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Journées de la femme, du lapin et du chimpanzé

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La France passe en 2010 de la 18 ieme place a la 46 ieme place au niveau global

Et

Est classee ... 127 ieme ( sur 134 !! ) en ce qui concerne l'egalite des salaires

>< Ici le rapport en pdf ( en anglais ) /// page 138 pour la France ><
Une autre contribution, cette fois-ci pour répondre à cette idée que le féminisme serait "victimaire" (ou comment on détourne le sens des mots)

Texte écrit en 2004 par Saratoga sous le titre 'pourquoi on a défiguré le mot "victime"' (Blog d'Alonso)

"« Victime : personne qui subit la haine, les tourments, les injustices de quelqu’un. Par extension, Victime de (souvent attribut ou en apposition sans article) : personne qui souffre, pâtit (des agissements d’autrui, ou de choses, d’événements néfastes). » Petit Robert
Une victime est quelqu’un qui subit un préjudice et qui en souffre. On peut être victime d’une agression, d’un cambriolage, d’un vol. On peut aussi être victime d’un accident, d’un tremblement de terre ou d’une inondation. Les ressources physiques ou psychiques de la personne qui subit le préjudice n’interviennent en rien dans la définition de celui-ci. Le fait que je sois victime d’une noyade ne permet pas de conclure que je ne sais pas nager. Peut-être que je ne savais pas nager et que je me suis noyée dans deux mètres d’eau. Peut-être que j’étais médaillée d’or aux championnats du monde de natation mais que je suis tombée dans un redoutable torrent en crue. De la même manière, le fait que j’aie été victime d’un cambriolage ne sous-entend pas que je ne sais pas fermer ma porte à clé. Peut-être que j’avais vraiment oublié de fermer la porte. Peut-être a-t-elle été défoncée à coups de pied de biche. Le mot « victime » n’apporte qu’une seule information à mon sujet : quelque chose est arrivé qui s’est avéré néfaste pour moi et j’en souffre. Nulle part il n’est fait allusion à mes compétences.
En conséquence, par quel tour de passe-passe aberrant les termes « victime d’agression », « victime de violences » ou « victime de viol » pourraient-ils sous-entendre que la personne qui a subi le préjudice est plus faible psychiquement que quelqu’un d’autre n’ayant pas souffert des mêmes crimes ou délits ? Avec l’apparition du fameux « victimisme », la nouvelle mode veut que l’on associe le terme « victime de violences » au terme « faiblesse ». Du « On s’intéresse moins à celle qui réalise des exploits qu’à la victime de la domination masculine », écrit par Elisabeth Badinter dans son livre Fausse Route, au « Ma mère n’était pas une victime, elle était professeur de philosophie et aimait sortir et bien s’habiller » déclaré récemment par Franz-Olivier Giesbert sur un plateau de télévision à propos de sa mère battue par son père, tout nous porte à croire que les femmes peuvent être divisées en deux catégories : les femmes fortes, vivantes, courageuses, indépendantes, d’une part, et les femmes victimes de violences, d’autre part, les secondes étant nécessairement faibles, impuissantes, tétanisées de terreur sous leur couette, incapable de vivre. Pourtant, opposer les femmes fortes aux femmes victimes a aussi peu de sens que d’opposer les femmes grandes aux femmes aux yeux bleus. On peut être forte et victime, faible et victime, forte et pas victime, faible et pas victime. Les deux notions sont indépendantes.
D’ailleurs, comme c’est étrange... à peine a-t-on associé le terme « victime de violences » à « faiblesse » que l’on se dépêche de le désolidariser du seul terme qui devrait véritablement lui être adjoint, à savoir la « souffrance ». « Est-il possible d’ajouter les actes physiques aux sentiments psychologiques comme s’il s’agissait d’éléments de même nature ? Est-il légitime de réunir sous le même vocable le viol et une remarque désagréable ou blessante ? On dira que, dans les deux cas, une douleur est éprouvée. Mais ne serait-il pas plus rigoureux de distinguer entre la douleur objective et la douleur subjective, entre la violence, l’abus de pouvoir et l’incivilité ? » se demande Elisabeth Badinter, représentante de ce courant de pensée. Désormais, on est tout près de soupçonner les douleurs psychiques d’être une construction de l’esprit des personnes qui les subissent. Autrement dit, non seulement la « victime » est un être arbitrairement défini comme faible, mais en plus, ce n’est même pas sûr qu’elle souffre vraiment !
Une fois le mot « victime » vidé de sa substance et redéfini de cette manière, l’épouvantail du « victimisme » peut être brandi en toute impunité. Les « victimes de violences » ne sont plus des femmes courageuses, lucides et autonomes se battant contre la douleur, que l‘on pourrait admirer comme on admire les personnes malades se battant contre la maladie ou les personnes victimes d’un handicap (notez que dans ce cas, le mot victime n’a pas changé de sens) se battant contre le handicap. Ce sont des femmes faibles, aveugles et dépendantes qui font tout un raffut parce qu’elles s’imaginent souffrir quand, en fait, elles ne ressentent rien du tout.
Or qui sont-elles, ces femmes soudain transformées de combattantes en hystériques par un tour de passe-passe linguistique ? Elles sont les femmes qui dénoncent les violences sexuelles. Elles sont les femmes qui dénoncent les incestes. Elles sont les femmes qui dénoncent les coups et blessures. Elles sont les femmes qui dénoncent tous les jours les crimes commis par les hommes sur les femmes, par les parents sur les enfants - donc par les dominants sur les dominés. Elles sont la voix des dominé-e-s qui ont décidé que le silence devait cesser.
Mais, contrairement aux crimes que la société a pris l’habitude de reconnaître et d’intégrer, ces crimes particuliers que sont les crimes commis sur les femmes par les hommes et sur les enfants par les parents sont des crimes invisibles qui ne dérangent personne. Ce sont les révélations de ces crimes, et non les crimes eux-mêmes, qui troublent l’ordre public. Ce ne sont pas les violeurs qui violent qui font désordre. Ce sont les victimes qui parlent des viols qu’elles ont subis.
C’est pour cela qu’il faut faire taire les victimes de ces crimes. C’est pour cela qu’il faut nier ce qu’elles sont, donner un nouveau sens aux mots qu’elles emploient. On ne peut pas contrer leurs arguments en disant qu’elles ont tort - parce qu’elles ont raison. Mais on peut décrédibiliser leur parole en prétendant qu’elles ne savent pas ce qu’elles disent. La réalité nous déplaît ? Traitons-la d’hallucination."
Chère Judith, chers commentateurs,

Je me permets de vous faire lire quelques extraits tirés de "La domination masculine" de P. Bourdieu (à lire si ce n'est déjà fait), vous y trouverez ce que je veux répondre à chaque fois que l'on me parle de "servitude volontaire" ou de "choix" de carrière des femmes. Bonne lecture ! Au plaisir de vous lire !

[large]"La domination masculine est tellement ancrée dans nos inconscients que nous ne l'apercevons plus, tellement accordée à nos attentes que nous avons du mal à la remettre en question. Plus que jamais, il est indispensable de dissoudre les évidences et d'explorer les structures symboliques de l'inconscient androcentrique qui survit chez les hommes et chez les femmes. [...] J'ai toujours vu dans la domination masculine, et dans la manière dont elle est imposée et subie, l'exemple par excellence de cette soumission paradoxale, effet de ce que j'appelle la violence symbolique, violence douce, insensible, invisible pour ses victimes mêmes, qui s'exerce pour l'essentiel par les voies purement symboliques de la communication et de la connaissance -ou, plus précisément, de la méconnaissance, de la reconnaissance ou, à la limite, du sentiment.[…] On voit bien qu’en ces matières il s’agit avant tout de [...] démontrer les processus qui sont responsables de la transformation de l’histoire en nature, de l’arbitraire culturel en naturel. […] Les apparences biologiques et les effets bien réels qu’a produits, dans le corps et dans les cerveaux, le long travail collectif de socialisation du biologique et de biologisation du social se conjuguent pour renverser la relation entre les causes et les effets et faire apparaître une construction sociale naturalisée (les « genres » en tant qu’habitus sexués) comme le fondement en nature de la division arbitraire qui est au principe et de la réalité. […]Le principe de perpétuation de ce rapport de domination ne réside pas véritablement – ou en tout cas principalement – dans un des lieux les plus visibles de son exercice, c’est-à-dire au sein de l’unité domestique […] mais dans des instances telles que l’Etat et l’Ecole, lieux d’élaboration et d’imposition de ces principes de domination qui s’exercent au sein même de l’univers le plus privé […] Les hommes (et les femmes elles-mêmes) ne peuvent qu’ignorer que c’est la logique du rapport de domination qui parvient à imposer et à inculquer aux femmes, au même titre que les vertus que la morale leur enjoint, toutes les propriétés négatives que la vision dominante impute à leur nature, comme la ruse ou, pour prendre un trait plus favorable, l’intuition. [...]La vision androcentrique est ainsi continûment légitimée par les pratiques mêmes qu’elle détermine : du fait que leurs dispositions sont le produit de l’incorporation du préjugé défavorable contre le féminin qui est institué dans l’ordre des choses, les femmes ne peuvent que confirmer constamment ce préjugé. Cette logique est celle de la malédiction […]. Elle est à l’œuvre quotidiennement, dans nombre d’échanges entre les sexes : les mêmes dispositions qui inclinent les hommes à abandonner aux femmes les tâches intérieures et les démarches ingrates et mesquines (telles que, dans nos univers, demander les prix, vérifier les factures, solliciter un rabais), bref, à se débarrasser de toutes les conduites peu compatibles avec l’idée qu’ils se font de leur dignité, les portent aussi à leur reprocher leur « étroitesse d’esprit » ou leur « mesquinerie terre à terre » , voire à les blâmer si elles échouent dans les entreprises dont ils leur ont laissé la charge, sans pour autant consentir à porter à leur crédit la réussite éventuelle. […] Les dominés appliquent des catégories construites du point de vue des dominants aux relations de domination, les faisant ainsi apparaître comme naturelles. Ce qui peut conduire à une sorte d’auto-dépréciation. […] La violence symbolique s’institue par l’intermédiaire de l’adhésion que le dominé ne peut pas ne pas accorder au dominant (donc à la domination) lorsqu’il ne dispose, pour le penser et pour se penser ou, mieux, pour penser sa relation avec lui, que d’instruments de connaissance qu’il a en commun avec lui et qui, n’étant que la forme incorporée de la relation de domination. [...] Rappeler les traces que la domination imprime durablement dans les corps et les effets qu’elle exerce à travers elles, ce n’est pas apporter des armes à cette manière, particulièrement vicieuse, de ratifier la domination qui consiste à assigner aux femmes la responsabilité de leur propre oppression, en suggérant, comme on le fait parfois, qu’elles choisissent d’adopter des pratiques soumises (« les femmes sont leurs pires ennemies ») ou même qu’elles aiment leur propre domination, qu’elles « jouissent » des traitements qui leur sont infligés, par une sorte de masochisme constitutif de leur nature. Il faut admettre à la fois que les dispositions « soumises » dont on s’autorise parfois pour « blâmer les victime » sont le produit des structures objectives, et que ces structures ne doivent leur efficacité qu’aux dispositions qu’elles déclenchent et qui contribuent à leur reproduction. Le pouvoir symbolique ne peut s’exercer sans la contribution de ceux qui le subissent et qui ne le subissent que parce qu’ils le construisent comme tel. Mais, évitant de s’arrêter à ce constat […], il faut prendre acte et rendre compte de la construction sociale des structures cognitives qui organisent les actes de construction du monde et de ses pouvoirs. […]
[On est porté] à attendre l’affranchissement des femmes de l’effet automatique de la « prise de conscience », en ignorant, faute d’une théorie dispositionnelle des pratiques, l’opacité et l’inertie qui résulte de l’inscription des structures sociales dans le corps. […] [La philosophie de la « conscience »], faute de prendre acte des effets durables que l’ordre masculin exerce sur les corps, […] ne peut comprendre adéquatement la soumission enchantée qui constitue l’effet propre de la violence symbolique. […]
On ne peut attendre une rupture de la relation de complicité que les victimes de la domination symbolique accordent aux dominants que d’une transformation radicale des conditions sociales de production des dispositions qui portent les dominés à prendre sur les dominants et sur eux-mêmes le point de vue des dominants. […]
C’est à travers le dressage des corps que s’imposent les dispositions les plus fondamentales, celles qui rendent à la fois enclins et aptes à entrer dans les jeux sociaux les plus favorables au déploiement de la virilité : la politique, les affaires, la science, etc. La prime éducation encourage très inégalement les garçons et les filles à s’engager dans ces jeux […]. Il faudrait citer toutes les observations qui attestent que, dès la prime enfance, les enfants sont l’objet d’attentes collectives très différentes selon leur sexe et que, en situation scolaire, les garçons font l’objet d’un traitement privilégie (on sait que les professeurs leur consacrent plus de temps, qu’ils sont plus souvent interrogés, moins souvent interrompus, participent plus aux discussions générales). […]
A travers les espérances subjectives qu’elles imposent, les « attentent collectives », positives ou négatives, tendent à s’inscrire dans les corps sous forme de dispositions permanentes. Ainsi, selon la loi universelle de l’ajustement des espérances aux chances, des aspirations aux possibilités, l’expérience prolongée et invisiblement mutilée d’un monde part en part sexué tend à faire dépérir, en la décourageant, l’inclination même à accomplir les actes qui ne sont pas attendus des femmes – sans même leur être refusés. […] [Il existe une] sorte d’effet Pygmalion inversé ou négatif qui s’exerce si précocement et si continûment sur les femmes qu’il finit par passer à peu près complètement inaperçu." […]
[/large]
C'est le titre du dernier paragraphe de"Le conflit. La femme et la mère " d'E. Badinter que je viens de terminer.

