34
Commentaires

Suicide d'adolescente : les medias accusés de harcèlement...contre un collège

Emballement sur un suicide ? En janvier 2012, Pauline, une adolescente de 12 ans scolarisée au collège Jean Jaurès de Lens, se donne la mort. Les parents portent plainte contre l'établissement, estimant que l'équipe éducative n'a pas assez pris en compte le harcèlement dont elle faisait l'objet de la part de trois élèves. La plainte est classée sans suite. Revenant sur l'affaire, le documentaire Cas d'école, réalisé par l'auteur des Nouveaux chiens de garde avec l'équipe éducative du collège, analyse ce qu'il considère comme un emballement médiatique. Un documentaire qui n'aborde pas le fond de l'affaire et ne donne pas la parole à la famille.

Derniers commentaires

J'ai un peu regardé ce qui a été diffusé pour la journée du harcèlement: un documentaire et un plateau. C'était intéressant, cela permettait, je trouve, de réfléchir, et d'en parler avec ses propres enfants... C'est pour moi là tout à fait le rôle des médias, dans ce qu'ils ont de positif. Ce n'était pas que du voyeurime. Ce n'était pas caricatural, et dans le plateau un enseignant parlait d'une expérience vraiment intéressante: au lieu d'engueuler les harceleurs, le proviseur faisait venir le "leader" (il y en a presque toujours un) dans son bureau, et parlait avec lui de la façon dont on pourrait aider la "victime" (sans jamais l'accuser ou dire qu'il savait qu'il était le leader responsable des persécutions, en disant qu'il était au courant des problèmes sans désigner de coupable) et l'amenait à proposer de lui-même des solutions... car les harceleurs sont souvent enfermés dans leur propre harcèlement, sans moyen d'en sortir, et sans réaliser qu'il y a un "autre" qui souffre. Cela marchait semble-t-il très bien! Et cela m'a rappelé à vrai dire les "Frères Karamazov" dans lequel il me semble qu'il y a quelque chose comme ça avec des enfants violents, qui sont amenés vers autre chose... Il y a un beau thème comme ça chez Dostoïevski. Sans angélisme, à cet âge-là, il y a quand même des choses à faire pour défaire la violence! C'est vraiment intéressant. Et cela permet de réfléchir sur les dynamiques de groupes, positives ou négatives, et qui peuvent rapidement se transformer de l'un vers l'autre, en fonction de la réaction de l'institution. Plutôt que de renvoyer la victime "chez le psy". Et les suicides à des sales petites histoires personnelles trop saignantes que seuls les voyeurs (quelle horreur!) peuvent avoir envie d'évoquer. Cela me parait intéressant que le harcèlement ait surgi comme un sujet de société, Et il me semble qu'il serait plus intelligent d'y réfléchir en terme "politique" au sens premier: comment vit-on ensemble, l'école étant le premier, et décisif lieu de socialisation. Les gens comme Balabastre savent très bien dénoncer (avec intelligence, mais aussi un enfermement dans leur propre shéma de pensée qui me sidère, et une tendance déplaisante à la paranoïa. Je trouve l'article de Rochat très bien là-dessus. Je ne trouve pas que ce soit réducteur, cela donne à penser. J'aime bien le côté nuancé d'ASI, qui cherche à échapper aux hystéries et contre-hystéries militantes qui fonctionnent en miroir. Je ne doute pas que les médias aient été hystériques sur cette histoire de suicide comme ils le sont sur tout. Aient fait recette sur l'émotion des parents etc... Mais il y a eu aussi d'autres choses, dont on parle moins.Pourquoi? Parce que la contre-hystérie militante n'y trouve pas son compte? Le fait est... qu'elle ne permet pas à ces choses-là d'apparaître, puisqu'elle... n'en parle pas. Qui parlera de l'initiative de ce prof? De comment ça pourrait servir aux équipes pédagogiques pour avancer elles-mêmes, et de sortir de la circulation des culpabilités (qu'a très bien décrite une internaute)? Mais enfin si Balabastre et les autres s'intéressent à la politique, ils ne voient pas que le fond de l'affaire, c'est de la politique, au vrai beau sens du terme? C'est à dire de la régulation de la violence et des rapports de forces entre les hommes? On dirait que le mécanisme de bouc-émissaire (c'est quelque chose d'impressionnant, que nous avons tous vus un jour à l'oeuvre, et qui je pense nous effraie tous), dont la jeune fille a été victime, que ce soit ou non la principale cause de son suicide, s'est transmis ensuite des uns aux autres dans la désignation d'un "coupable" (l'école, puis les parents, puis les médias...). ça pourrait être ça, la politique, sortir des histoires de bouc-émissaires. Chercher comment faire ensemble... Alors se taire parce que c'est "trop saignant" ou 'trop émotionnel", vraiment non! Trouver comment en parler...
Les rapports parents-professeurs sont (pas toujours mais souvent) empreints de méfiance,de mépris,de soupçon. De sorte que la situation réelle des familles est largement inconnue des professeurs,un peu moins des autorités administratives...QUOIQUE!Ceci amène à faire des choix "à l'aveugle" qui peuvent se révéler catastrophiques. Mon premier exemple est celui de la santé. Je n'ai JAMAIS eu connaissance au cours de ma carrière des éventuels problèmes de mes élèves. C'est ainsi que j'ai su qu'une de mes élèves était épileptique quand elle a fait une crise en classe. Représentez-vous l'élève en crise au milieu des autres élèves hurlant qu'elle était possédée du démon! J'ai su qu'un autre était "phobique scolaire" en le croisant blanc,dents serrées,en sueur en train de s'enfuir du lycée.J'ai appris que j'allais avoir une myopathe en allant me plaindre d'avoir une table en moins dans ma classe. On m'a répondu que c'était normal puisqu'elle avait un fauteuil!Un autre problème est celui de l'orientation .Qui a la puissance parentale? Par exemple le père "sur les papiers" est militaire à 15000 km et la mère vit avec quelqu'un d'autre qui s'occupe de l'enfant. Autre exemple: une fille de 3ème,enceinte,vient présenter son compagnon à peine plus âgé qu'elle au principal du collège "pour avoir les aides et savoir s'il peut manger à la cantine". J'arrête ici ce qui pourrait être une liste interminable et je pose une question: COMMENT FONT LES STATISTICIENS DE L'ED NAT POUR AFFIRMER DES POURCENTAGES BIEN RANGES DANS DES PETITES CASES?
à traiter le harcelement de façon efficace. Je vois cela dans l'école de ma fille. En cas de harcelement, il n'y a que deux solutions pour l'équipe éducative:
soit on engueule les enfants 'fauitifs' devant tout le monde et on les envoie chez le directeur, soit on passe le tout sous silence.

