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Nos Vies Numériques - 6

Le fait est désormais indiscutable : Alain Finkielkraut, qui a des avis sur tout mais n'est documenté sur rien, dit énormément de conneries. Reconnaissons-lui tout de même - on a tout à coup un élan de compassion - certaines intuitions précoces : lorsqu'il soutenait, dès 2000 dans Internet, L'inquiétante extase (co-signé avec Paul Soriano) que la "qualité du jugement de l'internaute est inversement proportionnelle à sa vitesse de connexion", il pointait tout de même un rapport non dénué de pertinence entre la vitesse (haute) et la qualité (basse) des procédures cognitives qui nous jettent dans les pièges de la compulsion... Mais le titre l'annonçait déjà, avec son "extase" pleine de promesses : il y a des pièges pleins de volupté.

Derniers commentaires

J'ai mis du temps, mais c'est que mes neurones commencent à rouiller...
Je n'arrivais pas à trouver ce que le pôvre Finkie évoquait. Et puis clac, le flash !
C'est tout lui. Maître Jojo, Maître Pierre, enfin kivouvoulé.

C'est là : http://www.youtube.com/watch?v=dCHi5apc1lQ
Une initiative intéressante : Philippe Bilger soumet Alain Finkielkraut à la question :

http://www.youtube.com/watch?v=jPMFwAXj5Ss
mal placé

Ah Finkie, que de crimes on commet en ton nom !

Quand j'étais moins vieux, c'était dans les années 70, je me régalais à l'écoute de Finkie, qui à l'époque n'était que Daniel Finkelkraut.
Je ne me souviens plus de l’émission. C’était en milieu de journée sur France Culture.
Bon, j’ai vieilli et Finkie aussi. Sans vouloir me vanter, je pense que j’ai mieux vieilli que lui.
A telle enseigne que dès que je reconnais sa voix dans le poste, je change de chaîne.
Un jour, c’était chez Marie Richeux à France Culture, j’ai entendu un invité parler de Finkie : et il en a dit ceci : « Alain Finkelkraut, c’est quelqu’un qui sera toujours désolé que sa mère ne soit pas restée celle qu’elle était le jour de sa naissance ».

I could not find better.
Tout-à-fait d'accord. La droite intelligente ( Finky) doit être soigneusement distinguée de la droite bête, c'est une simple question de bon sens politique.
Je trouve ce front d'ASI anti Finkielkraut tout à fait ridicule et malvenue. Finkielkraut n'est pas sans défaut mais il a plutôt besoin d'être défendu que d'être attaqué :

— Soit, il est invité sur les plateaux, mais uniquement par ce que cela donne l'occasion a des intégristes de gauche de le conchier en public et de le traiter de tous les noms

— Finkielkraut n'est pas raciste c'est simplement idiot de dire le contraire. Franchement je n'aimerait pas être à sa place ! On ne peut rien faire contre une accusation de racisme a part clamer qu'on est pas raciste, ce qui ne sert à rien puisque personne n'écoute : la suspicion est née.

— Je ne comprends pas qu'ASI puisse aller autant dans le sens du vent médiatique : il est aujourd'hui quasiment impossible en france de parler d'islam, de république, d'immigration de manière un tant soit peu critique sans se faire traiter de raciste. Pour moi il n'y a pas besoin de chercher plus loin pourquoi le FN fait autant de parler de lui. Quand on pourra parler librement et calmement de ses sujets sans se faire insulter, le FN n'aura plus aucune raison d'être et il disparaitra.

— Enfin, c'est facile de critiquer Finkielkraut, mais c'est quelqu'un d'une grand intelligence qui écrit des livres d'une qualité rare. Quand les livres de Daniel Schneidermann seront de ce niveau…

Bref si on pouvait arrêter cette cabale sur ASI (Daniel Schneidermann, Gilles klein, Judith… à qui le tour ?)

Un peu d'indépendance d'esprit, c'est ça que je demande à ASI, en tant qu'abonné, merci.
Pour retrouver l'attente "numérique", la délicieuse attente que le message veuille bien partir ou le fichier se charger, rien de tel que d'avoir un correspondant d'un autre continent qui vous la fait revivre par personne interposée... L'an dernier, dans un hotel international où le groupe électrogène se déclenchait plusieurs fois pas jour, je m'étonnais que mon jeune interlocuteur n'ait pas reçu un mail envoyé quelques heures avant. Je n'ai pas su, à sa réponse, si l'absence d'électricité chez lui était temporaire ou non.

