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Et si "Avatar" était un objet d'Art ?

Après la chronique de Judith Bernard consacrée à "Avatar", nous avons reçu de notre asinaute Rafik Djoumi, par ailleurs critique de cinéma, le texte suivant, auquel nous souhaitons donner un large écho.

Derniers commentaires

c'est la première fois qu'un point de vue me déplace à ce point .! j'attends avec impatience vos articles dorénavant car je sais où j'apprends des choses.
vous avez ouvert des possibles tout en faisant une boucle sur notre patrimoine
J'arrive un peu après la bataille.... et j'ai la flemme de lire toutes les interventions ci-dessus (faut-il dire désolé"?) bon je n'ai vu ce film en DVD (même pas en rayon bleu) que dimanche dernier, et il m'a mis mal à l'aise.... j'ai donc écrit - hier - le petit texte que je vous livre ci-dessous....

L’Avatar de Cameron me dérange…non pas sur les plans esthétiques ou techniques ( je n’ai pas vu ce film dans des conditions qui me permette d’en juger, et c’est sans doute pour ça que j’ai été « accroché » par autre chose…), mais bien au niveau de l’idéologie qui semble le sous-tendre…. Je dis qui semble, car pour en être sûr, il faudrait le revoir dans le détail, l’analyser finement, et, je l’avoue, il ne m’a pas fasciné au point que je m’impose ce pensum pour l’instant… mais j’ai cru y déceler, -et pourquoi pas ?- une remise en cause du mythe prométhéen ( voir les rôles parallèles des scientifiques et des militaires, et les rapports au feu - la séquence de la torche et les allumettes, et le feu « qui nettoie »…. ), mais au profit d’un communautarisme mystique « pré-scientifique » qui ne m’inspire que méfiance…. Le paradis d’avant la « faute » originelle, celui ou l’homme n’avait pas encore goûté au fruit de la connaissance …. Et les cérémonies « fusionnelles » m’évoquent, au mieux les écolo-chamanismes de tout poils qui fleurissent depuis quelques temps, au pire le Leviathan de Hobbes, où la scientologie …
Il y a, m’a-t-il semblé - d’autres lectures possibles ( analyser les différents "types", par exemple le patron « l’innocent » – au deux sens du mot – au seul service des désirs et objectifs de « lémarchés » comme dirait DS). On peut aussi s’amuser à dresser le catalogue des références ou citations plus ou moins volontaires ( « Walkyrie 26 » )… j’ai passé une partie de mon temps à me dire « tiens, la guerres des étoiles », « tiens, Apocalypse Now », Tiens John Ford, tiens Delmer Daves ( « la flèche brisée » - conflit Géronimo Cochise) « tiens Harry Potter », « tiens Terminator »… sans compter celles que j’oublie et celles que je n’ai pas vues…. Ce film, au fond, c’est un peu une auberge espagnole….

Alors « Avatar » ? A la première projection de « l’entrée du train en gare de la Ciotat », certains spectateurs, dit-on, se sont cachés sous les fauteuils, et d’autres ont adoré un « faux chanteur noir » chanter du « faux jazz » à l’avènement du parlant… Que l’arbre de la nouveauté, de la 3D et du grand spectacle n’anesthésie pas notre esprit critique… même s’il lui arrive parfois ( à notre esprit critique of course ...) de prendre les moulins à vent pour des géants…
Pas facile d’intervenir, on est forcément ailleurs.
La référence au conte est légère. Le conte était une forme d’expression de la culture populaire. Le cinéma est une industrie, une forme d’expression de la culture dominante.
Analyser un film ? Je suis spectateur, et après le film je vois ce qu’il en reste.
Oui, les films sont avant tout des produits, des marchandises qui brassent des sommes monstrueuses, et toute la production culturelle suit le même chemin depuis longtemps. Où nous en sommes rendus ? Il faudrait préciser ce qu’on entend par culture ? Film, fourchette, chaussettes, tout est culture.
Peut-être peut-on parler d’art ? Mais quand on entend parler d’art, il s’agit encore de produits artistiques, de marchandises. Là, la référence au conte, à la culture populaire est fausse. Aujourd’hui, d’ailleurs on ne parle plus de culture populaire, ou pour l’éradiquer, la folkloriser, la détacher de son lieu de jaillissement. Depuis longtemps, culture populaire veut dire amener au bon peuple, à ces incultes, la culture dominante. Ils ne sont pas capables de création (peut-être y a-t-il quelque chose là, dans création).
Perrault déjà niait l’existence de la culture populaire et regardait les contes comme une culture savante d’autrefois égarée chez les ploucs.
Il n’y a pas de problème avec Hollywood ou avec le cinéma. La tendance est universelle et touche toutes les formes d’expression et n’est jamais remise en cause. Il n’y a que des discussions entre gens du club, possesseurs de la parole, de la culture, du pouvoir, de l’argent… Internet et ces forums ne dérogent pas.
Peut-être pourrait-on appliquer art à ce qui jaillit, ce qui met au monde l’encore inexistant ?
La quantité des spectateurs, petite ou grande, ne serait pas alors un critère de l’existence d’art. D’artisanat peut-être.
Imagination ? On parle beaucoup de l’imagination des enfants. Une vieille dame américaine du début du XXe siècle, qui s’intéressait au conte, disait que les enfants n’avaient pas d’imagination, qu’ils étaient crédules. Quand ils jouent, tout ce qui se passe pendant le déroulement du jeu est la réalité. Ceci dans les limites du jeu. Dans le jeu ils mettent en œuvre, affûtent, des outils qui leur serviront hors du jeu, dans leur vie sociale, culturelle, politique… Le jeu est indispensable à la vie de l’enfant. Mais l’adulte qui joue est dangereux. Il n’est plus entre les parenthèses du jeu et massacre joyeusement les autres pour parvenir à ses fins. Il n’y a pas d’imagination chez lui, ou son imagination n’est pas créatrice, elle est jeu, crédule, et tout doit se plier à lui. Cet adulte a sans aucun doute été privé de jeu pendant son enfance, ou, très tôt, il s’est de lui-même, ou poussé par ses parents, son entourage, enfermé dans une volonté de réussir, de passer dans le monde des adultes, qui restera à jamais un jeu pour lui. C’est tragique à voir, parfois. Dérisoire.
Les Anglo-Saxons du cinéma sont de très bons artisans. Ce très bon travail est indispensable à l’art jaillissant, mais pas suffisant.
Les contes, comme tout mode d’expression (artistique et autre), tournent autour de ce qui ne peut être dit, de ce qui nous échappe, qui dépasse le connu. Depuis longtemps les collecteurs de contes ont cherché à les rationaliser, à les rendre acceptables par des gens cultivés qui ont besoin de comprendre. C’était aussi un moyen de les vider de l’art jaillissant, de les folkloriser. Un conteur disait que le public d’aujourd’hui n’aimait pas les contes merveilleux, qu’il préfère les contes facétieux, philosophiques, qui lui donnent l’illusion de comprendre.
Les contes merveilleux vous laissent avec des questions, et ne vous donnent pas toujours les outils pour les formuler. Il est amusant d’entendre des conteurs dire des contes merveilleux en s’en moquant, en s’excusant, en n’y croyant pas un instant. Ce n’est plus qu’une forme. Cette évolution est valable pour tous les modes d’expression.
La culture dominante ne supporte pas qu’il y ait un autre foyer de culture, qu’il soit populaire ou étranger. Elle confond universel et domination du monde. C’est l’intégration ou la désintégration. Pouf !
Le cinéma est devenu tellement énorme qu’il écrase, exclu.
Non, après ce film il ne m’est pas resté de questions, c’était trop. Peut-être, un jour, je le reverrai. Mais pas tout de suite.
Faites qqch contre cette pub avant vos émissions !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
24 seconds ça a duré.....
A force de lire, sous la plume de plusieurs participants au forum, des adjectifs tous plus ou moins fleuris concernant le mode de vie, la philosophie et le rapport à la nature des protagonistes bleus d' "Avatar" (et qui souhaitent simplement faire endosser à Cameron une intériorité "simpliste", "neuneu", "écolo-naïve" et j'en passe de plus vertes et moins mûres...), il me revient en mémoire une expérience qui, si elle semble au premier abord éloignée du sujet, va nous y ramener.

Il y a 10 ans sortait en France un livre de poème, "Indigo Rouge", signé John Trudell. Ce nom ne dira sans doute pas grand chose à grand monde, voici donc quelques liens

http://livre.fnac.com/a828912/John-Trudell-Indigo-rouges?SID=94abbae5-ce7a-21d3-c53f-83f1d869fccf&Fr=0&UID=065BF4EC6-A028-A8BC-3304-9392A1568F9E&To=0&Nu=1&from=1&Origin=fnac_google&OrderInSession=1&Mn=-1&Ra=-1

http://www.humanite.fr/1992-07-31_Articles_-LE-GUERRIER-DU-VERBE

http://pagesperso-orange.fr/phareouest/trudell.html

En deux mots, Trudell est un indien d'Amérique... un Sioux... dont la maman est de souche mexicaine. Il est une quitescence en fait des habitants originels de ce continent. Il fut d'abord activiste, membre fondateur puis président aux destinées de l'A.I.M, Américan Indian Movement ce qui lui vaudra de la prison. En 1978, il brule le drapeau des Etats-Unis devant le siège du FBI à Washington... dans les heures qui ont suivi, toute sa famille a péri dans l'incendie de sa maison, dans la réserve ou il habitait... Depuis, il est perpétuellement suivi par les services secrets américain, fliqué jusqu'au dents... passé l'abattement qu'on imagine, il s'est redressé, non pas en rendant coup pour coup, mais en écrivant, en faisant de la musique (l'un de ses albums, en 1986, a été adoubé par Dylan), en transcendant sa douleur et ses idées par l'art.

Pourquoi je vous en cause ? Parce qu'il y a 10 ans, lors de l'édition en France d' "Indigo Rouge", il est venu en France par le truchement d'une association dans laquelle j'ai des amis. Ils cherchaient un comédien pour lire ses poèmes en français, à ses côtés, dans des librairies... en complément, ils m'ont dit que, selon toute vraisemblance, les services secrets américains me ficheraient et feraient des recherches sur moi. Ca m'a fait sourire de me sentir l'objet d'intérêts internationaux, ravalant par là James Bond à un vulgaire employé à la mairie de Brighton, mais n'étant pas adepte du "Grand Complot International", je n'ai pas hésité, et je l'ai accompagné pour lire ses textes.

Et ce sont ces textes dont je veux parler ici. ces textes écrits et lus par cet homme singulier. Je me dois de parler de son regard, de l'énergie qu'il dégage, de ce fameux charisme inefable dont sont emprunts certains bipèdes pensants et qui fait s'imposer un silence léger partout où ils pénètrent... John Trudell est de ceux-là. Et combien l'on se sent petit à lire en français, après qu'il l'ait fait, lui, dans sa langue maternelle, ces textes étonnants, ces scansions qui confinent à la prière, au rite chamanique... ces textes qui parlent de la Terre-Mère, de la Terre qui devient quelqu'un à qui l'on s'adresse, à qui l'on parle, que l'on remercie, que l'on dorlotte, contre qui on se bat, que l'on excuse ou à qui l'on demande pardon... Ce silence de l'auditoire qui suivait les simples lectures qu'il faisait de chacun de ses poèmes...!!!

Alors bien sûr, ces philosophies indiennes que l'on retrouve d'ailleurs partout de par le Monde (je me souviens du film désopilant "Les Dieux sont tombés sur la tête" où un petit Bushman du Kalahari s'agenouillant près du cadavre de la gazelle qu'il venait d'abattre pour nourir les siens lui explique qu'il l'avait chassée la mort dans l'âme, mais que tel est l'ordre de la nature et qu'il ne se résoud à cela que pour nourir sa famille.) peuvent parfois sembler tellement loin de ce que, peu à peu, l'occident a forgé en matière de rapport à la Terre et à la nature... bien sûr, voir ceci dans un film que l'on présuppose "surfant" sur une vague écologiste (alors que, on ne le répètera jamais assez, les bases de ce scénario furent posée en 1995, à l'heure du consumérisme triomphant et 10 ans avant que l'Amérique commence à se poser quelques questions en matière d'environnement) peut paraître culcul et opportuniste... il n'en reste pas moins que, partout dans le monde, ce culte de la Terre-Mère a représenté le rapport à la vie d'ethnies entières, de contients entiers, et pendant des périodes qui vont au delà des 1500 ans du Christianisme dominant... Ce "culte", cette pensée naturelle pétrit encore, 500 ans après l'invasion européenne, ce qui reste des tribus originelle du continent américain, et sous d'aurtes formes, on la retrouve en orient, en Afrique...

