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Commentaires

Journalisme de choc sur France 2

Le choc. Même titre pour L'Huma et Le Figaro. Et si seulement c'était la première fois !

Derniers commentaires

Pour ajouter un peu à la confusion générale, la rubrique de Paul Krugman ce matin dans le New York Times.

VSPs and the FN

VSP, c'est les princes qui nous gouvernent.
les faits-divers anxiogènes montés à la Une par le 20 Heures pourraient bien, qui sait, ne pas être non plus totalement étrangers au phénomène.

C'est incroyable de voir un journaliste s’interroger sur les raisons de la montée du FN en renvoyant la balle à ses collègues. DS n'imagine même pas une seconde faire partie lui même du phénomène, lui qui, comme toute sa caste, tape à bras raccourcis sur Mélenchon à la moindre occasion.
Et ben ouais, quand on serine au gens que rien ne peut remplacer l'UMPS, faut pas s'attendre à autre chose.

Qu'est ce qui peut pousser ces bourgeois à mépriser autant la vraie gauche?
Je vais finir par croire qu'il n'y a que le fric qui les intéressent...
Ils désirent pathologiquement ceux qu'ils vomissent, et peuvent flinguer ceux qu'ils se voient dans la glace.
Je vais vous dire un truc ! Et ça ne va pas plaire !

Mais honnêtement, autour de moi, à part les gens qui sont fortement politisés, tout le monde s'en fout, du résultat des élections.

j'ai essayé d'en dire un mot à la cantine de mon boulot, et visiblement, ça n'intéressait personne... Pourtant, d'habitude....

Ce n'est pas la première fois que ça arrive, la poussée du FN, et ça s'est toujours arrangé, mais les problèmes de fond ne s'arrangent pas.
D'ailleurs, quels sont-ils, ces motifs qui poussent certaines personnes à voter FN ? Ils sont multiples et variés, et d'après moi, ils ne sont jamais dits explicitement. Mais comme je n'ai jamais pensé à voter FN, je n'en sais rien. La seule chose dont je suis sûre, c'est qu'avoir une attitude méprisante envers les électeurs du FN, c'est totalement contre-productif...
Il est vrai que la "une" de l'Humanité est nulle, mais dire de ce journal "Trente ans de manchettes aussi grasses que creuses. Trente ans de manchettes qui n'expriment rien d'autre que sidération, impuissance, incompréhension, œil rond, bouche ouverte, et par dessus tout, la trouille de fâcher quiconque." me semble parfaitement injuste.
Le commentateur Chavista parle ici des débats en Espagne et c'est exactement ce que je m'apprêtais à faire après avoir lu l'article de Daniel Schneidermann.

Il dit "Mais je voulais avoir votre avis et l'avis des asinautes sur le débat des législatives en Espagne.
J'ai suivi hier avec gourmandise ce débat historique à 4 en Espagne ( Pour moi c'est vraiment historique dans ce pays) et combien j'ai été fier de ce peuple ."

Je viens juste pour ma part de regarder plusieurs interventions et je suis les actualités espagnoles. Et quand je "ré-atterris" en France, j'ai l'impression d'être pris dans une odeur de naphtaline à me faire vomir. Et je ne parle pas de voir Florian Phlippot venir déposer sa candidature à la préfecture, place de la République de Strasbourg, où son image vient étrangement se plaquer comme un négatif honteux sur celle de la libération et des combats qui eurent lieu sur cette place et dont la façade de la préfecture porte les marques, et l'on voudrait pleurer de honte, non je parle de ces débats qui sont téléguidés par ce parti haineux et dans lesquels se sont engouffrés les deux autres partis, montant les enchères à chacun leur tour, jusqu'à ce piteux projet de dénaturalisation (l'arme secrète, tremblez barbares, vous allez être privés du passeport, et svp ne riez pas, c'est sérieux, on va la faire cette loi, NE RIEZ PAS !!!...).

