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Médiatisation : pourquoi ce drame-ci et pas celui-là ?

La mort n'a pas de traitement équitable dans les médias. Pourquoi un homicide revient d'heure en heure sur une chaîne d'info, tandis qu'un autre n'a droit qu'à une "brève avec AFP" ? Quelques pistes se dessinent, qui dépassent un peu les faits, selon qu'on suit la ligne éditoriale ou l'enjeu politique. Sans réelle cohérence à l'horizon.

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pourquoi ce drame-ci et pas celui-là ?

Nous connaissons tous la réponse : est ce que ce drame va permettre à Cnews et autres Bfm de fournir au bon peuple sa dose quotidienne de haine des arabes ?

Merci, merci, merci pour cette analyse qui donne tout son sens à l'appellation "Arrêt sur images".


S'arrêter en effet, essayer de se défaire des parti-pris, préjugés et autres aveuglements dont la presse quotidienne nous abreuve à longueur de temps.

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"Je précise que les personnes souffrant de troubles psychiatriques commettent le plus souvent des violences envers elles-mêmes, et très rarement envers les autres."


Merci de le rappeler. On pourrait ajouter qu'elles sont aussi plus souvent victimes de(...)

Derniers commentaires

Bonjour, il y a un passage de l'article que je ne comprends pas : "alors que l'Observatoire national de la protection de l'enfance en dénombre en moyenne 50 par an depuis 2019 (pour un total de 90 en moyenne)". En dénombre xx mais pour un total plus élevé que celui des dénombrements ? Pas très clair...

Je ne sais pas ce que serait un traitement équitable. 

En septembre 23, 93 homicides ou tentatives liés au trafic depuis le 1 er janvier à Marseille (france3 région), ils sont mis dans une catégorie. Le distingo est fait pour deux personnes touchées par erreur. Pour les autres c'est donc les risques du métier? Voilà le message. (Je me demande si les 93 sont passés un par un dans les infos? Je pense que non, à voir.) 

Les accidentés de la route, les suicidés, et autre catégories, on ne met en avant que certains, pour leurs vertus préventives. 

Un couple d'enseignants tués à Tarbes, finalement on envisage que c'est un ex l'auteur du crime, ils sortent de la catégorie enseignants assassinés. Pas de suite.

       Il y a une cohérence.

Et l'enjeu politique est une cohérence. 


Est-ce qu'on peut éteindre le feu de l'enjeu politique en mettant en pare-feu que nous mourrons égaux de mort violente dans le journal des faits-divers? 

Les déballages de l'intime des morts, le jugement de leur personne qu'on induit chez les lecteurs est une plus grave question. C'est pourquoi quand je me mets à la place des victimes ou des proches, j'aime mieux être du côté de ceux dont on ne parle pas. Et pour qui la justice passerait sans avoir besoin de raffut. 

Au milieu d’informations factuelles qu’apporte votre article, vous affirmez savoir que « le féminicide est bien un fait social reconnu comme tel. On en connaît les ressorts, et le fondement social sur lequel il faut agir : une tradition patriarcale et misogyne tenace, qui réduit la femme à un objet dont on dispose.» Même si je suis intuitivement d’accord avec cette affirmation, c’est seulement intuitivement. J’aimerais au minimum que vous nous donniez les références de vos  sources scientifiques.  

Vous n’émettez en revanche  aucune hypothèse sur le « fondement social » des autres morts violentes "qui échappent largement à la connaissance du public" : infanticides, accidents du travail, homicides sur la route. Pourquoi ? Intuitivement, je dirais : le fondement est toujours l'abus de pouvoir. Mais il doit pourtant bien exister des études scientifiques sur ces sujets apportant des réponses un peu plus pointues , un peu moins bateaux.
Du factuel, please !

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Alors, c'est bien de se poser des questions mais qu'en disent les chefferies éditoriales ? Comment justifient-elles leur choix ? Et qu'en est-il du poids de l'économie des medias dans le choix des sujets ? Les médias de caniveau font leur choux gras de tout ce qui peut donner du grain à moudre à l'extrême droite, parceque ça fait vendre et que ça flatte les bas instincts des bas du front, très réactifs pour toujours remettre des pieces dans la machine. Au contraire des féminicide et des morts au travail, qui sont dans l'ordre des choses dans la tête de ces gens-là. Je ne sais pas si les Obsessions de Daniel sont justifiées mais l'extrême-droitisation des débats est une évidence.

