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Pourquoi il faut lire le BHL-Houellebecq, malgré lémédias

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J'ai accidentellement voté pour cet article. Habituée au vote traditionnel dans l'isoloir, je croyais qu'on m'offrirait le choix, je voulais voter CONTRE.
L'autodénigrement littéraire est le nouvel expédient mis en oeuvre par les deux vedettes: il les place dans une immunité morale par rapport
à la critique, en l'éludant d'avance.
Je signale qu'apparemment les incitations de Judith Bernard pour que les @sinautes se ruent sur ce livre n'ont pas empêché que le BHL-Houellebecq fasse un bide retentissant, si j'en crois un article de Marianne..

Enfin, le terme "bide" ne convient pas vraiment, parce que nombre d'écrivains seraient certainement très satisfaits par de pareils chiffres de ventes, mais ceux-ci restent néanmoins médiocres eu égard au tirage, au tapage médiatique assourdissant et aux précédents succès de librairie des deux auteurs.

Enfin, moi, je vois ça comme une bonne nouvelle... ça n'atteint pas le niveau du bide monstreux du film de BHL [rappel: BHL et le cinéma, c'est le jour et la nuit], qui d'après mon souvenir avait fait deux fois moins d'entrées que le dernier livre co-signé avec Houellebecq n'a vendu d'exemplaires.
Bonjour,
Pourquoi pas, pendant qu'on y est, une chronique sur "A demain" de PPDA.
De qui se moque-t-on?
Toujours des mêmes.
Décidément, vôtre.
Et bon dimanche, bien sûr.
Un rappel des déclarations prémonitoires et toujours d'actualité de Deleuze à propos "des nouveaux philosophes":

http://www.acrimed.org/article2989.html
Quand un philosophe comme béachelle nous livre sa réponse à la question : "A quoi servent les livres ?", sujet auquel maints lycéens se frottent régulièrement, on s'attend à quelque chose de profond (voir tout en bas de la page) :
"Ce qui nous sépare : [...] la théorie du miroir, enfin (j'ai bien compris l'image et j'aime votre façon de renvoyer aux imbéciles le miroir vide, et sans tain, qu'ils croient pouvoir vous tendre - mais permettez-moi de vous en proposer une autre, librement inspirée de «l'Ame de la vie», le livre d'un rabbin lituanien du XIXe siècle qui s'appelle Haïm de Volozine et qui dit en substance : à quoi servent, non pas exactement les livres, mais le Livre ? à quoi bon ces siècles passés, dans les maisons d'études, à pinailler sur des points d'interprétation de la Loi dont nul n'aura le dernier mot ? à empêcher que le monde ne s'écroule; à éviter qu'il ne tombe en ruine et en poussière; car Dieu a créé le monde; mais, aussitôt, Il s'en est retiré; Il l'a abandonné à lui-même et à ses forces d'autodestruction; en sorte que seule l'Etude, seules ses lettres de feu projetées en colonnes vers le ciel peuvent l'empêcher de se décréer et faire qu'il reste debout - les Commentaires, en d'autres termes, ne sont pas les reflets mais les piliers d'un monde qui, sans cela, retournerait au néant; les livres sont, non le miroir, mais les poutres de l'univers; et c'est pourquoi il est si important que subsistent des écrivains...)."

On se demande bien pourquoi béachelle exhume un auteur de la pensée rabbinique alors qu'une telle conception est aussi celle de la philosophie scolastique, qui ne voit aucun autre horizon à la pensée que celui d'interpréter encore et toujours les Saintes Ecritures, et qui nous est d'autant plus familière qu'une grande partie de l'évolution des idées ces derniers siècles a consisté à en combattre le dogmatisme. Résumer Haïm de Volozine donne sans doute l'impression d'avoir affaire à un érudit ; dans ce cas, l'érudition se trouve facilement sur Internet, dont il n'y qu'à recopier la synthèse.

Dans une telle conception du monde, en effet "les Commentaires, en d'autres termes, ne sont pas les reflets mais les piliers d'un monde qui, sans cela, retournerait au néant" ; il n'y a pas de vérité possible, pour cette pensée religieuse, en dehors de celle qu'on trouve dans la Thorah, dictée par Dieu, vérité dont l'exégète restaure et entretient l'édifice par l'étude du texte sacré. Mais on ne voit pas comment une telle conception pourrait s'étendre à des livres qui ne s'inscrivent pas dans cette perspective d'orthodoxie religieuse. N'importe quel lycéen en prise avec ce sujet, sous peine de manifester un manque flagrant de culture, en viendrait à l'idée que la littérature et la philosophie consistent aussi (et surtout pour bien des écrivains) à questionner notre vision du monde, à la mettre en doute, c'est-à-dire précisément à déconstruire l'idée d'un édifice qui ne peut être que réductrice ; qu'un roman moderne est considéré avant tout, à défaut de pouvoir se raccrocher à une vision du monde monolithique, comme l'espace d'une polyphonie où la vérité se trouve quelque part dans cette confrontation irréductible. Il est amusant, à ce propos, d'observer que béachelle fasse mention dans le même paragraphe de son intérêt pour Nietsche dont la philosophie "à coups de marteau" est entièrement engagée dans la démolition des édifices philosophiques.

Voilà de quoi faire penser à l'article de Cornelius Castoriadis qui, réagissant à la controverse très amusante qui opposa Pierre Vidal-Naquet à BHL, observe que la prolifération d'ouvrages qui vendent de la philo comme n'importe quel produit de consommation résulte d'une dégradation inquiétante de tout esprit critique : "Les « auteurs » et leurs promoteurs fabriquent et vendent de la camelote. Mais le public l’achète – et n’y voit que de la camelote, des fast-foods. Loin de fournir un motif de consolation, cela traduit une dégradation catastrophique, et qui risque de devenir irréversible, de la relation du public à 1’écrit. Plus les gens lisent, moins ils lisent. Ils lisent les livres qu’on leur présente comme « philosophiques » comme ils lisent les romans policiers. En un sens, certes, ils n’ont pas tort. Mais, en un autre sens, ils désapprennent à lire, à réfléchir, à critiquer. Ils se mettent simplement au courant, comme l’écrivait L’Obs il y a quelques semaines, du « débat le plus chic de la saison ».
Bonsoir,

En corrélaire avec le commentaire pertinent de Aloysius, je citerai Pierre BOURDIEU dans "Sur la télévision" page 11 :

"... Il me paraît nécessaire de s'interroger sur cette absence d'interrogation. Il me semble en effet que, en acceptant de participer sans s'inquiéter de savoir si l'on pourra dire quelque chose, on trahit très clairement qu'on n'est pas là pour dire quelque chose, mais pour de tout autres raisons, notamment pour se faire voir et être vu. "Etre disait Berkeley, c'est être perçu". Pour certains de nos philosophes (et de nos écrivains), être, c'est être perçu à la télévision, c'est à dire en définitive, être perçu par les journalistes, être, comme on dit, bien vu des journalistes (ce qui implique bien des compromis et des compromissions) et il est vrai que ne pouvant guère compter sur leur oeuvre pour exister dans la continuité, ils n'ont pas d'autre recours que d'apparaître aussi fréquemment que possible à l'écran, donc d'écrire à intervalles réguliers, et aussi brefs que possible, des ouvrages qui, comme l'observait Gilles DELEUZE, ont pour fonction principale de leur assurer des invitations à la télévision. C'est ainsi que l'écran de télévision est devenu aujourd'hui une sorte de miroir de Narcisse, un lieu d'exhibition narcissique..."

Bien à vous, tous.
La chronique de Judith Bernard et surtout l'intervention de Marc Olive auront pour ma part servi à quelque chose : Après avoir lu et tellement apprécié " Deleuze contre BHL " où Deleuze (un vrai philosophe , celui-la !) analyse plutôt intelligemment le phénomène des "nouveaux philosophes", cela me donne envie de replonger dans certaines lectures qui, elles , ne me feront pas perdre mon temps, relire Deleuze et le livre d'Aubral et de Delcourt, contre la nouvelle philosophie.

Alors, merci Marc Olive avec qui je partage la même tristesse.
Et c'est passionnant, magnifique.

Voilà, je ne vais pas m'excuser d'avoir lu un livre réussi,
un dialogue entre deux contemporains, qui pensent leur rapport au monde et le monde.

Tout le reste n'est que buzz inintéressant.

http://anthropia.blogg.org
Bon.
Judith.

Je me permets une désignation directe, une référence explicite.

Je n'ai pas lu ce livre.
Je ne le lirai pas.

Au fond, je n'ai pas compris votre post. Si ce n'est, éventuellement, que c'est un exercice de style. Une façon de dire, que, quelque soit l'objet, il y a toujours quelque chose à dire dessus.

En un sens c'est vrai, profondément vrai.
On peut argumenter, discuter, proposer, nuancer... sur tout.

Il fût une époque où ce genre de post me faisait sortir de mes gonds. Il fût une époque où de lire... par exemple... qu'un auteur comme Michel Houellebecq est un "écrivain majeur de son époque" me faisait hurler, bondir, vitupérer. Car, en un sens, cela me blessait profondément.
Mais aujourd'hui (plus calme), cela me rend plutôt triste de lire cela.

Triste ?
Oui.
J'ai pu croiser dans mes lectures des textes bouleversants.
Il me semble que, nous avons beau faire, certaines oeuvres nous traversent ; nous atteignent ; nous touchent... et se diffusent ; car émane d'elle une force expressive et persuasive.
Oh ! Je ne dis pas que ces fameuses oeuvres sont, de fait, universelles. Non. D'ailleurs, je n'ai aucune envie de les citer, de les nommer. En un sens elles font partie de mon intimité.

Ce que je sais : lorsque je dois parler d'un auteur de type Houellebecq... je n'en parle pas. Je laisse parler les autres.
Vous annoncez ainsi que ce Michel est "un écrivain majeur de son époque" : je n'ai pas lu le moindre élément dans le post qui dévoile ce qui faisait de lui cet écrivain majeur. A part, peut-être cet extrait "je nourris pour l’écrivain, très précisément pour l’auteur d’Extension du domaine de la lutte et des Particules élémentaires une tendresse profonde et une estime confinant à l’admiration". Etrange. L'admiration porte sur l'auteur, par sur ses textes... L'estime s'adresse elle aussi à l'auteur ; pas à son oeuvre...

Mais... passons.

Sur le reste, eh bien je n'ai été d'aucune sorte convaincu. Ces deux être-là font référence à Nietzsche, à Dostoïevski, etc, etc...
Je n'ai pas compris dans votre post ce qu'ils apportaient de "nouveau" dans leur lecture de ces auteurs.

Ainsi, ayant fini de lire votre post, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à ce texte de Deleuze : Deleuze contre BHL.

Et, pour conclure, en concluant sur votre propre conclusion...