L'Espagne est à des années lumières. D'abord par le simple constat de la variété des sujets, par l'absence des fascistes, ces horreurs de fraîche mémoire.

Ici en France, les jeunes se jettent à la suite de ce parti qui parle d'enfermement, de rupture avec l'Europe, de retour aux valeurs sûres... je voudrais les voir ces jeunes revenir aux valeurs sûres, vont faire la gueule quand ils seront de quoi il s'agit.

Si Chavista est fier du peuple espagnol... il fait trop de mal de dire ce qu'on ressent pour la France et qui ramène à la dernière décennie de la première moitié du siècle dernier.
Le jeune est naïf ( natif), sa vision des médias est immédiate. La belle Marion n'a rien à voir avec Cruella, ça serait trop cruel. Mélenchon est vieux, violent, intello. Tout baigne.
ce qui a changé c'est qu'aujourd'hui 1 jeune sur 3 a voté FN, est-ce en rapport avec les fait que les cibles du vendredi 13 étaient justement les jeunes?
avant c'était plutôt la jeunesse emmerde le front national ( ça se passe à prtir de 2min47)
La constance du jardinier n'exclut pas, au contraire, le troisième degré.
Le choc actuel est sans doute plus dans le fait que l'intégralité des leaders des "grands" parti reprennent à leur compte les idées du FN ...
Arrêter de dauber sur les journalistes. Quand ils s'en donnent vraiment la peine, ils savent décrypter les enjeux de la politique, les vrais. La preuve ? Tous les bons décrypteurs ont saisi, dès hier soir, toute l'importance de la déclaration solennelle de Nicolas Sarkozy au 20 h de TF1 : ""C'est pas 'passe-moi la salade, j't'envoie la rhubarbe' !"
Alors, camembert !
"Qu'est-ce que vous vous dites personnellement au moment de voter à gauche ?"

"Je me dis faut que ça change, il y a de la misère pas loin"
"Mais ici, par exemple, est-ce que vous avez été, concrètement, touchés par la misère, le chômage ? Concrètement ? Ici." "Oui" "Quand ?" "Ben y'en a partout". "Mais vous ? Vous ?" "Oh non parce que moi je suis tranquille, j'ai un CDI, je suis proprio, je m'en sors". "Donc vous n'avez jamais eu de problèmes ?" "Oh non, parce que j'ai eu la chance de faire des études, de trouver un job rapidement." "Mais ça vous est déjà arrivé le chômage ?" "Non pas moi." "Donc si je comprends bien, pour vous, il ne se passe pas grand chose". " Mon boss me gonfle, mon salaire augmente peu". "Et tout ça, ça vous conduit à voter à gauche ?" "Oui mais madame/monsieur, comprenez bien que si je vote à gauche c'est aussi par peur que les choses se dégradent".

Conclusion:
Ce n'est pas uniquement par rapport à ce qui nous arrive dans notre vie que l'on vote pour tel ou tel parti: c'est aussi par la crainte de ce qui pourrait nous arriver, que ce soit justifié ou non - entre autres choses...
Au rebond :

Sur France Inter ce matin, Hervé le Bras, invité du 7/9 :
"Ça m’a frappé en reprenant la géographie du FN depuis plusieurs élections, il y a quelque chose de l’ordre de la rumeur, le FN se répand plus dans les zones de grande circulation. Il est devenu difficile de raisonner avec le FN. On vous assène des évidences."
http://www.franceinter.fr/emission-le-79-herve-le-bras-le-vote-fn-est-devenu-presque-arrogant

Dans le même ordre d'idée, reportage entendu sur radio france ce ouik-end ou le week-end dernier dans une ville où une manif d'identitaires anti-migrants se voyait bloquée par une contre-manifestation. Il était question, à l'occasion d'une interview d'un pékin d'une agression d'un buraliste par un migrant s'avérant tout à fait "fantaisiste" une fois le-dit buraliste interviewé.


