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François Cusset, et l'insurrection qui ne vient pas, d@ns le texte

L’insurrection, c’est maintenant: à Paris, aujourd’hui – ou un jour qui lui ressemble à s’y méprendre. Comment ne pas goûter un livre,À l'abri du déclin du monde (éd. P.O.L), qui nous offre ce fantasme? Vivre enfin, page après page, dans un immense élan lyrique, ces heures de mobilisation générale, toute division enfin résolue, les forces de la colère, du désespoir et de la résistance enfin réconciliées, enfin rassemblées, innombrables, aux portes de l’Elysée...

Derniers commentaires

Judith, je vous aime
Deux grandes intelligences dans une rencontre sans concession mais avec beaucoup de finesse et de respect, merci !
Il y en est croient encore qu'en février '34 La Roque a fait échouer la Révolution nationale parce qu'il a retenu ses troupes sur le pont de la Concorde.
Opposition d'idées consanguinité d'esprits : Croire que '68 a échoué parce qu'on n'a pas osé entrer à l'Elysée. Pas vous Judith, pas ça.

Judith, la merveilleuse, la lucide, la perçante Judith redevient une midinette quand elle parle de révolution.
Emission passionnante. Merci
J'ai lu récemment le roman de Ferrari qui, lui aussi, traite à sa manière de ces mondes que chacun porte en soi et qui "naissent, grandissent et meurent" avec soi.
Voir ci-dessous le copier-coller d'un texte de l'auteur, présentant et explicitant son projet :

[large]« J’IMAGINE QU'ILS VIENNENT DE DÉCOUVRIR DOULOUREUSEMENT que les mondes sont mortels mais ils n’arrivent pas encore à y croire et, pendant l’hiver 410, dans la cathédrale disparue d’Hippone, ils écoutent Augustin, l’évêque qu’ils aiment, le leur confirmer en une phrase limpide et cruelle : “Le monde est comme un homme : il naît, il grandit et il meurt.” Car, de la chute de Rome il faut d’abord tirer un enseignement sur l’effrayante fugacité des mondes dont l’épée d’Alaric vient alors d’apporter la preuve incontestable et brutale.

Rome n’est donc ici que l’un des multiples noms portés par le monde et je voulais poser à mon tour, avec ce roman et dans les termes qui sont ceux du roman, la question : qu’est-ce qu’un monde ? Chaque personnage a le sien, qui le sépare irrémédiablement des autres. Il y a un très vieil homme qui a traversé tout le XXe siècle à la poursuite de l’Histoire sans jamais la rattraper ; une jeune femme qui ramène à la lumière des vestiges enfouis et ne veut pas laisser la vie s’éteindre ; deux amis d’enfance qui reprennent le bar de leur village et cheminent côte à côte vers le désastre. Mais chacun d’eux répond à sa manière à la même question. En chacun d’eux se manifeste la présence ou l’absence d’un monde, avec les éléments qui en assurent la cohésion provisoire autour d’un centre de gravité trop fragile, et chacun d’eux, puisque un monde, quelles que soient son ampleur ou sa durée, doit naître, grandir et mourir comme un homme, vient porter témoignage à sa manière des origines et de la fin. Si Rome n’est que l’un des multiples noms portés par le monde, j’aimerais pouvoir penser que ce roman est exactement ce que son titre indique : un sermon sur la chute de Rome qui fait écho à ceux que prononça Augustin dans la cathédrale disparue d’Hippone pour consoler ses fidèles d’avoir survécu à la fin du monde. » Jérôme Ferrari[/large]
Vous avez eu raison, Judith, d'abandonner le décor artificiel de "D@ns le Texte", abrité (comme vous le dites) par Arrêt sur Images,
et de l'implanter dans un café (provisoirement peut-être, car il existe sûrement de "texteurs" provinciaux) parisien. Votre émission n'est pas une émission littéraire. C'est son caractère "hors formats" et la confrontation de votre personnalité de lectrice engagée avec vos interlocuteurs qui en font l'intérêt. Vous y apparaissez maintenant une peu plus comme une redoutable "débatteuse". On y sent vos complicités comme vos oppositions. La discussion peut frôler la dispute et c'est merveille de vous voir essayer de convaincre François Cusset qu'il y a encore possibilité de politique dans l'évanescence de la passion révolutionnaire qui n'en était pas une.
J'aime vos émissions.
ex soixante huitarde,et fière de l'être,je ne peux me reprocher l'échec de ce mouvement car j'étais très jeune,mais j'y ai tellement cru,que psychiquement,je n'arrive pas en m'en relever.C'était une vraie joie de vivre,tout le monde parlait à tout le monde.Ceux(et celles)qui n'avaient pas la parole auparavant pouvaient la prendre.On voit des films où des gens ordinaires s'expriment dans des théâtres,à la Sorbonne.J'y ai tellement cru que ma vie durant,j'ai espéré le moment où ça reviendrait.Puis,un jour,je me suis dit c'est fini.Peu de temps après,mon fils,que j'avais bassiné avec mes histoires d'ancienne combattante,m'a entrainée au rassemblement des "Indignés"et là,j'ai revécu l'ambiance de 68.Chaque génération peut trouver son combat,et...ses échecs.

Les écrivains,vivant dans la classe bourgeoise,ne savent pas par essence,décrire autre chose que leur milieu,et c'est bien dommage!Vous auriez mis une ouvrière travaillant chez Wonder,votre livre aurait eu à coup sûr une image politique.(je dis ça sans l'avoir lu). Ne me dîtes pas que 68 était le fait seulement d'étudiants boutonneux,il y avait aussi la classe ouvrière d'où le fait de l'ouvrière de chez Wonder qui a,par ailleurs, inspiré un film documentaire long métrage.Il y a eu au bas mot 10 millions de personnes,qui ont participé activement à cette époque exaltante;époque qui ne m'a pas détruite,mais c'est la suite qui m'a plongée dans un dégout certain,surtout l'ère Sarko!
certains diraient rien et ils auraient raison de me remettre à ma place avant même de me lire ;-)

J'ai trouvé l'émission intéressante, Judith un peu carricaturale par rapport à elle même (clin d'oeil d'absolution dans mes yeux)

François Cusset peu capable de dépasser son discours rôdé...

