"Sommes-nous tous racistes?", analyse d'une émission dépolitisante
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Vous êtes passés totalement à côté d'un point très important : Delouvé est chercheur en psychologie sociale, qui s'intéresse donc par définition aux individus. Je suis d'ailleurs étonné qu'une chercheuse du CNRS de ce niveau n'ait pas simplement préc(...)
Merci, Nassira, pour votre émission très éclairante. Eclairante mais déprimante car, comme vous le montrez avec vos invités, pour une fois que le service public parle du racisme, il vide totalement le sujet de toute sa dimension historique, politique(...)
Outre l'inanité que de dire que le fait de ne pas s'asseoir à côté d'une personne noire n'est pas du racisme, l'interprétation du "on cherche la similarité" prend du plomb dans l'aile quand on s'intéresse à une autre expérience. Sarah Mazouz mentionn(...)
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D'utiles rappels, même si l'émission aurait gagné à croiser les points de vue de différentes disciplines. Et dommage qu'elle soit si courte, ne serait-ce que pour avoir le temps d'entrer un minimum dans le détail (là c'est très très effleuré quand même).
Ça aurait pu être bien aussi de mentionner les conditions d'obtention des résultats avant même d'envisager d'en discuter.
C'est de la télé, alors ne pas s'attendre à grand-chose mais comment ont été recruté·es les cobayes ‒ volontaires, premier biais ‒ qu'est-ce qu'on leur a dit ? (Comme si les gens arrivaient parfaitement neutres et sans se poser de questions à aucun moment...) Combien de situations ont été testées en tout, dans quelles conditions ?
Le fait que l'esprit humain crée de la catégorie sociale inclusive ou exclusive fait à priori consensus en anthropologie, mais c'est impressionnant de voir comment le concept est réifié par France 2 (« notre groupe ») en passant complètement à côté de la question : comment se construit un sentiment d'appartenance commune ?
Proposition alternative pour la salle d'attente : faire se croiser les cobayes et les complices au préalable, sans interaction directe mais en faisant aborder de façon positive des sujets appréciés des cobayes par les complices supposément alter d'un point de vue morphologique (les faire parler de cinéma ou de musique par exemple).
Je gage qu'on verrait des fluctuations au sein de « notre groupe ».
Peut-être aurait-il fallu en préambule rendre hommage à France 2, Mme Drucker et M. Gourmaud pour avoir réalisé et diffusé à une heure de grande écoute un reportage sur le racisme dans la société française.
Est-ce que la discussion que suscite cette émission ne met pas en lumière la différence entre "racisme" et "xénophobie"(mots qui ont tendance à être confondus mais qui désignent des choses distinctes) ?
quand j'entends les politiciens de gauche qui rament, qui pédalent, à la recherche d'arguments pour contrer l’irrésistible ascension de l'extrême-droite, qui préfèrent se diviser dans des querelles d'égo, j'ai trouvé que cet émission sur France 2 apportait un angle convaincant donnant espoir dans ce monde de brutes, justement le club de rugby de Biarritz adopte une direction qui pense avoir besoin de gros bras pour s'abriter des émeutes que leur idéologie ne manquerait pas de provoquer s'il venaient aux marches du pouvoir!
Cette émission est un copié collé du concept du "Gros Laboratoire" sur Radio Canada, mais le gros Laboratoire prend 100 cobbaye par émission (plusieurs par saisons) et leurs font passer des tests, des quizz, des questions secrètes, des réponses publiques sur tout les sujets, en suivant des protocoles scientifiques (ils reproduisent des expériences publiées).
La différence des individus ne conduit pas forcement à la hiérarchie.
Et la hiérarchie des individus ne se base pas forcement sur des différences bien définies des individus
Quand la différence créé de la hiérarchie, alors il me semble que l'on a du racisme, de la xénophobie, de la misogynie, de la grossophobie, ... (l'un n'excluant pas l'autre)
Si la perception de la différence est plus ou moins sociale (elle est aussi statistique), la hiérarchie est toujours une construction sociale
Il est donc important de lutter pour que les différences ne dérivent pas vers une hiérarchie des individus
Il me semble donc important de rappeler que l'on est tous égaux en droit
Même si c'est assez simple au final...
Beaucoup de mots alors qu’en fait c’est simplement une émission grand public qui doit avant tout faire le plus d’audience possible et donc dépolitisée. Il y a le même type de problème sur tous les sujets …
A brûle pour point, sachant que l'humain craint l'altérité, a peur de perdre ce qu'il possède... je dirais oui, nous avons tous un fond raciste pu xénophobe.
Ne serait-ce que pour flatter notre ego nous avons naturellement tendance à penser que l'on est mieux que les autres, non ?
Collectivement ou individuellement ?
