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Mathias Enard, les révolutions arabes et les Indignés, d@ns le texte

C'est l'histoire d'un gamin de Tanger, qui travaille pour un cheikh intégriste, et lit des Séries noires à la chaîne. Qui fait ramadan, et rêve de lever une touriste espagnole, parce que c'est le pays des jambons noirs, et la clé de l'Europe. C'est un roman entre deux mondes. Entre Maghreb et Europe, entre révolutions arabes et mouvement des Indignés, entre cadavres échoués sur les plages d'Andalousie, et survivants plus ou moins condamnés. C'est un roman de "fantômes", comme dit Judith. Il y a beaucoup de fantômes, dans le roman de Mathias Enard "Rue des voleurs" (Actes Sud) que nous avons choisi, en cette rentrée, pour notre première plongée D@ns le texte.

Derniers commentaires

J'ai enfin pris le temps de regarder cette émission.
Passionnante. Judith était vraiment à la hauteur, la discussion enrichissante.

Je ne suis pas sûre que je lirai le livre, car ce n'est pas trop ma tasse de thé à la menthe, mais j'ai passé un excellent moment.
http://www.huffingtonpost.fr/2012/10/01/video-diams-tf1-7-a-8-record-audience_n_1928124.html?utm_hp_ref=mostpopular
bonjour, j'ajoute ce post un peu tard, et c'est même le premier que j'écris. cela fait plus d'un an que je regarde cette émission. Parfois je trouve Judith sidérante de justesse, de force, je repense par exemple au débat autour de Celine. Je repense aussi à l'entretien avec Despentes, même si cette fois-là J. n'était plus sur le terrain de l'expérience et que cela se ressent tout de suite ,de ses questions et de ses réactions, mais Despentes ramenait toujours le débat à l’essentiel, sans prétendre détenir la seule vérité, ni la seule ni l'universelle ni celle d'un autre qu'elle. Très bon, et l'émission est sacrément bien menée, rencontres intéressantes.

Celle-ci en est une autre, mais là l'auteur a une personnalité différente et ne se préoccupe pas à chaque fois de rectifier des propositions, pardon mais parfois un peu ineptes (car oui, cette opposition musulmans/blancs l'est) ou de suivre J. quand elle amène le débat plutôt du côté du politique en sortant presque du livre. Enard je découvre et j'aime aussi, il fait passer ce qu'il a à dire, au moins quand il parle (je n'ai pas lu le livre je vais le faire, celui-ci et "Zone" qui a l'air d'être animé par un sacré souffle, une grande baffe épique contemporaine).
Mais toutes ces précautions hésitantes pour choisir ses mots dès qu'il s'agit de musulmans, d'européens, de méditerranéens, d'arabes, je ne comprends pas vraiment. Et les dix minutes de déblayages moraux au début de l'émission sur le lien entre ce choix d'écriture et notre histoire post-coloniale étaient me semble-t-il de trop, au vu de l'homme assis en face et de ce que semble être son bouquin.
J'aime beaucoup sa manière d'intégrer à son récit ces incongruités qui sont nées du chevauchement des cultures et des générations. Elles peuvent être parfois drôles parfois cruelles mais c'est notre présent, c'est enfin la vie, incohérente et foisonnante, de hasards aussi.

Et puis car c'est sur cela qu'ils ont conclu, je suis restée un peu ébahie devant la découverte de la manière de vivre le ramadan qu'évoquait Judith, surtout après une heure de choix hésitant de vocabulaire, et d'évocations superflues des fumigènes islamophobes (je veux dire: qu'est ce que ces cons là, qui ne sont pas d'hier, viennent faire dans cette discussion). Découvrir aujourd'hui le ramadan familial et festif, c'est j'ai l'impression n'en avoir jamais discuté avec un musulman, et en vivant en France, je trouve ça assez fou. Ce n'est pas une critique (on allez si, un peu malgré tout), et le découvrir dans un livre c'est beau aussi, mais je me dis maintenant que si même Judith, telle qu'elle est, à chercher les étincelles de l'avenir est prise dans les fumigènes islamophobes - ou islamistes- on n'est quand même mal barrés. Parce que n'est pas non plus Judith qui veut :)
On peut se faire une idée, à peu de frais, de ce qui attend le lecteur éventuel, en lisant l'extrait des vingt premières pages, aussi bien...
Merci, Juléjim, pour l’accès à peu de frais à ces premières lignes du livre en question (assez vite lassantes, ai-je trouvé, mais ce n’est qu’un point de vue : écrire avec force cul, couilles, seins, fesses, n’est pas forcément faire de la littérature, selon moi. De même, j’ai trouvé les extraits lus pendant l’émission particulièrement fades. Quelque chose doit m’échapper. Mathias Enard semble un type éminemment sympathique, par ailleurs, mais, bon, est-ce l’objet ?).

Judith (Bernard) est un ton en dessous, cette fois – d'une critique un peu émoussée, comme groggy. Sous le charme, si j'ose ? –, mais elle a été si épatante, si souvent… J’ai été étonné de ce qu’il ne lui soit jamais venu à l’oreille que le Coran était avant tout un objet littéraire (d’une littérarité et d'une poésie vantées dans le texte même, métatexte qu’apprécierait l’amoureuse des belles lettres qu’elle est. Le célèbre premier vers révélé au prophète Muhammad n’est-il pas une injonction qui eût plu à notre interviouveuse : « Lis ! Au nom de ton seigneur qui créa » ?), un objet littéraire, disais-je, défendu comme tel par tout musulman, même ne possédant aucune culture livresque.
Hélas, comme on l’entend beaucoup déploré au Maghreb et en Afrique noire : « Nous savons tout d’eux, ils ne savent rien de nous. »

Lire, si l’on en ressent l’envie, la seule et unique traduction en français digne de ce nom du Coran, celle de Jacques Berque, chez Sindbad.

Sèchent les deux mains d’Abû Lahab ! Qu’il sèche lui-même !
De rien ne lui serviront son bien ni son acquis
Il brûlera d’un feu d’étincelles
Auquel sa femme apportera du bois
Le col paré d’une corde de fibres


Sourate CXI
Votre commentaire est méprisant Ndjocka. Méprisant et suffisant. A tel point que je ne pense pas que vous fassiez beaucoup progresser la nécessaire compréhension entre le monde arabo-musulman et le monde occidental.