"Et puisqu’il s’agit d’un livre, et non d’un fait qui nous soit inaccessible dans le temps ou dans l’espace, le mieux est encore, toujours, d’aller y regarder par soi-même, et de philosopher un peu, au milieu de tout ce foutoir."

... je suis entièrement d'accord pour philosopher, d'aller regarder par moi-même... mais là où ce n'est pas le foutoir.

Car ça, j'en suis persuadé : il est des endroits encore très simples, autour de nous.

Il suffit de savoir regarder ; et d'attendre ; patiemment.

La télé éteinte, d'ailleurs, ça vaut mieux.

Marc Olive - Arles
Rhalala j'adore votre style.
Je suis tombé sur cette critique, plus étoffée. On en pensera ce qu'on voudra mais elle a au moins le mérite de rentrer dans le "corps du texte".
Judith, vous écrivez à propos du chleuasme que vous relevez :
Ce sont les premières lignes du bouquin : d’entrée de jeu, la scène de la détestation est jouée, embarquant la nôtre et nous ôtant les mots de la bouche. Ça soulage : on est comme débarrassé, on peut passer à autre chose. Bien sûr, on ne sait pas si c’est sincère, si c’est posé, si c’est de l’art ou de l’aveu – eux mêmes, sans doute, ne savent pas très bien. On s’en fout : c’est, tout simplement, de la littérature ; et c’est ça, que les médias font oublier, quand ils fabriquent un produit marketing.

Votre remarque : "on ne sait pas si c'est sincère" trouve diverses réponses dans cet incipit : l'auto-critique y est tellement énorme qu'il paraît impossible de la croire sincère : "ce serait encore me faire trop d'honneur que de me ranger dans la peu ragoûtante famille des anarchistes de droite" ou encore "nous symbolisons parfaitement l'effroyable avachissement de la culture".

Quant à dire que " c’est, tout simplement, de la littérature", je n'y vois pour ma part qu'une énorme ficelle, qu'un effet facile et bien lourdingue. Pas le genre d'incipit qui détonne avec l'opération marketing qui l'entoure.

J'ai quand même lu quelques extraits, ici et . Si tout est de la même veine, je vais m'abstenir de poursuivre.

cordialement
hello judith
merci pour cette chronique dans laquelle vous nous invitez à lire le livre pré-cité. (oui je sais, ça fait courrier pré-imprimé)
sans vous, je ne l'aurai même pas feuilleté.
faire évoluer ses préjugés est indispensable. les gens comme vous parviennent , en effet, à infléchir des positions que l'on pourrait considérer comme pures et dures.
BHL : on s'est tellement moqué de lui que dès le début j'avais fait une croix sur son oeuvre diverse et variée, je parle d'il y a plus de 20 ans. c'est dommage, je fais partie de ceux qui aboient après lui sans avoir lu une seule ligne de lui. il faut dire que le bestiau n'a rien fait pour changer son image détestable.
houellebecq : objets textuels "extension du domaine de la lutte" et "les particules élémentaires" le 2ème bouquin a stoppé mon intérêt pour l'auteur. j'avais l'impression d'avoir fait le tour et aussi la nette certitude qu'il se trompait tellement aveuglé par le positivisme, si bien que sa critique sur la révolution sexuelle des années 60 et 70 me paraissait biaisée, subjective et malhonnête. L'essentiel du personnage me paraissait donc avoir de l'intérêt que pour son aspect clinique (dépréciation de soi, sensation d'inutilé, incapacité d'agir, interprétation, modification de la libido)
je me rappelle qu'il ne faut jamais être trop regardant sur la personnalité des artistes : james ellroy est le maître du polar policier et pourtant bouchons-nous les oreilles quand il parle de politique, pareil pour les Ramones, avez-vous pogoté sur "let's go" dans votre jeunesse rebelle ? Les propos du leader ont fait s'écrouler toutes les iroquoises du monde. Et si ça se trouve Gainsbourg aurait soutenu Sarkozy en 2007, ...pardon pour le blasphème.

oui, je lirai le livre parce que vous parvenez à le trouver intéressant, sinon à quoi bon lire vos chroniques, et s'il y a de la place sur votre tapis volant, je suis prêt à survoler ce monde avec vous et les autres.
Bonsoir sleepless.

Merci de vos réponses, et afin de ne pas créer d'ambiguïté, ces échanges sont pour le plaisir de la discussion (le mien en tout cas) , je ne cherche pas à convaincre et n'ai rien à vous reprocher :)


Il n'y avait pas d'ambiguïté. Ai-je été un peu trop sec dans ma réponse pour provoquer cette précision ? Si oui, sans préméditation.

Autre précision, je suis loin de maîtriser la philo comme vous. Je suis passé à côté, trop jeune à l'époque, et n'ai depuis que des rapports intermittents avec ses problématiques, en piochant sans réelle logique. Ceci pour dire que certaines questions ou remarques vous sembleront naïves...


Je ne maîtrise rien du tout, je vous ai ressorti trois bricoles qui me paraissaient intéressantes du point de vue de l'histoire de la pensée philosophique. Et comme partout les questions naïves sont les plus casse-gueule.

Cela s'applique à n'importe quelle forme de critique ou d'avis. Donc à un moment, qu'est-ce qui fait que cette critique ou cet avis peuvent avoir valeur d'évidence ou de réalité ?
Sommes-nous donc réduits à une incertitude perpétuelle face à l'autre, ne pouvons-nous être sûrs de quelque chose que par rapport à nous-même, sans légitimité pour diffuser ou porter un avis qui aurait cette valeur d'absolu ?
Ceci dans le domaine des idées, sciences et arts répondant pour partie à des critères qui ont force de loi.


Pas sûr d'avoir bien compris. Si vous voulez trouver de l'absolu, vous pouvez toujours chercher. Certains trouvent mais en général ils deviennent vite hargneux. Disons que la raison ne vous permet pas la certitude. Mais il y a des tas d'autres manières d'acquérir des certitudes (les sentiments par exemple). On sait que c'est parfois dangereux, mais bon, on a du mal à s'empêcher.

Je comprends vos questions d'un point de vue purement philosophique auquel cas les réponses n'ont pas d'intérêt, le simple fait de les poser étant suffisant.
Mais nous vivons dans un monde réel, dans lequel le plaisir des choses de l'esprit ne suffit pas (plus ?), et comme vous le disiez, les actes sont les éléments de l'enseignement.


Pourquoi le monde philosophique serait-il coupé du monde réel ? Le point de vue purement philosophique est celui qui permet de décider comment agir. Ce n'est pas de la simple parlotte. Avec quoi êtes-vous d'accord ? Quelle est la motivation profonde de votre élan ? Avez-vous déjà décidé avant de vous interroger de quelle manière il vous faut réagir ? Si oui, pourquoi vous poser la question ? C'est une perte de temps. Si, au contraire, vous admettez qu'une réponse soit conforme à la raison, qu'une action est la meilleure selon les circonstances données, pourquoi rejeter cette réponse en tant que purement philosophique ? Le fait de poser les questions n'est pas suffisant. C'est leur réponse qui importe. C'est leur réponse qui vous fait réagir comme ci ou comme ça. Cela n'a absolument rien à voir avec le plaisir. Dans l'histoire que la philosophie nous lègue, des hommes ont choisi de ne pas céder devant des menaces de mort pour une réponse venue de leur raison. Ils n'avaient rien de farfelu.

Le fait de répondre est-il un acte ?


Oui sans doute, je ne comprends pas bien le sens de la question.

Ne croyez-vous pas qu'un certain nombre de choses iraient mieux, si on arrêtait de porter crédit à des gens qui s'auto-proclament ceci ou cela ? L'imposture n'est-elle pas un désastre pour le monde ? La quiddité n'est-elle qu'une vue de l'esprit ?

Je ne crois pas que les choses iraient mieux sans imposteur. Parce que l'imposture est une part immense de la nature humaine, et que pour supprimer les imposteurs il faudrait supprimer les humains. Certainement le monde serait meilleur si tout le monde était sage, savant, altruiste et bien dans sa peau. Si tout le monde l'était d'ailleurs ça ne signifierait pas grand chose. Malheureusement il existe des connards, des sadiques, des égoïstes, des ignorants. Mon seul pouvoir personnel est de faire de mon mieux pour ne pas leur ressembler. Je n'y arrive pas toujours, alors pour les autres, quand je réfléchis un peu je me dis que le mieux à faire est encore de leur pardonner.

Je ne prête pas à BHL cette possibilité de nuire à la société (quoi que), mais sa position, l'aura et l'influence que certains lui accordent ou lui reconnaissent sont malheureusement représentatives du peu de crédit que l'on fait à la compétence, à la maîtrise d'un savoir-faire.

Je crois que vous exagérez le crédit prêté au bonhomme. Et quand bien même serait-il reconnu par la foule en tant que philosophe, la foule n'en a souvent rien à foutre des philosophes. L'influence qu'il a est parmi les gens qui ont envie d'être influencés. Ils le seraient par lui ou sinon par un autre. L'imposture philosophique se pratique depuis qu'il existe des philosophes, et les disciples des vrais philosophes n'ont pas toujours été meilleurs que ceux des faux (Critias et Alcibiade étaient disciples de Socrate, Commode fils de Marc-Aurèle, etc.).

Laisserais-je quelqu'un proclamer à la face du monde qu'il est musicien sans qu'il puisse aligner deux notes ? Cuisinier incapable de faire un plat ? Etc.
Pourquoi pas, en théorie ? Laissons à chacun la liberté de parole...
Mais quid des gens qui vont le croire ?
L'intérêt n'est-il pas là, empêcher que l'on prenne des vessies pour des lanternes ?


Les gens autour de vous n'ont-ils pas eux aussi des oreilles ? Un palais ? Ne sont-ils pas capables de décider par eux-même si les deux notes ou la bouillie leur plaisent ?

Doit-on être nécessairement l'égal ou le supérieur de quelqu'un pour émettre critique ?
Dans l'un des milieux dans lequel j'évolue, c'est un reproche qui est souvent fait : "avant de critiquer, montre nous que tu peux faire mieux..."
Cet argument m'a toujours semblé irrecevable.
Il se trouve que l'on acquiert grâce aux études, à la pratique une boîte-à-outils critique plus ou moins garnie. Ce qui permet, d'un point de vue disons technique, d'expliquer pourquoi une chose n'est pas réussie, sans pour autant être capable de faire mieux.
Si l'art en général n'était qu'une question d'assemblage et d'utilisation de cette boîte-à-outils, tout le monde serait artiste.
Heureusement, le don et le talent font la différence.
Une personne n'ayant ni l'un ni l'autre mais disposant d'une boîte-à-outils conséquente et de sa maîtrise, aura cette capacité de jugement.