Personne, dans l'établissement, n'a jamais essayé d'avoir un dialogue avec les élèves sur la différence et le respect de l'autre. Il y a des méthodes pour faire comprendre aux enfants qui particient à l'harcelement le mal qu'ils font à leur victime. L'enguelade publique n'en fait pas partie. Ca risque, au contraire d'empirer les choses.

Donc, je suis convaincu que l'école a détecté le problème et a pris des mesures, mais qui étaient tout à fait inadaptés et qui ont surement rendu la vie de Pauline encore pire.

C'est la, le vrai scandale.
Je pense qu'il faudrait qu'ASI et surtout DS comprenne que le débat contradictoire n'est pas l'alpha et l'omega de toute émission intéressante. Je comprends que les réalisateurs du documentaire n'aient pas eu envie de ce coltiner les journalistes qu'ils mettent en cause. Et que l'une où l'autre des parties ait raison ne change rien à l'affaire.

Le débat contradictoire n'est pas le meilleur cadre pour tirer le meilleure d'un invité. DS, malgré son génie, ne veut pas l'entendre. L'émission avec Mar_lard est un exemple quasi-caricatural des gros problèmes poser par ce genre de dispositif. L'émission de Taddei où il avait invité Piketty pour son bouquin, avec Todd en commentateur est l'exemple positif inverse : l'un aide l'autre à donner une vision claire de son boulot. Tellement mieux...

Et j'ai l'intuition qu'il y aurait à dire des choses du point de vue de la critique féministe. Car les confrontations contradictoires ont souvent très masculines.
Cet article est trop long et sa structure trop complexe: décryptage de décryptage de décryptage, sur fond de rivalité entre décrypteurs.
Un des écueils à éviter dans une enquête sociologique est d'éviter de conforter artificiellement une thèse dont les resultats sont a priori connus. Cela ne produit pas de bonnes conclusions Je me demande si Balbastre ne tombe pas dans ce biais.
Voté, avec beaucoup de conviction, le message de cécile clozel

Je ne comprends pas DU TOUT la position d'@si dans cette histoire.
L'article me laisse une impression très désagréable.
Je ne sais pas ce que vous cherchez, mais ça ne m'évoque rien de noble.
Vous pouvez en écrire des articles sur vos confrères qui sont allés fouiller les poubelles du pilote allemand ...