:-(
Egorgeons-nous les uns les autres.
Méprisant ? Loin de moi cette idée. Je ne méprise personne ici, ni ailleurs. Surtout pas Judith Bernard, que j'admire et dont je fais circuler (illégalement) les émissions, toutes roboratives. Vous pouvez m'éclairer ? Ne pourrais-je pas vous retourner le compliment ?
Comment un commentaire que vous ne comprenez pas (par ma faute, je veux bien le croire) en devient-il conséquemment méprisant et suffisant ?

Pour être précis, je parlais d'un monde musulman, pas "arabo-musulman".
"Pour être précis, je parlais d'un monde musulman, pas "arabo-musulman".

***************
Mille pardons Maître ! Je ne recommencerai plus Maître ! Que dois-je faire pour obtenir votre pardon Maître ? Me rouler à vos pieds peut-être ou simplement m'agenouiller en cachant ma tête dans mes mains de mécréant ?

***********
Le mépris ne s'explique pas, on le ressent ou pas. A tort ou à raison. En l’occurrence, votre réponse me donnerait plutôt raison.

Donc, je persiste et signe. Ne vous en déplaise : méprisant et suffisant.
Merci. Je ne me reconnais pas vraiment, mais c'est assez drôle.
@ Juléjim

Eh bien, voilà ce qu'il m'en aura coûté d'avoir eu le front d'exposer mon opinion dans une conversation entre gens honnêtes.

Hélas, vous ne m'étonnez pas.

Je me permets néanmoins, sans mépris, sans suffisance, ce petit conseil : si un jour, avec d'autres gens honnêtes, vous disputez de l'islam, et si jamais un intrus s'est glissé parmi votre auditoire (un Burkinabé, un Malgache, ou je ne sais quel ressortissant de l'une de ces îles indonésiennes), tâchez d'éviter ce sophisme qui consiste à réduire le monde islamique au monde arabe. Sans doute parviendrez-vous mieux que moi à faire "progresser la nécessaire compréhension" entre les cultures.

Salut.
"... tâchez d'éviter ce sophisme qui consiste à réduire le monde islamique au monde arabe..."

***************************

Ndjocka, vous avez l'esprit vif, c'est bien, mais vous déduisez (ou inférez ?) trop vite parfois. Si j'ai utilisé l'expression "monde arabo-musulman" c'est parce que l'espace dans lequel se déroule le récit de "Rue des voleurs" se situe pour l'essentiel au Maroc, avec des allusions concernant d'autres pays arabes et un peu l'Espagne, la France, l'Allemagne, donc l'Europe. Croyez-vous que j'ignore que l'Afrique noire et l'Asie sont en grande partie des pays musulmans ?

De façon plus précise encore, sachez que mon gendre est musulman, peu pratiquant, mais musulman. De même que toute sa famille bien sûr. Vous pouvez encore considérer que le compte n'y est pas, je peux moi vous assurer, pour le vivre quasiment tous les jours, que nos deux familles vivent depuis l'origine en parfaite harmonie, spirituelle, culturelle et relationnelle. Ceci ne fait pas de moi un grand et fin connaisseur de l'islam, ni même des réalités arabes ou africaines, certes, mais accordez-moi au moins sur ce point une ouverture d'esprit, une écoute et une curiosité intellectuelle et culturelle qui méritent d'être respectées. De même que je peux comprendre votre hypersensibilité sur le sujet.

Fraternellement.
Il semble que Ndjocka confonde certains interlocuteurs @sinautes (dont JuléJim) avec quelques éditocrates qui, en effet, passant à l'antenne, s'empressent de confondre monde arabe avec monde musulman... dont Philippe Val et bien d'autres...
Je crois qu'ici, nous sommes un peu plus "éclairés" sur le sujet que certains éditocrates invités partout (qu'on doit recontacter allègrement dans les rédactions afin qu'ils viennent une fois de plus refaire l'amalgame, à des fins d'émissions spéciales "monde arabo musulman versus USA" suite aux manifestations de ce vendredi).
Je suis en gros au tiers du bouquin et j'aime le style d'écriture... bizarrement, l'info de ce vendredi matin vient percuter mes sentiments personnels à la lecture de "rue des voleurs"... et on dirait que Matthias Enard pose les bonnes questions...
Merci pour le soutien Clomani. J'ai tenté ci-dessus une démarche de pacification (par les temps qui courent c'est une urgence d'utilité publique) mais je crains que l'ami Ndjocka n'ait désormais fermé les écoutilles, attiré sans doute ailleurs par d'autres sirènes à la tonalité bien plus dramatique et plus sérieuse que nos palabres d'àsinautes.

:-(
Je ne confonds pas, Clomani. Le forum d’@si est le seul que le fréquente (c’est-à-dire que je lis, je n’interviens quasi jamais), et je crois en effet que les avis y sont souvent « éclairés ». Je pense en revanche que vous êtes ici entre vous et que, si vous débattez et exprimez des opinions différentes, elles viennent toutes de l’autre berge, de mon point de vue. En cela, vos débats, aussi instructifs soient-ils, sont bancals. C’est la faiblesse de ce forum : il y manque d’autres référents.

Je peux comprendre que Judith Bernard ou d’autres aient été séduit par ce texte (mais d’autres lecteurs l’ont trouvé « plat, indécent et opportuniste », et j’en suis rassuré). Il doit s’y trouver quelque chose d’exotique. Mais je m’étonne que votre expérience syrienne ne vous ait pas rendu le chapelet de clichés qu’égrène Mathias Enard indigeste. Me permettrez-vous un conseil de lecture, pour quand vous en aurez fini avec ce livre ? Les Noces de Zein, de Tayeb Salih. Vous y lirez cette fois une langue magnifique, un regard sarcastique et désabusé sur les moeurs islamiques. (Et un regard porté de l’intérieur !) L’histoire se déroule au Soudan, si ma mémoire est bonne. Certains passages sont d’une crudité déconcertante, jouissive, et sans commune mesure avec celle dont s’amuse Mathias Enard (qui me fait penser à un garçonnet tout excité d’écrire des gros mots sur le mur de l’école), et qui semble charger l’air du temps. Vous y découvrirez peut-être comment des femmes (musulmanes, donc) parlent de leur mari, et combien ceux-ci peuvent s’en trouver penaud. Du même auteur, Saison de la migration vers le nord, qui relève aussi – peut-être plus encore – du chef-d’œuvre, sur le drame à quoi se résume le déracinement des millions d’hommes, nés par hasard au tiers-monde, qui ont décidé un jour d’embarquer pour l’Europe, pour y rencontrer l'inconnaissance, puis l'incompréhension.

