les critiques qui visent le traitement médiatique du témoignage de Claire et son instrumentalisation politique ne sont pas du tout des remises en cause de son viol, contrairement à ce qu'insinuent certain·es. Personne, nulle part, n'a mis en doute sa parole. L'instrumentalisation du concept féministe de sororité contre les féministes elles-mêmes est une réaction malhonnête utilisant le sophisme de l'épouvantail, un classique des comportements en ligne que j'évoque dans chaque chronique ou presque.

La jeune femme le dit, son combat est "double" : l'OQTF et la prévention du viol. Mais la façon dont son histoire est présentée laisse penser que le discours politique anti-migratoire est tout aussi important, si ce n'est plus, que celui sur les VSS. Elle me dit aujourd'hui que ce n'était  pas son intention. J'ai le sentiment qu'elle a, d'une certaine manière, été dépossédée de son témoignage, broyé par la séquence médiatique et législative qu'il a servi à illustrer. Ses propos sur la prévention ou l'aide psychologique apportée aux victimes sont quasiment absents des citations mises en avant par les médias. Dans TPMP, un mois avant l'emballement de mi-décembre, Claire ne parle pas d'immigration, mais de la nature du viol, dont on a tendance à oublier qu'il recouvre tous types de pénétrations. Dommage que cet angle n'ait pas davantage intéressé les journalistes.

Alors que Zemmour, D'Escuffon, Briens et consorts dénoncent un silence féministe coupable censé "couvrir" les violeurs racisés, les féministes disent autre chose. Au-delà de la stigmatisation des étrangers qu'il porte, elles déplorent que le discours ambigu de Claire - et surtout de celle·ux qui le récupèrent - minimise, voire invisibilise le problème central des viols. Plus de neuf victimes sur dix connaissent leur violeur ; les conjoints et ex-conjoints représentent près de la moitié des agresseurs. C'est aussi le propos de Sandrine Rousseau, qui "refuse de donner corps à toute prise de parole laissant à penser que l'insécurité sur les VSS vient des étrangers, racisés ou musulmans" car "les VSS sont commises par les hommes de tous bords, toutes religions, toutes couleurs, toutes nationalités".

Pour réellement lutter contre les VSS, il est essentiel de lutter aussi contre les stéréotypes du viol dans les récits médiatiques. Rappeler les faits, ce n'est pas être contre Claire ou absoudre son agresseur : c'est être du côté de toutes les victimes de viol, sans géométrie variable.

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