Sarkozy, à perpète
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Sarkozy, à perpète

Claire Chazal interviewe Sarkozy. Relisons cette simple phrase :

on est en 2014, et Claire Chazal interviewe Sarkozy. On pourrait être dix ans, vingt ans en arrière, ce serait la même chose, sauf qu'il y a vingt ans, Claire Chazal interviewait Edouard Balladur, comme elle interviewe ce soir Sarkozy, même chose, même spectacle. Et nous, on est là, happés par le passé, rétro-aspirés par une force supérieure, condamnés à perpétuité à revoir le même film, soixante millions de condamnés à regarder Claire Chazal qui interviewe Nicolas Sarkozy. On est là, dans l'engrenage, sans dérogation, sans remise de peine possible, même pour bonne conduite.

Vers la fin de l'interview, arrive la question sur Bygmalion. Question, c'est beaucoup dire. Disons qu'elle articule une suite de mots qui ressemble à ça : "L'UMP, euh, a connu quelques vicissitudes, on a parlé de l'affaire Bygmalion, qu'allez-vous faire pour modifier cette image ?" Elle ne lui demande pas : "vous vous trouvez maintenant à la tête d'un parti qui s'est porté partie civile contre les dérapages de votre propre campagne, comment allez-vous gérer ce conflit d'intérêts flagrant ?" Non. Claire Chazal ne pose pas les questions, elle les dépose, sur la table, puis s'en désintéresse, plongeant dans sa liste pour déposer la question suivante à cinquante centimètres de la précédente exactement, des intervalles bien réguliers, vingt ans que ça dure, si on disposait verticalement toutes les questions déposées par Claire Chazal, on pourrait grimper sur la lune, ce qui serait peut-être une solution. Répond-il ? Evidemment non. Il répond sur...l'affaire Bettencourt, et la mise en examen pour faux témoignage de la comptable qui l'accuse, Claire Thibout, mise en examen dont aucun media n'aurait parlé, vous voyez bien, Mame Chazal, que toutes ces affaires, c'est bidon et compagnie. Et nous, on est là, en 2014, à souligner que Nicolas Sarkozy n'a pas répondu à la question de Claire Chazal.

Regarder à nouveau l'objet Sarkozy, la chose Sarkozy, les grimaces, les épaules, le gros plan déjà culte sur sa tête de Corleone pendant les sifflets contre Juppé, sa voiture en direct qui prend les couloirs de bus, cette chose innommable, de quoi Sarkozy est-il le nom, etc. On ne peut pas dire qu'ici, sur ce site, on vous ait beaucoup pollué, depuis deux ans, avec les silences de Sarkozy, les retours de Sarkozy, les calculs de Sarkozy, les confidences de Sarkozy portées par le perroquet Hortefeux. Faut-il recommencer ? Faut-il replonger ? Quand on a le choix, par exemple, entre le feuilleton Juncker (feuilleton à enjeu véritable) et le feuilleton Sarkozy (sans aucun enjeu), va-t-on devoir, de temps en temps, opter pour le second ? Hélas oui. Je ne sais pas quel crime on a commis, mais on a pris perpète.

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