Une remarque quand même, les instits m'ont toujours dit : "on ne dit pas "on". On c'est personne." Je doute fort que "on" et "nous" soient

synonymes ... On sait pas qui c'est On ... Nous non plus mais bon ... Bref, je nous vois pas sorti de l'aube gerbe même espagnole.. On est des autres mais lesquels ;-)
Bonjour,

J'ai tant à moi, apprécié cette émission.
Ou l'on retrouve Judith en "hussarde de la révolution " (j'exagère à dessein !) . François Cusset peut développer ces théories, et
perceptions.
Personnellement, j'aime bien quant Judith accompagne sa pensée par une gracieuse gestuelle,
et même si je ne suis souvent pas d'accord avec elle, c'est toujours un enchantement de l'écouter, elle soulève de vraies questions;
et surtout ce que j'apprécie le plus, c'est quand elle dit : "Vos personnages ne s'aiment pas, il y a un moment ou on a envie de leur dire
"Mais vivez, quoi !"
Je trouve cet élan vital absolument réjouissant.
C'est pourquoi, Judith, ce sont vos émissions que je guette avec le plus d'impatience.
Les critiques sont parfois dures à avaler, mais ne vous laissez pas abattre, comme disait ma grand mère :
"Les gens qui ne t'aiment pas, ne t'en occupe pas !"
Bonne continuation et au plaisir de vous entendre.
Aurélia
Pierre, je vois que vous êtes abonné depuis 2008 mais que vous postez peu sur les forums (42 envois à ce jour), je propose donc de vous absoudre pour cette fois mais sachez que ...

[large]JUDITH BERNARD N'EST PAS JOURNALISTE !!! ELLE EST PROF DE LETTRES, METTEUR EN SCENE ET COMEDIENNE, CHRONIQUEUSE SUR ASI etc...[/large]



Juléjim qui fait son YG

;-)))
A 1:05, j' ai adoré le substantif "la conflictualité"... mais quelquepart j' me dis que ça ne doit être rien d' autre que "le conflit" (sic).
Hé, vous faites de plus en plus prof-pédante-et-narcissique-qui-s' écoute-parler et de moins journaliste ouverte aux autres, Madame.
Après avoir visionné ce Dans le texte, n'ayant pas lu le livre de F. Cusset, je me suis livré à une modeste expérience que j'aimerais vous livrer et, pourquoi pas, vous inciter à vivre. A moins que vous n'y ayez déjà pensé !

Il suffit de se rendre là.

21mn d'une vidéo où F.C est interviewé sur son livre mais où les questions et l'intervieweur lui-même ont été coupés au montage ! Une sorte de mini D@ns le texte sans Judith, en quelque sorte !

L'expérience m'a paru instructive à plus d'un titre. D'abord notre rapport de lecteur potentiel du livre se retrouve en prise direct avec son auteur et ce qu'il peut nous dire de son projet ou de son travail, sans qu'il soit médiatisé, comme passé par le filtre de la lecture d'une "super-lectrice" telle que J. B. Ensuite, même si l'on devine le contenu ou le sens général de la question qui justifie les réponses de l'auteur, celui-ci est totalement libre de son développement, il n'est pas interrompu ou perturbé par une relance ou une réaction du questionneur, il va où bon lui semble. Enfin, si l'on a d'abord visionné D@ns le texte on retrouve dans certaines des réponses faites, des thématiques, des remarques, des précisions ou des interrogations également abordées avec Judith.
Au total, un complément possiblement utile, que l'on choisisse ou non de lire le livre.
François Cusset exprime très bien mon gros cas de conscience actuel. D'un coté le cycliste aide-soignant à domicile, décroissant dans l'âme, mes 2 enfants, ma femme, l'appart le budget juste pile, de l'autre la révolution à 30 km de chez moi, la guerilla à Notre-Dame des landes. Je choisis les manifs le samedi pépère. J'y suis content, mais plaqué ma famille pour la révolution, ça m'est impossible. Célibataire là oui. En couple au chomage là oui, mais avec mes 2 enfants, ben non.
2 mois de salaires en moins tout est en l'air c'est tout dire. Le système m'autorise la manif hebdomadaire, même pas le temps de l'organiser. C'est bien foutu. C'est évident que la famille est un des principaux motifs de non-insurection. Nous ne sommes pas près à sacrifier la création de notre propre collectif, le risque est trop grand de perdre le plus beau.
Nous avons encore quelques retours sur Chouart, c'est réjouissant. La sortie se fera gràce à lui. Les grecs avaient des esclaves pour avoir le temps de s'occuper de politique, nous avons la technique et la simplicité volontaire pour nous extraire du temps. Nous devons pouvoir exiger du temps pour nous occuper de politique.
Relisez dans l'Education sentimentale le monologue de Deslauriers lorsqu'il espère créer un journal avec l'argent de Fréderic. Le débat post 68 est déjà là tout entier, ante-1848.
Ceux qui veulent prendre le pouvoir il me semble c'est les Chouardistes, ceux qui réfléchissent a quelle constitution il faudrait écrire, quelles institutions il faudrait mettre en place. Avec un plan de ce type, un quoi faire précis et bien pensé, on hésitera moins aux portes de l'Elysée.

Je suis en train de lire "La démocratie athénienne à l'époque de Démosthène" et c'est assez hallucinant; tribunaux avec 500 jurés tirés au sort, des magistrats tirés au sort pour l'année avec un mandat non-renouvelable, les avocats interdits, etc.

