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Des "mamans blogueuses" à la rescousse d'une mère sans domicile

 

Derniers commentaires

Dans moins d'un mois, si j'en crois cette promesse de Sarkozy, il n'y aura plus de SDF :

http://tf1.lci.fr/infos/france/politique/0,,3371564,00.html

N'est-ce pas une bonne nouvelle ?
Merci Mr Tallec pour cette mise au point claire et nette.
La "story telling" de cette personne, responsable de ses choix de vie douteux, ne doit pas occulter les demandes légitimes d'autres ne créant pas ce battage médiatique.
Lecteur du Monde , j'ai contaté que les commentaires concernant l'article en question , pointaient en majorité l'immaturité de cette femme.

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La dernière phrase de l'article est aussi désespérante que significative de notre époque: machine médiatique qui tourne en circuit fermé, internet qui tend à rendre virtuels les faits rapportés. Propositions pour devenir "porte-parole". Mais toujours pas de logement. Parole dénaturée puisqu'elle n'est plus en lien avec le réel.
Mais pourquoi le fameux DALO n'est pas évoqué dans la situation de cette famille monoparentale?
C'est peut-être l'occasion de se rendre compte avec cet exemple auquel beaucoup de monde peut s'identifier (cf le retentissement de son cas ô combien banal) que cette mesure purement médiatique n'est qu'un leurre.
Tant que le parc privé sera inaccessible aux classes laborieuses, enfin aux smicards quoi, on ne pourra pas désengorger le parc social!

Quant à sa "starification télévisuelle" potentielle ça en dit long sur les limites des sujets "sociaux" dans les médias, ils vont tous au même moment au même endroit et tout comme pour d'autres sujets, on retrouve le même candidat type d'une situation donnée... télégénique et pré-buzzé de préférence, hun?
Si en plus la dame n'a pas la fibre militante et n'a créé ce blog que pour son hygiène mentale perso, ça ne risque pas de faire avancer le schmilblick!
Mais ça fait déjà un bon moment que seul le fait divers et le cas particulier arrive encore à intéresser le peuple et les politiques....
C'est l'occasion de sortir ma science...

J'ai été pendant 6 ans le chef de cabinet de l'adjoint au logement de la ville de Paris, J-Y Mano, et je suivais particulièrement les questions d'attribution de logement. Concrètement je suivais la mise en oeuvre des commissions de transparence, j'assumais les permanence où les demandeurs venaient défendre leur situation (en vain, ce n'est plus comme cela que ça se passe), je m'occupais des négociation lors des occupations, expulsion etc... Et de la formalisation des bilans (docs recensant tous les chiffres des attributions). Accessoirement je m'occupais aussi de répondre aux courriers d'intervention. Ceux qui ont écrit à la ville de Paris entre 2001 et 2006 ont toutes les chances d'avoir un courrier de J-Y Mano concrètement signé "P/o Tallec". Environ 6 000 / an sur les 30 000 courriers qui sont adressés chaque année à la mairie centrale....

Alors les situations comme celle décrite ici et la connaissance du cadre où elles s'inscrivent me rappèlent beaucoup de chose et nombre de principes de base. Je vais essayer de résumer le problème et de dégonfler cette affaire qui bien que touchante et particulière ne mérite peut-être pas les réactions que je constate.

D'abord, il existe de nombreuses "institutions" disposant du pouvoir de PROPOSER un logement à un demandeur qui s'il l'accepte peut déposer son dossier auprès du bailleur qui via une commission le lui attribue ou pas. A Paris c'est la Mairie centrale, les 20 mairies d'arrondissement, l'Etat, le 1%patronal + divers dispositifs particuliers comme les relogements de droit ou les accords collectifs.

Le contingent du Maire de Paris (env 1500 log par an dont un tiers sont vraiment "sociaux") les utilise via une commission pluraliste travaillant à partir de l'exploitation informatique des 113 000 dossiers valides. Des requêtes informatiques sont faites pour sélectionner parmi les 113 000 demandes les 5 dossiers les plus adaptés au logement à attribuer et les plus prioritaires.