Et pourtant, quel progrès ! Quand je pense qu'il y a trente ans il me fallait attendre plusieurs semaines une réponse par courrier d'un collègue africain, universitaire comme moi. Dix ans plus tard il y avait des numéros de téléphone et de fax variés (des voisins, le lieu de travail d'une soeur, ou d'une cousine) où l'on pouvait tenter sa chance. Il suffit aujourd'hui, habituellement, de se dire que la connexion sera meilleure dans quelques heures, voire une demi-journée, et on peut toujours téléphoner sur le portable si on est pressé.

Sommes nous si changés, effectivement ? Dans une salle d'attente je travaille comme autrefois. Probalement ma façon à moi de lutter contre l'ennui et l'anxiété. Je reconnais le faire parfois maintenant avec mon smartphone bien que j'ai toujours un papier et un crayon à cet effet. Mais ce n'est pas très différent. Chacun réagit comme il peut. En tous cas j'ai bien aimé m'instruire sur Heidegger et l'égalité d'âme.
Mââmme Judith, écoutez ça.
http://www.youtube.com/watch?v=djhD40912m8
C'est rather tango.
Une petite vestale pour la route (sous contraintes en courrier 10) :
https://vimeo.com/64412828
Ou sphinge
"Nos machines étaient grosses et beiges..."

*********************
Et Judith d'illustrer le souvenir, à peine évoqué, par l'image d'un Mac Plus ! Ah les premiers ordinateurs Macintosh !!! 1 Mo de RAM vous rendez-vous compte ?

C'était en 1985, je crois ; à l'époque je ne détestais pas, pas encore, les lamentations aussi victimaires que péremptoires du médiatique et pathétique Finkie sur les pédagogos, les barbares de banlieues et les illettrés de l'internet. J'avais entrevu, sans doute trop rapidement, quelques-unes des pistes pédagogiques que pouvait offrir ce nouvel auxiliaire à l'enseignement qu'était l'ordinateur, surtout s'il était mis en réseau avec ses congénères, mais il fallait apprendre aussi de nouvelles langues étrangères : le DOS, le PASCAL, le FORTRAN, le BASIC et pouvoir s'organiser à l'échelle d'un établissement pour avoir accès à la salle informatique. Alors on n'était pas arrivé, malgré les plans "Informatique pour tous" car si l'on était une petite école, on n'était pas assez riche pour espérer se doter correctement et rapidement en matériel, et si on était une grosse école au contraire, c'était les nouveaux modes d'organisation qui posaient de redoutables problèmes tellement insurmontables parfois qu'ils désespéraient les plus volontaires.

Et puis, un jour, je fus invité par un couple d'amis enseignants dans le collège dont lui était le Principal. Il me fit visiter un dimanche la salle informatique du GRETA rattaché à son établissement. Il y avait là plusieurs dizaines de "grosses machines", des PC de différentes marques qui tournaient toutes sous windows 3 ! et puis, sur une table un peu à l'écart, il y avait un Macintosh... "Ça, tu vois, me dit M. le Principal, c'est l'avenir ! l'informatique de demain !"
Après quelques parties de Tétris et une "Aventure du chat Inigo" je trouvais effectivement que mon échange avec cette machine, plus semblable à un minitel qu'autre chose, était beaucoup plus sympathique que ce que j'avais pu ressentir jusqu'ici sous windows 3. Et puis, ces liens "hypertextes" qui faisaient apparaître une image ou sonner une phrase musicale, avaient quelque chose d'à la fois ludique et magique. Quelques temps plus tôt, j'avais entendu à la télévision, dans l'émission "L'avenir du futur", Seymour Papert, auteur de "Jaillissement de l'esprit", répondre par l'affirmative à la question : "Est-il possible de tomber amoureux d'un ordinateur ?" Du coup, je m'étais précipité sur le bouquin bien sûr !

Quelques années plus tard, l'école maternelle où j'enseignais alors, possédait une demi-douzaine de Mac, puis une douzaine, puis une vingtaine, des Mac partout : dans chaque classe, à la bibliothèque, dans une salle informatique, dans le bureau du directeur... dans le salon de la majorité des collègues de l'école.