Spinoza explique dans le Traité politique qu’il ne faut pas attendre le bon gouvernement de la vertu des gouvernants — pari sur un miracle voué à être perpétuellement déçu —, mais sur la qualité des agencements institutionnels qui, en quelque sorte, déterminent des comportements extérieurement vertueux mais sans requérir des individus qu’ils le soient intérieurement.

Parce que ce sont les institutions, spécialement quand nous sommes exposés à un air du temps aussi nocif que celui d’aujourd’hui, parce que ce sont les institutions, donc, qui déterminent les choses aimables à penser, il n’y a pas de salut hors de la reformation des institutions.
Emission très stimulante: merci à l'animatrice et à l'auteur.
Le room-mating entre vieux est tellement prévisible qu'il existe déjà et qu'on en a fait un film Et si on vivait tous ensemble ?
A propos de l'utilisation du "nous/ils/on" comme instance narrative principale, je n'ai pas en tête d'exemples étrangers et/ou classiques, mais j'en connais au moins une illustration récente : Les années, d'Annie Ernaux, ouvrage que j'ai déjà eu l'occasion de citer par ici, exercice formel autant que témoignage historique, autobiographie impersonnelle et collective.

(Sinon, c'est vrai que je me surprenais à attendre que Cusset renverse un verre, parte à la renverse, ou bafouille : la ressemblance avec Pierre Richard est frappante !)
La discussion entre deux intellectuels habitués à manier des concepts complexes, intervenant néanmoins très pédagogues, était un enchantement.

Maintenant, sur le fond, et je pense qu'Acephale l'exprime très bien, ce débat est spécifiquement celui de l'après-68.
Non seulement, il ne s'est pas résolu depuis les années 70 entre les intellectuels de gôche et les activistes, mais la discussion indique qu'il s'est brouillé un peu plus lorsqu'il a noyé les générations suivantes dans le néo-libéralisme, qui sous divers avatars, et par un effet de réaction/contre-réaction, est un produit de mai 68.

Maintenant, qu'un intellectuel réel ait sauté le pas, et ait initié une lecture émotionnelle de ce questionnement à travers ce roman, représente une évolution qualitative exceptionnelle en soi. Car le mettre sur le terrain de la recherche de soi dans le collectif, semble une impasse.
Mais pourtant, forcément, il y a une articulation puisque nous vivons une vie individuelle et collective, séparément ou ensemble, continuellement, tous les jours.

Dans ces conditions, il faut reconnaître que ce débat est abscons et il faut le transcender, chercher une pensée qui inclue le politique, le collectif, le social, et l'individu, y compris dans sa dimension psychanalytique, et le structure en un tout qui ne serait pas totalitaire.

Le monde ne peut changer ou être changé, car la notion de révolution me semble en soi suspecte (à mon avis, elle cache des enjeux psychologiques très louches, regardez son étymologie, son sens de retourner le monde -et quoi, après, que pouvons-nous bien faire la tête en bas ?), que si nous nous comprenons nous-mêmes, nos instincts, nos objectifs inavoués et organiques, et cette articulation en nous entre l'individuel et le politique dans son sens de vivre-ensemble.
Enfin le 16/9...
Comme d'habitude, j'apprécie beaucoup les vidéos de Judith, et en général bien plus ses commentaires que les discours des auteurs !
Je veux juste réagir à un passage sur la démocratie, ce mot qui suffirait à décourager les révolutions : il faut lire Chouart, c'est lui qui m'a sensibilisé à la fausseté de ce terme appliqué à notre régime politique. Nous ne sommes pas en démocratie, ça aide beaucoup de s'en rendre compte.
Le lieu parisien choisi était heureusement placé ...
afin de l'attirer plus sûrement en un café mal fagoté... propice à mieux le tourmenter...
car pour ce DLT là, JB savait qu'elle ne pourrait se permettre aucune faiblesse... Elle aurait à user du moindre avantage pour contenir son invité.

Et je comprends rapidement pourquoi ces précautions d'usage car je n'avais pas eu le plaisir de connaître François Cusset...
Eh oui ce quadragénaire aux allures de Pierre Richard n'a vraiment rien d'un distrait qui vous concéderait facilement quelques fautes de raisonnement. Non, l'individu coincé sur sa chaise rustique dans ce bistrot aux couleurs fades nous éclaire de ses obsessions... chargées à son humanité et à sa raison. Judith a beau adopter parfois des postures impérieuses de tsarine outragée, sa révolte n'ira pas plus loin tant ces deux là semblent partager des réflexions et des histoires communes.
L'impuissance et le renoncement qui les séparent n'est peut-être qu'un effet du genre, bientôt leurs vieillissements les réuniront comme au temps de leurs jeunesses, celles de leurs célibats, celles des révolutions espérées et ratées, dans des retraites en communautés retrouvées.

Merci Judith pour cette mise en lumière de François Cusset.
Ce type est à bien des égards affligeant de fausses bonnes idées et de fausses bonnes intentions.

Comme bien d'autres d'ailleurs que l'on rencontre dès qu'il s'agit de capitaliser une sorte de science militante, ou de savoir du mouvement collectif, resucée ensuite dans un bouquin, quitte à expliquer ensuite que ce savoir n'en est pas un ; qu'importe le tour est fait : la position de non-science est encore une posture, un statut qu'on se donne et qui légitime qu'on écrive 300 pages, de quoi au juste?

Ecoutez-le et regardez-le, pointer du doigt, appuyer du point, lorsqu'il va vous balancer une grande vérité, qu'il tire de ces "petites et modestes" expériences politiques : le souvenir d'un mouvement collectif est toujours plus collectif que le mouvement lui-même (l'histoire des situs nous l'avait déjà enseigné), les grandes phrase sur l'Evénement (qui ne sont pas les siennes d'ailleurs, le minimum serait de le dire, du Badiou psychologisé), le paradoxe entre le mouvement révolutionnaire et la prise du pouvoir, etc.