Comme je suis bon gars, j'en propose les dernières phrases, à toutes celles et ceux qui préfèrent continuer à critiquer E.B pour ses actions Publicis sans lui donner crédit pour son travail d'utilité publique d'intellectuelle engagée auprès des femmes :

"... D'un côté une expérience irremplaçable, l'amour donné et rendu, l'importance de la transmission et de la continuité de la vie ; de l'autre, les frustrations et le stress quotidien, le sacrifice de soi, les conflits inévitables et parfois le sentiment de l'échec avec la culpabilité qui en découle. les vieux parents abandonnés par leurs enfants ne sont pas un épiphénomène. Contrairement à ce que l'on veut nous faire croire, l'amour ne va jamais de soi, même celui de la mère à l'égard des enfants, lesquels devenus adultes, n'ont rien à rendre à leurs parents déficients. En effet, on ne peut donner que ce que l'on a reçu...
L'individualisme hédoniste veut les plaisirs sans les peines, ou à tout le moins privilégier les premiers sur les secondes. Si près d'un tiers des Allemandes (de l'Ouest) restent sans enfant, c'est que le compte n'y est pas. Si elles sont 38,5% parmi les plus diplômées, cela signifie qu'elles trouvent à se réaliser ailleurs que dans la maternité, telle qu'on la leur impose. Que les tenants de la maternité idéale (à leurs yeux) en tirent les conséquences avant qu'il ne soit trop tard.
Pour l'heure, les Françaises échappent au dilemme du tout ou rien. Elles avaient déjà bien résisté aux oukases de certains pédiatres ; tiendront-elles face à ceux des naturalistes, solidement soutenus par les plus respectables institutions mondiales, à ceux des médecins et des infirmières qui les prennent en charge dans les maternités ? Sauront-elles imposer leurs désirs et leur volonté contre le discours rampant de la culpabilité ? Bien que les périodes de crise et d'incertitude ne soient guère propices à la résistance et à la rébellion, il semble que les jeunes femmes continuent largement à n'en faire qu'à leur tête.
Jusqu'à quand ?"


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Avec ce livre, E. Badinter pousse un cri d'alarme, à tort ou à raison. Ce à quoi certain(e)s ont cru bon lui répondre par d'autres cris (d'orfraie ceux-là) sans avoir pris la peine, ou le temps, de lire le livre, souvent. Cherchez l'erreur !
merci Judith ! c'est toujours un plaisir de te lire !
Pendant que l’on discute de l’élaboration de la fonction du père vis-à-vis de son enfant, on met dans ce pays un homme en prison parce qu’il refuse d’être expulsé vers un pays qu’il a fuit depuis huit ans et qu’il veut s’occuper de sa femme malade et de leurs quatre enfants.
Extrait de l’appel du RSF :
Guilherme Hauka-Azanga est en prison depuis qu’il a refusé son expulsion vers l’Angola le 31 janvier. Car oui, en France, on peut être condamné quand on refuse d’abandonner sa famille : sa femme en situation régulière et ses quatre enfants nés en France, (deux de sa femme et deux du couple). Cela paraît invraisemblable car qui accepterait d’être séparé de ses enfants ? D’ailleurs la Convention internationale des droits de l’enfant précise qu’un enfant a droit à la présence de ses parents auprès de lui. Or, ce père attentif peut être expulsé le jour de sa sortie de prison, prévue le mardi 16 mars.
Article Lyon-Capitale http://www.lyoncapitale.fr/lyoncapitale/journal/Autre-contenu/Breves/Guilherme-Hauka-Azanga-soutenu-par-RESF
Pétition http://www.educationsansfrontieres.org/?page=article&id_article=25824
Ne pas oublier d'aller voter.
Pas si loin de Ferrat, et de notre chroniqueuse : je reviens de la lecture-spectacle d'un texte sobrement intitulé Tarnac, écrit par le poète (et prof à l'ENS) Jean-Marie Gleize, et dédié à Julien Coupat. Profond, serein, apaisé. Un paysage intérieur, entre dévastation et foi en l'avenir, loin de toute fresque héroïque.

Alors merci à JB d'avoir éveillé mon intérêt pour ces ombres insurrectionnelles, et merci à Ferrat d'avoir chanté sa révolte .
petit clin d'œil à la chronique : La femme est l'avenir de l'homme......
FERRAT qui chante ARAGON c'est juste un moment de bonheur.......
C'est vrai, il aurait pu vivre encore un peu...
C'est vraiment dur...

Et pour parler des femmes, qui d'autre ?

Cela me fait penser à cette chanson de Raoul de Godeswarsvelde, pour laquelle je n'ai pas trouvé de vidéo.


Adieu pour un artiste

Paroles de Bernard Dimey

Musique de M. Blanchot


On est parti te porter tous en terre

Y’avait Michel et Robert et puis moi

Après bien sûr, on est v’nu boire un verre

Et comme de juste on a tous parlé de toi

On a dit tout c’qu’on savait sur ton compte

On a payé tes ardoises en retard

Passé minuit avec chacun son compte

On s’est r’trouvé tout con sur le boulevard


Si vous saviez comme ils sont les artistes

Si vous l’saviez, nous n’en serions pas là

Si vous saviez comme ils sont les artistes

On n’aurait pas enterré celui-là


Toi qu’es parti comme un grand malhonnête

T’as laissé Pierre et Robert et puis moi

On n’a plus rien que l’bourdon dans la tête

Ca fait beaucoup d’orphelins à la fois

Y’a pas idée de filer à l’anglaise

Comme tu l’as fait sans rien dire aux copains

Y fait pas chaud, tu sais, dans la terre glaise

Tu s’ras tout seul et pis tu auras l’air fin


Moi, pour une fois, j’ai fermé ma grande gueule

Tout comme Robert et Michel et puis moi

La joie de vivre, elle est r’partie tout’ seule

Et d’un seul coup avec nos gueules de bois

On a chanté nos chansons tous ensemble

On a fini par boire à ta santé

A la santé de ceux qui te ressemblent

En espérant qu’il nous en est resté.
La femme est l'avenir de l'homme, chantait-il. On vient d'apprendre la mort de Jean Ferrat.
A propos de cet article, j'ai plusieurs interrogations :
tout d'abord, pourquoi selon les médias on parle du 8 mars en tant que "journée de la femme" ou "journée des femmes" ou encore "journée internationale des femmes" et enfin journée internationale des droits des femmes" avec il me semble une nette prédilection pour "journée de LA femme"
Il apparait que la dénomination qui est donné à cette journée va considérablement influer sur les personnes invitées à parler au cours de cette journée : La femme, çà a plutôt une connotation éternel féminin, mode parfum et soins de beauté ; Les droits des femmes va plutôt inciter à se pencher sur un/des bilans pas bien folichons de l'avancée des droits des femmes dans le monde.
Et il me semble qu'arrêt sur images pourrait faire cette analyse du choix de ces différents libellés dans les médias

En ce qui concerne les partages des tâches au sein des couples, effectivement cela moi aussi me semble ressortir de la sphère privée et des rapports de domination que l'on accepte plus ou moins sciemment. Toutefois, l'exemple du congé maternité est assez significatif de l'influence de la collectivité sur la sphère privée.
Je m'explique : être en congé maternité n'est pas être femme au foyer, si en congé maternité la plupart des femmes assument non seulement le bébé mais les courses la cuisine...c'est bien parce qu'elles font un amalgame entre être à la maison pour une raison liée au droit du travail et être femme au foyer pour une raison privée.Confondre çà, c'est bien de la servitude volontaire et le partage des tâches abdiqué pendant cette période sera foutrement difficile à regagner. Un homme qui se retrouve à la maison pour une raison liée au droit du travail (perte d'emploi,...) ne se sentira pas dans l'obligation d'assumer seul les tâches du foyer. C'est bien là que l'on peut voir que le social interfère avec la sphère privée
l'égalité des droits dans la sphère sociale comme dans la sphère privée n'est jamais acquise, c'est une vigilance en continu, autant de la part des hommes que des femmes. tant dans la sphère privée que dans la sphère sociale.
Ben oui, hein, la journée de la femme, fallait bien qu'y'en ait une qui s'y colle à ASI, et bien entendu, une femme... C'est bien connu que c'est les arabes qui parlent de mieux de la discrimination, forcément, ils sont concernés, et que c'est les femmes qui parlent le mieux de leur position dans la société... Les autres, les blancs, et les hommes, apparemment, seraient moins impliqués ... et regarderaient le combat depuis les tribunes, amusés...

