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Inspectrice la bavure

Diable ! Suite aux bombardements la semaine passée de la coalition internationale menée en Syrie contre l’organisation l’Etat Islamique, plusieurs dizaines de civils – 56 dont 11 enfants selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme – ont été tués. Un crime ? Non, "la plus grosse bavure jamais commise par la coalition" selon Le Monde ou encore "la pire bavure" selon le site d’Europe 1.

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Petit truc pour les recherches d'usage de mots, Google Ngrams, qui fait des diagrammes historiques de taux de présence de mots dans son corpus numérisé.

Pour "bavure policière", ils ont quelques usages autour des années 50 mais ça ne débute vraiment que fin des années 70.

Si on fait une comparaison "bavure" et "bavure policière", on voit que le premier subit une hausse corrélée au second, et sans doute que ça traduit la mise en place du nouveau sens par rapport à un sens technique plus ancien (bavures d'encre, de soudure etc.).
Daech revendique la bavure de Nice.

Bon, dis comme ça, y a pas de quoi prolonger l’état d'urgence...
"C'était la guerre, et la mort, bien sûr. Mais c'était par erreur ; il manquait l'intention." Philip K Dick
Des rebelles syriens “modérés” ont décapité un enfant
L’opération étasunienne de « changement de régime » en Syrie a récemment enregistré quelques réussites.

La Force démocratique syrienne, un groupe essentiellement composé de Kurdes syriens parrainé par les Etasuniens, assiège la ville orientale de Manbij tenue par l’État islamique. Selon le commissaire des droits humains de l’ONU, 70 000 civils enfermés dans Manbij sont coupés de tout approvisionnement. On attend toujours les appels à cesser immédiatement le siège ou à larguer davantage de nourriture à ces malheureux. Que font tous les fans de R2P (responsabilité de protéger) de l’administration Obama et tous les groupes de propagande de l’opposition syrienne généreusement arrosés ? Que le États-Unis aient réussi à éviter toute question concernant ce siège est sûrement une réussite !

A la place de la nourriture, les États-Unis ont largué bien autre chose sur Marjib :
"Bavure" est à l'origine un terme utilisé pour désigner la peinture qui, mal séchée, se répand en dehors de la zone qu'elle était censée recouvrir. Le terme vient-ils du fait qu'elle coule maladroitement comme de la bave, ou de ce qu'elle coule à cause de quelqu'un qui a bavé dessus ?

Idem pour l'encre (à l'époque où on utilisait moins les Bics). Elle s'étale en dehors du tracé fin de la lettre.

Dans les deux cas, le liquide sort par erreur de la zone qui devait le circonscrire et ruine le but du peintre ou de l'écrivain en rendant les contours flous, dégueus.

C'est ce qui arrive quand la force censée être limitée à un cadre (légitime défense, bombardement d'un ennemi...) dépasse ce cadre (mort d'innocents). Le feu a dépassé les limites fixées par la société, a entraîné l'échec de tout ce qui devait justifier son utilisation.
Concernant les avocat "baveux", je crois que le terme peut venir du rabat qui ressemble à un bavoir.
Quel mot vous voudriez à la place de bavure ?
Crime affaiblirait la notion de crime de guerre que serait le ciblage volontaire et planifié de populations civiles.
Et par définition un crime est un acte "punit par la loi des hommes" ce qui n'est pas le cas pour les dommages collatéraux.
Accident serait encore plus euphémisant.
Homicide involontaire de masse peut être ? Mais si on regarde la définition juridique du terme ce serait dire que les bavures résultent de maladresses ou fautes d'inattention ou non respect des consignes, quand elles résultent bien souvent d'y avoir obéi, tout en ayant pas eu accès à toutes les informations (homicide involontaire = "maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement, la mort d'autrui").
Bavure à l'arrivée est je trouve un mot plutôt meilleur que les autres, qui sonne plus sale qu'accident, moins froid que dommage collatéral, et moins incriminant pour les simples exécutants qu'homicide, et a le mérite d'évoquer plutôt que faire oublier la tache de sang qui s'étend.
On dirait bien qu'on va avoir droit à du "forcené" aujourd'hui suite à la fusillade à Munich.
Je viens de déguster à l'instant un Bunnahabhain, un seul, pas six, mais je vous dis pas le nectar.
A faire baver tous les vrais amateurs de whisky.
Ce qui est surtout remarquable dans cette affaire c'est l'omission par l'intégralité des médias français d'une portion de la dépèche initiale qu'ils ont recopié, et qui mentionne que selon le gouvernement Syrien, c'est la France qui a mené cette frappe. Imaginez ça, une poignée de jour après les attentats de Nice, on aurais pu apprendre que le massacre de français par un islamiste faisait suite au massacre, dans les mêmes proportions de Syriens par nos Rafales le 12 juillet. Il m'est facile d'imaginer la tête du débat national et l'impact sur l'opinion qu'aurait eu une presse qui titrait là dessus à ce moment là.

De fait la presse française a non seulement (totalement) omis cette partie mais a de plus eu un (total) retard à l'allumage de 12 à 24h avec la presse mondiale (NYT etc.). Retard inexplicable tant en regard de l'horaire initiale de publication de la dépèche AP que du fait que les articles publiés n'en sont que des reformulations sans ajout (par exemple, sans avoir demandé au ministre de la Défense s'il démentait ou reconnaissait les accusations du gouvernement Syrien, ou s'il démentait ou reconnaissait les pertes civiles dont les chiffres viennent des sources qu'il croie sur parole quand il s'agit d'incidents similaires par l'aviation Russe ou Syrienne). Total, c'est à dire aucune exception, intégral: prenez n'importe quel média avec une salle de rédaction, toutes et tous ont reçu la dépèche, lu l'implication française selon les autorités syriennes, omis d'informer les français dessus, et pas une (zero, null, nada, 0) n'a été capable de publier l'info moins de 12h après le reste du monde. Bien sur, bien sur, il n'y a plus de censure militaire, même quand ce qui se passe ressemble exactement à ce qui arriverait s'il y en avait une. Bien qu'une telle censure ait été la règle et non l'exception par le passé, aujourd'hui tout est différent, bien mieux, le gouvernement est gentil, les journaux indépendants et courageux, on vit dans un pays libre. Tout le monde le sait.

Voilà voilà, Et @si ? Ben, @si omet tout pareil, puisque j'avais signalé et documenté ce qui précède à la rédaction d'@si Mercredi dernier. Au lieu de ça on a un article certes intéressant sur le mot bavure mais dont on sent bien qu'il n'a pas le même potentiel à critiquer là ou il faudrait la politique internationale de la France. J'imagine mal la censure militaire à @si. Alors pourquoi ? Mystère.
Pas mieux qu'Aloys, à ceci près que, pour être juste, on peut reconnaître que le bombardement de civils en Syrie n'est pas l'objectif de la coalition : ils visent avec une naïveté militaire certes largement fausse à cette altitude les seuls combattants EI ; alors que le bombardement de civils est bien l'objectif (comme moyen ou comme fin, c'est à débattre), d'après plusieurs sources concordantes, du régime de Bachar, et des forces russes qui l'appuient.
Notre démocratique état d'urgence peut se définir comme la légalisation des bavures : on voit donc l'importance du concept. On fait pas d'omelette sans casser des œufs, et une bonne omelette se doit d'être baveuse.

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