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Ovnis et démon : la soucoupe est pleine sur C8

Bouuuuh le démon ! Depuis le 28 mai, on peut se faire peur le mardi soir en regardant C8 et la nouvelle émission de la bande de Hanouna : “Enquêtes paranormales”. Plus de deux heures d’ovnis, de poupée-tueuse, d’extra-terrestres et de phénomènes plus ou moins surnaturels. Des histoires terrifiantes mises en image avec talent et commentées par des “experts” qui n’en ont pas moins puisque… ATTENTION, derrière vous !!!

Commentaires préférés des abonnés

Tellement à dire, sous tellement d'angles, ça se bouscule, ça embouteille, ça se collisionne.


Côté ethno, toujours une tendresse pour le paranormal et ses fonctions. L'échappatoire vers d'autres possibles, le renversement des expertises, la brèche dan(...)

Tous ces experts du surnaturel ont des gueules d'experts du surnaturel.

Surtout le chasseur de fantômes qui a une gueule de chasseurs de fantômes. 

Et Hanouna a toujours sa gueule d'Hanouna.


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A part Ménard, peut-être. Mais bien plus que sa gueule, ce sont ses propos qui affligent. Cet abruti ose twitter :

75 ans après, impossible d'oublier le massacre d'Oradour-sur-Glane. L'armée allemande s'est déshonorée ce jour-là.

Ce à quoi Gilles Clavr(...)

Derniers commentaires

Faut-il en rire ? En pleurer ? Les deux sans doute, une belle entreprise  décérébrante, comme si on en avait encore besoin !

Il faut également préciser que cette émission repompe des documentaires américains mille fois diffusés,  vu et revu sur les réseaux câblés US et le net (certes adaptés à la sauce franchouille). Ca ne doit pas coûter bien cher à produire, cette daube.

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pfff, et ça parle même pas du meilleur des experts en sornettologie, le grand, le beau, le fort, le qui sent bon le sable chaud : Jacques Grimault !!!

Piske Internet et Youtioube taille des croupières à la TéVé, pour faire revenir le tévéspectateur, faut faire à la TéVé ce qui fait des Vu des Laîke et des Pouces bleus sur Internet: du n'importe nawak.

"çà craint !" pendant ce temps là , pratiquement plus aucun magazine scientifique un peu étoffé dans l'poste !

Tellement à dire, sous tellement d'angles, ça se bouscule, ça embouteille, ça se collisionne.


Côté ethno, toujours une tendresse pour le paranormal et ses fonctions. L'échappatoire vers d'autres possibles, le renversement des expertises, la brèche dans l'impitoyable des réalités matérialistes. La richesse de toutes ses fonctions : domestiquer le hasard, illustrer l'indicible, subvertir ou consolider les dominances, jouer à, espérer, résoudre ou aggraver les conflits familiaux, etc. Pour le background : le zététicien Henri Broch comme lecture d'enfance, donc le "debunking" des modes surnaturelles, puis l'anthropologie avec ses relativismes et ses revalorisations des fonctions latentes, et la joie de voir Broch évoluer vers moins de mépris pour les croyants du paranormal tout en ne lâchant rien sur ses démantèlements pratiques des sophismes et tricheries para-scientifiques. Bref, intérêt multiple, amusé, agacé, affectueux pour le sujet. Je parle de là, mes opinions me font forcément un peu mal.


Mon problème, c'est le conflit entre l'innocence et la toxicité de ces croyances. L'innocence de postulats sans conséquences morales, les rêves d'autre chose (présence des morts s'il vous plait volontiers, échelle de secours vers les soucoupes volantes, action ou réaction sur l'aléatoire, etc), et la toxicité à de nombreux niveaux : arnaques financières, manipulations sectaires, constellations de fake news basées sur la disposition mentale du conspirationnisme et du rejet de l'expertise scientifique. Ça peut puer très vite.


Mais c'est surtout le problème de la liberté de parole, de la validation télévisée, et de la privatisation, qui me crispe.


Les chaînes américaines et grecques, far west de la dérégulation, sont truffés de pseudo-documentaires tape-à-l'oeil validant les théories extra-terrestres de l'archéologie-fiction ou des délires racialistes expliquant pourquoi les noirs peinent à prononcer les voyelles (il fait trop chaud en Afrique, ils doivent ahaner, et du coup se sont plus mal développé les cordes vocales que nous). La pseudo-science déversée dans les chaumières me choquait beaucoup, j'étais content de le contraster avec la Suisse et la France où un certain standard semblait les filtrer du champ télévisuel. Une certaine responsabilité, devant l'impact éducatif de la télévision.