Comment décider alors de qui et de qui n'a pas cette boîte à outils ? En quoi vous sentez-vous mieux outillé que d'autres pour pouvoir les sauver d'un mauvais jugement ? Comment mesurez-vous la boîte à outil de ceux à qui vous dites : prenez-garde, voilà un imposteur ? Ne vous êtes-vous vous même jamais trompé ?
Je lirais peut-être plus tard et si ce n'est pas trop cher.
Puis là, je suis occupé à lire IBSEN : "La dame de la mer".
Une amie qui m'avait coincé entre ses cuisses maigres m'avait conseillé de le lire, elle avait raison.
Comme quoi la lecture, des fois, cela tient à peu de choses. Bonne nuit !
C'est la première (et dernière) fois que je "voterai", en tous cas que j'appuierai sur la touche "voter". En fait, la seule possibilité est de voter "pour", puisque lorsqu'on clique sur "voter" notre vote a été pris en compte (nous dit-on). Des notes, des évaluations, un choix... Mais non, là, c'est "voter"; On appuie et ça vote. C'est déguelasse. Je me désabonne de cet endroit. Déjà que je me demandais oui pourquoi on pouvait lire l'un et l'autre autre, et comment même on pouvait en parler...

SB
Chère Judith, Céline fut un homme sans doute odieux et méprisable sur bien des points, dépassant de loin, en talent, en misère, en excès et en erreurs, nos deux petits marquis de la littérature.. Je n'ai pas à leur reprocher d'être dans l'ombre des plus grands, cela n'est pas de leur faute, mon idée est ailleurs.
Je peux aujourd'hui lire Céline dans le métro, sans aucune honte, et même avec le plus grand interet. Pourquoi? J'imagine que c'est grâce à la distance de l'histoire, à l'apaisement qu'elle procure, au calme et à la lucidité qu'elle permet.

Vous me demandez aujourd'hui de lire avec un recul ,que j'aurais sans doute dans 20 ans, un "objet textuel" d'aujourd'hui. Tellement d'aujourd'hui. Dans tous tous ce qu'il dégage, dans tout ce qu'il transpire, ce livre me regarde bien face pour me jurer ses grands dieux qu'il est livre avant d'être produit, philosophie avant d'être spectacle, idée avant d'être ego. Bon...
Je ne peux simplement pas cautionner, tout comme je ne cautionne pas les excès de Céline. Dans 20 ans, peut-être pourra-t-on utiliser ce livre comme témoignage intéressant sur l'imbécilité d'une époque, et les idiots qui la commettait ?
Pour l'instant, bien enfoncer dans mes godasses, dans mon époque, ce n'est pas possible. Et est-ce simplement possible, Judith, de demander ça à qui que ce soit? Du pur objectivisme?

Pour finir, la critique littéraire peut-elle se permettre une distance d'analyse, presque à la manière de l'historien, qu'elle ne pourra véritablement atteindre que dans des années?




P.S: Je vous le redit, votre article est un petit bout de lumière, malgré la multitude des sombres réactions qu'il déclenche chez certains.. Vous avez eu bien raison de dire ce que vous pensez, de le dire comme vous l'avez dit. Et si vous voulez continuer comme cela, soyez toujours prête à endurer les cons. Pardon pour le gros mot.
Qui peut m'éviter le gogoisme et me le photocopier , voire le scanner et le balancer sur Emule ? :)
Sinon j'ai quand même trouvé votre plaidoirie très stylée et presque convaincante mais il y a comme un je ne sais quoi de compassionel à la fin pour ces deux compères (pas dans le dico ça tiens..) qui nous empêche de sauter le pas.
Le barouf médiatique autour de ce livre, la mise en scène soigneusement préparée auxquels succède l'auto flagellation des premières lignes, comme un aveu sincère de leur mauvaise foi sur ce coup là, qui devrait , en plus, à la fois excuser la forfaiture en même temps que la justifier ? On ne peut pas gagner sur tous les tableaux.
Pour moi, il n'est pas besoin qu'un auteur soit un modèle d'humanisme pour que sa production textuelle soit instructive.

J'en conviens pour ma part tout à fait. Toutefois, j'ajouterai à l'inverse qu'il n'est pas nécessaire qu'une production textuelle soit instructive pour que j'estime sa lecture nécessaire.

J'ajouterai que la valeur instructive d'un ouvrage ne dépend pas seulement de lui, mais de mes propres connaissances et donc résulte du dialogue que j'opère avec l'œuvre. Ainsi, un ouvrage peut être dénué de toute valeur et cependant instructif, puisqu'il me permet de déceler et donc de documenter les lacunes du camp adverse, par exemple.

Je préciserai Judith, que si vous aviez été persuadé de la valeur instructive de cet ouvrage a priori, par des articles, interviews, que sais-je encore, vous n'auriez probablement pas eu honte de l'afficher. Autrement dit, c'est bel et bien a posteriori, chemin faisant, que vous avez trouvé la valeur instructive que vous ne pensiez pas trouver (au moins à ce niveau-là). Il a fallu pour cela vous faire violence, par le biais de la commande, qui atténue votre responsabilité de choix de lecteur, pour que vous puissiez faire cette "surprenante" découverte.

Une contrainte pour aborder la face cachée de cet ouvrage à laquelle ne peuvent évidemment prévaloir nombre de lecteurs potentiels ici présent.

yG
Judith, dont j'admire la maîtrise verbale et l'honnêteté intellectuelle, m'avait presque convaincu de lire "le" livre.
Et puis (c'est fini, je ne crois plus au hasard) en l'espace de quelques jours, j'ai appris que Houellebeck résidait en Irlande pour payer moins d'impôts et, ce matin, dans la salle d'attente de mon dentiste, je suis tombé sur une photo de BHL à côté de sa Jaguar (un truc monstrueux qui en dit plus que n'importe quel discours sur celui qui a envie d'acheter ça).
Alors, pardon Judith, mais non ! ... j'peux pas ! Je n'ai pas votre abnégation intellectuelle. Réaction épidermique, certes. Mais je ne lirai pas "Ennemis publics".
Toujours là, notre sublime Judith...

une Pensée BiBi comme complément....

"Dans leur magnifique livre de niaiseries, ils nous parlent de Richard Anthony et de Frank Alamo. C’est sur les disques du suave et plagiaire Anthony que Houellebecq connut ses premières pignolades et que Bernard-Henry Lévy, tout en frémissements ontologiques, tâcha ses chemises blanches (lavées par Ariel ?). La rencontre se passe en Irlande. Il se peut que vous les croisiez parmi les soiffards de Guiness : deux moutons buvant du Sirop Typhon".

Pour la suite... le site à BiBi [http://www.pensezbibi.com]
Raoul Vaneigem : « Ici, les citoyens élisent le boucher qui les conduira à l’abattoir. »
mardi 14 octobre 2008, par JBB
articleXII.info


Est-ce faire injure à l’auteur du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, opuscule publié en 1967 qui contribua grandement à allumer le feu de mai 68, que d’écrire qu’il n’a pas changé ? Non. Donc : il n’a pas changé. Ce qu’il dénonçait alors, cette condition de survie générée par la société marchande et les illusions du spectacle, il le dénonce toujours. Ces valeurs qu’il prônait, joyeuses vertus de la jouissance, de la gratuité et de la créativité, il les porte toujours haut et fort. Et il les précise même dans un très récent ouvrage, Entre le deuil du monde et la joie de vivre (Verticales), livre essentiel en forme de bilan personnel, de piqûre de rappel de l’actualité ardente de la théorie situationniste et d’invitation à l’hédonisme révolutionnaire.

(...)

Vous écriviez dans le Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations : « Survivre nous a jusqu’à présent empêché de vivre. » Votre constat serait-il encore plus sombre aujourd’hui?
Un constat, c’est ce qui sert à évaluer l’adversaire, non à se résigner, quelle que soit la puissance apparente qu’il présente. Pendant des décennies, on a imaginé une armée soviétique capable de fondre sur l’Europe et de l’envahir. On a su très vite que cette armée rouge était rongée par l’intérieur et inopérante mais cela arrangeait les démocraties occidentales. Exagérer le péril leur permettait d’occulter leur corruption et leur propre pourrissement. L’immense empire stalinien est tombé poussière en quelques semaines, révélant ce qu’il était depuis longtemps : un éparpillement de bureaucraties mafieuses.

Aujourd’hui, c’est l’empire des multinationales qui implose sous nos yeux, et la plupart continuent à se lamenter plutôt que de mettre en place une société où la solidarité et le bien commun seraient restaurés. Il s’agit de rompre avec un système qui nous détruit et de bâtir des collectivités et un environnement où il nous sera donné de commencer à vivre.

Les années 60 étaient celles du surgissement de la vie, de l’emballement militant, des excès d’une génération pensant s’approprier le monde. Le siècle s’amorçant semble bien morne, gris et vide en comparaison. Que diriez-vous à un jeune idéaliste pour lui remonter le moral ?

Que le monde marchand craque de toutes parts, qu’il est en train de s’effondrer en entraînant tous ceux qui s’attachent à lui, même en le combattant. Je veux dire qu’au lieu de rabâcher les mêmes critiques désespérées, il est temps de jeter les bases d’une société nouvelle, de construire l’autogestion en nous emparant des énergies alternatives et en les mettant au service des collectivités refusant d’avoir des comptes à rendre aux gestionnaires de la faillite mondiales et aux escrocs dont le pouvoir n’a d’autre soutien que la passivité et la résignation des masses. Ce que nous devons redécouvrir c’est notre propre inventivité, c’est la conscience de notre richesse créative. Il faut cesser de geindre sur ce qui nous déconstruit et rebâtir notre vie individuellement et collectivement.

Dans Entre le deuil du monde et la joie de vivre, vous citez notamment l’expérience libératrice de la guerre d’Espagne. Vous étiez à Oaxaca en septembre 2006 : était-ce aussi l’un de ces moments de grâce et de vie ?

En dépit de la répression meurtrière, des exactions et des tortures, la résistance n’a pas cessé à Oaxaca. Le feu est entretenu sous la cendre. Le mouvement des barricadiers, des libertaires et des communautés indiennes s’est débarrassé des ordures gauchistes – lénino-trotskysto-maoïstes – qui prétendaient récupérer le mouvement. Les choses sont claires et quand le combat reprendra, il sera sans crainte et sans ambiguïté.

En revanche, en Europe, où l’on ne fusille plus personne, ce qui domine c’est la peur et la servitude volontaire. Le système financier s’écroule et les gens sont encore prêts à payer leurs impôts pour renflouer les caisses vidées par les escrocs qu’ils ont portés à la tête des Etats. Ici, à la différence d’Oaxaca, les citoyens élisent le boucher qui les conduira à l’abattoir.(...)
Merci à Judith de l'avoir fait pour nous; je pense que je me contenterais de ce très bon résumé;aller au-delà c'est retomber dans le piège
Ah ! Judith,

Vos chroniques sont toujours aussi exquises et je tiens à vous en remercier : un bonheur de lecture ce n'est pas si fréquent et certainement pas à dédaigner…

Et puis dans chronique il n'y a pas que nique comme vous le faites observer avec votre habituelle pertinence pince sans rire… Pour les crocs, nous y reviendrons !