Avoir quelques heures durant croiseé le trajet d'un homme pour qui ce rapport au monde a toute sa place, avoir travaillé sur ses textes, sur leur lecture en sa compagnie, tout ceci m'a éloigné des considération parfois un peu hautaines, voire condescendantes que j'ai pu lire deci delà sur ce que Cameron a voulu mettre en avant de ce point de vue (et de ce strict point de vue... je n'aborde par là AUCUN autre sujet du film, ni fondamental ni formel : qu'on ne vienne surtout pas invalider ce post pour autre chose que ce qu'il souhaite dire ! Sinon, pas de soucis... ).

Voilà. Juste une petite anecdote en passant. Et qui explique aussi pourquoi cet aspect du film, entrant en résonnance (et en "raisonnance") avec une expérience personnelle m'a semblée profond, et non superficiel, judicieux, et non opportuniste, capital, et non dérisoire.... et j'en passe. (Encore une fois, CET aspect-LA du film, strictement).

Et peut-être le retentissement mondial que le public populaire a réservé au film partout sur la planète s'explique-t-il aussi par cet aspect, dans la catégorie "inconscient collectif"... en référence à votre article dont vous avez placé le lien dans votre contribution, concernant ces quelques films de l'histoire qui semblent être totalement entré en phase avec le monde entier.

Ciao ciao.
Bon j'ai enfin vu Avatar, et c'est exactement ce à quoi je m'attendais. C'est beau, un univers entier créé c'est sympa et peu courant au cinéma de cette manière, mais c'est une belle coquille vide. Un divertissement agréable, mais avec le même scénario copié collé que 1 films sur 2 aux us (et pas que).

Les exemples ne me viennent pas tous, le type qui infiltre un milieu/ monde/univers est accepté, se tape la jolie nana de l'histoire, qui a un autre prétendant jaloux, qui n'est pas content et lui apprend que c'est un infiltré. Du coup elle lui fait la tête, mais à la fin ils se réunissent dans une péripétie finale. Moi j'ai vu ça et je pèse mes mots, au moins cent fois. C'est le schéma classique de l'histoire d'amour aux us, et même en france on a fait ça.
Le même scénario par exemple que la "vérité si je mens" ou par exemple comédie romantique US "What women want".

Alors 1 scénario cousu de fil blanc, et sur une grille formaté.

Deux, les protagonistes n'ont pas de personnalité, le militaire paraplégique gentil jeune premier, le parfait héro lisse. Les méchants bon chef d'entreprises capitalistes qui ne comprend rien aux écolos. Et le militaire, bon cliché américain du méchant militaire Trigger Happy. La Sigourney la manageuse pète-sec au coeur tendre. Et des seconds rôles sans plus de profondeurs, mention spéciale à la pilote d'hélico, avec des répliques reprises de nombreux films clichés genre : I didn't sign up for this. Quand elle découvre le monde.

Donc 2- aucune profondeurs chez les personnages.

Trois, Indigence de l'idéologie véhiculée, il faut ressentir la planète et la nature, ne faire qu'un avec elle, loin de tout aspect futile. Soit les gentils pour la vie contre les méchants pour l'argent. Non seulement du au manque de complexité des personnages, on a une vision binaire forcément des choses, profondément manichéiste. En effet les militaires sont très très méchants, ils ne veulent que l'argent, et les Na'vi beau et très très gentil. On est donc dans une fable simpliste, avec un discours très peu original (la nature etc). Bref on ne sera ni surpris, ni interpellé, ni choqué, ni amené à réfléchir. De plus le propos ne peut pas se prendre au sérieux deux secondes quand on voit la machine produit dérivé et une probable suite. Ils sont où les méchants capitalistes qui détruisent la nature poussé par leur terrible avidité?

3- Absolument simpliste et vide de sens.

Reste deux choses :
c'est magnifique, rien de mieux pour faire marcher la machine à consommer, surtout sur grand écran HD; et c'est sympa de créer un univers à ce point.
Mais ces deux choses là se trouvent facilement dans une grosse production vidéoludique aujourd'hui, peut-être un léger cran en dessous (et encore). Au passage beaucoup de l'esthétique ressemble à s'y méprendre à celle d'une série de jeu vidéo célèbre Final Fantasy, particulièrement le design des animaux, et des Na'vi, il suffit de voir des images des derniers en date. D'ailleurs Cameron devait adapter un manga, ce serait étonnant qu'il ne connaisse pas
Le Tomatomètre des critiques cinéma professionnels étasuniens ( les « Top critics » ) est à 94% http://www.rottentomatoes.com/m/avatar/?critic=creamcrop

Décryptage :

Le « Tomatomètre » est l'instrument de mesure principal du site : il permet au lecteur, en un seul coup d'œil, d'évaluer l'avis donné sur le film. Il fonctionne sur le pourcentage de critiques positives faites sur le film :

- à plus de 75 % : le film reçoit le label « fraîcheur certifiée » (Certified fresh) et est marqué par une tomate rouge
- entre 70 % et 75 % : si le film a fait l'objet de beaucoup de critiques, il peut recevoir le label de "fraîcheur certifiée". Dans tous les cas, il est marqué d'une tomate rouge.
- entre 60 % et 70 % : le film est considéré comme « frais » (fresh) et il est marqué d'une tomate rouge.
- en deçà de 60 % : le film est considéré comme « pourri » (rotten) et il est marqué d'une tomate éclatée verte.

Certains films font l'objet d'un taux d'approbation de 100 % mais ne reçoivent pas le label de fraîcheur certifiée car le nombre de critiques émises est trop faible.


http://fr.wikipedia.org/wiki/Rotten_Tomatoes
Voilà voilà, je l'ai enfin vu, et j'ai vu un gigantesque patchwork: pas mal de Danse avec les loups pour l'évolution du héros et l'exode de la tribu défaite, pas mal d'Atlantide de Disney (1ère rencontre avec la princesse, accessoires de la tribu, un peu musique, force vitale mystérieuse de la planète qui finit par intervenir dans la lutte), et le méchant chef militaire (I wanna be home for dinner!) m'a rappelé celui d'Apocalypse Now, avec sa tirade sur la bonne odeur du napalm et la plage idéale pour le surf, d'ailleurs les scènes de bataille au ras du sol dans la jungle font très Vietnam.

Même l'idée des connexions nerveuses entre toutes les créatures et leur planète me dit qq chose, ça pourrait être dans une BD de Valérian?
Suite aux deux chroniques sur Avatar, écrites respectivement par Judith Bernard (http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=2894) présentatrice de l'émission "dans le texte" et par Rafik Djoumi (http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=2922) internaute critique de cinéma, je souhaite apporter ma contribution au débat sur la critique de cinéma.

Le contexte qui a fait naître les chroniques nous renseigne sur les questions soulevées par la suite.

Dans l'émission "dans le texte" présentée par Judith Bernard où elle recevait Régis Debray pour la sortie de son nouveau livre "désengagement", celui-ci parle d'Avatar comme d'une "œuvre majeure". Ce commentaire d'un intellectuel sur un film grand public peu représentatif d'un film dit "intelligent" interpelle Judith Bernard, sa chronique du film est écrite en réaction aux propos de Régis Debray et à leur discussion sur une éventuelle disparition de la critique cinématographique.

La chronique de Judith, au demeurant agréable à lire et ne manquant pas d'intérêt n'est pas une critique de cinéma si c'est ce qu'elle cherchait à faire, ce que je crois.

Sa grille de lecture du film est un postulat critique ne prenant pas du tout en compte le fait qu'Avatar est une œuvre audiovisuelle et non un livre.

On peut avoir une grille de lecture politique sur un film, ce qui est le cas dans cette chronique, mais celle-ci ne suffit pas pour dire qu'on a parlé du film ou rédigé une critique de cinéma, il faut parler de l'image, du lien entre les images et le propos, de mise en scène, de forme et de fond.

Maintenant la réponse de Mr Djoumi à la chronique de Judith Bernard est truffée de clichés concernant une certaine critique du cinéma qu'il ne nomme pas.

Quand il nous dit " Dans votre émission, Judith, vous constatiez la disparition d’une critique cinématographique digne de ce nom et pourtant, à travers cette chronique, vous venez de résumer pour nous les trente années de dérive qui ont fait de la critique française ce qu’elle est aujourd’hui ; à savoir une entreprise de réductionnisme visant à faire du Cinéma la bête caricature de notre actualité et à plaquer sur l’ensemble de la production cinématographique cette grille de lecture unique qu’on nomme « reflet du réel ». Un exercice loin d’être gratuit puisqu’il permet d’écarter environ 97% des films produits, aussitôt discrédités et jetés dans le sac du divertissement de masse, pour ne retenir que les 3% de films effectivement préoccupés par leur rapport au « réel », dont on pourra ensuite déployer le discours prédicateur en de longues colonnes moralisatrices et assurer ainsi la perpétuation d’un discours dominant."

Dire que la critique française est une entreprise de réductionnisme est totalement faux. La critique dite intello ou partisane des "films d'auteurs" (détestable expression mais au moins je sais qu'on me comprend) a produit une vrai critique de film, un regard sur le cinéma dans son ensemble, sans négliger le traitement des grosses productions, des films de masse. Bien sûr, les films "reflet du réel" ont une meilleure côte chez ce genre de critiques que les films hollywoodiens, mais toute critique qu'elle que soit son origine ne peut faire l'économie de la subjectivité, on ne met pas son goût à l'écart. En exemple de mon propos, je vous propose, en ce qui concerne Avatar, mais c'est valable pour d'autres "films de masse", de lire le numéro de janvier 2010 des "Cahiers du cinéma", organe de presse cinéma hautement représentatif de la critique fan de "reflet du réel", qui propose une critique du film en évoquant : les techniques de production, sa place dans une perspective du cinéma et ce qui touche dans le film (on y parle de fable, cela fera plaisir à Rafik). Ce qui est à noter dans les critiques des "Cahiers du cinéma", c'est qu'il n'est jamais fait mention du caractère confidentiel ou grand public des films, on ne s'interroge pas sur les films à partir du nombre de gens qui les ont vus, il me semble que c'est le meilleur chemin pour parler du film lui même.

Dans la critique que fait Rafik Djoumi des points de vue de Judith Bernard, sa critique des Lumières et de la rationalité est un sujet intéressant, mais justement, la critique qu'on peut faire aux Lumières et aux rationalistes est la recherche d'absolu, et celle-ci est présente chez Judith Bernard aussi bien que chez Rafik Djoumi dans leur chronique respective, on veut produire un avis définitif sur le film, on veut le classer, dire c'est merveilleux ou c'est nul, tout ce qui, à mon sens, ne fait pas une critique, même si une critique peut dire "j'aime" ou "j'aime pas". Il n'y a pas de canon de la critique comme de moule pour faire du cinéma.

Il y a du classicisme, des traditions et des codes, mais pas de normalisation à obtenir ou à chercher, que ce soit pour les œuvres ou pour la critique qui s'y rattache.

Et je voudrai dire quelques mots sur l'article "les intouchables" écrit par Rafik Djoumi auquel il nous renvoie pour nous dire de quoi parle Avatar. Il nous renvoie à tous les films les plus vus dans l'histoire du cinéma et au fait que ceux-ci sont fondés sur des mythes anciens. Je veux bien croire que ce qui plaît dans ces films, ce sont des éléments récurrents de l'histoire de l'humanité (le bien contre le mal, des héros, des messies, des intolérables, l'amour, l'aventure). Je trouve très efficace les principes de récit de Joseph Campbell (l’appel de l’aventure, le refus de l’appel, l’aide surnaturelle, le passage du premier seuil...), ce sont de bonnes bases à l'écriture d'un scénario, mais on ne peut pas dire que les succès du cinéma ont eu lieu juste grâce aux mythes, on ne peut pas faire fi du bouche à oreille, du sentiment que chaque être humain éprouve face à quelque chose dont tout le monde parle et qu'il n'a pas vu. On évoque là ce qu'aujourd'hui on pourrai appeler les principes du buzz, c'est comme la "messe télévisuelle". Tout le monde veut savoir de quoi tout le monde parle et c'est pourquoi des gens vont voir les films dont tout les médias parlent (sans faire de critique d'ailleurs, eux aussi sont dans l'idée de ne pas rester sur le bas côté alors que les autres sont sur le sujet). Ensuite, des gens vont voir ces films que "tous les gens qui vont voir les films dont tous les médias leur parlent" leur parle. C'est exactement ce qui s'est passé pour Avatar, un plan de communication gigantesque sur tous les médias, la peur de chacun d'être à côté du sujet, de ne pas savoir ce que tout le monde sait. De plus, les règles d'écritures de Campbell ou d'autres sont intéressantes, mais les suivre produit quand même des films plutôt identiques. Les éléments qui composent les personnages sont toujours les mêmes, c'est efficace mais ça peut devenir lassant. Il est important d'essayer de mettre en avant d'autres histoires, un autre cinéma. Le cinéma n'est pas uniquement un divertissement, il peut servir à penser, à s'ouvrir et pas seulement à s'émerveiller, à déranger et pas seulement à conforter ou rassurer.