Bref, tout ce tissu d'évidences, auprès duquel le moindre individu prit dans un mouvement collectif quel qu'il soit, se cogne dès les premiers jours, se retrouve ici (dans l'émission) énoncé avec l'emphase de celui qui va vous dire quelque choses de TRES important. Que dire sinon que bien des individus politisés ne sentent ni la nécessité ni la légitimité de raconter, ce que celui-ci, semble-t-il, a beaucoup d'auto-satisfaction à faire état.

Par ailleurs, au-delà du projet littéraire, voir du projet "politique" de ce type, ce dernier trahit en quelques phrases le prisme intellectuel à l'intérieur duquel il reste pétrit : lorsqu'il esquisse un rapide panégyrique de l'épopée révolutionnaire des deux dernier siècles, et qu'il inscrit ses réflexions dans la suite des mouvements d'avant-garde, il ne faut pas alors qu'il s'étonne de voir se rejouer dans son bouquin, la dichotomie vieillissante, la vieille opposition entre le mouvement anarcho-chaotique radicalement démocratique mais presque inévitablement évanescent (dans lequel on trouve les futurs individus renonçant aux pieds des portes du pouvoir à la prise de celui-ci) et la prise du pouvoir par une minorité tenant l'avant-garde du mouvement révolutionnaire (dans lequel on trouve les petits dictateurs de demain, les petits pères du peuple, et meneurs d'homme au garde à vous de la boucherie révolutionnaire).

Cette dichotomie si elle est bien un héritage de l'avant-gardisme politique russe, ou encore des avant-gardes artistique européenne, n'est pas pour autant le cadre indépassable de la pensée du mouvement révolutionnaire, mais là n'est pas le sujet pour le gars en question, ce dernier réussi en ne traitant rien d'autres que les petits retours d'expériences collectives, les feed-backs comme on pourrait dire dans le jargon managerial, ce dernier réussi donc à faire passer ces retours d'expériences collectives pour l'écume des choses (alors qu'elles ont évidemment du sens) en faisant l'impasse sur d'autres points essentiels : quid des raisons qui portent les individus à se retrouver, quid des structures qui ont rendu possible ces retrouvailles ici présentées comme quasi magiques (lol, imaginer que l'union de lutte entre les deux côtés du périphériques va se faire sous le regard bienveillant de l'Evénement fait rigoler), etc...

Bref le tout s'achevant sur l'apologie, pour le coup ultra-classique, des petites niches, des courants d'air qui rendent la vie ici bas supportable, à travers des détachements salutaires.
Cette apologie des oasis est tout simplement gerbante, d'une part parce que les niches en question sont de plus en plus rare et d'autres parts parce qu'elles sont les espaces privilégiés d'une toute petite partie de la population, toujours la même, que représentent d'ailleurs les personnages du roman : les bobo radicaux.
Il est d'ailleurs très significatifs de l'écouter expliquer qu'il a choisi, une journaliste, un prof, une activiste touche à tout, figure abjecte du tourisme militant (un coup ici et un coup là, luttant partout et nul part à la fois), et surtout pas des individus "complètement écrasé par l'aliénation" (je cite), comprendre ouvrier, chômeurs, grand précaires, mais même col blanc, petits cadres, dont on se demande ce qu'il font lors de la révolution mythifiée du bonhomme en question...

Le choix des personnages finalement, en dit long sur les apories d'une pensée du mouvement révolutionnaire tellement en boucle depuis 40 ans qu'elle ne sait plus qu'elle fiction inventer pour se renouveler...

Badant....
Parfait parfait. La vieile taupe finira par faire surface. Quelque part, Judith a fait mouche.

Parfait parfait. La vieile taupe finira par faire surface. Quelque part, Judith a fait mouche.



Pouf, pouf, Judith B. et François C. n'ont pas fait davantage que prendre le thé ; entre gens de bonne compagine - ceux qui ont accès aux concepts ; et pas plus que pour commmémorer le souvenir de cette Révolution Totale, Erotique que fut Mai 68.
"Cette apologie des oasis est tout simplement gerbante, d'une part parce que les niches en question sont de plus en plus rare et d'autres parts parce qu'elles sont les espaces privilégiés d'une toute petite partie de la population, toujours la même, que représentent d'ailleurs les personnages du roman : les bobo radicaux. ": acephale.

Non, ces niches ne sont pas de plus en plus rares, bien au contraire, elles sont légions, elles existent partout, y compris chez les plus pauvres, les plus démunis, au bistrot, devant un match de foot à la télévision, à la mosquée. Partout où on refait le monde… à la façon des enfants, « on aurait dit que ».

C’est parce qu’il y a ces niches, qu'on peut creuser avec trois fois rien, qu’en face, de l’autre côté, à un ticket de loto près, il y a ceux qui vivent véritablement dans des niches dorées, comme cette pourriture qu'est à mes yeux ce Depardieu.

Ce que nous dit François Cusset, c’est que l’embourgeoisement commence dans nos sociétés très tôt, avec si peu, qu’on en vient toujours à trouver des rustines (aujourd’hui le couple, la famille, demain le communisme en maisonnée) plutôt que de rechercher de nouveaux modes de vie collectif.

Cela vous fait gerber ?
Pourquoi pas, mais cela ne vous permet pas d’invalider son triste constat.

Vous avez besoin d’espérer... voilà qui est désespérant, car, vous en venez à tuer le messager pour ne pas entendre le message.

yG
Comment pourrait-on opposer François Cusset et Gérard Depardieu ?
GD m'apparaît comme une incarnation gargantuesque ayant dévoré tous les personnages du roman de FC et bien d'autres qui illustre avec effets loupe, derrière ses ruades outrancières, ses regrets de sa jeunesse en meute brutale et révoltée, affairée à changer la société, ses désillusions et ses refus à vieillir seul.
Dans cette société embourgeoisée qui a renoncé à exister, GD pisse là où il ne faut pas, boit et mange en ogre, fréquente des dictateurs, et quand il s'active à être "Né-chinois", il sait qu'il ne recueillera aucun sourire complice à son jeu de mots potache des petits bourgeois aux affaires, non juste de la haine et du rejet.