Bonne lecture.
C'est bien que vous soyez revenu par ici, Ndjocka. Je vous remercie pour votre post en-dessous et je vous réponds sur celui que vous adressez à Clomani (les conseils de lecture que vous lui donnez sont notés sur mon calepin).

D'après le passage suivant : ""Certains passages sont d’une crudité déconcertante, jouissive, et sans commune mesure avec celle dont s’amuse Mathias Enard (qui me fait penser à un garçonnet tout excité d’écrire des gros mots sur le mur de l’école), et qui semble charger l’air du temps." j'en déduis que vous vous fondez sur les 20 pages mises en lien par mes soins pour considérer que le roman d'Enard ne vaut finalement pas le détour. Si vous en avez l'occasion lisez tout de même les cinquante dernières, vous verrez alors qu'Enard est un vrai écrivain.

Pour ma part, la lecture d'écrivains égyptiens (Naguib Mahfouz et Alaa al-Aswani notamment) m'a procuré d'intenses plaisirs de lecture que je ne confonds pas avec les mirages de l'exotisme ou du folklore touristique.

:-)
Pour surenchérir sur Juléjim, j'aimerais vous rappeler que le "héros" du livre a deux cultures livresques :
- en français, c'est un adepte des "polars"... on sait que les héros de polars ont souvent un vocabulaire "spécial" et se comportent souvent en gros machos ...
- en arabe, c'est plutôt un adepte des poètes, des beaux textes, de la langue arabe classique etc... qu'il parfait au contact d'une Européenne qui apprend l'arabe...
Alors bon, je trouve tout ça normal : c'est un personnage de fiction qui ressemble à plein de personnages réels, mais c'est un personnage de fiction, qui s'exprime comme il le peut...
C'est, sur le plan littéraire, "achtement bien rendu", pour moi ;o))
Juléjim, dans le mail que j’avais posté, je – et non Mathias Enard – parlais des musulmans. Qui dans mon esprit, comme dans le vôtre, ai-je bien compris maintenant, ne sont pas forcément arabes, loin de là. Vous m’avez répondu en me parlant de la « compréhension nécessaire entre le monde arabo-musulman et le monde occidental ». C’était un malentendu, n’en parlons plus.

Vous voyez juste : je suis hypersensible à certains sujets, mais ça ne vous dédouane pas (le pronom précédent est un vous collectif). Comme vous le savez, même les paranoïaques ont des ennemis. Marre des préjugés à mon égard fondés sur la consonance de mon nom – y compris ici-même –, ou sur mon aspect physique, et ce, depuis que je suis né (à Paris !). Quant aux préjugés qui ont trait à l’islam, ils sont un fatras que je n’ai pas la folle ambition de décheveler. Tant pis.

Je ne crois pas avoir mis en doute votre ouverture d’esprit, vous ayant déjà lu. Est-ce le fait que j’ai écrit que vous ne m’étonniez pas qui vous l’a fait penser ? J’aurais dû être plus précis : c’est la cordialité qui m’étonne, sur ce forum. Et l’indulgence.

Le fait que la famille de votre gendre et la vôtre entretiennent une relation harmonieuse ne me surprend pas le moins du monde. Je ne vois pas pourquoi il en serait autrement.
Mon salut à elles.
J’ai été étonné de ce qu’il ne lui soit jamais venu à l’oreille que le Coran était avant tout un objet littéraire


Je ne crois pas qu'il soit question de cela, dans l'entretien. Judith "remercie" le roman de le lui rendre sensible, de lui faire sentir la littérarité du Coran, qui n'est, pour nous non-arabophones, qu'ouï-dire... Tout comme le texte rend sensible la rupture du jeûne. En tous les cas, c'est ainsi que je l'ai compris.

Et quitte à passer pour une idiote, j'aime quand Judith pose des questions faussement naïves: ça évite l'entre-soi avec l'auteur, écueil à mon avis impossible à éviter complètement au fur et à mesure que l'émission se déroule...
De mémoire, il me semblait que Judith avouait dans l'émission découvrir ce statut d'objet littéraire du Coran. Je peux me tromper. J'ai dit mon étonnement, mais ça n'enlève rien à ses qualités ni à son érudition. Je pensais seulement qu'en temps que professeure, dans un collège, ou un lycée, de la proche banlieue où elle côtoie sans doute moults musulmans, elle aurait pu connaître cet "orgueil" de certains d'entre eux d'être les adeptes de la seule religion, semble-t-il, qui tienne pour sacré non un homme, non une terre, mais un livre. Chose qui, pour une littéraire, m'avançais-je, aurait pu paraître intéressant.
Les musulmans savent tous la qualité littéraire de ce livre. Son style même est vanté par eux. C'est même souvent ce qui les séduit et les émeut en premier lieu. Je répète que j'imaginais juste Judith au fait de cet aspect.