Ca n'épuise pas la question de la sécurité, et/ou de son ressenti, mais bon, c'est toujours payant de gratter un peu.
Wittgenstein : " en matière de morale, tous les bavardages m'insupportent, surtout les bavardages philosophiques, quand tout est aussi clair qu'une gifle" Les débats actuels autour du vote FN sont obscènes. Le FN est immoral, point barre.
Moi j'aurais demandé : avez vous lu le programme du Front National ? Ici http://www.frontnational.com/le-projet-de-marine-le-pen/
Moi je l'ai lu; il y a bien sur des trucs du genre extrême; sur un état fort, sur la sécurité, par contre sur l'euro je suis surpris que ce soit le seul parti a proposer la suppression de la loi de 1973 qui oblige l'état a emprunter aux banques, et aussi a refuser de payer un seul centime a l'Europe?
Vu de loin on dirait la grande bandaison nationale
Ouui oui oui

Il y a bien les 2 aspects le traitement de l'information en générale et l'information politique en particulier.
Ca fait bien longtemps que je me désespère du travail des média qui outre le rapport systématiquement anxiogène de leur traitement de l'information ont totalement oublié l'abord rationnel. Réfléchir à un évènement en s'en détachant un peu n'est pas vendeur donc plus dans le focus
Il faut de la peur, de la révolte ou de la colère...
Pourquoi, comment n'est jamais questionné, parler le plus directement et le plus rapidement au consommateur c'est émouvoir et non faire réfléchir.
Le 4ème pouvoir forme tout de même les esprits par répétition et il faut un certains degré de résistance pour ne pas sombrer dans ces réactions purement émotionnelles.

Pour le débat politique, le constat est pour moi encore plus atterrant
Lorsque je mets bout à bout, la sortie de nulle part de Ségolène Royale qui devient d'un coup présidentiable,
les primaires socialistes, où dans les commentaires d'après débat on entendait "Hollande le nouveau Mitterrand écrase ses adversaires" (je n'avais pas dû voir le même débat), car M. Hollande a tout de même une constante, son charisme...
La mise hors jeu systématique des candidats qui proposent d'autres idées, lorsqu'ils sont invités on ne leur parle que de leur position par rapport au candidats mainstream, ou de la dernière petite phrase qui a représenté 10s sur un discourt de 1h30, mais jamais des idées.
Ils sont finalement systématiquement traités de populiste, voir fachiste pour le plus récent M. Mélanchon y a droit bien souvent,
là où on rigole pour ceux qui ont de la mémoire, même Bayrou y a eu droit.
On peut ajouter l'éditorial de Colombani qui affirmait que la france devait être bi-parti en excomuniant par la même M. Bayrou

Conclusion une machine médiatique qui interdit toute réelle réflexion, interdit tout questionnement et sélectionne les candidats éligibles
J'appelle ça de la propagande, que les journalistes aient une image aussi dégradé que les politiques n'est donc pas surprenant.
Heureusement il reste quelques ilôts d'irreductibles, c'est bien pour ça que je suis abonné ici, mais cela concerne bien peu de journalistes et bien peu d'électeurs
Je vomis le FN, mais la question de France 2, de savoir si les gens sont personnellement touchés par les thèmes du FN est vraiment stupide, ou plutôt c'est le degré zéro, bien à l'image de l'incompétence des observateurs à saisir le problème.

En quoi être touché par un problème dans sa vie quotidienne légitime ou pas un vote ? N'importe quel électeur a le droit de voter pour des raisons qui le touchent directement mais aussi pour d'autres qui le motivent plus indirectement. De plus en plus d'électeurs FN assument parfaitement de voter pour leurs "principes", pas leur expérience. La démarche est-elle condamnable ?

Se pose évidemment la question de la fiabilité des infos/rumeurs qui permettent à chacun de se forger ses principes et ses opinions, mais convenons que c'est une autre question qui mériterait d'être traitée à part, et qui d'ailleurs ferait bien mal si elle était posée sérieusement au journalisme audiovisuel.