Vous cherchez quoi ? A rendre la justice ? A porter un diagnostic psychologique ? A ressusciter les morts ?

A quoi peut bien servir un retour sur le fond de l'affaire ?
Est-ce que dans votre équipe une personne connaît UN cas de suicide, un seul, qui soit explicable par une cause unique ?

Est-ce que c'est pour faire ce genre " d'enquête " que vous avez choisi ce métier ?

Moi, en tout cas, ce n'est pas pour ce genre d'approche que je vous ai rejoints.
C'est votre choix éditorial, vous ferez ce que vous voudrez quoi qu'il arrive et quoi qu'on exprime dans les forums.
Si je peux m'autoriser une petite requête : essayez juste de ne pas trop oublier que 2012 c'était il n'y a pas si longtemps, que les camarades de classe de cette adolescente n'ont que 15 ans aujourd'hui, que sa famille et ses professeurs peuvent être vos lecteurs.
Peut-être qu'il y a des sujets que les médias* devraient s'interdire de traîter. Des situations qu'il est mauvais de médiatiser. Mauvais pour ceux qui les vivent, mauvais pour les lecteurs de la presse, qui croient qu'on peut comprendre quelque chose d'aussi intime q'un suicide à travers ce mélange de lumière intrusive et d'opacité irréductible. Alors qu'on ne peut pas. On peut juste projeter son imaginaire, construire un simulacre de vérité, exhiber des certitudes simplistes, s'embarquer dans des polémiques à la con, se chatouiller le pathos.

*tous les médias. Ceux qui traîtent des faits divers, ceux qui critiquent ceux qui traîtent des faits divers, et ceux qui critiquent ceux qui. La mise en abyme n'y change rien, c'est toujours du discours vain échaffaudé sur ce qui lui échappe.
Le refus de l'invitation de la part de M. Balbastre est assez logique, il refuse tout type de débat-pugilat, ce qui risque fort de se passer dans le dispositif prévu par ASI. C'est en soi totalement compréhensible, ce genre de débat est en général contre productif, et au final tout le monde campe sur ses positions.. ce qui est franchement fatiguant.

L'avantage de ce type de débat est d'avoir directement l'argument et le contre-argument, malheureusement cela fini souvent en " j'ai raison parce que je parle le plus fort".
Le harcèlement scolaire est quelque chose de très grave, qui peut mener au suicide ou détruire psychiquement des adolescents, et laisser de lourdes cicatrices. Il est bien que la France comme à s'en préoccuper et il faut le prendre au sérieux mais il ne faut pas non plus s'emballer. Si la lutte contre le harcèlement scolaire s'emballe, on risque d'avoir affaire à de nouveaux procès d'Outreau.
Le suicide de la jeune adolescente... Il aurait été préférable que la jeune fille soit protégée, voir placée sous surveillance psychiatrique, mais peu de gens sont formés à détecter les signes qui indique un proche passage à l'acte.
Par contre, je pense que si les parents étaient au courant de l'état de leur fille (ce qui reste à prouver), ils auraient du rendre inaccessible l'arme à feu (et tous les cordages, d'ailleurs). Mais un suicidaire trouvera toujours le moyen de passer à l'acte... Le tout est d'espèrer que le moyen employé sera le moins létal possible. Les armes à feu ont malheureusement un très haut taux de "réussite"...
Franchement... On s'en fout du fond de l'affaire. L'évoquer c'est tomber dans le voyeurisme, naze... Normal que ça fasse hurler Balbastre !!
Alors voilà, @si se décide à parler de nada-info pour cracher sur nada-info... Bizarre, pourtant leur travail est une critique des médias prenant un angle très différent de celle figurant sur @si, car s'attaquant directement aux racines vermoulues du système médiatique, à savoir son essence capitaliste. C'est assez rare pour avoir envie de les défendre !

Leurs montages vidéos sont sidérants et je vous invite à aller les voir au plus vite : https://vimeo.com/user29226791/videos
J'ai hâte de voir leur réponse à @si !
Et c'est là le noeud du problème de l'aspect médiatique de l'affaire : sans la possibilité de détailler ces éléments dans un article, c'est parole contre parole. On tombe alors dans le travers médiatique dénoncé par le documentaire de Balbastre : parole contre parole, famille contre école.