*********************
Aujourd'hui, je ne sais pas si je suis "amoureux" de mon ordinateur, ou de mon smartphone (je n'ai pas encore de tablette ou de liseuse mais ça pourrait arriver...), je sais juste que je regrette le temps déjà lointain où j'avais des amoureuses... mais ni ordi, ni smartphone... que du papier à lettres et un stylo-bille.
[quote=Judith Bernard]... le moindre différé nous plonge dans la fébrilité romantique de nos passions amoureuses [...]. Et l’on est presque soulagé parfois d’avoir à réapprendre l’essentiel: attendre.

Et si la sagesse était d'apprendre à ne plus attendre ?

“Standing on a street corner waiting for no one is power.”
Gregory Corso
On ne m'invite jamais à des mariages costumés sur des péniches. En revanche, lorsque je poireaute dans une salle d'attente, je passe le temps avec mon smartphone.
Suis-je normal, docteur ?
Quelles vies passionnantes nous menons!
Ca me fait penser à la dernière planche de boulet :

http://www.bouletcorp.com/blog/2013/11/09/amour-numerique/
M'accorderiez-vous cette tanda pour oublier un peu ces mots électroniques qui envahissent nos vies?
[quote=Judith Bernard]réapprendre l’essentiel: attendre.

Ce n'est pas vraiment une surprise car je l'espérais et quasi le pressentais, Judith Bernard vient de retrouver de la plus personnelle manière le verbe - attendre: warten - en lequel Martin Heidegger a condensé* son enseignement touchant l'attitude à adopter face à "la révolution de la** technique" en laquelle nous sommes entrés depuis Descartes. Il en a présenté populairement la pensée dans Sérénité (: Gelassenheit) après l'avoir développée plusieurs années auparavant dans un "dialogue" dont il a annexé une partie à Sérénité ainsi qu'on peut la trouver publiée en français chez Gallimard dans Questions III.

Qu'il me soit permis de saisir l'occasion d'en conseiller la lecture à Daniel Schneidermann: elle lui permettrait de revenir sur sa techno-fuite en avant continuée telle qu'elle est programmée au(x) terme(s) de sa Terra Incognita. net.


* du verbe verdeutlichen de même racine que Dichtung: poésie en ce sens essentiel que le mot n'a hélas plus (guère) en français.
** Je souligne le génitif car il ne s'agit pas d'une simple "révolution technique" comme il est malheureusement traduit en français.
"attendre"


Godot ?

Seul un dieu peut nous sauver ?

Je contemple le monde aller à sa perte emmené par le joueur de flûte ?

Mais qui me nourrit ? Est-ce que je gratte la terre avec mes petites mains pour faire pousser mes légumes ? Ou bien ai-je un revenu régulier avec lequel j'achète tout ce que les autres ont fabriqué, selon des processus techniques plus ou moins sophistiqués ; et mis au point progressivement depuis que nous sommes entrés depuis Descartes dans une révolution technique ?

Mais je communique avec mes contemporains en surfant sur le web; et donc, en validant par mon comportement le degré le plus abouti de cette révolution technique dans laquelle nous sommes entrés depuis Descartes ?

Mais si un cancer de la prostate [- ou du poumon, ou du sein, ou de la gorge, ou du pancréas, ou du foie, ou de la peau.....] se déclare je cours me faire opérer selon les procédures techno-scientifiques les plus efficaces ?
Ce n'est pas vraiment une surprise car je l'espérais et quasi le pressentais, Judith Bernard vient de retrouver de la plus personnelle manière le verbe - attendre: warten -


"L'attente" de Judith cependant continue à se situer dans le "vouloir". Judith se représente encore ce vers quoi son attente est tournée. Son attente a un objet. Il reste un pas à franchir pour s'engager dans "l'attente" que vise Heidegger, qui est une attente sans objet, qui nous engage dans le chemin de la sérénité. Cherchant les liens entre le texte "Sérénité" et son annexe (intitulé "Pour servir de commentaire à Sérénité"), je comprends l'un d'entre eux de la manière suivante : cette "attente", libérée de la représentation, est le critère permettant de distinguer pensée calculante (à laquelle nous ne cessons de recourir dans notre vie quotidienne, et en ce sens, on ne peut pas affirmer que l'homme a cessé de penser mais c'est une pensée dégradée qui a une direction précise, escompte un résultat particulier, qui a un objectif) et pensée méditante (la véritable pensée, menacée entre autres par la technique).