A ce sujet, je propose très sérieusement un exercice à @si : reprendre l'ensemble des interview politiques radio et/ou télé, disons, des 15 derniers jours et de ceux qui viennent (il faut de l'abnegation, je le concède...). Comparer le temps consacré dans chaque interview ( ou le nombre de questions) à la description des programmes des candidats à celui consacré à la stratégie électorale. Je prends les paris que moins du quart du temps est consacré aux programmes. Là, il y a une vraie responsabilité des journaliste à fabriquer de la politique vide. Et désespérante. Pourquoi ? Parce que lire un programme c'est long, ça demande de bosser alors qu'interroger un homme politique sur "alliance/pas alliance/fusion/retrait?" est à la pportée du premier neurone de concombre venu.

Je trouve qu'@si remplirait une vraie mission conforme à son objet en installant un observatoire de la sorte. Le faire au long cours, en prévision de 2017, pourrait être édifiant. On pourrait même s'y mettre à plusieurs.

La politique, nom de nom, ça devrait d'abord être des programmes, et le temps d'en parler, et le temps de montrer comment on se différencie des autres. Or la politique retransmise par les médias audiovisuels, c'est la stratégie, les calculs d'épicerie, et le petit théatre des ambitions.

Je sais, on l'a dit cent milliards de fois déjà. Mais pourquoi, pourquoi, pourquoi ça ne changerait pas ?
Bien d'accord la politique est vidée par le questionnement médiatique, M. Barbier en est une caricature qui réduit le débat politique à une bataille de positionnement stratégique sur l'échiquier électoral.

Cet aspect existe aussi, mais ce n'est pas lui qui doit fonder le débat
+ le fait que le journaliste n'aurait jamais interrogé un électeur de PS ou des LR sur le même ton.
Eh ! Ho! Les journalistes ont suffisamment de mal à surveiller leur français, et vous leur demandez de surveiller leur ton ?
Ce qui amène à d'autres difficultés :
Les politiques vont alors utiliser leur temps pour parler de leurs promesses dont ils ne tiendront pas la plupart, ou bien de leurs réalisations passées qu'on a bien du mal à évaluer sereinement (par exemple, les 35 heures ou les réformes des retraites).
Le débat est un des principes fondamentaux de la démocratie, il faut poser les problèmes et les discuter.
Aujourd'hui, les élections sont organisées de telle sorte qu'il n'y a plus de débat publique après les présidentielles/législatives donc les promesses ne sont pas tenues.
Ce sera aussi quelque chose à changer mais je pense qu'il faut préférer les programmes aux stratégies dans la diffusion de la communication politique.
En quoi être touché par un problème dans sa vie quotidienne légitime ou pas un vote ? N'importe quel électeur a le droit de voter pour des raisons qui le touchent directement mais aussi pour d'autres qui le motivent plus indirectement. De plus en plus d'électeurs FN assument parfaitement de voter pour leurs "principes", pas leur expérience. La démarche est-elle condamnable ?
La question n'est pas de savoir si c'est légitime ou pas. En démocratie chacun vote librement et nul n'est tenu de justifier son choix.
Par contre il est intéressant de comprendre les rouages qui mènent à voter A ou B. En l'occurence de mettre en lumière que le problème n'est pas l'insécurité, mais le sentiment d'insécurité qui est générateur. Et toutes les polices et les tribunaux du monde n'y changeront rien. C'est au travers de médias et des politiques que nait cette insécurité irrationelle.
Bonjour, je suis d'accord, mais ma remarque était un peu parallèle à cette question, en fait.