Je ne comprends rien à cette phrase.
En première intention j'ai cru comprendre que le documentaire de Balbastre tombe dans le même travers que celui qu'il dénonce. Comme je ne vois pas en quoi, j'ai relu plusieurs fois cette phrase, j'ai lu la suite, etc. Et donc j'ai une question: quels éléments?
Traduction : le principal adjoint dit détenir des preuves que le mal être de l'adolescente était liée à des "difficultés familiales" et pas à un harcèlement scolaire. Sauf qu'il ne veut pas me donner ces éléments de contexte. Du coup, impossible de vérifier ce qu'il dit. On se retrouve alors dans une affaire parole contre parole, famille contre école.
Encore heureux qu'il refuse de s'étaler sur le mal être de cette ado. C'est au contraire très responsable de ne pas donner au premier journaliste venu, sauf votre respect, des détails relevant forcément de l'intimité la plus évidente. :/
C'était à la justice de faire ce boulot et elle semble l'avoir fait non ?
" C'était à la justice de faire ce boulot et elle semble l'avoir fait non ?"
Là où il peut y avoir des doutes, c'est que le harcèlement scolaire existe depuis des années, mais tout le monde s'en moquait jusqu'à une date récente. Les quelques affaires portées devant les juges n'étaient pas entendues. Bref, il aurait pu être intéressant d'en savoir plus, ne serait-ce que pour savoir comment la justice évolue par rapport à ce genre de cas.
Merci, mais quand bien même ce serait une histoire de coeur, un pédophile à l'école de danse, un problème de santé, plein de choses qui ne sont pas des insultes aux victimes mais des causes tangibles qui existent, en plus du harcèlement.
Souvent une cause n'en élimine pas une autre. L'inertie du collège, c'est la solution de facilité de la pointer du doigt.
Et par contre que la justice n'ait pas reçu la plainte des parents est un élément recevable pour appuyer le tort qu'on donne aux journalistes. Le seul truc qu'on pourrait dire c'est que la justice va être à nouveau sollicitée et qu'il arrive qu'elle change d'avis.

Les journalistes pourraient enquêter "à froid" sur les remontées des équipes enseignantes vers les divers instances de protection de la jeunesse, pour faire leur B.A. si ils sont si motivés. C'est extra-chouette de leur part d'en profiter pour alerter sur le harcèlement, mais à part libérer la parole, ce qui n'est jamais suffisant, c'est très light. tellement light que je soupçonne plutôt un choix éditorial type "remue leur les tripes".
" Sauf qu'il ne veut pas me donner ces éléments de contexte. "

Evidemment !
Et c'est le contraire qui serait à la fois étonnant, scandaleux et préjudiciable à toute la communauté éducative.

Franchement, je dois mal comprendre, c'est pas possible autrement ... SB, vous imaginiez, et vous trouveriez normal qu'un principal de collège donne à la presse des informations sur la famille d'une collégienne scolarisée dans son établissement ??

Sérieux ?

Vraiment, à @si vous avez une façon de regarder les établissements scolaires et les enseignants très ... hermétique pour moi.
Ce n'est pas la première fois que je le constate, mais là, c'est " la cerise sur le pompon".
@ Bruanne : Il est bien évidemment normal que le principal adjoint ne me donne pas les raisons familiales. Mais il est également normal que je lui pose la question, puisque c'est précisément le manque de cette information qui explique le décalage médiatique entre d'un côté, le silence de l'institution, et de l'autre, les longs témoignages de la famille, des camarades qui vont dans le sens du harcèlement. Ce sont les raisons de ce déséquilibre que je traite. Et je me devais de lui poser cette question, même si je savais qu'il n'allait pas me répondre.

En vérité, le vrai problème de toute cette histoire est d'avoir voulu faire de la critique médias à partir d'une affaire de suicide. Comme indiqué plus haut, les causes sont toujours multiples, complexes et peuvent se cumuler. A partir de là, c'est un vrai problème de ne donner la parole qu'aux enseignants, en refusant de raconter l'histoire, forcément complexe.
Merci d'avoir répondu.
Je ne partage votre analyse de ce qui est "le vrai problème de toute cette histoire".

A mes yeux, le vrai problème ne nécessite en rien de revenir sur le fond de l'affaire. Au contraire !

Le vrai problème, c'est qu'au départ on a des rédactions qui devraient parler parler du harcèlement dans le milieu scolaire, parce que c'est un vrai sujet, d'actualité, sérieux, important et intéressant à médiatiser. Mais c'est un sujet complexe, difficile, et par certains côtés assez technique. Donc, difficile à maîtriser et à vulgariser.
Au lieu de mener des enquêtes de fond, certains, profitant d'un fait divers, ont cédé à la facilité. Ils ont une approche par le petit bout de la lorgnette mais veulent faire d'un fait divers l'illustration d'un problème plus large.
C'est moins long, moins ardu, et ça peut donner des articles " à sensation ", en caressent un peu le voyeurisme et le pathos du client.

