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Interviews relues : ce moment où les journaux choisissent leur camp

"On comprend pourquoi ils sont subventionnés" : c'est la réaction lapidaire d'un tweetos

Derniers commentaires

Daniel, je suis complètement d'accord avec vous ! Comme ce n'est pas toujours le cas, je suis heureux de pouvoir le noter !
Mauvaise nouvelle : Myriam El Khomri va mieux.
Accepter ou pas les relectures, les signaler ou pas au lecteur...

Et pourquoi pas demander une presse libre, tant que vous y êtes !
Le problème en effet est lorsque les changements ne sont pas indiqués. Si ce ne sont que des effets de style, va. Mais lorsqu'un premier ministre met dans la bouche de son ministre des propos que celui-ci ou celle-là n'a pas tenus et qui peuvent avoir des effets sur l'avenir de cette personne ou qui sont tout simplement contraire à ce que cette personne soutient ou défend, alors les choses sont plus graves car il en va de la morale du correcteur.

Quand ce ne sont que des effets de style, on est tout simplement dans le cas de millions d'exemples comme ces hommes politiques qui vous sortent un livre par an dont ils n'ont pas écrit le moindre mot. Seules leurs idées ont servi et quelqu'un les a mises en musique ou plutôt, dans le meilleur des cas, leur a plaqué un accompagnement musical.
C'est une vraie question, qui n'a pas des réponses simples comme on peut le lire dans certains des commentaires ici ou sur la page de l'enquête.

D'abord, une interview ne peut être une retranscription verbatim de ce qu'a prononcé l'interviewé, pour des raisons évidentes que certains ont rappelé. Un journaliste n'est pas un enregistreur, il y a un travail à faire qui peut être, effectivement, d'enlever ce qui lui semble n'avoir pas d'intérêt ou de pertinence, être trop long sans utilité, faire doublon (il arrive très souvent que les interviewés répètent plusieurs fois la même idée), etc. L'essentiel est de retranscrire fidèlement à la fois l'esprit et le fond de ce qui a été dit.
Mais en faisant cela, on peut parfois enlever une idée essentielle pour l'interviewé, on peut reformuler d'une manière qu'il estime moins précise ou moins claire (et c'est parfois le cas), il peut même parfois apporter des précisions très intéressantes qui ne lui étaient pas venues à l'esprit et qui ont pourtant un véritable intérêt pour le lecteur.

Donc oui, je pense que dans la plupart des cas, il faut faire relire l'interview. Mais évidemment, les modifications ne peuvent être que de pure forme, ne doivent rien censurer de ce qui a été dit, doivent ajouter et pas retrancher. Ça aussi c'est le rôle du journaliste de l'estimer.

En revanche, il faut absolument refuser que l'interview soit relu par un tiers et encore moins par le patron de l'interviewé. C'est vrai que c'est un point auquel je n'avais pas forcément pensé. Si on a le moindre doute, il faut alors le faire relire en direct, en le revoyant, et sans lui laisser le texte.

Si toutes ces conditions sont réunies, je ne vois pas bien l'intérêt de dire "l'article a été relu". En revanche, si la relecture modifie le sens de l'interview, soit on ne le publie pas, soit on signale qu'il a été profondément modifié...

Personnellement, je relis toujours les interviews que l'on fait de moi, et toujours en m'interdisant de modifier le fond. En revanche, parfois sur la forme, je m'aperçois que le journaliste a mal noté, ou qu'il n'a pas compris ce que j'ai dit, et je trouve légitime de pouvoir rectifier.
" ça ne devrait juste pas être possible"...
"je trouve ça juste normale"
"c'est juste que mon appareil a capté l'instant "

