Espionnage Internet : marche arrière du Washington Post ?
Brève

Espionnage Internet : marche arrière du Washington Post ?

Le Washington Post s'est-il trop avancé, dans les accusations d'espionnage Internet ? Le quotidien avait révélé ,jeudi un document secret de la National Security Agency (NSA) indiquant que celle-ci accédait à toutes les données de neuf géants du Net. Aujourd'hui les faits semblent plus nuancés: le Washington Post a retiré de la version en ligne de son article l'affirmation selon laquelle Google, Facebook et les autres participaient "en connaissance de cause" au programme Prism de la NSA. Le New York Times, lui, estime que Prism ne permettrait pas à la NSA d'accéder directement aux serveurs centraux des entreprises.

Les affirmations du Washington Post, aussi publiées par le Guardian britannique, reposent sur un document secret de la NSA, long d'une quarantaine de pages.

Selon ce document, via un programme appelé Prism, la NSA accèderait directement aux serveurs des entreprises. Celles-ci collaboreraient volontairement au programme. Ce document aurait été donné à la presse par un officier des renseignements, dont le nom n'a pas été révélé. Cet officier aurait été choqué par le fait qu'une agence comme la NSA ne respecte pas la vie privée des Américains.

Sur le site du Washington Post, l'article original mis en ligne le 6 juin, signé par six personnes, commence toujours de la même manière : "la National Security Agency (NSA) et le FBI accèdent directement aux serveurs centraux de neuf grandes sociétés américaines de l'Internet, pour surveiller conversations audio et vidéo, photographies, e-mails, documents et historiques de connexion qui permettent aux analystes de surveiller des cibles étrangères, selon un document secret obtenu par le Washington Post."

Mais il est indiqué que l'article a été mis à jour vendredi 7 juin. Et plusieurs sites d'information high-tech en ligne comme CNet, soulignent que le Washington Post a supprimé la mention indiquant que les neuf sociétés collaboraient de manière volontaire au programme Prism (participate knowingly in Prism operations).

S'appuyant sur deux sources anonymes, officielles, un "ancien officiel du gouvernement" et "quelqu'un qui sait directement comment les données sont obtenues de plusieurs sociétés" CNet assure que les géant du Net ne donnent accès qu'à des données limitées, sur demande précise et justifiée de la justice. Mais aucun officiel n'a publiquement démenti un accès de la NSA aux serveurs centraux des géants du Net. Un patron du renseignement a simplement avancé que l'article du Washington post comportait des "imprécisions", mais sans dire lesquelles.

"La collecte de données est présentée comme cruciale pour combattre le terrorisme" titre le New York Times de ce samedi, sur une colonne à la Une.

Concurrent du Washington Post, le New York Times donne une version plus nuancée. Selon le quotidien, même si les neuf sociétés ont toutes formellement démenti participer au programme Prism et tout en ignorer, en fait, à l'exception de Twitter qui a tout refusé, elles ont fait des concessions.

Elles ont discuté avec le gouvernement pour définir leur collaboration aux efforts de collecte de renseignements de la NSA et d'autres agences. Le New York Times est précis : les négociations avaient encore lieu ces derniers mois, et Martin E. Dempsey, le patron de l'état-major inter-armées est venu dans la Silicon Valley pour discuter de cette collaboration avec les PDG de ces entreprises comme Facebook, Microsoft, Google ou Intel, selon un participant à ces réunions.

De plus cette collaboration va quelquefois loin, toujours selon le New York Times. Certaines entreprises auraient donné un accès direct à un serveur sur lequel elles placent les données réclamées par l'administration qui peut ainsi les récupérer automatiquement.

Le quotidien cite l'avocat d'un des géants du Net (dont il ne dit pas le nom). L'avocat raconte que, récemment, un agent de la NSA s'est installé, pendant plusieurs semaines au sein du quartier général d'une de ces entreprises, pour surveiller un suspect et télécharger des données dans un ordinateur de la NSA.

En tout cas, comme le souligne le Washington Post, Barack Obama, a lui aussi tenté de corriger la mauvaise image de son administration au lendemain de ces révélations, qui s'ajoutent à l'espionnage des relevés téléphoniques de millions de clients de l'opérateur téléphonique américain Sprint, qui, elles, ont été unanimement confirmées.

Les agences gouvernementales, et l'administration Obama n'ont de cesse, depuis cette publication, de justifier leur action, vitale pour la sécurité des USA selon elles, tout en proclamant, sans donner de preuves, que la vie privée des citoyens américains est totalement respectée, et qu'ils ne sont pas concernés par cette surveillance qui ne vise que des étrangers.

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