Je ne pense pas que les journalistes qui agissent ainsi ont une responsabilité personnelle ou individuelle dans ce faux-traitement d'un vrai grand sujet : ils ont des contraintes qui les poussent vers cette facilité : il faut aller vite, présenter un propos simple, ils n'ont pas les moyens de consacrer à ce sujet tout le temps qu'il mériterait.

Le deuxième problème c'est que lorsqu'ils font cela, les médias non seulement n'informent pas et ne permettent pas aux citoyens de comprendre un phénomène et de se forger une opinion éclairée, mais en plus ils desservent totalement le sujet qu'ils font semblant de traiter.
Parce que ce qui va rester dans la tête de tous les gens qui ne connaissent pas le sujet, c'est une image, une simplification du fait divers.
On parle d'un sujet très vaste, la presse le traite autour d'un fait divers, et le grand public ne retient qu'un petit bout du fait divers mais croit parler du sujet dans sa globalité.

Il y a de nombreux sujets qui ont eux aussi été très mal traités par des journalistes, toujours dans le domaine de l'éducation :
Entre 1995 et 2005, des tas de propos médiatiques hyper caricaturaux et simplificateurs étaient diffusés sur les méthodes de lecture, au point que tout le monde croyait savoir des choses et croyait avoir une opinion éclairée sur le sujet.
On partait de Mme trucmuche dont la fille était dyslexique pour conclure que "la méthode globale" c'est très mauvais.

Ensuite, on a eu droit aux articles sur les surdoués et les autistes. Dans la facilité, toujours, avec des cas uniques présentés comme représentatifs d'un phénomène large.
Parce qu'on a vu à la télé un mec capable de réciter les 200 premières décimales de Pi, ou extraire une racine carrée, on croit qu'on connaît l'autisme, et après un ou deux articles ou reportages sur les " surdoués", tout le monde est convaincu que son neveu qui connaît les noms des planètes et des dinosaures devrait être testé et aller dans une école spécialisée.

On est face à des problématiques de "mode", de "tendance". Il y a des sujets qui sont dans le vent, il faut en dire quelque chose, et peu importe si personne au sein de la rédaction ne maîtrise le sujet : on prend un fait-divers, on le monte en épingle, on le tord un peu si nécessaire, on fait croire que le cas isolé est un archétype, parce qu'il faut " faire un sujet" , "faire un papier", " faire une émission" au bon moment et avec le bon format et les mots-clés qui vont avec.

Et puis ensuite on passe à un autre sujet, laissant des parents d'élèves hyper-flippés, des professionnels excédés ... toutes ces tensions durent beaucoup plus longtemps que la mode du sujet, pourrissent les relations et les discussions.
Lorsque les journalistes agissent ainsi, ils n'informent pas, ils font recette avec des sujets.

Puis est venu le harcèlement, et maintenant c'est le "vivre ensemble".
Et bientôt il y aura un autre sujet à la mode.

Les conditions dans lesquelles vous exercez votre métier vous poussent à de telles caricatures, vous empêchent d'aborder les choses sereinement, jusqu'à cerner suffisamment un sujet pour pouvoir avoir un propos construit.
La ligne de séparation entre "traitement de fond" et " fait divers" n'est pas assez marquée et le second se fait passer pour le premier.


A mes yeux, le problème est là.

Et @si n'échappe évidemment pas à cela.
Si je ne me trompe pas, c'est avec vous, SB, que l'an dernier j'ai eu une longue conversation téléphonique et des échanges par mail quand vous prépariez une émission sur l'école. Vous trouviez que certains de mes propos seraient intéressants pour une émission et souhaitiez ma présence sur le plateau. Sauf que ... @si c'est le vendredi, et le vendredi il y a école, donc vous ne pouvez pas avoir de professeur des écoles présents lors du tournage.
Je vous ai dit que puisque je vous avais donné ces infos, et les sources pour les vérifier vous pouviez les donner vous-même pendant l'émission, ça ne changeait rien qu'elles soient dites par une maîtresse ou par un journaliste, c''est l'info qui est intéressante !
Votre réponse : le format de l'émission ne prévoyait pas cela, le but est de confronter des gens sur le plateau.
Là, on est au cœur d'un truc général dans les médias.
ça fait plus vrai si c'est dit par un témoin, donc on cherche un témoin et ce qu'il dira sera considéré comme vrai. C'est du micro-trottoir, mais ne plus élaboré et ça fait plus classe. On cherche la personne qui va tenir le discours qu'on veut entendre, le bon jour à la bonne heure et avec la bonne durée.

