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"Matrix Resurrections", pour en finir avec le cyberpunk

Alors que sort "Matrix Resurrections", l'esthétique cyberpunk des années 80 et 90 continue d'influencer séries et films. Il est pourtant temps de passer à une autre vision du futur car le capitalisme, de son côté, a largement changé de visage.

Commentaires préférés des abonnés

Limiter le cyberpunk au courant 'Gibson' est une erreur, surtout quand vous citez Altered Carbon qui vient du courant 'Sterling'. Le cyberpunk est bien plus vaste que le concept de 'Matrice.'

De la même manière, le cyberpunk est né avec K. Dick (en pa(...)

A voté ! J'espère que cet article passera en accès libre car d'utilité public.

Excellente chronique.

Concernant cyberpunk 2077, je pense que ça va encore un peu plus loin que juste un décors vide. Il y aussi l'histoire de la création du jeu, et s'il y a bien un truc méta, c'est la place qu'occupe désormais CPR en tant que mégaco(...)

Derniers commentaires

Merci pour cet article, toujours agréable à lire, entre citations, références et lien Cairn.

« . En 2021, mis à l'arrêt forcé, atomisés et sevrés de collectif, la Matrice n'a plus qu'à nous cueillir, mûrs pour l'abandon dans le vide du divertissement. »


Ça fait du bien de ne plus se sentir seul.

Pour ça, merci. Ça m’évitera de faire un geste malheureux…

l'algo de YT m'a récemment servi ceci : 

Mouais, Matrix... C'est tout de même de la philo et du cinéma à deux balles, non ? C'est pas Kubrick, Buñuel, ou je ne sais qui... Il y a vraiment de quoi en faire des louches sur ce truc ? 

Une capsule temporelle, en somme. Comme d'autres films SF de cette époque (Dark City, Strange Days, Hackers, Johnny Mnemonic, Ghost in the Shell, Perfect Blue, etc)


je me sens visé parce que à part Strange Days que j'ai pas vu on pouvait trouver tous ces films dans ma pochette de 'DIVXs' de quand j'étais ado.

Très bon article et en plus rudement bien écrit. Merci Thibault. 

Fort bon article, merci de l'avoir écrit.

Je reprocherais quelques amalgames (il me semble assez grossier de comparer la démarche de l'adaptation netflix d'altered carbon et celle qui préside à celle de cowboy bebop, par exemple).
J'aurais trouvé intéressant de mentionner que parmi les voix qui expliquent la métaphore de la transidentité (au sens large) qui traverse toute la trilogie, il a celle d'une des autrices (seul l'interprétation en réception compte pour la mesure de l'effet social, mais tout de même, «quelle métaphore a été faite intentionnellement» est un point pertinent).

Je pointerais du doigt un fait qui échappe à beaucoup: l'esthétique (japanisante dans la technique parce que la crainte du miracle japonais trainait ses guêtre dans le coin) cyberpunk emprunte beaucoup initialement à la culture hacker, qu'elle aura nourrit par retroaction comme c'est toujours le cas quand les auteurs dépeignent un groupe qui les lisent. Elle continue a exister dans ces milieux, et existe toujours indépendamment de la compromission qu'aura été son adoption/adaptation/appropriation par le grand public. C'est un phénomène qu'on constate régulièrement pour les sous cultures. [il existe un lien historique fort entre la sous-culture hacker et la sous-culture hippie].


Je ne sais pas si c'est un bon film (mais j'avoue que comme vous, mon premier mouvement à été de mettre la question de coté), mais c'est un œuvre intéressante, pleine des nuances et des contradictions qui fait que les «fans» s’échevellent en essayant d'y trouver des avis tranchés, et qui fait que le mensonge de la fiction dépeint mieux la réalité qu'on ne le pense.


Bref, je n'ai guère osé lire ce qui se disait d'autre, ailleur, du film, mais le chapeau suggère qu'on traîne dans le turbo éclaté au sol, ce qui n'est en rien une surprise.

Limiter le cyberpunk au courant 'Gibson' est une erreur, surtout quand vous citez Altered Carbon qui vient du courant 'Sterling'. Le cyberpunk est bien plus vaste que le concept de 'Matrice.'

De la même manière, le cyberpunk est né avec K. Dick (en particulier Do Android Dream of Electric Sheep (1968) et Ubik (1969), pas avec Gibson et Sterling.

Enfin, le message principal du cyberpunk a toujours été "Voici ce qui se passe quand la société civile renonce." Dans les univers cyberpunk, en l'absence d'une société civile forte, les états-nations (et pas le vivant) sont soumis aux corportions privées. C'est là la principale différence entre les univers présentés et la réalité: le cyberpunk prend le renoncement des punks et pousse le raisonnement jusqu'à l'absurde. Et c'est parce que la société civile n'a pas renoncé, parce qu'on a des associations et des journaux qui enquêtent et se battent pour faire respecter et changer les lois, et pointer du doigt les pratiques dangereuses des entreprises comme des structures et individus politiques, que nous ne vivons pas dans un monde cyberpunk. Cet aspect est partiellement visible dans Cryptonomicon (1999) de Stephenson (auteur de Snow Crash que vous mentionnez, et dont la conclusion va à l'encontre de votre analyse) et dans la trilogie The Way de Greg Bear (Eon (1985), Eternity (1988) et Legacy (1994)) par exemple.