Vos deux visions sont "archétypales"... mais merci pour ce débat.
"Je dis juste que la propagande ne peut convaincre que ceux qui demandent à être convaincu"

Quant bien même, cela ne la rendrait pas plus admissible, votre argument est donc spécieux.

"Que la fiction puisse être au service d'une idéologie (que ce soit en détournant une fiction ou en créant une fiction spécifiquement idéologique), je ne le nie pas (l'art a depuis toujours été instrumentalisé par le pouvoir et par les dogmes). Je dis juste que ce n'est pas sa nature, son objet que d'être utilisé ainsi. "

Qui vous demande d'avoir une approche essentialiste de l'art ? Sa nature, son objet. Cela n'a strictement aucune importance, le résultat est là, que vous pensiez que sa nature soit ainsi trahi ne regarde que vous et les platoniciens que nous n'avons plus à écouter, nous n'avons donc pas à nous en soucier.

"une pensée non dogmatique, non idéologique."

Je me doutais bien que vous faisiez cet amalgame fallacieux. Vous si soucieux du dictionnaire, vous devriez savoir que le dogmatisme n'est qu'une idéologie parmi d'autres et donc que toute idéologie n'est pas dogmatique.

"Le danger d'une pensée qui assimile a priori toute fiction (sans parler d'une pensée qui assimile tout discours) à de la propagande, c'est de créer une méfiance généralisée du discours et de la fiction qui en réalité, empêche de percevoir le discours d'autrui ou de s'ouvrir à l'expérience d'un œuvre. Et en fait, cela paralyse le sens critique, parce que cela entraine une perte d'autonomie du jugement"

Oh, l'éhonté préjugé. Non, la méfiance n'interdit pas l'ouverture, en voilà une pétition de principe abusive.

"Le fait que des États utilisent la fiction pour gagner de l'influence dans le monde, cela ne signifie pas que c'est fait avec le consentement des artistes. "

Argument spécieux (bis), tant que les œuvres sont faites par des artistes, c'est de leur responsabilité qu'importe qui en use après eux, s'il le fait dans le respect de l'œuvre, il n'y a pas trahison donc déresponsabilisation.

Pour Dallas, qui avait raison des diffuseurs russes ou des penseurs européen... regardez donc combien de temps le mur ret l'URSS a tenu après la diffusion, cela pourra vous aider à donner une réponse. :P

"Aucun film n'empêche qui que ce soit de se monde de se méfier des américains ou de lutter contre le libéralisme."


Qu'en savez-vous ? Toujours aussi péremptoire. En attendant, méfiance ou pas, nous consommons ce qu'ils veulent que nous consommions, le libéralisme a ainsi gagné. Le libéralisme peut vendre n'importe quoi, même un ouvrage antilibéral, il s'en fout, du moment qu'il vend, pas de vision à longterme, l'exploitation de tout ce qui existe, ici et maintenant pour seul crédo, après moi-marchand, le déluge.

"L'antiaméricanisme n'a jamais été aussi florissant en France qu'à l'époque où les DVD de Desperate Housewives battaient les records de vente…"

Oui, et alors... sont-ce les mêmes qui suivent cette pauvre série et sont antiaméricains politiquement/idéologiquement parlant (je ne suis pas antiaméricain, seulement antilibéral) ou sont-ce ceux qui regardent The Wire et Deadwood ?

yG
@ Denys Corel.


Politique et idéologique ne sont pas deux mots équivalents. Vous pouvez vérifier dans un dictionnaire, si vous ne me croyez pas. Faire un film a des fins politique n'est pas du tout la même chose que d'en faire un dans un but idéologique (sauf pour yannick G. qui ne croit pas que les mots on un sens commun qu'il est possible d'affiner, de réduire par une définition en contexte, mais non de changer sans prévenir personne).


Deux mots équivalents, non, personne ne dit cela, mais cela n'empêche pas une idéologie de servir bien souvent une certaine politique.


"Montrer qu'un héros américain se montre un être moral peut contribuer à donner à un spectateur un préjugé favorable envers les américains (même si ce n'est pas le but avéré de son auteur), parce que le spectateur fera une généralisation hâtive (et ce sera toujours une généralisation hâtive s'il voit mille films qui disent la même chose), mais ce n'est pas une idéologie."

Qu'en savez-vous ?
Le dictionnaire, votre bible dont vous faites un usage abusif, ne l'interdit pas.

En fait la fiction n'est là dessus pas différente de n'importe quelle expérience : faire une généralisation disproportionnée à partir d'une expérience partielle (que ce soit une rencontre ou une fiction) mène au préjugé. Le problème du préjugé ne dépend pas de la fiction, mais bien de l'éducation (qui est censée nous apprendre à pas généraliser hâtivement et à tirer une conclusion proportionnée par rapport à une expérience).

Bonne blague, que la fiction ne soit pas une expérience différente des autres, c'est ce que je clame depuis le début.

De plus, le fait de dire que les généralisations ne dépendent pas de la fiction est inconséquent et caractéristique de l'idéologie libérale, dois-je vous le rappeler ? Faire croire qu'il n'y a que des cas particuliers, que la multiplication de ces derniers ne constitue pas le premier pas vers les généralisations abusives est un leurre tout à fait hypocrite. Dès lors qu'un cas particulier est montré dans une œuvre, il sort du cadre du cas particulier, puisqu'il est destiné au public, et devient un cas général, que vous le déploriez ou non, c'est ainsi, l'œuvre d'art en tant qu'œuvre public est une œuvre généralisante. Nier ce fait est le propre d'un courant idéologique et politique que je combats. C'est la porte ouverte à la déresponsabilisation de tous. Sans moi.

yG
[quote=Sleepless]Ouaip, tu as raison, d'une certaine manière.
Je tique toujours sur idéologie = engagement.
À mon sens, l'un est une démarche individuelle, l'autre est un système de pensée, un "idéal" de société, généralement venant du "haut".
On va prolonger, cela va sans dire...

Modifié 2 fois. Dernière modification le 18:13 le 22/04/2010 par sleepless.

Pour ceux qui veulent poursuivre ... plus à gauche. ;)
Merci Rafik Djoumi,

Merci de parler avec sincérité. J'observe que plutôt qu'être sincères, une grande partie de nos contemporains parlent comme .. .
Effet Ve République et parti dominant, économie oppressante, retour à une forme d'esclavage social. Le corps n'est plus libre, l'esprit non plus.
Je n'ai pas l'intelligence et le talent pour développer mon argumentaire.

Votre analyse, je vais la diffuser en ce printemps comme des graines de pissenlit. Emportées par le vent, elles germeront bien quelque part!
"parce que, donc, on va faire un plateau Avatar,"

Ah ben tiens !
J'etais en train de preparer un texte depuis quelques jours ( 5 minutes par ci par la ) parcequ'il y a pas mal de cotes du film qui ont ete completement mis de cote ( par meconnaissance des certains angles ou certains faits qui n'ont jamais ete mentionnes, plutot que par volonte )

Je vais attendre l'emission, voir si certains de ces cotes sont abordes
En relisant cet article, dans le cadre de la préparation de notre émission sur Avatar - parce que, donc, on va faire un plateau Avatar, avec Rafik Djoumi, et d'autres, en ligne la semaine prochaine - je me rends compte que j'ai quand même laissé passer un truc énorme, à quoi personne n'a apporté la contradiction. Il me faut laver l'honneur des Lumières, accusées bien à tort d'avoir tué l'imagination française, et il me faut urgemment rendre à Voltaire ce qui est à Voltaire.

Car c'est Voltaire qui, le premier à ma connaissance, a inventé la figure de l'extra-terrestre : il s'appelle Micromégas, vient de la planète Sirius, mesure plusieurs kilomètres de haut, et on trouve son histoire dans le conte du même nom. Si ça n'est pas une oeuvre d'imagination, faisant la part belle à la fantaisie, à l'inventivité (mise au service d'une médiation philosophique, certes - comme la plupart des oeuvres de science fiction), alors je ne sais pas ce qu'est l'imagination.
C'est la question posée par Alain Gérard Slama à Frédéric Martel dans la matinale de France Culture ce matin.

Martel vient de sortir un bouquin aux éditions Flammarion intitulé "Mainstream" qui pose l'hypothèse d'une guerre de culture entre civilisations (reprenant l'hypothèse de Huntington en en corrigeant les schématismes), luttant sans merci pour une guerre du soft power.

L"hypothèse est pertinente, mais il semble que le livre (pas encore acheté) ne dise rien du contenu de cette culture : pourquoi les œuvres mainstream (et comment les définir ?) plaisent-elles au plus grand nombre ? Le succès de Dreamworks, s'interroge Slama, ne s'explique-t-il que parce que les personnages crées sont "mignons" ? La question ainsi tournée montre l'absurdité de la chose.

Même chose pour Dr. House, personnage nihiliste, presque amoral, qui plaît malgré nous, ou Nurse Jackie, infirmière droguée qui trompe son (gentil - beau - aimant) mari avec le pharmacien de l'hôpital pour avoir sa Vicodine sans ordonnance. Des séries portées par des personnages complexes, atypiques, pas franchement la figure du héros. Vous me direz le phénomène s'étend puisque même les films de super héros s'y mettent (Hanckock, Kick Ass), soit que les super héros n'aient en fait pas de pouvoirs soit qu'ils soient pas altruistes du tout, et bourrés la moitié du temps.

Des "produits" qui ne nous donnent pas une image très reluisante de nous mêmes, qui montrent une vision complexe de l'homme et du monde (dégueulasse en général) et ne collent pas de sourire imbécile sur le visage à leurs téléspectateurs. Alors, leur succès ? Hein ?

Et ben. Leur mode de production, l'industrie derrière, les codes utilisés pour la fabrication ?
Cela me semble insuffisant.

Au fond Slama pose à Martel une question qui ressemble fort à celle soulevée par la chronique de R.Djoumi.
Celle de leur contenu, de leur qualité, de leur originalité. Mainstream peut-être, de œuvres, néanmoins.
Enfin je crois.
Bon, c'est bien joli tout ça, mais on tourne en rond. Pour des raisons différentes de ce qui nous amène ici, je viens de revoir un autre film signé James Cameron, datant de 1995, et que je n'avais pas vu depuis quinze ans : Strange Days. L'histoire est de James Cameron, le scénario aussi, mais le film était réalisé par Kathryn Bigelow (qui, je crois bien était sa femme à l'époque).

Eh bien, je viens de me faire un trip de 145 minutes et franchement, je ne regrette pas ! Ah, les années 90 avaient tout de même du bon ; le cinéma d'aujourd'hui a l'air bien pauvre en comparaison.

Bon, ben du coup, j'ai plus sommeil.

Un pt'tit clip
Les Français n'ont vraiment pas de chance. Vraiment inaptes au merveilleux et au fantastique. Et quand Rafik Djoumi suscite une contre-réponse, le surréalisme, Djoumi Rafik explique que le surréalisme leur a été apporté par des immigrants. Moi qui croyais qu'André Breton(1896-1966)était né à Tinchebray dans l'Orne de parents d'ascendance vosgienne et bretonne, que Louis Aragon était né à Paris, que Philippe Soupault, que… (ce qui ne les empêchait pas d'aimer les Allemands, les Anglais ou les Espagnols, n'est-ce pas Max Ernest, Dali, Miro, Bunuel ?) etc. Quant à Guernica « tout le monde » se foutrait de savoir que le tableau a un quelconque rapport avec la guerre ? Bon, on est où ici, dans un fanzine écrit par un gosse de seize ans ?

Cordialement, Maxime Benoît-Jeannin, Bruxelles.
Service public ?

http://quizclub.leclubfrancetelevisions.fr/index-v2.php?jeu_id=2704
Comme souvent, les (bons) humoristes savent cent fois mieux résumer les choses... :o)
culture-match | Mercredi 9 Décembre 2009
James Cameron dévoile les secrets d'«Avatar»


(...)
James Cameron et la politique

Il ne faut pas voir en «Avatar» une métaphore de la guerre en Afghanistan. Le film n’est pas pro-Taliban, ce n’est pas le sujet et aborder «Avatar» avec un angle géopolitique concret est inutile. Nous avons toujours connu au cours de l’Histoire des peuples qui se proclamaient curieux et civilisés et qui en fait désiraient juste voler ce que les natifs possédaient. Anglais et Français ont pillé la culture indienne en Amérique, détruisant une culture millénaire sans réfléchir aux conséquences humaines. On a tous dans cette pièce un ancêtre qui a participé à la colonisation. Pour moi, on doit aujourd’hui s’impliquer dans la préservation des différentes cultures et des peuples qui composent notre Humanité. Cela ne se limite pas à la forêt amazonienne mais à tous ses peuples indigènes qui ont le droit de vivre comme ils le désirent. (...)