Non ! Il ne faut certainement pas lire cet indigeste hamburger merdiatique, et pour un nombre de raisons incroyable…

D’abord (vous êtes trop jeune pour bien le mesurer) la vie est trop courte pour perdre son temps dans des conneries, pourtant penser que les particules élémentaires sont un grand livre est à peu près aussi pertinent que de s’imaginer qu’un Kleenex tout droit sorti d’un pep show est une œuvre d’art digne du MoMA si ce n’est du Louvre ( chez Pompidou on a l’habitude)…

Les particules sont - au mieux - une réécriture lamentable du Meilleur des Mondes (Brave New World) d’Aldous Huxley, au pire une oeuvrette masturbatoire de la pire espèce.

C’est en tout cas terriblement ennuyeux, alors que le Meilleur des Mondes reste un chef d’œuvre d’une incroyable modernité (je veux dire qu’on prend un réel plaisir à sa lecture et qu’on en sort un peu plus intelligent)

Pour ce qui est de BHL je pense qu’il n’y a pas débat, cet homme est l’incarnation même de la nullité infatuée.

Personne n’a jamais lu une ligne de lui qui ne soit insignifiante ou totalement ridicule (si quelqu’un pouvait avoir l’obligeance de me contredire, j’accueille toutes les propositions)…

L’unique utilité de ce brave garçon est de servir de piste d’atterrissage aux tartes à la crème des équipes spécialisées dans les attentats pâtissiers ! Fonction qu’il remplira tant qu’il n’aura pas chanté “Il est beau le chapeau de Zozo” en public, ce qu’il semble obstinément refuser de faire…

Judith ! J’ignore combien ces gredins vous ont offert pour leur apporter la (modeste) clientèle des @sinautes, mais je vous demande d’abjurer et de faire amende honorable en conseillant de ne pas acheter et de ne pas lire cette daube !

Daniel avait promis qu’il n’y aurait pas de pub sur ce site financé par ses seuls abonnés, il y a toujours un moment où il faut tenir ses promesses, même si elles n’engagent que ceux qui les écoutent !

Et hop ! Un bon coup de croc dans les jarrets des deux faussaires…

***
Pardon, il fallait lire "peep show", bien entendu, mon doigt n'a, hélas, pas redoublé comme il aurait du...

***
Judith ! J’ignore combien ces gredins vous ont offert pour leur apporter la (modeste) clientèle des @sinautes, mais je vous demande d’abjurer et de faire amende honorable en conseillant de ne pas acheter et de ne pas lire cette daube !

Vous êtes libre de ne pas suivre le conseil de lecture de Judith, sans pour autant supposer le pire. J'ajouterai qu'elle aurait touché la même chose à réduire en confettis cet ouvrage.

Bref, j'en profite pour souligner que nous passons presque tous sur cette page à côté de l'essentiel de la problématique soulevée par Judith, la discordance entre un plan média qui semble tout juste bon à marketer un mauvais yaourt et un produit qui s'avère selon notre hôte après dégustation pas si dénué de saveur, pour nous précipiter sur l'expression de notre propre goût a priori à suivre ou non son propre exemple...

Certes, Judith aurait pu intituler son article, "Pourquoi nous pouvons lire malgré..." pour éviter l'aspect d'injonction et la contre réaction qu'il provoque de façon atavique, l'étalage de nos opinions préconçus...

Mais pourquoi sommes-nous si nombreux à nous engouffrer dans cette brèche ?

yG
On ajoutera ceci : le titre de l'article n'est pas de moi, mais du Capitaine, qui transforme toujours les miens (sans doute moins "efficaces") : j'avais intitulé ma chronique : BHL-Houellebecq, Ennemis publics ? Sous titre : La philosophie dans le foutoir. C'est, disons, plus souple.

Deuxième chose : je pense que cette chronique ne sera pas votée d'utilité publique ; parce qu'elle pense et parle contre son lectorat. C'est lisible dans trois posts sur quatre. La chose est intéressante, et l'expérience est nouvelle pour moi (un peu déstabilisante, aussi : je me demande à chaque fois si je n'ai pas fait une énorme connerie, rallié le côté obscur de la Force, abjuré mes idéaux dupée par la grande illusion - et puis je me souviens que, ici, je suis à peu près la seule à avoir lu le livre dont je parle. Et donc la seule à savoir exactement ce que je défends - pas les auteurs, pas les personnages média, mais l'objet textuel issu de leur confrontation.)

Troisième chose : dans ces fameux trois posts sur quatre qui dézinguent l'un ou l'autre ou les deux protagonistes, la majorité fournit des arguments prélevés dans la sphère médiatique]. On déteste les bonhommes pour ce qu'on en a lu ou vu dans les médias. La détestation est organisée par les médias (comme l'idolatrie) ; elles ne sont pas plus pertinente l'une que l'autre. Rares sont ceux qui, les ayant lus directement, détestent les objets textuels qu'ils ont produits. C'est pourtant de cela que je parle, et non pas des auteurs.
Merci pour la précision concernant le titre (Je ne me souvenais plus de ce point crucial. DS n'est pas issu des médias pour rien, il a repris ce travers dont il a dû pourtant souffrir lui-même, j'imagine), lorsqu'on lit le nombre de réaction épidermique qu'il provoque. Ce titre dissocié du contenu illustre presque contre votre gré, Judith, ce que vous vouliez dénoncer, un marketing qui détourne de l'essentiel, ici, un titre racoleur, provocateur qui détourne de votre analyse de l'ouvrage.

yG
Bonjour Judith.

Je ne suis pas du tout déçue par votre chronique, mais beaucoup plus par votre message, ci-dessus. Je le trouve, peut-être à tort, un peu méprisant.
Les messages de ce forum n'ont rien de critiques à votre égard (un peut-être, et encore...).
Evidemment que nous réagissons en fonction de et contre le tapage médiatique.

Vous vouliez quoi ? Que nous répondions tous : "ok, je vais le lire" ?


Eh bien non.
J'allais justement vous dire que votre chronique aurait aussi bien pu se terminer en nous expliquant que le corps n'est pas aussi pourri que le voile obscène qui le recouvre, mais que nous pouvions tout de même entrer en rébellion contre cette stratégie de vente douteuse et boycotter l'ouvrage.
Comme je boycotte les bronzés 3, la môme, les choristes, etc., etc.

Des personnes qui se prêtent à ce jeu médiatique ne peuvent pas gagner mon estime, et vous ne pouvez pas nous reprocher d'en tenir compte.
Vous avez raison, il y a peut être quelque chose de choquant dans mon message ; il ne s'agit pas de mépris, à l'égard des contributeurs - si je les méprisais, je ne leur répondrais pas. Il y a, en revanche, le sentiment d'un malentendu persistant : on me répond "non, pas question, le bonhomme est odieux" - or je trouve aussi que le bonhomme est odieux, et je le dis, même. Mais je parle d'autre chose : de l'intérêt que peut avoir un objet textuel, même émanant d'un bonhomme odieux. Cet objet textuel ne rachète pas le bonhomme odieux : il l'éclaire. Et ce faisant il nous éclaire aussi. Je ne m'attendais pas à ce qu'on dise "oh oui, oh oui, tout de suite, je vais le lire". J'espérais peut-être qu'on dirait : tiens, oui, il peut y avoir sous l'odieux des objets, dont l'accès est rendu difficile par cet odieux - et les médias sont évidemment l'espace de constitution de cet odieux - et ces objets, parfois, valent qu'on les regarde les yeux dans les yeux. J'espérais peut-être que ma réflexion soit prolongée, nourrie, par d'autres exemples, d'autres expériences analogues... Et finalement, non : ce n'est pas ce jeu-là que les contributeurs ont eu envie de jouer, mais celui de la détestation inébranlable. D'où mon sentiment de n'avoir pas rencontré le public, sur ce coup-là.
C'est dur de lire malgré soi.
Vous aviez une motivation, rédiger un article. Nous, nous devons nous appuyer sur un "Judith Bernard dit que nos préjugés nous cachent un livre digne de ce nom", qui pèse son poids, mais je ne vous dis pas tout ce qu'il y a qui s'entasse sur l'autre plateau de la balance!
Donc on verra, mais grâce à vous si le livre se pointe dans ma bibliothèque dans quelques mois, je dis pas non.
En fait j'aurai préféré un volume Houellebecq "lettres à BHL", un volume BHL "lettres à Houellebecq". Houellebecq aurait été heureux comme un pape de griller BHL au top des ventes. Ils se seraient fachés à mort. On aurait bien ri.

Mais je parle d'autre chose : de l'intérêt que peut avoir un objet textuel, même émanant d'un bonhomme odieux.


En réalité il me semble que le malentendu tient plutôt à une sorte de confusion : il est parfaitement possible qu'un type odieux produise des livres fascinants et même géniaux, Louis-Ferdinand Céline est l'exemple le plus emblématique de ce cas.

Seulement cela suppose d'être odieux ET génial

Si on est seulement odieux et qu'on remplace le génie par la prétention et la nigauderie amphigourique, ça marche beaucoup moins bien !

De plus c'est un peu dur d'imaginer que les @sinautes jugent sur des on-dit : beaucoup ont déjà lu certains objets textuels (Michel Tournier dirait "texticules") de ces zozos -en ce qui concerne Bernard-Henri il faudrait plutôt évoquer le "chapeau de Zozo"...

C'est même parce qu'ils en ont lu et qu'ils en gardent un très mauvais souvenirs qu'ils ne sont pas prêts à repiquer au truc, selon le théorème du chat échaudé.

D'un autre côté je fais pas mal confiance à votre talent de lectrice - supposant qu'il se rapporte à votre talent d'écrivain (gardez votre camembert je n'ai pas faim pour l'instant), et donc j'imagine qu'il n'y a pas que du mauvais dans ce livricule (là on attaque James Joyce en collisionnant livre et... ridicule, ou cul(e)...)

Pour dire que, dans tous les cas, il y a certainement mieux à lire, Le Clézio par exemple. Je ne suis pas vraiment meilleur que vous : j'ai croisé J.M.G. Le Clezio en 1970 (très séduisant, je peux l'assurer) chez Gallimard où je travaillais comme grouillot - et qui était son éditeur - J'ai donc lu "La Guerre", qui ne m'avais pas totalement passionné... Et plus rien ensuite, c'est sans doute dommage !

Les livres c'est comme l'argent : le temps que l'on consacre à lire des foutaises est pris sur celui qui permettrait de lire des merveilles, exactement comme l'argent qu'on a dépensé pour des cochonneries nous fera défaut pour faire des achats utiles...

Bon ! Vous avez une excuse : c'est le Capitaine qui vous a imposé cette lecture. Quel homme cruel !

Il mériterait que Georges Le Gloupier lui envoie une équipe pâtissière !

P.S. : Dans les correspondances puis-je vous suggérer celle de Proust ?