Car non, la société actuelle n'est pas plus cyberpunk que Matrix. Dans la première, les sociétés sont régulés, même si mal ou tardivement, ce qui n'existe pas dans le cyberpunk.. Dans le second, il n'existe pas de société, et pas de corporation pour la contrôler. Le film est un héritier tardif du courant 'robot as a menace' où le robot est devenu intelligence artificielle incorporelle. Et la confusion vient sans doute qu'une des plus grosses inspirations pour Matrix est Ghost in the Shell (1995), qui est lui un pur film cyberpunk du courant 'Gibson'.


L'article est intéressant, mais difficile d'approuver la conclusion quand on sait les prémisses fausses.

tout en étant pour d'autres une allégorie de la transidentité


ce n'est pas de la spéculation mais bien une analyse "officielle" donnée par les réalisatrices; à l'époque la métaphore de la transidentité n'as pas été mise en avant pour ne pas effrayer les financeurs mais c'est bien l'un de sujets principal du film.

https://www.bbc.com/news/newsbeat-53692435


Sinon bon moi comme spectateur j'avais trouvé le premier volet sympathique et gaché par les deux suites simplement "over the top" sur tous les plans et fricotant allégrement avec le nanardesque.

Après l'esthetique hacker /cyberpunk des années 90 (bien que dans matrix on ai pas tout à fait le cliché de la "cité verticale du futur avec ses néons" à la blade Runner); c'est juste qu'on a grandi avec et que c'est une composante forte de notre culture, tous les vingt ans son revival; parce que les enfants baignés dans cette culture sont grands et sont nostalgiques de leur enfance. L'excellente série "mister robot" jouais aussi pas mal avec cette esthétique.

Texte magnifique et puissant qui me donne envie d'aller voir le film.

Vous vous débattez avec l'énonciation et la langue, et pour extraire l'essence même du cyberpunk, mais vous vous retrouvez à votre point de départ :

Comme son équivalent culturel et musical, le punk, le cyberpunk a toujours admis le No Future.

Face aux utopies mortes du socialisme réel et de la contre-culture beatnik qui avait engendré Charles Manson, et tandis que s'érigeaient les citadelles médiatiques capitalistes issues du thatchérisme, tout un courant de littérature anglo-saxon décrivait un monde sans issue. 

Un occident qui refusait de se regarder en face et qui courait à sa perte dans une course au toujours plus, et qui allait se fracasser sur la réalité. 

Le déni et la fuite.

A jamais...

Et vous avez raison, quarante ans plus tard, nous en sommes toujours là. Nous rejouons le match.

Notre fuite nous a emmenés encore plus près du bord du gouffre.  Et le reste du monde court encore plus vite que nous...

Lana n'y est pour rien. Elle a tenté de juguler la destinée et le malheur en le racontant avec son génie et ses possibilités qui sont énormes. 

Elle a endossé son rôle de princesse Cassandre en devenant une femme, mais l'avenir nous est obscur.

Tout peut arriver, le meilleur ou le pire, mais personne ne nous sauvera si nous ne nous aidons pas nous-mêmes.

Et nous en sommes incapables...

Le cyberpunk le relate depuis quarante ans...

Brillant. :-)

Excellente chronique.

Concernant cyberpunk 2077, je pense que ça va encore un peu plus loin que juste un décors vide. Il y aussi l'histoire de la création du jeu, et s'il y a bien un truc méta, c'est la place qu'occupe désormais CPR en tant que mégacorpo du jeu-vidéo qui se fout de la gueule du monde, est passée de boite "indé" adulée proposant des jeux sans DRM à boite conspué, menteuse, cynique, poussant à bout ses employé.es. Mais ce serait long pour moi de tenter d'expliquer le truc.

Une chose bien plus simple à appréhender est le prodond cynisme qui parcourt tout le jeu. On baigne du début à la fin dans les implants, la technologie, le monde criard de la publiblité et des meurtres en direct à la télé, en nous donnnant pour regard critique que la possibilité de regarder ce monde. En fait, le jeu expose, il inhibe, mais il ne dit rien. Il ne nous aide pas, on doit juste poursuivre notre mission sans remettre en cause l'existence de cette vie et de cette vie, sauf à travers de phrases creuses du type "Night City m'a tout pris". Si on suit l'histoire du jeu, on a le choix entre la fuite, le terrorisme romantic-punk ou la soumission.

C'est vraimen t un délire jusque boutiste dans sa représentation (si on omet l'histoire du scandale que fut sa sortie, on fait genre que tout s'est bien passé), et qui l'est également dans ce qu'elle a à dire : néantlibérale.