Dans ce cadre et conformément aux obligations de transparence faits pendant la campagne en 2000/2001, les courriers de "piston" ou plus gentiment "d'intervention" ne comptent pas, ils ne sont même pas dans le dossier.

De même, le fait de voir on non la personne dans une permanence, même celle de l'adjoint au logement que j'assumais, ne sert à RIEN.

Seuls les éléments DU DOSSIER sont pris en compte.

Le but est d'aboutir à une procédure où les demandeurs sont "jugés" sur des critères uniquement sociaux, pas sur leur carnet d'adresse, leur entregent ou leur assiduité aux permanences d'élus. Cela empêcher le clientélisme mais aussi LES CONCOURS DE POPULARITE. Nous recevions toujours des pétitions ou plusieurs courriers pour une même demande. Ils étaient sans portée car ce n'est pas parce que vous attirez la sympathie que vous avez plus de droits qu'une personne discrète, moche ou désagréable se trouvant dans la même situation et formalisant la même demande.

Quelques ordres de grandeur.
113 000 dossiers de demandeurs (soit un peu moins de 300 000 personnes)
70% ont au moins un critère réglementaire de priorité
12 000 dossiers dans le 18ème
Environ 100 logements sont mis à disposition de la commission du maire du 18ème dont env. 40 sont vraiment sociaux. Au total je pense que la M18 doit avoir entre 0 et 5 logements adaptés à la demande ci-dessus à attribuer par an... Mais entre 2 et 3000 dossiers d'habitants du 18ème doivent également attendre ce type de logement.
30 000 courriers d'intervention en faveur d'un dossier reçus à la Ville chaque année (le Préfet doit en recevoir autant)
12 000 logements attribués chaque année
6000 environ sont réellement sociaux
Parmi ces derniers moins de 500 le sont par la Mairie centrale via la commission de transparence et autant pour les 20 mairies d'arrondissement cumulées.

Je ne connais pas la situation de Julie Lacoste, mais par expérience (et des situations "médiatiques" de demande de logement j'ai du en examiner plus d'une centaine) je peux dire qu'entre la situation sociale présentée et celle qui apparaît dans le dossier de demande il peut y avoir qqls nuances... (et je ne fais là aucune mise en cause des déclarations de Mme Lacoste hein!!). Des situations relayés par les parlementaires, les assistants etc... qui ont le rôle ingrat de recevoir le mieux possible des gens pour lesquels ils ne peuvent rien faire ET C'EST BIEN AINSI. Car si c'est dans une permanence d'élu que se font les attributions vous pouvez oublier tout objectif d'égalité de traitement. Le plus doué à défendre son cas, à promettre son vote ou à faire pleure dans les chaumières serait avantager.

Delanoë, et c'est tout à son honneur, a tjs refusé de rentrer dans cette logique misérabiliste, inique et de charité plutôt que de solidarité.

Les interventions, notamment les courriers, envoyés en masse à Vaillant pour cette situation sont des pressions inefficaces et injustes. Car toutes les demandeuses SDF avec enfant de Paris n'ont pas la blogosphère et les médias avec elles, mais elles existent et se sont fait connaitre via leur dossier. On leur doit les mêmes chances, c'est une question d'égalité Républicaine et de désintéressement des élus et fonctionnaires qui sont là pour allouer au mieux les rares ressources dont ils disposent.

Alors les situations comme celles-ci sont très vendeuses. Les gens s'identifie, c'est plein de pathos... Mais il faut savoir que si la pression médiatique permet à cettefemme d'avoir -enfin- un logement, ce sera aux dépens d'une autre famille au moins autant prioritaire, mais plus discrète.... Ce n'est pas à mes yeux un geste d'humanité ou de responsabilité.

J'espère qu'avec ces qqls éléments les observateurs auront une perception plus responsable et moins manichéenne de ce type de situation. Je suis à votre dispo pour répondre à vos questions car c'est un sujet à la fois sensible et complexe, c'est normal de se sentir un peu perdu.

un post lié à ce sujet sur mon blog: http://billy-tallec.typepad.fr/leblogpolitiquedebilly/2008/07/les-modalits-da.html
Billy Tallec
pour cette intéressante contribution

Il me reste 2 questions:
vous citez les logements "vraiment sociaux", ou "réellement sociaux". Les autres sont quoi? Des faux sociaux? Des cas sociaux? Des associaux? Des cadeaux?