Les accidents de la route ? En faire un sujet reviendrait à culpabiliser le lectorat puisque c'est bien connu, le français "aime la bagnole"...


Sinon la confirmation que les médias sont le reflet, voire la caisse de résonance, de la société, autant qu'ils en sont les observateurs. 

Ne pensez-vous pas qu'ils en sont aussi des acteurs ? Que leurs obsessions deviennent celles de la société ? Ou peut-être même seulement de leur marigot politico-médiatique ? 


Bref, un papierqui aurait pu être intéressant s'il avait été un peu plus fouillé, approfondi et enrichi par du contradictoire, et des analyses de sociologues, anthropologues... (enfin moi, je suis un peu frustrée de cette analyse qui reste trop en surface à mon goût).

Ce n'est pas La mort qui n'est pas traitée équitablement, mais Les morts, des faits divers, des guerres, des catastrophes, naturelles ou pas, bref LES HUMAINS. Une vraie révélation!!!

Un parent a le droit de vie et de mort sur sa progéniture , et heureusement ! Un arabe n'a aucuns droits en chrétienté et heureusement , un homme a le droit de vie et de mort sur sa femme et heureusement  . Mais allo quoi , vous débarquez ou bien ?  Ouais c'est un peu court ...Faut ajouter un peu d'humiliation aussi , de perte de contrôle sur sa vie , de fatigue , de désespoir ... Du coup ça mettrait en cause le capitalisme et son mode de vie  ...Merde ...Il est où l'arabe ? Vient ici toi ,alors sale bicot t'as attaqué quelqu'un a coups de merguez ? Que t'as pris dans le cul pour un tonfa ? Ça , ça fait un bel article qui met tout le monde d'accord sans prendre aucuns risques que ça dérape a gauche jusqu'à la remise en question du vrai responsable de 99 % de la violence ...On s’arrêtera juste à la couleur et même" la gÔche" sera contente . "Elle est pas belle la vie ?"

sauf aussi quand  c ' est le fond de commerce  d' un media ...lA dEPECHE  DU  midi  sert un a  trois  nouvel article par semaine depuis  3 ans, pour la disparition     et meurtre probable  d 'une femme ( Delphine  ) Une autre , dans le  tarn,qui a  disparue, et sans doute   tuée aussi,  n' a pas eu le  quart du dixième des articles 

Merci, merci, merci pour cette analyse qui donne tout son sens à l'appellation "Arrêt sur images".


S'arrêter en effet, essayer de se défaire des parti-pris, préjugés et autres aveuglements dont la presse quotidienne nous abreuve à longueur de temps.

 

Il est bien entendu légitime, a fortiori dans ASI, de se préoccuper de l'instrumentalisation politico-médiatique de certains homicides.

Mais il est maladroit de mettre en avant comme contre-exemple dès le premier paragraphe le "quintuple homicide commis à Meaux le 25 décembre". Ce dernier relevait de troubles psychiatriques, et c'est une bonne chose que les médias ne s'y soient pas attardés. Je précise que les personnes souffrant de troubles psychiatriques commettent le plus souvent des violences envers elles-mêmes, et très rarement envers les autres.

Comme quoi .... vous aussi vous preconisez une médiatisation en fonction de le réaction 'probable' du public visé ? 

Ce qui interroge justement dans cet article se sont les presuposes idéologiques et politiques ou'autres qui pourraient expliquer cette difrence de traitement.... il faudrait d'abord les dévoiler et les discuter avant de dire qu ils'sont pertinents ou pas. Non ?

"Je précise que les personnes souffrant de troubles psychiatriques commettent le plus souvent des violences envers elles-mêmes, et très rarement envers les autres."


Merci de le rappeler. On pourrait ajouter qu'elles sont aussi plus souvent victimes de violences.