Le journaliste du reportage reste collé à l'interrogation "êtes-vous particulièrement touché par les problèmes?". Il a l'air tout à fait heureux de démontrer que ce n'est pas le cas. Regardez cependant ce que lui répond la secrétaire-médicale-propriétaire-de-sa-maison-et-de-sa-belle-voiture : je n'ai pas de problème, mais je veux changer le système. Ca nous fait du mal de l'entendre, car ça veut dire qu'elle vote de manière consciente, déterminée, et pas parce qu'elle vient de se faire agresser au coin de la rue.
Les journalistes de son genre sont encore coincés dans les années 1980 à penser/espérer que les électeurs FN soient une frange résiduelle de primates demeurés et avinés, qui pourraient rentrer sagement dans le rang en s'excusant humblement de leur ignorance si on leur montrait que 2+2=4.
Qu'ils se réveillent : à 30% des votes, un grand nombre des électeurs FN, voire une majorité d'entre eux vote par adhésion à un système de valeurs. Et c'est glaçant, parce que c'est exactement ce qu'on attend d'un électeur : qu'il vote avec une vision large, et pas restreinte à sa petite vie. C'est là le travail inouï qui attend la gauche en particulier et les républicains en général : reconstruire un récit qui montre qu'un autre système de valeur est possible.

Au passage un petit truc : cette secrétaire médicale lache qu'elle vote FN par dégoût de l'injustice, et elle semble sincère. Il va falloir réfléchir très fort, très longtemps, tous ensemble, à l'habileté redoutable du FN pour avoir réussi à incarner cela aux yeux de pleins de gens, alors que son programme est le plus inégalitaire de tous. Ici par exemple, le mot "injustice", puisé dans le vocabulaire social (les pauvres qui trinquent), a été détourné vers une acception éthnique (les français dits de souche qui trinquent).
C'est à la fois complètement dégueulasse et redoutablement intelligent : ca permet de légitimer des sentiments de haine ou de peur de l'Autre, sous un vernis de maturité politique (puisqu'on ne pense pas qu'à soi) et même de noblesse d'âme (l'injustice, c'est pas bien).

Il y a donc au moins deux grosses urgences : (1) repenser collectivement le socle de valeurs que l'on doit réaffirmer, réinvestir, ou réinventer face au FN et (2) construire le récit qui incarne cela.

Penser que l'éventuelle amélioration de la situation économique palliera ces efforts est suicidaire, justement, précisément, parce qu'on n'en est plus au stade du chomeur-qui-vote-FN-par-sentiment-d'abandon. Celui là n'est qu'une composante du FN. Si on laisse s'enkyster un air du temps qui décomplexe les gens d'avoir des valeurs inégalitaires, ils les garderont longtemps même quand la situation "s'améliorera" (comme on dit). Quand on se met à assumer ce genre de valeurs, c'est comme le goût du sang, ce n'est pas pour revenir dessus facilement...
Regardez cependant ce que lui répond la secrétaire-médicale-propriétaire-de-sa-maison-et-de-sa-belle-voiture : je n'ai pas de problème, mais je veux changer le système. Ca nous fait du mal de l'entendre, car ça veut dire qu'elle vote de manière consciente, déterminée, et pas parce qu'elle vient de se faire agresser au coin de la rue.

Qu'ils se réveillent : à 30% des votes, un grand nombre des électeurs FN, voire une majorité d'entre eux vote par adhésion à un système de valeurs. Et c'est glaçant, parce que c'est exactement ce qu'on attend d'un électeur : qu'il vote avec une vision large, et pas restreinte à sa petite vie.


Le problème est que "systême de valeur" et "mode de vie" ne sont pas autonomes: ils sont intrinsèquement liés.

C'est la thèse du géographe J Lévy, qui a constaté une corrélation très forte entre gradient d'urbanité et vote FN: c'est le péri-urbain qui vote FN, entre 30 et 40 km d'une agglomération (thèse du vote "barbecue" ou du vote "Auto Plus", en gros le beauf pavillonaire à 2 bagnoles, dont le seul rapport politique à la collectivité se résume au 13 heures de TF1 et à la lecture des faits divers de la PQR).


http://www.slate.fr/story/56885/vote-barbecue-vote-fn


Or le mode de vie en milieu péri-urbain, bien qu'il regroupe tout l'éventail des catégories sociales, est très spécifique (propriété individuelle, 2 ou 3 bagnoles, déplacement pendulaires, absence de sociabilité locale, cauchemar pavillonnaire individualiste, désert culturel, invisibilité médiatique etc...)


