A iTELE, Bolloré reconstitue un nouveau comité d'éthique (Libération)
Le président et premier actionnaire du groupe Canal+, Vincent Bolloré, vient de mettre sur pied une instance chargée de veiller au respect de la qualité et de l’indépendance de l’information comme l’explique Libération ce mardi. Un comité d’éthique à iTELE? Une telle structure existait déjà depuis quelques années au sein de la chaîne. Sauf que cette instance au nom si prometteur est longtemps restée une structure fantoche comme l’expliquait @si en septembre 2015. A cette date, deux de ses trois membres, Julie Joly et Patrick Eveno avaient décidé de claquer la porte du comité pour contester la reprise en main brutale du groupe Canal par l’industriel.
Et sur les décombres d'iTELE voilà donc que Bolloré décide de réanimer ce comité de déontologie à iTELE, en sommeil depuis plus d'un an. Un comité qui "n’apparaît pas dans sa nouvelle composition comme un contre-pouvoir capable de résister à la volonté du milliardaire, mais plutôt comme un superviseur fantoche", note Libération qui dévoile ce mardi la composition de ce nouveau gardien de la déontologie maison, dont la première réunion s'est tenue le 30 novembre.
En tout, trois membres : la juriste Jacqueline de Guillenchmidt, ex-membre du CSA, du conseil constitutionnel et du conseil supérieur de la magistrature; la réalisatrice Michèle Reiser, ex-membre du CSA; et le magistrat Laurent Le Mesle, premier avocat général à la cour de cassation.
Les deux premières, Guillenchmidt et Reiser sont bien connues au sein du groupe Canal. Elles sont déjà membres du comité d'éthique de Canal+, à l'indépendance pour le moins contestée, comme nous l'expliquions ici. Ce comité avait été mis en place sous la pression du CSA en janvier 2016 et deux de ses membres avaient dû se désister suite à des accusations de conflits d'intérêt.
Guillenchmidt et Reiser, "on ne les a jamais entendu élever la voix ces derniers mois, ni contre l’arrivée de Jean-Marc Morandini sur i-Télé, ni lors des deux grèves menées par les journalistes de la chaîne, ni contre la nomination du businessman Serge Nedjar à la tête de la rédaction", constate Libé.
Quant au troisième, le magistrat Laurent Le Mesle, "son expérience dans les médias est nulle", note Libé. De fait cet ex-conseiller du président Chirac (2002-2004) a surtout fait parler de lui en 2006 lors de sa nomination au poste de procureur général de Paris. Une nomination perçue à l’époque par les syndicats de magistrats et par la gauche "comme un verrouillage de la justice, peu de temps avant la fin du mandat élyséen de Jacques Chirac", relatait Libé il y a 6 ans.
L'occasion de (re)lire notre enquête : "Surprise : iTELE a un comité d'éthique !"
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