Vous signalez les occasions "où les demandeurs venaient défendre leur situation (en vain, ce n'est plus comme cela que ça se passe)". Cela signifie qu'il ne sert plus à rien de plaider sa cause? Plus de motivation, plus d'initiative personnelle? La machine fonctionne hors critères humains? C'est séduisant, et effrayant à la fois, non?
Je ne sais pas si c'est vraiment la réponse que ferait Billy, mais pour ma part je comprends très bien ce que veut dire "réellement sociaux". Ca veut dire que le logement est fourni à un prix défiant toute concurrence .... le genre F4 à 200 €/m (je dis n'importe quoi). Tout une partie de parc immobilier dit "social" comporte également des logements à loyers intermédiaires : on vous fournit un logement sur Paris (ce qui est déjà bien) et comme vous avez un revenu compatible, on vous fait payer un loyer raisonnable mais non accessible à des personnes en détresse
On parle vulgairement de logements "HLM". Or les "HLM" ne sont que l'une des 46 catégories de financement du logement "aidé" qui coexistent aujourd'hui à Paris. Et suivant le type de fiancement retenu et le type de bailleur les gérant, les logements sont considérés comme "sociaux" au sens de la loi SRU (donc rentrent dans le calcul des fameux 20%) ou pas. Ainsi, sur env 240 000 logements gérés par des bailleurs sociaux ajd'hui à Paris, seuls 170 000 environ sont "sociaux" au sens de la loi. De plus, vu l'histoire de la ville de Paris et du logement depuis 80 ans, environ 40 000 des 70 000 logements "non sociaux" de la capitale sont "réservés" à la Ville de Paris. Par "réservés" on veut dire que ce sont les différentes structures de la Ville de Paris qui peuvent choisir le futur locataire.

Mais ce qui compte c'est le niveau de loyer au m². Et ce n'est pas complètement corrélé à la qualité "sru" ou non... Ainsi un logement social au sens de la loi peu être plus cher qu'un logement qui ne l'est pas... Mais j'ergote. Pour faire court les loyers au m² vont, pour le parc existant à Paris, de 3€ à 15€. Or, vu son histoire (car depuis 2001 la ville tente d'inverser cette tendance), la plupart des logements dont la Ville est réservataire sont des logements avec des loyers situés entre 10 et 15€ le m². De plus, les logements les moins chers sont utilsés pour moitié pour reloger les occupants de bâtiments insalubres ou dangereux. Ce qui explique que sur 80 000 logements dont elle est réservataire, la ville (arrondissements compris) n'ait chaque année que 1000 logements "vraiment sociaux" à attribuer aux demandeurs "classiques" comme Julie Lacoste.

Sur la sélection, effectivement, les contacts directs ne servent à rien. On ne peut pas "plaider" sa demande. Les courriers que les demandeurs peuvent adressés sont lus mais ils ne sont "pris en compte" que pour les éléments factuels qu'ils contiennent et qui n'ont pas été inscrits dans le formulaire. Ainsi, les précisions sur des pbs familiaux, de santé, professionnels etc etc... sont pris en compte mais nul part la "motivation", la moralité ou l'énergie d'un demandeur n'est pris en compte. Le but est effectivement, sur le contingent du Maire, de "dépersonnaliser" et d'instruire la demande de façon la plus "administrative" possible. C'est à dire rationnelle, juste, équitable. Le demandeur ne peut ainsi remercier personne, il ne doit rien à quiconque sauf à l'ensemble de la société pour avoir mis en place ce dispositif de solidarité.

Je comprends que ce dernier point peut paraitre froid et technocratique. Mais faire autrement forcerait à "prendre sur soit" des situations qui vous touchent aux dépens des autres et serait la porte ouverte à toutes les dérives. Car, entre autre, s'il y a qql à convaincre c'est qu'il y a quelqu'un à corrompre, et ça finira par arriver....