C'est pas moi qui le dit...
texte tres interessant, obligeant à s'attacher à des aspects non perçus au visionnage du film !
quelqu'un qui l'a pris comme un "enchantement " !
[large[large]]je ne crois pas que les Lumières aient tué l'Imagination en France. Certes, il y a un désir dès le XVII° siècle (avant même les Lumières) de rationalisation, d'explication, un refus de la superstition (les contes de Perrault par exemple s'adressent à des adultes et sont bourrés de clins d'oeil ironiques-la belle au bois dormant qui s'éveille de ses 100 ans de sommeil et qui est désespérée de porter une robe aussi démodée par exemple).
Mais surtout, l'Imaginaire dans les pays catholiques était porté par les saints locaux et la légende dorée.
En Angleterre, avec l'anglicanisme, il y a un vide qui se comble par diverses légendes pré-papistes et non religieuses.
Avec la sécularisation, les saints et la légende dorée sont plus ou moins abandonnés, alors qu'en Angleterre et au Etats-unis, pays protestant, on garde les légendes du coin qui ne sont pas liées à la religion et elles nourrissent l'imaginaire.

Cela dit, si ça a pu freiner une véritable littérature fantastique française, le rapport que la France entretient avec l'Histoire (ce qu'elle partage avec l'Angleterre par ailleurs) a permis la naissance la littérature historique, très populaire dès le début du XIX jusqu'à nos jours. Et on peut pas dire que ce genre soit "sec", obnubilé par "l'autofiction" et le tout psychologique" que certains ici reprochent à la littérature française

Quant à la SF, des auteurs comme Jules Verne ou moins connus comme Gustave Le Rouge ont écrit dans la langue de Molière. Mais je pense que c'est la Première guerre mondiale qui a sonné le glas de la production européenne SF, et non les Lumières françaises. L'optimisme quant à la technique est mort dans les tranchés. Et tout l'Imaginaire de la machine a été délaissé.
Ou presque, le mouvement futuriste est né dès le début des années 20. Élitiste, anarchiste de droite et d'extrême-droite, sa rivalité et sa compromission avec le fascisme (l'idéal de l'Homme-machine) n'ont pas aidé après la guerre à relancer une science-fiction européenne définitivement moribonde.

Les Etas-unis ont contraire, qui n'ont pas vécu les horreurs de la première guerre mondiale sur le sol,grands vainqueurs avec la Russie de la 2 GM, ont écrasé par la technique et la machine le Japon (Hiroshima, Nagasaki), se lancent dans la conquête spatiale.
Toute leur histoire et leur présent poussent leurs auteurs à investir les mondes que l'ont appellent imaginaires (y'en a t-ils d'autres ?). Les anglais, eux, se tournent vers la Fantasy, les auteurs français ne sentent pas inspirés par cette forme de narration.

Voilà, c'est forcément lacunaire mais je ne pense être totalement à côté de la plaque.[/large][/large]
Quand les Blancs arrêteront-ils de faire des films comme Avatar ?
mardi 22 décembre 2009 , par Annalee Newitz / traduit par ALF/LPG


Les critiques voient dans le film Avatar de James Cameron une épopée extraterrestre, une sorte de version fantastique de Danse avec les loups : l’histoire d’un mec blanc qui s’entiche d’indigènes et finit par devenir leur grand chef. Mais, en fait, Avatar est juste la dernière mouture SF d’un vieux fantasme de culpabilité blanche. Attention ce qui suit va révéler des éléments de l’intrigue...

(...)Avatar revisite avec imagination les lieux du crime du génocide originel sur lequel s’est fondé l’Amérique blanche, dans lequel d’entières civilisations et tribus indigènes furent anéanties par les européens immigrés vers le continent américain. Dans le film, un groupe de soldats et de scientifiques s’installent sur la lune verdoyante de Pandora [1], dont les paysages ressemblent à un croisement entre les forêts du parc national de Redwood (Californie du Nord) et la forêt tropicale du Brésil. Les habitants de la lune, les Na’vi, sont une version féline et bleue de peau des peuples autochtones : ils portent des plumes dans les cheveux, vouent un culte aux dieux de la nature, se peignent le visage pour la guerre, utilisent des arcs et des flèches, et vivent en tribus.

Il est impossible de se méprendre : il s’agit bien de versions extraterrestres des peuples autochtones stéréotypés tels que nous les avons vu dans les films d’ Hollywood depuis des décennies.

(...)Si l’on envisage Avatar et ses semblables comme des délires sur la race et son rôle social, quels modèles voyons-nous se dessiner ?

Dans Avatar et District 9, les humains sont la cause de l’oppression et du désespoir des extraterrestres. Puis, un homme blanc qui a été l’un des oppresseurs change de bord, et à la dernière minute, s’assimile à la culture étrangère et devient son sauveur. C’est aussi l’histoire de base de Dune, où un membre de la royauté blanche fuit son confortable palais sur la planète Dune pour devenir le chef des Freemen, ces autochtones chevaucheurs de vers (la chevauchée comme rite de passage a un équivalent dans Avatar, où Jake prouve sa virilité en chevauchant un oiseau géant).(...)

Ce sont des films sur la culpabilité blanche. Nos principaux personnages blancs se rendent compte qu’ils sont complices d’un système qui détruit les autres, c’est à dire les gens de couleur - leurs cultures, leurs habitats et leurs populations. Les Blancs le comprennent quand ils commencent à assimiler la culture de l’autre et acceptent de voir les choses sous un angle nouveau. Pour purger leur immense sentiment de culpabilité, ils changent de côté, deviennent des « traîtres à la race », et luttent contre leurs anciens camarades.

Mais à ce moment, ils vont bien au-delà de l’assimilation et deviennent carrément les chefs des peuples qu’ils ont autrefois opprimés. C’est l’essence même du fantasme de culpabilité blanche, mis à nu. Ce n’est pas seulement le souhait d’être déchargé de crimes que les Blancs ont commis contre les personnes de couleur, ce n’est pas seulement un désir de rejoindre au combat le camp de la justice morale. C’est un désir de diriger les gens de couleur de l’intérieur plutôt que de l’extérieur (blanc et oppresseur).(...)

Fait intéressant, dans District 9, Wikus apprend une leçon très différente. Il devient autre et ne peut pas revenir en arrière. Il n’a pas d’autre choix que de vivre dans les bidonvilles et de manger de la bouffe pour chats. Et devinez quoi ? Il déteste ça. Il aide son copain extraterrestre à s’échapper de la Terre uniquement parce qu’il espère le voir revenir dans quelques années avec un « remède » contre sa transformation. Quand les Blancs rêvent de changer de race, c’est marrant seulement si ils peuvent allègrement ignorer l’expérience fondamentale de l’appartenance à un groupe racial opprimé, et qui est la suivante : tu es opprimé, et personne ne te laissera devenir le chef de quoi que ce soit. Voila un message que personne ne veut entendre, et surtout pas les personnes de race blanche qui sont les créateurs et les consommateurs de ces histoires. (...)

À la fin du film, on se demande si le personnage de Jake Sully était nécessaire. Le film aurait pu tout aussi bien en mettant l’accent sur un vrai Na’vi se mettant en contact avec ces tarés d’humains qui n’ont aucun respect pour l’environnement. Je vois d’ici l’explication : « Eh bien, nous avions besoin de quelqu’un (un avatar) avec qui le public puisse s’identifier. Un mec normal marchera mieux qu’un de ces grands gaillards bleus ». Mais c’est précisément le genre d’idée qui fait que tous les rôles principaux sont des hommes blancs (des écrans vides sur lesquels le public se projette) à moins que vous vous appeliez Will Smith.

Mais plus que cela, les Blancs doivent revoir leurs rêves sur la race.

Les Blancs doivent cesser de refaire l’histoire de la culpabilité blanche, qui est une manière sournoise de transformer chaque histoire sur des gens de couleur en une histoire sur le fait d’être blanc.

En tant que personne de race blanche, je n’ai pas besoin d’en entendre plus sur ma propre expérience raciale. J’aimerais voir des films sur des gens de couleur (euh, des extraterrestres), de leur perspective, sans qu’on y insère un personnage blanc (euh, humain) pour tout m’expliquer. La science-fiction est passionnante car elle promet de montrer le monde et l’univers depuis des persectives radicalement différentes de celles auxquelles nous avons été habitués. Mais jusqu’à ce que les Blancs cessent de faire des films comme Avatar, j’ai bien peur d’être condamnée à voir la même histoire encore et toujours.
Je suis un fan de mythologie, un geek. A 12 ans, je connaissais déjà par coeur les mythes majeurs greco-romains. Je m'extasie toujours de la profondeur geeko-mythologique de Matrix (par exemple) que de nombreuses personnes rejètent qu'elles soient très cultivées ou pas, apparemment déjà blasées par des longueurs de combat dont elles ne sentent pas la signification pour l'histoire et l'évolution des personnages.

Mais Avatar, si je distingue tout à fait la teneur mythologique et les archétypes, ne m'extasie pas, ne m'a pas fait vibrer : parce que les archétypes qui y ont été utilisés et la scénarisation sont devenus clichés : aucune surprise, tout est téléphoné, dans les dialogues et rebondissements du scénario.

Star Wars, Matrix ... ne sont pas des récits simplistes au final - ils sont complexes mais leur rythme fait qu'on arrive à suivre. Ils ne sont clairement pas manichéens contrairement aux apparences : le sombre existe, le lumineux existe ... mais les passages et les zones de flous entre les deux sont nombreux - c'est ce que nous apprennent Skywalker et Neo. Que ce soient les mythes anciens d'Orphée, d'Ulysse, d'Hercule ... de la même façon, ils n'ont rien de manichéens.

Je considère que de son côté, Avatar est clairement manichéen et simpliste dans son approche mythologique. En cela, il m'a particulièrement déçu.
Allez, comme ce forum est vite lu, je peux ajouter ma touche : V Hugo (sans doute un étranger, car s'il avait été français, il n'aurait pas eu autant d'imagination), dans "L'homme qui rit", écrit :
"Sans aller au fond, car le spectateur n'aime point la fatigue de l'approfondissement, on comprenait quelque chose au delà de ce qu'on apercevait, et ce spectacle étrange avait une transparence d'avatar." [c'est à propos du spectacle offert par Déa et Gwynplaine lors d'un interlude conçu par Ursus et intitulé "Chaos vaincu" - encore du mythe, sacré Victor ...]
ET SI AVATAR N'EXISTAIT PAS ?
Sur le fond je suis d'accord avec l'analyse de l'auteur. Mais je touve dommage de voir un tel texte apparaître (enfin) pour un film aussi inintéressant qu'Avatar.
Car pas à aucun moment vous ne parlez des 'qualités' cinématographiques de Avatar: un scenario cousu de fil blanc, des dialogues insipides, des personnages caricaturaux (et copié/collé de d'autres films de Cameron). Pourtant je ne suis pas un anti-blockbuster primaire. Je me fais au contraire réguliérement vilipender pour aimer certains films à grand spectacle hollywoodiens. J'ai adoré par exemple les Gladiator et Kingdom of Heaven (version longue) de R. Scott, que je trouve être á la fois de superbes divertissements et avec une certaine profondeur dans les personnages et finesse dans les dialogues. Je ne vois rien de tout cela dans Avatar qui ne vaut pour moi que par ses effets spéciaux. Que restera-t-il dans 10 ans de ce film, quand la 3D sera devenu banale et que d'autres auront fait beaucoup mieux dans ce genre? Pas grand chose, forcément... Si ce n'est comme vous le dites si bien "l'objet d'art", purement esthétique: une belle coquille vide.
Savoir ce qu'est un objet d'art me semble un peu oiseux. Pour arriver à ses fins, l'art doit descendre de son piédestal et nous parler directement. Le terme d'art est trop souvent utilisé comme moyen de nous impressionner. Qualifier un film, un livre ou quoique ce soit d'objet d'art ne devrait pas pour un critique, comporter la moindre once d'éloge. Parce que le critique n'est pas là pour décider ce qui est de l'art ou non. (Plutôt pour donner un avis éclairé sur la qualité de cet art). En fait pour juger une œuvre la condition préétablie est justement de la regarder en tant qu'œuvre d'art, c'est à dire de se mettre en état de la recevoir, et je pense que c'est ce que veut dire Djoumi ici. Croire qu'une œuvre d'art est forcément universelle et profonde, c'est une erreur. Si l'on part de ce principe, la notion de chef d'œuvre n'a pas de sens et l'on place l'art lui-même si haut qu'il en devient inatteignable. Pas de doute : le gendarme à St Tropez est une œuvre d'art, c'est juste une œuvre d'art particulièrement médiocre. Mais les moyens qui permettent à un spectateur de la comprendre, de lui donner sa place dans l'histoire du cinéma sont exactement les mêmes que ceux qui permettent de comprendre et d'analyser Citizen Kane. Si on peut décider a priori que tel film n'est pas une œuvre d'art, alors on retire toute possibilité de le considérer à l'aune de ce qui a été produit par ailleurs. Une création de qualité médiocre reste une création, et pour pouvoir juger de sa médiocrité ou non, il faut précisément la regarder pour ce qu'elle est : une création, une œuvre d'art, donc. Mais le mot d' « artiste » a été tellement chargé qu'il devient sacrilège de l'utiliser pour les peintres du dimanche, les auteurs de chansonnettes ou les plumitifs laborieux. Comme s'il ne pouvait y avoir d'artistes incompétents ou médiocres…