Je ne sais pas si ses questions étaient faussement naïves, mais, quant à passer pour une idiote, Judith peut toujours essayer : à mon avis, elle n'y arrivera pas.
Alors pour couper court à votre imagination, qui vous égare un peu, je préfère être très précise sur ces éléments de ma biographie sur lesquels vous conjecturez mon degré de familiarité avec le Coran. Je n'ai jamais enseigné en collège. J'ai enseigné en lycée, pendant plusieurs années, dans le 93, où j'ai côtoyé en effet d'innombrables musulmans, fiers de leur pratique, certes, mais pas de leur livre, dont ils ne m'ont jamais parlé comme d'un objet littéraire : faut-il rappeler que chez des adolescents (car c'étaient évidemment des adolescents, avant d'être des musulmans) la "littérature" est la plupart du temps perçue comme quelque chose de chiant et d'inutile. Ils ne parlaient du Coran que pour justifier certaines des pratiques qu'ils revendiquaient (la question du port du voile était alors au coeur de bien des débats, et j'ai été amenée à opposer textuellement des sourates (que je trouvais éminemment poétiques et donc ambivalentes), à ce qu'ils jugeaient être des commandement explicites et catégoriques ; leur peu de connaissance directe du texte était alors patente, de même que l'absence totale d'approche "esthétique" du texte). Ils le tenaient pour une référence du dogme, pas DU TOUT comme un objet littéraire. J'insiste ici (je pressens déjà le tour que peut prendre ce fil de discussion) sur le fait qu'ils manifestaient là des traits caractéristiques de l'adolescence (indépendants de l'appartenance à telle ou telle religion, donc), accentués par leur condition de descendants d'immigrés (revendication d'une culture jugée "alternative" à la culture du dominant, et considérée comme "originelle" contre une culture d'adoption qu'ils considéraient illégitime).
Depuis maintenant 5 ans, j'enseigne dans le même bâtiment, toujours dans le 93, mais mon public scolaire a beaucoup changé : en BTS audiovisuel, nous recevons des étudiants de tous les coins de la France, sur la base de leur projet professionnel ; l'Islam (et donc le Coran) ont totalement disparu de nos échanges.
C'est fou comme on peut vite se sentir agresser et voir les plus noirs desseins dans une simple idée lancée en l'air. Je vous prie de m'excuser si vous vous êtes vous aussi sentie méprisée. C'est absurde au regard de ce que je pense de votre travail, et de ce qu'il m'a apporté. Vous supputez que mon imagination m'égare, je le déplore. Je ne crois pas que ce soit le cas. Par exemple, quand j'imaginais benoîtement que vous étiez peut-être sous le charme, ce n'est pas de la femme que vous êtes que je parlais, mais de la lectrice. Parce que je vous ai vue bien plus sévère que cette fois-ci. Sauf votre respect, ne vous laissez pas égarer par votre imagination.

Je viens du même endroit que vos élèves (les précédents), et il me revient ce commentaire que j'entendais souvent dans les halls, selon lequel [tous les asinautes du monde] qui décrivent leur vie comme un rude combat ne tiendraient pas cinq minutes dans une cité, où le retour de bâton est autrement violent au moindre manquement (Juléjim y apprendrait ce qu'est le mépris, et qu'on ne s'amuse pas avec ça. Après avoir été méprisé par des agents de police, des profs, et même des pompiers, etc., il n'aurait plus le coeur d'accuser le premier péquin de mépris pour un simple avis divergent).

Pardon d'avoir imaginé que vous pouviez avoir enseigné en collège. Je n'y voyais pas de mal. Je ne veux pas trop insister et être encore taxé de toutes les vilenies, mais je suis désolé que vous ayez cru déceler chez vos élèves musulmans (je parle des musulmans, pas de ceux qui ont une tête de musulman) "une absence totale d'approche esthétique du texte". Eux, comme mes amis chauffeurs-livreurs algériens, les balayeurs maliens de votre rue, ou les femmes de ménage comoriennes, savent la beauté du texte coranique. Ils savent, Madame. Même, pour certains, sans l'avoir lu. Et même si certains – pas tous – ne peuvent l'apprécier. Ils savent, ne serait-ce que parce qu'on le leur a dit, car c'est un "argument" livré clé en main (car certains musulmans embarqué dans je ne sais quelle compétition éprouvent le besoin de s'en concocter une liste). Vos élèves savent, comme je savais à leur âge qu'un portrait de Raphaël devait relever de la beauté pure, mais sans pouvoir l'appréhender, n'y ayant pas été initié.
Ne parlons pas de ces gamines qui se voilent comme votre petite nièce se barde de piercing, pour les mêmes exactes raisons, ni de ces gamins qui éructent leur prétendu islam et qui ne trompent que vous.

Vous pressentez "le tour que peut prendre ce fil de discussion". Je ne sais pas de quoi vous parlez, mais, là encore, je vous prie de m'excuser d'avoir troublé l'ordre public, si c'est moi que vous tenez par avance pour responsable de ce tour désagréable. Je vous laisse donc entre vous, mais je continuerai de vous regarder, de vous écouter et de vous lire avec plaisir.

Ndj.

P. S. Ce n'est pas le sujet, mais je vous assure que pour vos élèves, comme pour moi, il n'y a pas de ce que vous appelez "culture d'adoption". Je n'ai pas à être adopté par vous, ou alors pas plus que vous par moi, de même qu'il n'est pas question d'intégration. Nous sommes d'ici. Nous sommes la culture française, nous aussi.
"Ne parlons pas de ces gamines qui se voilent comme votre petite nièce se barde de piercing, pour les mêmes exactes raisons": Ndjocka

Argument éculé qu'on entend régulièrement, mais qui ne résiste pas au moindre examen.

La rébellion du piercing, lorsqu'elle a lieu (ce qui n'est pas toujours le cas, loin s'en faut, il faut voir qu'il s'agit aussi désormais d'un look cautionné par certains parents), se fait par rapport à l'autorité parentale, pas par reproduction du modèle parental ou culturel qu'on s'imagine avoir, justement.

Sans compter qu'un piercing ne vous rattache à aucune culture, on n'est plus à l'époque de l'épingle punk qui vous rattachait à un petit groupe de rebelles au sein du collège/lycée, aucune valeur commune, si ce n'est esthétique, ne relie les porteurs de piercing. C'est bien peu, pas assez en tout cas pour faire le parallèle trompeur et donc fallacieux que vous faites.

Cette analogie bien superficielle n'est là que pour minimiser et donc tenter de faire accepter ce qui n'a rien d'acceptable. Le problème du voile ne serait celui que d'adolescentes en rupture, personne ne s'en soucierait, mais hélas, nombre d'entre elles ne le quittent pas lorsque la recherche d'individualité au travers de l'adhésion à un groupe externe au groupe familiale (paradoxe de certains adolescents) est passé, elles veulent le porter à l'université, au boulot, y compris en tant que mère...