Je n'ai pas encore vu le dernier Matrix, mais il me tarde de le voir. Vu les déceptions décontenancées, ça doit valoir le "coût". :)

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur

Ah ben non, c'est clair qu'il ne l'était pas. En fait, le boss du studio a toujours assumé le fait qu'il y ait du crunch. Le premier The witcher, ainsi que les autres ont été acouchés dans la douleur. https://www.gamekult.com/actualite/crunch-chez-cd-projekt-un-nouveau-temoignage-livre-un-eclairage-cru-sur-le-developpement-de-cyberpunk-2077-3050832609.html

CPR a comme toutes les boites  inde jeunes son fanclub, vous pouvez decliner ca ad nauseam , tous les GAFAM ont eu leur fan club lorsqu'ils étaient percu comme cool et disruptifs sans jamais ne vraiment l’être. une boite n'est jamais cool deslors qu'elle cherche a faire des profits , c'est aussi simple que cela.

par ailleurs cyberpunk 2077 c'est la continuite pour CPR, un jeu bugge et incomplet a sa sortie comme witcher 1 et 2 , la seule exception a la regle finalement est witcher 3. 

 je ne leur jetterais pas la pierre particulierement, ils ne sont pas pires ou meilleurs que les autres studios de developpement qui utilisent des departements marketing.


Ce qui m'a decu au final dans cet article c'est qu'il aurait ete peut etre plus a propos de parler de Deux Ex que de Cyberpunk 2077,  puisqu'on parle meta, changement et rejet du changement, il me semble que Deus ex presente mieux ce conflit ambiant que ne le fait cyberpunk.




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Je ne suis pas trop d'accord pour dire que CPR est comme toutes les boites, de fait, elle incarnait autre chose, même en étant une grosse boite.


On ne peut pas dire, à l'heure de Denuvo et des DRM agressifs, des modes en lignes obligatoires, qu'avoir un client du type de Gog soit faire comme tout le monde. C'est cette "âme",  certainement marquettée, certainement surfaite, qui faisait le charme de CDPR et qui est maintenant sérieusement mis à défaut. Qu'on retrouvait par ailleurs dans la façon de proposer des continuités à leurs jeux etc. Je ne me suis jamais senti lésé par CDPR, sauf là. La boite n'est pas cool, elle n'est pas hype ou autre, et dire qu'elle fait du profit c'est un truisme, c'est la raison d'être d'une entreprise. Seulement on ne peut pas réduire non plus à "elle se fait de l'argent, comme toutes les boites, donc ràs", sinon c'est la porte ouverte au cynisme, et on le voit bien avec des mecs comme Kotick et Activision / Blizzard pour n'en citer qu'un.

The Witcher 3 a été un moment marketting incroyable, avec vraiment une profusion d'articles, de démos, de "hype" un peu à l'image de Cyberpunk. Sauf que derrière, ce que le jeu propose est infiniment mieux que ce que propose Cyberpunk, c'est fait avec plus de respect, plus de profondeur, plus de temps vis à vis de l'ambition du jeu.

Ce que je souhaite dire, c'est que je ne voulais pas parler de fan club dans mon premier commentaire, mais de la perdition d'une boite qui est, effectivement, devenue comme les autres, que ce soit en interne (CDPR pratique, a pratiqué et vraisemblablement pratiquera le crunch comme le lever de coude au bar), mais aussi publiquement, en se foutant ouvertement de la gueule des gens et des journalistes, en méprisant le caractère autre qu'industriel qu'on peut avoir vis à vis des jeux vidéo.

Personnellement, je n'arrive pas à me contenter de "ils sont tous pareils", d'autant plus si la singularité de l'une faisait mentir cette assertion. Maintenant, il est bien clair qu'on peut se ranger de cet avis, mais perso', je ne pensais pas considérer les jeux de CDPR comme des fifas ou des call of vide d'âme, là pour contenter des actionnaires. C'est bien triste !

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Yes la fin est pas ouf, c'est ce que je disais par : "se tuer, se soumettre ou fuir", ça ne laisse pas beaucoup d'espoir pour la suite (en laissant de côté la signification de ces possibilités)^^.

 Ben j'aimerais aussi y croire, mais je trouve que le jeu est profondément cassé, il y a vraiment trop de choses qui ne vont pas. Juste sur le plan technique/gameplay, entre la conduite qui est vraiment l'une des conduites les plus nulles que j'ai vue, l'IA totalement à la ramasse (des ennemis au pnj, piétons, conducteurs inclus), il y a un tel travail à abattre ! Bon on verra bien, mais à titre personnel, je serai de nouveau méfiant sur leurs productions.

Cependant, il y a eu un exemple formidable de jeu cassé, qui a menti sur ses promesses dès les départ et qui s'est rattrapé de façon magistrale, c'est No Man Sky. Peut-être que Cyberpunk suivra cet exemple !


Quand il s'agit de parler de l'appropriation de l'imaginaire par les multinationales qui exploitent leurs salariés, pour sortir un produit calibré qui exploite l'imagerie en vidant totalement la substance, justement, Cyberpunk 2077 est un excellent exemple.

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Merci pour cette chronique. Je ne savais pas exactement sur quel pied danser mais une partie de moi s’est sentie bien devant cette wachowskerie. Alors cette version me va tout à fait. Lana knows. ✨


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