Le problème que soulève Djoumi ne me semble pas être de savoir si oui ou non Avatar est un bon film (c'est affaire de jugement, que ce jugement soit éclairé ou non), mais si la critique en général ne traite pas le film en se fondant sur des préjugés et des outils simplificateurs. C'est pour cela que son texte est intéressant dans le cadre d'arrêt sur image. Au fond, sa question n'est pas "est-ce qu'Avatar est une œuvre d'Art ?" (c'en est une, et cela ne nous dit pas grand chose sur sa qualité) mais : "comment doit-on regarder un film ?" Pour qu'une œuvre d'art ait une chance de fonctionner, il faut deux conditions : un artiste qui sait ce qu'il fait, et un spectateur qui sait regarder (ou écouter, ou les deux à la fois). Si l'on suppose qu'il y a de bons et de mauvais artistes, ou plutôt des artistes qui maîtrise leur art et d'autres qui ne le maîtrisent pas, on peut supposer aussi qu'il y a de bons et de mauvais spectateur (et donc de bons et de mauvais critiques). C'est à dire, qu'il existe des spectateurs qui s'ouvrent à l'œuvre et d'autre qui lui ferment la porte au nez avant même de lui donner une chance de la recevoir (et de fait, le seul "travail" du spectateur, c'est de donner une chance à l'œuvre de le toucher, mais c'est déjà énorme). Or il y a beaucoup de moyens de ne pas se rendre disponible à une œuvre. La réduire à son aspect socio-politique en est un. Ou encore de considérer que tout a été dit. Ou encore se lamenter d'avance parce qu'elle utilise tels moyens ou technique pour atteindre le but que son auteur s'est fixé (comme par exemple les effets numériques, la peinture à l'acrylique ou des synthétiseurs) au lieu de se relier uniquement sur des moyens traditionnels (ne vous y trompez pas, l'inverse ne vaut pas mieux). Ou encore l'écarter en raison de son lien avec un genre donné.

Beaucoup de spectateurs, critiques ou autres, font de leur goût un moyen de se distinguer. Proclamer qu'on est différent ou semblable à la masse par son goût est pourtant l'attitude la plus bourgeoise (au sens Flaubertien non au sens marxiste) qui soit. Pour ces spectateurs l'œuvre n'importe pas en elle-même, il leur est en effet plus facile de parler de la perception générale qu'elle produit : si l'œuvre est populaire c'est qu'elle est vulgaire, ou, au contraire, si l'œuvre ne l'est pas c'est qu'elle est élitiste. Alors qu'aucun de ces critères n'est pertinent pour la juger. Le travail du critique devrait justement être d'écarter ces notions pour défendre la rigueur artistique, qu'elle rencontre ou non son public. Jean Douchet (que je ne considère pas comme une autorité, on peut ou non être d'accord avec son travail critique, mais en l'occurrence sa formule a l'avantage de la précision et de la concision) définit le travail du critique comme étant "de suggérer l'idée la plus exacte possible de l'œuvre". Bref le principe d'une critique (ou le spectateur, les deux mots sont interchangeables), c'est de parler de ce que l'œuvre tend à être et non de ce qu'il y projette. Or pour cela il faut un effort minimal (en plus d'outils d'analyse adaptés) : celui de s'engager tout entier dans l'œuvre pour s'ouvrir à ce qu'elle a à dire au moment où on la découvre, qu'elle soit signée par James Cameron, Despleschins ou Ed Wood. S'engager dans l'œuvre, cela veut d'abord dire, accepter les principes qui lui sont nécessaire pour atteindre ses buts. Par exemple, dans une fiction, c'est entre autre et selon les cas adopter, la fameuse suspension volontaire d'incrédulité ("d'accord, ça se passe dans un futur éloigné, et sur une planète habitée par une race bleue").

Certes les déceptions seront nombreuses, mais l'avantage c'est qu'on se donne la possibilité si l'œuvre vaut quelque chose de l'avoir réellement expérimentée. En clair, un critique ne peut aborder un film sous l'angle du soupçon, puisque s'il le fait, il ne peut plus être en position de recevoir l'œuvre et donc d'en parler de façon pertinente. L'analyse d'une œuvre d'art ne peut être fondée que sur une attitude de réception au départ bienveillante envers l'œuvre. Or, ce ne peut être le cas des analyses qui parlent de l'art sous l'angle étriqué des sciences humaines, puisque le soupçon leur est naturel et nécessaire. Il ne s'agit pas pour autant d'une simple affaire de goût et de discussion esthétique oiseuse (même si l'esthétique et le goût ont leur mot à dire, en art comme disait Theodore Sturgeon rien n'est absolu), mais d'expliquer comment les moyens spécifiques utilisés dans l'œuvre par son (ou ses) auteur (s) permettent de produire les émotions ressenties : la seule critique d'une œuvre recevable pour un spectateur engagé est celle qui explicite et met valeur ce qui est ressenti intuitivement lors de la découverte de l'œuvre, en s'appuyant sur les moyens artistiques utilisés, non sur des outils inadaptés. Lorsqu'un sociologue parle d'un film et le critique en qualité de sociologue, il ne se sert pas de la sociologie pour expliquer l'œuvre, il se sert de l'œuvre pour valider sa démarche intellectuelle et montrer en quoi elle peut être appliquée à tout. Sauf que ce faisant, il passe à côté de l'œuvre et produit donc un simple délire interprétatif.

En tout cas, merci à Djoumi pour son article. Il est en effet temps d'ouvrir la discussion sur le traitement qu'une certaine pensée unique fait subir au cinéma américain. J'attends avec impatience de voir où peut mener un tel débat. En espérant qu'il ne se bloquera sur une simple attitude binaire "pour ou contre Avatar".
"Storytelling.
La machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits."
de Christian Salmon, chez La Découverte.

Schéhérazase chez l'Oncle Sam, et Hollywood au Pentagone.

Qui tue l'imagination ?
Bon, sans lire les autres interventions (mais je le ferai juste après avoir posté ce message, promis-juré!), je dirais simplement cela: j'adhère totalement! C'est très bien écrit, très agréable à lire, et "right on point". Quel plaisir! Je n'aurais pas pu mieux le dire (probablement parce que c'est le soir, que je suis totalement saturée et surtout parce que je ne suis pas si éloquente à la rédaction.)

J'aime beaucoup les chroniques de Judith Bernard, mais sur les questions liées aux produits des industries audiovisuelles, malheureusement, je trouve qu'elle a tendance, à l'instar de nombre d'intellectuels français, à ressasser les mêmes vieilles antiennes, sans trop se poser de questions, comme si le sujet était entendu et qu'il ne valait pas la peine de trop y revenir.

Je comprends mieux maintenant pourquoi 99% de mes sources sur l'industrie de l'audiovisuel et sur la question de l'imaginaire globale sont en anglais. Je comprends mieux aussi pourquoi je ne trouvais rien sur ces industries à la bibliothèque universitaire, dont les ouvrages sont essentiellement en français, qui ne soit pas des pamphlets ou des essais de dénonciation de l'aliénation des foules par la culture de masse. A part Edgar Morin (L'Esprit du Temps, 1962, un ouvrage apparemment pratiquement mis à l'index du monde académique français dominé par un paradigme marxisant, lors de sa parution), Eric Macé (qui préfaçait la ré-édition récente de l'Esprit du Temps) et Patrice Flichy, sur les industries de l'Imaginaire. Je comprends mieux aussi pourquoi ce sont les Anglo-Saxons qui semblent produire les livres les plus éclairants sur le cinéma d'animation ou les séries TV d'animation, considérés chez nous comme de vulgaire divertissement pour retardés du bulbe! Et finalement, je comprends mieux pourquoi j'ai dû dépenser plusieurs centaines d'Euros pour trouver la littérature dont j'avais besoin pour ma thèse!

Ok, en même temps, ces dernières années, le monde académique et intellectuel francophone semble se réveiller à nouveau et décider d'ouvrir un peu les volets, afin d'élargir son champs de vision au-delà des théories de complots du grand capital contre les foules aliénées. Mais, c'est avec près de 40 ans de retard sur les Anglo-Saxons, qui, ironie du sort, eux, s'adonnent à nouveau volontiers à l'"analyse critique", après des décennies de glorifications du pouvoir des audiences et des publics.

Je devrais donc trouver mon compte quelque-part entre ces deux univers de pensées et d'approches des imaginaires audiovisuels!
Juste pour remettre quelque idées en place dans la tête de certaines personnes parcourant ce forum, qui apparemment se gargarise d'un certain savoir, mais son dans l'incapacité de lire/comprendre un "simple" papier défendant un film.

Mr. Djoumi ne démontre en aucun cas que le succès monétaire du dit film lui donne le droit de prétendre à être une œuvre d'art, il démontre bien que c'est la DIVERSITE et le NOMBRE de personnes qui sont aller voir le film (plusieurs fois pour certains) qui démontrent que ce film à quelque chose de particulier dans l'histoire du 7ème Art. Il le définit lui même comme une anomalie, c'est un film qui défie tous les pronostics que l'on aurait pu appliquer à ce film, puisque par exemple un film de SF est généralement conçu pour un public adolescent ( Transformers par exemple) mais lorsque vous avez un public pour qui le film n'est pas "prévu" (les personnes âgées) et qui retourne voir le film plusieurs fois , on obtient là un succès, mais un succès que toutes les projections tests et les pronostics des costards cravates de la FOX n'aurait pu prévoir. Sinon croyez moi bien que si cette recette miracle était connu, éprouvé, elle serait réutilisé plusieurs fois.

Mai revenons directement à la question de l'article, que je trouve quelque peut déplacer, "Avatar est il un objet d'art?". Je trouve bizarre que personne ne se soit insurgé face à cette question, surtout ici, chez asi, et de nos jours. Avatar est un film, qui plus est un film où le réalisateur est à la fois le scénariste, le producteur, la personne qui a cherché, expérimenté, amélioré ou inventé les différentes technologies existantes pour pouvoir créer, rendre à l'image le monde qu'il avait en tête. Je vois dans le parcours de ce monsieur, le parcours d'un artiste, qui a porté son scénario écrit il y a 15 ans de cela, oui 15 ans avant de pouvoir réaliser son film. Que l'on aille pas me dire que ce monsieur verse donc dans la facilité.

J'aimerais ensuite que les personnes qui critique ce film, tout du moins son scénario que l'on hésitera pas ici ou là de qualifier de simpliste, d'expliquer en quoi est-il si "simpliste", leurs arguments ne mettant pas parvenu en parcourant le forum. En tout cas pas d'argument réellement valable, car les "je suis fan de SF et je trouve ce film pourri parce qu'il y a plein de SFX" ou "Ce film est une daube" ne prouve finalement que l'étroitesse d'esprit de ce qui les prononcent. A bon entendeur.

Enfin pour terminer j'attends avec impatience le débat sur le film, qui j'espère verra certain remettre en question leur acquis. Et que les émotions dites "basiques" qui sont si simple à véhiculer et à faire ressentir pour certaines personnes , leur feront comprendre que les personne comme James Cameron, et tout les autres grands conteurs, ne cherche finalement qu'à faire PLAISIR à leurs spectateurs.

Sur ceux, je m'excuse pour la petit bande de snobinards que j'ai pu toucher dans mes propos...
http://odieuxconnard.wordpress.com/2009/12/18/avatar-un-film-titanesque/

Moi j'ai tendance à préférer cette critique.
Mais c'est mon côté cynique.
Rafik Djoumi utilise le même type d'arguments que, en d'autres temps, Sheila, Claude François, Louis de Funès, Patrick Sébastien, Lagaff, Bigard, et autres "créateurs populaires" comme Johnny Hallyday pourraient (ou ont) utiliser : toucher le coeur d'un vaste public, si possible sur le registre des émotions primaires ( rire-larmes ) c'est une preuve, LA preuve, que ce qu'on a fait est une oeuvre d'art.

L'oeuvre d'art , l'oeuvre de création, trouve sa justification, sa preuve, au niveau d'audience, au niveau des ventes. C'est cela, et cela seul, qui doit la faire reconnaitre en tant que telle. Voilà le concept "moderne" de ce qu'est l'art.