***
"... et puis je me souviens que, ici, je suis à peu près la seule à avoir lu le livre dont je parle."

D'ailleurs, le "Capitaine", l'a-t-il lu lui-même le livre ? ... avant d'exploiter ta panne d'inspiration en te faisant faire "le boulot" à sa place ? Je m'demande moi aussi si ta générosité et ton courage ne t'ont pas joué un mauvais tour. Mais il y a pire, dans la vie.

Le déferlement de commentaires, à la limite de la nausée parfois, visant BHL, me laisse perplexe, voire mal à l'aise. Je me souviens d'un petit jeu de devinette auquel je m'étais livré sur le BBB en citant un extrait de "Ce grand cadavre à la renverse", sans révéler le nom de l'auteur. Les propositions de celles et ceux qui avaient joué étaient parfois surprenantes, parfois astucieuses, parfois malicieuses, jamais insultantes. Est-ce dû au fait que seuls les propos de l'auteur permettaient de l'identifier, pas son image médiatique ?
Souvenir très très intéressant. IL semble bien qu'il y ait un "jeu" de la détestation BHLienne (auquel je participe, puisque je le déteste aussi), jeu qui semble un peu perturbé dans ses règles, quand on soulève le poids de l'image médiatique, et qu'on rentre dans le corps à corps avec un objet textuel... Pour la lecture du Capitaine, elle n'a eu lieu qu'en diagonale, et encore même pas : "pioché quelques phrases ici et là", et il n'en a tiré que l'impression de quelque chose de complètement artificiel, de complètement fabriqué, par la commande. Impression que je n'ai guère éprouvée dans ma lecture...
Je ne vous trouve pas très fair-play, Juléjim, avec votre devinette que j'ai retrouvée ici grâce à Google. Vous citiez béachelle répliquant à ceux qui considèrent que le libéralisme est la loi de la jungle : "C’est leur vision stéréotypée et, encore une fois, ridicule, d’un libéralisme consistant dans le recul, l’effacement, la négation du rôle de l’Etat alors que la libéralisme, le vrai, a toujours été, aussi, selon tous ces théoriciens, une réflexion sur la correction, par la loi, donc par l’Etat, des effets de concentration, ou de rente, ou de monopole, que le libre jeu du marché est toujours susceptible d’engendrer...".

"Celles et ceux qui y ont participé" se résument à deux personnes, dont Anthropia (qui dit d'ailleurs tout en bas qu'elle a trouvé le dernier opus "passionnant"), avant qu'un troisième ne donne la solution. Le passage cité (au mépris près qu'affiche béachelle) aurait pu être attribué à n'importe lequel des défenseurs du libéralisme, qui fourmillent dans la classe politique. Vous allez un peu vite à en tirer des généralités sur le bien-fondé de l'hostilité que suscite le personnage...
Bonjour Judith

1/ La titraille est toujours l'un des points sensibles d'un article, certains secrétaires de rédaction ou rédac'chefs sont même coupables de contre-sens...
À nous de savoir dépasser le titre et les inters, en connaissance de cause et de juger sur le fond, et non pas sur les accroches, réductrices, forcément réductrices (coucou M. D.)

2/Non, vous (la chronique) ne pensez pas contre votre lectorat. Enfin, je parle pour moi, ne voulant pas me voir reprocher de fédérer quoi que ce soit ou parler pour d'autres. Mais je lis tous les posts...

3/Ne réduisez pas les @sinautes à une majorité abreuvée aux arguments médiatiques, svp. Je pense, mais peux me tromper (que de précautions...), que si la majeure partie d'entre nous est là, c'est à cause du traitement médiatique en général et du rabaissement culturel et intellectuel que l'on voudrait faire subir à M. et Mme Toutlemonde.
Je crois, peut-être naïvement (encore des précautions...), que ceux qui expriment ici leur détestation à divers degrés de BHL ou de Houellebecq les ont lus.
Que l'on y ajoute des réactions dues à d'autres paramètres (arrogance, fatuité, cuistrerie, etc.) est aussi normal.

Rares sont ceux qui, les ayant lus directement, détestent les objets textuels qu'ils ont produits.

Ben si, on existe...
Ah, bien, alors entrons dans le vif : quel(s) objet(s) textuels avez-vous jugés absolument détestables ?
Bon, alors, ça tombe sur moi ? :)
Il va falloir faire fonctionner ma mémoire...

Alors de Houellebecq, j'ai lu "Les Particules Élémentaires", dont je vous ai déjà dit que c'était ce qui pouvait justifier mon indulgence envers lui.
Puis j'ai continué avec "Rester Vivant et autres textes", et là, j'ai décroché. Courte expérience, peut-être, mais suffisante en général pour savoir si j'ai envie de continuer à lire quelqu'un. Du soit-disant nihilisme sous-Cioranesque, de la pseudo-philosophie tentant d'amalgamer Aristote, Heidegger et Socrate, de la simili critique littéraire/déboulonnage (J. Prévert est un con), etc.
Posture, imposture. Mais c'est tellement facile quand on se traite soi-même de merde. Le fameux chleuasme autorise ainsi tout et n'importe quoi.

Je reviens plus tard pour BHL.
Peut-être seriez-vous bien inspiré(e?) de faire un détour par l'article de Birnbaum dans le Monde du 16/10 ?

Il expose, pour l'essentiel, le même point de vue que Judith.

L'extrait suivant est sans équivoque :

"...[ dans un premier temps, comment ne pas éprouver, au minimum, une réticence ? Sur la forme, d'abord : ce battage médiatique, ce marketing effronté, cette façon de maintenir secrète, jusqu'au dernier moment, l'identité des auteurs... Sur le fond, ensuite : cet "ardissonisme" rampant, désormais banalisé, qui autorise chaque célébrité à envahir les plateaux pour prendre la pose du grand persécuté. Beaucoup n'auront pas envie de participer à ce jeu-là.
Mieux vaut esquiver. Se boucher les oreilles, ouvrir le volume, lire. Et là, surprise : malgré le brouhaha, malgré les postures, malgré tout, se découvre un texte d'écrivains. Par-delà leurs multiples différences, ces deux hommes partagent bel et bien une même passion pour les mots, un même engagement au service du langage. La littérature est leur lieu commun, et ils sont travaillés par un seul et même démon : la "tentation du personnage", selon une formule de Houellebecq.

Dès lors, tout s'éclaire autrement. Pour publier Ennemis publics, Lévy et Houellebecq se sont avancés masqués ? Certes. Mais ce trompe-l'oeil commercial reflétait aussi un enjeu de fond : les auteurs signent une méditation à deux voix sur la littérature comme travestissement.]..."


Vous me direz que ça ne donne pas raison à Judith pour autant, certes, mais ça peut faire vaciller encore un peu plus notre valse-hésitation. En plus du clin d'oeil affectueux à la croqueuse... euh à la chroniqueuse... sous la forme d'un "t'es pas toute seule à penser comme tu penses !"
Juléjim

moi c'est é :)

Sinon, j'ai lu le texte de J. Birnbaum.
Là où Judith parle d'une certaine vérité, des masques qui tombent, lui ne cesse d'évoquer la mystification, l'illusion, les leurres.

Et le texte de Judith est bien plus intéressant, à mon sens.

Il n'empêche que plus ça va, la mémoire et les souvenirs revenant, en particulier du Testament de Dieu de l'entarté, et de l'impression ressentie par un étudiant en histoire (moi, mais je suis dans bien autre chose maintenant...), et moins j'ai envie de lire cet objet. Venir à bout de ma curiosité, il faut le faire...
J'en ai profité pour relire les échanges de Vidal-Naquet et Castoriadis à l'époque, ils avaient raison, ils ont toujours raison. Lire, entre autres, les phrases sur l'opposition production marchande/production de la pensée, sur la nécessité de la pudeur, sur le génie-Darty...

Vaste débat que la diffusion de l'art, de sa nécessaire publicité à l'époque où la célébrité vient grâce à une séance de baise dans une piscine, deux chansons (dé)gueulées, une attitude, un record débile, etc. Oui, oui, Warhol...

Ce qui ne remet bien sûr absolument pas en cause la chronique de Judith. Qu'elle ne m'ait pas convaincu (si tant est que cela ait une quelconque importance) n'est absolument pas de sa "faute", c'est juste que je sais maintenant, après avoir relu quelques lignes et pages de l'un et l'autre, que je ne prendrai aucun plaisir à la lecture de ce livre et qu'il ne sera d'aucun intérêt pour moi. Étant entendu que le plaisir peut revêtir plusieurs formes.

Et j'attends la prochaine chronique de Judith avec impatience, sûr de la qualité de ce rendez-vous là.
Je suis en train de relire du BHL pour pouvoir éventuellement argumenter plus à fond.

Pour faire une pirouette, je dirais que l'utilisateur compulsif des mots-valises et inventeur du romanquète mérite bien la critiràvue.
Le débat n'est pas en très bon point, Judith, quand vos contradicteurs se voient obligés de décliner leurs lectures pour avoir voix au chapitre et que la question est de savoir s'ils sont effectivement manipulés par les médias sous prétexte qu'ils n'auraient pas lu béachelle de long en large. Il est vrai que vous êtes vous-même sous le feu des contestations, ce qui vous met un peu dos au mur. Et vous vous doutiez de la difficulté du défi que vous avez voulu relever : ce courage-là mérite vraiment d'être salué.

Je ne parlerai pas de Houellebecq que je ne connais pas du tout. Votre chronique, pour tout vous dire, a attiré mon attention sur cet auteur. Les extraits que j'ai lu du livre que vous présentez ne m'ont pas forcément passionnés ; mais je compte essayer d'en savoir plus (justice doit vous être rendue : vous y êtes pour quelque chose). Dans le cas de béachelle, qui m'insupporte comme beaucoup, il ne me semble pas indispensable d'avoir épluché ses écrits pour s'en faire une idée. Il est ominiprésent dans les médias où on ne le met pas trop en difficulté (comme le rappelle très bien Cassandre) ; pour ne pas l'avoir entendu s'exprimer, il faudrait vivre dans un désert ; à défaut d'avoir lu ses livres, on peut assez facilement tomber sur ses articles, comme celui sur Siné que j'ai trouvé personnellement imbuvable : cette orgie de références philosophiques, qui semblent tout droit tirées d'un annabac de philo, sans arriver à répondre simplement à une question simple m'a semblé par exemple franchement ridicule.

Vous parlez d'abord à son sujet de votre impression d'"un égocentrisme trop puissant pour être seulement déguisé" puis vous nous le présentez tout à coup comme quelqu'un qui vit avec le "sentiment de « vivre et mourir les armes à la main », habité par le goût de vaincre, mais aussi d’aider, de sauver [son] prochain, convaincu qu'[il] est responsable de la condition humaine" : seulement, voilà, rien ne nous permet de comprendre comment vous êtes passée du paon au héros de la littérature.