Collectivement, on appelle cet universel l'ethnocentrisme : on intériorise très vite et très profondément les normes (hygiéniques, relationnelles, alimentaires, etc) de notre société, très vite naturalisées et universalisées, et donc très vite, les déviances c'est caca (les barbares sont des barbares et ils sont fous ces romains). On sait mieux que les autres, qui au mieux devraient apprendre de nous. N'importe quelle tribu fait ça, ça fait partie des mécanismes de délimitation de l'identité. C'est moins directement être "mieux" qu'être "normal", "correct", "comme il faut" - ce qui revient assez au même.
Et c'est culturel. La distinction (et ses critères) est socialement encodée. Ce n'est pas du "les araignées ont huit pattes et moi pas donc j'ai peur", nous sommes tous.tes individuellement différent.es dans une même socioculture mais nous ne nous désignons pas aléatoirement comme autres, nous apprenons à trier ce qui fait autre ou pas. Par exemple, on peut décider d'altériser les couleurs des yeux (cf les expériences de Jane Elliott). Ou, bien sûr, des facteurs non visibles (la bureaucratie décide de qui est "Juif" ou "Tutsi").
Et de là, le choix de dépasser ensuite ces catégorisations (du mieux qu'on peut. parce que c'est profond et impensé donc viscéral) ou de s'y complaire, les instrumentaliser, les encourager, les manufacturer...
Donc on est loin du "notre cervelle nous l'impose". Notre cervelle est exploitable, c'est tout, et pour des contenus très arbitraires. Et le "naturellement" est un piège, dans une culture qui "naturalise" le culturel.
(Et le racisme au sens propre est différent de l'ethnocentrisme, parce que l'idée de race est une pseudo-science spécifique à une culture donnée, issue d'un moment donné.)
C'est vrai que l'humain craint l'altérité.
Tiens, rien que pour moi, qui ne suis pas raciste : dès que je vois la tronche de Retailleau ou celle de Darmanin, et de pas mal d'autres, même Rachida Dati (vous voyez bien que je ne suis pas raciste ni sexiste), ça me met la rate au court-bouillon.
C'est bien vrai que l'humain craint l'altérité.
C'est quoi, l'altérité ?
Suite à mon commentaire ci-dessous, je me suis un peu renseigné sur l'émission et sur Sylvain Délouvée qui est assez critiqué dans l'émission d'ASI. J'ai vu qu'il a écrit un livre en 2008 "Sterereotypes préjugés et discriminations". Je ne connais pas l'angle et la qualité de l'ouvrage mais on ne peut pas sous entendre comme le fait l'émission d'ASI que ce n'est pas son domaine d'expertise.
Surtout que lui reste dans son domaine la psychologie. C'est l'émission qui aurait dû élargir.
Bonjour.
Étant tombé par hasard sur cette émission de France2 mais l'ayant prise en cours de route, j'étais très content qu'ASI en parle. En effet, n'ayant pas vu l'émission en entier, j'avais trouvé certains points intéressants mais j'avais quand même ressenti un gros malaise. Je sentais qu'il manquait un gros quelque chose...
Sans parler de la fin de l'émission effectivement ridicule...
L'émission d'ASI confirme mon impression. L'émission de France 2 est uniquement basée sur les préjugés raciaux psychologiques et surtout inconscients. Je pense que le seul mérite de cette émission est de faire prendre conscience de ce phénomène à un certain nombre de téléspectateurs (après tout, c'est une émission grand public ).
Mais, ensuite, c'est impossible de faire cette émission sans expliquer que ces biais ne viennent pas de nul part et surtout qu'ils peuvent être corrigés au niveau individuel mais aussi collectif. Et surtout qu'ils ne sont qu'une partie du racisme qui établit une catégorisation consciente et une hiérarchisation souvent consciente aussi.
On aurait pu montrer aussi comment des gens utilisent ces biais inconscients pour monter les gens les uns contre les autres.
Non, les guerres ne sont pas toutes le résultats de préjugés inconscients. Par contre, de tout temps, il y a eu des chefs pour utiliser une prétendue menaces de "eux" contre "nous " et de déclencher des guerres.
Et, bien sûr, ils vont utiliser cette prédisposition de l'esprit humain à préférer ses "semblables " pour cela et en insistant sur les différences et même souvent en en créant artificiellement.
Donc l'émission de France 2 est ratée en tout cas très incomplète et cette incompletude la rend presque dangereuse.
Pourquoi toujours politiser tout. La politisation se génère d'elle-même. Pour moi, c'est une émission grand public à une heure de grande écoute qui essaie de faire prendre conscience des stéréotypes, des préjugés . C'est une première étape pour approfondir par la suite. Donc évidemment des personnes dont c'est le sujet d'étude et de recherche ne peuvent que trouver l'émission insuffisante, approximative... Exactement comme quand vous faites une émission médicale de vulgarisation, les médecins spécialistes vont hurler. Je trouve positif, avec toutes les imperfections de l'émission, de vulgariser ces thématiques à heure de grande écoute.