GD incarne magistralement ce refus au renoncement au vieillissement inactif dont parle FC, GD fracture en coups de pied violents ces portes qu'on a condamnées par facilités, il nous donne à voir les couleurs de nos espoirs anciens, il aère nos espaces viciés.

Merci à Gérard Depardieu .
"Comment pourrait-on opposer François Cusset et Gérard Depardieu ?": mutenpiste

Qui parle de ça, certainement pas moi. Vous n'avez rien compris à mon post, visiblement. Quant à remercier Depardieu, le fils défunt et la fille oui, pour l'heure, mais aucunement le père.

yG
Je crois avoir pourtant bien compris votre "haine" de GD, (celui que vous qualifiez de "pourriture" avec laquelle vous semblez vouloir marquer une fracture abyssale comme si par ce mot vous l'aviez repoussé dans une inhumanité dans un espace qui vous était étranger) celle qu'une majorité de notre assemblée nationale semble partager avec vous en demandant la déchéance de sa nationalité française. C'est bien cette détestation de GD que je ne partage pas avec vous yannick G, pas autre chose et c'est de la puissance "révolutionnaire" de GD, de son refus à se plier à des conventions cyniques par toutes sortes d'outrances, humer une bolée d'air frais encore pour être "né chinois" en affrontant ceux qui en masse, poussent des cris d'orfraies, appelent à sa censure et lui refuseront peut-être par quelque décret "démocratique" d'être "né français".
Vive Uranus, Mammuth, Cyrano,... Gérard Depardieu, mon monstre chéri.

C'est ainsi Yannick G, j'aime celui-ci que vous n'aimez pas et vous aimez sans doute cet autre que je n'aimerais pas, nos affections humaines répondent à d'autres critères que ceux d'une raison commune.
"Je crois avoir pourtant bien compris votre "haine" de GD, (celui que vous qualifiez de "pourriture" avec laquelle vous semblez vouloir marquer une fracture abyssale comme si par ce mot vous l'aviez repoussé dans une inhumanité dans un espace qui vous était étranger) celle qu'une majorité de notre assemblée nationale semble partager avec vous en demandant la déchéance de sa nationalité française.": mutenpiste

Oui, je suis pour la déchéance de la nationalité française pour de tels gugusses, mais ma haine de l'homme ne rejaillit pas sur l'acteur, qui n'est qu'une enveloppe, qu'une voix, qu'une marionnette, ni plus ni moins, aucunement une conscience (ça, c'est éventuellement le réalisateur qui doit l'assumer), comme en atteste d'ailleurs le comportement de l'homme en total opposition avec certains rôles qu'il a pu tenir.

yG
la déchéance de la nationalité française pour de tels gugusses

Petit rappel. Il est rigoureusement interdit de faire de quelqu'un un apatride. L'on ne peut donc déchoir de
sa nationalité que quelqu'un qui en a une autre.
Petit rappel 2: GD ne fait rien d'illégal, il profite (ou essaye de profiter) de l'incohérence de la fiscalité
européenne.
Petit rappel 3: quand pour les 6M€ des cachets de son prochain film il devra payer 3,2M€ au fisc belge au lieu de
2,7 au fisc français il se dira "mais qu'est-ce que je suis con...mais qu'est-ce que je suis con ... mais qu'est ce que...


Petit rappel 2: GD ne fait rien d'illégal, il profite (ou essaye de profiter) de l'incohérence de la fiscalité

européenne.

Petit rappel 3: quand pour les 6M€ des cachets de son prochain film il devra payer 3,2M€ au fisc belge au lieu de

2,7 au fisc français il se dira "mais qu'est-ce que je suis con...mais qu'est-ce que je suis con ... mais qu'est ce que...
Modifié 1 fois. Dernière modification le 13:38 le 12/12/2012 par JREM.


Sauf qu'il est tout sauf con. Ça fait longtemps qu'il ne se fait plus payer au cachet mais en participation au travers de sa société DD productions. Et qu'il bénéficie donc en prime des aides fiscales que la France offre à ceux qui investissent dans le cinéma (des aides qui viennent d'augmenter pour favoriser les tournages en France). Il gagne sur tous les tableaux, le Gégé.
Pour avoir une idée de son patrimoine et ses investissements :
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/12/10/01016-20121210ARTFIG00624-gerard-depardieu-acteur-et-homme-d-affaires.php
comme vous le dites, il faut une loi!
"Petit rappel. Il est rigoureusement interdit de faire de quelqu'un un apatride. L'on ne peut donc déchoir de
sa nationalité que quelqu'un qui en a une autre."


Je le sais pertinement, c'est un désir que j'exprime, pas une requête juridique. Vivement qu'il devienne belge alors.

Petit rappel 2: GD ne fait rien d'illégal, il profite (ou essaye de profiter) de l'incohérence de la fiscalité
européenne.


Il n'est pas nécessaire d'être dans l'illégalité pour être immoral. Comme vous auriez dû le comprende depuis longtemps à me lire, JREM, ce n'est pas l'étalon juridique qui me sert de référence.

yG
Heureusement que votre référence n'est pas loi et que vous n'occupez pas le poste éminent et terrifiant d'accusateur public ... Je crains, à lire vos expressions "coupe-coupe", que l'existence tout à la fois balzacienne et rabelaisienne de mon "révolutionnaire" GD en eut été raccourcie. Couic couic plus d'homme... et plus d'acteur...et plus de ces pieds de "nez chinois" à nos représentants garants de "notre moralité républicaine" ' la nôtre.... la leur ?...
Le fait de lui faire payer la différence entre ce qu'il a payer dans le pays d'accueil et ce qu'il aurait payé en france, me semble une proposition plus pratique et plus réaliste

Ce message a été supprimé suite à la suppression du compte de son auteur


Ce type est à bien des égards affligeant de fausses bonnes idées et de fausses bonnes intentions.