Cherchons alors qui sont les "artistes" qui vendent le plus, et ce sera simple: ils seront les créateurs reconnus d'une civilisation: la nôtre.

Au niveau " littéraire" , je pense que des gens comme Marc Lévy font partie actuellement des gens qui vendent le plus de livres... Le rayon "poche" des quais de gare est-il donc le temple de la culture actuelle ?

Non, car il faut y rajouter les supermarchés, où les titres comme "Viens boire un petit coup à la maison" par Patrick Sébastien, ou "Beau beau le Lavabo", de Lagaff, se sont vendus par millions en France... preuve de leur génie culturel. (ils ont provoqué des émotions chez des millions de gens, donc ce sont donc des artistes, et leurs chansons, des oeuvres d'art)

Au cinéma, derrière Avatar ou d'autres films très connus, il y a aussi les films de Bud Spencer, de Bruce Lee, ou de Sylvester Stallone (pour ne citer que ceux-là) qui ont touché le coeur de millions de gens. Ce sont donc des oeuvres d'art, des mythes, ...

Je pourrais reprendre des dizaines d'exemples du même type.

Rafik Ddjoumi parle uniquement des produits-sucre (le sucre est une molécule simple, facile et immédiate à assimiler, que 99% des gens vont trouver agréable, et qui est un des meilleurs moyens de rendre les gens "dépendants"...au sucre )

Rafik Djoumi est profondément modelé par une addiction très ancienne au sucre, et en cela il est occidentalisé à l'extrème. Divertir, c'est noble, je veux bien le croire. Déclencher des émotions primaires, c'est relativement facile à faire: tous les "créateurs" grand public de notre époque utilisent ce créneau, de la télé-réalité à la politique-spectacle.

Mais il y a surtout, dans l'histoire de l'humanité, des écrivains, des peintres, des musiciens, des philosophes (dont ceux des Lumières- oh les intello-chiants !!) , qui ont consacré leur vie entière à la création, sans parfois aucun succès populaire, mais qui ont fait avancer l'humanité toute entière. Certains d'ailleurs, sont morts dans leur processus créatif, et sont aujourd'hui des références.

Je doute que "Avatar", produit-sucre bien conçu et réalisé, distraction appréciée à juste titre par des millions de personnes dans le monde entier (dont moi-même), fasse beaucoup avancer la civilisation...

Ce n'est pas parce que 600 millions de personnes ont partagé les mêmes émotions en absorbant un produit fabriqué pour ça, que l'humanité ( l'esprit humain) fera un bond en avant . J'ai même tendance à penser le contraire...

La "civilisation" occidentale mondialisée actuelle est l'exact reflet de tout ce que la dépendance au sucre peut entrainer ..... il faudrait peut-être y penser ?
Juste une remarque par rapport au raisonnement sur les Lumières qui auraient tué la littérature de l'imaginaire.
On considère généralement dans les milieux autorisés à penser le fantastique, que l'un des premiers romans français de science-fiction est "Micromégas" qui est comme chacun sait un roman de Voltaire.

Dans ces conditions, il est étonnant de les faire ainsi s'affronter.

Quant à l'idée qu'Avatar ne pourrait être qu'anglo-saxon, la preuve du contraire est Jules Verne, il serait susceptible, aujourd'hui, d'écrire des scénarios qui pourraient au moins influencer un film de Cameron. Or, selon l’Index Translationum, avec un total de 4162 traductions, il vient au deuxième rang des auteurs les plus traduits dans le monde en langue étrangère après Agatha Christie. A ma connaissance, ce n'était pas un ennemi des Lumières, mais il en était au contraire le produit le plus achevé, avide de voyages, d'ouverture, il était à Amiens un élu de la gauche modérée et favorable à l'espéranto.

Historiquement, la fracture entre la culture française et l'art du domaine de l'imaginaire me semble à moi très tardive. De plus, bon an mal an, la France produit des films fantastiques de très bonne qualité, mais .......confidentiels : actuellement, Enki Bilal arrive encore à faire des films dans ce lignage. Aussi bons à mon sens que ses BD ou celles de Druillet ou Moebius. D'ailleurs Moebius a bossé sur le graphisme des effets spéciaux du film Abyss qui est l'un des premiers films réalisés par Cameron.

Et je vais oser affirmer quelque chose qui ne se dit pas : si certains potentats de la culture institutionalisée en France, les gardiens du bon goût prétendent que l'imaginaire n'est pas à la hauteur, c'est par pur snobisme (de toutes façons, ils ne s'y intéressent pas et n'y connaissent donc strictement rien). Il faut bien être au-dessus de la plèbe. Les grands hommes bleus, c'est comme les petits hommes verts, c'est pour les gens pas très intellectuels.
Alors qu'évidemment, dans ce domaine, tout peut être prétexte à comprendre et interpréter le monde.
Ce texte en est la preuve.
Et l'Utopia de Thomas More, les Voyages de Gulliver de Swift, et le Micromegas de Voltaire en sont les témoins historiques les plus anciens et les plus respectables, mais pas les moindres. Mais c'est vrai que c'est plutôt une tradition anglo-saxonne. Deux contre un..
Un objet pour lequel on en appelle au snobisme pour récuser le goût ou le non goût qu'on a de lui : exact, c'est la définition d'un objet d'art, non?
Je ne comprends pas le moins du monde l'intérêt d'un tel débat.
Ce film est nul.

Et pourtant, ici vous avez quelqu'un qui aime la SF. La SF, le fantastique, le médiéval-fantastique,...

Mais ce film est une énorme daube.

Le pseudo-message sur ces "méchants" hommes qui massacrent des populations,
il est complétement ridicule dans ce film ! A la limite, allez lire un livre sur la conquête
de l'Amérique, ou quelque chose dans le genre, mais pas ça, pas ce "machin".

C'est de la SF à deux centimes d'euros ça, monsieur !

C'est la confusion entre SF et effets spéciaux. Si les trois derniers Star-Wars sortit au cinéma (lesquels
sont en réalité les trois premiers, pas la peine de poster un long message pour m'expliquer ça) sont
considérés comme de la science fiction, alors oui Avatar en est aussi. Mais non, ce genre de film, c'est simplement
une débauche d'effets spéciaux les uns après les autres pour "montrer" qu'on est capable de faire quelque chose
avec un ordinateur.

La véritable oeuvre SF, on la trouve pour le moment plutôt dans le jeu vidéo. Prenez un Mass Effect 2.
Ca, c'est de la SF. Ca, ça a un sens. Ca, ça veut dire quelque chose.

Mais avatar... C'est juste une grosse merde.
Depuis le début de cette discussion sur Avatar, le camp du "pour" (pour schématiser)
n'a de cesse d'opposer sous toutes les formes le seul et unique argument d'une sorte
de caste de bobos français qui serait par principe opposée à tout ce qui vient des États-
-Unis, qui n'aurait pas la capacité à se laisser porter par un film, et cette sécheresse de
l'imagination serait - on l'a bien compris - une spécificité insupportable de la France.

Bon, on pourrait déjà démonter cette affirmation par la simple observation du nombre
d'entrées cinéma pour tous les films hollywoodiens en France, ou par les ventes de
DVD des mêmes films qui prouvent évidemment que ceci n'est que pur fantasme...

Mais au-delà de ce constat, il est intéressant de remarquer que les arguments "contre"
ne parlent en majorité que du film Avatar, alors que les autres convoquent pour leur
défense tous les succès américains des trente dernières années au moins et se lancent
dans des argumentaires très compliqués sur la pseudo-détestation française de ces films.

Le problème c'est que ce n'est pas le sujet.

Est-ce que votre schéma de pensée binaire et simpliste est capable de comprendre que
l'on peut ne pas aimer Avatar sans pour autant cracher sur toute la production américaine ?
Quand je regarde Star Wars, E.T., Terminator, Aliens (pour reprendre des exemples cités
fréquemment) je suis porté par l'ambiance, par le travail, par l'imagination des réalisateurs.

Quand je regarde Avatar, je me fais chier. Je m'ennuie à mourir devant ce spectacle creux.

Que ça vous défrise d'accord, mais ne venez pas me ressortir votre logorrhée haineuse
qui ne s'appuie sur rien d'autre que vos propres schémas éculés de pensée superficielle.

Nous critiquons un film. Vous critiquez des personnes. Ça commence à bien faire là...
Ce n'est pas la raison qui vous fait aimer ou pas un film. Et une critique qui veut me raisonner pour me prouver que c'est un bon film, elle peut toujours courir, elle n'atteindra jamais son but.
De plus n'y a-t-il pas confusion entre critique et présentoireur de film?
Le décalage où est plongé le spectateur avec les genres fantastiques ou de science fiction rend plus facile la manipulation du spectateur. Stephen Spielberg, expert en la matière. Pour sûr qu'il y a des messages la-dessous. Et des mythes au service d'un message : c'est impossible, le mythe est une vérité ambigüe au creux de la nature humaine, pas une vérité absolue sur l'humanité et ses frictions entre choix de société. Le message dans une œuvre brise net le mythe. On peut me rétorquer qu'il y a un message dans "vendredi ou les limbes du pacifique", celui que nous dit Michel Tournier dans une interview récente "il faut sauver Speranza". Mais ce message n'est pas dans le livre, il est dans une réalité qui nous entoure se projetant dans le livre, prêt à accueillir aussi bien les relations nord-sud que l'écologie, et j'en passe.

Le mystère c'est : comment en arrive-t-on à préparer une émission sur le film "avatar" ici? Et non pas sur je sais pas moi, "Tetro" par exemple?
Dans Tetro, en noir et blanc, sans effet et plein d'images, il y a une histoire de micro de radio thérapeutique, de littérature, de paternité qui devrait autrement plus concerner ces lieux. Sans parler d'une vision très pointue et très juste du théâtre avant-gardiste argentin, :-) ...
Qu'allez-vous faire dans cette galère d'"avatar"? Détricoter la manipulation de l'émotion par la raison, mmmm, je vois. Avec un gros film comme ça, vos petits bras vont le soulever un chouïa on glissera une allumette dans le bon sens, on allumera le bout rouge, et pschitt, une ombre noire à peine visible éclaboussera ce monument markétigné pour des siècles et des siècles.
En fait Avatar est effectivement avant tout un ehistoire de "nouveau mythe", mais le mythe ici n'a rien a voir avec l'Histoire contee dans le film :
Le mythe reel, c'est l'objet "film Avatar" : le mythe du premier film avec autant de CG, le film le plus cher de l'histoire, le film qui a rapporte le plus etc.
« Un film qui touche est une œuvre d'art » ...certes, mais un film qui fait des concessions pour plaire au plus grand nombre n'en est pas une.
en même temps, la culture française ça se résume à C.Millet et I.Huppert: "je suis un garage à bite mais je suis dépressive" (la vie sexuelle de catherine m) pour la première, et "je suis dépressive mais je suis un garage à bite" (ma mère) pour la seconde.

on comprend tout de suite mieux pourquoi des grands hommes bleus qui font tirlipimpom avec leurs cheveux hollywoodiens, ça parait bien fade, malgré les grands renforts d'effets spéciaux: pas d'inceste, ni de partouze... et encore pire: une happy end morale.

l'art, c'est bien connu, doit être cochon à 6 côtés. ou alors, son alternative, c'est de se présenter sous les traits d'un satyre social: les sabots d'un âne, le membre d'un âne, la politique d'un âne, mais le tout emballé par l'hypocrisie de la fermière et de sa crème légère à 0%.

Mais entendons-nous: Avatar reste pour moi une bouse
C'est un commentaire très juste, en ce sens qu'il pointe le rapport du média français avec le fantastique et la science-fiction, que ce soit en films ou en littérature.
Incroyable que l'on puisse extrapoler sur une telle production en cherchant la moindre allégorie possible avec les événements contemporains, alors qu'il ne s'agit que d'un divertissement.
On y va pour passer un bon moment (si on aime) ou un mauvais moment (si on n'aime pas), et pour en garder un souvenir personnel.
On peut épiloguer à l'infini sur la qualité de l'image, du son, des dialogues, de l'histoire, et autres détails extraits les uns après les autres d'un film, mais alors, dès que le thème abordé est la science-fiction et le fantastique, on ne peut que rigoler devant la façon dont les critiques réagissent vis-à-vis de ces genres.
En France, à moins de chercher le média spécialisé, on se contentera de la tournée promotionnelle (si l'auteur du genre a eu la présence d'esprit d'opter pour le film) pour savoir de quoi retourne celui-ci.
Quant aux livres de SF et autre Fantasy et anticipation, ce n'est pas un hasard si on trouve la plupart d'entre eux au rayon jeunesse, ou juste à côté des policiers.
Alors que l'écriture de nombre de leurs auteurs est au moins d'une facture équivalente d'autres grands auteurs, qui eux trouvent leur place dans la littérature dite "sérieuse", et que l'on retrouve régulièrement parmi les invités d'émissions à caractère littéraire.
J'en parlais il y a quelques mois par ici.
M'est avis que ce n'est pas près de changer.. peut-être un jour sur le plateau de D@ns le texte ? Wait 'n' see...