La question qui se pose est de savoir si cet habitat qui représente le terreau naturel du FN reflète en lui-même des valeurs favorables à la radicalité de droite (refus de la sociabilité urbaine, valorisation de la propriété individuelle, ultra-individualisme, fuite des quartiers à présence étrangère) - c'est la thèse de Levy - ou si c'est simplement une situation subie pour des raisons matérielles qui favorise le vote FN (les électeurs FN de ces quartiers exprimant ainsi leur ressentiment face à leur relégation et à leur conditions matérielles - prix de l'essence, absence de services publics de proximité par exemple).

Dans les deux cas, il est impossible de séparer définitivement "valeurs" et conditions matérielles d'existence.
Je suis d'accord, mais bon, vous voyez, à Paris 10ème et 11ème, on vient de se prendre 130 morts dans la gueule, on a des sirènes de police 24/24, et on n'a pas voté FN pour autant. On vient même de coller leur coller une danse notable. Donc on peut quand même "un peu" séparer les choses.

Mais jamais complètement, j'en conviens volontiers. Merci pour le lien.
Jarogne, 1er prix de marxisme. ( c'est un compliment, et ça le sera de plus en plus).
Merci, c'est très intéressant. Lévy a commencé à observer cette géographie avec le vote "non" en 2005. J'ajouterais à son analyse et à la vôtre, pour connaître un peu ces quartiers péri-urbains ou rurbains : le refus de l'impôt, l'antifiscalisme primaire - qu'on a pu voir entretenu ces derniers temps par des ministres socialistes, et bien sûr par la droite et les grands médias : tv, magazines politiques honorables du type Le Point (ah son dossier en ligne "La France, l'enfer fiscal") ou l'Express, etc.

C'est aussi ce qui attire chez le FN, lequel combine un programme plutôt proche sur le papier des LR et de l'UDI, d'un côté, et de l'autre des déclarations et des vidéos fracassantes comme celle-ci (par le jeune Florian Philippot, issu de HEC et de l'ENA, déjà député européen, et qu'on aura sans doute comme président de région vu la bêtise politique du centriste Richert qui a refusé de faire un geste en direction de la gauche et des écologistes).

Donc il y a deux votes FN périurbains : un plutôt aisé, mais pas complètement, l'autre plutôt précaire, mais pas complètement - cf. aussi les propos de Céline Braconnier lundi à la Grande Table, elle est co-auteure avec Nonna Mayer de cet ouvrage, Les inaudibles. Le malheur est que ce groupe non homogène, seul le vote FN semble en mesure de le re-solidariser, en partie par son discours de peur, ou anti-fiscal, ou anti-européen, anti-bobo, etc.
C'est aussi ce qui attire chez le FN, lequel combine un programme plutôt proche sur le papier des LR et de l'UDI, d'un côté, et de l'autre des déclarations et des vidéos fracassantes comme celle-ci

N'oubliez pas aussi que le programme du FN contient aussi des propositions "socialistes":

« Un Etat fort capable d’imposer son autorité aux puissances d’argent. Des protections face à la concurrence internationale déloyale. La nationalisation, même partielle et temporaire, des banques. Une taxe mondiale sur les transactions financières. Une profonde réorientation de notre politique économique, prise en charge par l’Etat, indispensable pour accroître le niveau de vie de tous. »

(programme officiel de Marine Le Pen)

S'il est évident que ce discours gêne aux entournures l'électorat classique du FN (nourri au poujadisme et à l'ultralibéralisme du FN des années 1980-90), il a l'avantage de drainer massivement les catégories précaires, ou peut-être encore plus précisément celles qui ne le sont pas encore, mais se sentent menacées par le déclassement.