Et parfois, il y a un hic : des professionnels qui ne peuvent pas parler aux médias.

Pour revenir à l'histoire du suicide : si les journalistes qui ont traité le sujet, au lieu de donner beaucoup de temps à la famille, libre de sa parole, et de montrer des professionnels refusant de parler, avaient passé du temps à expliquer pourquoi il est normal qu'un principal ne parle pas, avaient détaillé tout ce qui est fait depuis des années au sein de l'institution en général et non pas dans ce collège en particulier, pour lutter contre le harcèlement, avaient remis en perspective ces questions en montrant l'immense évolution ( encore insuffisante) qui a eu lieu au cours des 50 dernières années ?
Si un principal ne va rien dire, si on sait très bien d'avance qu'il ne dira rien et si on comprend pourquoi, on peut parler de ça aux lecteurs : du respect dont fait preuve l'institution en n'autorisant pas de propos médiatisés sur une famille et des limites que cela comporte.
Ce serait bien que les journalistes fassent cela.
Confronter les parties pour déterminer qui a raison et qui a tort, voilà ce que veulent faire beaucoup de médias ... mais c'est le boulot de la justice ça, pas de la presse !

Désolée pour la longueur de ma réponse.
Et en plus, je ne suis pas sûre d'avoir réussi à être claire.
Pour moi c'est clair, et ça montre assez bien comment, en effet, les dispositifs médiatiques sont inadaptés pour traiter ce genre de sujet, en respectant les personnes (et leur droit à la vie privée, et leur devoir de réserve) et les lecteurs. Y compris le dispositif d'@si.

Il y a tout de même un point où je ne suis pas tout à fait d'accord : "Confronter les parties pour déterminer qui a raison et qui a tort [....] c'est le boulot de la justice ça [....] !"
Non : le travail de la justice c'est de déterminer qui a enfreint la loi. Et les règlement. Si l'école a fait tout ce que la loi prévoit qu'elle fasse, l'affaire est classée... mais si la loi, et les réglements intérieurs, sont incapables de prendre en compte le harcèlement et de garantir la protection des enfants, dans la promiscuité de collèges où la présence des adultes auprès des enfants dans tous les temps de leur vie est de plus en plus réduite, eh bien la justice passe, et on est passé à côté du problème.

J'ai autrefois mené une longue enquête sur les violences familiales, et entre autres les maltraitance ou les carences subies par les enfants. Plusieurs points importants ressortaient, qui, je pense, demeurent vrais aujourd'hui :
— dans de très nombreux cas, les enfants sont les victimes de plusieurs institutions maltraitantes, ou tout au moins négligentes. Ils transportent de la famille à l'école, ou au club de sport, au centre de loisirs, et retour, une vulnérabilité qui les désigne comme bouc émissaire facile de la violence environnante, ou du mépris, de la négligence. Laquelle de ces institutions "a commencé", peu importe, c'est probablement difficile à déterminer. Mais un enfant d'une famille "suffisamment bonne" se défend mieux des agressions verbales ou physiques dont l'école est parfois porteuse, et réciproquement une équipe pédagogique attentive et valorisante pour les plus fragiles peut faire beaucoup pour protéger un enfant d'un milieu familial carencé.
la souffrance des enfants est toujous minorée par leur entourage, par rapport à ce que serait la prise en compte de la même souffrance vécue par un adulte. C'est terrible, n'est-ce pas ? On a plus d'attention, d'empathie pour un collègue en deuil, ou en difficulté avec son directeur, ou en instance de divorce.. que pour un enfant qui vient de perdre son grand-père, ou qui est en échec scolaire, ou dont le noyau familial est en train d'éclater... Les discours recueillis à propos des enfants sont froids, techniques, distanciés. "Professionnellement corrects". C'est vrai aussi dans les familles, où il est rare que les plaintes des enfants vis à vis de l'école soient prises au sérieux, alors qu'on peut pendant tout un repas tendre une oreille attentive aux conflits entre un des parents et son chef...
— en cas de maltraitance avérée, le premier objectif de chaque adulte est de se protéger de sa culpabilité, souvent en accusant les autres. La famille accuse l'école, le centre aéré mêt la famille en cause, la mère estime que c'est le père qui est responsable, voire le gosse lui-même, et le prof de dessin pense que le principal n'a pas fait ce qu'il fallait.