Allons, allons, quelqu'un qui s'emploie à dégonfler la baudruche Attali ne peut pas être complètement mauvais.
@ acephale

vous,voulez prendre le pouvoir..
Hallucinant, acéphale : vous ETES un personnage de A l'abri du déclin du monde! Vous parlez et pensez exactement comme eux!

Hallucinant, acéphale : vous ETES un personnage de A l'abri du déclin du monde! Vous parlez et pensez exactement comme eux!

C'est là qu'on voit le merveilleux système des "participations votées d'utilité publique". Suffit d'être le premier à pondre sa crotte et d'avoir deux trois suivistes et on se retrouve quasiment à tous les coups en tête de gondole. C'est beau le participatif.
Etrange. Du coup, n'étant pas sûr de ma légitimité de juge, j'hésite à dire: "acéphale, ôtez ce masque, on vous a reconnu Judith".
Ce serait plutôt: "Otez ce masque, on vous a reconnu, François !", du coup...

Ce type est à bien des égards affligeant de fausses bonnes idées et de fausses bonnes intentions.


C'est un bon tricoteur, en effet, et un bobo. Judith esquisse une moue à ce sujet, sur la caractérisation sociologique des personnages , dommage qu'elle ne tire pas le fil. Bourdieu a très bien décrit cette caractéristique de la bourgeoisie que F.Cusset appelle ici le détachement. Feindre que rien n'est important, pour mieux cacher qu'on est du côté des dominants plus que des dominés, quoi qu'il en dise. La révolution ne sera de toute façon pas le fait des bobos, c'est bien le risque, la révolte d'un peuple en colère et appauvri peut basculer dans une révolution réactionnaire. Seule une révolution où les forces du peuple et la pédagogie des élites s'allient peut nous amener à progresser. Ici nulle pédagogie, mais le plaisir de la distinction, l'entresoi d'une élite khagneuse comme il le dit lui même, pas bête l'animal, mais vain.
...la révolte d'un peuple en colère et appauvri peut basculer dans une révolution réactionnaire.

L'histoire nous a amplement montré que ce ne sont jamais ceux qui se brûlent à tirer les marrons du feu qui les mangent*.

Pour avoir une idée concrète de révolution qui ne vient pas, voir comment le peuple anglais se laisse marcher dessus depuis Thatcher the Snatcher, brillamment relayée par Mayor le pâle, Blair the Liar et Cameron the Best. De plus en plus marcher dessus.

Comment le peuple allemand a accepté des salaires de merde.

Comment le peuple italien risque (pour lui) de ramener Berlu le voleur au pouvoir.

Comment les peuples grecs, espagnols, portugais peuvent bien manifester tant qu’ils veulent, c’est pipi dans un violon.

* Plus je vais dans la vie et plus je crois que si j'avais à n'emporter qu'un livre sur une ile déserte, ce serait ce bon La Fontaine (et illustré par Benjamin Rabier). Il a tout dit du monde.
Vous avez raison

Mais il faut quand-même garder espoir
Mon seul espoir est dans les ilots de solidarité comme les SEL, les cafés associatifs, l’économie de la récupération et de la revente ou du don, le socio-culturel.

C’est peu, mais au moins ça marche.

Et on y fait moins de détournement de pouvoir et de branlette neuronale.
Et bien je ne vais pas vous réconforter, parce que moi je vis dans un pays lointain, bien plus avancé dans le libéralisme que ne l'est la France.

Ca fait mal, ça fait mal.... et ça fait....... mal? Ah, oui, sauf quand on a du pognon, là ça va, c'est très vivable.


Je plains les gens. Moi mon truc c'est de me réfugier dans des activités artistiques. De toute façon, sans ça je meurs.

Bourdieu a très bien décrit cette caractéristique de la bourgeoisie que F.Cusset appelle ici le détachement. Feindre que rien n'est important, pour mieux cacher qu'on est du côté des dominants plus que des dominés, quoi qu'il en dise.


Il me semble que vous faites ici un contresens: le détachement des personnages décrits dans le roman apparaît clairement comme une réaction de dépit face à leur échec personnel et collectif à la suite d'une insurrection à laquelle ils ont cru et qui n'est pas venue. Ces personnages ne seraient pas où ils en sont justement s'ils s'étaient fondus dans le cynisme dominant propre à une frange importante de la petite bourgeoisie intellectuelle contemporaine désignée aujourd'hui sous le terme de "bobos": ceux qu'il décrit sont justement ceux qui ne se contentent pas des miettes de profits financiers et symboliques que leur a accordé la grande bourgeoisie pour obtenir leur allégeance.

La révolution ne sera de toute façon pas le fait des bobos, c'est bien le risque, la révolte d'un peuple en colère et appauvri peut basculer dans une révolution réactionnaire. Seule une révolution où les forces du peuple et la pédagogie des élites s'allient peut nous amener à progresser. Ici nulle pédagogie, mais le plaisir de la distinction, l'entresoi d'une élite khagneuse comme il le dit lui même, pas bête l'animal, mais vain.

Cet aspect est évidemment le point aveugle du récit de Cusset, lorsqu'il met en scène dans la première partie une collusion irréaliste entre "bobos" et "cailleras", alliés au sein d'une figure de peuple fantasmé aux contours mal définis - c'est certainement le point le plus faible du roman. On pourrait cependant dire de même que la révolution ne sera pas non plus celle d'un "peuple en colère et appauvri", car celui-ci est aujourd'hui largement introuvable, dans le sens où il est totalement désuni. Votre appel à une alliance entre "forces du peuple" et "pédagogie des élites", typique de la vieille théorie léniniste de l'"avant-garde", semble en ce sens un voeu pieux.