Bonjour la poussée de révolte individualiste, on est ici au contraire en plein conformiste, manque totale d'individualisme. L'affirmation du "je" ne passant ici que par la soumission et la reproduction du communautarisme le plus rance qu'on feint de vouloir choisir...

Vous voulez choisir, vous affirmez, commencez donc par envoyer chier la religion et la culture qu'on vous associe de naissance, de façon familiale, au lieu de bêtement l'embrasser. Sans pour autant vous dissoudre dans le mouvement inverse, de contre-balancier. Soyez-vous même en dépit des pressions de tous les groupes qui voudront vous absorber, vous soumettre.

Le jour où une fille se fera ostraciser par sa famille, son quartier, parce qu'elle ne porte pas de piercing, ne voudra pas le retirer pour un scanner, on en reparlera de cette analogie. D'ici là...

yG
@ yannick G

J’avais annoncé vous laisser entre abonnés adoubés, je me dédis pour répondre au parangon péremptoire de l’hyperclasse @sinaute que vous êtes – accessoirement nervi intérimaire du Juléjim qui m’apostrophait ci-dessus ? –, et tolérant mal le post de lèse-majesté : qu’on ne m’en veuille pas trop.

« Argument éculé qu'on entend régulièrement, mais qui ne résiste pas au moindre examen. »

Péremptoire, disais-je…

« La rébellion du piercing […] se fait par rapport à l'autorité parentale, pas par reproduction du modèle parental […] »

Parce que vous considérez qu’une jeune fille qui décide de se voiler entièrement reproduit là le modèle familial ? Débarrassez-vous de vos préjugés, c’est une erreur : nombre de parents, notamment africains, se désolent de voir leur progéniture prendre ce tour, depuis quelques années. Et aventurez-vous à l’occasion sur la ligne 13 du métro parisien : peut-être aurez-vous l’occasion d’entendre quelques-unes de ces jeunes filles s’invectiver dans un langage de charretiers assez peu cohérent avec l’image de bigote que vous en avez. Le port du voile est aussi un effet de mode, la plupart d’entre elles n’ayant une connaissance de l’islam que très sommaire. Mais avez-vous seulement parlé une fois avec l’une de ces jeunes femmes ? Le cas échéant, lui avez-vous demandé ce qui la motivait ? À vous lire, je ne le crois pas. Moi, oui. (Comme vous m’avez l’air assez rentre-dedans, et faisant assez peu de cas du point de vue d’autrui, je ne vous le conseille pas, tout bien réfléchi. Dommage, vous auriez pu prendre conscience du désert spirituel que masque ce fameux carré de tissu noir.) Je le redis, donc, elles se voilent pour la première raison que ça vous dérange. D’autres le font parce qu’elles éprouvent par là le simple sentiment d’exister. Voilà pourquoi je faisais un parallèle avec le piercing.

« […] C'est bien peu, pas assez en tout cas pour faire le parallèle trompeur et donc fallacieux que vous faites. »

« Fallacieux : qui est destiné à tromper, à égarer. Faux, fourbe, hypocrite, insidieux, mensonger, perfide, trompeur. » (Le Grand Robert)

Merci pour le compliment. Ça donne envie de débattre avec vous.
Vous me suspectez sans honte de « minimiser et donc tenter de faire accepter ce qui n'a rien d'acceptable ». J’en reste sans voix. Il est des connexions que je saisis décidément mal. Alain Badiou reprochait un jour à Alain Finkielkraut de s’être fabriqué son Arabe, vil et menaçant. Je me permets de le paraphraser et de vous soupçonner de vous fabriquer un interlocuteur, que vous affublez de tous les travers. Je n’y suis pour rien.

« […] commencez donc par envoyer chier la religion et la culture qu'on vous associe de naissance, de façon familiale, au lieu de bêtement l'embrasser. »

Je vous redis que ces jeunes femmes n’embrassent pas une religion mais un ersatz. Aucune d’entre elles ne voudrait se voir interdire de conduire, comme à Riyad, par exemple, ou d’ouvrir un compte bancaire sans un approbatur mâle, étapes qui pourraient pourtant se ranger dans la suite logique de leurs choix. Mais vous voir vous étrangler de rage suffit à les combler d’aise. Ce que je finirais par comprendre, parfois…

Ndj.
" Aucune d’entre elles ne voudrait se voir interdire de conduire, comme à Riyad, par exemple, ou d’ouvrir un compte bancaire sans un approbatur mâle, étapes qui pourraient pourtant se ranger dans la suite logique de leurs choix."
Soyez plus clair ! est-ce là votre opinion sur ce qu'elles devraient faire ?
"" Aucune d’entre elles ne voudrait se voir interdire de conduire, comme à Riyad, par exemple, ou d’ouvrir un compte bancaire sans un approbatur mâle, étapes qui pourraient pourtant se ranger dans la suite logique de leurs choix." Soyez plus clair ! est-ce là votre opinion sur ce qu'elles devraient faire ?"

Je ne pense pas que Ndjocka dise cela Robert, simplement, il estime que si elles étaient cohérentes, elles devraient faire ceci... Son erreur de raisonnement, c'est qu'elles n'ont pas besoin d'être cohérentes pour être critiquables, hélas.

yG
« Argument éculé qu'on entend régulièrement, mais qui ne résiste pas au moindre examen. »

Péremptoire, disais-je…
: Ndjocka.

En voilà pour le coup un jugement péremptoire, car, justement, j'argumente par la suite en quoi votre position est intenable.


« La rébellion du piercing […] se fait par rapport à l'autorité parentale, pas par reproduction du modèle parental […] »
Parce que vous considérez qu’une jeune fille qui décide de se voiler entièrement reproduit là le modèle familial ?"


Comme je l'ai dit, pas toujours, mais cela arrive, hélas, puisqu'il existe de fait des mères portant le voile, comme leurs filles et inversement.

