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Viralité des contenus douteux : Facebook se défend

Un journaliste du New York Times a constaté qu'aux États-Unis, les liens les plus partagés menaient souvent vers des contenus aux informations douteuses. Facebook a démenti... en avançant des preuves auxquelles personne n'a accès. En France, les publications les plus partagées sont, en revanche, issues de médias traditionnels. Plongée dans les données de viralité du plus grand réseau social du monde.

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Que Facebook et les autres réseaux "sociaux" ne soient pas transparents, c'est tout à fait logique : les données de trafic sont la matière clé de leur modèle d'affaires, celle qui leur permet de gagner de l'argent en vendant des espaces publicitaires(...)

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Ce qui m'impressionne le plus en lisant les forums américains sur le sujet c'est l'hostilité délirante à laquelle fait face Facebook comparée à la mansuétude encore plus délirante auxquels ont droit tous les autres réseaux sociaux.


La manière la plus sure d'obtenir un record de downvotes sur reddit, et à la fois sur (le très Démocrate) r/politics et le (très Républicain) r/conservative, comme sur tous les forums plus radicaux (de r/socialism à r/trump) est de dire quoique ce soit de positif à propos de Facebook, par exemple relativiser les articles en tout genre et de toute provenance accusant la plateforme favorite des posteurs de photos de leurs gosses et chats tout autant que des relayeurs de fake news macédoniennes d'être le Diable.


Zuckerberg doit vraiment être une tête à claques mais il arrive à la fois à être l'ennemi public n°2 de la 'gauche' US, juste après Trump avec qui la moindre de ses décisions ou indécisions est décrite comme un signe de complicité, et régulièrement évoqué comme responsable d'un biais anti-conservateurs par la droite (avec même des appels à l'emprisonner pour sédition du coté des trumpistes hardcores comme Roger Stone). 

Un gars qui arrive à être autant détesté par les ennemis de la liberté d'expression des deux camps ne pouvant être totalement mauvais, ça en arriverait presque à me le rendre plutôt sympathique. :)


Presque parce que Facebook est certainement aussi pire que TikTok, Youtube, Instagram, Amazon* et autres pour ce qui est d'enfermer ses utilisateurs dans des bulles de confirmation (dont probablement des bulles de gauche disant que la plateforme avantage la droite, et de droite disant qu'elle avantage la gauche :) et de n'avoir pour vocation profonde que l'exploitation de leurs données au profit des annonceurs. Si je lui reconnaitrais le mérite d'être moins basé sur la viralité de la colère et la réduction du débat public à un échange de petites phrases que Twitter, ou de favoriser un peu moins les discours ouvertement haineux ou mensongers que les Chans, c'est à peu près ses seuls mérites.


Enfin tout ça me conduit à regarder avec circonspection les articles (hit pieces on dirait en anglais) s'en prenant à cette plateforme particulière plutôt qu'au phénomène global auquel elle participe, sachant qu'il y a tout un public qui n'attend que d'être confirmé dans sa conviction** qu'elle est la pire de toutes.


Dans le cas présent, je décèle un gros cherry picking dans l'idée de juger une plateformes aux messages qui y sont le plus partagés ou commentés (ce qui revient à interpréter tout partage ou commentaire comme un acquiescement***, ignorer le principe de la double viralité qui fait précisément la force des messages les plus controversés, à savoir qu'ils ont autant de chances d'êtres relayés par des critiques que par des fans, et que leur nombre de commentaires ne peut qu'exploser du fait des débats entre les deux****). 


Celle qu'utilise Facebook pour se défendre, n'est pas nécessairement meilleure pour ce qui est d'éviter cette confusion, mais au moins elle évite d'insister sur d'éventuelles exceptions spectaculaires en mesurant l'audience de pages plutôt que de posts particuliers,  des moyennes plutôt que des records.


Après je suis par contre d'accord sur le fait que toutes ces plateformes devraient offrir plus d'outils et de données permettant d'en estimer les tendances (au lieu de juste les vendre à leurs annonceurs) et influence des algorithmes.




* beaucoup oublient de citer les plateformes comme Amazon, tout aussi basées sur les algorithmes de recommandation que les réseaux sociaux, quand leur problème est évoqué. Pourtant si vous y achetez un livre classé comme de "philosophie politique" sur Amazon(us) vous aurez droit comme recommandation à celui qui fut longtemps en tête de ses ventes dans cette catégorie : "Qanon : An Invitation to the Great Awakening", tout un programme.


** conviction qui est issue j'ai l'impression surtout d'une forme générationnelle de politique identitaire : les plus grands détracteurs de Facebook sont des obsédés de l'opposition des "millenial" et "genZ" et des "boomers" (et genX et Y souvent confondus avec eux), et lui reprochent au fond avant tout d'être la plate forme où ils sont forcés de se coltiner leur grand mère qu'ils préféreraient certainement oublier dans son hospice. Ce qui n'est pas pardonné à Facebook c'est d'être passé du public étudiant de ses débuts à un public familial, et en moyenne plus âgé que celui des autres.

Après évidemment il y a les histoires genre Cambridge Analytica à gauche, ou son fact-checking confié à une immense majorité de médias pro-Démocrates, à droite, pour offrir aussi des arguments sur ses biais politiques à ses critiques, mais si on les pousse un peu ils en reviennent presque toujours à "c'est une plateforme de vieux", que ce soit pour reprocher à Facebook de participer à la manipulation de ces vieillards fragiles ou de ne pas faire confiance à leur "sagesse" en les abreuvant de fact-checkings.


*** on notera au passage que les "like" facebook ont été remplacés par une série d'émoticons dont au moins deux (colère et tristesse) peuvent être vus comme signe d'une appréciation négative, mais que ce n'est pas pris en compte par des méthodes qui ne mesurent que les interactions 


**** c'est particulièrement paradoxal d'utiliser cette méthode depuis qu'est apparue la culture du "ratio", consistant pour les détracteurs d'un message à essayer de faire en sorte que son nombre de commentaires et partages dépasse celui de son nombre de "likes", sur les platerformes n'offrant pas d'option "dislike" (Twitter qui est la plateforme la plus touchée par cette mode en est au point de considérer en ajouter une, commençant à se fatiguer d'une pratique renforçant la viralité des contenus les plus douteux)

Que Facebook et les autres réseaux "sociaux" ne soient pas transparents, c'est tout à fait logique : les données de trafic sont la matière clé de leur modèle d'affaires, celle qui leur permet de gagner de l'argent en vendant des espaces publicitaires. Bien sûr, ce n'est pas moral.

Deux réflexions :

1. A l'époque de la diffusion "papier" et "café du commerce", il n'existait pas non plus de transparence quant aux contenus les plus diffusés (j'évite sciemment le terme "information").

2. Qui dit large diffusion ne dit pas forcément large adhésion. On peut, c'est même courant, parler de quelque chose parce que ça vous irrite, ou pire.

Parce que sur internet, on peut compter, mesurer, on imagine qu'il est possible de savoir ce que les gens pensent et de le contrôler. C'est une illusion. C'est confondre l'existence d'une trace et le sens qu'elle peut avoir.


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