Par conséquent, si l'on veut à tout prix rattacher le texte de Judith à ce thème de Heidegger, je crois qu'il vaut mieux partir de la notion de déracinement. Selon Heidegger, toute oeuvre de qualité ne peut se former que sur une terre natale où elle prenne racine. C'est sa fameuse citation de Johan Peter Hebel qui compare les hommes à des plantes. Or, l'homme contemporain est déraciné : à cause d'événements extérieurs d'abord, avec les déplacements de population, volontaires ou non, vers les grandes villes par exemple, mais aussi dans le sens plus profond, plus figuré en tout cas, où l'homme est sans cesse sollicité et arraché à son milieu par l'esprit de l'époque (et Heidegger cite la radio, la télévision, le cinéma, la presse). Dans cette logique, la connexion permanente à Internet (mais à vrai dire ça s'applique à toute la technique) est une nouvelle forme de déracinement.

Attention quand même : Heidegger, et c'est assez peu signalé, s'empresse d'ouvrir des pistes d'un nouvel enracinement possible, au sein même de ce qu'il appelle l'âge atomique. Il indique qu'il s'agit de se servir normalement des choses techniques (il suggère même qu'il serait stupide de les rejeter) mais en même temps de s'en libérer. Il s'agit de les empêcher de nous accaparer et de nous atteindre dans ce que nous avons de plus intime, de dénouer un peu les liens devenus trop forts, bref d'entretenir avec elles un rapport de sérénité (d'où le titre) et de garder une âme égale en présence des choses. C'est à cette égalité d'âme que doit nous conduire la précieuse pensée méditante, qui est le propre de l'homme et constitue son essence.

Ce thème du déracinement me semble en l'occurrence de toute façon très fécond. Il renvoie ainsi aux différentes communautés d'appartenance de l'internaute et laisse entrevoir des pistes déjà croisées dans l'épisode 2 de cette série : "On a des tas d'amis"...
"garder une âme égale en présence des choses"


Les choses ?

La guerre en Syrie ? Le typhon des Phillipines ? La dégradation du climat ? La sur-exploitation des ressources naturelles ? La pauvreté et l'exclusion persistantes en Europe ? Les drames de l'immigration ?
Citoyen athénien: "Les choses?"
"la peste? la mort de Périclès? l'esclavage? (onfray ce qu'on peut...) la guerre du Péloponnèse?

Citoyen Romain: "les choses?"
"les guerres contre les Goths? les Perses? les Saxons? les Maures?la peste? la persécution du christianisme? la mort de Valérien?"

Mon chat: "les choses?"
"le typhus? mon bol de croquettes qui est vide? le chien du voisin?"

PS: Merci à Germain Rital et à Abracadabra, je viens de commander ce livre (ainsi que l'introduction à Heidegger de Christian Dubois)
putain il y a des têtes ici, je serais plutôt chat ( en moins souple )
gamma
PS: Merci à Germain Rital et à Abracadabra, je viens de commander ce livre (ainsi que l'introduction à Heidegger de Christian Dubois)



Il est sûr que dans les diners en ville vous aurez davantage de prestige auprès des dames si vous citez Heidegger, car il est brillamment abscons et abstrus, plutôt que si vous citez Epictète, qui en connaissez un rayon question sérénité et ataraxie. et qui lui est furieusement lisible. Heidegger a fondé toute son entreprise intellectuelle sur ce principe : "Sois assuré, ô ami lecteur, que moins tu comprendras ce que tu lis et plus tu avanceras vers la Vérité."
Le seul Heidegger qu'on entend dans les dîners en ville, c'est celui de Shantidas. Celui du ressentiment, celui de la haine de la pensée.

Le seul Heidegger qu'on entend dans les dîners en ville, c'est celui de Shantidas. Celui du ressentiment, celui de la haine de la pensée.


Vous auriez pu écrire la "Défaite de la pensée" et vous auriez rejoint Finki.!

Mais, cher baron, je crois que nous sommes tombés d'accord, vous et moi, pour constater le caractère pour le moins équivoque de la pensée de Martin H.

Souvenez-vous de ce problème qui nous agita, un temps, Germain R., vous et moi autour de la définition de l'Etre * : "Heidegger est-il athée ?" Moi je disais: "Hé, hé, p't bin qu'oui, p't bin qu'non." Vous : "Heidegger était un athée résolu." Puis vint Germain R. qui tenta de vendre une synthèse entre le oui et le non en nous parlant d'un dieu (sans d majuscule et sans théologie possible.)..mais qui cependant "serait seul en mesure de nous sauver." (sic) Shantidas questionna Germain sur ce "dieu" mais seul le silence des abysses lui répondit.