On a préféré l'excès de "distance" au risque de pb et d'injustice d'une personnalisation du traitement des demandes. Les critères humains sont bien sûr pris en compte, totalement même. Il suffit d'assister à une commission pour s'en rendre compte. Mais à partir du "papier", pas de leur savoir être dans un bureau d'adjoint ou une permanence parlementaire. De plus, si ces derniers avaient un rôle direct dans l'instruction des demandes ils feraient tout pour LEUR protégé et ne manquerait pas de leur faire savoir à quel point ils ont été utiles... Bref, on basculerait dans le clientélisme à la minute même.

Ce sujet me passionne mais je suis dans mon jargon et je base mon argumentation sur des concepts qui me sont familiers, n'hésitez pas à me demander des précisions.
@ Billy Tallec: sur un forum une personne m'a déclaré être en procès contre la mairie de Paris parce que sa fille attend un logement social depuis 4 ans et qu'elle est chaque fois remise au fond de la pile parce que la mairie donne tout aux associations de sans papiers (en très résumé, comme ça peut l'être dans l'esprit de quelqu'un qui déteste les étrangers, les chômeurs et les SDF).
Paraitrait-il qu'il avait des "preuves" et un dossier constitué.
Personnellement j'ai carrément refusé de le croire. Ai-je eu tort?
Oh oui! déjà parce que la ville ne "donne" rien à personne et le relogement des "squats" par exemple est effectué directement sur la Ville et les associations, comme DAL, sont uniquement des "médiatrices". Ce n'est pas elles qui déterminent qui doit être relogés ou non.

Surtout, juridiquement un sans papier ne peut avoir de logement. Les associations de sans papier ne sont par définition pas du tout concernées par les questions d'attribution de logements sociaux.

Sur la forme, il existe beaucoup de demandeurs frustrés et procéduriers, mais cela n'a jamais été loin, en tout cas jamais au "procès", même au TA. Auparavant il y a avait des recours possibles en cas d'attente "anormalement longues" et c'était à partir de 6 ans d'attente. Et puis pourquoi attaquer la Ville et non la prefecture sensée assumer le droit au logement (depuis toujours en théorie). La ville n'est pas sensée être en 1ere ligne. Maintenant le cadre procédural du DALO est sensé justement répondre à ce type de colère.
Pour finir d'achever le crédit cette personne j'ajoute qu'être "la mère de" ne suffit pas pour avoir un "intérêt à agir au TA".
Bref, vous êtes effectivement tombée sur un zozo, vous l'aviez bien senti^^
Vue la manière qu'a ce gouvernement, de mener ses actions, ce ne serait presque pas étonnant si à la suite d'un reportage sur cette femme à France Télévision, Sarko décidait de lancer lancer une "réforme en profondeur de l'attribution des logement sociaux" :)

PS : Argh, encore attaché n'importe où :s
Oui, elle travaille mais ne peut pas se loger, voilà la réalité de plus de 2 millions de travailleurs

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Certains commentaires suite à l'article du Monde étaient édifiants, en substance: qu'est-ce que c'est que cette jeune femme qui abandonne son petit boulot en province et monte à Paris parce qu'elle rêve d'autre chose? Une enfant gâtée. Qui voudrait être actrice alors qu'il y a si peu d'élus? Qui fait des enfants avec un SDF? Une irresponsable.
que fait christine boutin ??? voilà le cas d'une famille qui ne fait partie d'aucune meute, apparemment......
Se loger à Paris avec un salaire unique, c'est mission impossible. Pas d'autre choix que le déménagement vers les banlieues... où c'est de plus en plus dur de trouver!
Et les logements pour les familles sont parfois occupés par les étudiants en colocation, pour qui on n'a rien prévu non plus. Se faire griller par des étudiants parce que les agences préfèrent les grosses feuilles de paie des parents qui se portent garants, à celle d'un parent isolé au salaire ric-rac, c'est dur à avaler. De toute façon, les agences vous refoulent sans états d'âme...
Le logement est un sujet démoralisant. Honte aux hommes politiques pour ne pas avoir su déjouer la spéculation immobilière. Le logement social est débordé à cause de l'emballement des prix du privé.

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