Voir https://lectures.revues.org/823

C'est toute l'ambiguité des classes moyennes et populaires du péri-urbain: elles sont "arrivées" à un certain niveau (accession à la propriété), échappant au sort des classes pauvres vivant en logement collectif en proche banlieue - notamment au voisinage des population d'origine immigrée - mais au prix de sacrifices financiers exorbitants en période de récession et de stagnation des salaires (remboursement des emprunts immobiliers, voitures particulières, coût de l'essence).

Elles sont partagées entre le désir d'une plus grande "protection" (contre les délocalisations et la mondialisation en général), de politiques actives d'emploi et la nécessité de maintenir un niveau de vie difficilement compatible avec le chômage et la stagnation des salaires réels - d'où le "ras le bol fiscal", largement entretenu par le PS lui-même par ailleurs!

Cette incohérence, loin d'être un obstacle à l'avancée du FN, permet au contraire de ratisser large, tout en bénéficiant d'un climat politique et médiatique largement favorable aux thèmes de la sécurité et de l'immigration, qui demeurent les deux piliers idéologiques.

Pourtant ce n'est pas le taux d'"exposition" réelle à l'insécurité qui explique le vote FN: en matière de sécurité, on sait depuis longtemps que la délinquance est avant tout un phénomène urbain, et non pas péri-urbain, comme le montrent la comparaison des statistiques en zone police (agglomérations de plus de 20 000 habitants) et zone gendarmerie (rural et péri-urbain):

Atteintes volontaires à l'intégrité physique:
https://echogeo.revues.org/docannexe/image/13812/img-2-small580.jpg

Vols:
https://echogeo.revues.org/docannexe/image/13812/img-3-small580.jpg
J'ai plutôt cru comprendre que Lévy se reporte aux référendum sur Maastricht, 1992.
Ce qui explique beaucoup mieux le reste, puisqu'à cette époque 'bénie' tout le monde, surtout à gauche, était bien chaud pour renforcer les liens entre Européen(ne)s.
Votre première ligne m'a tout de suite fait tiquer. Moi, j'ai voté 'non' en 2005, comme beaucoup, beaucoup de gens de gauche, du temps où ce mot politique signifiait encore quelque chose. Si Lévy avait basé ses recherches sur 2005, cela aurait été croustillant.