"Débarrassez-vous de vos préjugés, c’est une erreur : nombre de parents, notamment africains, se désolent de voir leur progéniture prendre ce tour, depuis quelques années."

Et ils font autre chose que de se désoler ? Encore une fois, si le problème du voile se limitait à quelques adolescentes rebelles et stupides, nous n'en parlerions pas, en dehors des magazines pour parents et pour ado.

"Et aventurez-vous à l’occasion sur la ligne 13 du métro parisien : peut-être aurez-vous l’occasion d’entendre quelques-unes de ces jeunes filles s’invectiver dans un langage de charretiers assez peu cohérent avec l’image de bigote que vous en avez."

Le manque de cohérence n'est pas un crime, il est même largement répandu, à commencer chez les bigots qui au nom de leur dieu en appellent à la mort des blasphémateurs. Ce n'est donc pas un argument recevable. J'ajouterai, comble de l'ironie, qu'un religieux n'a pas à être cohérent, s'il l'était, il ne le serait tout simplement pas, puisqu'il s'agit de métaphysique et que sur ces sujets, il n'est pas nécessaire de se positionner aussi sérieusement qu'ils ne le font.

"Le port du voile est aussi un effet de mode, la plupart d’entre elles n’ayant une connaissance de l’islam que très sommaire."

Bonne blague, comme si, il y avait un examen pour certifier que vous pouvez vous dire ou non musulman. Il n'est pas nécessaire de connaître parfaitement un livre sacré (voire de l'avoir lu) pour s'en réclamer, deux-trois bons préceptes appliqués bêtement suffisent pour s'en réclamer. C'est valable pour toutes les religions.

Votre présupposé est aussi vain que celui qui supposerait qu'il soit nécessaire pour un ouvrier d'avoir lu Marx avant de voter communiste...

"Mais avez-vous seulement parlé une fois avec l’une de ces jeunes femmes ? "

Ce n'est pas nécessaire, son avis ne compte aucunement, tout simplement, car, ce n'est pas lui qui rend légitime ou non sa pratique.

La pratique est en elle-même condamnable, qu'importe donc les motivations et autres allégations avancées par ceux qui s'en rendent coupable pour la justifier.

C'est comme pour rouler bourré, que cela soit votre cuite du samedi soir ou votre enterrement de vie de garçon, la naissance de la petite dernière ou vos problèmes de couple qui vous poussent à adopter cette pratique, cela ne la rend pas plus acceptable.

"Le cas échéant, lui avez-vous demandé ce qui la motivait ? À vous lire, je ne le crois pas."


Et je m'en contrefiche, cela n'a aucune espèce de pertinence. Il est fallacieux de croire qu'une raison pourrait justifier cette pratique. Prendre le parti de la justification, c'est déjà estimer qu'il pourrait exister un espace de droit pour celle-ci, alors que non, il n'y a pas de dérogation à une pratique de fait sexiste.

"Moi, oui. (Comme vous m’avez l’air assez rentre-dedans, et faisant assez peu de cas du point de vue d’autrui, je ne vous le conseille pas, tout bien réfléchi. Dommage, vous auriez pu prendre conscience du désert spirituel que masque ce fameux carré de tissu noir.) "

Le désert spirituel ne me dérange pas le moins du monde, c'est le désert intellectuel qui me chagrine.

Encore une fois, vous partez d'un présupposé totalement erroné, il est inutile qu'elles aient la moindre véritable spiritualité pour arborer ce bout de tissu, le simple fait qu'elles le fassent est déjà condamnable par ce qu'il signifie dans sa pratique même, indépendamment de la conscience de celles qui le portent.


"Merci pour le compliment. Ça donne envie de débattre avec vous."


Parce que vous croyez que votre assertion sur la parenté entre voile et piercing me donne envie de le faire ? Faites ce que vous avez à faire, j'en ferai de même de mon côté.

« […] commencez donc par envoyer chier la religion et la culture qu'on vous associe de naissance, de façon familiale, au lieu de bêtement l'embrasser. »

Je vous redis que ces jeunes femmes n’embrassent pas une religion mais un ersatz.


Pour qu'il y ait un ersatz, il faudrait encore qu'il y ait un vrai, un mode original du vivre religieux. Or, cela n'existe tout bonnement pas. Il ne suffit pas de s'en remettre à la lettre d'un ouvrage pour en saisir l'esprit. Qui peut se dire vrai musulman ? vrai chrétien ? Personne. Hélas, ils pullulent ceux qui pensent en être...


"Aucune d’entre elles ne voudrait se voir interdire de conduire, comme à Riyad, par exemple, ou d’ouvrir un compte bancaire sans un approbatur mâle, étapes qui pourraient pourtant se ranger dans la suite logique de leurs choix. Mais vous voir vous étrangler de rage suffit à les combler d’aise. Ce que je finirais par comprendre, parfois…"


Et pourtant, si cela devait arriver, ceux qui le feraient ne leur demanderaient pas leur avis. Oui, elles sont inconséquentes, et alors ? Depuis quand faut-il être cohérent pour être dangereux ? Bien au contraire, c'est leur incohérence qui les rend encore plus dangereuse et nuisible.

yG
« Bonne blague, comme si, il y avait un examen pour certifier que vous pouvez vous dire ou non musulman. Il n'est pas nécessaire de connaître parfaitement un livre sacré (voire de l'avoir lu) pour s'en réclamer »

Exact. C’est pourquoi je me contentais de dire que ces jeunes femmes voilées ne sont pas pour autant musulmanes. Qu’elle prétendre l’être, en revanche, est une évidence. J’ai dit et je redis que l’islam qu’elles vous opposent n’est qu’une posture, un leurre. Et que vous donnez dans le panneau. Leur habit n’est pas le manteau de Noé que vous croyez, qui préserverait des regards du monde une chaste demoiselle : elles ne sont que des punkettes, qui savourent d’abord l’effet qu’elles vous font. Elles ne savent qu’à peine ce qu’implique d’être musulman. Elles ignorent souvent qu’il n’était jamais venu à l’esprit de leur arrière-grand-mère, au fin fond du Sahel, il y a cinquante ans, de se fagoter ainsi. La raison qui leur fait porter cette pièce de drap noir, c’est vous. (J’ajoute, si vous êtes de ceux qui ont milité pour les faire expulser des écoles – et qui y ont réussi –, au nom d’un sacro-saint laïcisme, que vous auriez mieux fait de réclamer pour elles plus encore d’instruction, plus de livres et d’ouverture au monde. Et de les considérer comme étant des vôtres. Faute de quoi, vous êtes marron aujourd’hui.)