C'est vieux jeu, c'est dangereux, c'est "de la censure arbitraire". Mais "ils l'ont dit à la télé" et "je l'ai vu dans un documentaire" sont des importants facteurs de crédibilité. Les croyances paranormales ont toujours cours, en marge, comme un murmure, un jeu dans une bulle, ou une roue de secours devant l'invivable, mais leur officialisation télévisuelle joue le même rôle qu'un discours étatique ou juridique : une légitimation "par le haut". Le bras de fer entre nos rationalités et nos romantismes se résout par abandon. Les soucoupistes en prime time, comme des créationnistes dans les écoles, jouent de leur "droit à l'expression" pour parasiter les outils les plus hiérarchisants du savoir, et tout aplanir dans un "marché libre" des croyances où les consensus basiques sont disloqués.


Pas grave, ce ne sont que des soucoupes, et ces fantômes qui, de toute façon, nous accompagnent toujours, psychiquement, qu'on le veuille ou non, qu'on leur donne forme ou pas. Mais au-delà il y a : les discours anti-vaccins et leurs conséquences mortelles, les mystiques anti-avortement, les conspirations du 11 septembre, les racismes européo-centrés (flattés par l'idée que les autres civilisations n'ont construit leurs monuments qu'à l'aide des martiens), le remboursement de l'homéopathie, les réductions des mythologies traditionnelles planétaires à nos propres clichés sci-fi... L'idée de base que savoir, science, expertise et méthodologies "cartésiennes" sont elles-mêmes de la foutaise manipulatrice, un complot mondial contre le "sens commun" démagogique que s'empressent de canaliser les leaders anti-intellectualistes d'extrême-droite. La disqualification des sciences du genre, des sciences du climat, des sciences génétiques qui ont dépassé la notion de race, bref, de toutes les arguments progressistes qui menacent les pensées traditionalistes réactionnaires.


Donc au-delà du gag, au-delà de la sympathie pour les fantômes et les OVNIs, il y a cette annihilation de l'asymétrie des savoirs. Il y a ce relativisme absolu (nourrissant parfois le rejet des relativismes modérés, mais c'est un autre paradoxe) qui renvoie dos-à-dos les connaissances scientifiques, laborieuses et exigeantes, et les croyances spontanées, confortables et faciles. D'aucuns souhaitent très fort ce nivellement. D'autres s'en fichent, mais font de l'argent facile avec son processus. Mais le documentaire télévisé devenant librement un discours sans responsabilité, la frontière entre le vrai et le faux éclate, et la passation de savoir, la vulgarisation scientifique devient impossible. Un documentaire sur la corruption du gouvernement Putin ou sur les mécanismes de l'évolution des espèces, coincé entre un "documentaire" sur les soucoupes de Nasca et un "documentaire" sur les tordeurs de cuillères, n'a plus aucune valeur informative.


Bref, je ne pense pas que ce poison télévisuel soit bénin. J'y vois l'avant-garde des écroulements grecs et états-uniens devant les obscurantismes polarisants des populismes trumpiques. On peut se plaindre de l'histoire des désinformations télévisées (guerre du golfe, etc), mais c'était le dévoiement d'un outil qui est aujourd'hui détruit. On peut se plaindre de l'aspect anti-démocratique du savoir scientifique, mais le connaissable, le démontrable et ses critères ne sont pas une question de vote populaire : ils forment la seule base commune possible d'une discussion honnête. Cette base commune n'est plus partagée, et cela ne profitera qu'à ceux qu'elle excluait. C'est-à-dire plus certainement faux.       


Et c'est un gâchis. Parce qu'il y aurait tant à dire, en plus sérieux, sur nos rapports à la mort, sur la vie extra-terrestre, sur les possessions et les rituels extatiques, sur les limites du connaissable. Mais, à nouveau, en définissant un certain respect de la vérité et en valorisant la rigueur méthodologique. Leur négation, délibérée ou accidentelle, va définir ce siècle.




 

Clap clap clap. 

Respect. 


Supebe commentaire.