Et c'est au fond ce qui me dérange dans votre chronique. Vous parlez du "corps du texte" comme d'une preuve, mais vous ne nous en dites presque rien et je cherche en vain la distance critique qui nous permettrait de faire entrer un peu de perspective dans la réflexion. Houellebecq serait une figure mélancolico-cynique, l'autre une incarnation de l'héroïsme littéraire ; l'un serait tout entier dans sa quête du Bien, l'autre dans celle du Vrai ; et vous nous laissez avec la conclusion que leur échange est "VRAIMENT un échange dialectique" : en quoi ? Nous ne savons pas. Ces deux postures (parce que ce sont très exactement des postures), à vous lire, n'engagent ni discussion, ni nuance. Vous avez peut-être de bonnes raisons de le penser, mais nous ne les connaissons pas. La confrontation entre le Vrai et le Bien a pourtant toutes les chances de rester purement rhétorique, de sentir le réchauffé à des kilomètres, étant donné qu'il s'agit des domaines les plus basiques de la rhétorique classique (avec l'Opportun) au moins depuis Aristote. Comment sont-ils sortis de ces exercices pour débutants dans l'art de l'éloquence ? En sont-ils seulement sortis ? Rien de ce que vous nous dites ne permet de s'en faire une idée.

Vous nous parlez de la nécessité de se référer au "corps du texte", mais vous ne le faites pas (hormis à propos de l'incipit qui n'est rien d'autre que l'exacte déclinaison de ce "titre sanglant" que vous semblez pourtant décrier). Les "bonnes feuilles" proposées par le Nouvel Obs (j'ai mis les liens tout en bas) auraient apparemment pu suffire à nourrir la présentation que vous faites de l"ouvrage. Et ce que j'y lis, au moins pour béachelle a plutôt tendance à me confirmer "l'égocentrisme"dont vous dites être revenue. "Trente ans que je me demande comment un type comme moi a pu, et peut, faire illusion." dès sa première intervention, me rappelle Alain Delon qui explique qu'il n'a forcément pas été à l'affiche sans raison pendant si longtemps. Quand il qualifie ses détracteurs de "peine à jouir", je ne vois pas où est la moindre amorce d'une auto-critique qui se regarde ""VRAIMENT avec les yeux d'une intransigeance qui ne soit dupe d'aucun sortilège" : les majuscules revenant à deux reprises ne nous aident pas à comprendre. Pour situer le problème il se place parmi Sartre, Cocteau, Pound, Camus et Baudelaire - rien que ça. S'agit-il d'expliquer son intérêt pour l'écriture ? Il se peint en aventurier, qui a le "goût de la performance" et qui s'en va courageusement conquérir toutes les terres de l'indifférence. Son enfance à Mascara en imposerait même à Cosette ; mais la lecture des commentaires en bas de page des gens qui connaissent l'endroit laissent quand même l'impression qu'il raconte pas mal de conneries. Comment du reste pourrait-il s'interroger sur les motifs de l'hostilité qu'il suscite (je dirais plutôt "du ridicule") quand il ne voit dans ses détracteurs qu'une "meute" qui "a peur" (de quoi ? il ne le dit pas), qui est aussi "faible" et "bête" ?

Alors peut-être, Judith, ces "bonnes feuilles" ne sont encore qu'une tentative de manipulation contre lui. Peut-être a-t-il dit des choses très pertinentes que le Nouvel Obs s'est bien gardé de publier pour ne pas déconstruire l'image qu'il s'est lui-même forgée en s'inscrustant depuis si longtemps dans le champ médiatique. Vous avez sans doute des raisons d'avoir été émue et surprise par ce livre. Mais j'ai envie de répondre au défi que vous adressez à Sleepless : et vous Judith qu'avez-vous lu dans ce "corps du texte" ? Quelles analyses argumentées, quels exemples, quels passages sont donc pour vous de la si bonne littérature ? Et surtout qui soit de nature à nous faire oublier sa logomachie pompeuse et prétentieuse ?
rien ne nous permet de comprendre comment vous êtes passée du paon au héros de la littérature.

Ben, si, en lisant le livre en question.

Vous parlez du "corps du texte" comme d'une preuve, mais vous ne nous en dites presque rien

Parce que ce n'est pas une fiche de lecture cette chronique, pas une émission littéraire, Judith voulait souligner l'écart entre l'attente (négative) et le résultat (plutôt positif) dans lequel le battage médiatique joue un rôle. Elle nous invite à aller au delà du miroir.

C'est pourquoi elle peut parfaitement, comme vous dites nous laissez avec la conclusion que leur échange est "VRAIMENT un échange dialectique" sans avoir à nous prouver en quoi

Bref, votre invitation vous Judith qu'avez-vous lu dans ce "corps du texte" ? Quelles analyses argumentées, quels exemples, quels passages sont donc pour vous de la si bonne littérature ? Et surtout qui soit de nature à nous faire oublier sa logomachie pompeuse et prétentieuse ?

C'est un travail qu'elle peut faire, si l'envie, le désir lui vient, évidemment, mais qui n'entre pas dans le cadre de son article. Pour oublier cette "logomachie pompeuse", elle nous a déjà fait part de sa propre réticence à y aller et le plaisir qu'elle en a retiré finalement, c'est bien assez dans le cadre de ce post.

yG

Judith voulait souligner l'écart entre l'attente (négative) et le résultat (plutôt positif) dans lequel le battage médiatique joue un rôle. Elle nous invite à aller au delà du miroir.


Flammarion avait en effet tant a redouter de l'hostilité de principe des médias qu'elle a pu orchestrer un énorme coup marketing en occupant tout le champ médiatique avec son livre "sous x" et imprimer d'avance 120 000 exemplaires. Il est vrai, assurément, que le pire qu'on puisse faire pour un livre n'est pas de ne rien en dire, comme chacun pourrait le croire, mais bien de le présenter partout. "C’est sans doute aussi la raison pour laquelle, écrit Bakchich les deux écrivains ont été reçus, ce dimanche 5 octobre, au JT de 20 heures de France 2. Qu’ils devraient être sur France Inter cette semaine, invités du « 7 - 10 » animé par Nicolas Demorand. Et qu’ils seront, vendredi 10 octobre, les invités de Daniel Picouly pour un « Café littéraire » spécial, puisque selon le JDD.fr, France 2 a bouleversé sa programmation pour l’occasion."

Et puis, à n'en pas douter, la presse est très méchante. Il suffit de taper "ennemis intimes" dans google et de cliquer sur tous les liens qui renvoient à la presse pour s'en convaincre. Hostile, Afp, quand elle annonce le "dialogue de deux érudits, parmi les rares intellectuels français du moment prisés à l'étranger" ; Gala, tout comme Femmes actuelles reproduit les méchancetés de l'Afp ; vicieux le JDD "On pourrait penser que Bernard-Henri Lévy s'encanaille et que Michel Houellebecq s'embourgeoise. Aucune chance. Rien n'est jamais simple avec eux. Ils se cherchent plus qu'ils ne se trouvent. Ils ont en commun le sens du jeu et le goût du feu." ; fulminant, L'Express : "l'échange épistolaire entre l'auteur des Particules élémentaires et le philosophe est captivant..." avant de conclure : "Ennemis publics, c'est «Michel le fataliste et son maître», dont resteront de belles leçons de philosophie et deux parts de vérité." ; l'annonce du Café littéraire de France 2 verse dans l'injure : "« Ennemis publics » est une correspondance passionnante entre deux écrivains : ce qui compte, ce qui fait mal, ce qui n’a jamais été dit. Souvenirs, batailles, aveux. Un livre inattendu qui résonnera longtemps." ; La Dépêche semble vouloir nuancer quand elle indique qu'ils "se posent en victimes d'un système dont ils ont, pourtant, pour habitude, de copieusement user." avant de les démolir à leur tour : "Quand ils débattent des œuvres dont ils se nourrissent, ils deviennent passionnants. Ils entraînent leurs lecteurs au pays des livres, des mots, des idées et de la littérature. On en revient enrichi." ; 20 minutes, sous des dehors de neutralité, cède aussi à la vague d'agressivité : "Malgré tout, le livre permet de les redécouvrir écrivains, derrière les animaux médiatiques qu'ils sont et resteront. ". Alors c'est sûr, il fallait bien que @si vienne nous dire tout le contraire pour rétablir un peu l'équilibre !

La lecture de ce livre, à en croire Judith, fait passer de la "honte de lire BHL" (qu'elle n'aurait donc pas lu préalablement, ou en aurait gardé une très mauvaise impression) à la conviction qu'il faut le ranger parmi ceux qui "n’économisent pas leurs efforts pour penser l’époque, et qui eussent pu faire office de maîtres à penser, de figures tutélaires, de pères d’adoption, comme d’autres époques ont eu leur Sartre, ou d’autres avant leur Hugo" ; la réponse "il faut lire le livre" pour combler le gouffre entre les deux, sans la moindre piste pour comprendre comment se produit une révélation d'une telle ampleur, me semble un peu juste. Et cette culture du mystère ressemble malheureusement beaucoup à la stratégie marketing de Flammarion. Le seul moyen d'en sortir serait, comme le dit Judith, de parler du texte ; ce serait au moins un début de "décryptage". Qui serait le bienvenu.
Alors c'est sûr, il fallait bien que @si vienne nous dire tout le contraire pour rétablir un peu l'équilibre !

Euh, c'est Judith qui parle, quant bien même elle est commandité par DS, le chef d'asi@. Cela étant dit, vous confondez, l'attente négative que j'évoque n'est pas celle des média qui raffolent évidemment de ces deux entités, mais de Judith et des personnes un peu informées/habituées qui savent ce que cachent ces campagnes médiatiques, orchestrées par l'éditeur, les deux acteurs et les médias complices, et donc y réagissent et abordent l'objet avec réticence, lorsqu'on leur demande de voir si le ramage est à la hauteur du battage.

Conclusion, une fois qu'elle s'y est frottée, Judith a trouvé que le produit valait bien mieux que l'image martelée par l'éditeur et reprise par ces médias avides de sensations. Elle n'est pas la seul à y avoir trouvée son compte à son esprit défendant. Les inrocks, admirateur de MH, mais loin d'être affilié à BHL, y ont trouvé aussi de l'intérêt au delà du produit marketé.

qui eussent pu faire office de maîtres à penser, de figures tutélaires, de pères d’adoption, comme d’autres époques ont eu leur Sartre, ou d’autres avant leur Hugo

Aloysius, cela ne vous ressemble pas de ne pas lire la fin de la phrase que vous citez, je vous la donne, Judith termine sa phrase par apparaissent d’abord comme deux grands enfants, éperdument attachés à la quête de leurs propres figures paternelles, symboliques ou biologiques; et cela fait signe pour une époque.[/qhote].

Bref, ce ne sont pas les nouveaux Sartre ou Hugo, leur époque n'est pas celle(s) de leurs illustres aînés, pas les mêmes problèmes non plus, pas la même dimension, mais un regard sur leur époque tout de même, aussi nombriliste et insignifiant puisse-t-il être et paraître.