Alors, oui, je suis d'accord, UNE journée de « LA » femme tous les ans, c'est peu, surtout pour la moitié de l'humanité...

Mais parler de « servitude volontaire » dans le cas des femmes qui « subissent dans leur sphère privée la domination des hommes », là, ça me fait quand même marrer... Certes, une journaliste, une psychanalyste, une publicitaire riche, ont les moyens culturels, et même disons le, financiers, de « refiler les gants mapa » à leur jules, et peuvent accéder à l'émancipation... Ne serait-ce qu'en payant une femme, encore, de ménage. Je ne sais pas pour Judith, mais pour Madame Publicis, ça ne fait aucun doute.

Et les ouvrières d'usine ? Les femmes de paysans ? Croyez-vous qu'elles peuvent sans problèmes « faire usage de leur liberté » ? Croyez-vous que ce soit aussi simple de dire « y'a qu'à » pour ces femmes là, qui sont la grande majorité des femmes de ce pays ?

« Bon, chéri, t'as pas récuré les cabinets, je me casse en vacances, tu t'occupes des gosses... » Ben voyons...

Madâme Badinter se garde bien de remettre en cause le système qui opprime les femmes (et les hommes aussi, d'ailleurs), tiens donc, elle en profite. Elle préfère assener que si les femmes sont opprimées, « c'est qu'elles le veulent bien ». En clair, les raisons de l'oppression ne sont pas sociétales, mais individuelles... Un peu comme les patrons qui négocient « de gré à gré » avec les salariés, individuellement. Ce qui permet de jeter aux orties le droit du travail.

Bref, comme pour Ilham Moussaid et son foulard, voilà donc sainte Judith partie en campagne, distribuer sa parole, sa vérité, aux guenons que nous sommes. Bobo, prétentiarde (on emploie des termes très chics, « doxa », alors qu'on pourrait dire, je ne sais pas, « préjugés », ce mot là, les cruches le comprennent) et péremptoire... Ce qui serait bien, c'est que les donneurs de leçons foutent la paix aux femmes qui font d'autres choix que les leurs, comme Viobi, par exemple. Ou au moins, condescendent à les écouter.

Quand mon fils est né, ce fut une joie de m'en occuper pendant plusieurs mois...J'ai fait ce choix, toute seule comme une grande. Je n'aurais laissé ce rôle là à personne... Et la recherche du pouvoir ne m'intéresse pas, comme si la relation avec l'autre était domination, combat, conflit, au lieu d'être tout simplement un échange... Je plains sincèrement toutes celles qui voient "l'amour" de cette manière, ça doit effectivement être épuisant. Le « carriérisme » qui va avec ne m'intéresse pas non plus... Je souhaite juste être heureuse, avec mes propres choix. Comme tout le monde, j'imagine.

Mais c'est vrai, j'oubliais, je suis une guenon, moi aussi...

PS : visiblement, vous n'avez pas digéré que Badiou vous pose un lapin...
Hier après-midi je découvre la chronique et une série de commentaires copieux pour la plupart... Alors commence une lente rumination d'un possible commentaire, contributif, de préférence... En vain.
Aujourd'hui à midi le numéro d'avril de Sciences Humaines dans ma boîte aux lettres ! Avec, vous n'allez pas le croire, le dossier principal consacré au... post-féminisme ! Illico, je me jette dessus comme un mord de faim !

Voici le sommaire du dossier :
- le choix des armes p33
- qu'est-ce que le postféminisme ? p38
- "les femmes ne sont pas les clones des hommes" p40 (entretien avec Susan Pinker*)
- tout gérer, tout concilier p43 (les mères célibataires)
- figures libres (de la "pintade" à la "mère-poule écolo radicale en passant par "la féministe en niqab")

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(*) cette psychologue canadienne est l'auteure d'un ouvrage dont le titre français ("Le sexe fort n'est pas celui qu'on croit") trahit le titre original ("The sexual paradox"). Elle porte un regard nouveau et contemporain sur la différence hommes-femmes. Voici un extrait de la fin de son entretien accordé à SH :

SH : Le problème, dites-vous, c'est que la société est encore régie par des normes masculines...

SP : "Dans "Le prix du bonheur" (A. Colin 2007), l'économiste anglais Richard Layard explique pourquoi les salaires et les débouchés des femmes, dans les pays riches, se sont améliorés au détriment de leur bonheur déclaré. Pour moi, la raison en est qu'elles ont atteint des postes répondant à des critères et des ambitions masculines.
Depuis trente ans, les femmes ont combattu pour l'égalité des sexes. Aujourd'hui, elles se rendent compte qu'elles ne sont pas des clones des hommes. Le modèle masculin de réussite ne convient pas forcément à toutes. Elles poursuivent des objectifs variés et différents. L'une des belles victoires de la seconde vague du féminisme a été de leur donner la possibilité de choisir en fonction de leurs intérêts. Elles peuvent si elles le veulent devenir des scientifiques, des professeurs d'universités, des ingénieures, sans être epêchées par des formations inadéquates ou des idées sexistes démodées. Il faut certes continuer à se battre pour l'égalité des chances. Chaque garçon ou fille doit pouvoir avoir l'opportunité de choisir sa vie. Mais il ne faut pas confondre cette égalité d'opportunités avec celle d'une égalité mathématique.
Et la possibilité de choisir librement notre chemin et de changer les choses est un bénéfice des démocraties occidentales postféministes d'aujourd'hui."


Personnellement, je la trouve très optimiste là, la dame. Mais c'est peut-être sa vision et son vécu anglo-saxon qui veut ça ?
Merci pour cette chronique riche et engagée.

Elle m'a terriblement rappelée une récente discussion avec ma mère, sur la mise en pratique de nos principes féministes. Nous n'étions pas vraiment d'accord et je pense que notre appartenance à des générations différentes y est pour quelque chose.
En gros elle disait: c'est scandaleux que "la société" (je résume à la serpe) soit aussi indulgente, aussi peu critique, avec les hommes/les machos qui quittent leur femme et les laissent se débrouiller avec les enfants ou n'en foutent pas une rame à la maison.
En gros, je répondais: les hommes n'ont aucune raison de lâcher les privilèges que notre fonctionnement social et privé leur consent, ceux qui sont de bonne volonté le feront spontanément, les autres, il faudra leur arracher l'égalité, non en se faisant plaindre ou défendre par la "société" mais en l'imposant individuellement, pied à pied.

Dans la servitude volontaire, je vois deux choses: la difficulté des femmes à lâcher le pouvoir (certes aliénant, mais pouvoir quand même) que leur donne la main-mise sur la sphère privée -cette difficulté est très certainement le fruit d'un héritage social et culturel qui nous dit que c'est le "devoir" d'une femme d'assumer cela. Et l'inertie de certains hommes face à cette main-mise maternelle. Oui, il doit être épuisant de réclamer l'égalité dans le partage des tâches familiales, surtout quand on obtient peu de résultat et que l'on baigne dans les "scènes de ménage".

Je l'ai déjà dit ailleurs dans le forum, j'ai mis ma conviction profonde qu'il n'y a pas de rôle prédéfini du "père" et de la "mère" en pratique. J'ai décidé d'être "le père", au sens des rôles traditionnels. L'arrivée de l'enfant n'a pas entamé le partage égalitaire des tâches ménagères parce que nous avons, dès le début, intégralement partagé les soins au nourrisson. Je pratique "l'inertie masculine" pour les tâches ménagères qui me rebutent le plus. Parfois, je pense que je sais "mieux" ou que je fais "mieux" avec notre fils, mais jamais je ne pense que c'est parce que je suis sa mère, biologiquement parlant. Je suis convaincue que c'est parce que nous, parents, avons tout partagé de façon égalitaire depuis le début, que je peux penser ainsi.
Cependant, je ne me suis pas débarrassée de la culpabilité de ne pas être une "bonne mère", de ne pas avoir trouvé mon compte dans la fusion mère/enfant, ou plutôt, je ne peux pas m'empêcher de me demander si j'ai privé, en agissant ainsi, mon enfant de quelque chose dont il aurait eu "besoin".

Bref, je partage pleinement l'idée que nous ne pourrons pas imposer de l'extérieur l'égalité dans les foyers. Cependant, un congé de maternité / parental obligatoire à égalité pour hommes et femmes y contribuerait formidablement, et il faudrait, d'autre part, que l'on finisse par prendre des mesures vraiment contraignantes en matière d'égalité professionnelle, pour dissuader les femmes de rester au foyer pour les motifs souvent évoqués (et pas infondés): pourquoi irais-je me fatiguer dans un boulot peu valorisant, mal payé et sans perspective de promotion, alors que je suis si bien chez moi avec mes enfants ?
Je me méfis de toute les réflexions qui m'entrainent vers : la victime est coupable.
Cela semble souvent une manière de sortie rapide d'une difficulté. Comme en escalade, face à un passage infranchissable, vas-y que je te pose un rappel, abandon d'un peu de matos, et zip le descendeur. Mais on peut pas dire qu'on a fait la voie, si on n'est pas sorti par le haut.

Et sans vouloir vous affranchir trop, vous empêcher de faire vos vies (quoique certains n'est pas besoin de moi pour se cloisonner dans des peurs de rater!) :
Les histoires d'embrouilles sur les tâches ménagères cachent autre chose!

