Orange / Bergé / censure : Le Monde confirme
Brève

Orange / Bergé / censure : Le Monde confirme

Une censure chez Orange Studio, suivie d'un licenciement. Le 25 février dernier, Mediapart révélait que la filiale cinéma d'Orange avait failli ne pas co-produire un film sur Yves Saint Laurent pour ne pas déplaire à Pierre Bergé, au moment où Le Monde couvrait l'affaire Tapie-Lagarde et mettait en cause le PDG d'Orange, Stéphane Richard. Cette tentative de censure, qui a été suivie du licenciement de la directrice d'Orange Studio, avait été peu relayée par la presse. Un mois après les révélations de Mediapart, Le Monde publie finalement une enquête fouillée sur le sujet et donne la parole à l'ex-directrice d'Orange.



Comme toute nouvelle affaire ces derniers temps, celle-ci avait commencé par un fichier audio. Il y a un mois, Mediapart publiait l'extrait d'un message téléphonique de Xavier Couture, conseiller spécial de Stéphane Richard le PDG d'Orange, à la directrice générale d'Orange Studio, Frédérique Dumas. En substance, Couture demandait à Dumas de renoncer à co-financer un film sur Yves Saint-Laurent, contesté par Pierre Bergé. Si le financement du film a finalement été maintenu, cette tentative de censure pour s'attirer la bienveillance d'un journal mettant en cause le PDG d'Orange dans le cadre de l'affaire Tapie-Lagarde était un scandale potentiel. Etait, car comme nous l'avions constaté, l'affaire avait peu été relayée par la presse.

Un mois plus tard, dans une longue enquête (article payant), Le Monde revient sur l'affaire et donne la parole à Frédérique Dumas, l'ex-directrice d'Orange Studio, licenciée en février. Un licenciement lié à la tentative ratée de censurer le film ? Officiellement, non. "Son départ résulte d'un certain nombre de divergences de vues", assure Christine Albanel, l'ancienne ministre de la Culture devenue présidente du Conseil d'administration d'Orange Studio. Parmi les raisons de ce départ sont évoquées, entre autres, les pertes de la filiale ciné d'Orange, qui n'a jamais trouvé son équilibre financier en six ans. S'exprimant pour la première fois dans la presse, Dumas, qui poursuit son ancien employeur devant les prud'hommes et devant le tribunal de commerce, réfute ce motif : "Je ne nie pas qu'il y ait eu des pertes comptables. Mais, dès le départ, dans le business plan qui a préfiguré la création du “Studio”, les choses étaient claires : on savait qu'il n'était pas question de rentabilité, chaque film est une prise de risques, explique-t-elle. L'amortissement des pertes était conditionné à la création d'un catalogue, et à l'exploitation à long terme des films. Je constate d'ailleurs que ce reproche sur les pertes ne figure pas dans les motifs de licenciement".

Si Dumas ne précise par les raisons exactes de son licenciement, elle revient sur la tentative d'annulation du film sur Yves Saint Laurent : "Je confirme l'appel d'un proche de Stéphane Richard, Xavier Couture, me demandant de renoncer à ce projet, déclare-t-elle au Monde. Mais il est absurde d'imaginer que la rédaction du Monde allait changer sa ligne éditoriale si Orange renonçait à soutenir le film !"

Bergé, censure, Le Monde... pourquoi le quotidien ne s'est-il emparé de l'affaire qu'un mois après les révélations de Mediapart ? Selon nos informations, le journal voulait simplement prendre le temps d'enquêter et de creuser l'affaire, notamment en donnant la parole à l'ancienne directrice d'Orange studio qui ne s'était encore jamais exprimée. Coïncidence : l'article est publié le jour où le conseil d'administration d'Orange doit décider de renouveler ou non Richard à la tête de l'entreprise pour un nouveau mandat.

L'occasion de lire la chronique de Daniel Schneidermann : "De la compétition des scandales".

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