Et cette culture du mystère ressemble malheureusement beaucoup à la stratégie marketing de Flammarion. Le seul moyen d'en sortir serait, comme le dit Judith, de parler du texte

Quel mystère, Judith ne fait pas mystère qu'elle y a trouvé de la philosophie, de la dialectique, suffisamment enrichissante dans cet échange pour qu'il vaille la peine d'être lu.

Faut-il qu'elle vous lise le livre pour vous en convaincre, ce n'est pas son rôle, elle vous fait part honnêtement de son évolution, d'un a priori négatif à un a posteriori positif, retournement une fois confronté à cet échange, c'est un aveux déjà bien assez éprouvant pour ne pas l'inviter à recopier ses notes ou l'ouvrage.

C'est un tout autre travail d'explication (de texte) que cela, un travail qu'elle aurait aimé pouvoir livrer avec ceux qui l'aurait lu intégralement, comme elle... mais ils ne sont pas venu ceux-là.

Ne reste plus que ceux à qui l'assurance qu'elle nous donne ne suffit pas, qui en veulent plus... alors que le livre et le choix de le lire ou pas leur appartient toujours et sera toujours de leur seul responsabilité.

yG
Au temps pour moi, cher Yannick, si je n'ai pas bien interprété le rôle que vous assignez aux médias dans cette affaire. A vrai dire, je venais de lire un passage de Judith qui indiquait que la détestation des deux auteurs était organisée par les médias. Ils organiseraient donc cette détestation en en disant trop de bien ? (enfin au moins en partie) Je ne doute pas une seconde de l'honnêteté de Judith. J'observe simplement que tout un tas d'affirmations, de généralités assez tranchées (leur dimension de "maître à penser", l'héroïsme littéraire de béachelle, parmi d'autres), faute d'être justifiées, provoquent de façon assez prévisible des contestations ; à plus forte raison parce que cela fait écho à ce que rabachent les médias, sans argumenter davantage. Et je m'étonne que cela ne soit pas au moins un petit peu discuté pour donner à ces affirmations un peu de contenu.

J'ai bien noté que Judith dit aussi être sensible à une dimension plus intime (la citation que vous faites ajoute en effet cette dimension aux qualités philosophiques qu'elle a perçues) ; je ne parlerai pas pour ma part, au sujet de ces "deux grands enfants, éperdument attachés à la quête de leurs propres figures paternelles, symboliques ou biologiques" de "signe", mais de cliché (et d'un gros en plus). Cela dit, je ne conteste aucunement que cela puisse être émouvant, ni que Judith l'ait été (je n'y suis pas insensible à cet aveu sincère, d'ailleurs).
En tant que pouième des trois-quarts, je me permets de répondre humblement :

- qu'en aucune façon je ne vous porte quelconque rancune pour l'expression de votre intérêt dans ce livre, par ailleurs bien argumenté (ce qui fait que je l'ai quand même voté comme d'utilité publique), ni ne vous enjoins à le renier,
- que cela n'ôte absolument rien de l'estime que je vous porte par ailleurs, et que, l'eussè-je su par quelconque moyen, je vous aurais trouvée plutôt vache de déguiser votre sentiment pensant qu'il serait mal reçu par votre lectorat (de même, je trouve dommage que vous ayiez eu des scrupules mal placés à le lire tout court),
- que, vue la manière dont les deux zigotos utilisent eux-même les médias pour orchestrer leurs envolées, je me sens en droit de les juger par le biais qu'ils ont eux-mêmes choisi de se faire connaître.
Voir BHL s'ahurir lors de ses entartages m'enjoins à ne pas le considérer capable d'une quelconque philosophie (qui est, pour ma part, l'expression d'actes, non de paroles). Des écrits de Houellebecq, que je n'ai pas lu in extenso, aucun des extraits que j'aie pu consulter ne m'a enjoint à le faire.

Si un bonimenteur réputé me vend un jour, par ses usuels boniments, de l'eau lorsque j'ai très soif, je serais idiot de ne pas lui en acheter, surtout si un ami ayant goûté l'eau m'a dit : vas-y, c'est de la bonne. Si, néanmoins, je n'éprouve aucune soif, mon ami pourra me vanter la gourde du bonimenteur autant qu'il voudra, je ne vois pas pourquoi je devrais m'en tracasser. De même, vous ne me donnez pas envie de lire ce livre.

Et j'ajoute que je n'aurais pas participé au concert des trois quats sans ce mauvais titre, qui détourne beaucoup l'intention du texte. Si cela peut vous donner des billes pour qu'on foute la paix à vos titres, je considère que le rédac-chef a mal calibré sa titraille.
Bon et bien je me suis fait avoir, j'ai acheté le livre.
Je suis consterné..
Si quelqu'un veut le livre je lui offre!
Honnêtement je soupçonne DS d'avoir mis ce titre car Houellebecq lui a fait l'honneur de parler d'@si chez fogiel!
Merci de votre conseil, Judtih, il est certainement très avisé, mais je ne lirai pas ce livre, même si c'était le seul livre à ma portée dans un centre de vacances balnéaire où il pleut depuis trois semaines. Et pourtant j'en ai lu des horreurs dans ces conditions. D'ailleurs j'ai oublié les noms de ces bouquins tellement ils étaient nuls.

Je préfère encore relire pour la troisième fois 1984.

Pour moi, ces deux-là, c'est la défaite de la pensée et la pensée de la défaite.
Parce que la philosophie se traduit par des actes, pas par des paroles ; qu'on la reçoit par l'exemple, pas par le dialogue. Parce que le jugement de deux pseudo-maudits sur leur sort m'indiffère. Parce que n'importe quel bluesman des années 40 m'en dit plus long sur le malêtre et la manière d'appréhender ma place dans l'Univers. Parce que le manuel d'Épictète résout tous ces problèmes et bien d'autres.
Bon ben c'est malin, Judith, c'est comme si vous aviez raconté la fin.
J' vais plus pouvoir le lire, maint' nant.
Rhhââh c'est trop ballot, moi qui me faisait une joie... tant pis.
Je vais bien mettre 5 mn de plus à m'endormir.
Les dangers du net, on m'avait pourtant bien prévenu !
' toute façon, j' préfère les livres où il y a tout plein de noms d'animaux dedans :-)
Ben alors, Justine, il ne faut pas avoir honte d'acheter un bouquin. Vous savez, on est encore en démocratie et BHL n'est pas l'auteur de Mein Kampf.
Et puis, lire ne veut pas dire adhérer. Si vous saviez tout ce que j'emprunte à ma bibliothèque municipale. Une fois j'ai même acheté Libération chez mon libraire.
Bon, alors, raisonnement en trois points

1. j'ai une pile de romans à lire monstrueusement élevée qui a d'ailleurs augmenté pendant ma brève hibernation forumesque. Et je ne parle même pas de bandes dessinées qui s'empilent à mon chevet encore plus, ni des DVD-que-j'aimerais-bien-(re)voir-un-jour-si-j'ai-le-temps.
2. je vomis béhachelle. J'avais d'ailleurs proposé comme définition pour le dicod@si Béhachélien (var: béachélien) : Se dit d'un texte, d'un mot, voire d'un être, prétentieux et donneur de leçon, et dont l'intérêt est généralement inversement proportionnel à l'emphase. Ex. : "Ce que j'y trouve de plus curieux, c'est le tutoiement béachélien final à Siné." (DANIEL SCHNEIDERMANN)
3. Nonobstant votre chronique, je ne lirai donc pas ce truc (je n'ose même l'appeler livre, tant les trois initiales de l'un des auteurs me semblent indignes de s'appliquer au mot). Il me semble d'ailleurs difficile de faire abstraction de messieurs lémédias dans cette affaire très marketée, car sans lémédias, BHL n'est strictement rien, lui qui ressemble comme deux gouttes d'eau à un produit marketing et n'a à mon sens rien ni du philosophe, encore moins de l'écrivain.
Est-ce que DS vous a rembourser cet achat, Judith ?

Ben quoi, au prix de la chronique et de l'ouvrage, c'est une question de... fond.

:) yG
" Jérôme Garcin l’a très bien dit, la semaine dernière: «L’aspect le plus exaspérant de ce lamento à deux voix, c’est la manière dont deux hommes qui ont déjà la fortune et la gloire s’intronisent en plus « ennemis publics » d’un système dont ils ont pourtant abusé.» Oui, comment osez-vous, pauvre marquis s’emportant parce que trois pigeons ont chié sur sa toiture, vous poser en victimes dans la France souffrante d'aujourd'hui ? Dans cette France qui ne porte pas vos chemises et vos chaussettes trois fils, ces pauvres idiots de Français qui ne savent même pas, dirait Virginie Despentes, à quel point ils l’ont dans le cul, et à qui on sert, au 20 heures, que vous êtes à plaindre, bien plus qu’eux, même! "
Vous ne m'en voudrez pas, Judith, mais sur ce coup, je fais davantage confiance à Assouline qui écrit sur son blog : "Ce dialogue d’ego à ego suinte le sérieux, hélas. On y chercherait en vain une trace d’humour, de distance, de second degré."
Plutôt mourir que d'ouvrir ce bouquin !! Attitude sectaire ? OUI ! Carrément !
hé ma lulu, ne remplace pas "Levy" par hyène.... Tu vas te faire accuser... (Et pour le coup c'est vrai que c'est un peu maladroit)
Chère Juliette Canard (vous voilà découverte),
Avec beaucoup de plaisir j'ai avalé votre premier livre, et avec beaucoup de plaisir encore j'ai avalé votre article.
Le fameux chleuasme (quelle satisfaction inavouable d'écrire un tel mot!) m'avait moi-même interloquée. Bernard-Henri Hyène et Michel Goëland ne sont pas forcément ma tasse de thé, bien que le second m'ait toujours semblé fort attachant, sans que je parvienne à comprendre pourquoi. J'ai découvert son recueil "Rester vivant" à 15 ans, autant dire que j'ai pris un sacré coup dans la tête. Par ailleurs, les deux zozos sont l'un autant que l'autre de fins metteurs en scène de leur personne et de leur oeuvre. Dans ce contexte, le coup marketing de l'éditrice ne m'apparaît pas si choquant que cela. Ils sont comme un spectacle permanent, des personnages à la fois manipulant et manipulés.
Dans l'opposition BHLisme et Houellecquisme dont vous parlez, n'y-a-t-il pas un peu de Sartre / Camus ? Le vingtiémiste "mal du siècle" où la nécessité d'être n'est plus justifiable par aucun postulat religieux? Ou serait-ce une opposition éternelle entre la quête aristotélicienne (le Bien) et la quête platonicienne (le Vrai) ? En ce début de XXIème siècle, serions-nous toujours bloqués à cette aporie?
Peut-être Judith parle-t-elle d'une certaine 'tendance'. Il est vrai que l'on critique avec plus de facilité et de sévérité les puissants (et donc souvent riches)..