« Votre présupposé est aussi vain que celui qui supposerait qu'il soit nécessaire pour un ouvrier d'avoir lu Marx avant de voter communiste... »

Là encore, j’ai un doute : faites-vous bien la nuance entre être communiste et voter communiste ?

il est inutile qu'elles aient la moindre véritable spiritualité pour arborer ce bout de tissu, le simple fait qu'elles le fassent est déjà condamnable

Vous dites donc exactement la même chose que moi. Pourquoi vous être donné ce mal ? Il est en effet inutile qu’elles aient la moindre spiritualité : leurs raisons sont ailleurs, je n’y reviens pas.
"Exact. C’est pourquoi je me contentais de dire que ces jeunes femmes voilées ne sont pas pour autant musulmanes. Qu’elle prétendre l’être, en revanche, est une évidence. J’ai dit et je redis que l’islam qu’elles vous opposent n’est qu’une posture, un leurre. Et que vous donnez dans le panneau.": Ndjocka.

Vous partez d'un présupposé erroné, celui selon lequel on ne devrait réagir en tant que "véritable" musulman que s'il s'agissait de vraie musulmanes. Or, votre raisonnement est doublement fermé, car, de deux choses l'une, soit elles sont de vraies musulmanes et donc nous n'avons rien à attendre des vraies musulmans qui ne feront que cautionner cette attitude, soit ce sont de "fausses" musulmanes et les "vraies" prennent prétextent de cet écart pour ne pas s'y opposer. Dans les deux cas, les "vraies" s'en lavent les mains. Ils ont tort, car, c'est sur eux que l'opprobre va retomber en partie, ils ne peuvent s'en dédouaner qu'en participant activement à la lutte contre ces "fausses" musulmanes.

"La raison qui leur fait porter cette pièce de drap noir, c’est vous."

Hélas, elles causent plus de tort aux "vrais" musulmans qu'à moi, c'est donc ceux qui se disent "véritables" musulmans qui en sont les premières victimes et devraient réagir contre elles.

"(J’ajoute, si vous êtes de ceux qui ont milité pour les faire expulser des écoles – et qui y ont réussi –, au nom d’un sacro-saint laïcisme, que vous auriez mieux fait de réclamer pour elles plus encore d’instruction, plus de livres et d’ouverture au monde. Et de les considérer comme étant des vôtres. Faute de quoi, vous êtes marron aujourd’hui.)"

Oui, je suis de ceux qui s'opposaient et s'opposent encore à ce qu'elles puissent rentrer ainsi dans l'école, de la même manière que je m'oppose à ce qu'une punkette veuille faire du sport avec ses dock martins (pas pratique à la piscine) ou ses épingles à nourrice (dangereux dans un cours de judo). Pas plus qu'on n'autoriserait une punkette à monter sur les tables ou à fumer en classe ou à laisser la musique de son baladeur perturber les cours. Nous n'avons pas à tolérer celles qui veulent en faire de même par d'autres moyens. Oui, il faut plus de moyens pour ces rebelles, pour les canaliser, les éduquer, mais... pas à leurs conditions.

"Là encore, j’ai un doute : faites-vous bien la nuance entre être communiste et voter communiste ?"

C'est aussi inutile que votre distinction entre "bons" et "mauvais" musulmans, on s'en fout, car, au final, les communistes ici dans mon exemple n'existent politiquement que par le résultat du vote, comme les musulmans n'existent que par la somme des attitudes de ceux qui s'en revendiquent, qu'ils soient des vraies ou des faux, who knows ?

"Vous dites donc exactement la même chose que moi. Pourquoi vous être donné ce mal ? Il est en effet inutile qu’elles aient la moindre spiritualité : leurs raisons sont ailleurs, je n’y reviens pas."

Non, c'est un leurre, je ne dis pas la même chose que vous, vous, vous prétextez de la fausse religiosité de certains pour les tolérer (à l'école notamment) ou les ignorer dans la rue, alors que je souligne qu'il est d'abord de la responsabilité de ceux qui se disent les "vraies" de lutter contre les "faux", au lieu de laisser libre court à leur débordement.

yG
Je n'ai pas lu le livre. Lundi, je fonce à la librairie ouverte et m'achète si possible le roman de 2008 et celui-ci.
Contrairement à certains sinautes, je peux écrire en gros : PAS ! SION ! NANT ! MERCI JUDITH ! MERCI MATHIAS ENARD ! (je pourrais l'écrire en rouge mais on me confondrait avec un autre internaute)...
J'ai eu un peu peur, dans la première partie de l'émission, d'être aussi désenchantée que le récit (car j'ai suivi ces "révolutions" avec un réel enchantement et un solide espoir)... La seconde partie m'a "rattrapée" : J'aime comme Enard parle de la langue arabe (j'ai étudié l'arabe deux ans et hélas ne serai pas capable de comprendre le poème imprimé sur le livre...). L'arabe c'est une belle écriture et de belles sonorités (merci à notre prof. syrienne nous a communiqué l'amour de cette langue).
J'aime comme Enard parle du monde arabe, parce que c'est celui que j'ai rencontré pour la première fois en 74 au Liban et en Syrie, lors d'un court séjour...
Et j'aime comme Judith "brosse" ces phénomènes fantômatiques provoqués par la globalisation et que génère notre regard souvent imbécile et islamophobe sur le monde arabe.
J'ai retrouvé chez Enard l'enthousiasme avec lequel une amie d'origine égyptienne, (interprète arabe-français rencontrée dans mon parcours professionnel) me parlait de ce "Coran", l'ambiance "festive et familiale" lorsque j'allais chez les parents d'un ami d'origine algérienne, pendant le ramadan.
Et j'ai oublié toutes les sal...ries qu'on entend depuis quelques temps, justement sur ce monde arabe si mal connu par nos cultures...
Je suis très fan de Judith, mais là comment dire... c'était vraiment pas bien. Redondant, pas inspiré, pas incisif, pas bien quoi. Pas compris grand chose au propos d'Enard, si ce n'est son pessimisme convenu sur le devenir des révolutions arabes; forcément, s'il a vécu en Egypte et en Syrie sous les accueillants régimes des dictateurs déchus ou en voie de l'être, ça doit lui faire tout drôle, toute cette agitation, toutes ces barbes... Assez significatif sans doute, que pour les évoquer, ces révolutions, il se choisisse un héros issu d'un pays qui n'en a pas connu. C'est peut-être un mauvais procès, mais je sens chez lui un peu du mépris que Judith attribue à son personnage principal, et rien dans l'entretien n'est venu dissiper cette sensation. Judith aurait dû l'interroger sur la Syrie ou le Liban, ça aurait sans doute été plus intéressant, on aurait davantage compris à qui on avait à faire.Quant à dire qu'il fait un merveilleux "passeur", notamment parce qu'il décrit le jeûne ou sa rupture, j'en suis resté comme deux ronds de flanc... Judith surjoue sans doute un peu la candeur, mais elle avait de découvrir la lune, c'était... strange.
Content de voir que Judith Bernard est toujours là ! Je me réjouis de voir l'émission
On ne le saura sans doute jamais, les retours d'impression sur le forum par les invité(e)s eux-mêmes sont si rares, mais je me dis que ça doit être sacrément jouissif pour un écrivain de rencontrer un superlector de cette pointure !