D ou mon à probation sur tout aussi remarquable commentaire sous Renault , Trump le désarroi et le mensonge'

La tolérance au 'bullshit' est bien plus dangereuse que celle au mensonge.

Ce commentaire devrait au moins être publié en complément, sinon faire l'objet de son propre article... Bravo ! Très lucide, très bien écrit. Rien à ajouter.

Merci beaucoup de votre commentaire. J'avais brièvement envie de dire l'ambivalence de sentiment que me laissait cette chouette chronique : le petit plaisir savoureux mais aussi l'amertume de voir, dans ses émissions, la démarche scientifique piétinée, ridiculisée et même tout concept d'enquête (Cela serait éventuellement drôle si, comme d'autres l'ont fait remarquer, la place de la science n'était pas aussi ridicule dans les programmes de télévision). 


Mais vous l'avez dit bien plus en longueur, et bien mieux, merci.


Ces émissions sur le paranormal sont un réel problème, ne serait-ce que parce qu'elles laissent entendre qu'elle s'intéressent à de vraies questions, certes étudiées par des experts un peu loufoques. Mais dire cela, c'est faire l'impasse sur le fait que ce sont ces experts loufoques qui créent artificiellement ces questions, pour leur petit profits. Il y a donc une inversion qui est une tromperie, organisée. Tout le monde mange sur la bête. Ceci, comme vous le dites, n'est probablement pas sans rapport, originellement, avec l'épidémie de fake-news qu'on subit actuellement. A bien des égards, la complaisance pour le paranormal est la matrice de la contrefaçon et de la manipulation des faits. 


Et quand ces fadaises ne sont pas montées de toutes pièces,  c'est à dire quand quelque chose de sérieux est à la base de ce folklore, il est toujours possible de trouver un spécialiste crédible. Mais alors, ô horreur, cela s'appelle un scientifique, et cela n'est plus paranormal. Et donc, rideau. Risible et consternant, c'est sûr. Effrayant, c'est probable.  


PS : quid d'une petite réflexion sur la place de la science à @si, pour aller au-delà de la rigolade ?  Serpent de mer ;)

Merci pour ce très beau texte.

"les discours anti-vaccins et leurs conséquences mortelles"


Ah, dommage, vous auriez pu ajouter les discours pro-vaccins qui rapportent beaucoup plus que les anti. Et ne sont pas loin du surnaturel: soigner le mal par le mal, c'est le principe de l'homéopathie, non? Et pourtant, l'homéopathie c'est mal, pas scientifique.  

Sérieux ? 


On peut tout réduire à des niveaux d'abstractions genre "mal par le mal" et rapprocher n'importe quoi. Je soigne mon alcoolisme en buvant beaucoup parce que, eh, le mal par le mal. Et puis, au fond, l'extrême-gauche et l'extrême-droite c'est pareil, parce que à un certain niveau c'est deux rejets de Le Système. Et puis au fond, tous les récits ont la même structure du héros qui part, qui a une crise, et qui revient changé, si on plisse assez les yeux et qu'on le prend au sens assez large pour englober tout. Et puis au fond l'altruisme et l'égoïsme c'est pareil, puisque quand on a du plaisir à faire plaisir ou du plaisir à faire mal on a du plaisir dans les deux cas, alors tout le monde est égoïste, c'est la même chose finalement. Pour voler, l'important c'est d'avoir des ailes, et j'en ai plein dans ma poche.


Mais le vaccin est un processus mécanique. Confronter l'organisme à un corps étranger inactif mais porteur des mêmes antigènes qu'un corps étranger dangereux, pour que le système immunitaire ait le temps de fabriquer assez d'anticorps adaptés à ces antigènes-là avant d'être submergé par leur habituelle surmultiplication. Ce n'est pas une abstraction. C'est un mécanisme chimique, genre usine à bande velcro, mais miniaturisée et dont on a tous les plans.