Phénomène de meute, parfois justifié en cette époque trouble, et peut-être auquel vous ne souscrivez pas (ni moi, d'ailleurs, le moins possible), mais qui est malheureusement indéniable.
" Comment comprendre que quelqu'un qui n'a jamais exprimé de préoccupations sociales puisse jouer ce rôle ? Comment expliquer surtout que celui dont plusieurs livres d'auteurs différents ont mis à jour les multiples mensonges (de ses rencontres avec Massoud, à sa ceinture noire de judo) puisse encore être crédible ? Sans doute suis-je d'une naïveté infantile, mais je pensais qu'on ne pouvait être à la fois un menteur multirécidiviste et se prendre pour une figure morale. Comment quelqu'un ayant une pensée binaire (bien-mal, ami-ennemi, eux-nous), puisse passer pour un intellectuel incontestable ? Comment expliquer que dans un pays qui n'est pas totalitaire, nul ne se sente la force de refuser de l'inviter pour évoquer son livre ? De deux choses l'une, soit les journalistes vedettes qui le font n'ont entendu parler d'aucun des ouvrages qui méthodiquement ont démonté le système BHL, et on peut se poser des questions sur leur compétence. Soit ils invitent néanmoins BHL en connaissance de cause et c'est leur conscience professionnelle qui est en cause. Certes, c'est probablement la simple prudence qui les pousse à agir ainsi. Pourquoi risquer de se fâcher avec un homme qui a à la fois la rancune tenace et de solides appuis dans le monde des affaires, de la presse et de l'édition, qui récompense les services rendus et punit sévèrement ce qu'il considère comme des outrages ? Mais où est alors le respect dû au public ? Est-il éthiquement acceptable de le tromper par peur des représailles de BHL ou dans l'espoir de ses renvois d'ascenseur ? "

" A chaque fois que BHL a été interviewé, il l'a été avec admiration et déférence. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il n'a pas été poussé dans ses retranchements face à ses nombreuses contradictions, à ses manquements et erreurs pourtant dûment répertoriés. Et les quelques fois où il n'était pas le seul invité, les précautions semblent avoir été prises pour qu'aucun autre participant ne puisse présenter le risque de l'attaquer frontalement.
Comment expliquer que quelqu'un qui, ouvertement ou insidieusement, fait la chasse à ceux qui avaient pour défaut de ne pas l'admirer assez, ou qui ont commis le crime de critiquer ses deux passions les plus sincères (lui-même et Israël) puisse passer pour un héros de la liberté ? "

Ah oui ? IL FAUT lire le BHL-Houellebecq ? La honte, Judith n'aurait pas du être dans le fait de TENIR leur livre mais d'avoir accepté d'en faire l'ELOGE. Comment pouvez-vous dire que si nous n'aimons pas ces "écrivains", ce serait en grande partie parce qu'ils sont très riches ? C'est peut-être le cas pour vous, mais j'aimerais bien avoir l'avis des internautes qui détestent comme moi BHL si cela s'explique en partie par le fait qu'il soit très riche.
Bravo Judith, ton article, il me plait beaucoup.
Désolé mais j'attends de recevoir "quand la misère chasse la pauvreté" et "la position du penseur couché" qui devraient occuper mes lecture dans les prochaines semaines, surtout que je n'ai pas encore fini mon "petit manuel d'autodéfense intellectuelle".

Mais bon peut-être que je ferait comme d'autre plus haut, et que j'y jetterais un coup d'œil si un jour il est dans les rayons de ma bibliothèque municipale.

ps: L'avis d'un inculte (si si, l'école m'a quitté en 4ème) pour ce qu'il vaut, sur Le Clézio. J'ai adoré "le procès verbal".
le peu de bonheur que vous avez à offrir et à recevoir avant de mourir, ce qui vide quand même un peu la vie de toute possibilité d’un sens.


Je le savais, je le savaaais, mais bon, je vais le noter, car, j'ai tendance à l'oublier très rapidement :
"la vie a un sens, la vie a un sens, la vie a un sens,
euh, où j'en étais là,
ah ouais, il faut que j'aille bosser."

:P yG
Donc pour résumer, pour acheter ce livre il nous faudrait:

-Quelques billets de dix euros. Billets qui viendront récompenser une méthode marketing lamentable, Esprit d'une époque que l'on voudrait révolue. Et qui, de la politique à l'édition, parvient à tâcher tous les domaines.
Les deux auteurs sont-ils juste les victimes innocentes et impuissantes d'un buzz orchestré à leur insu par de diaboliques marketeux sans scrupules? Oh mon dieu que j'aimerais le croire... Bien loin des manifestations ou des activismes quelconque, c'est aujourd'hui le portefeuille du citoyen qui constitue son arme la plus redoutable. Que ce soit pour manifester son mépris ou son soutien. @si en sait quelque chose: Payer, c'est soutenir...

-Il serait ensuite vital, pour supporter l'achat du livre, de le décontextualiser totalement. Ignorer l'environnement dans lequel il a pu naître, le système qui a pu l'enfanter. J'avoue avoir beaucoup de mal avec ça. Mon prof de philo me l'a trop déconseillé pour que je puisse le faire sereinement aujourd'hui.
Comment? On sort le livre des mains caleuses de l'histoire? On ignore la mère pour mieux en supporter les fils? On confisque l'empreinte que le monde laisse sur un livre, pour en faciliter la lecture? (je l'imite un peu là, mon prof)
Bref, à mes yeux, on peut tout tenter pour essayer de lire un livre sans apriori; pour se soustraire au bruissement frénétique et racoleur des ailes superbement colorées du papillon médiatique... mais ça marchera pas. A mes yeux, on met toujours un peu de soi dans un livre. Et c'est tant mieux... Espérons simplement que le papillon finira par se calciner la zigounette sur la flamme de notre intelligence.

Oh je sais, c'est trop beau ce que j'écris. Je devrais faire une correspondance tiens! Avec Dieudonné, pour que ça vende un peu, bien entendu.
et décider d'aller acheter le bouquin.

Parce que Bégaudeau m'en avait déjà donné le goût grâce à sa chronique du livre sur Canal,
et parce que deux sources valent mieux qu'une, Judith, et que j'ai les mêmes goûts s'agissant de ces deux hommes :
j'aime les récits de l'un, la vie ordinaire, la non-vie quotidienne, le niveau zéro de la réalité, ces particules élémentaires,
ce Michel perdu dans ses sensations d'à peu près et de masturbation,
et les emballements de l'autre, ses envolées de chapeau à panache, sa lutte contre les fléaux du monde.

Juste une question, faut-il vraiment choisir entre les deux ? Ne peut-on chercher le vrai (petit v) et le bien (petit b),
dans le même acte. Par l'esthétique justement, parce que l'esthétique, c'est la vérité, et la vérité, c'est l'esthétique.

http://anthropia.blogg.org
Bonjour Judith,

Peut-être faut-il le lire, pourquoi pas, de mon côté plus par goût pour l'écriture de l'auteur d' "extension du domaine de la lutte" que pour le pompeux cornichon.
BHL au sujet duquel Cornélius Castoriadis avait écrit en 79 dans le Nouvel Obs (hebdomadaire de gauche à l'époque) "Que cette camelote doive passer de mode, c’est certain : elle est, comme tous les produits contemporains, à obsolescence incorporée. Mais le système dans et par lequel il y a ces camelotes doit être combattu dans chacune de ses manifestations."
Il semblerait que le combat contre ce système soit perdu d'avance

Hâtons nous lentement, rien ne presse, le temps fera son affaire de nous dire si tout compte fait il y a "rien plutôt que quelque chose" dans ce livre, comme disait Baudrillard,
et s'il vaut un tant soit peu le coup, on ira l'emprunter à la bibliothèque de son quartier, afin de garder ses économies pour des petites maisons d'édition.

En attendant qu'il passe de mode, il est certainement beaucoup plus urgent de lire la "Contre-Histoire de la Philosophie" de Michel Onfray,
les "Carrefours du labyrinthe" de C.Castoriadis, ou les" Mythologiques" de Claude Levi-Strauss.

Amicalement,

Ronan
[quote=et c’est VRAIMENT un échange dialectique (et pas l’espèce de florilège pompeux, pédant et snob que mon énumération maladroite fait surgir dans vos esprits).]
Voilà une des raisons pour lesquelles je vous adore : comment l'avez vous deviné ???
PS : Finalement ,Daniel est de très bon conseil ! (one more joke)
C'est très bon de sentir d'où vient le vent en mouillant son doigt.
Non CS, jamais hors sujet avec Le Clézio. J'adore, malgré lémédias (et puisque nous sommes à comparer ces trois là, il suffit de voir leurs attitudes respectives dans les différentes émissions où ils sont passés (la modestie du premier, le mépris de Houellebecq et je n'ai même pas envie de citer le troisième... disons la tête de tarte à la crème prêt à tuer père et mère pour attirer la caméra)
Alors pour en revenir à la gentille injonction de Judith (dont je dévore toutes les interventions) et malgré ses savantes circonvolutions, je n'achèterai pas ce livre. Comme l'a dit quelqu'un d'autre avant moi, j'en ai des tas d'autres qui m'attendent et qui me donneront je pense au moins un égal plaisir !
Bravo et merci Judith! Totalement d'accord avec vous...encore que plus houellebecquienne que vous, je ne me cache pas pr le lire et en clame même ouvertement le plus grand bien! Pour mettre l'eau à la bouche des hésitants, je me permets de citer juste une petite phrase de Houellebecq :""nous sommes ds des zones si difficiles que j'ai l'impression de forer un tunel, plongé ds l'obscurité, et de vous entendre forer de votre côté, à quelques mètres; mais nous pouvons espérer le hasard d'un coup de pioche, ds une coulée de silex, un éblouissement brusque"....Et le magique de l'histoire, c'est que nous, lecteurs, sommes associés à ce pied à pied de ces deux pensées qui se cherchent .. (sans parler de ce "dommage co-latéral": l'envie de se plongerds les grands philosophes référents. elisabeth@oualid.net (qui écrit de chez une copine)
Curiosité hors sujet : Aimez-vous Le Clézio malgré lémédias ?
Judith, j'ai failli céder.
Puis non, malgré toute la qualité de votre texte, et les raisons que vous évoquez.
Je garde un petit peu d'estime pour Houellebecq à cause (grâce) aux Particules Élémentaires.
Je n'en ai aucune pour BHL.
Il y a tellement d'autres livres que je n'ai pas encore eu le temps de lire, que je m'en voudrais d'avoir consacré du temps à celui-ci.
Et, de toute façon, je n'en avais pas la curiosité.
Je me méfierai à la lecture de vos prochaines chroniques : vos mots ont un certain pouvoir de persuasion...

À propos de curiosité, et pour ma gouverne : le chleuasme, c'est la même chose que l'autocatégorème, non ?
OK, je le lirai mais en livre de poche.
Soit.
On va le lire.

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