Un père qui prétend rendre ses enfants heureux, tout en cherchant à rendre leur mère malheureuse, doit quand même se poser quelques questions sur lui-même. Et un père ne doit pas trouver sa place en prenant celle de la mère. C'est tout.
Ah, le couplet sur la servitude volontaire ! La dimension sociale n'existe pas, bien sûr. Ou à peine. C'est pareil dans tous les domaines, d'ailleurs. Tout le monde sait bien que les pauvres sont des cons et les femmes des... Et ça vaut d'autant plus quand c'est une femme qui le dit.
Et les couples homosexuels (hommes ou femmes) qui adoptent un enfant, ils font comment pour les taches ménagères?
Oh pardon, j'oubliais, ce ne sont pas des gens comme nous!
Je suis d’accord sur l’importance de la servitude volontaire, mais de là à dire que les aliéné-e-s sont seul-e-s responsables de leur aliénation…
Sur la distinction sphère privé/sphère publique, j’ai du mal à suivre. Il me semblait que justement, un des grands apports du féminisme, c’était d’avoir démontré le lien entre les deux. Si des femmes dans leur vie privée sont humiliées, dévalorisées, exploitées, leurs envies ignorées, ridiculisées, par leurs pères, amoureux, médecins, psy, ou toute autre personne susceptible d’être porteuse d’un comportement servant le patriarcat, il est important d’en parler publiquement et mener une action politique.
De plus, la partie du texte sur l’inégalité de traitement dans le cadre du congé parental (et là-dessus je suis d’accord) montre bien ce lien, et le rôle de la société dans la situation d’inégalité.
Expliquer les inégalités de fait par la seule attitude des femmes, ça revient un peu à adopter "la rhétorique virile de la droiture et de la responsabilité individuelle" pour reprendre l’expression de L. Wacquant. C’est nier que nous sommes tou-te-s façonné-e-s par notre éducation, nos expériences, notre environnement. Sans tomber dans le déterminisme et occulter notre faculté à réfléchir et changer nos comportements et mentalités, l’école, la famille, les médias, l’environnement social jouent un rôle déterminant dans la construction de nos personnalités. Les attitudes et attentes de l’entourage social, dont les adultes, envers les filles et les garçons sont clairement différenciées pour l’écrasante majorité des gens. De même façon, le langage, entre autres, conditionne notre vision du monde et nos comportements ; et notre vision du monde et nos comportements maintiennent ou transforment le langage.
Le langage, l’accès à l’emploi, le déroulement de la carrière professionnelle, les publicités sexistes, les jouets différents pour les garçons et les filles (avec pour les filles la possibilité de jouer à faire le ménage comme maman, pour devenir bobonne comme elle), les stéréotypes de genre, l’injonction de maternité, etc., c’est aussi de la seule responsabilité des femmes ?
Ok, beaucoup de femmes sont aliénées et ont une part de responsabilité dans leur situation. "A moitié victimes, à moitié complices, comme tout le monde". Mais cette première partie du texte, finalement, est assez proche du discours ultra libéral basique du "Quand on veut on peut", qui conduit à rendre les groupes en situation d’infériorité/domination responsables de leur situation.

Le coup des "oppresseurs" qui ne sont pas responsables de la situation mais qui se contentent d’en profiter et à qui on ne peut donc rien reprocher, c’est vraiment gros…
Bien sûr, certaines femmes devraient commencer par questionner leurs désirs, leurs valeurs, changer leur attitude et montrer aux autres que leurs comportements peuvent être oppressants et perpétuer les inégalités. Leur propre comportement peut parfois conduire à créer les conditions de leur propre exploitation, certains hommes se contentant d’en tirer profit. Mais profiter d’une situation et l'entretenir, c’est aussi être responsable. Nous sommes tou-te-s responsables de nos comportements et relations avec les autres.

Un autre point qui me gène dans le texte, c’est qu'il part du postulat du couple hétérosexuel traditionnel et cette généralisation du modèle de Lafâme. Tout le monde ne s’inscrit pas dans ce modèle marié-e-s - deux enfants - un labrador - un monospace. Toutes les femmes ne veulent pas reproduire la norme dominante qui a toujours représenté une aliénation. Pourtant, les employeurs présument toujours qu’elles veulent avoir des enfants dont elles s’occuperont avec dévotion, et préfèrent ainsi éviter d’embaucher des femmes, par exemple (et il y a un tas d'autres formes d'inégalités, dans le travail ou ailleurs, que le point de vue retenu par le texte ne permet pas d'expliquer).
Par ce postulat de départ, ce texte rejoint paradoxalementt une certaine tendance à la "fêtedesmèrisation" qu'il entend critiquer.

Enfin, même si je n'aime pas du tout la façon dont est récupérée et utilisée la journée du 8 mars (transformée en journée de Lafâme... à quand la journée du noir ? de l'homo ?), les problèmes qu’entend dénoncer cette journée ne concernent pas que la répartition des taches ménagères au sein du couple hétérosexuel avec enfant(s).
Il y a tellement d’autres choses qui m’oppressent que les taches ménagères.
Ne pas être coincée dans le modèle traditionnel avec la charge de la majorité des taches domestiques n’empêche pas d’être agressée par des hommes par sifflement, interjections, discussions forcées, propos humiliants, comme si c’était normal ; qu'on attende des femmes qu'elles soignent leur apparence pour être et paraître de "vraies femmes" ; que les filles soient élevées pour être sages, discrètes, dévouées, douces, et les garçons indépendants, dégourdis, virils, etc ; que les jouets pour enfants apprennent aux filles à jouer à faire la cuisine comme maman et aux garçons à développer leur imagination ; que des corps de femmes soient utilisés par la publicité pour vendre toute sorte de produits, etc.


En plus de la chronique, je suis effarée de lire sur le forum ce message de Judith : "Si je devais fonder un mouvement "féministe", ce serait celui-là : celui qui protège le droit des pères, clef de voûte d'un projet de société égalitaire, mixte, émancipé". Cette opposition entre féminisme et droit des pères me choque et surprend en ce qu’elle ne fait que reprendre des clichés anti-féministes éculés.
Le féminisme n’est pas une opposition homme/femme. Le but est justement pour beaucoup de remettre en cause le patriarcat qui repose sur des oppositions binaires (homme/femme, homo/hétéro, mère/père, etc.). Il faut déconstruire les genres, échapper à ce système bipolaire qui distribue arbitrairement les rôles et pouvoirs, remettre en cause l’idée de complémentarité hommes - femmes qui devraient se compléter du fait de leurs pseudo-différences. Le féminisme (universaliste) ne profite pas qu'aux femmes, beaucoup d'hommes ne se reconnaissent pas non plus dans le genre auquel ils sont censés correspondre ni dans leur rôle de père distant et autoritaire et son affectés par les injonctions de virilité constantes (et la question de la sexualité s’entrelace avec celle des genres).
Je rejoins pleinement Potiron quand elle dit (et sur tout le reste aussi) : "Je veux bien qu’on discute de la place des pères, des pressions virilistes sur les hommes, mais par pitié, ne tombez pas dans ces arguments de pacotille, pétris de mauvaise foi ! Pourquoi faudrait-il dresser deux luttes légitimes l’une contre l’autre ? "
Franchement le texte de Viobi m'avait énervée par son côté caricatural, mais sur d'autre critères c'est également le manichéisme des propos de cette chronique de Judith Bernard qui m'agace également.
Personnellement, j'ai longtemps eu le même discours que Judith "pardon mesdames, mais c'est votre affaire" sur la question de la répartition des tâches ménagères. Plus aujourd'hui. Plus depuis que j'ai des enfants. Plus depuis que ma fille ait reçu pour un Noël le set complet de nettoyage (avec balai, serpillière et chariot), le four micro-onde rose (avec inscrit dessus : "girls only") pendant que mon fils recevait un set de bricolage. Encore maintenant, le fait de l'écrire me fait violence, vraiment. Et pourtant les personnes qui ont fait ces cadeaux ne l'ont pas fait intentionnellement et ne sont pas particulièrement rétrogrades. Plus depuis que je vois quantité de livres pour enfants entretenir ces schémas stéréotypés.
Alors, cette question de la répartition des tâches ménagères m'apparaît comme le résultat d'un lavage de cerveaux opéré dès l'enfance et cela relève d'une responsabilité collective.

Citation Judith : "Qu’il faille quinze jours aux femmes, pour se remettre d’un accouchement dont on sort avec l’impression d’être passée sous un camion, la chose va de soi, il s’agit là d’un congé "naturellement" sexué totalement indiscutable. Mais qu’il paraisse évident aux yeux de tous qu’ensuite, c’est à la femme, et à elle seule, d’assurer les premières semaines d’élevage du nourrisson – et donc évidemment toutes les tâches ménagères y afférentes - tandis que monsieur passe tout le jour dehors à la chasse aux revenus, voilà qui ne laisse pas de m’interloquer."
Moi, ce qui m'interloque, Judith, c'est que vous associez "les premières semaines d'élevage du nourrisson" avec "les tâches ménagères qui seraient afférentes" ??! C'est là, il me semble le résultat du processus de lavage de cerveau que je viens de décrire (même si bien sûr je perçois le brin d'ironie que vous y mettez). Pour moi, l'un ne va (ne devrait pas aller) en aucun cas avec l'autre.
Personnellement, je pense que les femmes qui sont mères sont différentes des hommes qui sont pères, ben oui! Les mères ont porté durant neuf mois leur bébé dans leur corps, elles l'ont accouché, elles ont forcément, qu'on le veuille ou non (intellectuellement) un rapport différent au nourrisson, un besoin de proximité différent de celui du père. Alors non, un père n'est pas une mère, ce n'est pas une chose "interchangeable". Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas quantité de manières d'être l'un ou l'autre, que pour le coup c'est une affaire de l'ordre de l'intime, du privé (vous estimez à quinze jours le fait de se remettre d'un accouchement, c'est votre ressenti; acceptez que cela ne soit pas le même pour toutes les femmes; moi, par exemple ce serait plutôt un an, mais c'est très personnel cette affaire!). Et je me méfie terriblement d'une Viobi qui voudrait mettre dans ses cases toutes faites les pères et les mères; mais je me méfie également terriblement de votre discours, Judith, qui fait de même (même si vos cases sont très différentes de celles de Viobi).
Non, s'occuper d'un nourrisson ne va pas avec les tâches ménagères, c'est là toute la subtilité! On peut très bien choisir de prendre du temps pour s'occuper de ses enfants, tout en demandant une répartition équitable des tâches ménagères. Je doute sincèrement que le fait d'instaurer un congé paternel obligatoire résolve le problème de la répartition actuelle des tâches ménagères (tant il est profondément inscrit dans nos schémas mentaux), bien que cela ne ferait pas de mal, j'en conviens.
La différence de rapport à l'enfant entre les femmes et les hommes est infiniment plus complexe que celle du rapport au balai. Dans un cas, il y a quand même une différence de vécu physiologique indéniable qui a de profondes répercutions psychologiques, dans l'autre, c'est juste un schéma dont la société n'arrive pas à sortir.
Et tant que j'y suis je remets le lien vers le papier d'Elsa Dorlin:
"Pourtant, cela ne l’empêche pas de faire la leçon aux «écoféministes», laissant croire que l’écoféminisme - issu des mouvements féministes des pays du Sud - n’est qu’une pratique à la mode pour classes moyennes européennes en mal de verdure. Badinter renoue ainsi avec cette rhétorique ambiguë dont elle a usé et abusé dans Fausse route en 2003, et qui consiste à promouvoir un féminisme qui flirte dangereusement avec un antiféministe notoire. Hier, elle accusait le féminisme de se vautrer dans la «victimisation», aujourd’hui, elle lui reproche de défendre un nouvel «essentialisme» (la femme = la mère). Finalement, le féminisme que Badinter appelle de ses vœux s’adresse à deux groupes et deux groupes seulement : les «bobos» qui se fourvoient dans l’écoféminisme et les jeunes femmes «des quartiers» aux prises avec les intégristes sexistes. "
Pas lu tous les comms, mais j'aurais quand même une réaction au début de la kro de J.Bernard:
la thèse de Badinter/Iacub selon laquelle l'égalité (ici dans la sphère privée) serait acquise et qu'il suffirait aux femmes d'user de leur libre-arbitre me paraît inexacte...
Si Badiou ou tout autre bonhomme peut s'autoriser à se conduire en parfait salaud c'est que c'est socialement valorisé pour lui et que c'est suffisamment intégré comme une norme pour les femmes concernées (oui, en 2 mots).
Par ailleurs, le partage des tâches ancillaires ou éducatives est toujours aussi inégalitaire, et que c'est parfois ' la faute de certaines femmes' c'est bien parce que cesdites femmes ne trouvent comme moyen de se sentir exister que comme ça - de fait un feed back social via l'environnement familial notamment, a permis que leur construction interne passe par là ... je cause du narcissime ou bien j'arrête?
OK j'arrête.