Quand un vicomte rencontre un autre vicomte, qu'est-ce qu'ils se racontent ? des histoires de vicomtes.
ayant regardé l'émission, je m'étais dis tout au début que l'extrême droite et Bolloré-world allaient détester et partir en trombe contre cette émission, ferait compagne contre... et finalement à la fin, je me suis dit que c'était du pain béni pour eux : puisqu'on y dit qu'être raciste peut être naturel, que cela concerne tout le monde, bon bah alors c'est ok ! allons-y ! assumons, c'est normal de détester les autres pas comme nous... :-(
Tout ça sur le service public ! C'est encore Nicolas qui paie ! Tiens, Nicolas... un beau choix de prénom pour représenter la classe moyenne qui trime, respecte l'ordre, paie des impôts
Le titre de l’émission de France 2 est idiot. Généraliser, voir essentialiser, c’est banaliser, normaliser, excuser, déresponsabiliser.
Outre l'inanité que de dire que le fait de ne pas s'asseoir à côté d'une personne noire n'est pas du racisme, l'interprétation du "on cherche la similarité" prend du plomb dans l'aile quand on s'intéresse à une autre expérience. Sarah Mazouz mentionne rapidement qu'il aurait été intéressant de voir où des personnes non blanches se seraient assises, et effectivement, c'est un point très pertinent.
Merci, Nassira, pour votre émission très éclairante. Eclairante mais déprimante car, comme vous le montrez avec vos invités, pour une fois que le service public parle du racisme, il vide totalement le sujet de toute sa dimension historique, politique et sociale - et donc de son sens.
Le "racisme" est réduit à une tendance tout à fait naturelle, biologique, à catégoriser les individus et les rassembler en groupes, auxquels on appartient ou non, selon des points d'identification : chauve, gros, maigres, hommes, femmes, noirs, roux, etc.
Sylvain Delouvée, l'"expert" invité, est là pour apporter une caution pseudo scientifique à la naturalisation de ces groupes homogènes. Et on ne va pas se compliquer la vie avec des cas d'intersectionnalité (femme noire, trans blanc.he, homme arabe jeune/âgé, etc). Non : la conclusion est que nous appartenons tous à un groupe et rejetons naturellement les autres, cela fait partie du fonctionnement naturel de notre cerveau.
Avec bien sûr un final positif (et ridicule dans sa mise en scène : on se tombe dans les bras et on s'embrasse, sous la houlette de Jamy et de Marie Drucker, et avec force applaudissements) : c'est à chacun de nous, individuellement, de lutter contre ces stéréotypes, pour aller vers les autres.
Aucune responsabilité collective n'est envisagée, aucun perspective sociale. Sylvain Delouvée est pourtant psycho-sociologue. La deuxième partie de sa fonction existe-t-elle dans sa pratique ?
A regarder pour contrebalancer ce naufrage médiatique, toutes les interventions d'Albert Moukheiber, celle ci par exemple, autrement sérieuse et instructive sur nos biais cognitifs :
https://www.youtube.com/watch?v=2lurViFBlPk
Est-ce que des études existent pour montrer que l'exposition aux "couleurs" dès le plus jeune âge aide à moins catégoriser/hiérarchiser, à condition que le cadre familial et culturel ne soit pas raciste, ce qui reste rare ?
C'est ce que je constate dans mon proche entourage, mais l'échantillon est minime.......
Et la vigilance reste de mise, à tout moment, bien sûr.
Cet été, si Mamari peut faire un tour sur ASI, je suis preneuse !
Vous êtes passés totalement à côté d'un point très important : Delouvé est chercheur en psychologie sociale, qui s'intéresse donc par définition aux individus. Je suis d'ailleurs étonné qu'une chercheuse du CNRS de ce niveau n'ait pas simplement précisé ce point, il parle de son domaine de compétence et comme tout bon universitaire, s'abstient de parler en dehors.
La critique principale des deux émissions, la leur et la vôtre, est de ne pas avoir invité les deux points de vue qui ne sont en aucun cas contradictoires.
En effet, il n'y a pas de racisme sans notre système de stéréotypes, qui est non seulement très efficace mais aussi très utile. Il n'y a également pas de racisme sans l'histoire, la colonisation et l'alimentation de ce stéréotypes par les médias et les institutions.
Une énorme ânerie dite dans votre émission doit absolument être corrigée : le fait que ce soit "cognitif" ne veut en aucun cas dire que ça ne peut pas être changé. On peut tout à fait en prendre conscience et modifier nos représentations (on parle beaucoup de déconstruction, on devrait dire déconstruction de stéréotypes).
Un dernier point à un moment donné il a été dit que "les sciences sociales auraient été intéressantes", juste un petit clin d'oeil de la part d'un psychologue : la psycho est également une science sociale.
Et on gagnerait à travailler ensemble plutôt qu'à se battre entre nous.
Après l'émission analysée était évidemment comme ça l'a été dit, réellement insuffisante et aurait dû inviter un(e) sociologue. (comme vous auriez dû inviter un psy).