"c'est une bonne chose que les médias ne s'y soient pas attardés"


Sur ce point, je ne partage pas votre avis. Les meurtres commis sous emprise d'une pathologie psychiatrique sont aussi (surtout?) des faits de société. D'abord, parce que la genèse d'une maladie mentale s'enracine dans un vécu social (souffrances, misère, isolement...). Ensuite parce que le sabotage déjà ancien de tout notre système de soins psychiatriques aboutit à laisser 'dans la nature" et sans soins un nombre considérable de personnes en souffrance. 


Les médias auraient donc dû s'y attarder, non pour horrifier le lecteur (ce qui est hélas leur "angle" préféré, mais pour analyser le contexte.

Merci Cultive. Contente de vous relire, vous savez toujours dire les choses* précisément ! 

(* choses que je pense, mais qu'il m'aurait fallu trois heures à rédiger moins bien)

J'ai fait un "dry-Asi d'un mois pour me désintoxiquer et aussi par lassitude de certains articles un peu superficiels et de certains commentateurs dont je ne prononce pas le nom mais qui me polluaient la tête. 


Je suis très heureuse d'être revenue, à l'occasion de cet article que je voulais lire. Je suis en train de regarder l'émission de Nassira El Moaddem. Remarquable. 


Continuez dans ce sens, Asi.

Merci pour ce point de vue, j'espère pouvoir travailler sous cet angle 

                  "c'est une bonne chose que les médias ne s'y soient pas attardés"


« Sur ce point, je ne partage pas votre avis. Les meurtres commis sous emprise d'une pathologie psychiatrique sont aussi (surtout?) des faits de société. D'abord, parce que la genèse d'une maladie mentale s'enracine dans un vécu social (souffrances, misère, isolement...). »


L'étiologie des pathologies psychiatriques reste un domaine d'étude qui est loin d'être déchiffré. Le fonctionnement mental humain est d'une complexité insondable, les causes des maladies mentales sont multifactorielles. 

Mais pour les pathologies les plus sérieuses (schizophrénie, troubles bipolaires…), la part génétique est importante. Même si l'environnement et les événements peuvent avoir leur rôle dans la survenue, l'évolution et l'expression de la maladie, ainsi que dans le déclenchement des épisodes. Ainsi que la consommation de substances psychotropes.


Problème :


- Si c'est la dimension pathologique qui est mise en avant, le feu des médias pourra insérer dans l'esprit du public que les malades psychiatriques sont des fous dangereux à enfermer. Car les médias n'en parlent quasiment jamais en dehors des faits divers.


- Et si le contexte sociologique est pris en compte par les médias, ça sera justement trop souvent pour retenir ce qui fait polémique, et donc ce qui est censé attirer l'audience ou le lectorat.

Un sombre exemple me vient à l'esprit, à savoir l'affaire Sarah Halimi, où un jeune homme d'origine malienne et de confession musulmane avait en 2017 violenté et tué chez elle une femme de confession juive. Les experts ont quasi unanimement reconnu une abolition du discernement due à un épisode délirant, et donc les juges ont conclu à son irresponsabilité. Mais des polémiques politico-médiatiques interminables ont eu lieu autour de sa consommation de cannabis (qui avait pu déclencher l'épisode psychotique) et de propos antisémites (les délires et les hallucinations ne tombent pas du ciel). Autant je peux comprendre que la décision judiciaire ait été insupportable pour la famille de Sarah Halimi, autant on aurait pu se passer des tempêtes médiatiques sur l'affaire.



« Ensuite parce que le sabotage déjà ancien de tout notre système de soins psychiatriques aboutit à laisser 'dans la nature" et sans soins un nombre considérable de personnes en souffrance. »


Hélas oui ! Et même avec les pathologies qui ne peuvent se soigner qu'avec des médicaments, l'entourage humain et la création de liens de confiance avec les patients sont tout à fait essentiels. Ils permettent d'éviter autant que faire se peut le recours aux méthodes hard genre "chambre d'isolement" durant la phase éventuelle d'hospitalisation, et de permettre un suivi de qualité au long cours. Mais pour ça il faut du personnel, médical et surtout paramédical, en nombre suffisant, nous serons d'accord sur ce point.