Enfin, comme c'est mieux dit par d'autres, je vais citer "Quand céder n'est pas consentir", Nicole-Claude Mathieu:
"...la violence contre le dominé ne s'exerce pas seulement dès que "le consentement faiblit", elle est avant, et partout, et quotidienne, dès que dans l'esprit du dominant le dominé, même sans en avoir conscience, même sans l'avoir "voulu", n'est plus à sa place. Or le dominé n'est jamais à sa place, elle doit lui être rappelée en permanence : c'est le contrôle social." (pp.208-209)
"La violence physique et la contrainte matérielle et mentale sont un coin enfoncé dans la conscience. Une blessure de l'esprit. Après, si les coups ou les viols ne sont plus nécessaires à chaque instant, ce n'est pas que les femmes "consentent" [...] " (pp.212-213)
"La dominée, elle, est engluée dans le concret et sa part éventuelle (et toujours limitée) à la connaissance de et à la croyance en la "légitimité" de son oppression, si elle existe, n'est qu'une goutte d'eau (fade) dans l'océan de sa fatigue [...]". (p.216)

Se baser sur l'idée de libre arbitre pour les femmes supposent qu'elles appartiendraient à un groupe ayant le même statut social et donc le même pouvoir sur le monde (privé, public) que celui des hommes: ce n'est pas le cas.
Je parle bien de groupe, mais qui peut se targuer d'échapper à une appartenance sociale soit qu'il ou elle la veuille, soit qu'elle lu soit imposée par la définition du social tel qu'il est?
Ce groupe est constitué d'individues certes, mais donc la conscience de soi et du monde (une conscience relationnelle en somme) n'est pas la même que celle du groupe homme, d'autant plus que la domination du second groupe sur le premier est de plus en plus diffuse, et qu'on a tendance à la nier (cf cette partie de la kro).
Pour passer contrat (dont de partage de tâches), il faut avoir la même égalité de position.
Or le groupe femme n'a majoritairement pas, en tant que groupe, la possibilité de se représenter les limitations du social et donc du privé dans lequel il évolue.

L'égalité n'est pas l'identité; céder n'est pas consentir; le privé est politique.

A part ça je suis ok que qu'une Journée internationale des Droits des femmes (et pas de lafâm, pitié), si on oublie qu'il s'agit de garder la mémoire des luttes et de se rassembler et s'organiser pour celles qui restent à mener (dont ne pas laisser le terrain être grignoté plus ou moins subrepticement par le backlash du moment), ça sert à pas grand chose.
Hum mouais un congé pour les pères... Hum je connais des pères au chomage qui n'ont pas saisi l'occasion d'être d'heureux pères. Et je connais des femmes qui ont surtout peur, non pas des scènes de ménage, ni des coups qui pourraient en résulter, mais tout simplement peur d'être plaquées là, pour la soirée ou pour la vie. Enfin je connais beaucoup de femmes et d'enfants oubliés par l'homme, disparu dans la nature oublieux même de la pension alimentaire. On appelle ça famille monoparentale.
Pas si simple
À la lecture de cette chronique, je me retrouve dans un état d’hébétude un peu consternée.
Passons sur la récidive de l’indubitable (poser la supériorité physique des hommes comme une donnée indiscutable, sans aucune interrogation critique, relève de la blague). Mais QUOI ?
La journée internationale des femmes ne devrait pas exister parce qu’elle mélangerait tout, que ce dont elle parle contribuerait à la victimisation des femmes qui sont en réalité souvent embringuées dans des processus de servitude volontaire, et il faudrait donc, en toute logique, y substituer une journée des pères parce qu’en fait, ton œil au beurre noir et tes bras cassés c’est rien chérie, ce sont les père qui sont les vrais oppressés. Tiens, hop, attrape une escalope et rassure-toi, le salut viendra du paternel.
Pardon ?

Je veux bien qu’on discute de la place des pères, des pressions virilistes sur les hommes, mais par pitié, ne tombez pas dans ces arguments de pacotille, pétris de mauvaise foi ! Pourquoi faudrait-il dresser deux luttes légitimes l’une contre l’autre ? On peut être à la fois pour l’égalité parentale, voire l’égalité tout court, et se battre contre les violences de toutes natures faites aux femmes. Encore une fois, vous vous faites, peut-être inconsciemment, l’apôtre de la guerre des féminismes, pour décider quels discours et quelles propositions sont légitimes en disqualifiant systématiquement toutes les autres.

Or, vous passez allègrement sur les conditions matérielles et sociales qui obligent certaines femmes à rester dans des situations qui vont de l’inconfortable au dramatique. Et c’est pas une psychanalyste pleurnicharde qui va y changer quoi que ce soit : elle avait les moyens (intellectuels et économiques) de se barrer, elle. Comme si c’était facile de la même façon pour tout le monde et dans toutes les situations ! Secoue-toi, Ginette, que diable. Si tu fais le ménage seule, si tu t’occupes seule de tes enfants, si tu te fais insulter quand le repas est un peu froid le soir, tu n’as à t’en prendre qu’à toi-même ! On croirait lire le discours moralisateur et stéréotypé des magazines féminins. Vous reprenez à votre compte ce discours paternaliste qui affirme que les victimes ne le sont que si elles le veulent bien. C’est chouette, comme ça ce ne sont pas les oppresseurs qui sont coupables ! Merveilleux. Finalement, tant qu’on y est, c’est pas si grave de battre sa femme. Si elle ne se barre pas du premier coup, hop, c’est de la servitude volontaire, c’est comme un acquiescement tacite, on peut y aller à tour de bras.

Les femmes ne sont pas toutes des victimes, mais certaines, beaucoup trop, le sont parce que femmes – notez que l’oppression ne vient pas toujours des hommes, et, même si c'est le cas, ils sont les agents des représentations sociales dominantes qui exercent leur pression sur les individus quel que soit leur sexe. Rien que ça justifie une journée de lutte – parce que c’est précisément ça, la journée internationale des femmes : une journée de lutte politique, à mille lieues de la victimisation dont vous vous faîtes l’écho. Que cette journée soit récupérée par des cons qui veulent avoir l’air cool et s’absoudre de leur propres turpitudes, ce n’est que trop vrai. Et alors ? C’est une raison pour la supprimer, alors qu’elle permet de rendre visible un travail de fond, qui a lieu tous les autres jours de l’année ? Tiens, reprenons une seconde votre argument-magazine : et s’il ne tenait qu’à vous de transformer cette farce du 8 mars en une action efficace ? Elle n’empêche pas une journée de la mixité, ni une journée des pères, si ça vous fait plaisir. D’ailleurs, pourquoi « des pères » ; pourquoi les pères auraient-ils une fonction parentale nécessairement distincte de celle des mères ?

Enfin, là non plus ce n’est pas une « journée des pères » qui va tout arranger : j’en connais qui ne commencent à trouver les gosses intéressants qu’à partir du moment où ils marchent et parlent. Encore ces foutues représentations. Damn. Et puis, les dissymétries du travail entre hommes et femmes ne commencent pas avec l’enfant, même si elles s’accentuent à ce moment.
La clé du mystère ne serait-elle pas dans une série d’actions complémentaires ?
(Quelle forme, je réinvente le fil à couper le beurre !)

Ceci étant dit, j’ajouterai que Badinter raconte, une fois de plus –ça en devient lassant–, n’importe quoi dans Fausse route. Déjà, à ses débuts, elle n’était qu’une pâle copie de Beauvoir. Mais là, elle divague carrément. Elle veut encore prouver qu’elle existe en construisant un féminisme ad hoc (qui n’existe donc que dans son imagination), rempli d’hystériques armées de sécateurs, pour lui taper allègrement dessus et montrer qu’elle, elle est une bonne féministe, amie des hommes. Elle renforce par là les clichés misogynes qui sont nés avec et contre le mouvement féministe (toutes des lesbiennes mal baisées avorteuses et avortées, ce genre de gentillesses) juste pour se faire mousser.

Donc voilà. Votre analyse sur le congé de maternité est riche et intéressante. Mais je trouve que vous vous tirez une balle dans le pied avec cette première partie, inutile et –oserai-je– grotesque.
Merci Judith. C'est la première fois que je vois formulé ce que j'ai vécu.

Jeune marié sans enfant, j'ai partagé les taches ménagères avec mon épouse (cuisine, ménage..). Puis, sans que nous ne sachions pourquoi, j'ai arrété de faire la cuisine. Et en vous lisant, je m'apperçoit que cela correspond exactement à la naissance de chaque enfant. Et que à chaque enfant, j'ai "perdu" un peu plus de mes responsabilités au sein de la famille (santé des enfants, mode de garde..) et pourtant ma femme travaille. Je crois bien qu'il y a quelque chose de l'odre de cette "soumission volontaire" pour elle, et de "démission volontaire" (j'ai essayé de trouver des termes dévalorisant pour les deux) pour moi, les deux étant inconscients et "confortables". Et quand vous dites "plutôt le ménage que la scène de ménage" je crois que cela résume la situation suivante : cela demande plus d'énergie à l'un ET à l'autre de sortir de cette situation, désagréable pour les deux mais qui est devenue une "zone de confort" que ce que nous esperons gagner en changeant.

La situation s'installe, génère un certain nombre de fustrations, de mécontentements et de satisfactions (voir les messages des soumises volontaires, qui en sont souvent heureuses).