Après le chikungunya, après la dingue, après la grippe aviaire, serions-nous en train d'assister à une nouvelle épidémie ?
Pour son livre d'entretiens avec Billy Wilder1, Cameron Crowe avait dû lui promettre qu'il pourrait vérifier ses propos avant la publication. Finalement, le moment venu, Billy Wilder refusa de relire le manuscrit : « Comme ça, je pourrai toujours dire : “C'est n'importe quoi, ce truc !” »


1. Billy Wilder fut journaliste dans sa jeunesse. Pendant cette période, il fut amené à interviewer Sigmund Freud. Bien que brève, cette rencontre fut très importante, estime Manuel Periáñez : « Freud aboutit au grand succès thérapeutique, un de ses rares d'ailleurs, que constitue le fait d'avoir changé le vil plomb du journalisme de chien écrasé en l'or pur du cinéma des comédies américaines de grande époque. »2
2. Manuel Periáñez, « La Blitz-Analyse de Billy Wilder, analyste actif malgré lui », publié dans la revue Le Coq-Héron, 1988, n° 109, La vierge des brumes, pp.43-54.
"plus aucune interview (...) ne parait aujourd'hui dans la presse écrite, sans qu'elle ait été relue par l'interviewé lui-même (...)"

C'est bien la moindre des choses, non ???
Publiez vous les "Euh...", les "Bon, écoutez....", les "Aaafff, voui, mais non" ?
Non, bien sûr, vous réécrivez l'interview. Vous le raccourcissez, en général. Vous reformulez les phrases, avec le risque d'en dénaturer le sens. Et vous demandez que l'interviewé n'ait pas droit de regard sur ce qui sera publié ???

Revendiqueriez vous le droit de faire du "Bourdin" ? Ou, pire, de faire dire à un interviewé le contraire de ce qu'il a voulu dire ?

"(...) ses communicants, voire, comme dans le cas de El Khomri, ses supérieurs."

Là, c'est un vrai problème ! Mais il n'a rien à voir avec le précédent.
Le droit à la relecture, je suis pour avec certaines limites.
Explication.
Une interview est rarement rendue verbatim. Pour cause de place dans le journal, pour cause de temps disponible à la radio, à la télé, le texte va être retouché. Le journaliste détient donc un pouvoir sur l'interviewé. Il est donc logique que l'interviewé puisse ensuite relire/revoir, évidemment assisté d'un collègue, d'un conseillé, son interview. Si le journaliste estime que le texte ainsi relu diverge trop du sens initial, libre à lui de refuser de publier ou de ne pas publier sous forme d'interview.
Il reste aussi l'option de la caméra caché. Le journaliste peut alors se passer de l'opinion de l'interviewé, mais celui-ci peut en toute liberté nier que les propos entendu étaient exactement les siens, invoquer des coupures, montage, etc. Dans le cas où l'interviewé a relu l'interview, on estime qu'il assume pleinement les conséquences de ses paroles.
Que reste-t-il pour le journaliste ayant eu son interview "férocement relue"? L'option de faire du journalisme d'investigation, d'opposer les mots de l'interviewé à des réalités, des faits établis hors de l'interview. Le Canard Enchaîné en est un bon exemple. Peu d'interview, beaucoup de faits.
C'est la raison pour laquelle je ne lis plus la presse écrite institutionnelle et subventionnee ,comme les infos teles ou radios,que des mensonges et langue de bois des politiques et je me sens mieux informé en vous lisant ainsi que Mediapart,continuez sur la même ligne cordialement
Une question me taraude.
Relire les entrevues, soit.
Doi-on aller jusqu'à retoucher les photos. ? Vous savez, celles qui viennent pour appuyer le poids des mots.

"On comprend pourquoi ils sont subventionnés" : c'est la réaction lapidaire d'un tweetos à notre enquête de cette semaine, sur la pratique de la relecture d'interviews par des politiques, qui en suppriment des passages, en rectifient d'autres, et parfois en rajoutent...