* Achtung ! Que ceux et celles qui passent par là et qui ne connaissent pas -du tout- la pensée de Heidegger [....y perdent pas grand-chose] ne traitent pas à la légère cette question de définition de l'Etre (ou de l'être) car elle est le centre autour duquel la pensée de Martin H. tourna.
mais seul le silence des abysses lui répondit.

Qui d'autre aurait pu répondre?

mais seul le silence des abysses lui répondit. Qui d'autre aurait pu répondre?



Je n'ai sûrement pas entendu, dans la méditation de l'Etre, le murmure du dieu lui-même, que Germain et Aloys, eux entendent.
Ils vous ont dit qu'ils entendaient dieu?

Ils vous ont dit qu'ils entendaient dieu?


Non, assurément ils ne me l'ont pas dit.
Mais je suppute qu'il est probable qu'ils en aient la posibilité car, eux, savent décrypter la pensée de Martin H. car : "La pensée, dans son dire, porte seulement au langage la parole inexprimée de l'Etre".*
Et, eux deux, obéissent au Maître : "C'est seulement en tant que l'homme ek-sistant en direction de la vérité de l'Etre appartient à l'Etre, que de l'Etre lui-même peut venir l'assignation de ces consignes qui deviendront pour l'homme normes et lois." *
Ils appartiennent au petit cercle des élus, alors que Shantidas : "Seul l'Etre accorde à l'indemne son lever dans la grâce et à la fureur son élan vers la ruine." *

* Lettre sur l'humanisme, Aubier, 1964, page 163.

Je vous le demande, mon cher Gondalah, comment un philosophe rationaliste empiriste comme Shantidas pourrait-il accéder à la compréhension de l'Etre ?

[si vous me le demandez gentiment (sic) je vous révélerai le secret de l'Etre heideggerien]
Pitié...
gamma
non, pas "pitié", " mitleid", Gamma, faut parler la langue de Merkel et Heidegger.
Et bien à première vu, je dirais en le choisissant.

Je ne vous cache pas que je ne connais que très peu (voire pas) Heidegger. Moi aussi, je me crois plutôt rationnel. Mais si une chose me semble évidente, c'est bien que nous ne voyons pas vous et moi les choses de la même manière.
Donc, en l'absence d'un discours rationnel unique, rien n'est impossible...

Et puis, c'est vous qui donnez cette connotation mystique au mot "être". Vous en rajoutez quand même pas mal.
"...la patrie de l'habiter historique [des Allemands] est la proximité de l'Etre. C'est dans cette proximité ou jamais que doit se décider si le dieu ou les dieux se refusent et comment ils se refusent et si la nuit demeure, si le jour du sacré se lève et comment il se lève, si dans cette aube du sacré une apparition du dieu et des dieux peut à nouveau commencer et comment. Or le sacré, seul espace essentiel de la divinité qui à son tour accorde seule la dimension pour les dieux et le dieu ne vient à l'éclat du paraître que lorsque au préalable et dans une longue préparation, l'Etre s'est éclairci et a été expérimenté dans sa vérité."
* Lettre sur l'humanisme, Aubier, 1964, page 99


Voilà la bonne question : "Etes-vous prêt à expérimenter l'Etre dans sa vérité afin qu'il s'éclaircisse, afin que le sacré apparaisse, afin que le dieu se manifeste ?" Oui, Gondalah, êtes-vous prêt ?

Si vous ne faites pas cela, et bien, vous ne serez pas sauvé [puisque, selon Germain R. seul un dieu est en mesure de nous sauver]


[le sort de Shantidas est, nous le savons déjà, réglé : la ruine, pour celui qui se tient dans la fureur]
Il est sûr que dans les diners en ville vous aurez davantage de prestige auprès des dames si vous citez Heidegger, car il est brillamment abscons et abstrus,

C'est un peu ce qui m'avait fait peur au premier abord (je ne parle pas du prestige auprès des dames). C'est pour cela que le post de Germain me donne l'occasion d'attaquer Heidegger de biais, en commençant par son oeuvre annexe qui semble intéressante et plus facilement lisible que Etre et Temps.

Je vous remercie du conseil de lecture que je suivrai.

Juste un petit bémol pour dire que quand j'ai commencé à m'intéresser à la philo, je cherchais aussi l'accessibilité. Si j'avais persisté dans cette voie, je serais encore en train d'écouter la psychanalyse d'Onfray sur France Culture...
"Etre et Temps" est accessible gratos en PDF [traduction Martineau]

Vous pouvez aussi lire nettement plus petit avec la "Lettre sur l'humanisme". Je ne connais pas l'éditeur actuel.