Je me garderais bien de donner des leçons à qui que ce soit, mais je crois que votre idée d'obligation d'un moiset demi de congé parental pour les DEUX parents à la naissance est une bonne idée, avec une incitation forte (prime financière) pour que ce soit le papa qui aille jusqu'aux 2 mois et demis de l'enfant, la maman ayant pu reprendre le travail.

Le cout pour l'entreprise ? faible (sur une carrière, cela correspond à donner 1,5 jour de congés supplémentaire par an et par salarié) et surtout identique pour un homme et une femme. Cela réduirait les inégalités à l'embauche, puisque l'impact du congé maternité serait réduit.
, et surtout le fossé homme femme en partie comblé (pour un employeur, embaucher un homme jeune ne coporte aucun risque, alors qu'embuacher une femme jeune fait toujours un peu peur...)
Je suis pret à donner 3 jours de RTT par an en échange de cette mesure (solidarité nationale pour les futurs parents et enfants) !

Reste le probème de l'allaitement au delà d'un mois et demi.. on doit pouvoir trouver des solutions, non ?
J'ai entame ce texte en croyant lire le 9:15, mais de part la longueur du texte, je me suis rendu à l'évidence: il s'agit d'une chronique.
Puis rapidement, de par le thème traité, la construction du texte, et un peu du style, je savais que je lisais J.Bernard. Soupçons confirmés quand en lieu et place d'un plus consensuel "education" ou même le verbe à l'infinitif "elever", je lis le substantif "elevage" lourdement connoté.

Ce n'est d'ailleurs pas un coup d'essai: lors de l'émission "Droit à La Paresse", le même effet de manche a été utilisé.

C'est moins pour dire que J.Bernard semble avoir avec le cliché de la "mère pondeuse", la même marotte qu'A.Korkos et son "noir qui a le rythme dans le sang"; que pour dire, juste, que je suis attentif.


Sinon, je suis loin d'être convaincu de l'interchangeabilité du père et de la mère. Non pas que je sois intimement convaincu que les uns et les autres ont des rôles naturellement et strictement prédéfinis. Loin de là. Mais je ne crois pas une seule seconde à la sacro-sainte "égalité".

Et puis je pense qu'on pourrait permettre aux parents de venir bosser avec leur(s) bébé(s) quand les conditions de travail le permettent et que c'est souhaité: avec des objectifs de production basé sur un mi-temps de 20% étalé sur du 60% horaire par exemple: c'est à dire avec une productivité faible.
Perso je ne comprends rien à tout ça, le rôle de la mère, celui du père etc…
Enfin, je veux dire que je ne comprends pas ce que je vois autour de moi. Par exemple ces couples qui se séparent et ces pères qui se battent pour voir leurs enfants, alors qu’ils n’ont jamais envisagé autre chose que le fait que leur bambin vive avec leur mère.
Je ne suis pas sûr qu’un congé post partum parental mixte puisse changer les choses, ou alors il faudrait du temps, c’est une question de mentalité.
J’ai une fille, dont la mère a pris un congé parental de trois ans, alors que je travaillais, à temps partiel, certes, ce qui me laissait le temps de profiter de ma progéniture et de prendre le relais question tâches ménagères, tout à fait naturellement sans se poser de questions concernant la place du père ou de la mère. Puis nous nous sommes séparés à la fin de ce congé, la maman est partie, ma fille est restée avec moi, tout naturellement, la question ne s’est jamais vraiment posée.
Par contre « la pression sociale » de la part de l’entourage s’est exercée (et pas forcément de la part des plus "conservateurs" loin de là), en tout cas au début, genre « et c’est pas trop dur quand même » à mon endroit et « mais t’as pas l’impression d’avoir abandonné ton enfant » à celui de la mère, ça n'a pas toujours été simple à "gérer" ni pour moi, ni pour elle, puis ça s'est calmé.
Le rétrécissiment des représentations de l'enfant face à une caricature séxuée des paprents m'inquiète. Les enfants malgré une ambiance aujourd'hui démocratique, "intelligente", supposément paritaire (on imagine qu'à table le père ne coupe plus la parole à sa femme devant ses enfants pour lui dire qu'elle n'y connait rien, qu'elle ne vote pas etc...) , qui voient malgré tout leur mère trimer deux fois plus que leur père ne peuvent rien y comprendre.
Dans les années 30, 40, 50, c'était tout aussi révoltant mais soutenu par un discours collectif inégalitaire (droit de vote des femmes...1945...je crois!).
Ce discours a disparu mais les pratiques persistent malgré qq changements.
Je pense que les effets en sont d'autant plus pervers, car face à cette absurdité, ce non sens, je pense que les enfants n'ont pas d'autre choix que d'éteindre une partie de leur intelligence, car il s'agit d'une situation de double-contrainte idéologique particulièrement déroutante.
"Mon père et ma mère sont égaux, mais ma mère va toujours nous chercher à l'école et fait le ménage" resemble à "Choisis la cravate que tu veux, mais la bleue te va mieux."
Faire l'expérience de cette égalité stimule la richesse de leurs représentations comme ayant une potentielle fonction dans le réel. Nous pouvons (parfois avec difficulté) faire ce que nous disons et dire ce que nous allons faire.
C'est une manière de situer le discours, la pensée, les valeurs non pas dans une parenthèse existentielle close, mais dans cet espace intermédiaire du possible. (Un espace winnicotien au sens psychanalytique qui est celui du jeu, de la créativité).
Parfois chez moi, quand personne n'a envie de faire le ménage, il n'est pas fait, et nous nous paignons tous de marcher sur des jouets pointus, et tous ensemble nous pestons, râlons, et in fine rangeons plus ou moins bien.
Evidemment les enfants finissent par jouer avec les trucs les plus saugrenus qu'ils ont déniché à cette occasion sous leur lit, et nous les adultes nous affairons "parce qu'on n' a pas que ça à faire", mais c'est précisemment ce qui me plaît.
Ne pas cloisonner la vie quotidienne dans une pratique entièrement ritualisée, privée d'intelligence et désaffectivée (les mères qui font systématiquemente le ménage ne le font pas par plaisir masochiste, mais dans une mécanique vide, abréactive, parfois même sans colère), rend la vie bien plus créative.
L'égalité me semble un désordre indispensable et vital.
...Juste parce que c'est tout beau : http://www.dailymotion.com/video/x9xb6x_naissance-de-gorille_animals
je ne lis pas tous les commentaires, pas le temps.
tellement d'accord avec vous, judith, même réaction au texte de viobi.
et sur les conclusions : journée de la mixité ou journée du père.
car force est de constater, que notre société et nos familles persistent à reproduire ce schéma bien connu de l' absence réelle ou symbolique de l'homme auprès des petits et plus grands êtres qu'il a engendré (de l'absence physique à l'absence d'intérêt ou de communication avec les êtres inférieurs et dénués d'intérêt que sont les enfants, adolescents...)

merci à ceux qui rendent sur ce sujet les statistiques moins caricaturales.

quant à la figure du lapin... une catastrophe ce lapin.

un ami éduqué par des parents féministes me confiait à quel point l'adolescence a été difficile à vivre. lorsqu'il cherchait à partager les tâches du quotidien ou se montrait serviable auprès de filles, celles-ci lui renvoyaient une image de "tapette", la tentation était alors forte de ne pas céder alors à la caricature de virilité désirée, de ne pas prendre une attitude de macho car alors son succès auprès de la gente féminine aurait été sans faille.

à voir sur ce devoir de virilité machiste : l'excellent Guillaume Gallienne dans "Les garçons et Guillaume à table", représentations à paris en juin : http://www.youtube.com/watch?v=WFUIKEejv2g
Judith, je dois dire que quand je suis tombée sur le "pardon mesdames, mais c'est votre affaire", j'ai bondi intérieurement.

Bondi d'abord parce qu'il y a effectivement des causes structurelles à cette servitude volontaire, qui, si elle dépend certes des choix de chacun/une, dépend aussi de tout le corps social, conçu comme un tissus dans lequel les femmes n'occupent qu'un rôle secondaire.

N'y a-t-il pas contradiction dans le fait d'affirmer que le partage des tâches n'est qu'une affaire privée pour ensuite montrer que cette répartition écoule directement de la forme du congé maternité ? Si ce partage découle d'un congé conçu pour permettre aux hommes de continuer à travailler, il est donc le fruit d'une réflexion législative qui incarne bien la volonté populaire. Et qui donc regarde tout le monde.

Vous me direz que les femmes choisissent leur compagnon. Oui c'est vrai. ce choix est crucial. Ma mère m'a tant seriné l'exigence (avec son bon vieux "faut mieux être seul que mal accompagné), quand j'étais gamine, que j'aurais eu le courage d'attendre une vie cet homme qui me traite comme son égal et partage avec moi toutes les tâches ménagères (même si la réalité est bien sûr parfois plus complexe, je dois lui reconnaître une bonne foi dans la vie domestique qui nous épargne les engueulades que se tapent toutes mes amies avec leur propre conjoint).

Cela dit je m'interroge souvent sur la réalité de ce choix quand je vois des femmes autour de moi supporter sans broncher, jusqu'à la folie, l'indifférence du conjoint face à leur épuisement (je travaille comme une malade + j'm'occupe des gosses + de la maison et en plus faut que je sois belle etc.). Je ne me lasse jamais de m'interroger sur ce qui les pousse à endurer des situations qui les vident d'elles même, jusqu'à la disparition de leur être.

Chaque fois une remarque, finale, sans appel, s'impose et prend toute la place : "mais si je le quitte je vais rester toute seule".
Et alors réponds-je ? As-tu besoin de l'autre pour exister ? Crois-tu vraiment que tu ne retrouveras jamais personne à aimer, que plus personne enfin ne t'aimera ? La réponse, effrayante, est toujours positive. Les femmes me semblent sensibles à la solitude parce que celle-ci les fait disparaître socialement, même à l'heure où le mariage n'est plus la pierre angulaire de notre société. Le couple me semble encore être la condition nécessaire, l'incontournable case à cocher si on veut exister.

Je ne dis pas que cette solitude est forcément mieux vécue par les hommes, simplement qu'elle est socialement tolérée. Que la femme seule est perçue comme pathétique, ratée. Que sans enfants elle passe souvent pour un désert aride, un puits sec, "il ne faut pas être si égoïste" entends-je parfois à leur sujet (comme si les gens qui font des enfants ne se montraient pas parfois d'un égoïsme brutal). Dans le fond les exigences sociales n'ont pas tant changé depuis les années 1970 : une femme se doit d'être en couple, et d'enfanter si possible.