Bref, pour en revenir au film qui m'a bien plu (précision, je suis assez sélect sur les films qui abordent ces styles), je suis d'accord avec l'analyse de Rafik Djoumi.
S'il suffisait de toucher aux mythes pour atteindre au génie ça se saurait et les caisses des marchands de mythes sonneraient clair...

Les mythes il faut savoir les choisir et surtout les réinterpréter ou même les réinventer, faute d'être capables d'en créer de nouveaux !

Lorsqu'on se contente de piller les tombeaux encore faudrait-il le faire avec panache !

Il est parfaitement indifférent qu'Avatar soit une production Hollywoodienne - la querelle sur ce point est sans intérêt - cela ne plaide ni pour ni contre, si l'on néglige le fait que, le plus souvent, l'excès de pognon nuit à l'art.

Ce qui est dommage c'est de perdre autant de temps sur un truc qui ne semble n'avoir aucun intérêt au delà de l'écriture parfaite (dans la forme) de Rafik Djoumi. Dans le fond un navet reste un navet, reste à trouver le canard pour le rendre mangeable...

Pour la réinterprétation des mythes je suggère plutôt les romans de Michel Tournier, ou le "Maître et Marguerite" de Boulgakov par exemple.

***
ce spectacle imaginaire qui nous détourne forcément de l’essentiel. La culture anglo-saxonne, elle, préfèrera nous parler « d’entertainment » (to entertain = s’occuper de ses invités) puisqu’à ses yeux l’imaginaire est une nourriture, une corne d’abondance, et non pas l’ennemi historique de notre rationalisme. »

Ben en attendant, en restant les pieds sur Terre, le fameux "mythe" Avatar censé "ne pas détourner l'attention" tant que ça, et "ne pas être l'ennemi du rationalisme", est sorti en bon gros blockbuster à la même date qu'un autre petit film, passé pour le coup quasiment inaperçu, et qui pourtant traitait du "même sujet sauf qu'elle était vraie" (pour reprendre le Canard) d'une manière autrement plus crue, percutante et intéressante.

En sortant d'Avatar...

http://www.lafindelapauvrete.com/

Donc bon le "mythe" pas ennemi du monde matériel, pour le coup y'a quand même de quoi avoir des doutes...
Merci Rafik, j'ai trouvé votre texte passionnant.
Je propose à @si de vous employer comme pigiste pour alimenter le site en chroniques cinéma !!!
Eh oui, critique de cinéma , c'est un métier. Bravo Rafik!
Pffffuiiiiittt ! (Sifflement d'admiration). C'est exactement ce que je pense (enfin, une partie de ce que je pense), mais je ne l'aurais jamais aussi bien écrit que cela, avec quel panache ! Bravo !

A @SI, avec des forumeurs de cette pointure, vous n'aurez bientôt plus besoin de payer des chroniqueurs !!!!
Après être sortie de la salle de [s]spectacle[/s] de cinéma j'étais comme sonnée groggy, C'était ma première expérience en 3D certes, mais cela ne suffisait pas à expliquer cette impression particulière, cet enthousiasme enfantin, cette jubilation !
Le temps a passé et je sais maintenant que cette sensation n'a pas disparu, elle est tenace. Avatar fera partie de mon petit musée cinématographique personnel. .
Certaines œuvres plastiques m'ont laissées les mêmes sensations , je suis juste pleine de gratitude pour ceux qui ont pu me procurer ce plaisir simple.
J'en conviens, mes rencontres artistiques sont très éclectiques,et comme il se doit j'y projette certainement beaucoup de moi-même.
Il y a plusieurs entrées dans une œuvre: animale, sensuelle, intellectuelle, spontanée, réfléchie. Je ne m'en interdit aucune
Ni le mépris ni les propos condescendent ou ironiques n'ont pu entamer cet enthousiasme originel.
Merci pour ce texte,
Pas vu Avatar, pas trop adepte de cinéma Hollywoodien, mais j'aime bien l'analyse de Rafik Djoumi.

On pourrait dire la même chose de la littérature. La littérature française encensée par la critique, que vaut elle face à Banks, Roth, Auster ? Angot qui nous raconte sa vie sexuelle, c'set tellement plus sympa !!!

Quant aux littératures dites de l'imaginaire, elles sont systématiquement méprisées. On les dit "de genre" pour bien les ghettoiser.

Comme vous le dites si bien, il est probable que "Les Lumières en FRANCE ont tué l'imagination"
Bonjour,

votre article est intéressant, mais il y a un point où je suis en désaccords :
TOUT grand succès cinématographique s’explique automatiquement par la bêtise de son discours, ses élans réactionnaires et sa qualité de « produit » adapté à notre consumérisme effréné du moment.

Et ensuite vous supposez que si le film a été vu par des millions de gens c'est qu'il a plu à des millions de gens. C'est en partie vrai, et heureusement ! Mais bon c'est un peu oublier le matraquage publicitaire dont a bénéficié le film. Avant même sa sortie et avant même que quiconque en ai entendu parlé, tous les médias nous annonçaient que c'était le film le plus attendu de l'année etc etc.

Pour appuyer mon propos je vous incite à lire cet article d'Acrimed :

http://www.acrimed.org/article3329.html
Ah ! Que je suis d'accord avec Rafik Djoumi et que ça fait du bien de pouvoir lire son avis !

A la lecture de la chronique de Judith Bernard, j'ai eu le poil hérissé, l'analyse somme toute superficielle, n'était, comme souvent1, menée qu'au travers d'un prisme unique : le message et son idéologie intrinsèque. D'ailleurs, il est effectivement très drôle de voir Judith défendre le monde capitaliste dans l'œuvre d'Avatar afin de mieux attaquer le monde capitaliste dans la réalité (mais ne manquant pas de subtilité, Judith a pu utiliser la petite porte ouverte de l'absence de troisième voie marxiste pour garder une certaine cohérence idéologique). Il faut dire à sa décharge que l'on ne peut guère passer à côté : Avatar multipliant les clichés fait surgir sans grande subtilité une morale écologiste (tendance radicale) et anti-colonisation évidente. C'est probablement la partie la plus insupportable du film. Mais comme le notait Rafik Djoumi, il serait dommage de réduire l'œuvre à son prétendu message.

En vérité, c'est même l'inverse. Il y a toute une idéologie de la critique - surtout aujourd'hui - qui n'étudie l'art qu'au travers du prisme du message de l'œuvre. Comme si, une œuvre d'art, quelle qu'elle soit, devait forcément contenir un message idéologique dont il faudrait révéler le substrat et que c'est nécessairement l'angle sous lequel cette œuvre devrait être analysée. Voilà une idée qu'il faudrait combattre résolument lorsqu'il s'agit d'étude littéraire. Non pas que l'étude sociologique des œuvres soient inintéressantes ou interdites2, mais que cette étude ne correspond pas à l'étude littéraire proprement dite. C'est surtout passer totalement à côté de la poésie. Peut-on comprendre Beckett si l'on l'étudie sous cet angle ? Peut-on comprendre la poésie dans l'œuvre de Sade si on en tire une lecture primaire et en prenant tout au pied de la lettre3 ? Peut-on comprendre que Stendhal s'amuse avec le lecteur, qu'il se moque de lui ? Peut-on comprendre et apprécier Perec ?
D'ailleurs, je dis comprendre : c'est une erreur, il n'y a pas d'essence des textes, ni de vérité de l'auteur, il n'y a que des interprétations subjectives.

Or, de ce point de vue, il y a bien dans Avatar une certaine poésie, une création esthétique : il ne s'agit pas, en en faisant la critique, de la dire intrinsèquement bonne ou mauvaise, il ne s'agit pas de dire que l'on aime ou que l'on aime pas (on réserve ça à facebook), mais d'en créer une lecture, lui donner corps, et de se l'approprier. J'entends ici ou là les uns et les autres dire "ce n'est pas de l'art !". Ici, on est dans un pur sophisme : on ne peut définir l'art en fonction de la qualité (je parle de la valeur) de son objet : c'est une malhonnêteté intellectuelle que de rejeter cette caractéristique à une œuvre, à une création. "La littérature commence au moment où la littérature est une question", nous dit Maurice Blanchot4. On peut peut les rejeter parce que ça ne nous plait pas. La raison de ce rejet est simple : le pédantisme. Le même pédantisme qui pousse à faire de Bigard un vulgaire et un type de droite pour ne pas lui accorder la moindre légitimité artistique5. La critique, si elle doit repousser une oeuvre dans ses retranchements, c'est pour montrer toutes la limite de la part créative de l'oeuvre : montrer que tout est lieu commun, éventuellement. En prenant garde toutefois que les créateurs, qu'ils soient cinéastes, écrivains, sculpteurs ou peintres, ne s'amuse pas à nous tromper, à faire de nous leur dupes.

Une étude plus littéraire et moins marxiste des textes manque énormément aujourd'hui. L'érudition et l'idéologie qui prédominent les études littéraires actuelles6 (sous couverture de scientificité) sont en vérité un frein à toute réflexion, à toute problématisation. C'est ce que j'attends d'arrêt sur Image. Mais je conçois que ce ne soit pas évident : j'en suis moi-même incapable la plupart du temps. Et pourtant, quel plaisir que de connaitre et discuter avec des gens qui savent faire cet effort !


1 Non pas que Judith soit souvent superficielle mais que les critiques d'art le sont souvent aujourd'hui ; je précise d'ailleurs que je ne considère pas cette chronique comme étant représentative de sa personne.
2 c'est l'approche marxiste des œuvres
3 outre que les discours des libertins sont souvent incohérents les uns envers les autres (il soutient blanc puis noir), les scènes se succédant dans une mécanique très particulière qui frise le ridicule ; il faut également lire les lettres à sa femme pour se dégager du manichéisme à son égard
4 De Kafka à Kafka
5 Un ami a fait un mini-mémoire sur Bigard extrêmement intéressant à cet égard, montrant tout le jeu rhétorique, toute la poésie du vulgaire, et l'art du gazage (au double sens bien entendu) chez lui ; dépassant le pédantisme, il s'est justement amusé à montrer avec une subtilité et un génie propre que Bigard est un homme de "la parole" au sens plein du terme, en un mot, un artiste - sans jugement sur la qualité de Bigard : il dévoile une subtilité bien trop méconnu de Bigard sans pour autant l'élever au stade d'un artiste séculaire, qu'on ne me fasse pas dire ce que je n'ai pas dit. Il faut absolument qu'il le publie !
6 C'est aussi vrai pour les études d'histoire et les études de droit...
J'ai tout bien lu tous les post autour de votre article... qu'est-ce qu'on se marre !!!! C'est énorme...

C'est tout de même incroyable la diversités des points de vues que l'on peut dégoter sur ce film, ce qu'il charrie (ou pas pour certains), ce qu'il évoque, ou pas, ce qu'il gratte, ou pas...

De mon côté, j'ai failli me fâcher définitivement avec une amis de 10 ans concernant ce film... (machine arrière a été faite inextremis bien sûr)

Sur d'autres forums de notre site, j'ai eu l'occasion de dire ce que je pense d'Avatar... le film m'a plu et j'en resterai là sans aucun autre détail, mais je voudrais souligner tout de même une chose que je n'ai guère lue (convaincu qu'elle fut écrite ailleurs) : ce film écrit en 1995 sort fin 2009 (et sans arrière pensée puisque son développement s'est effectué sur de nombreuses années) au moment même où le thème qu'il semble principalement vouloir véhiculer (lle concept de Terre-mère cher aux indiens, l'écologie si l'on préfère), tend à devenir la préoccupation majeure, en tout cas "l'une des", dans le monde entier. C'est assez intéressant de noter à quel point ce film, quoi qu'on en pense par ailleurs est totalement imbriqué dans son époque... ce qui n'aurait que peu d'intérêt si le scénario s'était écrit en 2006/207 pour un tournage en 2007/2008...
Bravo Rafik et merci de réhabiliter l'imagination contre la poussière pseudo intellectuelle dont on recouvre systématiquement tout en France ! Si la rédaction n'avait pas pris l'initiative de publier votre texte, je ne l'aurais pas lu, étant donné que je ne fréquente plus les forums de Judith. Je les laisse aux gens instruits, dont je ne suis pas.