L'homéopathie, c'est de la magie. Ça n'a rien de mécanique, et ça n'a rien de matériel. C'est, d'abord, une relation de ressemblance (de "sympathie") complètement arbitraire et symbolique entre deux éléments (sur la même logique qu'une racine de mandragore "ressemble à" un corps humain). Ensuite l'idée qu'il suffit que des éléments soient symboliquement "semblables" pour que l'un guérisse de l'autre. Ensuite, l'idée de dilution à l'extrême, censé augmenter la puissance de guérison, mais physiquement dénuée de sens : même une molécule n'est pas divisible à l'infini (ni du tout, en fait, en tant qu'identité), et, aux niveaux de dilutions homéopathiques, il ne reste rien de la moindre molécule d'origine dans le produit sur-dilué au final (au mieux il reste une infinitésimale chance statistique de la présence d'une molécule). Ensuite l'idée de la mémoire de l'eau : la croyance qu'une molécule d'H20 "conserve" alors, au sein de ses trois atomes, la mémoire de ce qu'elle aurait côtoyé (et "perçu" ?) dans une proximité tout à fait relative à son échelle. Bref, c'est du contre-factuel sur du contre-factuel sur du contre-factuel. Du pseudo-scientifique de A à Z. Plus que de la croyance : de l'ignorance (ignorance de ce que sont -et ne sont pas- un atome et une molécule, ignorance de l'échelle de leurs grandeurs, ignorance des rapports entre matières, ignorance même de l'histoire de l'homéopathie). Reste du purement symbolique. Ce n'est que ça : l'homéopathie, ce sont des mots. Sur du rien.


Maintenant, il se trouve que les mots ont des conséquences. On appelle cela l'efficacité symbolique, et on la retrouve dans beaucoup d'aspects de la vie sociale. On peut dénigrer l'effet placébo, mais l'effet placébo, même marginal, est réel (ainsi que l'effet nocébo). Ce que l'on pense, ce que l'on croit, le mental, le moral, bénéficient ou nuisent au corps, et c'est pourquoi la sorcellerie (dans les environnements culturels où elle est crue) est un sujet important. Les attitudes mentales le sont. Elles ne font pas tout (un moral d'acier ne rend pas invulnérable), mais il y a un petit bonus statistique mesurable dans les attitudes mentales positives et combattives face à la maladie, surtout en vis-à-vis des spirales défaitistes. Immatérielle (contrairement à ce qu'elle prétend être), l'homéopathie est une sorcellerie et fonctionne comme elle, ni plus mais ni moins. Et pour tout ce qui est particulièrement sensible au mental, à la croyance, au placébo, le support d'un rituel homéopathique peut aider. A condition d'y croire, à condition que cela donne le sentiment d'agir. De là à décider de son remboursement, de là à justifier ses coûts (le prix de fabrication du rien, d'un agent médicinal aussi absent que celui d'un caramel mou) en arguant peut-être de la composante rituelle du payement en -lui-même ("je paye cher donc j'agis beaucoup"), c'est un autre débat. Celui du rôle de la magie dans nos sociétés. Celui des bienfaits potentiels des croyances fausses.


Mais la réduction au niveau "c'est pareil pasque c'est le mal par le mal", c'est du non-sens absolu, une rhétorique complètement détachée de son objet. 

 

Vous répondez longuement sur ma malice provocatrice à propos du mal par le mal (il s'agit pourtant bien, pour un vaccin, de stimuler l'immunité par un contact avec le mal, non?), mais pas du tout à la question du fric que ça rapporte, les vaccins. 


Pour moi, indépendamment du fait que les vaccins soient ou non efficaces, ou que leurs effets secondaires soient plus ou moins importants, le fait qu'il y a énormément d'argent en jeu est très important et doit nous rendre très vigilants. 


Je raisonnais comme ça à propos du traitement hormonal substitutif qui était quasiment la règle à la ménopause dans les années 90. Je me disais 30 ans de pilule, plus maintenant entre 30 et 50 ans de THS sur la moitié de l'humanité... jackpot, non? La suite m'a prouvé que je n'avais pas tout à fait tort de me méfier.

Merci pour cette réponse mesurée.


Le scientisme, enfin j'appelle cela du scientisme, a des effets désastreux sur la conscience de personnes apparemment aussi sensées que M. IT

Je viens de vivre une expérience paranormale : la lecture d’une chronique rédigée par une pipe.

Si ce n’est pas une preuve…

Tous ces experts du surnaturel ont des gueules d'experts du surnaturel.

Surtout le chasseur de fantômes qui a une gueule de chasseurs de fantômes. 

Et Hanouna a toujours sa gueule d'Hanouna.


quitte à revenir 20 ans en arrière, autant rediffuser les émissions de Pierre Bellemare, c’était un peu mieux que ça.

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