Le célibat, cette maladie qui a toutes les chances de devenir incurable passés les 30 ans, est une sorte de monstre à mille têtes dont il faut s'éloigner à tout prix. Comme si les femmes ne pouvaient vivre autrement qu'au sein de quelque chose qui les grandit, leur confère enfin légitimité. "Mais je vais être toute seule". Par quel miracle les femmes croient-elles qu'elles ne peuvent se débrouiller, vivre seules ? Pourquoi se percevoir comme quelque chose de fragile, cassable, qui tombe à la moindre bourrasque ? N'est-ce pas une image construite ? N'est-ce pas le produit de l'éducation parentale, des représentations de la femme dans l'espace public ? De la place qu'on leur accorde à l'école, malgré l'excellente tenue générale de leurs résultats scolaires ?

Je veux bien que la révolution commence au sein du foyer. Mais il faut pour cela avoir les moyens de se battre, et surtout, enfin, c'est primordial, que les hommes acceptent de faire ensemble avec cette révolution, acceptent de partager ces tâches, de se mettre de côté parfois pour laisser leur femme progresser plus vite qu'eux dans une carrière qui les passionne. Ce changement regarde tout le monde, allant de la parentalité à l'école en passant par une réforme du congé maternité ou la multiplication des systèmes de garde accessibles.

Une dernière chose, qui me semble être très révélatrice de la vanité d'un combat mené contre l'être aimé : mon compagnon me dit parfois qu'il voit des hommes dire "mais moi je veux bien partager les tâches ménagères, sauf que ma femme aime tout contrôler, tout faire" ou encore "moi je m'en fiche qu'elle sorte avec ses amis c'est juste qu'elle est casanière" ou encore "notre couple est libre c'est juste que ma femme est fidèle par nature".

Bien sûr. ben voyons. Trop facile.

Cela montre que si le changement ne provient pas, avant tout, d'une réflexion profonde venant essentiellement du partenaire masculin, ouvrant les yeux sur une réalité vécue qui fait ma part belle aux inégalités, rien ne se passe, si ce n'est le conflit larvé, permanent. En attendant, tout homme affirmant que sa femme aime faire le ménage, est casanière ou gentiment fidèle, n'est qu'un hypocrite qui refuse de voir le monde à travers les yeux de sa compagne.

Les conditions de ce changement sont polymorphes. Faire peser sur la femme la seule responsabilité de son traitement social inférieur me semble donc profondément injuste.

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La soumission volontaire existe, certes, mais l'absence de volonté de sortir d'un certain prétendu confort aussi.
Qu'une femme accepte de se soumettre à des conditions de vie inégales est une chose, qu'un homme ne cherche pas à avoir des conditions de vie équitable en est une autre toute aussi importante.
Ou alors ça revient à comparer la volonté des hommes à quelque chose de nul ...

Pourtant, dans les vœux du mariage, il est bien question de partage, du meilleur et du pire, et les deux protagonistes s'y engagent, et en général, les couples se forment sur l'idée de partage...

Je crois que les deux sont fautifs : l'une d'accepter de se soumettre, l'autre d'accepter une règle de vie injuste.

Signé :
un homme qui partage, tout simplement.
Encore un texte assez intelligent et alternatif pour me plaire, merci Judith.
Mais, petites nuances sur les détails.

Si la journée de la femme a un mérite, c'est celui des réactions qu'elle déclenche: comme un grenelle de l'environnement qui tient de la tartufferie (mot très à la mode en ce moment) mais permet de braquer les projecteurs sur des discours critiques: enfin on peut parler d'écologie, et le vilain mot de décroissance arrive jusqu'aux medias "dominants". Je n'irais pas jusqu'à dire que Judith n'aurait pas fait de chronique féministe (ce serait injuste); pour d'autres, c'est évident. Je pense par contre que son "discours", plus subtil que la plupart, est plus compréhensible après avoir entendu le flot d'inepties féministes moyen et prend son épaisseur parce qu'il se pose en contre. Et donc parce qu'il y a eu journée de la femme, aussi médiocre soit-elle.

J'acquiesce au sujet de la servitude volontaire sauf que le "pardon mesdames, mais c’est votre affaire" me paraît un poil expéditif: comment équilibrer un binôme bisexué (pour élargir le débat, comme le souligne un autre commentaire) sans une participation active de l'autre (et là je me plais à y sous-entendre un homme - l'Autre étant classiquement la femme, pour ceux et celles qui n'auraient pas lu le deuxième sexe)? C'est probablement à nous d'empoigner ce combat sans attendre qu'on nous y invite (pour cela, il faut déjà être consciente de sa situation et ça crève les yeux que ce n'est pas si fréquent); mais c'est par l'échange en bonne intelligence que l'on peut s'affranchir plus efficacement. N'oublions jamais d'où nous parlons: éduquées, indépendantes professionnellement (+possibilité de se réaliser dans son activité), occidentales évoluant dans des milieux laïques et au final assez ouverts. J'ai du mal à donner des leçons aux moins favorisées.

Pour ce qui est de la collectivité qui ne doit pas se mêler de cette affaire privée, je tique un peu. Par principe libertaire et soucis d'efficacité, oui. Pourtant, je suis d'accord avec Beauvoir quand elle affirme que les quelques "handicaps" naturels de la femme ont l'importance que leur donne la société dans laquelle elle vit. L'organisation des crèches est émancipatrice. Plus généralement, c'est au sein de cette collectivité que circulent les idées: c'est elle qui favorise ou non la diffusion de cette notion de servitude volontaire.

Je ne connais rien à l'histoire Badiou. Pour trancher entre sujétion et victimisation, il me semble qu'il faudrait entrer plus dans cette intimité (abus de confiance, de naïveté, fausses promesses, tromperies au sens de mensonges,...) ce dont je n'ai nullement envie. Le taxer de "dégoûtant salopard" est de toutes façons malhonnête et dangereux, je vous l'accorde.

Je ne peux qu'applaudir à cette proposition de congé parental mixte et à la critique du texte de Viobi, qui m'avait un peu choquée. Je ne suis pourtant pas vraiment d'accord avec E.Badinter, car je ne confonds pas naturalisme (qui enterre la femme comme Autre) et écologie (politique), qui défend l'idée d'une vie équilibrée entre travail, famille, vie politique (participation à la vie de la cité), loisirs, pour les femmes comme pour les hommes, dans un respect des écosystèmes environnementaux et humains, utilisant les fruits du progrès s'ils vont dans le sens d'une qualité de vie et non comme panacée de la croissance à tout crin.

Réflexion parallèle, qui me vient de cette journée du 8 mars, mais du féminisme médiatique en général. Le féminisme le plus efficace est probablement celui qui ne dit pas son nom. Car une femme qui se pointe sur un plateau de télé avec cette étiquette "féministe" est déjà cataloguée: hystérique pleine de ressentiments ou simplement l'Autre. De toutes façons, déjà exclue du vrai monde, celui des hommes. Elle parle en tant que féministe, ou en tant que femme. Moi, je veux parler, point barre. C'est un peu la même chose avec tous les discours alternatifs: présenté comme anarchiste, essayez donc de vous faire entendre; chacun de vos mots aura la saveur de l'extrême (bah, caca!). Penser autrement est devenu une hérésie, il ne faut donc pas l'annoncer si l'on veut être écouté.
Ça complique la chose, je sais.

Au fait, je suis trentenaire, j'envisage d'être mère parce que je sais que le père m'aidera à ne pas m'enterrer dans cette fonction; et je veux qu'on me prenne au sérieux avant d'être ménopausée - j'y travaille.
C'est tellement intime, cette question de la "servitude volontaire" et vous semblez toutes tellement pleines de certitudes; rarement de belles certitudes, souvent celles qui se nourrissent de vos echecs...de ces certitudes qui se nourrissent de cette colère qui vous a permis de vous libérer de cette "servitude volontaire" , mais pas de l'échec du couple.

parce qu'un couple ça n'est pas cinquante mille trucs; si on a une copine avec laquelle on va à la piscine, à la médiathèque, au ciné... on n'a jamais parlé de couple. Si on est chef et qu'on a un adjoint, non plus... un couple me semble-t-il Yannick, c'a a toujours été grosso modo, ce truc qu'on dit dans les mariages : "pour le meilleur et pour le pire... vous jurez assistance et je ne sais plus quoi... ah si... fidélité !!!" je veux dire qu'on se marie effectivement ou pas, peu importe, un couple c'est ça
C'est à dire faire un couple, pour créer un espace de sécurité, un espace de sécurité pour des enfants, pour qu'ils puissent se dire "voilà, j'ai un père, une mère, ils s'aiment, et à travers cet amour, moi je découvre plein de trucs chouette de la vie, dont un essentiel, je peux avancer sans avoir peur, parce que je suis quelqu'un de bien, parce que je suis l'enfant de parents plutôt bien qui s'aiment et qui m'aiment...
un espace de sécurité pour soi aussi, d'apaisement, qui fasse qu'on ne se pose pas mille questions narcissiques, parce qu'on est désirée par l'homme que l'on a choisit, et inversement... qu'on peut trouver là, un espace de reconnaissance pas que de nos qualités, parce que hein, aimer les qualités des autres, c'est à la portée de n'importe quel péquin, c'est aussi fastoche que de dévorer une plaque de chocolat... mais un espace de reconnaissance aussi de nos faiblesses, de nos insuffisances...

Et quand même expliquez-moi, si ce n'est pas pour construire ça qu'on aime, alors c'est pour quoi ??? Pour s'épanouïr dans une sexualité à la fois riche, reconnaissante elle aussi, emplie de plaisirs multiples? Mais, il n'y a pas besoin du couple pour ça... Le couple et l'amour ont besoin d'une sexualité épanouïe, mais une sexualité épanouïe n'a plus besoin depuis longtemps d'un couple et d'amour... En revanche, pour un enfant, avoir une mère dont il pourrait dire "elle a une sexualité épanouïe" ça confine au ridicule, n'est-ce pas? ... en revanche, une mère et un père qui aiment, qui savent porter un couple, résoudre les problèmes qui se posent, en sourire, s'en nourrir pour être heureux, c'est un formidable espoir pour la vie... un formidable espoir pour chaque membre de ce qu'on appelle aujourd'hui encore, (je me demande si elle est en voie de disparition...) une famille...

moi j'ai échoué (comme tellement de monde) aujourd'hui, je vis avec mes deux enfants issus d'un premier couple, avec l' homme que j'aime, aujourd'hui, avec sa fille , et avec notre enfant qui vient de naître dans cette nouvelle famille; je suis en congé mat, et bien sûr que votre chronique Judith ne pouvait que me toucher; parce que je ne suis pas l'héroïne que je rêverais d'être, que je suis sans doute en état de "servitude volontaire" que je ne vois pas en quoi il faille accuser là, l'amour... a-t-on besoin d'un nouveau bouc-émissaire? ce serait plus l'homme, maintenant, ce serait l'amour ? bon... c'est plus pratique, hein, parce que vu que c'est pas très palpable, on peut bien y mettre ce qu'on veut... Mais ça n'est pas plus juste...