G.Steiner a fait un petit book's : "Martin Heidegger", Champs, Flammarion. Présentation et critique compréhensives.

Je vous recommande chaudement : "Sur la pseudo-concrétude de la philosophie de Heidegger" par G.Anders [un de ses anciens étudiants, comme H.Arendt, dont il fut le premier mari.] chez Sens et Tonka éditeurs. Là encore petit bouquin, technique mais assez facile à lire. Analyse critique, inspirée de Marx, qui pointe les graves oublis de Heidegger dans sa prétention (dans Sein und Zeit) de décrire la condition humaine ; et notamment l'oubli capital de la faim.


Quant à Michel O. Sûrement un esprit très vif, brillant, doté d'une excellente mémoire et d'une plume agile. Mais..... Qui trop embrasse mal étreint. Ayant écrit un livre sur Jésus de Nazareth j'ai lu ce qu'il en dit dans "Traité d'athéologie". Pas très rigoureux. Ma belle -soeur, sociologue, me glisse à l'oreille qu'il a fait un livre sur Pierre B. et que ce livre est bon. Alors, là, si Onfray a compris Bourdieu y remonte dans mon estime. [autrement, son hédonisme libertaire est un peu court pour tracer un chemin à l'humanité !]
Vous pouvez aussi lire nettement plus petit avec la "Lettre sur l'humanisme". Je ne connais pas l'éditeur actuel.

D'après ce que j'ai vu, elle est colligée avec Sérénité dans Questions III (Gallimard)
Par ailleurs, concernant son oeuvre principale (je ne sais pas si j'irai jusque là) j'ai lu beaucoup de bien du livre "Lire Etre et Temps" de Marlène Zarader: accompagnement de lecture pas à pas apparemment très didactique...

Vous pouvez aussi lire nettement plus petit avec la "Lettre sur l'humanisme". Je ne connais pas l'éditeur actuel. D'après ce que j'ai vu, elle est colligée avec Sérénité dans Questions III (Gallimard) Par ailleurs, concernant son oeuvre principale (je ne sais pas si j'irai jusque là) j'ai lu beaucoup de bien du livre "Lire Etre et Temps" de Marlène Zarader: accompagnement de lecture pas à pas apparemment très didactique...


(je ne sais pas si j'irai jusque là)

Je n'ai pas tout lu. Ce n'est pas utile. Car Heidegger abuse de notre patience - à peu près systématiquement, en enroulant les mots et les néologismes les uns avec les autres avec l'idée que, finalement et au total, l'inventivité stylistique peut très bien remplacer la maîtrise de la signification empirique des concepts du discours.

Prenons un exemple. Dans Sein und Zeit on trouve ceci : "Die Entschlossenheit aber ist nur die in der Sorge gesorgte und als Sorge mögliche Eigentlichkeit diesr selbst." * En français : "La résolution n'est rien que l'authenticité du souci lui-même souciée dans le souci et possible en tant que souci."
*édition 1927, p. 300-301. Et des phrases du même genre yen a la pelle.

Merveilleux exemple de charlatanisme intellectuel : "Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?"
Perso, moi, face à ce genre de blabla, je rigole et je reprends mon Marx ou mon Ricoeur. Vous, vous ferez bien comme vous voulez.

[face à Heidegger, la ligne de partage n'est pas entre les ignares (Shantidas) et les philosophes (Germain R. et Aloys), mais entre les philosophes heideggeriens et les autres philosophes - et notamment les philosophes dits "analytiques", pour lesquels la majeure partie du travail de Heidegger est sans signification. Bon, Shantidas, fréquente les philosophes analytiques !]
On trouve chez Rousseau cette parabole: Deux hameaux de montagne presque contigüs sont séparés par un torrent infranchissable. Pour aller de l'un à l'autre, il faut redescendre jusqu'au pont situé à plusieurs heures de marche, puis se taper la remontée sur l'autre rive. Résultat: les idylles qui naissent entre ces villageois séparés sont d'un torride que même le jeune Werther n'a pas connu. Moralité, oulipo a raison: la contrainte libère, pas d'évasion sans barreaux.
c 'est dingue comme nos pulsions numérique sont si proche de la détresse amoureuse . ( vite savoir, vite comprendre, vite l'entendre, vite l’apercevoir, vite être rassuré, besoin d'immédiateté, irrésistible besoin d'obtenir même une micro miette d'un infime quelque chose de l'autre).

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