« Les médias auraient donc dû s'y attarder, non pour horrifier le lecteur (ce qui est hélas leur "angle" préféré), mais pour analyser le contexte. »


Cet angle préféré des médias, que vous soulignez à juste titre, est l'un des facteurs qui me font préférer qu'ils ne s'occupent pas des faits divers d'origine "psychiatrique".


Et les médias ont le pif sur le présent, notamment bien sûr dans les faits divers. Les journalistes n'ont le plus souvent pas d'autres choix que de recopier les dépêches ou de se copier les uns les autres en boucle. Même si on peut parfois trouver des articles documentés dans des médias mainstream.


Une autre affaire, plus récente, me revient en mémoire : le 2 décembre 2023, un jeune Franco-iranien avait tué une personne et blessé deux autres lors d’une attaque au couteau et au marteau à Paris. Il avait déjà été incarcéré entre 2016 et 2020 pour projet d’attaque terroriste islamiste, et avait fait l'objet d'un suivi psychiatrique.


Le lendemain, Darmanin déclarait sur TFI : "Ce qu'il faut sans doute changer, c'est le fait que le pouvoir public, le préfet, les policiers, puisse demander, exiger, des injonctions de soins. Aujourd'hui ce n'est pas le cas. […] Il n'y a pas d'obligation de soins psychiatriques, je pense qu'une des conclusions de tout ça, ça doit être d'avoir des conclusions d'obligation de soins psychiatriques."


Et dans aucun média à ma connaissance, on a fait remarquer que cette possibilité est déjà prévue par les articles L3213-1 et L3213-2 du Code de la santé publique : ça s'appelle SDRE, "soins psychiatriques sur décision du représentant de l'Etat", pour les personnes dont les troubles mentaux "compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l'ordre public".


La personne incriminée en question pouvait ne souffrir que de troubles de la personnalité, ce qui rend les choses plus difficiles et plus compliquées, mais en ce cas on tient compte des antécédents.

Y avait-il ou non au final des troubles psychiatriques dans cette affaire ? On ne sait pas, car comme c'est le plus souvent le cas, après la myriade d'articles ou de séquences en boucle début décembre, les médias n'en n'ont plus parlé. Peut-être en reparleront-ils lors du procès.



Bref, je ne pense pas que nous soyons fondamentalement en désaccord. Mais c'est la façon dont les médias traitent les affaires (soit en alimentant des polémiques, soit en se contentant de relayer l'actualité par-dessus la jambe) qui me fait souhaiter leur discrétion dès lors qu'interviennent des facteurs psychiatriques.


[désolé, je n'ai pas eu le temps de faire plus court !]

Ok mais dans ce cas, autant qu'ils ne couvrent aucun fait divers.

"Cet angle préféré des médias, que vous soulignez à juste titre, est l'un des facteurs qui me font préférer qu'ils ne s'occupent pas des faits divers d'origine "psychiatrique".


Sur votre longue réponse, je choisis ça, parce que je pense que nous ne devons pas nous résigner à l'indigence ou à la puanteur de "nos" médias. Nous devons, inlassablement, exiger que ces gens là fassent leur boulot. 


Asi fait partie de nos moyens de lutte, et là encore, nous nous devons d'être là pour les soutenir et ne pas les laisser dériver.

Il paraît important,, justement de pouvoir identifier les causes des crimes commis, mais en prenant le temps d'y revenir, et sans rien omettre des éléments de contexte qui peuvent mieux aider à comprendre (et, pour la société, à se saisir de toute cause sur laquelle elle peut travailler)

Cf ma réponse à Cultive ton jardin (suffisamment longuette ;-)

Merci pour cet article. Avez-vous prévu, pour chaque "catégorie" sous médiatisée, de creuser le sillon? Il y a de quoi faire et ce serait sacrément instructif.

pourquoi ce drame-ci et pas celui-là ?

Nous connaissons tous la réponse : est ce que ce drame va permettre à Cnews et autres Bfm de fournir au bon peuple sa dose quotidienne de haine des arabes ?

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