N.B.: "anti-européen" ou encore "-bobo" n'est pas non plus une attitude qui se révèle être propriété exclusive de partis d'extrême-droite, ou supposé tel. En ce qui concerne un Anti-cette-Europe-ci en tous cas.
En 2005 le discours alter mondialiste / alter européen était encore audible, et il a suscité beaucoup d'espoir, il a mené à une grande victoire.
Mais aujourd'hui, il n'y a plus de débat possible, celui-ci étant systématiquement pourrit par les extrémistes de chaque camp, les euro béats d'un côté, et les nationalistes / anti européens de l'autre.
Ce qui fait que toute alternative au faux clivage pro UE / quitter l'UE est devenue inaudible, Les débats sont réduits à peau de chagrin. L'obscurantisme règne.
Il n'y a plus d'espoir.
Les rumeurs du voisinage.. C'est sur, les insultes, les agressions, le trafic de drogue, les vols de portable, les cambriolages, ça n'existe pas. C'est un sentiment d'insécurité tout ça ^^
Merci asi et France 2 pour votre perspicacité parisienne. Je pense que beaucoup de gens se sont sentis renforcé dans leur vote FN après ce reportage qui met en opposition un journaliste parisien déguisé en campagnard (et qui n'a jamais "agressé" un politique de la même façon) et la petite dame qui ne demande qu'à vivre tranquillement.
« On aurait déjà pu faire les mêmes reportages, exactement les mêmes, dans les années 80… ». Mais on les a fait ! On y a droit très régulièrement. Le micro-trottoir, bien utilisé, est un outil simple, efficace et redoutable (voir les parodies jubilatoires de Groland). Et il me semble que les « interviews » d’électeurs du Front National des « paisibles bourgades » constituent un marronnier commode (particulièrement entre premier et second tour d’élections pour expliquer les chocs).
Cela n’explique pas tout ! Par exemple, pourquoi le vote FN progresse particulièrement dans les régions touchées par la désindustrialisation et le chômage ? Ce sera sans doute l’objet d’un prochain « œil du 20 heures » ;o)
Daniel , merci pour cet article pertinent .
Mais je voulais avoir votre avis et l'avis des asinautes sur le débat des législatives en Espagne.
J'ai suivi hier avec gourmandise ce débat historique à 4 en Espagne ( Pour moi c'est vraiment historique dans ce pays)
et combien j'ai été fier de ce peuple .
Ce peuple qui subit le chômage, la pauvreté, l'immigration,les menaces terroristes , les aspirations indépendantistes de certains :Et pas un représentant de l'extrême droite dans ce débat (tant mieux d'ailleurs) .
Par de burka halal à toutes les sauces ( bien que la constitution espagnole stipule que Les pouvoirs publics tiennent compte des croyances religieuses de la société espagnole et maintiendront les relations de coopération poursuivies avec l'Eglise catholique et les autres confessions.
Le sujet de l'immigration a été traité, je dirais même effleuré par rapport aux autres sujets qui préoccupent réellement le peuple espagnol .
Je remercie infiniment ce peuple et sa démocratie de m'avoir permis de me coucher ,tard, mais avec un bon bol d'air frais , ce qui m'a permis de récupérer de l'asphyxie de l'air nauséabond venant du nord et du sud de la France de la nuit de dimanche !
Hier soir chez Calvi, on devisait gravement du phénomène, en se demandant pourquoi le courant de gauche (hors PS) avait disparu des écrans radars. Il y avait là les experts habituels de l'émission, Thréard, Cayrol, Teinturier, avec J.Y. Camus en plus, puisque l'extrême droite était au centre des préoccupations. Bien entendu, il n'est pas venu à l'esprit (l'esprit !) de Calvi que déjà, dans sa propre émission, ce courant d'opinion était totalement exclu. De cette émission, et de presque toute la télé grand public. Mais chez Calvi, la gauche de la gauche, avant qu'il ne se décide à passer la ligne, c'était Reynié, il n'y a pas si longtemps. J'aime bien quand les journalistes s'étonnent (hypocritement) de ce que des mouvements comme Podemos et Syriza marchent bien ailleurs, et que des groupes comme Nouvelle Donne restent invisibles chez nous. Ils devraient s'affilier à Podemos : Pabo Iglesias est nettement plus connu chez nous que Pierre Larrouturou.
"Passe moi la salade j't'envoie la rhubarbe" Proverbe hongrois ? A moins qu'il ne soit italien... "occupé ailleurs le cerveau. Où ça?" Voilà, Cultive, une suggestion. Occupé à comprendre ce que suggérait un certain "grand" philosophe politique....
" Le poids des mots, le choc des photos" titra jadis Paris-Match. Imagine-t-on un organe de presse titrer un jour " le poids" ?
Des idées qui nous rentrent par les oreilles et ressortent pas la bouche, sans passer par le cerveau. Occupé ailleurs, le cerveau. Où ça?
ça me rappelle l'édito du Monde hier soir, qui parlait de la "responsabilité des partis qui gouvernent depuis des lustres" (sic) mais n'évoquait nullement celle de la presse écrite, radio ou télévisée.

L'aggiornamento des médias, on l'attend de pied ferme, bien plus que "l'aggiornamento de la gauche" auquel le politologue engagé par Libé appelait dimanche soir - alors que le vrai problème pour la gauche de pouvoir, c'est de rester de gauche et de se pencher vraiment sur la question du chômage de masse et des inégalités socio-spatiales...

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