Il semble en effet que nous soyons entrés en France et ailleurs dans une forme de guerre civile larvée et "postpolitique", où tout ce qui peut représenter un peuple "constitué" a disparu, et n'est plus en mesure de répondre à la guerre des classes déclarée par la haute bourgeoisie aux classes populaires. En ce sens, le roman de Cusset est bien l'histoire de la clôture définitive de l'épisode de 1968, vue du côté de ceux qui ont bien compris qu'ils ne seraient plus le moteur d'une véritable transformation sociale - si tant est qu'ils l'aient été un jour - à savoir les "bobos radicaux". Leur "détachement" n'est pas autre chose que le fruit d'un désarroi lié à la prise de conscience cruelle de leur impuissance définitive à changer radicalement l'ordre des choses.

Comme l'écrit J-P Garnier, la seule riposte à cette guerre des classes livrée par la bourgeoisie contre le peuple se trouve aujourd'hui dans les "cités", à travers "une sorte de guerre sociale larvée mêlant une violence de "prédation" à caractère utilitaire (vols, racket, pillage) et une violence dite "expressive" (vandalisme, agressions, attentats), motivée par un pur désir de revanche sociale. Cette sorte de "guéguerre" à laquelle se livrent des franges du futur sous-prolétariat en milieu urbain n'est pas autre chose, finalement, que la poursuite de la lutte des classes par d'autres moyens ou, plus exactement, par des moyens de plus en plus convertis en fins quand la politique, dans sa version politicienne, ne signifie plus rien." (Une violence éminemment contemporaine").

En passant complètement sous silence cet aspect des choses, F. Cusset échoue évidemment à universaliser comme il prétend le faire sa description d'une insurrection qui ne vient pas, et se condamne à décrire les affects particuliers d'une classe spécifique à laquelle il appartient.
Comme l'écrit J-P Garnier, la seule riposte à cette guerre des classes livrée par la bourgeoisie contre le peuple se trouve aujourd'hui dans les "cités", à travers "une sorte de guerre sociale larvée mêlant une violence de "prédation" à caractère utilitaire (vols, racket, pillage) et une violence dite "expressive" (vandalisme, agressions, attentats), motivée par un pur désir de revanche sociale. Cette sorte de "guéguerre" à laquelle se livrent des franges du futur sous-prolétariat en milieu urbain n'est pas autre chose, finalement, que la poursuite de la lutte des classes par d'autres moyens ou, plus exactement, par des moyens de plus en plus convertis en fins quand la politique, dans sa version politicienne, ne signifie plus rien." (Une violence éminemment contemporaine").



guerre des classes livrée par la bourgeoisie contre le peuple. C'est qui le peuple ? Celui qui vote Le Pen ?

Et alors ?

Vive le lumpen-proletariat ?

Vous remplacez l'alliance léniniste des intellectuels marxisés avec le prolétariat révolutionnaire, par l'alliance des bobos post soixante huit avec la caillera ?
Bonjour et merci pour cette émission,

A quand un Alain Damasio ou autre romancier du même genre d@ns le texte, pour montrer qu'il y a bel et bien des "essais poético-théoriques" réussis, contrairement à ce que dit F. Cusset (5:15), et que ceux-ci peuvent exister dans un monde un peu parallèle à la brouette des 700 livres de la rentrée ?
(Je n'ai évidemment aucune idée de ce que voulait dire Cusset par là ou des ouvrages auxquels il pensait)


Il est d'ailleurs très significatifs de l'écouter expliquer qu'il a choisi, une journaliste, un prof, une activiste touche à tout, figure abjecte du tourisme militant (un coup ici et un coup là, luttant partout et nul part à la fois), et surtout pas des individus "complètement écrasé par l'aliénation" (je cite), comprendre ouvrier, chômeurs, grand précaires, mais même col blanc, petits cadres, dont on se demande ce qu'il font lors de la révolution mythifiée du bonhomme en question...

Le choix des personnages finalement, en dit long sur les apories d'une pensée du mouvement révolutionnaire tellement en boucle depuis 40 ans qu'elle ne sait plus qu'elle fiction inventer pour se renouveler...



Ce que vous dites est vrai, mais vous êtes finalement assez injuste avec Cusset.
J'avais lu son livre avant l'émission, et il m'avait paru assez clair que Cusset visait plutôt l'expérience particulière d'une génération (les enfants de 1968) et d'une catégorie sociale spécifique (la bourgeoisie militante de "gauche" à fort capital culturel). C'est d'ailleurs à dessein qu'il ne fait pas figurer de personnages issus du prolétariat d'un côté ni des cadres supérieurs de droite de l'autre - il aurait bien du mal à les faire vivre les premiers sans se ridiculiser compte tenu de son expérience propre, et on ne voit pas bien ce que les seconds viendraient faire dans cette histoire.

Il faut donc prendre ce livre pour ce qu'il est: le désarroi d'une génération - ou plutôt d'une frange intellectuelle moyenne de cette génération - face à la "révolution impossible", et il faut reconnaitre qu'il n'y parvient pas si mal, même si le sujet est rebattu.

Là où Cusset se trompe et n'a pas les moyens de ses ambitions, c'est en voulant se faire le porte parole d'un "peuple" au contours mal définis en dehors de l'histoire et du temps (le fameux "on" et l'absence de contextualisation historique), et sa vision idéalisée d'une coalition des racailles de banlieues avec la gauche bobo est certainement le gros défaut de la première partie, au point de rendre l'ensemble peu crédible. On se demande effectivement où était Cusset quand des jeunes de banlieue tabassaient les lycéens au moment du CIP ou de la réforme Villepin.