Comment dans ce cas des dispositifs tels que "qui a raison qui a tort" pourraient-il en trois coups de cuillère à pot nous touiller de quoi comprendre ce qui s'est passé, et surtout, parce que tout même ça devrait être ça, le but, lorsqu'on parle d'un tel drame, comment éviter le plus possible que ça se reproduise ? Les suicides d'adolescents, ce n'est pas insignifiant, c'est une des premières causes de mortalité à leur âge, surtout pour les garçons qui ne se ratent guère..;

Or, ce qui est pour moi pénible à la lecture de cet article d'@si, c'est que j'ai l'impression en le lisant qu'au fond, tous les journalistes s'en foutent, de la complexité et de la souffrance, que tous cherchent à montrer quelque chose plutôt qu'à comprendre quoi que ce soit, que tous sont dans une compétition, non seulement d'audience, mais de "dispositif", et le mien est meilleur que le tien... ils sont tous aussi mauvais, je trouve.
S. Rochat comme les autres plonge dans la mise en scène réductrice qu'on lui propose (après tout, si ça se trouve, c'est le médecin traitant qui est pasé à côté d'une psychose maniaco-dépressive et lui a collé un traitement mal adapté, ou aucun...), lui comme les autres répercute des bribes d'information, propres à alimenter tous les préjugés, toutes les rumeurs.
Tous ces journalistes semblent extrêmement présomptueux : avec leurs petites mains de spécialistes de l'info, ils pensent en savoir assez pour apporter au lecteur l'éclairage le meilleur... là où nombre de praticiens et de chercheurs (sociologie, pédagogie, psychiatrie, etc) tâtonnent, réfléchissent, avouent les limites de leur savoir, la complexité des situations, des attitudes, des comportements, des mécanismes collectifs... complexité devant laquelle aucune "vérité" ne peut prétendre épuiser le sujet.

bref. Il serait peut-être temps qu'@si mène une vraie réflexion sur la façon dont on pourrait construire une information respectueuse et intelligente, sur les "dispositifs" d'enquête ou de discours, en particulier à l'égard de ces fameux "faits divers", qui pour ceux qui les vivent n'ont rien de "divers".

Et là, je suis sûre que je suis beaucoup plus confuse que vous, mais je n'ai pas le temps de faire mieux...
Si je ne me trompe pas, c'est avec vous, SB, que l'an dernier j'ai eu une longue conversation téléphonique et des échanges par mail quand vous prépariez une émission sur l'école. Vous trouviez que certains de mes propos seraient intéressants pour une émission et souhaitiez ma présence sur le plateau. Sauf que ... @si c'est le vendredi, et le vendredi il y a école, donc vous ne pouvez pas avoir de professeur des écoles présents lors du tournage.

Je vous ai dit que puisque je vous avais donné ces infos, et les sources pour les vérifier vous pouviez les donner vous-même pendant l'émission, ça ne changeait rien qu'elles soient dites par une maîtresse ou par un journaliste, c''est l'info qui est intéressante !

Votre réponse : le format de l'émission ne prévoyait pas cela, le but est de confronter des gens sur le plateau.

Là, on est au cœur d'un truc général dans les médias.

ça fait plus vrai si c'est dit par un témoin, donc on cherche un témoin et ce qu'il dira sera considéré comme vrai. C'est du micro-trottoir, mais ne plus élaboré et ça fait plus classe. On cherche la personne qui va tenir le discours qu'on veut entendre, le bon jour à la bonne heure et avec la bonne durée.




@ Bruanne :

J'imagine que cet exemple était censé illustrer la volonté d'@si de "confronter des gens sur un plateau" et de "chercher la personne qui va tenir le discours qu'on veut entendre". Sauf que ce n'est pas du tout ce qui s'est passé (vous aviez d'ailleurs raconté plus fidèlement l'histoire... dans un forum).

Je vous ai contacté le 16 juin 2014, trois jours après la mise en ligne d'une émission que nous avions consacrée à la réforme des programmes scolaires. Dans le forum de cette émission, vous aviez posté un long post pour aborder un sujet qui nous avait échappé (la réduction des horaires de français).