Où peut-on lire vos chroniques, en dehors de Compagnon Geek ? Parce qu'ici, ils ne vont pas vous embaucher ; il faudrait qu'ils créent une rubrique cinéma. ;)
Assez convaincant le gars Rafik... mais j'ai pas vu Avatar, rebuté par le foin promotionnel... Bien que vieux con, je vais y mettre ma paire de lunettes. C'est vrai que le "démonstratif" politiquement correct a pris le pas sur l' "imaginaire" (au cinéma et dans la littérature) mais l'auteur de cet excellent texte pousse un peu trop loin le bouchon... Fervent lecteur de Melville et de Joyce, je les mets sur la même étagère qu'Hugo ou Alexandre Dumas qui ne sont pas pour autant des abrutis rationalistes. Je vois pas pourquoi on opposerait des auteurs enchanteurs... ou alors, faudrait-il tenir "le magicien d'Oz" ou l'auteur d'Alice pour des modèles absolus du merveilleux ? Il s'est passé quelque chose dans la seconde moitié du 19e siècle et le début du 20e... l'imaginaire anglo-saxon s'est replié dans l'anecdotique et la surenchère dans le décor et la radicalisation des situations extrêmes tandis qu'en France (mais aussi en Espagne ou en Italie ou en Bohême) l'imaginaire faisait exploser la pensée, la langue - la poésie... Ce n'est pas opposable mais c'est ainsi. A bien considérer, Joyce en fait la démonstration, détacher de son univers culturel de naissance (et les émigrés américains des années 1920 sont le cul entre deux chaises). On peut le regretter - j'en suis.
Permettez-moi également de pointer une exagération chez cet excellent Djoumi : sur l'origine du "surréalisme", certes il y eut le roumain Tzara mais avant lui, à Nantes, des lycéens (spoliés ensuite par le groupe parisien) s'étaient lancés dans une aventure littéraire qui annonçait ce qui suivit la Grande Guerre et le suicide du "meneur", Jacques Vaché. On les a trop facilement oubliés. L'un d'eux, Jean Bellemère (alias Jean Sarment) ne démontra pas par son théâtre et ses scénarii qu'il continuait l'aventure... encore que.
Bref, il n'y a pas, sauf pour les simplificateurs, une filiation absolue entre Dada et le Surréalisme (le détail de l'histoire du mouvement montre le contraire... et ça serait trop long ici). Et puis, ça me fait rigoler de lire que le Surréalisme est l'oeuvre d'émigrants : Aragon est fils adultérin du préfet de police Andrieux, Breton est fils de gendarme normand, Soupault a des actions dans l'hôtellerie, Thirion est un pur "gaulois"... le cher Eluard est le fils de Clément, spéculateur immobilier de banlieue... etc. Peut-être faut-il considérer le Dôme, la rue du Théâtre ou le Cyrano comme de joyeux ports de mer ? Les copains de Montparnasse (auxquels sans doute pense notre ami Rafik) sont de la deuxième génération, des disciples sinon des... avatars. Merci pour eux.
Je comprends le "sourcillement" de Judith en entendant Régis Debray.
Pourquoi personne ne parle de cinéma?

Si je comprends bien, on aurait d'un côté les critiques parisiens qui ne peuvent s'empêcher de tout réduire à une lecture politique du cinéma, et de l'autre l'extase mythologique: si ça "parle" aux humains c'est que ça dit quelque chose de l'humanité.

Bon, bon...

Et si on regardait juste ce film comme un film, et qu'on notait:

1- la pauvreté extrême du scenario, le même que Pocahontas ou Danse avec les loups... J'ai rarement vu un film aussi prévisible, aussi bien dans les grandes lignes que dans chaque détail: on voit venir la grande scène du gronoizeau de très loin, la scène du baiser d'encore plus loin, les scrupules croissants du héros n'ont aucun secret pour nous, etc... si ce film échoue à destabiliser quiconque, ce n'est pas parce que son propos politique est maigrichon - j'incline à penser moi aussi qu'on s'en fout - mais bien parce que rien ne nous surprend une demi seconde dans le déroulement laborieux des événements

2- la troublante insipidité psychologique des personnages principaux et secondaires, dont on n'arrive jamais vraiment à croire ni aux motivations ni aux valeurs. Tous les personnages ou presque sont des archétypes, qui n'échappent jamais à leur condition d'archétype pour accéder à une forme crédible d'humanité (ou de naavitude, pour les puristes)

3- l'effrayante laideur de la proposition esthétique de cameron: animaux kitshissimes, végétation plasticoïde au gigantisme ecoeurant, 3D nauséeuse, couleurs insoutenables, etc...

Bref, avant de savoir si cameron est le valet de je ne sais qui ou un grand inventeur de mythes contemporains (ce qu'il est peut-etre, je veux dire l'un ou l'autre, voire l'un et l'autre), avant de se lancer dans une grande querelle d'école sur le cinéma hollywoodien en général, ou la vision politique de la critique en général, est-il possible de porter un jugement de nature esthétique et cinématographique sur ce film très laid?
Je pense que je vais poster mon premier commentaire. Abonné de la première heure, je consulte le site dans le train, hors ligne, et je ne vais donc que très très rarement sur le forum. La première (?) et dernière fois, c'était une expérience désagréable avec un débat autour de Judith Bernard (déjà, à moins que je confonde).
Alors, excusez-moi d'écrire sans avoir lu ce qui précède dans ce fil.
Je voulais simplement dire merci pour ce texte, merci à son auteur et merci à l'équipe de l'avoir sorti du forum.
C'est pour cette expérience, cet appel à l'intelligence et au débat, que je me réabonnerais encore l'année prochaine.
Fabien
Et puis, j'ai beau tenter de m'ouvrir à cette appréciation du film, je me souviens trop bien encore de l'impression désastreuse de bêtise qu'il m'a laissée, et sincèrement, je ne vois pas comment y voir là un objet "susceptible de défier mon intelligence". Je n'ai d'ailleurs pas plus compris l'engouement de Régis Debray, que j'aime beaucoup par ailleurs.

Moi j'y ai vu des ficelles grosses comme des cordes de bateau, et globalement un film très paresseux qui s'est contenté de survoler tous les thèmes un peu piquants qui auraient pu être admirablement traités (par d'autres), comme par exemple cette question saisissante, à mon sens, d'une âme pour deux corps, l'impression préoccupante que me laisse cette enveloppe qu'il laisse derrière lui le US soldier, de part et d'autre des deux mondes.
Bref, par exemple, le concept même d'avatar.

Et même s'ils étaient déjà bleus dans la planète Sauvage de Topor, ils ne jouaient pas du djembe autour de l'arbre magique, et n'étaient pas parés de toute sorte d'autres postures qui ne sont pas sans rappeler les stéréotypes grossiers avec lesquels on nous donne de la représentation indigène, les mêmes préjugés bêtes qui font que lorsqu'une mannequin noire porte une robe Dior, les magazines féminins versent systématiquement dans le "motifs primitifs", la style "félin" ou la beauté "paienne", qu'ils n'emploieraient jamais pour la même robe portée par une blonde aux yeux bleux. Et en disant tout ça, je ne peux m'empêcher de repenser à cette émission d'@si sur la représentation de l'Afrique dans la ferme des célébrités.

Mais je suis contente qu'il y ait, ici, un débat sur ce film, car ça faisait longtemps que je n'avais pas trouvé un film aussi mauvais, alors que toutes sortes de gens formidables le trouve manifestement formidable.

Aurélia.
Mais pourquoi rendre les Lumières responsables de l'assassinat de milliers de Melville et de Joyce potentiels dans leur berceau français ?
Cette excursion aventureuse, ainsi que quelques affirmations un peu trop péremptoires (sur Alien ou Matrix par exemple), me paraît affaiblir une argumentation par ailleurs intéressante ; votre grand mérite est de me donner envie d'aller voir ce film : pour ça, merci !
Très intéressante démonstration Rafik, voilà un débat rondement mené (beuh... j'ai pas tout compris à vrai dire).

Moi qui ne suis absolument pas cinéphile, qui ne me déplace qu'une à deux fois par an (cette année c'était pour Avatar :) ), je me demande tout de même s'il ne faudrait pas définitivement arrêter de considérer le cinéma comme un art (car effectivement comme le rappelle le duo Korkos - Goldwyn, c'est avant tout une industrie...).

Que certains réalisateurs aient une démarche artistique, je peux le concevoir. Mais que tout film soit du 7e art, alors là non. D'ailleurs ça ne me dérange pas plus que ça. Je ne demande pas à Avatar autre chose qu'une bonne dose de divertissement. Pour dériver sur la métaphore littéraire, j'ai bien du mal à considérer qu'on puisse classer dans la même "catégorie" l'annuaire de la Charente-Maritime et le Voyage au bout de la nuit. Pourtant c'est du papier dans les deux cas...

Et puis après avoir lu certaines critiques concernant Amélie Poulain et le Seigneur des anneaux (dans les grandes lignes ça parlait de facisme, de nostalgie rétrograde, et même d'antisémitisme...), j'ai cessé d'accorder un quelconque crédit aux critiques de cinéma en vue.
Vous parlez de cette « entreprise de réductionnisme visant à faire du Cinéma la bête caricature de notre actualité et à plaquer sur l’ensemble de la production cinématographique cette grille de lecture unique qu’on nomme "reflet du réel" ».
C'est ce qu'on reproche aussi, actuellement, à la critique littéraire française.

Je n'ai pas vu Avatar et n'en parlerai pas, mais du coup, j'ai envie d'y aller !

Trois remarques, cependant.

1. Vous parlez du Mythe et de la parole de l'auteur, en l'opposant à la machine capitaliste hollywoodienne. Je vous rappellerai la phrase de S. Goldwyn : « On n'a pas appelé cette industrie un show-art. On l'a appelée un show-business. »

Il ne faut pas oublier non plus que les projets des films hollywoodiens sont soumis à des tests auprès de "focus groups" à qui l'on parle du scénario et des acteurs vedettes bien avant le premier coup de manivelle, à qui l'on soumet ensuite les premières bandes-annonces, etc. A chaque fois c'est une véritable machine de guerre marquetigne qui se met en branle et c'est compréhensible, puisque des millions de dollars sont en jeu (Spider Man : coût total 380 millions ; 260 pour le film, 120 pour le marquetigne). On est loin du film à la Bresson, tourné à la dérobée en 16 mm gonflé, l'image de l'Auteur avec un grand A est ici un peu surévaluée.

2. Vous dites que personne ne s'est penché sur les références picturales d'Alien. Eeeuh… si, j'ai fait ça, y'a longtemps ;-)

3. Vous évoquez dans votre biblio le Story de McKee. Il est épuisé, en effet, mais on en trouve des exemplaires sur le site de la fnaque ainsi que dans ses boutiques. C'est un bouquin assez casse-bonbons à lire, car il s'agit principalement de retranscriptions de conférences.
Je suggérerai, pour une approche du scénario pas seulement hollywoodienne, deux autres livres :
a/ l'excellent Ecrire un scénario de Michel Chion aux éd. des Cahiers du cinéma/INA. Ouvrage épuisé aussi, mais dispo sur l'amazone ;
b/ Scénarios modèles, modèles de scénarios de François Vanoye, chez Nathan d'abord, réédité ensuite chez Armand Colin.
heu........ben.... désolé, j'aimerais croire tout ça. sincèrement, mais j'y arrive pas.
Peut-être Cameron ( pour l'exemple ) a-t-il des velléités fortes de s'exprimer comme artiste, mais non, le résultat, ça reste de l'industrie, bien formatée, pas dérangeante, distrayante justement.
Peut-être suis-je coupable de ne pas être aussi cultivé que Rafik, de ne pas avoir les grilles de lecture ad'hoc, de ne pas avoir lu Nietzche en VO, (mais suis-je le seul parmi les millions à qui JC s'adresse ? ) mais je ne vois que dans ces films du bizness sur les loisirs.

Juste, j'espère avoir tort,
C'est la première critique (louangeuse, certes, mais j'en ai lu d'autres) qui me donne envie de voir le film. Bravo pour ce travail documenté et argumenté.

Même si je conserve mes quelques a priori...
en attendant que le Story de Robert McKee soit de nouveau édité, je conseille Adaptation de Spike Jonze. La question du « Carcan narratif de l’industrie hollywoodienne » est éminemment abordée.
"un objet… oserais-je le dire… d’Art, c’est-à-dire un objet susceptible de défier notre intelligence et capable de nous ouvrir à des états de conscience que notre quotidien ignore."

Mouais, bof... avec une définition aussi large de ce qu'est une œuvre d'art, tout est art. Pourquoi pas me direz-vous, mais dans ce cas, cette qualité n'offre rien de plus à Avatar que quelques verres d'alcool ne sont capables de nous offrir à la vue d'un mur ébréché ou d'une flaque d'huile sur la chaussée. L'art ici n'est invoqué en fait que comme caution ultime, car, indémontrable : Est-ce de l'art ou du cochon ?.

A tout prendre, je préfère encore les tropismes que cet asinaute critique, au moins, ils ont l'audace d'assumer chacun un parti pris, un point de départ, qui ne soit pas du vent et peut donc être critiqué, ce qui n'est pas le cas du sien.

yG

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