Oui, tous le monde a le droit de maitriser sa parole public.
Mais ce n'est plus une interview, c'est une publi-communication.
Une interview de Kamel Daoud dans le quotidien le Temps d'Algérie.
La pétition d'universitaires dont il est question ci-dessous, est parue dans le Monde le 12 février, suite à deux articles de Daoud dans le même journal, sur les évènements de Cologne.

Kamel Daoud affirmait notamment que "le sexe est la plus grande misère dans le monde d'Allah" et que "la femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée". "Aujourd’hui, avec les derniers flux d’immigrés du Moyen-Orient et d’Afrique, le rapport pathologique que certains pays du monde arabe entretiennent avec la femme fait irruption en Europe", avait-il par ailleurs écrit.
"Que des universitaires pétitionnent contre moi aujourd'hui, à cause de ce texte, je trouve cela immoral : parce qu'ils ne vivent pas ma chair, ni ma terre", écrit le romancier dans une lettre à son ami, l'essayiste américain Adam Shatz. Le prix Goncourt du premier roman en 2015 juge également "illégitime que certains (le) prononcent coupable d'islamophobie depuis des capitales occidentales et leurs terrasses de café où règnent le confort et la sécurité"
(extraits d'un article du Huffington Post).
Perso moi aussi je trouve ça normale de relire , combien de fois en discutant de sujets qui nous touche profondément , nous nous trompons , nous nous enflammons et allons plus loin que notre pensée, je trouve ça juste normale. Le délire qu'il faudrait de la VRAI discussion est un fantasme, qui que nous soyons nous pouvons dire qq chose qu'on a pas envie de dire ou se tromper. Arrêtons aussi de vouloir un scoop, y a pas besoin , il suffit d'écouter entre les mots ,de lire entre les lignes, on a pas besoin des erreurs de comm pour nous faire une idée de qui est qui , l'humain est bien plu subtil que ça, mais les fainéants ou méprisants voudraient que les journalistes, que les interview soient de divan de psy . On a besoin des journalistes pour les enquêtes , pour débusquer des Faits, mais pour ce qui est de la psychologie ou des jeux de pouvoir pas besoin d'eux, nous sommes humains , nous faisons pareil avec notre entourage, les politiques sont comme nous, sauf que les cameras les films, et qu'on nous fait croire que c'est super important.
Si deja on tenais compte des faits connus , comme le rapport des mâles politique aux femmes, à l'argent, à leur éducation , si on regardait leur parcours vraiment, au lieu de leur redonner tout le temps une nouvelle vie, comme si leur vie (les nôtres) n'était pas d'un seul tenant, Hollande a toujours été a droite , pas besoin de quiproquo pour le savoir, les zelites en poussant a voter Hollande, se sont protégés d'une vrai politique de gauche , qui leur aurait fait payer des impôts , et maintenant on veut nous faire croire que c'est a cause des relectures , lamentable .
Autre problème : quand on lit une interview, c'est présenté comme si toutes les questions et l'intégralité des réponses était là. Ce qui est faux, il y a un choix qui est opéré par le journaliste. La forme fait donc dire à l'interviewé non pas ce qu'il a dit, mais ce que le journaliste a jugé important, pertinent, et ce qu'il a compris et parfois reformulé pour que ça tienne dans son papier. L'interview devrait être intégrale, ou ne pas être.
Le problème à mon sens c'est surtout qu'une autre personne que celle qui est interrogée puisse modifier le texte. Que ça soit son conseillé communication, son attaché de presse, le premier ministre ou Big Brother, ça ne devrait juste pas être possible.
"Et quand, dans une enquête pour @si -je parle d'enquête, car nous ne publions quasiment jamais d'interview écrite-, un interviewé, quel qu'il soit, sans distinction de statut ou de position sociale, nous demande de pouvoir relire ses citations, nous l'acceptons."

Et qu'en est il si c'est le superieur hiérarchique de l'interviewé qui demande à relire ? C'est dans ce cas là que la pratique peut être choquante je trouve.

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