ce qui serai juste, ce serait dire, que "p..., c'est super dur, d'avancer, de partager, à la fois dans le respect de soi et dans le respect de l'autre!!!" et il y a un point Judith, ou selon vous avez plus raison que sur les autres (mais votre chronique est super, hein... )
"m’est avis que c’est à cette violence que les femmes ne se résolvent pas (c’est là qu’on bascule dans la servitude "volontaire" : quand on préfère faire le ménage que des scènes de ménage)"

Et pourquoi, devrait-on se résoudre à cette violence ? dans mon premier couple j'étais une combattante de tous les fronts: de l'égalité face à la vaisselle, de l'égalité des sorties, de l'égalité des soins à apporter dans l'éducation des enfants; j'en ai passé du temps à revendiquer, à menacer, à me mettre en colère... oh, ça avait son résultat, je ne dis pas... il faisait la vaisselle, la moitié des repas, une partie de ménage... et alors ? ça nous a préservé, ça a nous a fait réussir à aimer? à construire quelque chose? non...
Aujourd'hui, c'est vrai, je ne veux plus de cette violence, je ne vois pas pourquoi on l'exigerait de moi (c'est épuisant, aussi...), mais je ne veux pas rentrer dans cette alternative : soit je g..., soit ma foi j'accepte...
d'ailleurs pourquoi ce serait à la femme de se battre ? c'est là cette Grhmph.... d'infériorité que je veux bien qu'on m'explique... moi, mon projet c'était : ok, dorénavant, chacun fait pour le foyer ce qu'il estime devoir faire, si c'est le bordel ma foi tant pis. Je ne vais pas me plier en quatre pour faire à manger et la vaisselle, à l' homme que j'aime; s'il a faim qu'ils s'en débrouille. ca marche très bien évidemment... mais là où sa coince, c'est en effet, lorsqu'il y a des enfants... Là (j'ai tenté, hein) on pourrait se dire forcément: l'homme que j'aime se rendant compte que rien ne bouge de mon côté, que j'ai du boulot à faire pour demain (professionnel, je veux dire...) il va finir par se dire "zut, faut que je prépare un repas pour que les petits mangent et aillent se coucher pas trop tard..." heu... il paraît que maintenant, il y en a plein des hommes comme ça... si on en croit quand même les statistiques qu'on ressort à chaque 8 mars, ils ne sont pas si nombreux que ça...

Et après, on fait comment ? on se débrouille comme on peut, on serre les dents, on file préparer un repas dont on sera même pas fière, parce que fait dans l'urgence, on explose parfois certains jours quand on a l'énergie... pour ce qui est de rester un couple... ... ... et les hommes, ils font comment ? j'en sais rien, j'ai 40 ans, et je ne comprends pas grand chose... bon, je ne suis peut-être pas douée, mais visiblement, si je regarde les couples qui m'entourent, y a pas beaucoup de monde de doué...
Je vais aller un peu plus loin: la meilleur façon que j'ai trouvé moi, pour qu'un homme s'occupe de ses enfants, c'est la séparation... A mon sens, il n' y a pas de quoi fanfaronner... Bien sûr, on peut choisir aussi, tout simplement de ne pas en faire des enfants; ceci dit, heureusement que il y en a qui en font, non ?

je voulais dire avant de finir, je n'ai pas forcément une propension à l'exhibition, mais sur un sujet pareil, je dis d'où je parle, c'est tout... j'aurais pu donner l'exemple de ma voisine comme un des post que j'ai lu plus haut, mais je ne sais pas comment elle s'en sort ma voisine...

En tout cas, il y a une seule chose dont je suis sûre, on peut bien brailler à chaque 8 mars, que çi ou ça... ça nous réconforte peut-être un peu, mais c'est tout... nous essatons toutes de faire le mieux que nous pouvons, et on se plante et on recommence... il est probable que pour les hommes ce soit pareil... Et dans ce domaine, je ne suis pas sûre qu'il me soit possible d'entendre leçon de quiconque

ouais, je sais, c'est beaucoup trop long ! ben j'ai fait ce que j'ai pu... il y a pas que nos stars de chroniqueuses qu'ont le droit de faire long, si ? ah bon... ben, je recommencerai plus, mais pour une fois, celui je vous l'envoie quand même, mais rien ne vous oblige à vous plier à le lire
Je n'ai sans doute pas bien compris cette chronique, mais il me semble qu'elle vient dire qu'une mère n'existe pas alors qu'un père, oui, ça, ça existe, surtout lorsque ça prend socialement la place de la mère !
Oblivion, j'ai peut-être lu un peu vite le papier de Judith à l'instant, mais je n'y ai point relevé ce que vous lui reprochez. Pourtant, je suis une femme qui a fait le choix de ne pas être mère... donc je devrais être particulièrement sensible à ce genre d'argumentaire.
Au contraire, Judith aborde la condition féminine de façon progressive, avec trois éclairages différents... [s]la femme[/s] (vous voyez comme je suis suiviste) les femmes et l'amour, les femmes en entreprise, les femmes en famille. Sauf qu'elle a oublié un pan de femmes : les > de 60 ans.
Et je retiens personnellement ce en quoi je suis concernée : cette soumission que beaucoup de femmes ont lorsqu'elles sont impliquées dans une histoire d'amour (qui bien souvent n'en est plus une d'ailleurs)... Petit travail d'introspection sur mon passé... et oui, Judith a raison lorsqu'elle parle de notre soumission à l'amour, ou plutôt à l'idée de l'amour que nous nous faisons... L'homme n'est pour rien dans la soumission, souvent... il vit le verbe aimer à sa façon, même si les pères semblent beaucoup plus impliqués qu'avant.
Court travail d'observation de quelques femmes de mon voisinage ! J'en ai un exemple frappant sous la main avec une voisine qui se remet à jouer à la maman chimpanzé alors que sa fille a 30 ans et subit le harcèlement moral du père de sa fille venu squatter son domicile se retrouvant à la rue. Tout ça parce qu'elle crève de peur de vieillir seule. Et là, bonjour les inégalités et la discrimination ! Parce que n'être vue qu'en tant que grand-mère est bigrement réducteur. Pourtant, beaucoup s'en contentent.

En conséquence, de mon côté, je remets totalement en question la valeur "famille" : vie de couple, enfants, petits enfants... Certaines femmes sont complètement "embringuées" dans un univers familial gluant, parce que la famille est une valeur sociétale patriarcale. Je trouve les sociétés matriarcales intéressantes. Imaginons une société matriarcale où les hommes auraient leur journée... tiens, pourquoi pas le 6 octobre, début de l'automne. ;o)))... (nan, je ne suis en rien castratrice) I only have a dream ;o)))
Non, ce n'est pas pour défendre Badiou, c'est juste pour savoir comment présenter, illustrer socialement le couple.

Cette entité relationnelle a tant été structuré sur la division des fonctions (par nature comme par culture, il s'agit d'une construction, il n'y a qu'à voir le nombre d'exception dans ces deux catégories à la polarisation de cette division pour le comprendre) qu'à abolir cette dernière, comme Judith le souhaite légitimement (tout comme moi), on se retrouve avec l'impératif de redevoir justifier ou non, cette construction bien particulière, qu'est le couple.

Si comme le disait un philosophe indien, Nagarjuna, c'est la fille et/ou le fils autant que le père ou la mère qui se créent simultanément et réciproquement l'un l'autre (la mère comme le père naissent de son enfant, et inversement, c'est une relation bilatérale) qu'est-ce qui fait couple désormais ?

La réponse est tout aussi simple, sans être simpliste dans son application, tout simplement deux entités partageant certaines activités plus fortement qu'elles ne le font avec d'autres entités. Que ces activités soient sexuelles, spatiales, économiques, ou autres, peu importe, il existe en fait autant de couple que nous avons de partenaire de jeu et donc de jeux à disposition, couple de travail, couple sportif, ludique, de scène, de procréation, d'éducation, etc...

Et c'est ainsi qu'à mieux y regarder, il n'existe plus des millions de célibataire sur notre territoire, juste des couples de différentes natures, euh, cultures.

Valoriser ces autres types de couple et briser les chaînes conjugales (dans le mariage et hors mariage pour faire une légère entorse au dico), participe aussi de cette émancipation de tout à chacun, femmes et hommes, vis-à-vis des tâches que nous nous sommes assignés trop longtemps, ne pouvant plus jouer librement avec elles sans nous heurter au mécontentement collectif et à son corolaire, le sentiment d'échec que nous intériorisons trop souvent lorsque nous ne reproduisons pas le "bon couple", celui qui est mis au-dessus de tous les autres.

yG
Merci pour cette très belle chronique. Je pense comme vous qu'à cause de tous ces amalgames, beaucoup de femmes occultent ou sous-estiment leur libre arbitre.

Moi non plus je n'ai jamais aimé cette "journée de la femme", et j'avoue même n'avoir aucune fibre féministe.
Ce qui ne m'empêche pas d'être consciente des inégalités sociales et culturelles persistantes entre les genres, et le plus souvent au détriment de la femme.

Seulement je n'attribue pas son statut de "victime" ( avérée dans les contextes de conflits armés ou de violences domestiques, ou même d'expériences socio-culturelles) au fait qu'elle soit une "femme", mais plutôt au fait qu'elle soit une "faible". Comme le sont les enfants, les pauvres, les immigrés, les minorités, etc.tous ceux qui, femme, enfant et homme, a un moment ou un autre se trouvent sous le joug d'une catégorie dominante, et sont opprimés ou subissent toutes sortes d'inégalités simplement parce que ce sont les plus "faibles". La faiblesse pouvant s'entendre sur le plan physique, économique, éducationnel, etc. l'histoire de la "loi du plus fort" et ses multiples variantes.

Je sais, c'est un peu darwinien comme point de vue...

Bonne journée
Merci pour la réflexion sur ce sujet, Judith.
Il y a une chose qui me dérange dans celle-ci néanmoins :
l'idée d'origine qui sous-tend votre raisonnement est que la femme serait mère, et l'homme serait père.

Or vous pourriez élargir votre raisonnement en ayant à l'esprit qu'avant d'être père ou mère,
les humains sont des individus au cheminement unique.

Par exemple, j'aime bien les exemples, les inégalités que subissent les femmes existent en dehors de toute maternité.
Avant que la jeune femme soit mère et ensuite même si elle ne fait pas d'enfant par choix.

Vous participez malgré vous à l'injonction implicite courante dans notre société, "soit mère ou tu n'es rien".
J'exagère pas mal ici, certes. :-)

La liberté de la femme ne finirait-elle pas là où nous serions contraintes de nous résumer à notre maternité ?
Toujours conquise par vos articles Judith, merci.
Et si on instaurait la journée des mères qui ont des garçons ?

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