Il a au moins le mérite de parler assez justement de ces classes moyennes intellectuelles qui n'aiment pas leur époque, et dont les fantasmes révolutionnaires ont été confisqués par la génération précédente. Cusset est intellectuel de la bourgeoisie moyenne, écrivant pour des gens du même milieu et interviewé par une professeure de lettres. La plupart des livres publiés en France s'adressent au même milieu, et ce désarroi a déjà été maintes fois décrit: évidemment que ça tourne en rond.
On peut effectivement trouver ces gens "tout petits" et céder facilement au réflexe anti-bobo, mais pas reprocher à Cusset de décrire ces affects singuliers d'une génération finalement assez triste et malheureuse, y compris parmi ceux qui n'ont pas été prolétarisés, tout comme Houellebecq l'avait fait en son temps au sujet de la misère sexuelle masculine. On pourra toujours objecter qu'il y a des souffrances plus marquantes mais après tout ce n'est un livre.

Quand à J Bernard, puisqu'elle prend le parti de mettre en avant sa position de lectrice subjective, il est normal qu'elle s'expose à des critiques. Au delà de son style, il semble assez évident qu'elle n'a pas saisi ce que voulait mettre en avant F. Cusset avec ces personnages en désarroi sinon en dépression post-insurection qui n'a pas eu lieu: en effet ces gens ne sont pas réjouissants, tout simplement parce qu'ils sont malheureux.
Du coup en opposant sa propre sensibilité à celle des personnages décrits par Cusset, J Bernard ne fait que parler d'elle même et de ses propres affects joyeux, ce dont finalement on se fiche un peu quand on ne la connait pas - sachant qu'en outre on ne voit pas l'intérêt d'opposer des affects personnels à ceux de personnages de romans.
J Bernard est déçue parce que l'insurrection ne vient pas, elle trouve les personnages du roman enfermés et détachés et aimerait bien les secouer, bref, elle n'est pas comme eux et refuse de sombrer dans le "renoncement", grand bien lui fasse...mais on ne voit pas trop où est le travail critique là-dedans.

Cette difficulté à entendre ce que Cusset veut signifier apparait particulièrement dans la discussion finale à propos de la famille, au moment où Cusset tente de montrer en citant Derrida que le repli sur la sphère domestique et familiale est un frein puissant à la mobilisation politique et à la transformation sociale, et où elle prétend contre l'évidence qu'on peut "échapper au familialisme bête"...alors que Cusset vient justement de lui expliquer le contraire!
"J Bernard est déçue parce que l'insurrection ne vient pas, elle trouve les personnages du roman enfermés et détachés et aimerait bien les secouer, bref, elle n'est pas comme eux et refuse de sombrer dans le "renoncement", grand bien lui fasse...mais on ne voit pas trop où est le travail critique là-dedans.

Cette difficulté à entendre ce que Cusset veut signifier apparait particulièrement dans la discussion finale à propos de la famille, au moment où Cusset tente de montrer en citant Derrida que le repli sur la sphère domestique et familiale est un frein puissant à la mobilisation politique et à la transformation sociale, et où elle prétend contre l'évidence qu'on peut "échapper au familialisme bête"...alors que Cusset vient justement de lui expliquer le contraire!"


Belle analyse du roman.

Cependant, tony, c'est encore adopter une position critique de la part de Judith que de souligner qu'il y a des alternatives plus joyeuses, moins désespérées que celles illustrées par le roman de Cusset, que cela soit à partir de son expérience personnelle, de lectrice, de spectatrice, peu importe. Maintenant que l'on soit davantage convaincu par le regard de Judith ou celui de François, voilà qui tombe en dehors de la critique à proprement parler, mais pourrait faire l'objet d'un petit sondage par ici, ce qui d'ailleurs implicitement a déjà eu lieu, chacun des participants soulignant à sa manière sa proximité avec l'un ou l'autre.

Personnellement, je ne partage pas l'enthousiasme bernardien autour du politique, je n'en ai tout simplement pas besoin.
Il n’est pas nécessaire de croire en la victoire pour lutter. Je ne partage donc pas davantage le désoeuvrement de Cusset et de ses personnages, me semble-t-il.

yG
Pans encore eu le temps de le visionner en entier.

Je l'ai télécharger et je suis en train de le convertir afin qu'il soit accessible sur ma tablette

Je n'ai pas lu son livre mais je pense apprendre beaucoup en regardant l'émission j’espère que l'avenir me donnera raison
On a failli attendre, mais je suis sur que ça valait le coup.
On a beaucoup aimé. Pas seulement pour la raison formelle qu'enfin on peut voir ce qui n'est pas visible par les médias traditionnels. Mais pour des raisons de fond: Il s'agit d'une vraie émission philosophico-littéraire, qui bien sûr ( serait-ce la loi du genre ?) est un peu réservée à ceux qui ont lu le livre, mais reste étrangement accessible à ceux qui comme on, ont vécu mai 68 comme une injonction à gamberger. Chapeau pour le concept de "subjectivité flottante", pour les réflexions sur le concept d'évènement, sur l'antériorité absolue du détachement... On a tout de suite pensé au mot d'un penseur chéri de ce forum, Heidegger: Les révolutions sont nécessairement inachevées. Mais on a surtout, tout au long de l'émission, eu à l'esprit le chef d'œuvre de Jean-Luc Nancy, " la communauté desœuvrée": " Il y a, contre le mythe, une exigence philosophique et politique de l'être en commun. Non seulement elle n'est pas dépassée, mais elle vient au devant de nous, elle nous reste à découvrir. Ce n'est pas l'exigence d'une œuvre communautaire ( d'une communion ou d'une communication). C'est ce qui échappe aux œuvres, nous laissant exposés les uns aux autres. C'est un communisme inscrit dans son propre désœuvrement."
Vivement ce soir ! — Que je puisse regarder ça. :)

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