Vraiment, Judith, vous êtes sacrément en forme et le plaisir que vous avez pris à lire, relire et re-relire "Rue des voleurs" pour préparer ce D@ns le texte n'y est sûrement pas pour rien.
En plus c'est communicatif. Alors merci encore et bonne rentrée !

:-)
Toujours ravi de vous retrouver, Judith.

C'est possible d'avoir des explications à propos de Conrad et Kurtz svp ?
D'une part, Enard note que les régimes religieux, en l'occurence islamiques, favorisent l'expression des plus radicaux, des plus extrémistes, les islamistes, rien à redire, nous pouvons tous, hélas, le constater.

D'autre part, Enard rappelle qu'il y a autant de façon d'être musulman qu'il y a de musulmans. Une assertion toute aussi évidente qu'il est facile de réitérer à propos de n'importe quelle adhésion idéologique.

Mais que faire de ce double constat ? Deux informations qui vont dans des sens différents.

L'un d’accusation, la dérive est inéluctable. Si vous affirmez politiquement le sacré, dans la pratique, les adeptes du sacré n'en auront jamais assez, ils pousseront toujours au maximum le curseur. Pour eux, on n'est jamais assez respectueux. Le sacré et son affirmation étant un pouvoir, il s'exercera sur tous ceux qui ne peuvent suivre le rythme.

L'autre de disculpation, puisqu'il y a autant de manière d'être pieux, un peu, beaucoup, passionnément et à la folie, il est impossible de condamner le sacré en tant que tel.

A priori, nous sommes face à une aporie, impossible de concilier ce double constat. Et pourtant, la solution est simple, il y a une distinction à faire entre le fait de croire et le fait de devoir respecter la croyance d'autrui, entre être croyant et en appeler au sacré.

Nous sommes tous libres de croire dans n'importe quelle "connerie" métaphysique, il est inutile de combattre ce fait, bien au contraire, mais il n'implique en lui-même aucunement qu'on doive collectivement respecter les croyances de quiconque.

On peut donc combattre tous ceux qui en appellent au sacré, au respect de leur petite conviction métaphysique, sans pour autant condamner le moindre croyant. Hélas, toutes les institutions religieuses ont depuis longtemps verrouillées nos institutions politiques, tentant de faire passer le droit de croire et l'obligation de respect comme inséparables. Ce qu'ils ne sont pas, loin s'en faut.

yG
A vrai dire, au début, je ne donnais par cher à Mathias Enard pour, dans le temps de cet entretien, en face à face, obtenir les faveurs de JB.
Oui, Evidemment, Bien sûr, il avait atteint un niveau "de dignité" suffisant pour être convié au "tête à tête" mensuel par la "maîtresse" des textes asiniens! Mais cela n'augure pas forcément d'un moment agréable...
Loin s'en faut ... mais Mathias, isolé, ne répondit pas aux provocations dans les premiers temps de l'échange quand JB affirmait au nom du "monde occidental" des "français", des "blancs européens islamophobes"....
Mathias évoquait notre temps, les polars, ses "économies et ses civilisations très perméables", JB en appelait "au siècle des Lumières" à Montesquieu et à Voltaire, ses hommes et ses civilisations très étrangères les unes aux autres".
Mathias avançait sans faillir, relevant des indignés qui ne s'insurgeaient pas ici, son pessimisme des "révolutions" et des mouvements caritatifs avides de pouvoirs là bas.
JB avança bien encore toutes sortes d'autres fantômes et de frontières anciens mais ... Mathias Enard avec son regard affectueux ( et toutes sortes d'autres choses que je suis bien incapable d'apprécier) éclairé par ses connaissances sur le monde arabe, l'islam et le ramadan, emporta ses dernières défenses.

Pour JB, l'affaire était dans la poche, nous serions sûrement nombreux à lire "Rue des voleurs" de Mathias Enard.
C'était une bonne petite émission, merci Judith et toujours ravi de vous revoir. Vos chroniques me manquent en attendant, et c'est pourquoi comme vous, je prie le [s]Capi[/s].. le Seigneur de pouvoir vous relire sous peu.
Merci pour ces échanges dans tous les cas.

Edit pour fôtte
Judith,

Vos "ouais' ponctuent l'échange. Faut-il s'en indigner?
Je ne sais pas si le monsieur est intéressant ni si son livre vaut le coup, mais je suis bien content de revoir une émission de Judith Bernard et ses fiches magiques !
Je me la garde pour demain, ça me fera passer une bonne soirée ! (là, je dois faire dodo, je suis en mode "bâillement compulsif" depuis 30 minutes).

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