Nous souhaitions donc vous inviter la semaine suivante (puisqu'on souhaitait revenir sur cette émission imparfaite) pour que vous puissiez expliquer vous-même ce qui vous avait gêné dans l'émission. Il n'était pas question d'un débat. C'est finalement Angélique Del Rey, seule en plateau, qui a décrypté quelques séquences de notre précédente émission.
Non Sébastien, vous avez mal compris mon intention, alors je vais être plus claire :

Ma conviction personnelle est que DS, ni plus ni moins que beacoup d'autres, se rend esclave (et rend son équipe esclave) de formats définis d'avance.
C'était plutôt une illustration du fait qu'à mes yex vous n'avez pas une responsabilité personnelle très grande dans ces affaires.
Ce qui éatit fixé d'avance, c'est que l'@sinaute soit sur le plateau pour réagir, et pas que vous fassiez une synthèse (vidéo ou écrite) des réactions. Pourtant, avec le temps que vous avez passé avec les uns et les autres, je pense que vous auriez produit une synthèse intéressante, mais ce n'était pas le format prévu...

Dans l'enseignement nous avons souvent le même travers : dans certains cas, la forme prime sur le fond, et c'est le plus souvent au détriment du fond.
Exemple : on fait un travail écrit sur une notion qui passerait mille fois mieux en étant vécue en classe. Parce qu'on veut une trace, parce qu'on veut une note, parce qu'on a l'habitude ... et quand on fait ça, on n'est pas aussi bon qu'on pourrait l'être.
La routine a l'avantage de simplifier certaines choses, mais elle en empêche d'autres.

Sur le cas qui nous préoccupe ici, peut-être que l'angle " l'opposition famille - collège " retenu dans beaucoup de médias et dénoncé par le nouveau travail de Balbastre n'est que le résultat des habitudes et défaillances à la fois eds médias et du système scolaire. Peut-être que tout pousse les journalistes vers cet angle, et peut-être que les dispositifs existants poussent le collège à penser ce qu'il pense.
Je n'en sais rien, mais j'aimerais beaucoup qu'@si fasse ce type-là de décryptage.
Mais c'est compliqué, 'en suis consciente et je ne sais pas si vous avez le temps de traiter les choses ainsi.
Je viens de relire mon com' du 21/06 dernier, complètement oublié, et vers lequel vous avez fait un lien.

;-) Je continue à être d'accord avec moi-même. C'est déjà ça.

L'urgence, la rapidité : pourquoi ne vous débarraseez-vous pas de ce carcan sur @si. C'est pas BFM ou itélé ici, on le sait.
Vous êtes limpide !
Si je reprends votre article :
"Qu'a donc dit la Justice? Dans une note de synthèse de l'enquête préliminaire, envoyée à la famille par son avocat, il est mentionné que les enseignants ont bien pris "un certain nombre de mesures parmi lesquelles de nombreux contacts entre les enseignants eux-mêmes (mails joints à la procédure), réunion en cellule de crise aux environs du mois d'octobre 2011, intervention de l'assistante sociale et du chef d'établissement auprès des parents, rencontre avec la maman au sein de l'établissement et mise en garde sur la présence d'armes au domicile familial au regard de l'état psychologique de Pauline". Autrement dit, l'équipe éducative a bien identifié les tendances suicidaires de Pauline."
Le cas semble clair. L'école avait, à la mesure de ses moyens, identifié et signalé le risque. Ce n'est pas une terrible défaillance comme par exemple le récent cas de directeur pédophile.
Donc oui, il y a bien emballement au moins sur le point de l'accusation faite à ce collège de n'avoir rien mis en place. Je ne vois pas pourquoi on pourrait contester cela, si la justice l'affirme c'est bien qu'il y a des preuves que l'établissement a fait quelque chose. Etait-ce suffisant ? Visiblement non, mais alors jusqu'où doit aller le rôle d'un lieu d'enseignement ? La polyvalence a des limites. Pour être parfaitement honnête je ne suis pas sans doute totalement objectif. Etant moi-même enseignant il m'est arrivé de me retrouver confronté à de telles situations d'enfant en souffrance. Moi, où d'autres membres de l'établissement nous réagissons alors comme nous le pouvons mais nous ne pouvons ni tout voir ni toujours bien agir même si je peux vous assurer que nous sommes nettement plus sensibilisés à ces divers thèmes que par le passé. Et d'ailleurs, en voulant intervenir, le premier écueil souvent rencontré est la famille elle-même. Pour finir je ne parlerais même pas des médecins scolaires ou assistante sociale de plus en plus rares dans les établissements faute de moyen.
Il me semble donc que ce documentaire a une thèse très crédible, celle d'un groupe de journaliste en quête de reportage choc qui ne vérifie pas suffisamment ses sources.

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Offre spéciale
3 mois pour 3 € puis 5 € par mois

ou 50 € par an (avec 3 mois offerts la première année)

Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.